Les histoires d’amour terminent mal, en général, Madison ne pouvait pas contredire cette phrase puisque cela c’était toujours mal terminé pour elle, du moins jusqu’à présent, cette fois-ci quelque chose avait changé puisque sa dernière histoire était passée d’une fin douloureuse à une fin plus tranquille. Le hasard ayant bien fait les choses, il avait mit l’organisatrice d’événementiel et son ancien client au même endroit et au même moment, chose qui ne se serait certainement pas produite s’il avait fallu qu’un des deux protagonistes sorte le drapeau blanc. Ils avaient pu s’expliquer, parler calmement et cela avait fait le plus grand bien à la brunette qui avait réussi à retrouver sommeil. Cependant, les choses n’étaient plus les mêmes, ils n’étaient pas repartis d’où ils s’étaient arrêtés, ils avaient décidé de prendre un nouveau départ, de prendre du recul, pour cela ils avaient besoin de se voir moins souvent et de ne plus se retrouver chez la demoiselle. Cette situation était à la fois rafraichissante et étrange, rafraichissante parce qu’elle ne stressait plus à l’idée de se faire attraper, étant donné qu’ils ne s’embrasseraient plus et ne coucheraient plus ensemble, mais elle était terriblement bizarre parce qu’elle ne s’était pas habituée à voir l’avocat sous un angle strictement amical, mais c’était toujours mieux que de ne plus le voir du tout, après tout. Elle n’avait pas la moindre envie de le voir disparaître de sa vie et c’était pour cela qu’ils avaient convenu de se retrouver dans un endroit neutre, dans lequel ils n’avaient aucun souvenir, le parc de Logan City, ce même parc dans lequel elle avait essayé de l’oublier en embrassant un autre homme avant qu’il ne se passe quelque chose entre eux, mais fort heureusement cet homme ne passait plus dans les parages. Face à son miroir, elle se posait des questions, devait-elle se pouponner de manière à être le plus attirante possible, garder l’attirance qu’il avait pour elle ou au contraire, marquer le coup en étant plus simple ? Si elle optait pour la première option, il se dirait qu’elle voulait le tenter, si elle optait pour la deuxième, qu’elle se laissait aller… que c’était pénible de se prendre la tête pour ce genre de futilités, elle décida d’essayer d’opter pour un juste milieu en s’emparant d’un jean bleu et d’un petit top blanc à bordurés de dentelle et d’une paire de chaussures aux petits talons. Elle attacha ses cheveux en queue de cheval et ne maquilla que ses yeux à l’aide d’un mascara, elle était fin prête. Madison soupira, pourvu que les choses se passent bien, que cette situation ne les mène pas à se lasser l’un de l’autre, elle ne savait pas ce que cela aller donner s’ils ne se touchaient même pas eux qui avaient eu une relation si passionnelle. Il n’y avait pas de raison pour que cela se passe mal, mais elle appréhendait quand même, elle avait quasiment l’impression de se rendre à un premier rencard, il fallait absolument qu’elle oublie tout ce qui se rattachait à de la romance de prêt ou de loin, ce qui risquait d’être difficile parce que l’endroit qu’elle avait choisi était plutôt romantique, propice aux ballades de couples, mais il y aurait tellement de monde qu’ils n’oseraient pas déraper à nouveau comme ils avaient pu le faire par le passé. La jeune femme arriva la première sur les lieux, le jeune homme avait certainement dû être retardé par sa fiancée, qui l’avait sûrement interrogé sur ce qu’il allait faire cette après-midi, mais ce n’était pas grave, elle était prête à l’attendre. Elle longea quelque peu le parc avant de s’arrêter au lieu du rendez-vous, la fontaine principale. Madison jeta un coup d’œil à sa montre avant de commencer à tapoter sur sa cuisse. La brunette se divertissait comme elle le pouvait, notamment en regardant les enfants jouer. D’ailleurs elle était tellement concentrée sur eux qu’elle n’avait même pas vu que quelqu’un marchait en sa direction. « Vous attendez quelqu’un ? » Lui demanda un jeune homme propre sur lui, d’une trentaine d’années. Voulait-il simplement s’asseoir ou avait-il une idée derrière la tête ? Elle regarda rapidement les autres bancs pour voir s’ils étaient entièrement occupés, l’un d’entre eux avait de la place, mais était partiellement occupée par une dame âgée qui tenait en laisse un chien, assez bruyant, ce qui pouvait expliquer pourquoi il ne voulait pas s’asseoir à côté d’elle. Il y avait suffisamment de place pour trois personnes sur son banc, mais comment Julian allait-il prendre la présence de cet importun ? L’organisatrice d'événementiel était dans un moment de flottement, ne sachant pas quoi lui répondre…
Finalement leur dispute n’avait pas sonné le glas de leur relation. Et heureusement d’ailleurs, car Julian ne voyait plus sa vie sans que Madison n’en fasse partie. Les jours s’étaient écoulés depuis qu’ils s’étaient croisés au Starbuck et qu’ils avaient pu mettre les choses au clair, leur permettant de penser lentement leurs blessures. En y repensant, leur fin avait failli être à la hauteur de leur relation : passionnée. Mais heureusement ils avaient su voir plus loin que tout ça pour aller de l’avant et repartir sur des bases saines. Du moins, ils voulaient essayer. L’avocat ne savait pas trop quoi penser de tout ça. D’une certaine façon, c’était lui qui avait émis l’hypothèse d’une relation purement platonique et amicale. L’idée était de faire les choses dans l’ordre cette fois, de ne pas brûler d’étape, d’avancer pas à pas. Mais en y repensant, il n’était même pas sûr d’être capable d’agir normalement avec Madison. L’attraction que l’anglaise exerçait sur lui était si importante qu’il n’arrivait jamais à garder son calme près d’elle, à ne pas avoir envie de se jeter sur elle. Alors allait-il réellement réussir à ne pas l’embrasser ? A ne pas la prendre dans ses bras ? A ne plus lui faire l’amour ? Cela serait très certainement difficile, mais il allait essayer. Il le devait. C’est perdu dans ses pensées que Julian arriva sur le lien de rendez-vous qu’ils avaient convenu : un parc. Un endroit public et neutre, pour pouvoir parler et seulement parler. Comme à son habitude, il était en retard de quelques minutes même s’il détestait l’être. Il faisait vraiment tout pour être à l’heure et même en avance, mais à chaque fois un événement fortuit l’en empêchait. Cette fois – comme bien d’autres fois – ce fut Lauren qui le questionna. Il dut prétendre rejoindre un client suffisamment important pour qu’il bosse en dehors de ses heures de travail. La rousse avait fini par capituler, après tout elle savait que Julian essayait d’ouvrir son propre cabinet et donc qu’il devait redoubler d’effort pour se constituer une clientèle. Le temps était doux dehors, Julian en avait profité pour ne porter qu’une simple chemise – sans veste – avec un jeans. Il aurait aimé s’attacher les cheveux mais il était passé sous les ciseaux du coiffeur récemment, par conséquent ceux-ci était plus courts qu’à l’accoutumé. Julian se dirigea vers la fontaine et balaya l’endroit du regard à la recherche de l’organisatrice. Il eut du mal à la trouver puisqu’il pensait qu’elle était seule, ce qui n’était visiblement pas le cas. Un charmant jeune homme se tenait debout près d’elle, et semblait engager la conversation. L’italien réprima un juron. C’est qu’il était de nature jalouse, très jalouse même. Quand il voulait quelque chose ou quelqu’un – en l’occurrence Madison – alors celle-ci ne devait lui appartenir qu’à lui. Cela le mettait hors de lui qu’on puisse prétendre le contraire. Sauf qu’il devait se rendre à l’évidence : la jolie brune ne lui appartenait pas. Loin de là. Alors il se contrôla et se dirigea vers les deux individus. Lorsqu’il fut assez proche, il put entendre que l’homme en question n’était pas une connaissance de Madison, mais plutôt un inconnu qui tentait une approche subtile pour faire connaissance. Il semblait lui demander si elle attendait quelqu’un, et s’il pouvait s’asseoir à ses côtés. Avant que Madison ne réponde, Julian apparu dans son champ de vision, juste derrière le personnage. A ce stade, deux choix s’offraient à Julian : soit il pouvait demander à l’individu de partir, soit il pouvait simplement l’ignorer. C’est ce qu’il fit en passant à côté de lui s’en lui jeter le moindre regard, pour tout de suite se retrouver face à l’anglaise. « Désolé du retard ! J’espère que tu n’as pas attendu longtemps ? » demanda-t-il en la gratifiant d’un large sourire. Puis il se pencha, pour lui faire la bise. Ses lèvres se posèrent au coin des lèvres de Madison, pour que le jeune homme à côté d’eux se sente de trop en face d’eux. Finalement l’américain lui prêta enfin de l’attention en relevant les yeux vers celui-ci. « Vous désirez quelque chose ? » demanda-t-il poliment, alors que son regard le mettait plutôt au défi de continuer de s’imposer. « Euh non, je croyais qu’elle était seule, désolé. Je m'en vais. » balbutia-t-il avant de déguerpir sans demander son reste. Satisfait, Julian s’assit à côté de Madison, reportant son attention sur celle-ci. Elle remarqua alors qu’elle le regardait étrangement, presque en faisant les gros yeux. « Désolé pour le, hum, tu sais, « presque baiser »… Je voulais qu’on soit tranquille et je ne savais pas vraiment comment lui demander de partir. » s’excusa-t-il le sourire aux lèvres, ne se sentant ni coupable ni mal de l’avoir fait. « Comment tu vas ? » enchaîna-t-il pour changer de sujet et éviter un malaise de la jeune femme. Il se permit enfin de la regarder un peu plus attentivement, d’observer comment elle était maquillée et habillée. « Tu es très belle. » Encore une fois, il la complimenta. C’était devenu une habitude entre eux, il ne parvenait pas à s’empêcher de la complimenter. Et il ne le voulait pas, cela faisait partie de son caractère d’italien. Et puis, ce n’était pas de sa faute si elle était tout le temps magnifique à ses yeux.
