Cette histoire de pauvre type qui se fait arrêté sans ses vêtements, c'est triste et tellement pathétique surtout. J'aurais au moins eu la décence de mettre un caleçon. Enfin, j'en sais trop rien, j'ai jamais voulu m'échapper pour me ne pas me faire enfermer. Je ne dirais pas que je n'ai jamais enfreint la loi, parce que ça arrive à tout le monde, mais ce n'est pas assez terrible pour qu'on veuille me mettre les menottes. Et c'est vrai que pour l'instant, je n'ai jamais reçu de plainte alors que j'en ai arrêté des femmes toxicos qui s'habillaient que trop peu. Bien sûr les menaces, ça oui, ça y va à profusion, mais ça va jamais plus loin, elles ont bien trop de poudre dans le nez pour qu'on les croit. Du moins, lorsqu'elles osent aller jusqu'à ouvrir leur bec. Shelby m'expliquait alors au moins que dans le service dans lequel elle bossait, ils avaient l'avantage d'avoir un homme et une femme par duo pour plus de sécurité. Mais en effet, chez nous, ça se fait pas vraiment. Faut dire que je suis pas sûr qu'on ait beaucoup de candidature pour les stups. Des fois je me demande comment je fais pour avoir encore des poumons sains avec tout ce que j’inhale en mission. Enfin, j'en sais trop rien, ouais peut-être que c'est encore un peu macho chez nous. Lui répondais-je dans un petit rire, alors que je sais que ça ferait plaisir à certains types d'avoir une meuf comme coéquipière, quand bien sûr on en a besoin. Parce que à part en descente ou en mission rapide, on est rarement à deux, nos infiltrations se font toujours en solitaire pour attirer le moins de soupçons possibles.
Un homme. Une femme. Au moins, quand elle devait arrêter un mec à poil, elle laissait son collègue s'en occuper. Et quand c'était l'inverse, c'était elle qui s'en chargeait. Et ça se passait plutôt bien d'ailleurs. Et surtout, ça évitait des plaintes complètement stupides qui pouvaient foutre le bordel dans une brigade. Donc, autant l'éviter après tout. Seulement, le hic selon Enzo, c'était qu'il n'y avait que peu de nanas qui postulaient chez eux. Et de ce fait, et bien, ils se retrouvaient entre mecs. "Oh, tu sais. J'compte pas rester éternellement derrière un bureau si j'reste sur Brisbane. J'me verrais bien sur le terrain à nouveau à botter quelques culs." avait-elle dit dans un hochement de la tête. Oh, c'était même sûr et certain. Parce qu'elle n'avait pas envie de ... Et bien, elle n'avait pas envie de passer son temps derrière un bureau. Elle n'avait pas envie du tout. Le terrain, ça lui plaisait. Elle adorait ça. Elle aimait ça. Et il était vrai que ça lui manquait. Beaucoup. "Qui sait ? On sera peut-être amenés à bosser ensemble à un moment ou à un autre." Ouais. Elle aimerait bien. Ils bossaient ensemble, pour le moment, mais pas de la manière qu'elle aimerait puisqu'elle se contentait de taper ses rapports. Shelby avait fini par se lever parce que la bouffe était prête. Et donc, elle avait été y chercher. D'ailleurs, si Enzo jetait un coup d'oeil, il pouvait voir qu'elle avait carrément laissé ses chaussures à talons sous la table. Parce que les talons, ... Ouais, disons que ça allait bien cinq minutes mais c'était pas forcément sa tasse de thé. "Merci." avait-elle dit en récupérant le plateau avec la bouffe. Et elle était retournée s'installer tranquillement. "D'ailleurs, en parlant des nanas. C'est pas possible que y'en ait pas chez vous. Avoue, vous leur avez fait peur, c'est ça ?" dit-elle en le regardant. "Genre bizutage et bêtises dans le genre. Elles ont pas apprécié et se sont barrées ?" Ou alors, elles préféraient des trucs plus calmes. Ce qui n'était pas forcément le cas de Shelby. Elle aimait bien quand ça bougeait.
