Le bar est plein à craquer, comme tous les vendredis. Je ne devrais même plus m’en étonner à force. J’attrape ma bière et la termine. Ca doit être la cinquième que je bois, ajouté à ça les quelques shots de tequila que Joey vient de me payer. Je suis complètement saoule, tellement que je tiens à peine sur mes talons vertigineux. Je sais que ça relève du talent, de savoir tenir sur des espèces d’échasses en étant complètement bourrée. Mais c’est du moi tout craché. Et c’est bien d’ailleurs le seul talent que je possède… Enfin, si on ajoute… bref. Je me retourne pour aller rejoindre Joey. Il était avec une grande blonde y a cinq minutes. Je ne le vois plus, enfin je ne vois plus rien tout court. La foule de gens devient floue et je dois secouer quelques fois la tête pour recouvrer mes esprits. Je me lance, je marche jusqu’au fond du bar, près des toilettes. Il doit surement être là-bas le connaissant. Je bouscule quelques personnes sans m’en excuser et mes nouvelles sandales compensées finissent par se faire éclabousser d’un liquide froid. À en juger par l’odeur, ça doit être une bière bien dégueulasse. La moins chère sans doute. “Putain!” Je fais volte-face pour toiser la personne coupable. Une jeune, brune, au regard mauvais. Elle ne s’excuse pas. Pire même, elle me lance un rictus. Ni une ni deux, je soulève mon bras pour lui donner une gifle. “Pauvre conne.” Elle en lâche son verre et me saute dessus. Oups. Je ne l’avais pas vue venir celle-là. Je finis quasiment à terre avant de me faire attraper par des bras assez fort. Des bras d’homme. Je me laisse emporter, un sourire béat sur les lèvres, un peu plus loin dans le bar. Loin de mon agresseuse. Enfin, c’est moi qui ai commencé. Mais tout de même. Le jeune homme m’aide à prendre place sur l’un des tabourets du bar. Retour à la case départ. “Merci…” Je murmure et dépose pour la première fois mes yeux dans les siens.
Dernière édition par Janis Cavendish le Mer 13 Avr 2016 - 17:53, édité 1 fois
Où est-ce qu’il pouvait bien être ce connard ? J’en ai sérieusement marre de le chercher partout. Et pourtant je sais qu’il aime ce genre d’endroit, qu’il aime boire, ou tout du moins c’est ce que je croyais, du moins à l’époque, parce que je ne le vois jamais. Faut dire que c’est parce que j’aime bien cet endroit, j’aime ce bar, malgré la première mauvaise expérience que j’y avais eu. Je l’ai d’ailleurs un peu trop squatté depuis que je suis arrivé. Et cette fois-ci, j’y vais seulement pour boire un verre, pour venir me détendre avec ma sœur. Mais à peine son verre terminé, elle m’embrassa sur la joue et me faussa compagnie. Elle est tellement triste, malheureuse, ce con de Niklas lui manque terriblement je le sais, tout comme elle a de la haine pour lui. Rah, vivement qu’on le retrouve, j’en ai marre de cette situation. Tellement que je me commande de nouveau une bière. Je regarde l’assistance, le regard dans le vide, me perdant à regardant une blonde titubée, un peu perdue qui m’attirait le regard et que je trouvais drôle. Oui les gens bourrés m’amusent, surtout quand c’est des jolies filles. Seulement je vis que quelque chose n’allait pas. Elle semblait se fritter avec une autre fille. Oops. Je me levais assez rapidement parce que les bastons de bourrés, surtout entre filles, c’est pas joli à voir. Crêpage de chignon ouais c’est drôle, mais parfois ça peut être bien plus violent. Et puis si ça ne l’est pas, au moins j’aurais la meilleure place. J’arrivais à peine que je vis une claque défiler suivi d’une poussée violente qui fit tomber à la renverse la jolie blonde. Et hop je la rattrapais juste à temps. Je la tirais en arrière pour aller la faire s’asseoir sur le tabouret le plus proche, entendant un faible merci de sa part et un sourire qui aurait pu me faire tomber à la renverse si elle ne sentait pas autant la bière. Je lui souriais tout de même avant d’aller calmer la brunette qui semblait furax. Tiens toi au bar. Proposais-je à la blonde avant de la lâcher et de m’interposer entre elle et la brune C’est bon, laisse-la, elle a juste un peu trop bu. Il n’en fallut pas plus avant que la brune lâche l’affaire, tant mieux. Je me retournais vers la blonde et revenais à ses côtés, la sentant vraiment bancale. Ca te dirait que je te paie un verre d’eau ? Lui proposais-je avec un sourire amusé.