L’attente était d’un ennui, cette fois-ci elle n’avait personne à qui parler en attendant qu’il n’arrive, elle mit son coude sur sa cuisse et se maintenu le visage. L’approchement d’un inconnu n’avait fait changer sa position que d’un pouce, elle avait levé sa tête pour le regarder. Alors qu’elle s’apprêtait à lui répondre, le messie était enfin arrivé, il ne lui suffit que de quelques secondes pour déceler de la jalousie dans son regard, chose qui la fit rire intérieurement. Le temps avait beau passé rien n’avait changé, il voulait marquer son territoire comme au château, il s’approcha de son visage et déposa ses lèvres charnues sur les siennes. Le frôlement avait suffit à lui procurer des frissons, chose qui prouvait qu’elle était totalement en manque, mais cela permit de faire déguerpir l’étranger rapidement. Le benjamin des Grimes s’excusa pour son retard et aussi pour ce qu’il avait fait, il n’avait vraiment pas besoin de s’excuser pour la deuxième chose. « Comme si j’allais m’en plaindre. »Outch ce n’était pas bien, elle n’avait rien contre les entorses à leur nouveau « contrat », il fallait qu’elle se reprenne. Elle bougea légèrement sa tête de droite à gauche. « Ça va, ça va et toi ? »Inutile de lui mentir, elle n’allait pas lui dire qu’elle explosait de joie, il allait tout suite savoir que ce n’était pas vrai, même si ses affaires marchaient très bien ce n’étaient pas elles qui allaient la faire sauter au plafond, n’était pas quelqu’un de matérialiste ne vivant que pour l’argent, la gloire… elle voulait une vie simple, comme celle de ses parents. Elle ne savait pas s’il allait parler de Lauren, elle en doutait mais d’un autre côté cela donnerait véritablement du relief à cette amicalité, des confidences ne pouvaient que les rapprocher, leur permettre de se connaître sur le bout des doigts et c’était avant tout pour ça qu’ils avaient laissé de côté le côté charnel. Comme à son habitude il la complimenta, bon sang Julian si ni toi ni elle ne jouait le jeu cette histoire allait vraiment être compliquée, ils n’allaient jamais pouvoir entrer entièrement dans une nouvelle ère. « Merci. »C’était tout ce qu’elle lui avait répondu, c’était un peu sa manière à elle de remettre les pendules à l’heure, ils n’étaient pas encore en 2016 mais leurs résolutions devaient commencées dès maintenant. Heureusement elle savait déjà par quoi commencer, une information qui avait été donné par une amie. « Aufaite tu es un petit cachotier, tu ne m’avais jamais dit que tu comptais quitter ta boîte pour en monter une nouvelle avec Eireen. » Bon en même temps ils n’avaient pas vraiment eu le temps d’en parler, mais si elle avait su avant elle aurait évité de souffler à la demoiselle qu’elle pourrait tester la jalousie de Kaleb avec son futur associé, surtout qu’elle ne savait rien de leur passif, elle n’avait jamais dévoilé le moindre indice sur son métier, son âge, elle s’imaginait peut-être qu’il s’agissait d’un homme plus âgé et non d’un jeunot en pleine forme de l’âge. Même si cela sonnait comme un reproche, elle était quand même ravie d’apprendre qu’il travaillerait avec elle, sachant que c’était une personne de confiance et qu’elle était déjà amourachée d’un autre elle ne tenterait jamais rien, ce qui n’aurait pas été le cas d’une parfaite inconnue sortant de nulle part, il avait fait le bon choix de prendre quelqu’un qu’il connaissait un minimum, avec qui le feeling était presque garanti, elle avait dû prendre plus de risques dans ses choix professionnels, ce qui était quand même drôle, il était plus facile de trouver quelqu’un travaillant dans le droit qu’une personne travaillant dans l’événementiel, cherchez l’erreur.« En parlant de boulot, je voulais t’en parler l’autre fois quand je comptais t’appeler… »Avant de le voir soudainement sur son téléviseur, bras dessus bras dessous avec sa fiancée qui le proclamait sien devant le monde entier, détail dont elle aurait pu se passer mais il était déjà sorti. « J’ai trouvé une associée – blonde comme l’ancienne – qui a un peu près mon âge et qui vient de Londres, drôle de coïncidence non ? On dirait qu’on s’est tous donnés rendez-vous ici, à Brisbane. »Du moment que ce n’était pas des personnes qu’elle connaissait et n’aimait pas ça lui allait, même si ça lui faisait perdre le petit côté unique qu’elle avait avec son accent british et ses tenues assez colorées.« Si tu savais comme ça me fait un bien fou. »D’un autre côté cela la rendait aussi amère, maintenant qu’elle avait encore plus de temps à consacrer au beau brun, il ne se passait plus rien de croustillant avec lui, c’était quand même un mauvais timing, mais le mauvais timing semblait être leur marque de fabrique il fallait définitivement qu’elle s’y fasse…
Leurs retrouvailles auraient pu mieux se passer, c’est vrai. Madison était en train de se faire draguer et Julian n’aimait pas ça, mais alors pas du tout. Alors il se chargea de chasser le prétendant indésirable, quitte à dévoiler à la jeune femme qu’il était toujours possessif et jaloux. Ce qui n’était pas en accord avec l’objectif qu’ils s’étaient donnés : être de simples amis. Toutefois son manège marcha et l’anglaise sembla ne pas lui en tenir rigueur, ce qui était une bonne chose. L’avocat avait envie de tout sauf de se disputer une nouvelle fois avec elle – une seule fois avait suffit. Bien sûr, Julian avait remarqué que le contact de ses lèvres au coin de celles de Madison n’avait pas laissé la jeune femme indifférente. Celle-ci avait frissonné, et il sourit intérieurement en se disant que cela ne semblait pas être facile pour elle non plus de faire comme si de rien n’était entre eux. C’était un challenge important qu’ils s’étaient imposés, et Julian n’était pas sûr de parvenir à relever ce défi. Mais il essayerai, il se l’était promis. D’un autre côté, la perspective de découvrir Madison sous un nouveau jour était très intéressante. Dans tous les cas, il était prêt à tout pour qu’elle ne sorte pas de sa vie. « Comme si j’allais m’en plaindre. » Cela confirma ce qu’il pensait et il sourit. Bien qu’un peu surpris que la brune se permette de lui avouer à haute voix. Il se mordit l’intérieur de la joue pour s’empêcher de lui balancer une réplique de séducteur, du genre : « On peut recommencer si tu veux ? » Cela ne les aiderait vraiment pas et montrerait à quel point ils étaient faibles alors que cela ne faisait que quelques secondes qu’ils s’étaient retrouvés. Finalement, Julian changea rapidement de sujet en demandant à Madison comment elle allait. Sa réponse ne démontrait pas une immense joie de vivre mais c’était compréhensible après tout ce qu’ils venaient de traverser, lui non plus n’était pas au mieux de sa forme. Mais il leur fallait continuer d’avancer, que ce soit ensemble ou séparément. « Ca va. » répondit-il en toute simplicité. « Ce n’est pas facile tous les jours à la villa mais bon, je m’en doutais un peu. » Il n’était pas sûr de comment Madison prendrait cette confession, mais il s’était dit qu’il devait être sincère avec elle et qu’il devait lui parler comme il le ferait à une amie – à Liv par exemple. S’ils voulaient vraiment que ça marche, ils devaient tous deux faire des efforts et il en était bien conscient. Mais fidèle à lui-même, il se permit de la complimenter. Et comme souvent, elle le remit dans le droit chemin ce qui lui arracha un sourire en coin. Madison savait se montrer à la fois si forte et si faible devant lui, cela l’amusait. Mais d’un côté c’était mieux si elle s’imposait d’instaurer une distance entre eux et si elle rattrapait les moments où il dérapait – et il déraperait encore, il en était certain tant la jeune femme lui plaisait. « Oui c’est vrai ! Désolé, je n’y ai pas pensé. » s’excusa-t-il. Avec tout ce qu’il s’était passé, c’est vrai que cela lui était complètement sorti de la tête. « J’imagine qui c’est elle qui t’en a parlé ? » Qui d’autre sinon ? « J’ai toujours du mal à croire