La matinée avait été fructueuse. Voilà qu'elle avait vendu plusieurs objets à un jeune couple qui s'installait dans Fortitude Valley. Et au lieu de commander leur décoration sur un site internet ou sur une enseigne de chaines commerciales, il était venu chiner dans sa boutique. En plus, les deux jeunes gens semblaient être des connaisseurs. Et c'était donc encore plus plaisant de faire ces échanges avec eux. Célia avait donc fait une belle matinée et elle n'était pas finie, puis trois autres personnes étaient passées et qu'elles avaient repéré des objets qu'elles voulaient reprendre dans la soirée. Bref, la jeune femme était ravie. Le milieu des antiquités avaient la côte et c'était agréable de pouvoir échanger avec des personnes qui étaient aussi passionnées qu'elle pouvait l'être elle-même. L'heure du déjeuner était presque sonné quand elle se hâta de fermer la boutique pour aller manger. Elle avait téléphoné à Gab pour lui proposer de déjeuner avec elle. De plus, elle avait une bonne nouvelle à lui donner. Alors prendre ce déjeuner ensemble, était le deal idéal. Célia retira sa caisse et la porta dans son coffre en arrière-boutique avant de prendre sa blazer et de quitter la boutique. Elle était vêtue d'une robe en dentelle blanche avec des petites fleurs rouges et bleues. Il faisait beau aujourd'hui, une journée ensoleillée comme elle les aimait. Marchant d'un pas tranquille sur le trottoir, elle posa son petit sac en bandoulière sur son épaule. La boutique de Gabriel n'était pas loin de la sienne. Et il était donc inutile de prendre un taxi ou d'attendre un bus. Les cheveux de Célia étaient coiffés en une tresse en épi, négligé qui tombait sur le côté de son visage. Elle était plus à l'aise pour travailler. Et puis, aujourd'hui, elle faisait ses comptes. Raison de plus d'être à l'aise, sans avoir à attacher sa longue chevelure. Comme il n'était pas encore midi quand elle jeta un œil à sa montre, elle décida d'aller trouver son ami dans sa galerie d'art. Elle posa ses yeux verts sur l'intérieur de la boutique, s'assurant qu'elle n'allait pas le déranger dans une vente ou quand il était avec des clients. Une fois la voie libre, elle entra dans la boutique. Elle esquissa un sourire quand Gabriel remarqua sa présence. « Bonjour ! » S'exclama-t-elle en allant à sa rencontre. « Je peux te kidnapper pour l'heure du déjeuner ? » Elle l'embrassa rapidement avant de reporter son attention sur lui.
C'était aussi une bonne journée pour Gabriel, il avait conclu deux ventes dont une qui était une commande très particulière pour un client. C'était ce genre de ventes qui lui rapportaient le plus, généralement le client était satisfait et revenait pour une autre commande un peu plus tard. Dans le cas contraire, il gardait la toile mais c'était très rare. Et l'autre point positif de sa matinée était un jeune artiste avec qui il avait prit rendez-vous, il voulait exposé et ça tombait bien, Gabriel adorait son travail et il avait de la place. Le garçon était ravi et Gabriel aussi. Certains artistes avaient sûrement peur de la concurrence, de cette génération d'artistes en puissance qui arrivaient d'un peu partout dans le monde, mais pas lui.
Pour le coup, sa matinée était passé très vite et il devait ça en partie à sa secrétaire qui était un chef pour gérer et organiser ses rendez-vous. Alors que son dernier potentiel client quittait les lieux, il s'était mit en quête de ranger un peu son atelier. Ce n'était pas la chose qu'il préférait faire mais même si cette pièce était à l'écart des regards, ça faisait vraiment désordre. Alors qu'il s'apprêtait à entrer à l'intérieur, il remarque une silhouette familière passait la porte. Un doux sourire se dessina sur ses lèvres et il laissa tombé le rangement pour venir à sa rencontre.
- Bonjour ! Avec plaisir… Je n'attendais que ça.
