Depuis quelques jours, Duncan s'ennuyait vraiment à rester chez lui. La raison ? Il avait été la victime d'un accident. Arrêter à un feu rouge au coin d'un carrefour, une voiture lui était rentré dedans coté conducteur, son coté. Heureusement d'ailleurs puisque sa meilleure amie était à coté et s'en était sortit sans trop de casse. Mais lui, il avait un bras dans le plâtre et ça aurait pu passer pour quelque chose de pas très grave dans le fond, mais Duncan était chirurgien et là, il était donc en repos forcer. Allez réparer un coeur avec un bras dans le plâtre… Il en était déprimé et même s'il avait souvent de la visite et bien ne rien faire le rendait quand même dingue. Il se trouvait dans sa cuisine quand il avala son dernier médicament pour la douleur. Sa tête lui faisait encore mal, en même temps vu le choc qu'elle avait subit contre la vitre de la portière de voiture ça n'allait pas passer tout de suite.
Ceci lui fit une occasion de sortir de chez lui pour se rendre à la pharmacie, en plus de ça il irait à pieds. Pas pratique de conduire à une main mais surtout pas pratique de conduire sans voiture, la sienne était à la fourrière dans un triste état. Il avait donc prit le chemin du centre-ville, cherchant la pharmacie la plus proche, habituellement il prenait ses médicaments à celle de l'hôpital mais là c'était un peu loin et il n'avait pas envie d'y aller juste pour ça. Il y avait un peu de monde en ville, c'était une belle journée et donc les gens en profiter, tout ce qui y a de plus normal. Après avoir attendu quelques minutes dans la pharmacie, se fut son tour. Duncan récupéra tous ses médicaments en remerciant la pharmacienne face à lui puis il sortit tranquillement. Marchant sur quelques mètres son esprit était déjà ailleurs, il se demandait qu'il pouvait passé chez quelqu'un mais tous ses proches travailler, même sa mère. Alors qu'il tournait de nouveau dans une rue, il bouscula de face une personne, son coeur s'accéléra et il se sentit un peu perdu sur le coup.
- Excusez-moi, je suis vraiment nul, je ne faisais pas attention où j'allais, à croire que je provoque des accidents cette…
Sa phrase était resté en suspens, Duncan avait relevé son visage pour voir celui de son interlocutrice, c'était Ellie. Il la reconnaissait puisqu'il y a des années de ça, tous les deux étaient sortie ensemble, après quelques soirs de drague et de flirt. Avant l'Afrique, Duncan avait eu plusieurs aventures mais il n'avait voulu jamais rien de trop sérieux alors quand ça l'était devenu avec Ellie, il avait fuit. Il ne l'avait pas revu depuis des années, même à son retour à Brisbane. Comme quoi quand le destin voulait s'en mêler, il ne le faisait pas à moitié. Maintenant il se sentait plutôt gêné de la situation.
Il y a des jours comme celui-ci où l'on a l'impression que nous ne sommes absolument pas productifs... J'avais de la misère à réfléchir, j'étais lente. C'est comme si mon cerveau était devenu du coton et chaque idée que j'avais se coinçait dedans n'arrivant ainsi jamais jusqu'à se réaliser. Aucune cohérence ni productivité. Vraiment aucune. Je n'ai jamais vu ça. Peut-être était-ce dû à la fatigue accumulée depuis quelques jours ou encore pour une raison que je n'arrivais pas à m'expliquer. J'essayais de trouver des bonnes idées pour mes photographies, mais je n'étais jamais satisfaite de ce que je faisais. On aurait dit que c'était moins bon, moins original que d'habitude. Mais bon, ça arrive à tout le monde j'imagine d'avoir des pannes d'inspiration et d’avoir des idées moins exceptionnelles. C'était mon tour cette fois. En plus, comme si ce n’était pas suffisant, je travaillais beaucoup dernièrement et quand je rentrais à la maison, j’étais crevée, donc pas d’une très grande aide. En plus, il y avait mon frère, qui me tapait souvent sur les nerfs avec ses blagues plates et ses jeux vidéos. Moi aussi, aujourd’hui, j’aurais eu envie de jouer à des jeux vidéos pour plonger dans un monde virtuel et assassiner tout le monde, mais j’avais besoin d’air.