que vous vous connaissez ! C’est dingue comme le monde est petit. » Le benjamin des Grimes avait été complètement choqué en voyant Eireen à l’anniversaire de Madison et en apprenant que celles-ci étaient amies depuis des années maintenant. Il l’oubliait assez souvent d’ailleurs tant il n’y était pas encore habitué. Mais en y réfléchissant, cela voulait dire qu’elles parlaient de lui ensemble, mais que lui aussi pourrait gratter des infos sur Madison auprès d’Eireen. C’était plutôt intéressant comme situation, il pourrait toujours avec des nouvelles de l’organisatrice même s’ils venaient à se perdre de vue – ce qu’il n’espérait pas bien entendu. « J’en avais vraiment marre de mes associés alors je me suis dit que le mieux était d’être mon propre patron et de travailler avec des personnes que je choisis ! Ça ne te dérange pas que j’ai proposé ça à Eireen ? » demanda-t-il poliment. Il ne voulait pas que l’anglaise pense qu’il essayait de lui voler ses amies ou un truc du genre, c’était purement professionnel puisqu’il avait travaillé avec la jeune avocate par le passé et qu’il savait qu’elle était très compétente et prometteuse. Nul doute qu’elle serait une très grande avocate dans le futur. Puis ce fut au tour de Madison de parler de son job, pour lui expliquer qu’elle avait enfin trouvé une associée – une londonienne elle aussi ! « Hey c’est une super nouvelle ça ! Depuis le temps que tu cherchais. » La remarque de la brune fit rire l’avocat, c’est vrai qu’il avait croisé de nombreux anglais et notamment de londoniens. « L’invasion a déjà commencé, mais nous devons encore rester discrets. » dit-il sur le ton de l’humour. Même s’il ne se sentait pas très anglais – ou du moins il avait plus grandi avec les cultures américaine et italienne – il était fier de ses origines notamment grâce à Sean & Milena qui avaient vécu plus longtemps à Londres et qui en parlaient souvent à New-York. « Ça te permet enfin de souffler un peu j’imagine. » sourit-il. Cela leur aurait aussi permis de se voir plus souvent s’ils entretenaient encore une relation plus qu’amicale, mais ce n’était plus le cas désormais. « Vous vous entendez bien ? Elle s’appelle comment ? Peut-être que je la connais. » la questionna-t-il avec curiosité. Peut-être qu’il l’avait déjà croisée à l’Infinity Tower par exemple, ou ailleurs dans Brisbane. Il voulait surtout montrer à Madison qu’il s’intéressait réellement à elle et à sa vie.
Les quelques mois qu’elle avait passé à ses côtés avaient été suffisants pour qu’elle le connaisse suffisamment pour deviner ses pensées, ce qu’il voulait faire, elle voyait donc bien qu’il se retenait de jouer de son charme. Heureusement qu’il arrivait à se retenir parce qu’elle ne savait pas si elle arriverait à y résister, elle avait déjà du mal à lui résister lorsqu’ils ne se connaissaient pas, mais maintenant que ce n’était plus le cas, qu’elle avait vu à quel point ils pouvaient être formidables ensemble, elle ne savait pas si elle pourrait être de marbre ou du moins faire semblant de l’être pour le décourager. Cependant, le voir en tant qu’ami était mieux que d’en être séparé, elle allait donc faire les efforts nécessaires pour que cela se passe sans anicroches. Il lui dit que ça allait, avant d’ajouter que ce n’était pas tous les jours faciles chez lui, elle ne pouvait pas lui dire qu’elle aimerait que cela s’arrange parce que cela ne serait pas entièrement honnête, mais d’un autre côté elle souhaitait tout de même que son quotidien soit vivable.« Elle passe toujours autant de temps à la villa ? Elle n’a toujours pas retrouvé l’inspiration ? »Dans le fond cette jeune femme lui faisait vraiment de la peine, elle ne semblait pas avoir d’amis proches avec qui sortir, n’était pas épanouie dans son travail, vivait avec un homme qui ne l’aimait pas et qui allait lui annoncer dans un futur proche qu’il ne voudrait plus se marier avec elle… en y réfléchissant c’était peut-être ça qu’il lui fallait, un changement de vie radical, énormément d’écrivains, scénaristes étaient inspirés par leurs peines de cœurs, se faire quitter par Julian pourrait être l’élément déclencheur. Évidemment toutes ses pensées elle allait devoir les garder pour elle, elle ne voudrait pas que l’avocat ait l’impression d’avoir de la pression, les hommes réagissaient rarement bien à celle-ci. Le benjamin des Grimes changea de conversation en la complimentant, mais elle savait que ce n’était pas pour éviter de parler de Lauren-Rose, que c’était plutôt par automatisme qu’autre chose. Madison su garder ses distances, mais elle n’avait pas vraiment de mérite parce qu’il était beaucoup plus facile de résister aux mots qu’aux gestes, la preuve quelques minutes plus tôt elle avait avoué qu’elle avait apprécié sa manière de se débarrasser de l’inconnu. La brunette brisa le silence qui s’était installé après son remerciement, elle décida de se lancer sur le sujet d’Eireen, un sujet positif sur lequel elle n’aurait aucunement à se retenir contrairement au sujet précédent.« Oui c’est elle qui m’en a parlé, tu sais que nous sommes des pipelettes nous les femmes. » Julian aurait difficilement pu garder cette information secrète, s’il avait demandé à l’avocate de ne rien lui dire cela aurait paru bizarre, aurait éveillé des soupçons dont il ne voulait pas.« J’ai un travail qui me fait rencontrer du monde en même temps... dire que c’est grâce à l’autre abruti qui lui a brisé le cœur que j’ai pu la connaître, si elle n’avait pas été fiancée je ne l’aurais sûrement jamais connu. »Comment aurait-elle pu ? Madison n’était plus étudiante depuis longtemps, les endroits qu’elle fréquentait étaient peu fréquentés par les étudiants, elle n’avait pas d’amis en commun avec elle… elle devait cette rencontre uniquement grâce au mariage qui n’avait pas eu lieu, ce qui allait très certainement être la même chose pour Julian, c’était la preuve parfaite que l’on pouvait trouver du bonheur grâce au malheur. Il lui expliqua qu’il n’en pouvait plus de ses associés, ce qu’elle pouvait tout à fait comprendre ayant déjà connu une ambiance de travail qui lui était anxiogène. « Si tu ne les supportais plus tu as raison de les quitter, tu n’as pas besoin de subir un burn-out, tu as assez de problèmes comme ça. Non ça ne me dérange pas, au contraire c’est une chouette fille, ça va te faire du bien de travailler avec elle, ça va te changer. Qui sait vous allez peut-être devenir les avocats les plus demandés de Brisbane. »Elle le leur souhaitait, Julian avait l’avantage d’avoir déjà eu des clients, cela devrait aider leur affaire à bien démarrer. Madison avait confiance en lui, de toute manière il allait très certainement se réfugier dans le travail pour oublier ce qu’il vivait en dehors. L’organisatrice dériva sur son propre travail, ayant elle aussi trouver quelqu’un.« Oui. Toi tu es discret, mais moi avec mon accent je n’arrive pas à passer inaperçue… tu devrais me donner des cours pour l’effacer ou alors des cours pour avoir l’accent américain, ça serait plus discret aussi. »Elle n’avait pas le physique d’une américaine, mais tout prétexte était bon pour gagner du temps avec l’avocat.« Oui on s’entend bien, elle s’appelle Charlotte, Charlotte Rosenbach. »Au vu de la tête qu’il faisait cela ne lui disait rien, ce qui était normal vu qu’il n’avait pas beaucoup vécu à Londres. « Elle est dynamique, fraiche, bref les clients l’adorent j’en serais presque jalouse. »Dit-elle en riant, elle n’y avait aucun esprit de compétition entre elles, l’ambiance de l’agence était aussi saine que celle qu’il y avait lorsqu’elle l’avait rencontré pour la première fois.« Je ne sais pas toi, mais moi j’ai bien envie de me dégourdir les jambes. » Être assise aussi près de lui n’était pas une bonne idée, c’était trop de tentation même dans un endroit aussi fréquenté, il valait mieux avoir un minimum de distance entre eux. Elle se leva et passa sa main à l’arrière de ses cheveux.
