« Tu as la liste ? » je demande à Joanne en jetant un coup d'oeil par dessus son épaule. Le petit bout de papier se trouve bien entre ses mains, alors je plisse les yeux derrière mes lunettes pour tenter de discerner plus nettement ce qui est écrit sur les lignes. « Je ne me souviens plus de si nous avons besoin d'autre chose pour Daniel. » Mais il me semble que tout est là. Des couches aux lingettes en passant par le talc, tout y est, et en bonne quantité afin de ne pas avoir à refaire le plein avant deux bonnes semaines -car les fournitures s'épuisent à une vitesse folle. Tout cet attirail volumineux remplit un chariot à lui tout seul. Dans l'autre se trouve le reste des courses, et notre fils tranquillement installé au fond de son cosy, entre une botte de carottes, les grappes de tomates et un grand paquet de pâtes. Contrairement à d'habitude, le petit ne semble absolument pas serein dans cet environnement. Le supermarché, ce n'est pas vraiment un endroit qui lui plaît. Trop d'informations. Trop de bruit, de formes, de couleurs, de visages, trop d'agitation. Il a bien du mal à savoir où donner de la tête, et cela le perturbe grandement. Dans la jungle des rayons, des chariots et des paniers de courses, notre aventurier fait bien moins le malin. Il couine même de temps en temps pour manifester son inquiétude ou son agacement. Sa mère se précipite alors sur lui pour le bercer un peu, le rassurer et le calmer. Tout ceci le fatigue beaucoup et très vite. Le garçon devient particulièrement à fleur de peau au bout d'une dizaine de minutes, et généralement, si nous tardons trop, les premiers hoquets de chagrin commencent à nous rappeler à l'ordre. Joanne et moi effectuons les courses en semaine le plus souvent, le soir où je peux me libérer le plus tôt possible, majoritairement les mardis, comme aujourd'hui. Je n'aime pas l'idée de la laisser seule pour jongler entre les achats et le bébé. Elle pourrait sûrement se débrouiller, mais rien à faire, je préfère être là pour aider. Il est aux alentours de dix-neuf heures, le centre commercial fermera dans une petite heure. Pourtant, il est encore bien rempli. Les rayons sont bondés, mais relativement calmes. Nous faisons une dernière fois le tour de la liste de courses pour nous assurer que nous n'oublions rien -mais c'est toujours le cas, malgré la triple vérification. Et en effet, il nous manque deux ou trois petites choses que Joanne file trouver dans les étalages d'à côté, me laissant essayer de calmer un Daniel qui s'impatiente de plus en plus. Le sel. Il manque aussi le sel. Je lève les yeux et parcours rapidement le rayon. Il est au bout, à quelques mètres de là. « Sois sage, je reviens tout de suite. » dis-je au petit après avoir caressé tendrement sa joue, ce qui l'apaise un petit peu. Je ne m'éloigne que de quelques pas, quelques secondes, et rejoins immédiatement le chariot. Daniel n'est plus là. Une immense bouffée de chaleur me donne le tournis, si bien que mes doigts lâchent tout pour s'agripper au bord du caddie qui est seul à pouvoir me faire tenir debout. Mon rythme cardiaque pris de panique est pris d'une frénésie sans nom, battant à tout va, à toute vitesse, bien trop vite, bien trop fort. Je ne respire plus. Ca ne peut pas être. Non. Le regard fixé sur le vide auquel je fais face, je demeure ainsi paralysé pendant quelques secondes qui semblent durer des heures. Le temps de réaliser. Il n'est pas là. Et soudain, la dose d'adrénaline. Je dois le retrouver. Immédiatement. Je parcours le rayon en long et en large, inspectant tous les chariots que je croise quitte à passer pour un fou. Rien. Il y a bien quelques bébés, les cosys se ressemblent, mais ce n'est jamais mon fils. Je l'espère à chaque fois, puis me rend compte que ce n'est pas lui. Mon coeur est ballotté dans d'interminables montagnes russes, j'en ai la nausée, des palpitations, plus rien ne fonctionne. Je dois le trouver, mais je ne sais pas comment, et encore moins où. Où. Où est-il, bon Dieu ? Envolé. En une seconde. Ca ne peut pas être vrai. Au bout du rayon, je tombe sur Joanne. La gorge nouée, je suis incapable d'articuler quoi que ce soit pendant quelques secondes, jusqu'à ce que je parvienne à le lui lâcher ; « Daniel a disparu. »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Le supermarché était noir de monde, ce qui était assez inhabituel. Joanne avait horreur de faire les courses le weekend, ça se bousculait de partout avec l'impossibilité de circuler. Elle pensait à échapper à ceci en venant là avec Jamie un mardi soir, mais rien n'y faisait. Elle lui avait déjà dit qu'elle