Il lui fit un clin d'oeil en faisant un petit bruit avec sa bouche puis il se dirigea vers sa secrétaire pour lui dire de fermé derrière elle quand elle partirait manger. Gabriel n'était pas trop à cheval sur les horaires de travail tant qu'elle prenait une pause pour manger, elle pouvait la prendre quand elle le désirait. Au passage il attrapa une veste et quitta sa galerie aux cotés de Célia.
- Alors, comment vas-tu ? Une envie soudaine de me voir ? D'habitude tu m'envoies un message.
Ils se mirent à marcher dans la rue. Pas la peine de prendre la voiture lorsque le soleil surplombé la ville comme aujourd'hui et Célia connaissait de très bon endroit pour aller manger. D'ailleurs, c'est grâce à elle qu'il s'était rendu compte de l'importance d'arrêter de manger de la viande. C'était encore difficile pour lui car beaucoup de choses dans son entourage faisait que parfois il en mangeait encore mais beaucoup moins qu'avant et au moins avec Célia, il était sûr de manger sainement.
La jeune femme esquissa un sourire à la réponse de son ami. Cela lui faisait plaisir de le voir. Ils ne s'étaient pas croisés souvent ces derniers temps. Sûrement à cause de leurs emplois du temps respectifs, très chargés. Et puis Célia avait pas mal voyagé ces derniers jours. Elle avait assisté à plusieurs enchères un peu partout dans la région. Il avait même passé le week-end dernier dans un hôtel de GoldCoast. Mais elle était enfin de retour à Brisbane et les affaires reprenaient. Elle avait de la chance de faire des bénéfices et de pouvoir investir dans un tas d'autres branches qui lui plaisaient. Elle pouvait faire ce qu'elle voulait. Et c'était agréable. Bien plus qu'au temps de l'hôpital où elle était sous le contrôle d'un gradé hiérarchique. Ici, elle était sa propre patronne et elle en profitait totalement. Elle aimait les relations qu'elle avait noué avec ses clients réguliers, avec ses fournisseurs, ses amis, tout ceux qui faisaient partis de près ou de loin, de son entourage. Et d'ailleurs Gabriel en faisait parti. Ils avaient pas mal de points communs et l'antiquaire aimait leurs conversations. Et aujourd'hui, ils avaient rendez-vous pour déjeuner ensemble. Célia était venue le chercher dans sa boutique. Gabriel avait rapidement fermé la galerie avant de la suivre dans les rues de Pine Rivers. Aux paroles de son ami, Célia posa ses yeux verts sur lui. « Je vais bien. » Même si elle avait encore son bandage au bras. Mais pour l'instant, il était caché par sa blaser. Cela lui évitait pour l'instant de répondre aux éventuelles questions. Puis elle ajouta, avec un sourire. « Peut-être mais là je me disais qu'on pourrait déjeuner ensemble. Ça faisait longtemps qu'on avait pas fait ça. Et puis, je suis sûre que si je n'étais pas venue te chercher, tu serais resté dans ta galerie en oubliant le déjeuner. Tout comme je l'aurais fais moi-même. Et c'est très mal de sauter un repas. » Et puis oui, elle devait lui parler mais autant joindre l'utile à l'agréable, non ? Quoiqu'il en soit, ils arrivaient rapidement dans un restaurant branché du centre ville, le Balladin. Un restaurant français connu pour sa cuisine saine et végétarienne. Les deux jeunes gens s'installèrent à la table et Célia demanda alors qu'elle prenait place sur le siège face à son ami. « Alors raconte-moi, ces derniers jours. Tu as fais de nouvelles ventes ? »
Elle avait tout à fait raison sur un point, il y a de forte chance que si elle n'était pas passé le chercher, il aurait loupé l'heure du déjeuner surtout que sa matinée était vite passé et Gabriel en oubliait très vite de manger. Alors qu'ils marchaient tous les deux dans la rue, il se mit à sourire. Combien de fois il avait entendu les femmes de son entourage pour la plus part, ses sœurs, lui dirent, « Gabriel mange s'il te plaît. Sors de ta bulle et va prendre l'air un peu. ». Le fait que Célia fasse la même chose l'amusait un petit peu.
- Tu as bien raison, au moins je sors un peu, je pourrais le mentionner à mes sœurs lorsqu'elles me demanderont ce que j'ai bien pu faire de ma journée.
