Si on demande à Adriel s'il apprécie son travail, il répondra dans la seconde et sans même hésiter que oui, il adore son travail. Bien sûr, il y a des inconvénients, comme avec tous les métiers. Il a de grandes responsabilités, l'avenir de l'entreprise dépend en très grande partie de ses décisions et de ce qu'il décide de faire. Il n'a de ce fait jamais le droit à l'erreur. Ce qui peut être un peu stressant par moment. Lorsqu'il faut prendre des décisions compliquées, il doit trancher et s'il choisit la mauvaise solution, il sera entièrement responsable. Voilà un des inconvénients. Il y a aussi le fait qu'il ne peut pas toujours savoir à quelle heure il sortira le soir. Cela varie tous les jours en fonction de ce qu'il y a à faire. S'il y a une tuile au dernier moment, il va devoir rester pour arranger ça, c'est sa position qui le veut. Il a beau être le patron, il n'est pas le roi. Il ne s'en plaint cependant pas. Il adore son travail. Il a toujours rêvé d'accéder à cette position. Depuis son plus jeune âge, il savait que c'était comme ça qu'il allait finir. Il ne voyait pas d'autre alternative possible. Il n'aurait pas non plus accepté d'autre alternative. Toute sa scolarité avait été dictée par ce désire de reprendre l'entreprise familiale. Il avait toujours eu cet objectif en tête et c'était donné les moyens pour y parvenir. Assez parlé des points négatifs puisque Adriel n'y prête pas vraiment attention. Lui, il voit plutôt les avantages de son poste. Il est libre de ses choix, libre de travailler lorsqu'il le souhaite, personne ne peut lui dire quoi que ce soit. Que demande le peuple ? En plus de cela, il peut très souvent allier travail et centres d'intérêts. Son entreprise est spécialisée dans le luxe, dans tout ce que ça englobe. Les vêtements, les bijoux et toutes ces choses-là, ce n'est pas ce qu'il préfère et d'ailleurs il ne s'y connait pas trop alors quand il s'agit de trouver de nouvelles choses à proposer il s'en remet à ses spécialistes dans le domaine. En revanche, lorsqu'il s'agit de vin ou de gastronomie. Il ne délègue ce rôle à personne, car il adore ça et avec les années a acquis un certain savoir dans ce domaine. C'est donc comme ça que plusieurs fois par an il se rend à des salons spécialisés dans le vin dans l'espoir de trouver des merveilles qu'il pourrait boire pour son plaisir, mais aussi importer.
Aujourd'hui était un de ses jours. Il y avait un grand salon du vin à Brisbane. Un salon vraiment axé vers une population de connaisseurs et de connaisseurs ayant les moyens. C'était un événement en somme, ce genre de choses n'arrivant pas tous les weekends. Adriel ne pouvait pas laisser passer l'occasion. Il est toujours au courant de ce genre d'événement, car toujours à l'affût. Il avait donc organisé son planning en conséquence et n'avait pas pris un seul rendez-vous aujourd'hui. Il ne savait pas combien de temps il allait rester au salon et ne pouvait donc pas se permettre de prendre des rendez-vous auxquels il risquait d'arriver en retard. Idem, il ne pouvait pas prendre de rendez-vous qui lui auraient fait quitter le salon avant d'avoir vu tout ce qui l'intéressait. Il a ses priorités vous comprenez ? "Tu m'étonnes que tu aimes ton job" avait répondu sa femme en rigolant lorsqu'il lui avait dit qu'il allait à un salon aujourd'hui. Il avait aussi hâte qu'un enfant le jour de Noël. Il s'était rendu au salon en fin de matinée et c'était déjà bondé. Il n'était pas facile d'avancer et il fallait s'armer de beaucoup de patience pour pouvoir goûter un verre de vin et c'est ce qu'Adriel avait décidé de faire. Faire la queue pour pouvoir goûter un verre de vin et ensuite commencer à faire le tour du salon avec son verre en main. Cela semblait être la meilleure idée qui soit. Sauf que ce ne fut pas le cas, bien au contraire. Adriel avait réussi à avoir un verre et commençait à se diriger vers un autre exposant lorsque quelqu'un le bouscula, lui faisant perdre l'équilibre. Il vint alors se cogner à la personne arrivant en face de lui, lui renversant son verre dessus au passage. "Je suis vraiment désolé" Se dépêcha t'il de dire. "Laissez moi vous aider" ajouta t'il avant de regarder un peu mieux la personne qu'il venait de bousculer. Il se trouva face à un visage familier et quelque chose lui disait que ça n'allait pas si bien se passer que ça et qu'il n'aurait pas plus mal tomber pour renverser son verre.