C’est vrai que chez les stups, je n’ai jamais rencontré beaucoup de femmes dans ma carrière. Et quand c’était le cas, soit elle déménageait, soit elle changeait de filière, soit elle se faisait virer. Je ne dirais pas que leur esprit est plus faible pour ce genre de travail, mais la majorité c’est le cas. Il faut avoir une sacrée psychologie dure comme fer et prête à toutes épreuves, parce que les couvertures sont très dure à tenir. Et impossible de relâcher l’attention, sinon ça se termine bien vite. Alors non, je ne dirais pas que c’est du machisme, peut-être un peu, mais je pense bien que c’est pour cela que nous manquons d’effectif féminin. J’écoutais alors Shelby me répondre et lui répondais, surpris par ses dires Ca te tenterait vraiment d’intégrer les stups ? Oui, parce que taper des rapports c’est ennuyant, mais parfois l’infiltration c’est encore pire. J’ai plus l’impression que c’est une femme de terrain actif. D’où son envie de botter des culs. Je verrais bien ce qu’elle me répond. Le repas était prêt et elle alla chercher le plateau. Pied nus. Ah ouais ? Je me suis mis à sourire avant de regarder par reflex ses chaussures en dessous de la table. Pas très féminine dis donc, et pourtant elle est si jolie que c’en est presque dommage. Toujours est-il qu’elle renchérissait sur le peu de nanas qui se trouvaient dans notre service et nous accusait de les avoir traumatisées, une fois le repas servi. Je ne pus m’empêcher de me mettre à rire Ouais, bizutage obligé avant d’intégrer réellement une équipe. Il faut bien vérifier qu’elles ont assez de couilles pour supporter le boulot. Même si la plupart du temps, on est en solitaire, donc elles n’ont pas tant que ça à nous supporter. Lui expliquais-je alors avec ma part de vérité et de connerie. Je commençais alors bien rapidement à attaquer le repas, surtout le burger, qui sentait terriblement bon.
Des projets d'avenir ? Intégrer à terme les Stups, ouais, ça pourrait être bien. Et ne pas se taper tout le temps des rapports. Faire quelques rapports de temps à autre, oui, c'était normal. Et même si elle avait ce désir d'évoluer, elle se doutait que la paperasse, ça resterait quand même une partie importante de son boulot. Enfin, importe, façon de parler. Mais oui, elle aurait toujours de la paperasse, quoi qu'il arrive. "Ouais, j'aimerais bien. Pourquoi ? Ca te dérangerait ?" lui demanda-t-elle tout en le regardant. Si ça se trouvait, il préférait peut-être qu'elle soit derrière un bureau. Ou alors, au fond, il était content pour elle. Elle n'en savait rien. Elle ne connaissait pas encore bien Enzo. Oui, on ne peut pas connaître une personne seulement en quelques minutes. Même si là, c'était pas vraiment l'histoire de quelques minutes. Shelby avait fini par se lever et elle avait été récupérer la bouffe. Oui, bon, elle aurait pu laisser Enzo y aller. Mais elle avait des réflexes de chat, en quelque sorte. Et puis, elle avait trop envie de ses frites. Donc, normal qu'elle aille les chercher dès que c'était prêt. "Ah, désolée de t'apprendre l'anatomie féminine. Mais on n'a pas de couilles. Et on n'en aurait jamais." Elle secoua la tête. Ouais. Elle était comme ça Shelby. "Quel genre de bizutage ?" Ouais, elle était intéressée. Histoire de savoir ce qui pourrait l'attendre si jamais ... Et bien, si jamais elle se décidait à sauter le pas. Mais avant de le faire, faudrait qu'elle en parle à son patron. C'était pas encore fait de toute manière. Mais elle y songeait. C'était certain. "Jamais eu peur que les bizutages se retournent contre toi et les autres gars ?" Parce qu'elle serait, sans doute, assez culottée pour le faire elle.