Gabriel suivait Célia sans trop faire attention dans quelle rue ils tournaient. De toute façon, il connaissait cette ville par coeur donc peut-importe l'endroit où elle l'emmènerait d'une façon ou d'une autre, il retrouverait son chemin. C'était l'avantage d'avoir grandit dans ces rues avec une petite sœur qu'il voulait en voir chaque détail. Il avait du l'emmener un million de fois un peu partout dans cette ville. Une fois qu'ils furent arrivé dans le restaurant, Gabriel s'installa en face de Célia. Il acquiesça lorsqu'elle lui posa sa question avant de répondre.
- Effectivement, j'ai vendu deux toiles ce matin dont une qui était une commande et la semaine prochaine, il y a un vernissage dans le Centre-Ville. Un monsieur qui fait une exposition de toutes les œuvres qu'il a pu acheté à travers le monde. Un très riche monsieur, si tu vois ce que je veux dire. Il a deux toiles dont je suis l'auteur, du coup, je suis vivement invité à venir, c'est plutôt flatteur. Et toi alors, tu as déniché de nouvelles choses ?
Un large sourire se dessina sur ses lèvres, il adorait entendre Célia qui racontait tout ce qu'elle trouvait mais le plus intéressant pour lui c'était où elle trouvait tous ces objets. Ils avaient tous une histoire et c'était vraiment fascinant. Pour le reste, il avait bien autre chose à lui raconter mais si elle ne parlait pas de son accrochage en voiture, lui-même en omettait de raconter le retour de son premier amour dans sa vie et de la nouvelle qui l'accompagner. D'ailleurs, il n'était pas très sûr de vouloir encore vraiment en parler, de peur que les mots en sortant de sa bouche, prennent tout d'un coup un sens réel à tout ce qui lui arriver.
Gabriel et elle se ressemblaient sur pas mal de points en fin de compte. Ils étaient tellement pris par leur boulot respectif, qu'ils en oubliaient un peu qu'il y avait une vie au dehors qui les attendait. Et parfois celui faisait du bien de sortir, de faire une coupure et de profiter d'une charmante compagnie le temps d'un déjeuner sain et revigorant. En tout cas, c'était ce que pensait la jeune femme. Et puis il faisait tellement beau aujourd'hui, ce serait dommage de rester enfermé toute la journée. L'antiquaire esquissa un sourire aux paroles de son ami. « J'espère qu'il y aura quand même plus intéressant à dire à tes sœurs, qu'un déjeuner pris avec une vieille amie. » Et comment. Et après c'est elle qui passait pour la femme associable et solitaire. Gabriel avait aussi des efforts à faire sur ce plan-là d'après ce qu'il lui disait. Et ça, dans un sens, ça rassurait la jeune femme. Elle n'était pas la seule dans cette galère qui s'appelait la sociabilisation. Oh que non ! Un fin sourire resta sur les lèvres de la jeune femme alors qu'elle marchait au côté de son ami.
Une fois dans le restaurant, ils s'installèrent à une table extérieure, sur la terrasse. Celle-ci était une véritable petite jungle avec des plantes, des arbustes aux milles couleurs. Célia adorait cet endroit. Non seulement pour sa nourriture qui respectait son régime alimentaire mais aussi pour son cadre enchanteur. L'antiquaire retira sa veste et son sac et les laissa sur sa chaise. Elle reposa ensuite son attention sur le peintre qui avait repris la parole. « Et bien, c'est chouette tout ça. J'espère que ce riche monsieur est un connaisseur pour apprécier toutes les œuvres qu'il peut avoir autour de lui. » Il y avait tellement de personnes, de riches qui achetaient des toiles sans avoir une once de sens artistique. Et qui exposait des toiles, sans rien savoir d'elles, ni même de ceux qui les avait peintes. Célia trouvait ça pathétique. Et pire égoïste, parce que la plupart de ses personnes, s'octroyaient des richesses culturelles que d'autres personnes, peut-être plus modestes, ne pourraient que plus apprécier. Mais voilà, l'argent changeait souvent la donne et c'était bien le problème. Richesse n'était pas toujours synonyme de bon goût. Et Célia espérait que son ami avait réellement su taper dans l’œil de cet homme grâce à son sens artistique.