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Pourtant je suis fan de vin. Réellement, j’en raffole. Peut-être pas autant que le gin, mais presque. Seulement ce genre de salon est à vous rendre dingue. Ce monde est suffoquant et plus qu’agaçant. Malheureusement j’avais eu encore un tonne de travail à gérer, surtout ces incompétents qui me servent de subordonnés bon à rien et je n’avais pas pu m’y rendre à l’heure creuse. Voilà qu’on était en plein milieu d’après-midi et qu’il me fallait un verre d’urgence avant que je ne perde patience et que je sorte ma kalachnikov. Evidemment que je n’en ai pas, ce n’est qu’une expression, mais mes talons risquent de faire bien des dégâts. Et d’un côté j’adore ça, même si avec le vin, je préfère éviter de gâcher. Je gardais tout de même ma patience la plus précieuse et la plus rare pour attendre mon tour et avoir un verre de vin. Je ne vous cache pas que j’ai tout de même grillé les personnes les plus lentes faut pas déconner non plus. Finalement, j’eus assez rapidement mon verre et après une première gorgée de dégustation, je me suis sentie un peu mieux. Le monde m’oppressait toujours autant, mais j’essayais de focaliser mon attention sur les stands, ne faisant pas attention au monde qui m’entourait, en bousculant plus d’un. Mais voilà que le pire arriva. Du liquide frais jailli sur ma chemise blanche du boulot, dégoulinant presque jusqu’à ma jupe. Le choc me fit pousser un cri strident. Mais voilà que le verseur de vin s’excusa et voulais même m’aider. Je me suis senti devenir rouge pivoine, prête à l’étriper sur place mais ne trouvant rien de mieux que de lui balancer mon verre de vin sur ses vêtements en guise de vengeance, sans prendre la peine de feindre l’action tel un accident. Ce n’est pas dans mes habitudes. Il fallait bien que je lui rende la monnaie de sa pièce. On est quitte. Merci. Lui disais-je sèchement, avant de regarder mieux ses traits et de me rendre compte que je le connaissais. Et ça faisait des années que je ne l’avais pas croisé. Pourtant je me rappelais de lui. Je vois que ta maladresse t’a poursuivit comme la peste. Bien sûr je ne me rappelais pas du tout s’il était réellement maladroit même au lycée, mais j’avais eu besoin de l’enfoncer encore un peu avant de réellement en finir avec lui.
Il ne l'avait pas fait exprès. C'était d'ailleurs pour ça qu'il s'était immédiatement excusé et avait proposé son aide. C'est la seule chose à faire n'est-ce pas ? En revanche, ses excuses n'eurent pas vraiment d'effet sur la personne qu'il venait de bousculer et accessoirement arroser avec son verre de vin. Vin rouge en plus, sur une chemise blanche comme la neige. Ca fait tâche. Sans vouloir faire de quelconque jeu de mots qui pourrait être mal pris. A peine avait il fini de s'excuser qu'il leva la tête et se demanda ce qu'il avait fait pour mériter ça. En face de lui était sans doute une des personnes les plus détestables qu'il ait pu rencontrer au lycée. Le genre reine du lycée qui prend les autres pour ses subordonnés et qui pense que tout lui est dû. Autant dire que même sans vin leur relation avait toujours été tendue, là ça s'annonçait bien pire. Adriel n'eut même pas le temps de dire quoi que ce soit de plus qu'elle lui versa consciemment son propre verre de vin dessus. Oeil pour oeil, dent pour dent. Ne feignant même pas l'accident. Ce qui outre la surprise de sentir sa chemise mouillée, ne choque pas plus Adriel que ça. Il la connait et ne s'attendait pas à autre chose de sa part. Le diable s'habille en Prada, c'est le cas de le dire. Il aurait espéré qu'avec l'âge elle se serait calmée, mais non. Cela aurait été trop beau. "Quittes ? C'est ce que t'appelle être quittes ?" dit il en levant les yeux au ciel. Clairement agacé par l'attitude de Rebecca. Ce n'est pas tant sa chemise tâchée qui l'embête, juste la réaction de son interlocutrice. Est-ce que lui renverser son verre dessus en le faisant exprès était nécessaire ? Pas vraiment selon lui, mais c'était Rebecca et ils avaient toujours eu des visions très différentes de ce qui est acceptable ou ne l'est pas donc au final pas de grande surprise.