Est-ce que ça me dérangerait que Shelby intègre réellement notre équipe ? Vraiment pas. Je trouvais ça juste surprenant, en aucun cas je trouvais ça dérangeant. Je lui répondais donc Pas du tout, mais c’est pas vraiment actif tu sais. A part quelques descentes qu’on se fait, mais ça reste relativement rare, la plupart du temps, c’est se faire passer pour un dealer ou un camé. Lui répondais-je tout en me mettant à rire, parce que c’était la triste réalité. Malgré le fait bien sûr que pour ma part, j’adore ça. Même si parfois je m’ennuis sec. Mais j’ai ça dans la peau, et je ne me vois clairement pas faire autre chose de ma vie. Une fois les plateaux des encas arrivés à table par la charmante Shelby qui semblait mourir de faim, je lui expliquais notre système d’intégration dans l’équipe. Et c’est sûr, aucune femme n’a de couilles, c’est évident. Je me suis mis à rire avant de répondre à sa question Rien de bien méchant, juste des défis de force et rapidité, qui peuvent parfois nous blesser dans le pire des cas. Lui répondais-je de façon anodine tout en haussant les épaules. Ca n’avait rien à voir à ce qu’on voyait dans les films pour les bizutages des confréries. Une énorme connerie. C’est juste pour rendre les nouveaux encore plus complexés et les faire mourir de honte. De la méchanceté pure et dure. Enfin, selon mon point de vue bien entendu. Retourner contre nous ? Non, on s’éclate avec nos défis, ça nous permet de savoir qui est le plus fort. Lui répondais-je alors avant de continuer à déguster mon petit encas. Elle semblait avoir une mauvaise image de ces bizutages, mais nous, ça nous permet de nous resserrer les coudes, pas de nous enfoncer.
Pas vraiment actif les Stups ? Shelby trouvait ça étrange. Ou alors, c'était carrément un autre univers que la DEA. Et pourtant ... pourtant, elle trouvait que c'était plus ou moins la même chose. "Oh, tu sais, c'est toujours plus actif que d'avoir le cul sur une chaise et de taper des rapports." dit-elle dans un hochement de la tête. Elle n'était pas une secrétaire. Elle ne serait jamais une vraie secrétaire d'ailleurs. Elle était une femme d'action. Une femme de terrain. Elle adorait le terrain et ça lui manquait terriblement d'ailleurs. C'était une des raisons pour laquelle elle étudiait encore ... le fait de rester ou de ne pas rester. Parce que si elle rentrait aux USA, elle s'en retournerait sur le terrain. Et reprendrait son poste. En restant sur Brisbane, elle ne savait pas ... Elle ne connaissait pas toutes les opportunités qui pouvaient s'offrir à elle. A voir. A étudier. Enfin. Shelby s'était bougée. Elle avait été cherchée la bouffe et elle s'était réinstallée en face d'Enzo. Elle l'avait fait rire en lui disant que les nanas n'avaient pas de couilles et qu'elles n'en auraient jamais. Mais ouais. Il avait bien rigolé mine de rien. Il lui parla des défis. Du petit bizutage. Des blessures que ça pouvait engendrer. "Pas de blessure grave j'espère. Parce que ça serait con mine de rien de se faire vachement mal pour un défi de rien du tout." En même temps, hein, si quelqu'un se faisait mal, tant pis pour lui. Fallait pas faire les idiots. Shelby mangeait ses frites. Une par une. Lentement mais sûrement. Sans se presser. Pour les savourer. "Oui, c'est peut-être marrant. Jusqu'au jour où une de vos blagues se retournera contre vous." Elle lui tira la langue. Elle l'avait prévenu le premier jour où elle avait débarqué. Elle l'avait prévenu que les bizutages et conneries du genre, ça le ferait pas avec elle. Tout comme ça ferait pas le fait qu'ils aient des filets de bave en la regardant. "Bon, et alors, toi, t'as pas d'histoire drôle à raconter ?" Parce qu'après tout, elle lui avait raconté une histoire marrante d'arrestation.