Pendant que les deux jeunes gens prenaient le temps de se retrouver et d’échanger quelques banalités, Julian s’était permis de glisser un mot concernant sa situation à la villa avec Lauren. Loin de lui l’envie de gâcher l’ambiance ou de parler de sa fiancée, il voulait juste être franc avec Madison et lui prouver qu’il pouvait changer – qu’il avait changé. Que désormais il n’éluderait aucun sujet, qu’il ferait face à tout et qu’il serait totalement franc envers elle. Les reproches qu’elle lui avait balancés la dernière fois n’étaient pas tombés dans l’oreille d’un sourd et l’italien voulait s’en servir pour s’améliorer et ainsi plaire un peu plus à l’anglaise. Toutefois, il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter un peu de la réaction de la jeune femme, comment allait-elle le prendre ? Se renfermerait-elle sur elle ? Allait-elle l’envoyer bouler ? Heureusement pour lui il n’en fut rien. Madison prit le temps de rebondir pour lui en demander davantage et ainsi lui montrer qu’elle s’intéressait vraiment à lui et qu’elle était aussi capable de faire l’impasse sur le passif qu’ils avaient pour aller de l’avant. « Non, toujours pas. Elle ne bouge presque pas de la villa. » En y réfléchissant un peu, Julian se demandait comment cela était possible. Il se souvenait qu’à New-York elle était entourée et adorait sortir, mais tout avait changé à Sydney. Décidément, cette ville semblait l’avoir complètement transformée. « Heureusement que je passe beaucoup de temps au travail pour lancer le cabinet, je ne pourrais pas passer mes journées enfermé avec elle. » avoua-t-il en tirant légèrement la grimace. Puis, ne voulant pas en parler davantage il changea de sujet. Il n’était pas là pour parler de ses problèmes – qu’il réglerait bientôt de toute façon – mais pour profiter de Madison et apprendre à la connaître un peu plus. Comme à son habitude, il complimenta la brune qui était vraiment resplendissante aujourd’hui. Il ne se l’était jamais caché : Madison était tout à fait son type de femme. Il était même persuadé qu’aucune autre femme ne lui avait autant plu auparavant, elle était vraiment très belle et désirable. C’est pourquoi il lui avait été si difficile de lui résister – ce qui au final n’avait pas été un succès puisqu’il s’était jeté sur elle à la première occasion. Mais plus que son physique, c’était sa personnalité qui le séduisait aussi, et cela la rendait encore plus attractive. Ce qui serait quelque chose de bien en temps normal, mais pas en ce moment puisqu’ils essayaient d’être amis avant tout. « Oui c’est elle qui m’en a parlé, tu sais que nous sommes des pipelettes nous les femmes. » L’américain rit doucement. C’est vrai que les femmes avaient cette réputation, et ce n’était pas sa mère ni sa sœur qui changeraient les choses tant elles avaient la langue bien pendue. « Je vais devoir faire attention à ce que je dis devant elle alors. » dit-il plus pour la plaisanterie que s’il avait vraiment des choses à cacher. L’organisatrice lui expliqua ensuite comment elle avait rencontrée Eireen et Julian tomba de haut en apprenant cela. C’est vrai qu’il n’avait jamais vraiment réfléchi à cela et il n’avait pas remarqué qu’elles n’avaient pas pu se connaître sur les bancs de la fac. « Eireen était fiancée ? » Pour une révélation, c’en était une. Elle était plus jeune que lui et avait déjà été fiancée, et elle s’était séparée d’après ce qu’il comprenait des paroles de Madison. « Je n’étais pas du tout au courant, c’est dingue à son âge quand même. » Au fond, il était quand même triste pour Eireen de savoir qu’elle était passée par une situation si difficile à son âge. Du coup, leurs histoires se ressemblaient un peu puisque lui aussi ses fiançailles étaient un échec, peut-être qu’il lui en parlerait un de ces jours. « Au final elle a gagné une bonne amie dans l’affaire, c’est déjà ça. » sourit-il pour un peu dédramatiser la situation, surtout que Eireen était toujours pleine de vie c’est que cette histoire appartenait bien au passé désormais. Puis Julian expliqua à Madison pourquoi il était parti et pourquoi il avait ouvert un cabinet avec la jeune avocate. L’anglaise semblait approuver sa décision et ne pas lui en vouloir d’avoir choisi son amie, ce qui était une bonne chose car il ne voulait pas la mettre dans une situation délicate, ni elle ni Eireen. « J’aimerais bien aussi, surtout pour Eireen qui mérite une belle carrière. Mais ça va être difficile parce que ma sœur va ouvrir elle aussi son cabinet, et c’est un vrai requin comme notre père. » expliqua-t-il rapidement sur le ton de la rigolade, même si dans le fond il savait que sa sœur serait bientôt sa concurrente et qu’elle ne lui ferait pas de cadeau. Mais il avait l’habitude, on ne se faisait jamais de cadeau chez les Grimes de toute façon. Mais cette fois il tenait vraiment à ce qu’il faisait, il se donnerait à fond et ferait tout pour être meilleur que Milena – ce serait bien une première mais pourquoi pas ? « Désolé mais je refuse de te donner des cours ! Ton accent est bien trop craquant, je ne t’imagine même pas sans ! » avoua-t-il en riant. Il feintait d’avoir dit ça innocemment, mais au fond il avait juste trouvé encore le moyen de complimenter et de craquer face à elle. « Hum, je ne la connais pas. » répondit-il du tac-au-tac. « Mais elle a l’air sympa. Peut-être que je devrais aller à sa rencontre. » dit-il un brin malicieux pour essayer de rendre jalouse l’organisatrice. Bah quoi, c’était bien elle qui se faisait draguer quand il était arrivé non ? Il n’y avait pas de raison qu’il soit le seul à être jaloux. « C’est parti ! » accepta-t-il en se levant et en retroussant ses manches sur ses avant-bras. Puis quand Madison fut debout à son tour, ils se mirent à marcher en s’enfonçant dans le parc qui était très grand. Ils restèrent silencieux dans un premier temps, ce qui n’était pas vraiment incompréhensible. Julian avait les mains dans les poches, il évitait de regarder Madison pour ne pas la mettre mal à l’aise alors que tout ce qu’il voulait s’était posé ses yeux sur elle. Il ne pensait pas que ce serait si difficile de faire comme si de rien n’était, de faire comme s’il n’y avait jamais rien eu entre eux et comme s’il ne voulait pas plus que son amitié. « Ca me fait très plaisir de te voir aujourd’hui Madison. » L’avocat était le premier à craquer encore une fois et à rompre le silence. « Tu sais, je… » Il voulait lui avouer qu’il avait vraiment eu peur de la perdre la dernière fois et que ça lui avait servi de leçon, que c’était grâce à elle qu’il commençait à prendre le contrôle de sa vie et autant d’initiatives. Mais il fut coupé par un vieux monsieur non loin d’eux qui tenait un stand de glaces. « Approchez les amoureux, venez prendre une glace pour accompagner votre balade ! Il faut en profiter, il fait beau aujourd’hui. » Un sourire prit forme sur le visage de Julian alors qu’il échangeait un regard complice avec Madison. Il ne prit pas la peine de reprendre le vieil homme, il savait que cela ne servirait à rien. « Pourquoi pas ! Tu en veux une ? » lui proposa-t-il dans un sourire. Le vieux monsieur avait l'air si gentil qu'il était difficile de refuser, et donc Madison accepta son offre. « Quel goût ? » lui demanda-t-il en sortant des billets de sa poche et en s'approchant du vieil homme. Il commanda une glace à la vanille pour lui et une autre pour Madison qui venait de lui dire le goût qu'elle voulait. Quelques secondes plus tard, Julian prit les glaces que lui tendaient le monsieur. « Vous avez beaucoup de chance d'avoir une jeune femme si jolie jeune homme, faites bien attention à elle ! » Encore une fois l'avocat se mit à sourire face aux paroles du vendeur « Je sais. » répondit-il simplement avant de le remercier et de s'éloigner en compagnie de Madison. « Et voilà, une glace pour madame ! » dit-il en lui tendant sa glace.
