I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Comment se remettre d'un tel traumatisme ? Comment est-on supposé vivre normalement alors qu'il y a cette peur constante dans le ventre ? Joanne faisait de son mieux. Même s'il était bien difficile de se détacher de son petit trésor. Ils avaient déplacé le lit de Daniel dans la chambre parentale, ils étaient d'accord sur ce point. Ce n'était que temporaire, et c'était surtout pour rassurer l'ensemble de la famille. Les nuits étaient bien plus tranquilles que lorsque leur enfant n'était pas là. Le bébé se réveillait de temps en temps la nuit, en couinant. Il suffisait que l'un de ses parents le prenne dans ses bras et le berce pour qu'il se calme et se rendorme. Ils le prenaient parfois avec eux dans le lit. La jeune femme se remettait doucement de ses blessures, mais elle s'inquiétait surtout pour Jamie. Il venait tout de même de perdre ses deux parents. L'un ayant décidé de finir ses jours au bout d'une corde, et l'autre, ayant perdu toute bonne raison. Même s'ils le détestaient, ils avaient tout de même cette relation très particulière qui faisaient qu'ils restaient toujours attachés l'un à l'autre. Jamie avait cette constante quête d'avoir ne serait-ce qu'un peu d'affection de sa mère, et la fierté de son père. Elle savait qu'il ne dormait pas bien, que son sommeil était perturbé. La jeune femme restait alors souvent réveillée pour veiller sur lui, et sur Daniel. Elle caressait les cheveux de son fiancé, l'embrasser doucement ou le regardait simplement dormir. Elle rattrapait ses heures de sommeil le matin, quand il partait au travail. Car la vie devait continuer malgré tout, et Jamie n'avait plus un rond sur son compte, elle en avait conscience. En milieu d'après-midi, les parents de la jeune femme étaient venus. Eux aussi, voulait profiter de leur petit-fils et leur donner tout leur amour. Ils avaient toujours été présents ou peu et selon leurs dires, ils ne comptaient pas trop retourner à Perth dans les mois à venir. L'ambiance était bien évidemment plus légère dans la maison, il y avait bien plus de vie et de légèreté. Ils comptaient rester jusqu'en début de soirée, prendre un apéritif une fois que Jamie serait rentré, ayant prévu d'aller à une pièce de théâtre ensuite. Ils avaient ramené de quoi faire un apéritif dînatoire, que Martin préparait avec plaisir tandis que Jane papotait avec son petit fils en se promenant dans la maison ou dans le jardin. Jamie n'était pas rentré trop tard, et sa belle se précipita sur lui pour l'embrasser et l'enlacer chaleureusement. Elle retourna aider sa mère à disposer les verres sur la petite table du salon. Martin interpella son futur gendre d'un signe de tête, amical. "J'ai quelque chose pour toi." dit-il tout bas, faisant bien attention à ce que Joanne ne fasse pas attention à leur conversation. Il sortit une enveloppe pliée en deux de la poche de son pantalon. Elle contenait un chèque avec une somme assez importante dessus. Ce n'était pas autant que ce que Jamie avait avant de payer la rançan, mais il y avait suffisamment de zéros derrière le premier chiffre pour être serein pour les mois à venir. "Si j'en avais parlé à Joanne, elle aurait refusé. Et je ne te donne pas le choix de toute façon." dit le père Prescott avec un sourire amical. "Ca fait des années que nous économisions parce que nous disposons de tout ce que nous voulions. Jane et moi savions que ça allait bien servir un jour ou l'autre, et je ne veux pas que vous ressentiez une pression supplémentaire tous les deux. Tu as déjà bien trop à traverser, et elle aussi." Martin essuya ses mains humides avec un torchon. "Et tu n'as pas à te sentir redevable de quoi que ce soit." dit-il d'un ton faisant comprendre qu'il ne lui laissait pas d'autres choix que d'accepter le chèque. "Nous ne comptons plus rien acheter. Notre bonheur, nous l'avons ici, en voyant notre fille être une mère incroyable et prête à épouser un homme qu'elle aime éperdument. Je n'en demande pas plus."
Cela fait des jours que je suis bien incapable de mettre un nom sur ce que je ressens. Si mes émotions étaient des couleurs sur une palette, je serais ce mélange indéfinissable d’un peu de chaque qui donne cette teinte grise ou brunâtre. Je suis ce cimetière opaque de fonds de verres d’alcools différents réunis, qui monte à la tête et laisse dans un piteux état. Je ne sais pas si je suis triste ou soulagé, heureux ou non. Coincé en suspension dans un bocal dans lequel tous les cris sont étouffés, je vis cette période de flottement étrange du mieux que je le peux, mais cela est loin d’être aisé. Constamment fatigué, ailleurs, absent, je suis surtout une mer de tourments aux grandes vagues. Je peux fixer mon ordinateur ou la vue depuis mon bureau sans être capable de faire quoi que ce soit pendant des heures. Mes nuits sont sans réel repos. Je revois le regard vitreux de ma mère, son sourire malsain. Edward au bout de sa