parviendrait à se débrouiller seule, mais Jamie tenait toujours à être avec elle, il se débrouillait pour être là en quittant un plus tôt le travail. Les caddies étaient déjà remplis, ils arrivaient presque enfin au bout de leur liste de course. La majorité des choses était pour Daniel. Il ne manquait plus que quelques aliments et autre babioles que Joanne filait chercher en laissant les deux hommes ensemble. Se faufilant entre les personnes, elle trouva en chemin un pot vide où elle comptait y mettre de la confiture qu'elle ferait à la maison et un paquet de biscottes. Elle avait juste hâte de rentrer, c'était bien la seule corvée qui lui faisait perdre patience. Et puis, elle voulait profiter dere sa famille pour le temps qu'il leur restait pour la soirée. Le caddie n'avait pas changé de rayons, la jeune femme les retrouva aisément. Jamie se trouvait juste là. Dans la seconde où elle vit son visage, elle savait qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Quelque chose de vraiment grave. Jusqu'à ce qu'il soit en mesure de lui balancer une phrase qu'elle n'aurait jamais cru entendre une seule fois dans sa vie. Elle avait l'impression que son coeur s'était arrêté de battre. Elle sentait sa tension artérielle chuter à vive allure, lui donnant cette sensation de tournis et de malaise et lui faisant lâcher tout ce qu'elle avait en main. Le pot se brisa en mille morceaux à ses pieds. Le bruit faisait écho dans sa tête vide. L'un des éclat l'avait un peu coupé au niveau de sa jambe, mais elle ne le sentit pas. Après quelques secondes de latence, elle se précipita sur le caddie que surplombait le cosy où Daniel était censé être. Mais c'était bel et bien vide, il n'y avait pas de bébé sous les harnais, qui avaient étaient ouverts. Totalement paniquée, alarmée, en détresse, elle regarde son fiancé. "Jamie ?" Peut-être qu'il avait une réponse, peut-être qu'il avait un élément qu'il n'avait pas encore partagé. Joanne sentait qu'elle manquait d'air, l'atmosphère était devenue irrespirable. Elle regardait autour d'elle, avec cet espoir de fou de voir qu'il n'était peut-être pas si loin que ça. "Où est mon bébé ?" dit-elle d'une voix étouffée, les yeux bordée par de grosses larmes. Elle répétait plusieurs fois sa question, en crescendo. Un homme s'approcha d'elle, perplexe. Il avait à peu près la même taille de Jamie, les cheveux foncés et les yeux bruns. "Madame ? Tout va bien ?" Elle ne le regardait, ses iris bleus cherchant toujours son trésor, son miracle. "On a pris mon bébé. Mon bébé n'est plus là." L'inconnu, qui était un policier inspecteur sur son jour de repos, la regarda avec de grands yeux. "Comment est-il habillé ?" Difficile de trouver un sens à la question qu'il lui posait sur le coup, mais elle y répondait spontanément. "Un jean bleu, et un petit haut vert. Il avait une veste brune par dessus." Ses paroles étaient vides d'émotions. "Je vais m'occuper d'aller la sécurité et la police, d'accord ?" Elle acquiesça d'un léger signe de tête avant qu'il ne part en courant. Joanne avait été pour le moment incapable de réaliser pleinement ce qu'il se passait. C'est comme si on venait de lui arracher une partie d'elle. Comme si les saignements ne parvenaient pas à être stoppés. Elle allait au bout du rayon pour rejoindre le couloir principal du supermarché. Elle le cherchait toujours, désespérément. Mais Daniel n'était plus là. Les larmes se déversaient enfin sur ses joues, et elle réalisait. "Rendez-le moi." dit-elle tout bas. "Rendez-moi mon bébé." Encore une fois, elle répétait sa phrase de plus en plus fort. Les visages commençaient à se tourner vers elle lorsqu'elle s'effondra à terre en hurlant de douleur, en pleurs. Les personnes qui comprenaient ce qu'il se passait plaçaient une main devant leur bouche pour marquer leur choc, d'autres regardaient autour d'eux, ne sachant pas trop quoi chercher.
crackle bones
Dernière édition par Joanne Prescott le Lun 21 Mar 2016 - 0:46, édité 1 fois