La situation de la fiancée de Julian ne changeait guère avec le temps, ce qui était à la fois une bonne nouvelle et à la fois une mauvaise, une bonne parce qu’elle n’était pas en position de le séduire et une mauvaise parce qu’elle lui pourrissait la vie et ne se trouvait pas quelqu’un d’autre.« Oui j’imagine que si tu passais beaucoup de journées entières avec elle tu l’aurais sûrement déjà tué. » Il n’avait pas envie de s’étaler sur le sujet, ce qu’elle pouvait parfaitement comprendre, ils ne s’étaient pas donné rendez-vous pour ne se raconter que des choses négatives, mais pour s’aérer l’esprit, ils en avaient tous les deux bien besoin. Les anciens amants commencèrent à parler de leur amie commune, Eireen. « Non tu peux tout lui dire elle est digne de confiance. »Ou pas, elle serait très certainement capable de laisser fuiter des informations capitales par inadvertance ou plutôt fausse inadvertance, mais il était fort bon d’avoir quelqu’un pouvant le renseigner sur l’autre. L’avocat semblait tombé des nues lorsqu’il appris que celle-ci avait été fiancée, il était donc loin d’être aussi proche d’elle qu’elle, mais c’était assez prévisible qu’il ne le sache pas, leur amie n’était pas du genre à se lamenter, à ressasser ses malheurs, à les raconter à tout le monde, elle essayait plutôt de profiter de la vie et de la voir du bon côté.« Oui elle était fiancée à un type qui s’appelait Camael, il ne la méritait pas du tout, il a fini par la tromper… au final j’ai envie de dire tant mieux cela lui a permis d’ouvrir les yeux avant qu’il ne soit trop tard. »La tromperie pouvait avoir du bon, elle en avait eu plusieurs preuves avec cette histoire et la courte qu’elle avait pu vivre avec le benjamin des Grimes, peut-être que celle-ci allait vraiment lui servir d’électrochoc, c’est ce qu’elle espérait du plus profond de son cœur. Il lui dit qu’Eireen avait gagné une amie dans l’affaire, Madison pensait qu’elle aurait plutôt préféré trouver l’amour de sa vie, elle haussa donc un peu des épaules. L’avocat lui parla de sa grande-sœur, chose qui n’était pas très courante, la seule fois où ils s’étaient attardés sur elle c’était lorsqu’ils étaient partis en vacances tous les deux. Elle se souvenait assez bien de l’événement où elle l’avait rencontré pour la première fois, elle lui avait tout de suite eu l’air d’être une femme pleine d’assurance, qui ne se laissait pas marcher sur les pieds, c’est donc sans difficulté qu’elle cru Julian lorsqu’il lui dit qu’elle était un vrai requin en affaires. « Peut-être mais un très bon duo pourrait la mettre au tapis. »Dit-elle en souriant. « Si tu t’en donnes les moyens il n’y a pas de raison que ça ne fonctionne pas, je crois en toi. » Elle avait bien réussi à faire perdurer son affaire, pourquoi pas lui ? Il n’avait pas moins dénué de talents qu’elle. Le jeune homme refusa de l’aider à effacer son accent, elle fit une mine faussement déçue. « Oh pourquoi ? Tu n’aurais pas flashé sur moi si je n’avais pas eu cet accent ? » Elle ne pouvait croire que son accent avait suffit à le charmer, ayant de très bons souvenirs de leur rencontre, il la dévorait du regard avant même qu’elle n’ouvre la bouche pour la première fois, chose qui lui avait fait échappé son stylo des mains. Il lui confirma ce qu’elle pensait, il ne connaissait pas sa nouvelle associée, il en profita pour essayer de la rendre jalouse. Elle arqua un sourcil. « Si t’es sage peut-être qu’un jour tu la rencontreras. »Si celle-ci ne se fait pas la malle comme Savannah d’ici là, après tout elle ne la connaissait pas, elle ne pouvait pas avoir l’assurance que celle-ci resterait longtemps. Les deux anglais se levèrent et commencèrent à marcher, ce qui amena leur premier blanc. Elle regardait droit devant elle, non pas parce qu’elle n’avait pas envie de le regarder, mais parce que lui-même ne la regardait pas. Malgré tout il brisa le silence pour lui dire que ça lui faisait très plaisir de la voir, ce qui lui valu un léger rougissement de sa part. Le jeune homme semblait prêt à lui dire quelque chose d’important, jusqu’à ce qu’il ne soit coupé dans son élan par un vieux commerçant cherchant à attirer du monde à son stand de glaces. Madison était à la limite de pestiférer contre lui, mais elle se retint parce que Julian se montra réceptif à sa publicité. Après avoir regardé quelques secondes les différents parfums, le vieil homme fut instantanément pardonné grâce à sa gourmandise, elle accepta de prendre une glace. « J’en prendrais une au tiramisu. »La demoiselle n’avait pas pu s’empêcher de faire un clin d’œil à leur premier rendez-vous, surtout qu’elle aimait particulièrement ce parfum. Julian lui avait fait un choix plus simple en choisissant de prendre de la vanille. « Tu me diras si la tienne est bonne. »Peut-être qu’ils auraient l’occasion de retourner à nouveau à ce stand, si cette nouvelle forme de relation leur convenait. Ils recommencèrent à marcher, mais pas à parler parce que l’organisatrice d’événementiel commençait à savourer son dessert, il serait tout de même bête qu’elle n’en profite pas pleinement parce que les rayons de soleil l’avaient achevé avant elle. Alors qu’ils s’avançaient tranquillement, un petit chien couru en leur direction et essaya de grimper sur la jambe de l’avocat.« Tiens on dirait que le succès a changé de camp. » Elle se demanda pourquoi il était allé vers lui et non vers elle, parce que s’il y avait bien l’un d’entre eux qui pouvait sentir une odeur d’animaux c’était elle, parce qu’à sa connaissance il n’allait pas dans des refuges et n’en possédait pas, mais peut-être qu’il avait oublié de lui en parler. « Il me fait étrangement penser à quelqu’un. »Dit-elle avec une pointe de nostalgie, cela lui rappelait le chien de Sophia qu’elle gardait de temps en temps chez elle. « Ça me fait penser qu’il faudrait que tu viennes au refuge où je suis bénévole un jour. » C’était un endroit qui était des plus discrets pour se voir en cachette, elle se demandait pourquoi elle n’y avait pas pensé plus tôt. « Si tu n’as rien contre les bêtes bien sûr. »Julian n’avait pas l’air énervé d’être embêté par un chien, mais peut-être qu’il gardait tout à l’intérieur pour ne pas faire mauvaise impression, elle ne savait pas si elle lui avait déjà parlé de son bénévolat ou non.