Ce n’est pas la première fois que je me bats. Mais d’habitude, elles se calment après la première gifle. Elles répliquent en me tirant légèrement les cheveux, et je les mets à terre en deux temps trois mouvements. Non pas que je sois un viking, mais j’ai pris des cours de self-défense quand j’étais plus jeune. Mon père m’avait presque obligée à le faire, ‘au cas-où’, c’était ce qu’il disait. Le pauvre, je crois qu’il a souffert de ne pas avoir eu de garçon. J’ai un peu assumé ce rôle, malgré moi. Mais je m’en sors quand même bien je dois dire. Je suis assez féminine malgré mon côté bagarreur. Enfin, ce soir, le spectre est plutôt orienté sur le côté bagarreur plus qu’autre chose. Et pour couronner le tout, je pue la bière. Très glamour. Je sens des bras m’attraper, me retenir, dans un geste digne de Matrix. Mon sauveur me tire sans trop de difficulté vers le bar, où il m’installe sur un tabouret. Ma tête tourne, je me sens happée par ses yeux bleus et j’ai presque l’impression d’en voir plusieurs paires. Je prends ma tête entre mes mains après l’avoir remercié. “Tiens-toi au bar.” Je secoue la tête et dépose ensuite mes mains sur le fameux bar. Le héros de la soirée revient quelques secondes plus tard et je me force à me redresser, tant bien que mal. Je ne suis pas bourrée, juste incroyablement sonnée. “Ca te dirait que je te paie un verre d’eau ?” Je relève mon regard dans sa direction et remarque son léger sourire en coin. “Fais gaffe, je suis toujours capable de sentir si c’est de la vodka ou non…” Mes mots se perdent dans le brouhaha du bar mais je pense qu’il les a entendu, à en juger par son rire. “Merci, franchement, j’ai cru qu’elle allait tenter de m’écraser…” Je récupère peu à peu mes esprits alors qu’il me tend le verre d’eau. Je l’avale d’une traite et secoue une nouvelle fois la tête. “Je m’appelle Janis au fait.” Je lui lance un sourire et passe ma main dans mes cheveux pour les remettre en place.
Mon regard inconstant et flânant avait bien fait son travail. Je venais de sauver une charmante demoiselle des mains furieuses d’une autre demoiselle bien moins jolie. La blonde était vraiment bien sonnée, tellement que je lui conseillais vivement de s’accrocher au bar. De par son ivresse et de son petit combat avec l’autre demoiselle bien plus hargneuse que la plupart des femmes. C’est fou comme elles peuvent être bien pires que nous là-dedans. Sûrement parce que ça leur arrive bien moins rarement. Elle me fit par la suite bien rire en me disant que je ne pouvais pas la duper avec l’eau et la vodka. Loin de moi l’idée de la rendre encore plus alcoolisée. C’est vrai, j’aurais pu vouloir profiter d’une jolie jeune femme déjà bien amochée, mais non, je te rassure, je te file qu’un verre d’eau frais. Lui répondais-je avec un sourire franc à son attention. Elle me remercia alors par la suite de l’avoir sauvée de cette furie, puis elle se présenta. Je gardais mon sourire tout en lui tendant le verre qui était arrivé par le barman et lui répondais Enchanté Janis, moi c’est Valentin. Ca t’arrive souvent de te battre comme ça ? Ouais je ne sais pas pourquoi, elle avait la tête d’une femme qui semblait bien le prendre malgré les évènements légèrement décevant pour elle. Ouais ça a du toucher son égo un minimum. Du moins c’est ce qui m’arrive quand je me sens dépassé par une baston.