corde, puis Oliver. Je songe à tout ce chaos. Cela ne fait que quelques jours, me dis-je. Ca va passer. Avec le temps, tout passe. J’ai reçu ce coup de fil en milieu de matinée, en provenance de l’ambassade. Je dois décider de ce que je fais du corps de mon père, ainsi que de ma mère. Lui est à la morgue. Elle passera demain devant un juge, juste pour la forme. Le verdict n’est pas un mystère. Tout se débloquera une fois que cela sera fait. Il faudra que je me rende à Londres pour toutes les formalités. Je vais sûrement avoir la joie découvrir la classe économique sur un long courrier. Je vais aussi devoir me séparer de Daniel que je viens à peine de retrouver pendant quelques jours. Laisser Joanne toute seule. Rien de réjouissant. Quand je sors d’antenne en fin d’après-midi, il est assez clair que personne ne doit m’approcher ou m’adresser la parole. Je récupère ma veste, mon sac, et quitte le bâtiment sans un mot. Il n’y a que chez moi que je me sente bien. Ou du moins, que je me sente mieux. C’était sans compter sur la voiture des parents de Joanne garée devant la maison ce soir-là. Je m’arrête une minute dans la rue, hésitant à faire demi-tour. Prétexter du travail de dernière minute pour ne pas avoir à faire face à tout ce monde. Dans le rétroviseur, je peux encore voir mes traits tirés, fatigués, un brin déprimés. Ces deux ou trois cheveux blancs qui sont apparus sur mes tempes –l’inquiétude, peut-être. Je soupire et me fait violence pour finalement me garer. Je ne veux voir absolument personne depuis des jours, mais peut-être que me forcer à avoir de la compagnie en dehors de Joanne et Daniel peut me faire du bien. La jeune femme vient immédiatement m’accueillir. Je réponds à son baiser et lui adresse un léger sourire. Je salue d’un signe de main général ses parents avant de poser mes affaires. Je ne manque pas de flatter le col des chiens de quelques caresses. Puis je m’approche de Daniel, déposé dans son cosy pendant que tout le monde prépare l’apéritif. Je le prends dans mes bras, le serre tendrement, le nez logé au creux de son petit cou pour inspirer son odeur et sa présence réconfortante. Martin me fait signe d’approcher assez discrètement pour que je comprenne qu’il souhaite m’entretenir de quelque chose de plus ou moins secret. Lorsqu’il sort une enveloppe de sa poche, je saisis immédiatement son intention. Mon cœur se met à battre à toute allure, ma gorge se serre. Alors voilà, je passe de l’aristocrate à la fortune indécente, à n’importe quel père de famille dans le besoin qui se fait dépanner par les parents de sa fiancée. La chute est si haute que mon regard baissé sur ce chèque suffit à me donner le vertige. Je n’écoute aucune des paroles de Martin, toutes ne sont qu’un écho lointain. « Merci... » je murmure presque trop bas pour que cela soit perceptible. Puis je froisse le tout dans ma main, ouvre la poubelle et jette l’enveloppe. « Mais non merci. » Je ne suis pas tombé si bas. Je ne peux pas être tombé si bas. Nous nous débrouillerons seuls. Pas besoin d’aide, non. Hors de question. Je m’éloigne du père de Joanne avant qu’il n’ose insister. Je ne suis pas d’humeur diplomate. Un rien peut me faire exploser. Le médecin est particulièrement tenté d’ajuster mon traitement à la vue des événements. N’importe qui dans mon cas craquerait. Une aide que j’ai aussi refusée. « Qu’est-ce que vous nous avez préparé de bon ? » je demande à Jane avec un parfait sourire de façade, comme si de rien n’était, tandis que je passe un bras autour de la taille de Joanne et dépose un baiser sur sa tempe.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Martin regardait d'un air incrédule l'Anglais, qui froissait et jetait le chèque à la poubelle. Le message était clairement passé, et le père Prescott n'insista pas, acquiesçant d'un signe de tête avec un très léger sourire. Joanne vit son fiancé s'approcher d'elle, passant un bras autour de sa taille, l'autre tenant Daniel tout blotti contre lui. Il essayait de penser à autre chose, posant des questions banales juste pour faire la conversation. Ca inquiétait beaucoup Joanne. Après, cela ne faisait que quelques jours qu'ils avaient récupéré leur enfant, ils avaient tous les deux beaucoup de choses à digérer, Jamie le premier. En le voyant, elle savait que ses sourires étaient faux, qu'il faisait semblant de s'intéresser à ce qu'il se passait. Jane lui expliqua tout de même qu'elle avait préparé des petits toasts, et découper des légumes frais à faire tremper dans du fromage blanc assaisonné, quelques brochettes gourmandes ici et là. Pas de la cuisine d'un grand chef, mais il y avait largement de quoi se faire plaisir. "Il faut que je te dise quelque chose." dit Joanne tout bas à son futur époux. Celui-ci confia Daniel à Jane, qui avait aussi énormément d'amour à donner à son petit-fils. Délicatement, la belle blonde le prit par la main et l'emmena à l'étage, dans leur chambre, fermant la porte derrière