Il faisait une journée magnifique. Le soleil était éclatant et ses rayons réchauffaient le sol froid du mois de mars. Je décide donc de me rendre au Brunswick street mall pour aller faire un peu de magasinage. J’ai reçu ma paye hier et j’ai bien envie de me gâter un peu. En plus, mes réserves de maquillages sont épuisées, donc j’aurais besoin d’en acheter de nouveaux. Je ne me maquillais pas souvent, mais de temps en temps, j’aimais bien être plus féminine et arrangée. Le centre commercial était bondé de monde, ce qui m’agaçait, mais je fis mes achats quand même. J’entre dans le magasin de cosmétiques en essayant de me faufiler à travers les gens. Une fois mes achats faits, je passe me chercher un café, puis retourne dans la rue prendre une marche. Il fait si beau, alors autant profiter de la belle température. Au détour d’une rue, un homme me bouscula avant de se confondre en excuses. Quand je lève les yeux et que je vois Duncan, mon ex, en face de moi, pleins d’émotions se mélangent en moi. La surprise, la frustration et la joie. Tout les souvenirs me reviennent en mémoire. Cela faisait tellement longtemps que nous ne nous étions pas vus… Après notre séparation, nous n’avions plus vraiment eu de contact. Il semble aussi surpris de me voir que moi de le voir. « Duncan ? Que fais-tu ici ? Je croyais que tu étais encore en Afrique… »
Lorsque Duncan était parti en Afrique, il avait donné la date de départ mais pas celle de son retour. Plus les années étaient passés et plus il avait eu comme projet de rester là-bas au Mali. Sa mère ne le voyait pas du même œil et n'espérait qu'une chose, qu'il revienne un jour. Les choses là-bas étaient très différente de la vie en Australie mais il aimait ce pays comme si c'était le sien. S'il était revenu c'était plus par contrainte qu'il n'était en mesure de gérer que d'ici, en ayant une bonne place dans un hôpital réputé. Il resta bouche bée devant Ellie ne sachant pas par où commencer. Il haussa doucement les épaules avant de répondre.
- J'ai dû rentré à Brisbane… J'ai un projet en cours que je ne pouvais pas mener en étant là-bas.
Il réussit à lui sourire enfin.
- Et toi comment vas-tu ? Ça fait quoi ? Plus de sept ans qu'on ne sait pas vu ?
Les années passaient vraiment vite. Duncan n'arrivait pas à s'y faire, il avait l'impression que c'était hier qu'il rencontrait Ellie pour la première fois. Ils partageaient une passion commune, la photographie. Ils n'étaient pas professionnels mais après leur métier respectif de docteurs, c'était leur plus grande passion. Duncan passait du temps dans les expositions et autres galeries à admirer le travail de vrais photographes et c'est ici qu'il avait rencontré Ellie. Elle était parfaite, elle était belle, elle était docteur et comprenait donc parfois les heures supplémentaires à l'hôpital ou bien même le biper qui sonner en pleine nuit et le mieux de tout, elle aimait la photographie. Mais Duncan avait carrément flippé et il avait préféré partir avant de tomber vraiment amoureux et de ne plus pouvoir vivre sa vie et partir au Mali par exemple. Peut-être qu'en y réfléchissant, il regretterait ce choix aujourd'hui mais c'était trop tard.
- Tu aimes toujours la photographie ? Car j'en ai pris un paquet au Mali et on ne voit aucune photo comme ça ici…
Il laissa cette phrase en suspens. Duncan aurait bien voulu invité Ellie à aller n'importe où ailleurs que dans cette allée de rue mais il avait peur qu'elle interprète mal les choses, de la drague ou simplement de la curiosité ? Non rien de ça, il se sentait juste coupable d'avoir couper les ponts avec elle et ça lui faisait du bien de pouvoir parler avec elle, comme quoi le destin était sympa pour une fois.