C'est vrai que je ne connaissais pas du tout la DEA. Peut-être que ça ressemblait totalement aux stups après tout, mais vu comment elle parlait du terrain, j'avais un doute. Seulement, elle avait raison, ce serait toujours plus actif que son boulot actuel. C'est pas faux. Lui répondais-je dans un rire alors qu'on s'attaquait tranquillement, du moins pour elle, à notre encas que je dévorais un peu trop rapidement. On se mit à parler des bizutages, que je trouvais plus fun qu'autre chose et qui ne ressemblait pas vraiment à un bizutage, plutôt à des défis d'entrée, pour prouver ta valeur aux yeux des coéquipiers. Mais pour l'instant heureusement, il nous était jamais arrivé d'accident grave. En même temps, on est loin d'être des étudiants en manque d'alcool et de fêtes. Non, on fait toujours en sorte de ne pas risquer nos vies. Lui répondais-je avec un petit rire tout de même, parce que ouais, c'est con, mais ça me fait relativement rire, mais ça, je sais bien que ce n'est pas le trip de Shelby. Je ferais en sorte d'inciter les coéquipiers à ne pas lui imposer ce genre de défi, sait-on jamais de comment elle pourrait réagir. Les femmes sont instables, c'est bien connu. Surtout que là, elle me menaçait indirectement en disant que ça pouvait se retourner contre nous un jour Je veux bien te croire. Lui répondais-je sincèrement, ayant bien enregistré qu'il ne valait mieux pas lui faire de blague si jamais un jour elle décidait de rejoindre nos rangs. Elle mangeait en attendant, très tranquillement ses frites alors que j'avais dévoré la majorité de mon plat. Peu importe. Je l'attendrais comme j'attends la plupart des femmes quand je dine avec l'une d'elle. Le pire reste Mina. Shelby me demanda alors quelques anecdotes à mon tour. Je me suis mis à réfléchir tout en continuant de manger et d'un coup Huuum ! J'en ai une. C'était une petite mission d'infiltration, le pire fou rire de ma vie je crois bien. J'étais avec un camé, mais du genre bien déluré, sympa comme tout mais un peu flippant par moment, il nous a fait un striptease sur un bureau d'accueil, devant une hotesse, se croyant dans un bar dansant. Les gorilles ont mis pas mal de temps avant d'arriver, mais heureusement, c'est pas allé plus loin que le slip dégueulasse !
Pour Shelby, c'était du pareil au même. Pour Enzo, c'était peut-être différent. D'ailleurs, c'était ce qu'il lui avait dit. M'enfin, le job était plus ou moins le même. Et puis, surtout, ça permettait de mieux bouger. Bien mieux que rester derrière un bureau. Ca oui, Shelby avait du mal mine de rien. C'était reposant tout de même, de s'asseoir derrière un bureau et de se poser un moment. Mais toute la journée, ça lui était difficile. Est-ce qu'elle finirait par s'y habituer ? Elle ne pensait pas. Ou du moins, elle n'en était pas certaine. C'était une femme d'action après tout. Elle n'avait plus qu'à prendre son mal en patience. Et attendre. Attendre de voir si ... Et bien, si y'avait pas des opportunités d'évolution. Ouais. Faudrait qu'elle en parle à son patron. Il lui dirait bien ce qu'il en pensait. Sans doute qu'il la collerait dans les pattes de quelqu'un afin de voir de quoi elle était capable. Et elle répondrait présente volontiers. Dans le sens où oui, elle ferait tout son possible pour prouver de quoi elle était capable. C'était certain. En tout cas, Enzo lui confiait qu'il n'était pas dingue au point de risquer sa vie. Que le bizutage, oui, ça allait bien cinq minutes mais que cela ne voulait pas dire pour autant qu'ils