eux. Joanne lui caressa doucement le visage, voyant toute la peine et la fatigue sur son visage. "Si tu préfères qu'ils partent, je peux le leur demander, tu sais. Ils comprendront." Et ils avaient déjà profiter de leur fille et de Daniel une bonne partie de l'après-midi, ils comprendront que la famille veuille se retrouver seule. Il ne s'était même pas pris le temps de retirer sa cravate. C'était en général la première chose qu'il retirait en rentrant à la maison. Avec des gestes, Joanne la lui retira, ouvrant ensuite le premier bouton de sa chemise. Depuis qu'ils gardaient Daniel dans leur chambre, leur relation intime était quasi inexistante. Il y avait ces petits gestes de tous les jours, mais ça n'allait pas plus loin. Elle se disait qu'il n'en avait pas le coeur, et elle le respectait. Joanne passait ses doigts dans ses cheveux, lui caressa la joue, le regardant avec des yeux plein d'amour et de tendresse. "Tu as cauchemardé cette nuit." lui dit-elle tout bas. "Tu étais un peu agité, et couvert de sueurs. Je ne savais pas quoi faire, alors je t'ai parlé, je t'ai embrassé. Et quand tu avais compris que j'étais là, tu t'es serré tout contre toi. Tu es resté comme ça une bonne parti de la nuit, alors je continuais à te caresser doucement les cheveux." Son état l'inquiétait. Joanne l'avait toujours passé devant son bien-être à elle. Jamie et Daniel étaient ses priorités, depuis toujours. Doucement, elle approcha ses lèvres des siennes, les effleuraient avant de l'embrasser tendrement. Joanne l'enlaça ensuite, faisant en sorte qu'il vienne loger son visage dans son cou. Ils restaient quelques minutes comme ça, elle lui donnait toute l'affection qu'elle pouvait. Elle avait horreur de le voir ainsi, ce n'était facile pour personne. "Je vais aller leur demander de partir." lui dit-elle tout bas, se détachant doucement de lui. Elle ne savait pas s'il voulait descendre avec elle ou pas, ou s'il préférait que la maison soit vidée de ses invités. Jane s'inquiéta. "Il est épuisé, n'est-ce pas ?" Ses parents avaient compris qu'il avait besoin de repos. "Nous laissons tout ça alors, nous allons manger dans ce restaurant dont tu nous avais parlé tout à l'heure." "Je suis désolée, Maman." Elle enlaça sa fille. "Ne t'en fais pas pour ça, ma chérie. Rien n'est facile pour vous, c'est normal qu'il veuille profiter de sa famille." Martin l'embrassa sur le front. "Il a beaucoup besoin de toi, je pense." "Je fais de mon mieux, je ne suis pas sûre que ce soit assez." dit leur fille avec un sourire triste. Martin et Jane s'en allèrent, Joanne avait repris Daniel dans ses bras. Elle remonta à l'étage, les chiens la suivirent, et Jamie se trouvait assis au bord du lit. Elle déposa son bébé, qui somnolait, dans le berceau, puis s'installa à côté de Jamie. Joanne le fit se blottir contre elle, et lui caressa le dos, ou passait ses mains dans ses cheveux. C'était bien la seule chose qu'elle se permettait de faire, parce qu'elle ne saurait pas quoi faire d'autre, encore moins ce qu'elle pourrait dire. Joanne se sentait assez démunie face à la situation, mais s'efforçait d'être autant là que possible pour lui.
Joanne me connaît trop bien pour tomber dans le panneau des sourires de façade. Elle connaît trop bien ceux qui sont sincères. Les faux suffisent à berner n’importe qui. Pas elle. Je le comprends bien lorsqu’elle me demande de la suivre pour me dire quelque chose. Alors je confie Daniel à sa grand-mère, ravie de le porter encore une fois et de pouvoir lui faire ces petites mimiques qui le font bien rire. Silencieux, les mains dans les poches et le regard bas, je monte les marches, longe le couloir et arrive dans la chambre que la jeune femme ferme derrière nous. Je peux voir toute son inquiétude à mon sujet dans son regard bleu tendrement posé sur moi, et je le fuis immédiatement, honteux d’être celui qui lui cause tant de souci. Elle mériterait que notre vie reprenne telle qu’elle était, mais j’avoue en être incapable pour le moment. Il y a tant d’affaires en suspend pour me tirer vers le bas, tant de chocs à encaisser. J’ai le cœur lourd et chaque battement, lent, semble suffire à faire trembler tout mon corps épuisé. Je ferme les yeux pour profiter de la chaleur de la main de Joanne sur ma joue, appuyant un peu plus mon visage dans sa main. Elle a bien compris que je ne suis pas encore en état de recevoir qui que ce soit et de faire bonne figure. Mais demander à ses parents de partir me fait sentir tout aussi mal. « Non, je… Je ne veux pas les mettre dehors, ils veulent juste être là pour toi et Daniel… » Et ils en ont bien le droit. On leur a volé leur petit-fils après tout, on a agressé leur fille. Il est normal qu’ils veuillent également profiter de leur famille. Je ne pense pas avoir le droit de leur demander de partir. La tête lourde, je dépose mon front contre celui de ma fiancée. Les doigts qu’elle passe dans mes cheveux ont le don de m’apaiser et me