« Ouiiii ! » Ajouta la jeune femme avec un grand sourire. Il n'y avait pas à dire, Célia adorait son boulot. C'était différent de la médecine. Mais elle s'épanouissait dans ce qu'elle faisait. « J'ai pris part à plusieurs adjudications. J'ai trouvé des merveilles. Dont une lampe ancienne, de l'époque victorienne avec un dessin à l'or fin. Elle est magnifique. Et j'ai déjà plusieurs personnes qui sont intéressées pour me l'acheter. » Elle faisait de l'effet dans la vitrine de la jeune femme. Ce genre d'objets précieux était un ravissement pour les yeux. « J'ai d'ailleurs eu plusieurs objets en or. Et on m'a même conseillé de les déposé dans un coffre. Mais bon, qui irait cambriolé ma boutique ? » C'était idiot. Puis elle voyait le regard de Gabriel sur son bras bandé. Elle soupira puis elle ajouta : « Et j'ai eu un accident avec Duncan. Mais on a eu plus de peur que de mal. On a eu de la chance. » Elle commanda ensuite une boisson au serveur qui venait d'arriver. Une fois ce dernier parti, elle demanda ensuite en reposant son attention sur son ami. « Et toi alors ? A part le boulot, quoi de neuf ? Toujours pas la femme idéale en vue ? » Célia esquissa un sourire. Dire que la vie sentimentale de Gab était aussi compliquée que la sienne, était proche de la vérité. Célia but une gorgée de son verre avant de reporter son attention sur le peintre.
Gabriel était l’aîné de sa famille. Il avait passé son enfance à protéger ses frères et sœurs, il le faisait toujours mais ils étaient tous désormais en capacité de le faire par eux même. Il avait prit se rôle très au sérieux en oubliant presque de vivre. Du coup, aujourd'hui, il avait l'âge d'avoir une famille qu'il n'avait toujours pas. Sa petite sœur était enceinte et lui il avait ses peintures. Cela ne lui posait aucun soucis bien sûr, il aimait sa vie et même s'il y avait deux trois rebondissements dernièrement, il prenait un certain plaisir à vivre à Brisbane. Il échappa un léger rire.
- Tu ne te rends pas compte. Si je dis à mes sœurs que j'ai mangé avec une amie, elles vont me poser un million de questions sur toi donc une récurrente : Elle est célibataire ?
Ils s'installèrent tous les deux sur la terrasse du restaurant. C'était plutôt agréable de pouvoir manger dehors malgré les quelques odeurs de cigarettes par moment. On ne pouvait pas tout avoir non plus. C'était un très joli restaurant où il ne mangeait pas beaucoup et c'était bien dommage. Contrairement à beaucoup d'endroits en ville, il n'avait pas besoin de chercher sur la carte ce qu'il pouvait manger ou non et c'était vraiment très bon. Elle se mit à parler du riche monsieur, ce qui le fit sourire. Elle n'avait pas tout à fait tort. C'était sa femme qui s'y connaissait mais il en tirait un certain mérite. Celui de pouvoir les exposer. Gabriel connaissait leur histoire car sa femme aimait la raconter. Il n'aimait pas l'art mais elle si et lorsqu'il a commençait à voir l'importance de toutes ces peintures, il s'en octroyait tout le mérite mais c'était bien égal à sa femme qui elle y voyait de véritable œuvres d'arts.
- Tu n'as tout à fait tort puisque c'est Madame qui s'y connaît vraiment. Elle est très gentille et reste dans l'ombre de son mari. Et pourtant, elle a un réel sens de l'observation pour la peinture.
Gabriel savait que fut un temps, Célia travaillait comme médecin mais elle n'aimait pas parler de cette époque là et lui n'avait jamais creusé plus. Ça ne lui paraissait pas essentiel étant donner qu'elle aimait beaucoup son travail actuel et qu'il l'avait toujours connu dans ce milieu. Parfois, c'était plus sage de laisser certaines choses au passé. Un large sourire se dessina sur ses lèvres, son enthousiasme faisait tellement plaisir à voir. Il fit néanmoins une légère moue faisant partir sa lèvre inférieure sur le coté.