faisaient des trucs méchants, quand ils se décidaient à bizuter les petits nouveaux. La brune avait apprécié, en tout cas. Elle avait apprécié qu'ils cherchent pas à lui faire des misères d'ailleurs. Elle aurait été capable ... de se venger. C'était même sûr et certain. "Les blagues, c'est pas mon truc. Ca veut pas dire pour autant qu'on peut pas m'en faire. Mais pas trop souvent. Sans quoi, je sais mordre quand il le faut." dit-elle dans un hochement de la tête. Elle n'avait pas eu l'occasion de le faire pour le moment. Et elle espérait bien que ça allait continuer comme ça pendant un long moment d'ailleurs. Elle espérait bien qu'ils soient sympas et qu'ils ne lui cherchent pas des noises. Après, ils pouvaient toujours lui faire une petite blagounette, comme elle le disait. Elle ne le prendrait pas mal pour autant. Mais fallait éviter les grosses vacheries sexistes. Ca, elle le supporterait plus difficilement sans doute. Mais passons. Une frite après l'autre. Shelby mangeait doucement alors que Enzo avait déjà tout avalé. Il devait crever la dalle. Ou alors, trop bon pour faire durer le suspense. Va savoir. En tout cas, il lui raconta une petite histoire. Sur un drogué. Qui avait fait un strip-tease. La brune eut un petit sourire amusé. "Encore, ça va. Ca aurait pu être pire." Comme il le disait. Il aurait pu avoir le temps de retirer son slip et de faire l'intégrale. "On fait quand même un métier marrant. Enfin, pas marrant. Mais disons qu'il nous arrive souvent de voir des trucs drôles. Et amusants." Oh, pour sûr. Et Shelby était pratiquement certaine qu'elle verrait d'autres choses de ce genre.
Il est évident que je ne ferais jamais de blague ou de bizutage trop intense envers Shelby. J’avais parfaitement bien compris dès notre rencontre qu’elle pouvait mordre, et pas qu’un peu. Ca avait au moins le mérite d’être clair dès d’entrée de jeu. J’aurais été stupide de ne pas l’avoir enregistré. Mais il semblait également qu’elle avait un sens de l’humour assez limité, mais tout de même présent. C’est déjà pas mal. Oui, je le sais bien ça. Lui répondais-je tout en me mettant à rire. Non pas qu’elle me faisait peur ou que je me moquais d’elle, mais disons plutôt que je n’avais pas trop envie de me frotter à elle de trop près, malgré à sa si jolie apparence. Elle n’en restait pas mieux qu’une dure à cuire, c’est évident, et ça pouvait plaire. Surtout à certains de mes collègues. Bien que personnellement elle commençait un peu à me refroidir avec ses petites mignonnes menaces. Je n’aimerais pas non plus être celui qu’elle doit arrêter. Bien que … Bref. Je lui racontais alors à mon tour la mission la plus délirante que j’avais pu vivre. C’est évident que ça aurait pu être encore bien pire, mais heureusement on avait pu arrêter le frauder juste à temps. Bien que ça aurait bien amusant de le laisser encore plus dans l’embarras. Je finissais alors bien trop rapidement mon encas et me reculais pour m’adosser au petit siège sur lequel j’étais installé. Oui, ça arrive. Bien que la plupart du temps, ça reste pathétique et désespérant. A croire que certaines personnes aiment tellement l’odeur de la merde qu’ils y nagent la tête la première. Lui répondais-je dans un petit souffle qui voulait traduire à la fois mon désespoir et mon ventre plein. J’avais mangé un peu trop vite, mais mon estomac étant habitué, il se mettrait à digérer mes aliments en quelques petites minutes à peine. Une petite ballade avant de rentrer serait même certainement nécessaire.