Les éclats de verre au sol ne m'importent absolument pas. Je vois toute la panique dans le regard de Joanne, et cela suffit à me faire réaliser que le cauchemar est bien réel. On nous a pris notre fils. Je la suis silencieusement jusqu'au chariot et la laisse constater le vide. Poser les yeux dessus me retourne de nouveau estomac et m'assène tant de coups dans chaque organe que je pourrais défaillir. Mes membres tremblent sous la pression que je leur fais subir afin de tenir debout. Sur le moment, j'ai surtout peur que la situation n'empire en provocant une détresse respiratoire chez la jeune mère. Elle a pâli soudainement, son regard est devenu vitreux, ses mouvements plus incohérents. Je n'ose pas lui articuler que je ne sais pas où est Daniel. Je reste complètement paralysé, en détresse, les yeux secs à force de la voir s'époumoner sur des questions sans réponses. Un homme file chercher la sécurité et appeler la police. Ni Joanne ni moi ne sommes fichus d'avoir des pensées logiques et de ressembler nos idées pour agir. Tout est embrouillé, et la Terre semble tourner beaucoup trop vite tout à coup. Je regarde de nouveau ce vide qui ne devait pas être là et qui me glace le sang. Mon fils n'est pas là. Une partie de moi, de nous, de notre raison d'être, a disparu. Une main sur la bouche, le coeur en miettes, je retiens un hurlement qui pourrait mêler douleur et rage. Qui a fait ça ? Qui nous a fait ça ? Que je le tue. Je suis sorti de ma léthargie par les cris de ma fiancée tout au bout du rayon. Je le remonte en courant et rejoins cette petite silhouette misérablement tombée au sol. « Joanne... » Immédiatement, je me mets à genoux près d'elle et la prends dans mes bras, couvrant sa tête pour la protéger des regards qui nous fixent. Je la serre aussi fort que possible et la laisse s'effondrer pendant que je tente de ne pas faire de même. Je la berce un peu et caresse ses cheveux dans l'espoir de la calmer, mais bien sûr, rien n'y fait. « Je suis désolé. Je suis tellement désolé. » je murmure en boucle, ne sachant pas quoi dire de plus. Je l'embrasse sur le font. Les larmes bordent mes yeux et rendent le monde flou. Mon coeur palpite n'importe comment. Les secondes sont des heures. « On va le trouver. Je te promets, on va le trouver. » dis-je tout aussi bas, me jurant également de tout faire pour tenir cette promesse. On retrouvera notre Daniel. « Monsieur ? » Je lève le regard sur les trois hommes qui se sont postés près de nous. « Keynes. » Je crois. « Monsieur et madame Keynes, vous devez nous suivre. » Je secoue légèrement la tête pour signifier que j'ai saisi. Je suis loin de réussir à garder la tête froide, mais j'essaye du mieux que je peux. Il en faut bien un pour relever l'autre. « Joanne, lèves-toi. » je murmure en essayant de la mettre sur ses jambes. Mais son corps n'est qu'une masse molle aussi lourde que du plomb. « S'il te plaît, mon ange, il faut te lever. » Je passe ses bras autour de mon cou pour la tracter. Une fois debout, un peu bancale, je la tiens fermement par la taille et l'incite à marcher. Nous suivons les hommes hors de la grand surface, au-delà des caisses, jusqu'à atteindre d'une grande porte verte verrouillée par un digicode. « La police sera là dans quelques minutes, en attendant on vous conduit au pc de sécurité. » explique l'un d'eux en nous faisant entrer. Rapidement, on nous installe dans deux chaises en face des écrans des caméras de surveillance. « Trouvez-leur des verres d'eau. » j'entends être ordonné, et la seconde suivante, nous avons chacun un gobelet d'eau fraîche qui tient à peine entre nos doigts. « Monsieur Keynes ? Il faut me raconter ce qu'il s'est passé. » Un policier est face à moi. Je relève la tête et en aperçois d'autres qui ont envahi la salle. A quel moment sont-ils arrivés ? Je n'en sais rien. Je perds toute notion du temps, plongé dans ces absences où je ne fais que continuer de constater le vide dans le chariot. Mais je ne suis plus dans le rayon. Je suis ici. Désorienté, il me faut quelques secondes pour remettre les pièces du puzzle en place. Je prends une gorgée d'eau, une longue inspiration. Je jette un coup d'oeil à Joanne qui est au moins aussi éteinte que moi. « Je... » Ma gorge est toujours sèche, ma voix basse et rauque. « Joanne était partie chercher les choses qui nous manquaient, j'étais avec Daniel, je me suis éloigné d'à peine quelques mètres pour attraper quelque chose, ça n'a duré qu'une seconde, mais après, il, il n'était plus là... » L'explique rend tout ceci tellement réel. La cruauté de la chose m'étouffe complètement. La culpabilité aussi. Je n'aurais jamais du le laisser. Je n'aurais jamais du m'éloigner. « C'est de ma faute. » je murmure. « C'est entièrement de ma faute. »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Impossible de se remettre les idées en place, ou même de penser même quelque chose. Impossible de savoir quel jour on était, où elle était ou quel temps il faisait dehors. Tout était si vide, dépourvu de sens et de repères. Joanne n'était plus que l'une de ses marionnettes à qui on avait coupé les fils. Son corps était inerte, il n'y avait plus rien sous sa peau de porcelaine. Il suffisait qu'elle se répète une seule phrase pour se torturer