« Oui j’imagine que si tu passais beaucoup de journées entières avec elle tu l’aurais sûrement déjà tué. » Même si le sujet ne se prêtait pas à la plaisanterie, la remarque de Madison arracha un sourire en coin à Julian. « Tu as probablement raison. » dit-il pour mettre clore le sujet. C’était sûr même, tant Lauren et lui pouvaient se bouffer entre eux lorsqu’ils passaient trop de temps dans la même pièce. Même si les choses s’étaient améliorés, vivre avec une femme dont on ne voulait plus était tout sauf facile et l’avocat était un peu à fleur de peau en ce moment. Heureusement Madison lui permettait d’échapper à son quotidien morose et de respirer un peu. Comme elle le faisait depuis le début d’ailleurs, l’anglaise était vraiment la bouée de sauvetage à laquelle il pouvait s’accrocher quand ça n’allait pas dans sa vie. C’était plutôt effrayant de voir à quel point elle était devenue importante pour lui et à quel point elle avait pris une place imposante dans sa vie, mais Julian ne regrettait rien bien au contraire. Rencontrer la jeune femme était sûrement la meilleure chose qui aurait pu lui arriver, il en était sûr. La conversation dévia sur Eireen qui allait devenir l’associée de Julian et qui était une amie de Madison. L’italien feinta qu’il devrait faire attention à ce qu’il dirait devant elle mais Madison déclaré que la jeune avocate était digne de confiance, ce dont le brun n’avait jamais douté. Mais il savait aussi comment était les amies entre elles et il savait que Eireen pourrait glisser quelques infos à l’organisatrice si celle-ci le lui demandait, donc il serait quand même préférable pour lui de faire attention à ce qu’il dirait en compagnie d’une des deux jeunes femmes. Même si au final il n’avait pas trop à s’inquiéter car il tenait beaucoup aux deux et que ce n’était pas son genre de critiquer les gens dans leur dos. Puis l’anglaise lui apprit que son amie était fiancée à un certain Camael qui l’avait trompée. L’avocat grimaça en apprenant cette nouvelle, ça n’avait pas dû être facile pour elle. « Oui tant mieux, ça aurait été plus compliqué une fois mariés ! » En y repensant, cette histoire ressemblait étrangement à la sienne. Cela voudrait-il dire que Lauren méritait mieux que lui ? Certainement vu qu’il n’avait pas hésité à la tromper avec Madison. Mais cela ne l’attristait pas vraiment puisqu’il savait que lui et Lauren n’étaient pas faits pour être ensemble. Il aurait dû rompre avant pour ne pas la trahir, mais le résulterait aurait été de toute façon le même. « Peut-être mais un très bon duo pourrait la mettre au tapis. Si tu t’en donnes les moyens il n’y a pas de raison que ça ne fonctionne pas, je crois en toi. » « Merci. J’espère que tu as raison. » sourit-il en hochant de la tête. C’est vrai que si ça marchait bien entre lui et Eireen, à deux ils pourraient sûrement gagner contre Milena. A condition qu’elle ne soit pas accompagnée d’un bon avocat elle aussi. Dans tous les cas, il était sûr qu’il allait tomber contre elle sur une affaire et qu’il donnerait tout pour n’avoir aucun regret. Il espérait juste que ce ne soit pas pour leur première affaire avec Eireen. Puis Madison lui demanda s’il n’aurait pas flashé sur elle si elle n’avait pas eu son accent et il se mit à rire. « Je n’ai pas eu besoin de t’entendre parler pour tomber sous ton charme. » déclara-t-il un peu trop franc, il était en train d’oublier qu’ils ne devaient être que des amis. « Mais c’est un petit plus fort appréciable. Ça fait partie de toi, je ne t’imagine plus sans maintenant. » conclut-il quand même. Quitte à être sincère autant l’être jusqu’au bout, que risquait-il si ce n’est qu’elle le reprenne comme elle l’avait déjà fait par le passé ? Puis Julian tenta de rendre Madison jalouse en parlant de sa partenaire mais cela ne fonctionna absolument pas puisque celle-ci lui proposa de lui présenter un jour. Il n’était pas sûr de savoir si elle était sérieuse ou si elle était rentré dans son jeu mais il se contenta de sourire sans toutefois rebondir là-dessus, car au fond il s’en fichait un peu de cette fameuse Charlotte, il n’y avait que Madison qui avait son attention toute entière. Enfin ils se levèrent et se mirent à marcher pour se dégourdir un peu les pattes. Le silence qui s’installait fut rompu par Julian qui tenait à dire ce qu’il pensait, mais lui-même fut coupé par un vieil homme qui vendait des glaces. L’anglaise choisit le goût tiramisu – comme le dessert qu’elle avait choisi lors de leur premier rendez-vous « professionnel ». « C’est que tu aimes vraiment ça toi ! » dit-il pour lui faire remarquer qu’il s’en rappelait. Il ne fallut pas trop de temps pour qu’ils soient servis – même si le vendeur se permettait quelques remarques un peu trop personnelles mais ni Julian ni Madison ne prirent la peine de le corriger – et ils s’éloignèrent avec chacun sa glace en main. « Tu peux la goûter si tu veux ? » proposa-t-il en lui tendant sa glace. Peut-être que c’était un peu trop précipité mais après tout, ils avaient fait des choses déjà bien plus intimes pour que ce soit cela qui les gène. Ils furent interrompus par un chiot qui arrivait dans leur direction et qui se mit à grimper sur la jambe de l’avocat qui se mit à sourire directement. « Jalouse ? » rétorqua-t-il malicieusement en se penchant pour caresser la tête du petit animal bien trop mignon aux yeux de l’avocat. « Ah bon ? Un chien que tu connaissais ? » demanda-t-il dans la foulée. C’était encore une fois l’occasion d’en apprendre un peu plus sur elle après tout. « Tu es bénévole dans un refuge ? » Julian prit un air étonné. Il n’était pas du tout au courant, jamais ils n’en avaient parlé. Cela leur faisait du bien de freiner leur relation pour se découvrir un peu plus, jamais il n’aurait pensé que c’était le genre de Madison. « Si tu n’as rien contre les bêtes bien sûr. » Il hocha la tête de gauche à droit. « J’adore les animaux ! Je viendrai avec plaisir. » promit-il en reportant son attention sur le petit chiot qui commençait à lui lécher la main. « Mon frère s’est acheté un chien il n’y a pas longtemps, un husky. Il est adorable. J’en ai toujours voulu un mais je n’ai jamais vraiment l’occasion d’en avoir. Peut-être que j’en trouverai un à ton refuge ? » C’est vraiment quelque chose qui lui ferait plaisir. Mais peut-être aussi qu’il serait préférable qu’il ait déménagé avant. « Tu y es depuis longtemps ? » finit-il par demander à la jeune femme tout en se redressant pour chercher si le maître ou la maîtresse du chiot arrivait ou pas, peut-être que ce chien s’était perdu.
Madison n’avait jamais vécu avec quelqu’un, même quelques mois, elle ne savait donc pas ce que c’était que de s’engueuler à longueur de journée, mais elle pouvait avoir une idée de la chose puisque lorsque son cousin avait vécu sous son toit tout n’avait pas été rose alors elle n’imaginait même pas ce que ça devait être dans un couple comme le sien. L’organisatrice d’événementiel ne creusera pas le sujet plus que ça, ayant senti un point final dans la dernière phrase de l’avocat. Les deux anglais étaient passés à un autre sujet fâcheux, mais qui ne les concernait pas directement, ils s’étalèrent donc un peu plus dessus. En voyant la tête que fit Julian, la brunette cru comprendre qu’il avait pu se sentir visé par ce qu’elle avait dit à l’encontre de Camael, parce qu’après tout il avait tout de même fait la même chose que lui.« Ne va pas croire que je te mets dans le même sac que lui hein. »Le benjamin des Grimes était bien différent de lui et fort heureusement qu’il l’était, sinon il ne lui aurait certainement pas fait autant d’effet.« En plus toi tu ne vas pas prendre le même chemin que lui. »Enfin si, mais partiellement parce que même s’il compte mettre fin au mariage, il va tout de même garder secret ce qu’il s’était passé entre eux, mais le principal n’était pas qu’il soit complètement honnête avec sa fiancée, mais bel et bien qu’il la quitte et qu’il ne fasse pas machine arrière. C’était ce qu’elle craignait le plus, qu’il ne change d’avis, il l’avait bien fait une fois pour elle, il pouvait très bien le faire pour la scénariste. Il fallait qu’elle ne chasse ses vilaines pensées avant que cela n’affecte son visage, l’avocat risquerait de se poser des questions.« Lorsque l’on a un bon tandem, en tout domaine, tout roule comme sur des roulettes. » Elle disait cela parce qu’elle en avait connu plusieurs, tout d’abord celui qu’elle formait avec son ange gardien lorsqu’elle était encore scolarisée à Londres, ensuite celui qu’elle avait formé avec Savannah , celui qu’elle avait pu former avec son ancienne voisine, Sophia et puis bien évidemment celui qu’elle avait avec Eireen, qui était la femme avec qui cela fonctionnait le mieux en ce moment, son amie la plus fiable. Madison ne lui demandera pas ce qu’il en était de ses amis de Londres, parce que s’ils étaient venus le voir ici il le lui aurait très certainement dit, mais au moins cela voulait dire qu’il aurait plus de temps à lui consacrer, ce n’était pas une si mauvaise chose. Ils étaient revenus sur le jour de leur rencontre, chose qu’ils n’avaient pas fait depuis longtemps, elle ne pouvait s’empêcher d’être nostalgique de cette époque où elle jouait au jeu du chat et de la souris avec lui. Il lui confirma qu’il n’avait pas eu besoin de l’entendre parler pour tomber sous son charme.