rassurer. J’ouvre les yeux et me redresse, surpris, quand elle me dit avoir calmé mon sommeil perturbé par un cauchemar cette nuit. Je ne me souviens jamais de mes rêves. Des bons comme des mauvais visiblement. « Je suis désolé si je t’ai empêché de dormir. » dis-je tout bas, embarrassé. Je sais que mon état est normal, je sais que Joanne ne m’en tiens pas rigueur, mais j’ai horreur de me sentir aussi misérable, presque handicapant. Je laisse ma fiancée m’étreindre sans émettre la moindre opposition, bien au contraire. Je me blottis contre elle, l’entoure de mes bras, et reste le visage au creux de son cou pendant de longues minutes, aspirant toute la chaleur et l’affection qu’elle peut prodiguer comme un puits sans fond. De temps en temps, je la serre un peu plus fort, pour qu’elle ne se détache pas encore de moi. Mais il le faut bien. Si cela ne tenait qu’à moi, elle resterait là indéfiniment, jusqu’à ce que je tombe de fatigue. J’acquiesce d’un signe de tête et la laisse retourner en bas demander à ses parents de quitter la maison. Ce n’est vraiment qu’à ce moment que je réalise que Joanne m’avait retiré ma cravate. Comme quoi, je suis vraiment complètement à côté de moi-même. Je m’assois sur le bord du lit, et loge mon visage entre mes mains, profitant de quelques minutes de calme, de silence, de solitude. Je songe au chèque que Martin m’a adressé, et cela me fait sentir plus bas que terre. Je ne conçois pas d’en être arrivé là. Ma fiancée revient une fois la maison vide. Je me blottis tout contre elle. Cela doit bien être la seule fois où toutes ses petites caresses ne me procurent pas de frisson, d’envie. Mon corps entier semble anesthésié. « Je vais devoir aller à Londres, sûrement toute la semaine prochaine. » dis-je au bout d’un moment, d’une voix basse. Je ne veux pas briser le silence, et encore moins prononcer ces paroles trop fort, comme pour atténuer leur réalisme. « Je dois transporter le corps d’Edward, m’occuper de son enterrement. » Cela va coûter une fortune. J’espère de tout cœur que le budget pour ses funérailles est prévu dans ses dernières volontés, sans quoi il finira dans une caisse en bois entre deux chiens écrasés. Cela ne serait pas plus mal, me direz-vous. « Je dois aussi placer ma mère dans un centre qui puisse lui convenir. Elle a son audience demain. » Où je dois me rendre d’ailleurs, sur mes heures de travail. Que du bonheur. « Et je dois aller à la lecture du testament. » Qui est mon dernier espoir de récupérer un peu de ce qu’Edward m’a dérobé et me donner raison d’avoir refusé le chèque du père de Joanne. « Je n’ai vraiment pas envie d’y aller. » je lâche dans un soupir. Je ne veux pas quitter ma famille, mon foyer. J’aimerais que tout se règle dans un claquement de doigts.
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Jamie n'était pas en état de savoir ce qu'il voulait. Entre le silence et la présence des parents de Joanne. Elle le rectifia rapidement. "Ils sont aussi là pour toi, Jamie." lui dit-elle tout bas. "Ils tiennent beaucoup à toi, plus que tu ne veuilles accepter de le penser." Ses doigts effleuraient délicatement la peau de ses joues. "Ils viennent aussi pour toi, ils veulent bien faire." lui assura-t-elle. Martin et Jane s'inquiétaient aussi beaucoup pour lui, avec tout ce qu'il avait à endurer. En venant régulièrement, ils cherchaient à faire comprendre qu'ils n'étaient pas seuls, qu'ils avaient un appui en cas de besoin. Il se sentait d'autant plus désolé lorsqu'il apprit qu'il avait le sommeil agité, et qu'elle avait veillé sur lui. Joanne gardait un sourire tendre sur ses lèvres, et continuait ses gestes. "Je ne dormais pas. Je dois veiller sur les deux hommes de ma vie." lui dit-elle tout bas. La jeune femme prenait son fiancé dans ses bras. Il humait son parfum, profitait de sa chaleur. Parfois, il la serrait plus fort comme s'il craignait qu'elle ne s'évapore. Mais elle finit par s'en détacher, pour demander à ses parents qu'ils les laissent un peu seuls. Quand elle était à nouveau à l'étage, elle s'installa à ses côtés. Il était dépité, à bout. Joanne ne trouvait rien d'autre à lui donner que toute son affection. A ses yeux, ce n'était pas suffisant, mais elle ne trouvait vraiment pas ce qu'elle pourrait faire de plus. Jamie finit par dire tout bas qu'il allait devoir s'absenter toute la semaine suivante. Fait qui était loin de rassurer Joanne. Une semaine entière toute seule avec Daniel, après tout ce qu'ils venaient de vivre. Elle ne se sentirait pas en sécurité, et surtout, elle serait terriblement seule. Ca l'angoissait un peu, mais elle se doutait qu'il devait le faire, et que le plus tôt sera le mieux. Entre l'enterrement de son père et gérer la condition de sa mère, il y avait du pain sur la planche, et elle ne pouvait rien faire pour l'aider. Il avait tellement d'impératifs que l'on pouvait avoir des vertiges. Joanne resta longuement silencieuse, ne sachant que dire pour le