l'esprit et le scinder en deux. Jamie se précipita vers elle, dans l'espoir de recoller les derniers morceaux de sa fiancée, mais rien n'y faisait. Il la serrait tout contre lui, la protégeait de ses bras et en dissimulant son visage inondé de larmes. Elle n'arrivait pas à arrêter de pleurer. L'angoisse et la peur étaient bien trop grandes pour pouvoir être oubliées. Elle sentait ses doigts se glisser dans ses mèches blondes pendant qu'il la berçait un peu. Il n'arrêtait pas de s'excuser, de lui promettre de le retrouver. Elle ne comprenait pas pourquoi il disait être si désolé. Joanne ne se rendit absolument pas compte des policiers qui étaient arrivés, afin d'emmener avec eux le couple dans un endroit où ils pourront être plus tranquilles. Joanne était à bout de force et n'arrivait plus à se lever, même si son fiancé l'y encourageait vivement. Il finit par y parvenir en la tenant fermement tout le long de leur marche. On les installa au PC de sécurité, où il y avait une multitude d'écran sur l'un des murs, voyant le monde qui continuait de tourner à l'extérieur. On leur tendait un verre d'eau, mais Joanne n'avait pas soif. Faiblement, elle déposa le gobelet là où elle le pouvait. Il y eut soudainement foule autour d'eux, leurs paroles n'étaient que des échos. On demanda à Jamie de restituer les faits. Elle était surprise qu'il ait laissé Daniel seul, mais elle le croyait lorsque ce n'était que pour un temps très bref. Elle savait que Jamie était suffisamment consciencieux pour ne pas trop s'éloigner de leur enfant, qu'il l'aimait bien trop pour cela. En aucun cas, elle remit en cause ses capacités de père, alors que bien d'autres couples se seraient détruits à ce moment précis. Toujours vidée, la jeune femme restait sans mot. Pendant que Jamie continuait à parler, quelqu'un s'accroupit auprès d'elle. Le même policier qui avait signalé l'enlèvement, toujours habillé en civil. "Madame... Je voudrais vous demander si vous avez une photo récente de votre enfant, si vous avez détails à ajouter, pour qu'on puisse déployer l'alerte." Elle renifla et hoqueta un moment avant de répondre, croisant enfin le regard de la personne qui les avait aidé. Elle constata son badge attaché à sa ceinture. "J'ai... J'ai pris une photo de lui tout à l'heure." dit-elle en sortant son téléphone portable et cherchant la photo correspondante. La jeune femme tendit l'appareil à l'officier. "Dany, file-moi son portable, s'il te plaît, je vais tout de suite récupérer la photo." L'homme en question s'éxecuta immédiatement. "Vous vous appelez Dany ?" dit-elle, avec de nouvelle larmes qui glissaient le long de ses joues. Il acquiesça d'un signe de tête, avec un sourire amical. "Il s'appelle Daniel. Mon petit garçon s'appelle Daniel." L'officier tentait d'alléger l'ambiance. "Vous avez fait un excellent choix, c'est un très joli prénom pour un si bel enfant. Quel âge a-t-il ?" "Il a deux mois." On voyait dans le regard de Danny à quel point cela pouvait l'exaspérer, l'enlèvement d'enfants, surtout arraché à ses parents à un si bas âge. "Ne lui en voulez pas." finit-il par dire, au bout d'un moment. "Si vous avez une personne envers qui vous devez être en colère, c'est bien celui qui vous a pris votre petit." Danny en avait vu, des couples se haïr et se détruire suite à un tel traumatisme. "Je ne lui en veux pas." dit-elle tout bas. "Il a toujours fait très attention à lui." Elle reniflait. "Je n'aurai jamais pensé que ça aurait pu nous arriver à nous." Joanne se mit à sangloter de plus belle. "Je ferai de mon mieux pour le retrouver, je vous le promets." finit par dire l'officier, avant de se redresser. Des experts informatiques étaient déjà sur place pour chercher sur les enregistrements le moment du kidnapping. Joanne rapprocha sa chaise de celle de Jamie, et prit l'une de ses mains qu'elle serrait du plus fort qu'elle pouvait malgré le peu d'énergie qui lui restait. "Je sais que ce n'est pas de ta faute, Jamie." lui dit-elle en le regardant. "C'est la personne qui nous l'a pris que je... que je hais. Je la déteste." Impossible de consoler cette peine, ce vide qui s'était creusé en elle. "Je la déteste tellement."