Je ne sais pas si j’aurais vraiment été capable de discerner la différence entre un simple verre d’eau et de la vodka. À vrai dire, je crois que je ressens même plus le goût des choses. Je me sens juste vaseuse, juste retournée, comme si j’avais pris une bonne dose de somnifères. Un verre de vodka m’aurait peut être fait du bien, en fin de compte. « C’est vrai, j’aurais pu vouloir profiter d’une jolie jeune femme déjà bien amochée, mais non, je te rassure, je te file qu’un verre d’eau frais. » Je le regarde avec de grands yeux avant de pointer mon index sur son torse. « Hey, je suis pas amochée! » Je ris et attrape le verre d’eau qu’il me tend après m’être présentée. « Enchanté Janis, moi c’est Valentin. Ca t’arrive souvent de te battre comme ça ? » J’avale le verre d’une traite et hausse les épaules. C’est vrai que je me suis de nombreuses fois retrouvée dans des bagarres de bar, mais plus par esprit héroïque que par réelle envie de me battre cela dit. Je me sens gardienne de la cause féminine, et je n’aime pas voir des collègues en détresse. Enfin, il faut dire que je suis aussi très impulsive, et que je n’hésite jamais à hausser le ton, quitte à me lancer par la suite dans un crêpage de chignon intensif. Comme aujourd’hui. Sauf qu’aujourd’hui, j’aurais mieux fait de rester à ma place. « Mouais, ça m’arrive de temps en temps… Mais j’me lance que quand elles méritent une vraie correction, tu vois le genre? » Je lui lance un léger sourire. « Sinon Valentin, tu fais quoi ici à part sauver des demoiselles en détresse »
Pour certains hommes, les femmes à fort caractère du style de cette jeune femme, ça ne leur plaît pas. Moi c’est l’inverse. C’est toujours celles qui n’ont pas froid aux yeux, qui n’ont pas leur langue dans la poche. Et cette demoiselle était tout à fait ce genre, oui je pouvais dire qu’elle était mon genre. Même le fait qu’elle soit alcoolisée ne me rebute pas, elle a un petit air franc avec ça. C’est comme ça qu’on apprend à mieux connaître les gens d’ailleurs. Après, peut-être qu’une fois redevenue totalement sobre elle est différente, je ne saurais dire. Mais c’était l’instant présent qui comptait le plus. Surtout avec mon boulot qui ne me permettrait pas de rester bien longtemps dans cette ville au final. Du moins, c’est ce que j’espère de tout cœur. Mais je voulais tout de même savoir si elle est réellement du genre à se battre. Je lui souriais quand elle me faisait part qu’elle ne faisait ça que par justice en gros. Je trouvais ça bien, oui, parce que moi-même c’est ce que je fais. Je ne créais pas de baston, je fais la justice. Faut bien, parce que les flics ne sont jamais disponibles pour parfois si peu de choses, du moins à leurs yeux. Je vois le genre. Lui répondais-je simplement, sans vouloir trop en dire non plus, pour qu’au final elle me demande ce que je faisais à part sauver des demoiselles en détresse. Je ne pus m’empêcher de rire et de lui répondre par la suite Un peu la même chose, mais avec tout le monde. Enfin, pas vraiment, tout dépend des points de vue, mais je suis détective privé. Lui répondais-je toujours en gardant mon éternel sourire charmeur, attendant sa réaction tout en gardant mon regard fixé sur elle.
Je n’ai jamais eu vraiment de problème à séduire la gent masculine. Et qui plus est dans un bar, puisque la plupart du temps ces chers messieurs sont en véritable chasse lorsqu’ils se trouvent dans un tel endroit. Alors je n’ai qu’à choisir, qu’à cueillir celui qui comblera ma nuit. Mais malheureusement, je ne suis pas épanouie. Ce n’est pas le genre de vie dont je rêve. Secrètement, j’aimerais avoir quelqu’un. Pour de bon. Un gars bien, gentleman, pourquoi pas riche. Quelqu’un qui me fasse rire et surtout quelqu’un qui me surprend. Mais pour trouver un gars comme ça, j’ai l’impression qu’il faut que j’en trouve dix. La tâche est rude, le challenge est grand. Trop grand pour le moment. Alors je me contente de flirter, par-ci, par là. Et ce Valentin ne me laisse pas indifférente. Le côté superhéros doit surement jouer en sa faveur. Je lui demande ce qu’il fait de sa vie, à part passer ses soirées à sauver des demoiselles un peu trop aventureuses. « Un peu la même chose, mais avec tout le monde. Enfin, pas vraiment, tout dépend des points de vue, mais je suis détective privé. » Son sourire provoque en moi une chaleur insoupçonnée. Je le regarde en battant des cils, presque comme une collégienne amoureuse de son professeur. « Waouh. J’dois dire que ça en jette! » Je lui lance mon plus beau sourire. « C’est même excitant, limite… » Je mords ma lèvre inférieure en ne le quittant pas des yeux. Je ne suis pas du genre à y aller par quatre chemins. Pas du tout même.