Alors ça c’était toute une surprise que de voir Duncan ici au centre commercial. Cela faisait un moment qu’il était parti et il ne m’avait jamais donné de nouvelles. J’avais alors arrêté d’espérer en avoir, pour ne pas me faire de mal inutilement. De mon côté, la vie avait continué et je n’avais jamais vraiment eu d’autre relation avec des hommes. Juste des fréquentations de passage. Kenneth me faisait souvent remarquer d’ailleurs que je ne fréquentais pas beaucoup d’hommes et que j’étais trop sage depuis mon divorce. Mais on dirait que je n’avais pas envie de m’embarquer dans une autre relation. J’avais eu assez de mal comme cela pour avoir envie de souffrir encore une nouvelle fois. Je vois Duncan qui est aussi surpris que moi et qui ne sait pas trop quoi dire. Évidemment, après tant de temps et tant de moments passés chacun de notre côté, on ne sait pas trop quoi dire. On ne s’attendait pas du tout à se revoir… Il me dit être rentré, car il ne pouvait pas terminer ses projets là-bas. « Oui, ça fait longtemps… J’ai arrêté de compter. Je vais bien. Toujours célibataire et j’occupe mes journées avec mon boulot à l’hôpital et ma fille. » Duncan et moi avons été en couple un court moment. Mais ça avait été une belle relation que je n’oublierais pas. Nous avions plusieurs points en commun, ça devait être pour cela que nous avons été attirés par l’autre. D’abord la photographie. Une de mes passions que je partageais avec lui. Et ensuite, les deux nous travaillions à l’hôpital et adorons notre métier. Ayant un peu le même style de vie, nous nous comprenions très bien et pouvions nous soutenir là-dedans. Et puis du jour au lendemain, pouf, il est parti sans donner de nouvelles. C’était toujours comme ça… Quand un des deux commençait à s’attacher, l’autre prenait peur et partait. Ça avait pris du temps avant de m’en remettre, mais j’avais fini par y arriver et voilà qu’il débarquait à nouveau. « Oui, j’aime toujours la photographie. J’ai justement été à une exposition dernièrement. Et je continue à me perfectionner. Le Mali… Ç’a dû faire de magnifiques clichés. Tu voudras bien me les montrer ? » Après avoir posé cette question assez impulsivement, je me dis qu’après tant d’années, ça devait faire bizarre que je lui demande de me montrer ses photos comme deux vieux amis… Comme si de rien était et qu’il n’était jamais parti du jour au lendemain sans rien dire alors que nous avions eu une liaison amoureuse. Mais bon, j’adorais la photographie et je ne ratais aucune occasion de regarder des photos. Il ne fallait pas croire que c’était une occasion pour rattraper le temps perdu et revenir où on s’est laissé. Je n’avais aucune mauvaise intention. Mais il y a quelque chose qui me tracassait et même si nos retrouvailles étaient sympathiques pour le moment, j’avais besoin de savoir, au risque de tout gâcher. « Pourquoi tes parti sans rien dire ? » J’avais lâché cela dans un souffle, avant de changer d’idée.
Duncan était un peu perturbé par le fait de revoir Ellie car tout cela le ramener à une époque de sa vie qu'il avait plus ou moins essayer de laisser derrière lui. Le problème dans leur relation c'est qu'il n'y en avait pas. C'était trop beau pour que Duncan puisse y croire. Alors qu'il terminait ses études son père était ré-apparu brièvement dans sa vie lui rappelant tout ce qu'il ne voulait, devenir comme lui un jour et c'était Ellie qui en avait payé le prix. Duncan était parti sur un coup de tête, il avait entendu parler d'un projet humanitaire où il manquait pas mal de médecin au Mali, il ne demandait aucune expérience et il y avait vu l'occasion de partir très loin de l'Australie en se donnant bonne conscience. Il ne partait pour partir mais pour aider un village africain. Du moins c'est ce qu'il disait car il pensait tout à fait le contraire et ça avait durée une année entière avant qu'il se rende compte à quel point il aimait le Mali puisque effectivement il y était resté six ans. Les années passés tellement vite. Il avait écouté attentivement Ellie jusqu'à avoir un petit sourire lorsqu'elle demanda à voir les photos du Mali. Il lui montrerait avec plaisir. Pour le reste, il se sentait un peu coupable même si ça faisait longtemps les peines de coeur étaient parfois tenace et nous ramener toujours à quelque chose de triste qu'on ne peut effacer.
- Je crois que j'aurais du te donner cette explication il y a bien des années…
Il fit une légère grimace avant de reprendre.
- Je me sentais perdu et pas à ma place ici. Mon père est revenu et je ne cherchais qu'une chose, le fuir. J'ai trouvé cette mission humanitaire et j'ai préféré vite partir avant que quelqu'un puisse m'en empêcher. Si tu m'avais demandé de rester, je sais que je serais resté à Brisbane parce que j'aimais être avec toi. Je suis vraiment désolé pour ce que j'ai pu te faire endurer, je suppose que ce n'est pas vraiment pardonnable et je ne t'en voudrais pas si tu ne voulais plus jamais me revoir mais dans le cas contraire, je serais très content de te montrer mes photos.
Il marqua une pause. Duncan avait beaucoup parler d'une seule traite. Mais ils étaient dans la rue, il n'était pas très à l'aise et dans l'hypothèse où elle déciderait de partir et ne plus le revoir, il aurait au moins expliquer une partie de l'histoire. Lui aussi avait des questions mais c'était plus sur ce qu'elle était devenue, si elle avait accomplit ses rêves et si elle était heureuse.