Le policier s'efforce de m'aider à me rappeler d'un tas de détails qui me semblent plus insignifiants les uns que les autres, rien n'y fait. Non, je n'ai pas fait attention aux gens qui nous entouraient, je n'ai rien remarqué de suspect. Oui, je n'étais qu'à deux ou trois mètres du caddie, je n'ai laissé le bébé seul qu'une poignées de secondes. Et alors que j'avoue toutes ces choses, aussi coupable qu'on puisse l'être, je croise parfois le regard de l'homme face à moi. Ce n'est peut-être que mon imagination, mais il me semble rempli de jugement et désapprobation. Qui laisse son gamin sans surveillance dans un supermarché bondé ? Qui n'est pas capable de se rendre compte qu'on lui vole son enfant ? Qui panique à ce point plutôt que d'appeler la sécurité dans la minute ? A moins que ce soit les propres coups que je me porte que j'aperçois dans les yeux de l'officier. Il retourne auprès de ses collègues après avoir griffonné quelques notes sur un carnet. Joanne fournit une photo de Daniel à l'inspecteur, puis s'approche de moi. Sa main sur la mienne me fait l'effet d'un fer rouge qu'on applique sur ma peau. Mon regard rond et sévère se pose sur elle alors qu'elle m'assure qu'elle ne m'en veut pas. « Comment tu peux dire que ce n'est pas de ma faute ? » Il est sûrement bien plus intelligent de reporter sa rage contre cette personne inconnue qui nous a pris notre fils, mais à cet instant, toute ma colère m'est uniquement adressée. Bien sûr que je hais celui ou celle qui nous a arraché Daniel, mais rien de tout cela ne serait arrivé si je n'avais pas été complètement stupide et inconscient. « On nous a pris notre garçon parce que je me suis éloigné de lui. » dis-je sèchement à Joanne. Mais ce n'est pas contre elle. Elle n'y est pour rien. « Si on ne le revoit lus jamais ou si on le retrouve mort, ça sera parce que JE l'ai laissé sans surveillance. » Je ne suis pas du genre à envisager les pires scénarios ainsi d'habitude. Pourtant, c'est vrai. J'ai promis que nous retrouverions Daniel. Mais rien ne dit que nous le trouverons en vie. Et c'est moi qui aura tout brisé, tout démoli. « Tu devrais me haïr autant que la personne qui l'a enlevé. » Je suis sûrement bien ingrat. N'importe quel autre couple serait au bord de la rupture à notre place, et alors que Joanne s'accroche, c'est moi qui continue de tout piétiner. Je peux largement me haïr pour deux. Me levant de ma chaise, j'abandonne les mains de la jeune femme et me dirige vers la porte de la petite salle. « J'ai besoin d'air, on étouffe ici. » Il y a une sortie de secours qui mène sûrement à l'extérieur. Un des officiers reste devant la porte pour me garder à l'intérieur. « Vous devriez rester ici, Monsieur. » Sans réfléchir, mes mains empoignent le col de son uniforme bien repassé. « Obligez-moi. » je fulmine entre mes dents serrées. L'inspecteur fait signe de me laisser sortir, ce que je fais sans attendre une fois l'autre homme hors de mon passage. Bien sûr, l'air extérieur est loin d'être suffisant pour faire partir cette oppression qui écrase mon corps. Mais au moins, il est plus frais. Les derniers rayons du soleil m'éblouissent quelques secondes, même s'il est bien bas désormais et que le ciel s'est bien assombri. Je m'adosse contre la façade du centre commercial et me laisse me pétrifier ainsi sur place, le regard dans le vide, ou parcourant toutes les plaques d'immatriculation de ces voitures. L'une d'elles est partie avec mon fils. Je pourrais frapper quelque chose si je ne risquais pas de me briser les phalanges sur le crépis du mur -et c'est tout ce qu'il y a à portée de poings. Je reste nerveux, tendu, prêt à exploser. Alors forcément, l'on vient me voir à reculons en espérant que je sois calmé. « Nous avons trouvé l'enregistrement du moment du kidnapping. » me dit-on d'une voix qui me semble lointaine. Je n'adresse pas un regard à l'officier. Je ne veux plus croiser le miroir de tous ces jugements dont je me fusille en permanence. « Je ne tiens pas à regarder le moment où mon fils est enlevé à deux mètres de moi sans que je ne m'aperçoive de rien. » Quel genre de père je fais. Quel genre de fiancé je fais. Quel bon à rien, quel danger ambulant, quel monstre. « Et si vous ne comptez pas me dire qu'on voit le visage de la personne qui l'a pris et que vous allez l'arrêter dans l'heure, alors j'aimerais que vous me laissiez seul. » j'ajoute en tirant mon unique cigarette de la journée de la poche de poitrine de ma chemise. « A moins que vous ayez du feu. » L'homme me tend un briquet ; je porte la barrette de tabac à mes lèvres et en grille délicatement le bout avant de le lui rendre sans un merci.