réconforter. Elle lui caressait les cheveux quelques minutes avant de parvenir à dire. "Il faut se dire que... une fois cette semaine passée, nous pourrons resonger à vivre comme nous le voudrions. Tu auras un peu moins de poids sur tes épaules." Sa voix restait basse, et douce, pour ne pas perturber le sielnce et la sérénité de la pièce. "Les dossiers seront clos, et nous pourrons laisser cette histoire derrière, et avancer." Elle lui déposait de temps en temps des baisers ça et là. "Tu vas beaucoup nous manquer. J'ai déjà hâte de te retrouver." lui murmura-t-elle en souriant. "Pour te prendre dans mes bras comme je le fais là, pendant des heures. En se fichant bien du temps qui passe, je ne veux de toute façon plus manquer une seule seconde pour te dire à quel point je t'aime." La jeune femme restait ainsi un long moment à le caresser, l'embrasser, le consoler, le laisser parler s'il en ressentait le besoin. Elle lui avait toujours été entièrement dévoué, au détriment de sa santé et de ses heures de sommeil. C'était tout ce qu'elle pouvait faire, alors elle s'y donnait à fond. "J'ai aussi quelque chose à te dire." lui dit-elle. "J'ai signé un contrat ce matin, chez un créateur." Ca n'allait certainement pas lui plaire de ne pas avoir été informé, mais il allait très vite comprendre pourquoi. "Je voulais te faire la surprise jusqu'au bout, mais je me suis dit qu'avec tout ce qu'il s'est passé, ça te ferait peut-être plaisir de savoir que j'ai trouvé le créateur qui s'occupera de ma robe de mariée." Elle se mordilla la lèvre inférieure d'excitation. "Je t'assure que j'ai lu et relu les termes. Et ils ne demandent pas l'exclusivité, ce qui fait que je peux signer ailleurs si le coeur m'en dit. Et je ne dirai à personne de qui il s'agit, d'autant qu'eux ne diront pas qui est leur nouvelle égérie, jusqu'au jour du mariage. Parce que te connaissant, tu aurais bien eu du mal de remuer ciel et terre pour avoir ne serait-ce qu'un indice de comment serait ma robe." Elle espérait qu'il s'enthousiasme à cette idée, qu'il se rappelle de cet événement auquel ils tenaient tous les deux. "Au début, je ne comprenais pas vraiment leur enthousiasme à l'idée que je choisisse ce créateur là pour ma robe. Ils sont persuadés de marquer beaucoup de points, je suppose. J'ai eu un véritable coup de coeur pour ces robes là, j'avoue. Et j'avais peur de passer à côté de cette belle opportunité."
Ce déplacement à Londres n’enchante personne. Mais nous n'avons pas le choix. Si Daniel n'avait pas été aussi petit, j'aurais volontiers demandé à ce que lui et Joanne m'accompagnent, afin que nous ne soyons pas séparés si rapidement après l'épreuve que nous avons traversé. Mais c'est l'épilogue. Après cela, nous en aurons fini de cet épisode de notre vie. Nous pourrons tourner la page. Et avec des obstacles en moins, peut-être même pourrons nous avoir le bonheur que nous méritons amplement. Nous avons bien assez été testés par le destin pour qu'il comprenne enfin que rien ne sert d'essayer de nous séparer. « Je sais… C’est qu’un mauvais moment à passer. » je murmure dans les bras de Joanne. De la paperasse. Un deuil éclair. Une toute petite semaine à l'autre bout du monde. Mais je sais que ma petite famille me manquera atrocement. « Je t’aime. » dis-je tout bas à ma belle, au bord de ses lèvres, avant de l'embrasser tendrement. Elle reprend la parole pour poursuivre sur une chose qu'elle tient à me dire. Je suis d'abord content de savoir qu'elle s'est décidé de signer un contrat, même si je suis étonné qu'elle ne m'ait pas consulté avant. C'est lorsqu'elle parle de la robe de mariée que mon rien de sourire s'efface. Plus je l’écoute, plus mes yeux s’arrondissent d’inquiétude à l’idée d’entendre les mots suivants. Mon cœur ne cesse de rater des battements à chaque phrase, tandis que ma gorge se serre. Joanne va sûrement gagner de l’argent pour avoir signé ce contrat. Argent qui sera injecté dans les préparatifs du mariage. Et la robe lui sera prêtée. S’ils sont si enthousiastes, c’est qu’ils comptent sur le fait que l’événement soit soit médiatisé –ce qui n’était absolument pas au programme-, soit sur le droit d’y faire des clichés et de les utiliser –ce qui est absolument hors de question, je ne compte pas transformer ce mariage en shooting de mode géant. Une belle opportunité, dit-elle. Est-ce qu’elle se rend compte ? « Tu as vendu notre mariage. » je murmure. J’ai du mal à y croire. Je finis par me lever. J’ai besoin de faire quelques pas. Ce poids oppressant sur mon thorax se fait un peu plus lourd. Je vais me recevoir un de ces regards de chien battu qu’elle fait toujours lorsque je désapprouve quelque chose qu’elle dit ou fait. Prenant autant d’oxygène que possible, j’empêche autant que possible ces palpitations de me faire prononcer des mots ou faire quelque chose d’irréfléchi et de regrettable. Ce n’est vraiment pas le moment de lancer une dispute. J’ai bien assez à gérer. Je