« Dès le premier jour ton regard était déjà assez… explicite. »Julian était un homme qui cachait plutôt mal ses émotions, tout comme elle, mais s’ils avaient tous les deux su être convaincants en essayant de faire croire qu’ils restaient de marbre face à l’autre il ne se serait strictement rien passé.« Tout comme moi je ne t’imagine pas sans ton honnêteté et tes compliments quotidiens. »S’il y avait bien une chose dont il ne pouvait pas s’empêcher c’était ça, de la complimenter, cela avait pour avantage de lui prouver que son taux d’intérêt ne baissait pas. Elle savait quand disant cela elle l’encourageait à la complimenter lors de leurs prochaines entrevues, mais c’était quelque chose qui restait du domaine du flirt innocent, peu poussé alors elle n’y voyait pas trop de mal. Il allait lui dire quelque chose qui avait l’air important, mais il l’oublia pour s’aventurer près du stand de glaces.« Eh oui je ne me lasse pas des bonnes choses ! Jamais. »Dit-elle en faisant un sourire en coin, en sous-entendant que passer du temps avec lui faisait partie de ces bonnes choses. Suite à sa demande il s’empressa de lui proposer de goûter à sa glace.« Quelle générosité ! »Si la demoiselle n’avait pas déjà une glace dans sa main, ils auraient très bien pu faire un remake de la belle et du clochard en remplaçant les spaghettis par la glace, hélas le contexte ne s’y prêtait pas. Elle entrouvrit sa bouche, mais fini par se retenir de lui décrire la scène qu’elle venait de s’imaginer.« Juste un peu alors sinon mon coach va me tuer ! » Il trouvait qu’elle s’était quelque peu relâchée ces derniers temps, mais en même temps elle avait déjà tellement de choses à faire, il était normal qu’elle saute quelques parties de son programme. Madison passa furtivement près de sa glace, elle en prit une petite bouchée avant de se reculer.« Pas mauvaise. »Dit-elle en se léchant les babines.« Tu veux tester la mienne ? »L’on pourrait croire que la jeune femme cherchait un moyen indirect de rentrer en contact avec la salive de son ancien amant, mais il n’en était rien. Un animal vint s’incruster dans la scène, un chiot qui ne l’avait pas regardé une seule seconde.« Non j’ai compris pourquoi il était venu vers toi, parce qu’il s’agit d’une femelle. » Allégua-t-elle avec une pointe de mauvaise foi, il était facile de mettre la raison de son succès là-dessus.« Oui il m’arrivait de garder le chien de ma voisine, mais elle a déménagé. »Julian lui expliqua que son frère s’était acheté un Husky récemment.« Oh alors tout s’explique ! Peut-être que tes chaussures sont imprégnées de son odeur. »Madison était ravi d’entendre qu’il envisageait d’adopter.« Lorsque l’on met les pieds dans mon refuge on est obligé de craquer, et non pas qu’une fois donc tu y trouveras forcément ton bonheur. » Le chien fut appelé par sa maîtresse, il finit par s’en aller après plusieurs appels consécutifs.« J’y suis depuis presque un an et demi, c’est la première chose que j’ai faite après avoir emménagé à Brisbane, je tenais à le faire parce que je n’avais pas trop eu le temps de le faire à Sydney et à mes précédentes villes, je bougeais trop. Maintenant je suis posée ici et je n’ai pas de raison d’en partir pour le moment. »
« Ne va pas croire que je te mets dans le même sac que lui hein. » Julian sourit pour remercier la jeune femme. Il espérait bien qu’elle ne pensait pas ça de lui. Mais au fond, cela le faisait quand même réfléchir un peu. Pour lui, il avait toujours été le « gentil » de l’histoire et Lauren la « méchante ». Mais ça, c’était son point de vue. Qu’en était-il du sien ? Et qu’en serait-il des yeux d’une tierce personne ? Après tout, on avait aussi imposé ce mariage à Lauren. Sauf qu’elle avait essayé de faire des efforts pour que ça marche et pour rendre Julian heureux. Lui s’était contenté de râler et de la tromper dès qu’il en avait eu l’occasion. Il ne pouvait que se rendre à l’évidence : il n’y avait ni gentil ni méchant, ni entièrement bon ni entièrement mauvais, tout n’était que nuances de gris en ce bas monde. « C’est vrai, elle n’en saura jamais rien. » confirma-t-il sans hésiter. Il l’avait décidé depuis longtemps, de ne jamais en parler à Lauren. Pour ne pas lui faire de mal, pour ne pas la briser. Pour ne pas non plus que la réputation de Madison en souffre et que cela mette en péril sa carrière. Et maintenant qu’il allait travailler avec Eireen, il ne pouvait pas non plus être lui-même au cœur d’un scandale. Cela resterait à jamais son secret, du moins il l’espérait. Madison poursuivit de l’encourager quant à sa future collaboration avec son amie et les futurs affrontements qu’il aurait avec Milena. Il la remercia d’un sourire sans toutefois reprendre la parole, se plaindre ne changerait rien de toute façon. Il se passera ce qu’il se passera tout simplement. Sans qu’il ne comprenne trop pourquoi ni comment, la conversation dériva sur leur rencontre. Et ce n’était pas pour lui déplaire, cela lui permettait de se remémorer de nombreux bons moments passés en compagnie de l’anglaise. « Dès le premier jour ton regard était déjà assez… explicite. » Il haussa des sourcils, intrigué. « Ah bon ? » L’avocat ne savait pas que ses yeux étaient si expressifs, ni que Madison l’avait percé à jour si rapidement. D’un côté il espérait que cela ne l’avait pas intimidé au tout début. Mais d’un autre côté, cela voulait dire qu’elle avait quand même accepté de travailler pour lui et donc qu’elle n’était pas non plus indifférente à ce moment-là. La jeune femme poursuivit en énumérant deux traits de caractères assez marqués chez Julian. Mais ce n’était pas un reproche ni quelque chose de négatif, au contraire. Et cela lui fit plaisir d’entendre cela, très plaisir même. Elle avait raison en plus, il était bien trop honnête avec elle sans parler de tous les compliments qu’il pouvait lui faire. Mais c’était elle qui le faisait se sentir comme ça, tout simplement. L’espace d’un instant, il eut envie de l’embrasser. Ses yeux se posèrent sur les lèvres pulpeuses de la jeune femme et il lui sembla presque impossible d’y résister. Mais il dut s’y résoudre et il trouva la force de le faire. En d’autres circonstances il se serait laissé aller, mais ce n’était pas le moment – malheureusement. Enfin ils se levèrent et finirent par se retrouver chacun avec une glace en main. « Eh oui je ne me lasse pas des bonnes choses ! Jamais. » Le sous-entendu était clair et le message bien passé. Julian laissa échapper un rire amusé, Madison savait elle aussi être forte à ce petit jeu de séduction lorsqu’elle s’y mettait et ce pour son plus grand plaisir. « Je sais, ma bonté me perdra ! » plaisanta-t-il en lui tendant son cornet pour qu’elle y goûte. Puis elle lui proposa à son tour. « Bien sûr. » Et vint à son tour lécher la glace de celle qui était encore son amante il y a peu. « Hum… je pense que je préfère la tienne. Ouais, je prendrai ça la prochaine fois. » dit-il en se concentrant sur sa propre glace. Leur ballade fut interrompue par l’arrivée surprise d’un chiot absolument adorable. Et qui en plus rendait Madison jalouse car c’était sur Julian qu’il s’était précipité. « Quelle mauvaise foi ! J’ai un meilleur feeling avec les animaux que toi, accepte-le. » continua-t-il de la taquiner en la narguant. « Oh, d’accord. » Il ne trouvait rien d’autre à ajouter concernant sa voisine et le déménagement de celle-ci. « Et si je préfère repartir avec celle qui s’en occupe ? » dit-il en plongeant son regard chocolat dans le sien. Pendant qu’il flattait la tête de l’animal, celui-ci fut appelé par sa maîtresse et s’éloigna rapidement dans sa direction. L’avocat se releva et adressa un sourire poli à celle-ci alors qu’elle regardait dans leur direction. « C’est une bonne chose je trouve. Il faut faire des choses qui nous passionnent et nous intéressent. Et puis avec tous les animaux qui peuvent être abandonnés, j’imagine que tu n’es pas de trop. » Sans plus attendre, Julian et Madison reprirent leur marche à travers le parc tout en mangeant leurs glaces. « Donc tu habites à Brisbane, tu as vécu à Londres et à Sydney aussi apparemment. Tu es passée par d’autres villes ? » demanda-t-il avec une réelle curiosité. « Et pourquoi as-tu quitté Londres ? Tu ne voulais pas faire ta vie là-bas ? » continua-t-il en tournant la tête vers elle. Il avait remarqué qu’elle semblait toujours un brin nostalgique quand elle parlait de l’Angleterre, comme si elle voulait y retourner. Il voulait donc en savoir un peu plus sur les raisons qui l’avaient amenée ici, à l’autre bout du monde.