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne aurait espéré qu'ils restent soudés dans leur malheur, qu'ils s'accrochent au peu d'espoir qui leur restait. La réaction de Jamie la surprit, et lui fit tout aussi mal que tout le reste. Il la fixait avec un regard noir, lui reprochant peut-être sa réaction trop légère et inadaptée par rapport à la situation. Dans toute la peine qu'elle pouvait ressentir, il ne faisait qu'en rajouter une couche en lui parlant sèchement. Jamie voulait qu'elle le haïsse. D'un geste sec, il enleva sa main de celles de Joanne, sous prétexte d'avoir besoin de sortir prendre l'air. Choquée par tout ce qui s'enchaînait, elle restait longuement statique, ne sachant que dire ou que faire. Dany la regardait d'un air désolé, ne pouvant pas faire grand chose pour ce couple, qui allait se briser comme tous les autres. "Est-ce que je peux aller le voir ?" demanda-t-elle finalement. Certains regards se tournaient vers elle, se demandant si c'était une bonne idée. Dany soupira et accepta d'un signe de tête. Au moment où elle sortait, un officier lui tendit un briquet et son fiancé un paquet de cigarettes de son costume. Une image qui la choquait au plus haut point car elle n'aurait jamais pensé que ces très vagues odeurs de cigarettes étaient là parce que lui fumaient. Elle qui pensait que ce n'était que parce qu'il côtoyait des consommateurs de tabac. Elle demanda tout bas à l'officier si elle pouvait aussi lui emprunter le briquet, qu'elle le lui rendrait plus tard. Le voir faire la mettait extrêmement en colère. Sans rien demander, elle s'approcha de lui et prit le paquet pour s'en prendre une aussi. Elle n'avait tenté qu'une seule fois dans sa vie et ça remontait à ses années universitaires. D'un ton sec, elle dit. "Les choses vont être très simples." Elle alluma la cigarette et la porta à sa bouche. "Quand tu fumeras, je fumerai aussi. Quand je soupçonnerai que tu fumeras au boulot, et bien je fumerai aussi. Quand tu iras penser te repentir en allant te bagarrer dans les bars, moi, j'irai me laisser congeler sous une douche d'eau bien froide. Quand tu te mutileras d'une quelconque façon, j'en ferai tout autant." Ce n'était que des choses que Jamie ne voudra sûrement jamais voir, mais en aucun cas il ne devait douter de sa capacité à appliquer ce qu'elle disait. "Parce que c'est nous ou rien du tout, Jamie, tu te souviens ? Quand tu as mal, j'ai mal. Quand tu te détestes, je me déteste tout autant. Ce sont des trucs qu'on n'arrive pas à gérer." Elle laissa une bouffée de fumée s'échapper de sa bouche. "Depuis qu'on est ensemble, tu me demandes de me battre pour notre famille, tu me demandes d'être forte pour nous trois." Son ton s'éleva de plus belle. "Et le jour, la fois où nous en avons le plus besoin, tu me demandes de te haïr pour ce qui vient de se passer, c'est comme si tu me demandais de baisser les bras, alors il faut savoir ce que tu veux. Si tu préfères que je fuis et que j'aille sauter d'un pont, ou que je regarde en boucle et en boucle les images d'une personne bien dissimulée pour retrouver notre enfant. Alors non, je ne te hais pas pour ça, je pense que tu te détestes bien assez pour nous deux." Elle reprit sans souffle dans sa tirade, perturbée d'être aussi en colère. "Mais par contre je te déteste pour ça." dit-elle en indiquant sa cigarette. "Et pour que tu ne veuilles pas entrer dans cette fichue salle pour essayer d'identifier le kidnappeur. Parce que ce ne sont pas des conneries, ce qu'ils disent à la télé, Jamie. Que si l'enfant n'est pas retrouvé dans les quarante-huit heures, il a plus de chance d'être mort qu'autre chose. Et je ne compte pas laisser ces heures là filer sans rien faire, sans essayer n'importe, remuer la terre entière s'il le faut pour retrouver Daniel. Alors je fais ce que je peux pour m'accrocher. Mais il est hors de question que je manque une quelconque opportunité parce que j'étais trop occupée à me morfondre. Hors de question que je manque une chance de reconstituer notre famille et vivre heureux." Pas à un seul instant, elle ne fuyait son regard, plus déterminée et en colère que jamais. "Je pense que tu t'en voudras encore plus si tu restes planté là à fumer ta cigarette et à t'en vouloir. Parce que là, oui, je ne te pardonnerai jamais si tu ne fais rien pour essayer de retrouver notre trésor." Elle écrasa sa cigarette par terre et entra à nouveau dans la salle sans dire mot, demandant à visionner encore une fois l'extrait.