- Peut-être que ces gens là non pas tort. Tu ne laisses quand même pas de l'or dans ta vitrine le soir lorsque tu fermes ?
Son regard se posa sur son bandage et elle ne mit pas longtemps à lui donner des explications. Gabriel ne connaissait pas vraiment Duncan, il lui avait vendu une peinture, que lui avait bien sûr conseiller Célia. Et c'était tout, mais elle parlait souvent de lui et donc, elle devait sûrement bien le connaître.
- Tant mieux, je n'aurais pas voulu aller te voir dans une chambre d'hôpital.
Il commanda à son tour une boisson avant de faire une légère grimace à la question de Célia.
- Pas vraiment. Un vieux fantôme du passé et de retour dans ma vie. Une femme que j'ai aimé alors que j'étais en Amérique, je ne pensais pas la revoir un jour. Je ne sais pas trop quoi en penser mais si tu as un autre sujet de conversation…
La jeune femme ne pouvait s'empêcher de sourire aux propos de son amie. Elle comprenait ce que pouvait ressentir le peintre, parce que c'était aussi la même chose pour elle. A chaque fois qu'elle parlait d'un homme, sa famille pensait tout de suite à la demande en mariage, à la traîne de dix mètres de long et à une ribambelle d'enfants. Sauf que c'était plus compliqué que ça dans la réalité. Et c'était encore un point sur lequel ils se comprenaient tous les deux. « Dis-leur que je suis mariée et que j'ai sept enfants. Ça les calmera peut-être un peu. » Célia n'avait pas rencontré les sœurs de Gabriel, mais elle en avait une qui en valait dix. Donc, elle pouvait comprendre que parfois, c'était difficile de faire lâcher un sujet sur lequel il y avait tant d'attention. Les deux amis s'étaient posés sur la terrasse du restaurant. Une terrasse au milieu de la végétation. C'était un endroit qu'adorait Célia. Elle essayait d'y venir assez régulièrement. Surtout avec Jo. C'était un peu leur quartier général. Là, où elles se racontaient un tas d'histoires. C'était agréable. Surtout quand il faisait un beau soleil comme aujourd'hui. Puis Gabriel lui parla de son fameux client, enfin de son couple de clients. « Et bien tant mieux alors, il y a au moins quelqu'un qui peut apprécier ces merveilles. » Ce qui était le principal en fin de compte. Elle même adorait la peinture et ce que faisait son ami. Et puis, peut-être que la femme en question allait finir par inculquer certaines notions à son époux, qui sait.
La jeune femme garda ses mains autour de son verre. Elle avait opté pour un petit mojito. D'habitude elle ne prenait pas d'alcool mais là, le temps s'y prêtait et puis, elle n'allait prendre qu'un verre et ensuite elle allait manger. Donc elle n'avait pas de souci à se faire pour le reste de la journée. En plus, elle n'avait pas le permis de conduire. Elle ne risquait pas d'avoir un autre accident. Au sujet de sa boutique, elle haussa un peu les épaules. Si, elle exposait de l'or. Mais ce n'était pas des lingots non plus. « Ce sont des objets avec des dorures à la feuille d'or, ce ne sont pas des lingots de deux kilos. » Mais techniquement oui, elle les laissait dans la vitrine de sa boutique. Et puis qui pouvait bien faire la différence entre une dorure sans importance et de la feuille d'or ? A moins d'être un connaisseur et d'avoir le matériel adéquate pour une expertise, personne ne pouvait le savoir. « Mais j'ai quasiment tout vendu. Ça marche bien en ce moment, je suis contente. » Ajouta l'antiquaire avec un sourire. C'était vrai. Sa boutique avait du succès. Et elle pensait même à employer quelqu'un pour l'aider, surtout le week-end. Là, où elle avait le plus de monde. Puis à sa question sur son accident, elle hocha la tête avant de répondre. Elle non plus n'aurait pas voulu rester plus longtemps à l'hôpital. Elle y avait encore plus de mauvais souvenirs, que de bons. Bref, elle préférait changer, d'ailleurs lui aussi, voulait changer de sujet quand elle parla d'une femme dans un vie. Un