L’avantage de rencontre une femme comme elle, avec un soupçon d’alcool, c’est que je saurais bien vite si je l’emmerde ou si je l’intéresse. Déjà, le fait qu’elle veuille savoir ce que je fais dans la vie était à mon avantage, surtout que je n’ai pas le métier le plus dégradant au monde, au contraire, je vis sur mes propres missions, c’est ma propre société, et parfois même si ça ressemble davantage à du paparazzi, c’est plutôt gratifiant tout ça. Sinon je n’aurais pas fait ce boulot je pense. Etre serveur ? Très peu pour moi. Barman, ça a déjà plus de classe, ouais j’aurais pu, mais je préfère largement celui-là, mes heures je me les fais à ma guise, de nuit ou de jour ou les deux. Toujours est-il que si j’espérais une réponse positive de la part de la jolie blonde, je ne m’attendais pas à un tel rentre dedans. J’eus d’abord un sourire tout fier quand elle me disait que ça en jetait, mais mon sourcil se redressa, toujours aussi amusé, quand elle me parlait du fait que c’était excitant. Vraiment, vive l’alcool. Juste limite ou totalement ? Lui demandais-je en finissant par me mettre à rire. Ouais c’est toujours plaisant de se faire draguer par une femme, autant en profiter un minimum, même si à ce train-là, on n’allait sûrement pas rester bien gentiment à parler comme deux êtres civilisés. En sortant ce soir, je n’avais vraiment pas espérer en arriver jusque-là, mais je sens enfin revigorer comme dans mes jeunes années d’étudiant.
Je me rends compte que j’ai peut-être été trop loin. Ce n’est plus du rentre-dedans à ce stade, c’est carrément une invitation au voyage. Je suis clairement trop alcoolisée, ça en devient une certitude. Mais je suis bien trop lancée que pour faire machine arrière. Je soutiens le regard du jeune homme et je vais même jusqu’à me mordre la lèvre inférieure pour me donner un genre de prédatrice. Je suis plutôt douée pour ce genre de choses, même si là j’ai été un peu trop directe. « Juste limite ou totalement ? » Il rit ensuite à gorge déployée. Je secoue la tête et je ris, à mon tour. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais c’est communicatif. Je finis par reprendre mon sérieux et appelle le serveur. « Deux bières s’il te plaît. » Au point où j’en suis, un verre en plus ou un verre en moins ne ferait pas vraiment de différence. Je reporte mon attention sur Valentin. « J’aime le mystère. » Il me regarde avec un drôle d’air. « J’adore ça même… » Nos bières arrivent et le serveur nous lance un regard insistant. Je m’apprête à sortir mon porte-feuille de mon sac lorsque Valentin m’interrompt pour payer la commande. « Oh, faut pas! Mais merci… » Nous trinquons les yeux dans les yeux et je bois la première gorgée de ma bouteille en ne cillant pas. « Tu es venu seul? » je lui demande ensuite. C’est ma manière – une manière subtile – de savoir si quelqu’un partage sa vie. Si ce n’est pas le cas, je me ferais un plaisir de me porter volontaire. Pour un temps bien défini cependant.