Il aurait tout de même préféré qu'elle s'en tienne à une remarque comme elle sait si bien les faire, mais ça, même pas en rêve. Avec Rebecca on récolte ce que l'on sème, même quand on ne le fait pas exprès. Il reçoit donc un verre de vin sur sa chemise et une petite, surement première d'une longue liste, dont elle seule à le secret. "A donc tu m'as poursuivi c'est ça ? J'aurais dû m'en douter" Dit-il ironiquement, sachant pertinemment qu'elle ne parlait pas d'elle en disant "la peste", mais si elle a décidé de la jouer comme ça, il n'y a pas de raison qu'il ne fasse pas de même. Rebienvenue au lycée. "Et je vois que tu n'as toujours pas compris que le lycée était fini, faudrait sans doute mûrir un jour tu crois pas ?" lance t-il, attrapant quelques serviettes en papier sur une table à côté de lui pour éponger un peu sa chemise, c'est un peu peine perdue, mais bon il n'a pas mieux à faire. Il se garde d'ailleurs bien d'en tendre à Rebecca, sa proposition de l'aider ne tenant bien sûr plus. "Tu m'excuses si je t'aide pas. Ma phrase ne tenait que jusqu'à ce que je vois que c'était toi. Mais ça je pense que tu le sais déjà". Ajouta t-il. L'aider, ce serait comme aller à l'encontre de ses propres principes. Il avait passé pas mal de son temps au lycée à aider les personnes qu'elle s'amusait à terroriser, martyriser et tout ce qui va avec. Ce serait tomber bien bas selon lui d'aider un tyran et de toute façon, elle n'accepterait pas son aide, il ne va donc pas se fatiguer à ne serait-ce que proposer pour être poli.
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La compétition, j’ai toujours aimé ça, ça me permet de me surpasser et surtout de prouver aux autres que je suis encore et toujours la meilleure. Ca m’a toujours fait cette sensation. Sauf avec lui. Alors forcément, je n’ai pas réussi à l’oublier. Ca aurait été bien beau. Bien sûr il n’a jamais hanté mes beaux rêves, je n’avais d’ailleurs jamais repensé à lui, mais aujourd’hui, son visage me remonta directement en mémoire. Et la maladresse qu’il avait eu aujourd’hui, était sûrement l’une des rares qu’il avait faite, du moins en ma présence, mais il fallait que je le rabaisse d’un moyen ou d’un autre. Je lui avais simplement souris de façon narquoise à sa question pitoyable et rhétorique, avant d’enchaîner avec sa maladresse. Mais il le retourna contre moi. Bien sûr. C’était bien placé, je ne pouvais que le reconnaître, mais ça ne me rabaissera pas de sitôt. Je gardais mon sourire et lui répondais J’aurais tellement aimé être la peste ! J’ajoutais un petit regard rêveur et rajoutais T’imagines ? Pouvoir anéantir toutes les personnes qui ne valent rien et qui me gênent ? Ce serait parfait. Et je le pensais. De plus, j’y serais totalement immunisée, ce serait l’idéal. Dommage que cette maladie n’existe plus. C’était tellement fatal pour le peuple minable. Et la Terre était bien moins encrassée. Enfin, bien plus poisseuse, mais niveau déchets. Même si au fond, tout se rejoint mine de rien. Sauf qu’on a toujours des déchets sur Terre et qu’on en aura toujours. En attendant, mon cher ancien camarade, dont j’avais bien sûr oublié le prénom sans intérêt, essaya d’en rajouter une couche. Sans intérêt également. Je ne vois pas où est la maturité dans cette discussion. Je ne te rends que la monnaie de ta pièce, voilà tout. Evidemment, c’est bien trop impulsif et sûrement trop vengeresse, mais c’est ma signature, faut faire avec. Lycée ou pas. Tu croyais réellement que j’allais vouloir que tu viennes me peloter dans les toilettes ? Même pas en rêve ! A vrai dire, si peut-être un peu, il a toujours eu un sacré charme et sa popularité il la tenait de là. Mais ça s’arrête là, tout comme mon ressenti à son égard. Certes il est beau, mais ça s’arrête là. C’est bien plus drôle de le rabaisser, c’est bien plus amusant.