Oui, Shelby n'avait pas sa langue dans sa poche. Sûr et certain. Elle n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds non plus. Mais elle était adorable. Quand même. Enfin, elle avait un mauvais caractère. Sean le savait très bien. Enzo ... Ou bien les collègues de travail, ils n'avaient pas réellement eu le temps de voir ça. Pour le moment en tout cas. Les menaces avaient suffi à calmer leurs ardeurs. Est-ce que ça fonctionnerait toujours ? Est-ce qu'un jour ou l'autre, ils ne se rebifferaient pas ? Ou quelque chose dans le genre ? Va savoir. En tout cas, oui, Shelby les tenait, pour le moment. Et elle était tranquille. Pour le moment. Et c'était pas plus mal. En tout cas, ils étaient tranquillement installés, tous les deux. Et ils discutaient un peu. Et c'était chouette. C'était très chouette. Ils partageaient leurs expériences. Les histoires marrantes. Des histoires drôles. Pathétiques. Des arrestations qu'ils allaient garder un moment en mémoire. Qu'ils n'allaient pas oublier de sitôt, c'était un fait. Shelby eut un hochement de la tête tandis qu'elle continuait de manger. Enzo, lui, avait fini son plat. Il avait mangé vite. C'était jamais bon. De manger trop vite. Ce qui lui faisait penser qu'elle devrait jouer avec son petit boîtier. Pour une petite dose d'insuline. Ah, le diabète. Foutue maladie de merde mine de rien. Une véritable saloperie. Y'avait des fois où ça la minait totalement. Ca lui foutait ses batteries à plat. Elle essayait de ne pas trop penser à ces moments là. Ca la faisait déprimer. Pour sûr. "Tout à fait d'accord avec toi." Elle pencha la tête sur le côté, à nouveau, tout en mangeant ses frites. "On essaie de les aider et ils nous envoient sur les roses. Parfois, les arrêter et les foutre en taule, même si c'est pour quelques mois, ça leur met du plomb dans la tête." Elle eut un hochement de la tête. "J'en ai arrêté un une fois comme ça. Il enchaînait conneries sur conneries. A croire que c'était son kiff de venir au poste de police tous les cinq du mois. Il a fini par faire une plus grosse connerie. Et j'ai été obligée de lui passer les menottes." Un gamin gentil. Un peu perdu. "Il est ressorti au bout de six mois. Crois-le ou non, il s'est rangé et il a même repris ses études." Parfois, on gagne. Parfois, on perd.
Parler boulot peut parfois être bien plus déprimant qu’on ne peut l’imaginer. Mais pour nous, ce n’est pas la même chose que ces types qui bossent en costard et derrière un ordinateur non, nous, on vit des choses parfois un peu trop traumatisantes et désespérantes. J’ai vite perdu espoir en l’homme avant de le retrouver très rapidement grâce à ma volonté de fer, mais ça n’a pas toujours été le cas, surtout lors de mes premières missions. Mais ça renforce, autant pour ces pauvres délinquants qui finissent en taule ou à l’hôpital et qui s’en sortent vivant. Aujourd’hui j’ai bien appris à faire la part des choses et à ne plus laisser ces problèmes qui ne me regardent pas, m’atteindre. C’est donner trop d’importance à des personnes qui finissent par te décevoir. Shelby m’expliqua alors l’une de ces expériences avec un gamin qui s’était bien perdu et qui avait su retrouver le droit chemin. Ca c’était beau. Mais c’était rare quand je rencontrais ce genre de personnes émouvantes. Il avait une sacrée volonté. J’ai dû voir ce genre de cas que deux fois à tout casser. Je ne suis même plus sûr de m’en rappeler tellement c’est rare. Je me souviens davantage de ceux qui finissent par trépasser. C’est eux qui me marquent le plus, et pourtant j’ai toujours à l’esprit que l’être humain peut changer, rien qu’à la force de la volonté et de détermination. Mais ce genre d’accomplissement, on ne peut malheureusement pas le faire à leur place. On ne peut que leur souffler l’idée.