Quelle satisfaction il y aurait eu si jamais j’avais direct accepté ses avances en lui disant de me suivre jusqu’à chez moi ? Aucune. C’est bien plus drôle de jouer encore un peu. Et heureusement, elle devina mon envie de faire trainer encore un plus les choses, vu qu’après nous avoir commandé les deux bières, elle me fit savoir qu’elle aimait le mystère. Je sentais surtout qu’elle se battait avec son côté alcoolisé et mystérieux surtout. Ca me faisait sourire. Les bières ne tardèrent pas à débarquer et au moment où elle s’apprêtait à payer, je l’en empêchais pour payer à sa place C’est pour moi. Lui disais-je avec un sourire en coin. Elle me remercia, forcément, même si ça me faisait plaisir et que c’était la moindre des choses. Je ne me suis jamais fait payer une bière par une femme et ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer. C’est alors qu’elle continua dans sa recherche du rentre dedans subtil mais évident Ouais ma sœur n’est pas du genre fêtarde, et puis vu que je suis nouveau en ville, je ne connais pas grand monde. D’où le fait que je sortais même seul pour rencontrer justement d’autres personnes, autre que ma sœur ou ma meilleure amie. Cette dernière est un peu plus fêtarde, mais j’ai l’impression qu’elle a déjà le mal du pays. En même temps elle n’a jamais vraiment quitté la Grèce avant cette fois-ci. Du moins dans l’optique d’y rester quelques temps. C’est ce que ça m’avait fait quand je suis parti pour la première fois de la Grèce pour aller à Miami. Mais au final on s’y habitue bien vite. Enfin, c’est mon opinion. Après tout, quand on n’a pas le choix, faut bien faire avec, et ça ne sert à rien de rester à se morfondre. Je suppose que toi aussi ? Lui demandais-je pour être vraiment sûr de mon côté également. Sait-on jamais.
Il semble réceptif, à en juger par ses nombreux sourires en coin et ses regards charmeurs. Ou bien peut-être que je me fais des films, je ne sais pas trop. Je me dis que s’il n’appréciait pas ma compagnie, il ne serait surement plus là à m’écouter lui faire du rentre-dedans pas très subtil. Non, il aurait surement déjà tourné les talons pour se trouver soit une autre fille, soit quelqu’un de moins alcoolisé avec qui il pourrait avoir une discussion sensée. Mais il est là, bien là, et il m’oblige à ne pas bouger lorsque nos bières arrivent. Je le remercie, l’alcool ne me faisant pas perdre mes bonnes manières. Ah ça, jamais. Puis je lui demande s’il est venu seul. Je suis directe, certes, mais je préfère savoir d’emblée si je m’aventure dans un terrain boueux ou non. « Ouais ma sœur n’est pas du genre fêtarde, et puis vu que je suis nouveau en ville, je ne connais pas grand monde. » Je secoue la tête. Il a donc une soeur. Et il vient d’arriver. Quelle aubaine pour moi. « Et bien, tu connais la personne qu’il faut maintenant! Je connais la ville comme ma poche! » Enfin, je crois. Mais je m’abstiens de lui dire. Je lui lance mon plus beau sourire avant de boire une nouvelle gorgée de ma bière. « Je suppose que toi aussi ? » Je dépose délicatement la bouteille contre le comptoir et le regarde avec intensité. « Je suis venue avec mon coloc, mais il a disparu… Classique. » Je roule des yeux. « Mais je crois que je suis encore mieux accompagnée, maintenant… » Je relève un peu plus la tête et croise mes jambes du haut de mon tabouret confortable, en ne quittant pas le bel éphèbe des yeux.
Pour la jeune femme, cela ne semblait pas très évident que j’avais envie de rester en sa compagnie, que je n’en avais clairement pas de meilleure, surtout pour ce soir, et que je ne comptais pas la laisser en plan. En effet, si je l’avais voulu je l’aurais fait depuis longtemps. Elle me demandait donc si j’étais venu seul, et c’est bien quelque chose qui ne m’avait jamais dérangé, surtout pour draguer, c’est bien plus pratique. Bon c’est vrai que lorsque je sors avec des potes, simplement pour boire un coup, ça m’arrive rarement de rentrer seul chez moi. En attendant, dans cette ville, ce n’était pas encore la joie, et si je ne sortais pas même seul, je ne pourrais jamais rencontrer de nouvelles personnes et il se trouve que cette Janis semblait connaitre la ville comme sa poche. Ce qui me fit soulever une question essentielle Et tu ne te lasse pas de cette ville ? Lui demandais-je intrigué. Il se trouve que cette ville me sort par les trous de nez alors que j’y suis depuis à peine un mois. Je n’ai clairement pas envie d’y rester pour la connaitre comme ma poche à mon tour. Je lui demandais alors à mon tour si elle était bien seule mais qu’elle avait été abandonné par son colocataire. D’ailleurs elle me fit rire avec sa remarque, mais me fit plaisir par la suite de sa phrase. Je buvais une quelques gorgées de ma bière pour finalement lui répondre C’est une aubaine pour moi alors que ton coloc disparaisse ainsi. Il serait venu à ta rescousse à ma place, ça aurait été triste. Lui répondais-je faussement déçu. J’avais comme une envie soudaine de vite finir ma bière et je semblais en bon chemin.