Jamais je ne m'étais permis de fumer devant Joanne. Au contraire, sachant bien son opinion sur la chose, je m'assurais de ne me griller ma cigarette de la journée qu'au travail ou dans la voiture, faisant toujours en sorte que l'odeur ne soit pas trop fraîche ou forte sur mes vêtements afin qu'elle ne se doute de rien. J'avoue qu'à cet instant, j'ai cessé d'y réfléchir et de calculer. Je me fiche bien qu'elle sache. Ce n'est pas vraiment le moment pour un débat sur les dangers du tabac. Néanmoins, je suis surpris de voir la jeune femme débarquer dehors au moment où j'aspire la première bouffée de ma cigarette. La main dans le sac. Je devine tout le choc et la déception dans son regard, et cela ne m'atteint pas vraiment. Je ne suis plus à ça près. En revanche, c'est de la voir prendre à son tour une cigarette et l'allumer qui me fait bondir. « Qu'est-ce que tu fais ?! » je m'exclame en essayant de la lui prendre des doigts, ce qu'elle ne compte pas me laisser faire. Les yeux ronds, penaud, j'écoute la tirade dans laquelle elle se lance et qui me garde scotché à la façade du centre commercial. Joanne me met littéralement au pied du mur. Mes yeux jonglent entre les siens, époustouflé par sa démonstration de force. Cette fois, c'est elle qui m'attrape par les épaules et me secoue pour que je cesse de m'apitoyer. C'est elle qui se bat. Parce que nous sommes sur le même bateau, et que si nous lâchons tous les deux la barre, nous coulerons en beauté. Et ce n'est pas comme ça que nous retrouverons Daniel. Il est particulièrement rare de voir la jeune femme en colère. Et à chaque fois, je trouve que cela lui donne un charme fou. Ce n'est pas le moment pour penser des choses pareilles peut-on penser. Pourtant, j'ai tellement attendu et tout fait pour qu'elle devienne cette mère forte que j'ai sous les yeux que je ne peux pas m'empêcher d'admirer cette œuvre, et de la trouver terriblement belle dans l'adversité. Mon coeur s'emballe, mais pendant quelques secondes, ce n'est pas de la crainte ou de la panique. Je ne fais que me dire à quel point je l'aime. Et je peux bien me reprendre pour elle. Pour Daniel et pour elle. Je reste muet et laisse ma fiancée partir, me laissant seul avec cette cigarette qui sa subitement perdu tout son intérêt et sa saveur. Je la laisse tomber par terre et l'écrase sous ma semelle machinalement. Après une grande inspiration, je retourne à l'intérieur, jusqu'à la salle de vidéo surveillance. « Je peux ? » je demande en me frayant un chemin entre les uniformes pour me trouver auprès de Joanne et me pencher sur le moniteur où l'extrait passe en boucle. La scène se passe à une vitesse folle. Juste quelques secondes. Et plus de bébé. « Est-ce que cette personne vous dit quelque chose ? » me demande-t-on au bout d'un moment. Mais comme tout criminel de film, une casquette empêche de voir le visage du coupable. « Absolument pas. On ne voit pas grand-chose. » On devine le bas du visage, le nez, la bouche, le menton, mais aucun de ces traits ne me parle. Cela ne semble pas surprendre l'inspecteur qui s'attendait à ce genre de réponse. « Bon. L'enregistrement nous apprend quand même pas mal de choses. » dit-il pour se montrer optimiste -sincèrement ou non. « Tout d'abord, vu la carrure de la personne en question, il s'agit d'un homme, caucasien, un peu moins d'un mètre quatre-vingt. Vu ses mains, je me risquerai à dire qu'il a entre 30 et 40 ans. » Attentif, je croise les bras. Mon regard passe régulièrement du policier aux images de l'enlèvement. « C'est sa plus grande imprudence : pas de gants. Du coup, nous allons récupérer le siège du bébé et chercher des empreintes. S'il est fiché, on le trouvera rapidement. » Il se garde bien de dire que, en revanche, s'il ne l'est pas, il sera plus compliqué de lui mettre la main dessus. Il poursuit la lecture de ses notes et reprend ; « Le poste m'a rapporté que vous avez eu quelques interpellations pour violences. Entre ça, votre travail, votre famille, est-ce que vous pensez qu'il y a quelqu'un qui puisse vouloir vous nuire ? » Je tente de ressembler mes idées, mais j'ai bien du mal à tout emboîter. Je fais le tour de mon entourage, mais ne trouve personne capable de faire une chose pareille. « Non, je… Je n'en sais rien. Je ne pense pas. » « Réfléchissez bien. Cet homme n'a pas fait ça impulsivement. On le voit vous suivre depuis votre entrée dans le bâtiment. » Autant dire qu'à moins de ne jamais lâcher Daniel d'une semelle pendant des mois, selon la patience de cet homme, s'il avait décidé qu'il aurait notre fils, il aurait fini par l'avoir. L'inspecteur tend sa carte à Joanne. « Voilà mon numéro, pour me contacter si besoin. Si vous pouvez m'envoyer une liste de vos proches et de leurs coordonnées d'ici peu de temps, cela nous aiderait beaucoup. C'est triste, mais dans certains cas, le kidnappeur est un proche ou un voisin. » Me revoilà avec de bonnes raisons de dire que tout ceci est de ma faute, mais je les prends sur moi et m'abstiens de tout commentaire. « Je pense que nous ne sommes absolument pas à l'abri d'une demande de rançon. Gardez ça en tête, et restez très