Oui, ramener quelqu'un sur le droit chemin, c'est pas facile. C'est pas évident. Et on ne réussit pas toujours. Shelby en avait fait l'expérience. Tenter d'aider des jeunes. Des gars ou des nanas qui enchaînaient les conneries simplement parce qu'ils avaient besoin de vivre. Ou parce qu'ils avaient le besoin d'attirer l'attention. Et il était vrai que ... C'était loin d'être évident de les ramener sur le droit chemin. Il était vrai que c'était compliqué. Même très compliqué. Mais pour autant, cela ne voulait pas dire que Shelby baissait les bras. Non. Du tout. Mais voilà. On ne gagnait pas à tous les coups. Alors oui, quand elle gagnait, quand elle pouvait ramener quelqu'un de loin, elle en était ravie. De là à sabrer le champagne, y'avait quand même un gouffre. Mais ça faisait plaisir. Alors, raconter cette petite histoire à Enzo, c'était lui faire partager un peu de ce bonheur qu'elle avait pu ressentir à ce moment là. Même si elle se doutait qu'il n'avait peut-être pas eu la chance de vivre des choses de ce genre. De réussir à toucher quelqu'un au plus profond de son être et à le ramener du côté lumineux. "Il avait vraiment envie de s'en sortir." dit-elle dans un hochement de la tête. "Alors, j'ai fait mon possible pour l'aider." Elle espérait juste qu'il n'ait pas replongé dans ses vieux travers. Parce qu'après tout, elle n'était plus là pour lui. Elle n'était plus là pour le surveiller. Pour lui donner des conseils. Elle n'était plus là et elle ne pouvait plus venir le voir quand ça n'allait pas. Il pouvait l'appeler quand même, de temps à autre. Elle décrochait. Mais bon oui, elle n'était plus là. Pour le moment en tout cas. Shelby termina ses frites tandis qu'il lui disait qu'il se souvenait plutôt de ceux qui mouraient. "Oui, c'est vrai que ceux-là ... On risque pas vraiment de les oublier." Elle en avait eu des comme ça aussi. "On n'a pas un boulot facile mine de rien."
Les overdoses il n'y avait rien de pire. C'était tellement dégradant, pitoyable et dégoûtant en même temps. Et j'en ai connu qui aimaient cette sensation d'être si proche de la mort. Et la souffrance … Ils ne la sentaient même pas dans ces moments-là vu l'état second dans lequel ils se trouvent. Ca me désolé, surtout quand les gamins s'y retrouvent impliqués alors qu'ils n'ont rien demandé. Mais ceux qui ont la volonté de s'en sortir, c'était beau et tout en leur honneur. Bien sûr que je me souvenais que ça existait, mais ils sont tellement rares comparés à ceux qui y restent que j'oublie que ça peut encore exister. Alors que je pense être comme Shelby, à vouloir absolument les aider quand ils ont la rage de vaincre. Mais voilà, ce boulot-là n'est clairement pas fait pour tout le monde, c'est un monde de dépravation et de stupidité, il faut être fort pour ne pas tomber dans ce vice mortel et dépravant. Et surtout avoir un moral d'acier. Tu sais qu'ils ont failli me recaler lorsque je me suis lancé dans les stups ? Ils me disaient que je n'avais pas le moral adéquate, que j'avais vécu bien trop de choses traumatisantes déjà. Je secouais la tête, désespéré par ce genre de conclusion hâtive, surtout que maintenant, je ne suis peut-être pas le meilleur dans mon domaine, mais je m'en sors très bien et je ne me suis jamais fait choper tellement mon jeu est à la limite du parfait. Et à part la fumée nocive qui m’envahit par moment, j'arrive très bien à faire semblant, à tromper ces gens bien trop naïf. Qu'est-ce qui t'a poussé toi à faire ce métier ? Lui demandais-je alors, voulant en savoir un peu plus sur les motivations de la jeune femme, parce que après tout, dans les métiers des forces de l'ordre, il y en a des métiers qui peuvent aider les autres.