C'était dit, il fallait que l'abcès soit crevé une bonne fois pour toute. Les circonstances de nos retrouvailles étaient assez imprévues et étranges mais il fallait qu'on ait une bonne explication. C'était le moment où jamais. Après autant d'années séparés sans avoir de nouvelles l'un de l'autre, j'avais besoin de me vider le coeur, mais surtout de comprendre. Ça me faisait très étrange de le revoir. Il n'avait pas beaucoup changé et c'est probablement pour ça que j'avais un pincement au coeur et autant de souvenirs qui me revenaient en tête en le voyant. Six ans c'était long mais la douleur de l'absence était toujours aussi vive. Peut-être qu'au fond ça aurait été mieux qu'on ne se revoit jamais mais d'un autre côté on pourrait ainsi s'expliquer et chasser nos vieux démons. Ce n'est pas bon pour la santé de vivre dans la culpabilité et les non-dits.
Je ne sais pas pourquoi j'avais demandé à voir les photos du Mali avant même que nous mettions les choses au clair entre nous. Sûrement parce que je voulais détendre l'atmosphère. Mais mon côté artistique et amoureuse de la photographie prenait souvent le dessus sur mon humeur et de toute façon ce n'était pas si grave parce que malgré qu'il soit parti sans rien dire, nous n'étions pas en mauvais termes à proprement dit. Je n'étais pas trop fâchée contre lui. J'avais davantage envie de comprendre. Il commence à entrer dans le vif du sujet. "Oh oui tu aurais dû... Comme tu l'as dit toi-même, ça fait plus de sept ans que j'attend..." Il commence à m'expliquer les raisons de son départ. Ses problèmes avec son père qu'il s'est senti obligé de fuir, ses goûts pour l'action humanitaire et son envie de changement. Je me surprend de ne pas ressentir une colère immense devant ses aveux. Non, je ressens davantage de compréhension et de respect. Je comprends qu'il ait eu besoin de partir rapidement et en même temps je trouve ça beau qu'il ait eu envie de poser un geste pour les plus démunis. Je suis quand même un peu fâchée parce qu'il aurait pu me donner cette explication si simple bien plus tôt. Ça m'aurait rassurée. J'étais contente de savoir qu'il n'était pas parti à cause de moi et que j'aurais même été la raison pour laquelle il serait restée. Je prend une grande respiration pour ravaler mes émotions parce que oui ça me fait quelque chose d'entendre tout cela. "Je comprends Duncan. J'aurais aimé dire que je t'en veux mais ce n'est pas le cas. J'aurais quand même apprécié un petit courriel d'explication, ça aurait été la moindre des choses. Et je ne me serais pas fait autant de scénarios. Je suis contente que tu me dises cela aujourd'hui et te revoir me fait du bien. Je suis aussi contente de savoir que tu m'aimais même si tu es parti... Ça m'a pris du temps à t'oublier." Je lui ai ouvert mon coeur et ça me fait le plus grand bien. Je suis vraiment heureuse que nos routes se soient croisées à nouveau. Ça me met un peu plus en paix avec tout ça. "Le Mali c'est quand même risqué. Je n'arrive pas à me faire à l'idée qu'il aurait pu t'arriver quelque chose et qu'on aurait jamais eu la chance de s'expliquer. Mais je trouve ça beau de voir que tu agis pour aider les gens démunis." Ça m'a toujours fait craquer les hommes qui ont un grand sens de l'autre et qui ne pensent pas juste à leur nombril.
Duncan écoutait attentivement Ellie. Il aurait aimé à l'époque pouvoir lui donner une explication mais il en avait été tout simplement incapable. Il était plus jeune qu'aujourd'hui et surtout plus insouciant. Sur le moment, il n'avait pas pensé au mal que son départ pourrait faire pour lui c'était simplement une évidence. C'était étrange car peut-être que si les choses s'étaient passé différemment, que son père n'était jamais venu alors tout un autre avenir aurait pu s'ouvrir à lui. Il se serait peut-être marié avec Ellie, ayant même des enfants, tout était possible après tout. Mais c'était loin d'être le cas. Le jeune homme se sentait tout d'un coup coupable de ne pas lui avoir donner de nouvelles, après l'avoir quitter. Au Mali, c'était une chose plutôt difficile à faire et à part sa mère, personne d'autre n'avait eu beaucoup de nouvelles de lui mais il était revenu depuis un certain temps, à croire qu'il avait bien essayé de laisser le passé derrière lui.