fin sourire amusé s'esquissa sur les lèvres de la jeune femme. Elle comprenait Gabriel. Tellement. Cela la faisait donc sourire. Elle prit une autre gorgée de son verre. Puis elle finit par dire : « J'ai un acheteur pour tes trois toiles. Il les veut toutes. » Un sourire aux lèvres, Célia regardait son amis. « Il veut acheter les toiles que tu m'as donné en exposition. Et quand je lui ai dis que tu avais une galerie, il m'a dit qu'il voudrait bien la visiter. » L'antiquaire avait bien remarqué que son client était un connaisseur. « Je crois qu'il voudrait que tu réalises une peinture pour lui. »
Gabriel se mit à rire car il en faudrait beaucoup plus pour que ses sœurs lâchent l'affaire. En plus de ça, il était presque incapable de mentir en leur présence. Elles devaient sûrement avoir une sorte de détecteur à mensonge ou alors Gabriel ne savait tout simplement… Pas mentir. Quelque part, elles avaient raison. Il était l'aîné et approcher dangereusement de la quarantaine sans famille à lui. Même sa mère commençait à désespérer mais il fallait croire que son âme sœur ne se trouvait pas à Brisbane.
- Tu sais, si je leur dis ça, elles me demanderont les prénoms de tes enfants. Elles vont voir ma tête et comprendre que je bluff. A mon plus grand désespoir, elles sont douées pour ça.
Il trinqua avec Célia et bu une gorgée de son verre. C'était une belle journée ensoleillé et cette boisson lui faisait le plus grand bien. Écoutant attentivement la jeune femme, il essaya lui-même de faire la différence dans sa tête. Peut-être qu'il arriverait à discerner l'or du papier ordinaire mais c'était peut-être parce qu'il avait plus ou moins de la connaissance dans ce domaine mais dans le cas contraire, elle avait sûrement raison. C'était peu probable que cela arrive.
- Tant mieux, en même temps tu dois être la seule antiquaire dans le coin non ? Une fois que tu t'aurais fait une petite réputation, les collectionneurs vont tous venir chez toi, tu peux en être sur.
Célia se remit à parler en enchaînant les bonnes nouvelles pour Gabriel ce qui détourna son attention immédiatement de ce qu'il venait de dire sur le retour d'Adaline en ville. Il n'en revenait pas qu'un homme ait apprécié toutes les toiles qu'il avait laissé à l'antiquaire. Un large sourire s'était dessiné sur ses lèvres.
- Tu ne me fais pas marcher ? Tant qu'il ne veut pas un auto portrait de lui dans un habit d'Adam, je serais ravi de pouvoir répondre à sa demande.
Il se mit ensuite à rire et la serveuse arriva pour qu'ils puissent tous les deux passer commande. Il prit exactement la même chose que Célia parce qu'elle avait un très bon goût en matière de nourriture et pour ça comme beaucoup d'autres choses, Gabriel lui faisait entièrement confiance. Leur échange continua comme ça durant tout le temps de leur repas. Gabriel la raccompagna ensuite jusqu'à sa boutique où il prit le temps d'en faire le tour. Bien sur, il était déjà venu mais elle rajoutait toujours de nouvelles choses et il était à la fois très curieux et très admiratif pour son sens de la décoration que lui n'avait pas.
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C'était aussi une bonne journée pour Gabriel, il avait conclu deux ventes dont une qui était une commande très particulière pour un client. C'était ce genre de ventes qui lui rapportaient le plus, généralement le client était satisfait et revenait pour une autre commande un peu plus tard. Dans le cas contraire, il gardait la toile mais c'était très rare. Et l'autre point positif de sa matinée était un jeune artiste avec qui il avait prit rendez-vous, il voulait exposé et ça tombait bien, Gabriel adorait son travail et il avait de la place. Le garçon était ravi et Gabriel aussi. Certains artistes avaient sûrement peur de la concurrence, de cette génération d'artistes en puissance qui arrivaient d'un peu partout dans le monde, mais pas lui.