De la répartie, toujours de la répartie. Il avait oublié ça. Elle a réponse à tout. Absolument tout. Il y a souvent des gens qui se vantent d'avoir réponse à tout, de pouvoir rebondir du tac au tac dans n'importe quelle situation. Adriel en avait d'ailleurs rencontré pas mal lui ayant dit ce genre de choses. En revanche, il n'en avait pas croisé beaucoup avec la répartie de Rebecca. Elle ne perd jamais une seconde. Si c'était un match de ping pong, vous n'auriez pas le temps de dire ouf qu'elle aurait déjà renvoyé la balle de votre côté de la table. Elle avait toujours été comme ça et il n'est donc pas étonné lorsqu'elle retourne en quelque sorte la situation. Bien sûr qu'elle aurait aimé être la peste. Adriel aurait dû s'en douter. Elle était aussi redoutable qu'une maladie comme celle-ci. Décimant tout sur son passage, n'épargnant personne. Il n'en fallait pas beaucoup pour se retrouver dans ses mauvaises grâces. Un souffle de travers et vous étiez bons pour vous retrouver sur sa liste noire. Adriel avait toujours essayé de défendre les autres face à elle de son mieux. Il avait d'ailleurs très certainement été en haut de cette liste pendant de longues années. "J'imagine que tu prendrais cette tâche très à coeur oui. T'as pas peur de te retrouver seule sur terre ? Je veux dire, toutes les personnes qui ne valent rien et te gênent ... C'est pas absolument tout le monde ?" Et c'est bien vrai. Il ne se rappelle pas l'avoir vu réellement apprécier quelqu'un. Il la voit encore tolérer certaines autres pimbêches du lycée, mais il est certain qu'elle ne les a même pas revues une seule fois depuis la remise des diplômes. "Ce serait dommage. Tu ne pourrais plus jouer les tyrans." Ajoute t-il.
Lui rendre la monnaie de sa pièce. Bien sûr. Oeil pour oeil, dent pour dent. Ne sait elle pas que ça ne s'applique pas vraiment lorsque c'est un accident ? Sans doute que non. De toute façon il est certain que même si elle le savait, elle s'en ficherait. "Après toutes ses années, tu me désespères toujours autant" lui dit il. Désespérante. Oui c'était un bon adjectif pour la décrire si vous demandez à Adriel. il ne comprend tout simplement pas comment on peut rester à ce point bornée dans ses idées pendant aussi longtemps. Il ne pu s'empêcher de rire, un éclat de rire franc lorsqu'il entendit ce qu'elle avait à dire ensuite. "Et toi tu croyais que j'allais vouloir te peloter dans les toilettes ?" Il trouvait pour le coup la situation assez drôle, sans vraiment se rendre compte qu'ils avaient l'air de deux gamins, deux lycéens au final. "Il suffit pas d'être bien faite pour s'attirer mes faveurs. Je pense que depuis le temps tu aurais pu le comprendre" Ajoute t-il. Ils étaient beaux, ils étaient riches. Une bonne vingtaine d'années en arrière ils auraient très certainement pu sortir ensemble, si ce n'était pas pour leur dédain mutuel. Il n'avait jamais été aveugle et elle avait toujours été jolie, mais pour Adriel, son comportement gâchait absolument tout et ils n'auraient jamais pu être ne serait-ce qu'amis.