Et tandis que Shelby continuait de manger ses frites, lentement, mais sûrement, Enzo en vint à lui avouer qu'il avait failli se faire recaler. Que les Stups, apparemment, ce n'était pas pour lui. Du moins, c'était ce qu'on avait décidé pour lui. Et pour autant, il y était. Chez les Stups. Il avait fini par réussir. Après, est-ce que c'était réellement ce qu'il voulait, ça, et pas un autre job, Shelby ne lui poserait pas la question. Mais elle avait l'impression qu'il aimait bien ce job. "Des choses traumatisantes ?" releva-t-elle. Ca l'intriguait. Un peu. Beaucoup. "Dans le perso ou bien du côté professionnel ?" A dire vrai, elle était pratiquement certaine que ces choses traumatisantes, ça devait être quelque chose de personnel. Et peut-être n'avait-il pas envie d'en parler. "Enfin, si tu veux pas en parler, t'as qu'à le dire. J'ai pas envie non plus que tu m'racontes toute ta vie si tu veux pas." Shelby, elle était comme ça. Elle était curieuse, oui, mais pas au dépend des autres. Pas au point de leur faire de la peine. Enfin, sauf pour Sean. Parce qu'elle avait toujours cherché à savoir ce qu'il lui cachait. Et comme il n'avait jamais répondu à ses nombreuses interrogations, elle avait préféré le quitter. Elle lui avait tendu la main de nombreuses fois et il n'avait jamais saisi cette main qu'elle lui tendait. Alors oui, c'était de sa faute s'ils avaient rompu. Mais bon, passons. Enzo lui posa une question, à son tour. Ses motivations pour faire ce boulot. Elle eut un haussement des épaules. "J'en sais trop rien. Peut-être parce que j'ai grandi avec mes cousins et qu'on jouait souvent aux voleurs et aux policiers. Et que ça m'bottait de leur botter les fesses et de les arrêter." Ouais, c'était peut-être ça. Elle n'en savait trop rien. "J'ai pas vraiment de raison particulière. Au départ, j'voulais juste être dans les rues et puis, rendre les rues un peu plus sûres. Et à peine une année après que j'ai été dans la rue, y'a eu un poste qui s'est libéré à la DEA. J'ai tenté. Un coup de chance parce que j'ai été prise. Et faire en sorte qu'il y ait un peu moins de drogue dans les rues, oui, c'est quand même important. Et donc me voilà." Enfin, maintenant, elle était au bas de l'échelle. Plus qu'une secrétaire. Et elle devait tout recommencer. Mais bon. C'était pas bien grave. Du moins, elle ne pensait pas que ça soit bien grave. Elle finirait, sans doute, par revenir là où elle en était. Si elle s'en donnait les moyens.
Mes moments traumatisants m'avait sacrément atteint pendant des années. Je n'en faisais presque qu'à ma tête, je m'isolais volontairement et m'entourais que de très peu de personnes, choisis sur le volets, celles qui pouvaient le plus me comprendre. Aujourd'hui, j'ai grandi, j'ai muri, et je n'ai plus ce traumatisme, je m'en sers pour être encore plus fort, et ça, c'est grâce aux stups. Jamais mes recruteurs auraient pensé cela. Donc bien évidemment que ça ne me dérangeait pas d'en parler avec Shelby, ce n'était pas en soit un sujet tabou. Mon père était flic, il a été tué et ma mère est devenu tellement alcoolo qu'on lui a retiré notre garde. Lui expliquais-je de but en blanc. Mais maintenant c'est devenu une force. Faut juste apprendre à vivre avec et en faire une force. Et sans les stups je n'y serais peut-être jamais arrivé. Lui racontais-je avant de lui demander ce qui avait déclenché son envie de rentrer dans les forces de l'ordre. Mais contrairement à moi, c'était loin de venir d'un traumatisme, d'une envie de vengeance ou d'une envie d'éradiquer les racailles de ce monde parce qu'ils lui ont fait du mal. Non, elle avait juste envie de le faire, sans aucune réelle raison. Et c'est tout en son honneur. Elle me faisait rire avec son histoire de jeu avec ses cousins, et bizarrement je l'imaginais parfaitement. Elle avait eu un peu d'expérience en matière de bottage de fesses, et c'était tant mieux, au moins, elle avait appris à aimer cette action et ne se gênait plus. C'est assez important, oui, de régler le marché de la drogue, même si au fond, ce ne sera jamais réglé. Et c'est pas plus mal, sinon on aurait plus de taf ! Déconnais-je alors avant de me mettre à rire. Bien sûr c'est ce que je pense, parce que au fond, sans les dealers je ferais certainement un autre métier bien moins passionnant aujourd'hui, même si mon but est d’éradiquer toute sorte de drogue.
Accueil