joignables, au cas où. » Je respire de nouveau profondément pour garder mon sang froid. Je m'attends encore à me réveiller au moment où nous passerons cette porte, et réaliser que tout ceci n'est qu'un cauchemar, un produit de mon esprit dans mon sommeil. « Mon collègue va vous ramener chez vous. » Hors de question de conduire en état de choc. « Et c'est tout ? » je demande, étonné que nous soyons renvoyés à notre domicile avant que notre fils soit dans nos bras. « Pour le moment, il n'y a rien d'autre à faire. Vous serez tenus au courant de l'avancement des événements heure par heure, je vous le promets. »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne n'était que très rarement en colère. Elle avait horreur de ça, d'avoir cette boule au ventre qui la forçait à exploser. C'était bien une émotion qu'elle avait du mal à exprimer, qu'elle ne savait pas gérer. Et le comportement de Jamie l'avait exaspéré et elle avait tenté d'évacuer cette colère comme ça lui venait. Elle expira un bon coup une fois qu'elle était à nouveau dans la petite pièce. Il y en avait qui regardait les images, d'autres qui enchaînaient les appels, certains qui tapotaient sur leur ordinateur. "Ca va ?" demanda Dany en s'approchant de la belle. Celle-ci sourit tristement et acquiesça d'un signe de tête. "Je ne vous force pas à regarder les images, si c'est trop dur pour vous. Je comprendrai." "Il faut bien qu'on trouve qui a fait ça, pas vrai ?" dit-elle tout bas, prenant volontiers le verre d'eau en main cette fois-ci et en boire une gorgée, le goût de la cigarette lui déplaisant fortement. D'une main sur son dos, ils s'approchaient du moniteur. L'informaticien faisait passer la vidéo en boucle, mais tout se passait si vite. Joanne n'arrivait pas à identifier le criminel, et restait stupéfaite de sa rapidité. Elle essayait de remarquer un détail qui pourrait changer la donne, mais il n'y avait rien de distinctif. Jamie apparut soudainement à côté d'elle, ayant repris ses esprits et il semblait beaucoup plus concentré. Elle était touchée que, d'une manière ou d'une autre, ses paroles l'avaient touché et lui avaient permis de s'éveiller de cette phase de latence. Elle se demandait ce qui l'avait le plus percuter pour qu'il reprenne ainsi du poil de la bête. A son tour, il regardait encore et encore la séquence vidéo. Le criminel était bien vêtu, impossible de voir son visage, et Jamie ne voit pas de qui il pourrait s'agir. L'inspecteur précisa qu'il y avait tout de même quelques éléments notables que révélaient cette vidéo, et ils y prirent tous bien note. Joanne glissa sa main sous la veste de costume de Jamie pour la déposer sur le bas de son dos. Au fur et à mesure que l'inspecteur parlait. Les policiers espéraient trouver des empreintes digitales sur le cosy de Daniel. L'inspecteur tendit à la jeune femme sa carte pour le contacter. "Je vous enverrai tout ça dès que nous serons à la maison." Ca lui donnait la chair de poule que savoir que tout ceci était prémédité, et qu'à moins d'être greffé à Daniel, le kidnapping aurait eu lieu d'une manière ou d'une autre. "Contactez-nous si vous remarquez quoi que ce soit d'inhabituel. Si on vous contacte pour une demande de rançon, prévenez-nous le plus vite possible." Joanne acquiesça d'un signe de tête, en avalant difficilement la salive. Elle voulait se battre, mais c'était difficile de faire front à accumulation d'informations et de données qu'on leur procurait. Les policiers attendaient d'eux qu'ils rentrent chez eux. Joanne se sentait un peu démunie de ne pas pouvoir faire plus pour aider à retrouver Daniel. C'était insupportable de savoir qu'il n'était pas en sécurité, pas avec sa famille. L'un des agents les invité à quitter la salle afin de les reconduire chez eux. Avant de sortir, elle s'approcha de Dany en attirant son attention en tirant un peu sur la manche de sa veste. "Merci beaucoup de nous avoir aidé." lui dit-elle tout bas. L'officier lui sourit amicalement "J'ai fait ce que j'ai pu, c'est pas grand chose." dit-il en haussant les épaules. "On aurait pris un temps fou à alerter sa dispartion si vous n'aviez pas été là." "Difficile de mettre de l'ordre dans ses idées lors de ce genre de situations. Votre réaction a été des plus normales." lui assura-t-il. Il lui tendit également sa carte. "Je sais que vous avez déjà les coordonnées de mon collègue, mais si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit ou qu'il ne décroche pas, n'hésitez pas, d'accord ?" Joanne l'accepta volontiers et le remercia une nouvelle fois. Jamie l'attendait près de la porte, prêt à repartir chez eux.