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Moi qui pensait que j’allais simplement faire un tour assez rapide, que je n’allais pas m’attarder dans cette foule qui me rend presque malade, mais finalement, malgré mon chemise totalement anéanti par le vin, je commençais à apprécier cette conversation. Oui c’est vrai que le fait qu’il ait un peu d’instruction et d’intelligence, rendait le débat bien plus intéressant. Mais est-ce que je n’aurais pas peur de me retrouver toute seule sur terre si je devais anéantir tout le monde ? Et il avait raison, si tout le monde n’est pas à ma hauteur, et que finalement je tue la grande majeure partie du peuple humain, je m’ennuierais bien vite. C’est pas faux, ce serait bien triste la vie si je ne pouvais plus jouer les tyrans. Mais heureusement, ça ne risque pas d’arriver. Répondais-je toute fière. Oui parce que jusqu’à preuve du contraire, mes remarques n’ont jamais tué quelqu’un, ça n’a fait que les enfoncer davantage, ou les élever donc dans tous les cas, c’est forcément bénéfiques. Oui parce que mine de rien, j’apprécie les personnes qui savent relever de leur cendre, il y a quand même des personnes que j’admire et que j’apprécie. Mais pas besoin d’en parler, je ne veux pas que ça s’ébruite non plus. Peu m’importait en attendant que je désespère monsieur, il ne représente rien pour moi après tout. Juste un parti intéressant, mais j’en ai des tas, pas besoin de m’encombrer avec lui. Alors je l’emmerdais encore du mieux que je pouvais, et forcément il retourna ça contre moi. Ca ne m’atteignait guère. Je haussais les épaules Oui j’ai très bien compris rassure-toi, mais les hommes ont toujours besoin de tirer un coup, peu importe ce qu’il se trouve dans la tête. Disais-je avec pas mal de reproche dans la voix. Oui je les catégorise beaucoup et tous, quel qu’ils soient, mais pour moi, ils sont tous pareils, insignifiants.
Il avait marqué un point. Il le savait. Elle n'allait pas pouvoir le nier, c'était quasi certain. Lui-même en était quasi-certain. Elle avait beau détester tout le monde sur cette terre, si elle devait se débarrasser de tout le monde, elle se retrouverait bien embêtée. Malheureusement pour le monde et heureusement pour elle, il n'est pas arrivé le jour où toute la population se retrouvera effacée de la terre. Adriel doit donc se faire à l'évidence qu'elle va pouvoir continuer son petit jeu encore bien longtemps. Il soupire devant l'air fier qu'elle arbore. Elle reconnait qu'il a raison, c'est déjà ça, mais elle est aussi bien rapide à dire que ce n'est pas quelque chose de très probable. Quand je disais qu'elle avait réponse à tout, ce n'était pas une blague et plus le temps passait, plus Adriel se demandait si elle allait changer un jour. Il était persuadé que tout le monde pouvait changer. Pour le meilleur ou pour le pire, après tout, un changement est un changement, qu'il soit bon ou mauvais. Il avait du mal à voir comment elle pourrait être pire. Dans une autre vie elle avait très certainement était dictatrice à la tête d'un gouvernement totalitaire. Il se demandait néanmoins si un jour elle pourrait changer en bien. "Tu changeras jamais non ?" C'est autant une question qu'une remarque. Une question à laquelle il connait bien la réponse qui va surement lui arriver en pleine figure de façon narquoise. Il n'est même plus surpris parce qu'elle dit, ce qu'elle fait. L'effet de surprise est passé. Adriel a l'impression d'avoir déjà tout vu de sa part, la confrontation n'est même plus drôle comme elle avait pu l'être lorsqu'ils étaient au lycée.