n’ai pas besoin de ça. D’ailleurs je n’avais vraiment pas besoin de cette brillante idée de la part de Joanne, mais je n’ai plus qu’à composer avec ça, comme avec tout le reste. « Tu… Tu aurais pu signer n’importe quel contrat, pourquoi tu as fait ça ? » je demande. Calmement, posément, faisant de mon mieux pour me montrer le moins dur possible –sûrement en vain, connaissant la sensibilité de ma fiancée, mais on ne pourra pas dire que je n’aurai pas essayé d’être compréhensif. Vraiment, si elle voulait nous aider, remplir les caisses cruellement vides, elle pouvait signer n’importe quoi, de la photo artistique à la haute couture en passant par le prêt-à-porter, absolument toute initiative était bonne à prendre. Mais je ne comprends pas pourquoi elle a touché à notre mariage, pourquoi elle a utilisé cet événement tellement attendu et quasiment sacré. C’était bien la seule chose à laisser en dehors de tous nos problèmes. La fausse bonne idée. « Quels sont les termes ? » je demande, bras croisés. Peut-être que ça n'est pas si mauvais que ça. Peut-être qu'elle a vraiment fait attention. Mais supporter l'idée que ma future femme dans sa robe de mariée, vision que je ne souhaite avoir que pour moi seul en ce jour spécial, puisse devenir le cliché phare d'une campagne publicitaire me retourne l'estomac.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il parvenait à se faire à l'idée que ce ne serait peut-être pas si terrible que ça. Il y avait cette lumière au bout du tunnel, cette vie de famille qui se dessinait à l'horizon et qui promettait de beaux jours devant eux. Mais il y avait ces étapes obligatoires, douloureux et compliqués avec la quantité de papiers à lire et à signer, avant de faire quoi que ce soit. Tirer un trait sur cette épisode traumatique pour reprendre la vie du bon pieds. Cette idée semblait le soulager un peu. Jamie l'embrassa tendrement avec ces quelques mots d'amour qui lui faisait toujours plaisir d'entendre. La jeune lui parlait ensuite de ce contrat qu'elle venait de signer. Elle espérait de tout coeur que ça lui fasse plaisir, qu'il parvienne à se projet à ce jour qu'ils attendaient tant. Mais sa réaction était totalement opposé. Joanne sentait son coeur galoper par la panique et l'appréhension lorsqu'il murmura cette phrase. Elle avait vendu leur mariage. Elle venait de le ruiner jusqu'au bout. Joanne gardait ses yeux baissés, comme une enfant que l'on grondait. A vrai dire, elle avait peur de voir le regard qu'il pouvait lui lancer, la posture qu'il allait adopter. Et quand bien même il gardait le ton de sa voix doux et calme, Joanne ressentait parfaitement tous les reproches et l'amertume qu'il pouvaient ressentir à ce moment là. Elle se disait qu'elle n'en ratait pas une, que c'était elle qui ruinait absolument tout. Elle ne se blâmait qu'elle, persuadée qu'elle ne méritait pas mieux. Elle ne répondit pas à sa question, de peur de s'enfoncer encore plus et de lancer une dispute. Joanne culpabilisait déjà assez comme ça. Elle avait cette douleur dans la poitrine qui lui faisait comprendre le poids de sa mauvaise décision. Elle avait les larmes aux yeux. Jamie demanda tout de même quels étaient les termes de ce qu'elle avait signé. S'éclaircissant difficilement la voix, elle lui expliqua. "Je leur ai demandé de ne pas médiatiser le mariage pour le port de la robe, ou de n'importe quelle sorte, et ils ont accepté. Ils m'auraient fait un prix sur la robe de mon choix, y compris avec les ajustements. Et je serai leur égérie pour une durée déterminée après le mariage. Je devrai assister à leur catwalk et divers galas, quelques photographies, uniquement pour leur gamme de robes de soirée. Certaines séances seront à date imposée pour leur organisation. Et ils ont accepté de ne pas divulguer au grand public le modèle de la robe que je choisirai. Pas d'exclusivité, et un droit de rétractation. Il faut encore que je signe les modalités pour les précisions des termes, et ils me laissent une période de préavis le temps que ce soit entièrement rédigé." Elle pensait s'en être tiré gagnante, mais elle était à peu près sûre que Jamie finirait par voir une tâche noire quelque part, un détail auquel elle n'aurait pas pensé. Elle n'en savait rien. Elle n'avait aucune expérience en la matière et peut-être voulait-elle se prouver qu'elle était capable de se prendre en main, ce qui ne semblait ne pas être le cas. "Je pensais que..." Joanne ne finissait pas sa phrase et secoua négativement la tête. Elle limitait ses paroles, il était à fleur de peau et pourrait s'énerver facilement. Et ce n'était pas le moment de se disputer, alors qu'ils tentaient si difficilement de se reconstruire. Joanne se maudissait. "Je les appellerai demain pour leur dire que ça ne se fera pas, et nous n'aurons plus à en parler. Je trouverai ailleurs." finit-elle par dire après une minute de réflexion. Elle trouvera bien ailleurs, ce n'était pas ça qui manquait. Difficile