J’ai peut-être été trop vite en besogne en lui avouant connaître la ville comme ma poche. Après tout, je ne suis pas née ici. Je suis arrivée il y a seulement quatre ans, pour entamer mes études. Je ne connais que les endroits fréquentés par les jeunes et quelques lieux touristiques, donc je suis bien loin d’être le guide parfait. Mais bon, à en juger par l’affection que porte Valentin à la ville, je doute qu’il ait vraiment envie de la découvrir plus que ça. « Et tu ne te lasse pas de cette ville ? » Je hausse les épaules et lui avoue enfin le pot-aux-roses. « Je ne suis pas d’ici, je suis née à Sydney à la base. Mais ça fait quatre ans que je suis là… Je connais beaucoup de trucs, mais bon, on fait vite le tour… » Je lui lance un léger sourire avant de compléter: « Enfin je ne m’en lasse pas quand je rencontre de nouvelles têtes comme la tienne! » Je ris et il me demande ensuite si moi aussi je suis venue accompagnée. Je lui avoue alors que Joey m’accompagnait jusqu’il y a peu, mais qu’il a fini par disparaître avec une jolie fille. « C’est une aubaine pour moi alors que ton coloc disparaisse ainsi. Il serait venu à ta rescousse à ma place, ça aurait été triste. » Je l’observe arborer un air faussement triste et je ne peux m’empêcher de le trouver terriblement sexy. Je me redresse sur mon tabouret et lui lance un regard lourd de sous-entendu. « C’est vrai que tu es un chevalier bien plus agréable… » Je souris et bois une gorgée de ma bière.
Pour une soirée de détente c'était plutôt réussi, voire même très réussi pour ma part vu que je venais de rencontrer une charmante demoiselle qui n'avait pas froid aux yeux, qui ne se laissait pas faire et qui pour autant se permettait librement de faire du rentre dedans. J'aime draguer certes, c'est l'une de mes passions, mais c'est surprenant et parfois agréable de se sentir ainsi désiré. Mais je ne restais tout de même pas là non plus à ne rien faire, je lui répondais dans son sens, et je la draguais peut-être un peu plus subtilement, mais parce que ça m'amuse plus qu'autre chose. On s'est alors mis à parler de cette charmante dans laquelle on se trouvait et ses paroles étaient un peu confuses. Merci l'alcool haha. Comme je le pensais, on fait vite le tour de cette ville, mais le fait de pouvoir toujours rencontrer de nouvelles têtes, oui c'est ce qui rend le charme à n'importe quelle ville, même à Brisbane je suppose. Je souriais à la demoiselle et lui répondais Et ça me fait apprécier la ville un peu plus des nouvelles rencontres comme la tienne. Fallait bien lui rendre la pareille, histoire encore un peu plus de lui faire comprendre que j'aimais sa compagnie. Et je n'en étais pas resté là, j'avais même béni son coloc de l'avoir abandonné pour me la laisser rien que pour moi. En tout cas, ça me faisait plaisir qu'elle préfère ma compagnie à celle de son coloc, mais voilà que je recevais un sms de ma soeur m'informant qu'elle n'avait pas pris les clés de l'appart avant de partir pour ce fameux verre qu'on avait bu quelques minutes plus tard. C'est pas vrai. Je passais d'un sourire charmeur à une moue totalement emmerdé. Je reposais alors mon regard sur Janis et lui annonçais J'aurais voulu rester plus longtemps, mais ma chère soeur est coincée sur le pas de notre appart. Je pris ma bière et la bus d'une traite. Ca avait laissé le temps à la demoiselle de me laisser son numéro, chose parfaite pour se revoir et lui envoyer un clin d'oeil accompagné d'un A bientôt.
Accueil
(