"Ca c'est parce que tu ne côtoies pas les bons hommes" dit-il avant d'ajouter "enfin je dis ça, je dis rien". Il trouvait sa réponse très limitée et ne pu donc pas s'empêcher de lui envoyer une petite pique. Il n'était absolument pas d'accord quant à sa généralisation sur les hommes. Tous n'étaient pas comme ça. Lui pour commencer, mais pas que. Bien sûr cette définition aurait très bien pu lui coller parfaitement, mais il y a déjà une bonne quinzaine d'années. Lorsqu'il était encore jeune et n'avait pas forcément bien compris que les femmes n'étaient pas des objets. Et encore, même là, il n'a jamais tiré son coup avec elle, comme elle sait si bien le dire. "Heureusement que certains ne sont pas très regardant quant à ce qu'il y a plus loin que le physique, sinon tu serais bien embêtée tu crois pas ? La reine des pestes, c'est pas franchement la femme idéal tu sais." Et hop une autre petite pique, gratuite celle-là, mais après tout, pourquoi se gêner quand elle, elle ne se gênait absolument pas ? Adriel était en temps normal quelqu'un de très respectueux. C'est son éducation et son travail qui le veut, en revanche, si la personne en face lance les hostilités, il ne se prive pas en général.
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Changer. Si, justement, j’étais en pleine mutation. Mais ça ne regarde personne, tout comme la raison pour laquelle je suis réellement comme cela, mais que je ne l’étais pas depuis toujours. Ca, très peu de personnes sont au courant. Ce n’est donc certainement pas des anciens camarades avec qui je n’avais aucune affinité que j’aurais confié ce genre de choses. Alors forcément, je lui répondais face à sa question que je sentais bien rhétorique Je ne vois pas pourquoi il faudrait changer quand on se sent parfait. Ouais j’ai envie de dire oops, c’est pas ce que je voulais dire. Bien sûr c’est ce que je pense vraiment, mais je me suis trompée de verbe. J’aurais du lui dire « quand on est parfait » chose que je dis à chaque fois. Mais bon, au moins peut-être qu’il me lâchera les baskets avec mon comportement qui ne lui convient pas. En attendant, on avait poursuivi notre conversation, que je trouvais bizarrement et étrangement longue. Je commençais à avoir soif d’ailleurs. Ouais je regrette à peine de lui avoir balancé mon verre dessus. Je ne prenais même pas la peine de répondre à sa remarque sur les hommes, je sais que j’ai raison, de toute façon j’étais bien trop occupée à chercher un nouveau stand pour mon nouveau verre de vin. Mais il enchaîna, pour me critiquer, bien entendu, et me dire que mon comportement ne plaît pas. Et tu crois que je suis assez conne pour ne pas déjà le savoir ? M’emportais-je alors. Si j’agis de la sorte c’est pour une bonne raison ! Rajoutais-je un peu trop sur la défensive. Et au moment où je commençais à me diriger vers un autre stand, je passais à côté de lui sans le regarder et je finissais par dire Ca sert à rien l’amour. C’était un peu entre les dents en marmonnant que je disais ça, un peu pour moi au final.
Bien sûr qu'elle avait répondu à sa question qui n'en était même pas une. Il n'était pas étonné et il s'attendait à la réponse comme un enfant s'attend à trouver des cadeaux au pied du sapin le jour de Noël. Il n'est pas surpris par ce qu'elle lui dit. Bien sûr qu'elle se trouve parfaite, qu'elle se sent parfaite. Ca il l'avait bien compris depuis le lycée. C'était d'ailleurs compliqué de passer à côté de ce détail. "Tu as raison." Lui répondit-il. Bien sûr ce n'était pas pour lui donner raison. En réalité il commençait à perdre légèrement patience. Les conversations sans fin comme celle-ci, il avait passé l'âge. Le lycée c'était il y a bien longtemps et il n'a pas vraiment envie d'y retourner. "Ne change pas tu es parfaite". Ajoute t-il. Il est ironique, mais essaye néanmoins de ne pas trop le montrer, il ne cherche pas à obtenir une quelconque réponse de la part de Rebecca, il cherche simplement à mettre fin à leur conversation. Si pour y arriver il doit donc lui donner raison il le fait. Perdre une bataille n'est pas perdre la guerre. Il était après tout venu pour son travail, il n'avait donc pas toute la journée et même s'il avait toute la journée, il n'avait absolument aucune envie de la passer à discuter avec elle. Il était dans un salon de vin. Une des choses qu'il préfère dans la vie et donc la logique voudrait qu'il passe un bon moment, pas qu'il se chamaille comme un adolescent avec une ancienne camarade de classe. Non quand même, il était plus mature que ça. Il aurait peut-être dû s'arrêter là. Après tout s'il n'était pas rentré dans son jeu dès le début, il serait sans doute déjà reparti et en train de faire le tour des stands un bon verre de rouge à la main et non planté au milieu de la foule avec un verre de vin, non pas dans la main, mais renversé sur sa chemise. Ce n'est pas vraiment l'idée qu'il se faisait du salon lorsqu'il y a mis les pieds.