de se positionner sachant qu'ils étaient très limités financièrement. Elle expira longuement, essuyant une petite larme qui s'était écoulé sur sa joue. Elle s'en voulait tellement. Joanne se leva du lit, considérant cette problématique. "Je... Je vais aller manger un peu quelque chose, le temps que Daniel dorme." finit-elle par dire, en posant sa main au niveau du coude du bras opposé. Joanne pensait qu'il apprécierait à nouveau être seul pour digérer, en plus de tout le reste, la stupidité et la naïveté de celle qu'il comptait épouser. Elle quitta la chambre sans dire mot et rejoignit le rez-de-chaussée pour s'asseoir sur le canapé. Peut-être qu'elle aussi, avait besoin d'être un peu seule. Elle prit juste un des petits toasts que sa mère avait préparé. Milo la rejoignit rapidement, se disant qu'il devait être là, si jamais il y avait quelques aliments qui tombaient par terre. Pas de gâchis.
Garder mon sang froid est lin d'être aisé depuis ces derniers jours. Un rien peut me faire perdre mes moyens, et créer plus de dégâts que nécessaire. Il n'est pas question de subir une dispute ce soir. De toute manière, je n'ai pas l'énergie pour m'énerver. Preuve, s'il en est, de mon épuisement physique et moral. Je cherche à comprendre ce qui est passé par la tête de Joanne, mais je pense que ce point m'échappera toujours. Je sais qu'elle pensait bien faire, bien sûr, comme toujours. Elle ne pense jamais à mal, elle en est bien incapable. Essayant de ne pas la blâmer sans avoir toutes les informations, je lui demande de m'exposer les conditions de ce contrat qu'elle a signé et qu'elle pense avoir bien négocié. Pas de médiatisation, une ristourne (parce que nous avons besoin d'une réduction maintenant, n'est-ce pas glorieux?), quelques obligations, des photos. Cela semble assez souple. Mais je ne peux pas m'en assurer et protéger Joanne sous tous les angles si elle ne me laisse pas lire les papiers. Tous ces petits termes qu'elle ne comprend peut-être pas et qui cachent de mauvaises surprises. Quelle idée de vouloir prendre en main une chose qu'elle ne maîtrise absolument pas. Moi qui pensais que nous étions d'accord pour dire que je viendrai avec elle aux rendez-vous et que j'inspecterai les contrats. Quelle idée de vouloir faire ce genre de surprise. Elle fait que ce n'est pas mon truc, les surprises. Je ne sais pas quoi lui dire. A vrai dire, je reste muet, dépité. Je ne voulais qu'une soirée calme et apaisante avec ma famille, mais voilà qu'à peine quelques jours après avoir vidé mon compte en banque pour notre fils, tous les Prescott se mettent en tête de mettre leur grain de sel sans demander mon avis. Me faisant sentir encore plus démuni et misérable que je ne le suis déjà. Finalement, Joanne quitte la chambre. Je ne l'en empêche pas, et je ne la suis pas. Je retourne m'asseoir sur le bord du lit pour réfléchir. Ce n'est que plusieurs dizaines de minutes plus tard que je descends les escaliers pour rejoindre la jeune femme. Je m'assois dans un fauteuil face à elle. « Peut-être que... » Je soupire. Je déteste cette situation. Je ne veux pas couper son élan, son envie de se montrer utile, et je dois me montrer conciliant à un moment où cela est vraiment beaucoup me demander. « Tu peux porter leur robe, si elle te plaît. Mais je ne veux pas que ce soit parce que tu es payée pour. Et je ne veux pas que notre mariage soit exploité comme un spot de pub, qu'ils utilisent cet événement pour dévoiler que tu es leur égérie. Tu peux faire ce que tu veux, mais notre mariage n'est pas à vendre, et il doit rester strictement en dehors de ce contrat. » Elle verra bien si ses interlocuteurs sont toujours aussi enthousiastes si elle dresse cette barrière de manière ferme et définitive. Si c'est le cas, je ne verrai pas de mal dans leur collaboration. Ce sont mes seules conditions. J'adresse un léger sourire triste à Joanne. Le manque de moyens est terriblement difficile à accepter pour quelqu'un qui a toujours tout eu. J'espère qu'elle sera indulgente. Je me lève, me penche vers elle et dépose un baiser sur son front. « Je t'aime. » je lui murmure avant qu'elle ne l'oublie. Puis je rebrousse chemin vers les escaliers. « Je vais me coucher, je suis épuisé. » La jeune femme me rejoindra plus tard, quand elle le voudra. Mais tard, la connaissant. En tout cas, une fois changé et sous la couette, c'est sans qu'elle soit à mes côtés que je m'endors. Il me semble que cela ne fait qu'une seconde au moment où je rouvre les paupières dans un sursaut et que Joanne est là. Il fait nuit noire. Le réveil indique trois heures du matin. Est-ce que j'ai encore fait au cauchemar ? Mon coeur bat à toute allure, ma respiration est aussi rapide, mais je ne suis pas en sueur, juste agité. Cela ne semble pas avoir réveillé ma fiancée. Je prends le temps de calmer mon rythme cardiaque en essayant de me souvenir de mon rêve, mais rien à faire. J'attrape mes lunettes pour mes yeux fatigués et décide de quitter le lit, puis la chambre. Je monte sans un bruit, pieds nus, le petit escalier en fer forgé qui grimpe en colimaçon jusqu'à l'atelier. Il baigne dans la lumière lunaire, cela est si apaisant. Je prends un de mes carnets de croquis, un crayon et m'installe dans le canapé sous la baie vitrée pour griffonner. Me vider l'esprit.