- Je sais que j'aurai du t'écrire. J'ai du essayé de le faire une bonne centaine de fois mais je crois que j'étais un peu lâche. Le bonheur me souriait mais je n'avais pas vraiment envie d'être heureux alors je n'étais pas prêt. Ça m'a prit du temps aussi, bien que je ne t'ai jamais oublié. On ne peut pas vraiment oublié les gens que l'on a beaucoup aimé n'est ce pas ?
Un léger sourire prit place sur sa bouche. Même s'il avait eu quelques accrochages au Mali, tout c'était bien passé et il était revenu vivant. Une chance vu tout ce qu'il voulait réaliser d'ici pour ce pays. Au final, c'est ici, à Brisbane qu'il aura fini par se blesser.
- Effectivement, c'est risqué. Mais tu vois c'est ici que je me blesse.
Il agita son bras plâtré en riant un peu. Duncan aurait bien proposer à Ellie d'aller boire un verre pour prolonger leur échange mais il serait en retard pour son rendez-vous avec son docteur. C'était un peu bizarre, le fait qu'il est lui-même un docteur mais bon il s'en était accommodé puisqu'il n'avait pas le choix.
- On pourrait peut-être se revoir à l'occasion, tu as toujours le même numéro ? J'imagine que non, depuis tout ce temps…
Duncan avait une idée en tête qui lui permettrait sûrement de se faire pardonner pour toujours même si ce n'était pas l'objectif premier. Il voulait se racheter et rattraper pourquoi pas le temps perdu sans pour autant reprendre la place qu'il avait pu avoir dans sa vie. Après tout, ils avaient sûrement tous les deux changés attendant désormais des choses différentes de la vie.
Il y avait au moins des avantages à nos retrouvailles. Premièrement, on pouvait se donner des nouvelles parce que oui, on s'était quitté sans explications, mais je n'irais pas jusqu'à dire que nous étions en mauvais termes. Ensuite, il a pu me donner les explications que j'attendais depuis plusieurs années et finalement, je pourrais enfin passer à autre chose. Ç'aura eu au moins ça de bon. Mettre une croix sur notre ancienne relation et être en paix avec tout ça. En plus, avec son voyage au Mali, il en aurait fallu peu pour qu'on ne se parle plus jamais. Je suis heureuse que ce ne soit pas le cas et qui sait, peut-être qu'on pourrait pousser ça jusqu'à devenir amis. J'avais eu beaucoup de peine suite à son départ, mais ce qui est fait est fait et si Duncan a agi ainsi c'est parce qu'il avait ses raisons. N'empêche que ça avait été une période assez douloureuse. Heureusement que j'avais eu tout le soutien nécessaire à l'époque. Je lui ai demandé des explications qu'il s'est empressé de me fournir parce qu'il devait culpabiliser de m'avoir laissé en plan. Je trouvais cela gentil de sa part. Il ne me devait rien après tout. Nous faisions chacun nos choix et vivions notre vie de notre côté. Mais il s'avérait que je comprenais ses motivations. "Je suis d'accord. C'est pour cette même raison que je ne t'ai pas oublié non plus. Mais je me serais sentie très mal de gâcher ton voyage. Je n'ai pas osé t'écrire parce que je pensais que tu voulais mettre de la distance entre nous. Mais à ce que je comprends, tu ne t'es pas trop amusé malgré tout..." Moi qui pensait que notre relation ne valais plus rien pour lui et qu'il avait fait une croix sur moi à cette époque, je fus surprise d'entendre sa phrase suivante. Celle où il dit qu'il serait resté si je le lui avais demandé. J'étais flattée, mais je ne lui aurais jamais demandé une telle chose parce que je le sentais mal à l'aise dans tout ça. Surtout avec tout ce qu'il vient de me dire, sa confirme mes pensées.
Je regarde son bras blessé. Je vois bien qu'il aimerait ajouter quelque chose, mais je sens une certaine réticence. Quand il me propose de se revoir, je suis soulagée dans le fond parce que je n'ai pas vraiment envie de perdre contact avec lui et avec nos souvenirs. "Oui, j'ai changé de numéro, mais je vais te redonner le nouveau." Je prends un vieux bout de papier dans mon sac à main et griffonne mon numéro de téléphone que je lui remets. "Voilà. Bon et bien appelle-moi si l'envie de dit et prends bien soin de toi et de ce bras amoché en attendant." Évidemment, même dans une telle situation je ne pouvais m'empêcher de donner des petits conseils maternels ou médicaux. Mais j'aimais prendre soin des gens qui me tenaient à coeur. Reste à voir s'il va vraiment me redonner signe de vie ou non. Je lui fais un petit signe de la main et repars en direction des boutiques.
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