Jamais il n'aurait osé la traiter de conne. De peste oui, de conne non. Il n'avait d'ailleurs jamais pensé qu'elle l'était. Ce n'était absolument pas ce qu'il voulait dire. Il a donc un peu de mal à comprendre la raison pour laquelle la femme en face de lui s'emporta à ce point. Il n'avait fait qu'une remarque. N'était-elle pas censée accepter les remarques ? Apparemment pas. Enfin, il n'allait pas s'excuser. Si cela l'avait autant énervée, peut-être avait-il vu juste, peut-être qu'il y avait une part de réalité dans ce qu'il venait de dire et que c'était un peu trop dur à entendre pour elle. Il ne savait pas, et il s'en fichait bien. Il n'avait qu'une envie, mettre un terme à cette discussion et repartir de son côté, ne pas la croiser, comme ce qui aurait dû se passer dès le départ. "J'ai jamais dit ça, mais tu entends ce que tu veux et par dessus-tout, tu fais ce que tu veux, je m'en fiche" Lui répondit-il calmement ne cherchant pas à envenimer la situation. "Maintenant si ça te gêne pas, j'aimerais bien continuer ce que j'étais en train de faire avant cet incident qui a pris des proportions énormes, donc je pense qu'on va en rester là et continuer avec nos vies chacun de notre côté". Ajouta t-il. C'était la meilleure chose à faire. Ils n'étaient plus des enfants et ils n'étaient pas là pour se donner en spectacle devant tout le monde. Il ne manque cependant pas d'entendre le commentaire qu'elle fait concernant l'amour en marmonnant. Il trouve ça triste d'avoir cette vision des choses, même s'il n'a absolument aucune affection pour elle, il ne lui veut pas de mal dans sa vie. "T'as juste pas rencontrer la bonne personne. J'espère pour toi que tu changeras d'avis un jour." Des mots gentils ? Oui vous n'avez pas rêvé.
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Bien sûr que je suis parfaite. J’aime le dire, on ne m’a jamais fait chier avec ça au moins. Enfin si, mais je me sens bien plus forte quand je l’annonce ainsi. Seulement parfois j’ai des rechutes, et ma langue fourche un peu. Est-ce que je me sens réellement parfaite ? Non, je sais bien que je ne suis pas parfaite. Mon enfance n’a jamais été parfaite, elle a été horrible. Mais ma carapace, j’en ai tellement besoin, elle m’a tellement aidé et sauvé, que oui, elle, elle est parfaite et je ne pourrais jamais m’en séparer. Bien sûr également, j’entends l’ironie dans la réponse de mon ancien camarade, mais apparemment c’était surtout pour faire taire cette conversation qui ne menait nulle part. Même pour ma part je commençais à m’en lasser. Il a fallu tout de même qu’il me titille et qu’il me fasse péter un petit plomb. Oui ce n’était pas énorme mais je le sais très bien que je ne trouverais pas un homme bien, je n’en veux pas, je veux juste un spermatozoïde et en profiter pour prendre du bon temps en même temps. Je ne veux plus d’amour dans ma vie, j’en ai bien trop souffert par le passé. Hors de question que je m’encombre avec un homme qui va de nouveau me briser le cœur. En attendant Adriel se fichait bien de tout ça, chose que je comprends, et voulais en finir là notre conversation. Je n’étais que plus d’accord. Voilà pourquoi je quittais cette conversation en commençant à partir d’un côté. Mais il avait bien entendu mes murmures et sa réponse me fit m’arrêter quelques secondes, surprise d’une telle bonté de paroles, lui lançais un regard interloqué mais radoucit, pour finalement prendre mes clics et mes clacs bien rapidement. Oui j’ai vraiment besoin d’un verre, voire même plus.
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