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne se sentait tellement bête, stupide. Il suffisait de prendre la longue liste des adjectifs péjoratifs de tous les lui attribuer, et on avait une image de la manière dont elle se voyait. Elle mangeait, mais n'avait pas d'appétit. Tout était fade dans sa bouche. Elle s'en voulait tellement. Si la jeune femme l'avait pu, elle serait restée seule pour le reste de la soirée, elle n'avait pas le coeur ni la force de prolonger cette conversation. Mais elle y était vraisemblablement contrainte vu que son fiancé finissait par descendre la rejoindre dans le salon. Il s'asseyait en face d'elle. L'ambiance était lourde au possible, et elle n'en voulait pas. Jamie tentait une approche, mais n'acheva pas sa phrase, et soupira. Il finissait par mettre ses propres conditions sur tout ceci. Elle ne l'écoutait pas vraiment. "Je les appellerai demain pour annuler le contrat." répéta-t-elle tout bas, d'un ton décidé, peut-être même un peu froid (mais c'était totalement involontaire de sa part). C'était certainement la meilleure chose à faire, pour une fois qu'elle pouvait réparer une erreur. Peut-être que ça lui portera préjudice par la suite, si elle avait envie de retenter de lire un nouveau contrat. Mais après coup, elle ne le voulait plus. Tout comme les préparatifs du mariage. Cette simple conversation l'avait découragé, et grandement ralenti l'élan qu'elle avait pu avoir. Elle s'était dit que c'était un bon tremplin pour bien repartir après les derniers événements, mais c'était voué à l'échec. Certainement en guise de consolation, Jamie l'embrassa sur le front avant de lui dire qu'il l'aimait. Epuisé, il rebroussa rapidement chemin pour aller se coucher. La jeune femme restait longuement, à regarder tout ce qu'avait préparé sa mère qui n'avait été touché, finalement. Elle avait ce pincement au coeur, ce n'était pas comme ça qu'elle avait imaginé cette soirée. Elle ne savait pas combien de temps elle était restée là, avant de se décider à mettre un film plastique sur les plats pour les placer ensuite dans le frigo. Joanne remontait doucement dans la chambre, bien qu'elle n'avait absolument pas sommeil. Daniel commençait à hoqueter un petit peu, il avait faim. Joanne l'allaita tranquillement et le berça un peu avant de le remettre dans le berceau une fois qu'il était endormi. Il était deux heures du matin lorsqu'elle daigna enfin aller sous la couette. Elle avait pris environ une demi-heure avant de parvenir à s'endormir profondément. Joanne se réveilla deux heures plus tard, parce que Daniel s'était mis à pleuré. Il avait certainement cauchemardé. Joanne se leva aussitôt pour le prendre dans ses bras, pour le rassurer. Elle le prit avec elle et s'allongea. Adossée à la tête de lit, et après avoir allumé la lampe de chevet, elle le berça. "Ce n'était qu'un mauvais rêve, mon trésor, je suis là." Elle chantonnait bouche fermée et le bottit contre elle. Ce serait mentir de dire qu'elle n'était exténuée. Daniel était plus serein, et avait fini par se rendormir. Joanne s'allongea et le mit juste à côté d'elle. Ses iris bleus étaient rivés sur lui, prête à intervenir s'il ne se sentait à nouveau plus tranquille. Joanne lui caressait régulièrement le visage, ou l'embrassait sur la tempe. Cette histoire de robes la travaillait encore, même si elle restait sur sa décision. Jamie n'était pas là. Elle supposait qu'il s'était isolé ailleurs, qu'il avait besoin d'être un peu seul. Elle ne saurait de toute façon pas quoi lui dire si elle venait à le rejoindre. Il était certainement allé à l'étage pour dessiner ou faire un quelconque croquis. Il n'avait pas besoin d'elle dans ces cas-là. Alors, la belle blonde restait focalisée sur son bébé, qui était enfin paisible, et qui dormait profondément. Elle lui glissait tout bas des tas de mots d'amour, ne se lassait pas de luis faire des gestes affectueux. Sa présence, son contact et son odeur l'apaisaient, elle aussi. Ca allait dans les deux sens. Le soleil s'était déjà levé depuis un bout de temps lorsqu'elle refermait les yeux, mais ce n'était pas un de ces sommeils reposants, loin de là. Quand elle rouvrit les yeux, Daniel était là, les yeux grand ouverts, gazouillant tout seul. Une belle image à avoir au réveil, même si les heures de sommeil ne sont pas suffisantes. Joanne lui dit bonjour, e il pivota sa petite tête pour esquisser un large sourire en croisant les yeux bleus de sa maman. Joanne prit le temps de s'étirer avant de lever son t-shirt, et qu'il puisse se nourrir. Tout en le maintenant contre elle, Joanne somnolait encore.