La conviction avec laquelle il disait que sa fiancée ne saura jamais rien de ce qu’il s’était passé entre eux était peut-être un peu trop grande, elle le savait très bien capable de réagir sous le coup des émotions et de tout balancer dans un élan de colère, après tout il s’était révélé particulièrement blessant avec elle alors elle imaginait très bien ce que cela pouvait donner avec la scénariste. Cependant, l’organisatrice d’événementiel n’avait pas envie de se prendre la tête avec lui, de tout gâcher parce qu’il pourrait croire qu’elle doute de lui, jusqu’à maintenant il s’était montré discret, peut-être même plus qu’elle, Eireen était plus ou moins au courant qu’elle avait fricoté avec un homme engagé, ce qui n’était pas forcément le cas de ses amis à lui. Heureusement qu’elle s’était montrée plus sage à ce sujet maintenant qu’elle ne le voyait plus régulièrement, être loin de lui ne l’empêchait pas de penser à lui mais ça avait au moins le mérite de la rendre moins bavarde à son sujet. Elle ne savait pas comment ils avaient fait pour ne pas se rendre prendre jusque là, seul Jamie et son œil de lynx avait su déceler qu’il y avait quelque chose entre eux dès le début. « Oui je pense que si tu étais resté plus longtemps à mon anniversaire, tu aurais éveillé les soupçons de tout le monde et pas seulement ceux de Jamie. » Il n’aurait pas été le seul coupable, Madison l’avait regardé partir au lieu de se concentrer sur ses invités, des invités qui ne s’étaient pas rendu compte de la chose parce qu’ils discutaient beaucoup entre eux. Les yeux de l’avocat dérivèrent furtivement sur ses lèvres, avant de se remettre dans le droit jamais, chose qui prouvait qu’elle avait bien fait de se lever, le monde qui les entourait sur le chemin l’aidait certainement à se retenir. Néanmoins ne pas avoir de contact physique avec lui ne l’empêchait pas de faire des sous-entendus, des sous-entendus qu’il n’ignorait pas au vu de son rire, les deux anciens amants ne pouvaient pas totalement chasser le naturel. Le benjamin des Grimes regretta de ne pas avoir pris le même parfum qu’elle, elle ne pu s’empêcher de le taquiner là-dessus. « Toujours aussi incapable de faire des choix réfléchis décidément ! » Elle disait ça, mais dans le fond il savait très bien qu’elle avait apprécié qu’il dérive du chemin qu’on lui avait tracé au château, qu’il se soit emparé de ses lèvres sous le chandelier, en y repensant qu’est-ce qu’elle avait aimé le faire tourner en bourrique lors de leurs deux premiers rendez-vous. Il la taquina à son tour, profitant du succès qu’il avait auprès du petit chien, il essaya une fois de plus de la rendre jalouse, mais c’était encore moins convainquant que la première fois. « Tu veux essayer de me faire gober ça alors que tu arrives à peine à détacher tes yeux de moi ? Tu n’es pas du tout crédible mon cher. » De toute manière la demoiselle était bien plus intéressé par son animal que par lui, la preuve elle ne le laissait même pas le flatter longtemps. « Personne n’est jamais de trop dans les associations. Tu n’as jamais fait de bénévolat ? »L’anglaise ne l’imaginait pas là-dedans, on lui avait beaucoup trop inculqué l’importance de se faire beaucoup d’argent pour cela, au point qu’il n’accepte pendant des années d’être avec une femme qu’il n’aime pas pour garder son héritage, mais elle savait qu’elle pourrait tenter de lui faire faire un peu de bénévolat à son refuge.« Oui je suis passée par d’autres villes, j’avais envie de me faire un carnet de relations assez important et de voir du pays, si peu de villes australiennes sont connues internationalement. » Comme beaucoup d’autres villes d’autres pays d’ailleurs, seuls les États-Unis pouvaient se targuer d’avoir un grand nombre de villes connues, ce qui était bien dommage parce qu’elle trouvait plus de charme aux autres cultures et architectures qu’aux froides métropoles américaines, qu’elles trouvaient surfaites avec leurs immenses tours dénuées d’originalité.« J’ai toujours vécu dans mon patelin, avec mes parents je ne voyageais que très peu, j’allais quelques fois en France mais c’était tout. Je n’aimais pas vraiment l’ambiance dans laquelle je travaillais à Londres, j’avais beaucoup trop de pression et je me doutais bien que je n’aurais pas pu me retrouver à la tête d’une entreprise rapidement là-bas… On va dire que c’est mon ambition et mon envie de m’évader qui m’ont poussé à venir ici et puis quitter la grisaille de Londres ça fait tellement de bien, sans compter que ça m’évite de repenser à de mauvais souvenirs. » Elle n’avait jamais réussi à détacher les cabines rouges téléphoniques de l’événement traumatisant qu’elle avait vécu, passer à côté de l’une d’entre elles lui donnait toujours de sueurs froides. « Et toi pourquoi avoir quitté les États-Unis pour venir ici ? » Il lui semblait bien qu’il ne le lui avait jamais dit. En attendant sa réponse elle continua de dévorer sa glace, jusqu’à ce qu’elle ne pense à ce qu’il s’était passé juste avant qu’ils ne soient interrompus. « Et qu’est-ce que tu voulais me dire tout à l’heure, avant que l’on ne soit interrompus ? »
Julian était persuadé que Lauren ne serait jamais au courant de son histoire avec Madison. Jamais. C’était simple, il avait deux bonnes raisons pour qu’elle ne le sache pas. Tout d’abord, cela causerait énormément de soucis à Madison vis-à-vis de son image et de sa réputation. Il ne voulait pas qu’elle se retrouve à mettre la clé sous la porte, il ne se le pardonnerait jamais. La deuxième raison, c’est qu’il ne voulait pas faire souffrir Lauren tout simplement. Hors, si elle l’apprenait elle le vivrait plus que mal – à juste titre. C’est pourquoi il savait qu’il ferait tout son possible que cela ne s’ébruite jamais, même sous le coup de la colère. Après, on ne pouvait jamais être sûr de rien ni à l’abri de tout. L’anglaise lui expliqua ensuite qu’elle avait tout de suite compris qu’elle ne le laissait pas indifférente puisque son regard n’avait jamais caché l’effet qu’elle lui faisait. L’avocat fut un peu surpris de cette confession mais ne put qu’admettre qu’elle avait raison, quand elle était à côté de lui c’était plus fort que tout, il était obligé de la fixer et de laisser son esprit vagabonder en revoyant certaines images de son corps nu encore et encore. Ce n’était pas de sa faute si elle était aussi désirable. « Ça aurait pu être amusant. » En y repensant il était parti bien trop vite. La maison de ce cher Jamie semblait si grande et spacieuse, que Julian était persuadé qu’ils auraient pu s’éclipser le temps de régler leur affaire. Il n’aurait pas dit non, bien au contraire. Et encore moins maintenant. Depuis que leur relation était devenue platonique, il avait l’impression de ne pas avoir assez profité d’elle du temps où ils faisaient ce qu’ils voulaient. Ils finirent par se lever pour marcher un peu avant de s’arrêter pour acheter des glaces. La bonne ambiance était au rendez-vous entre les deux anciens amants, et leur dispute ne semblait être qu’un passé lointain. Mieux, ils se permettaient même de plaisanter sur ça ou encore de faire des sous-entendus, ce qui était plutôt bon signe pour la suite. Elle se permit même de le taquiner quant au choix du parfum de sa glace ce qui le fit rire. « Que veux-tu, certaines choses ne changeront jamais. » C’était dans sa nature d’agir sur une pulsion. Toute sa vie avait été rythmée comme ça, Julian faisait ce qu’il voulait quand il voulait. Cela s’était arrêté quand il n’avait pas eu le choix de se mettre avec Lauren ni même de choisir un autre métier qu’avocat, mais désormais il souhaitait redevenir le jeune homme fougueux et rebelle qu’il avait été. Et son histoire avec Madison en était la preuve, puisqu’il s’était jeté sur elle dans le château, bien trop attiré par elle pour rester dans le droit chemin. Puis il s’amusa d’elle encore une fois, mais comme à son habitude l’anglaise trouva la bonne façon de lui répondre en lui disait qu’elle avait remarqué qu’il ne la lâchait pas du regard. Il se contenta de sourire, simplement. Elle avait raison, il ne la lâchait pas des yeux. Elle lui avait manqué, et elle lui manquait toujours. Mais ce n’était pas le moment de parler, alors le silence était la meilleure option. « Non, jamais ! » Travailler gratuitement, ce n’était pas trop ce que son père lui avait appris. Mais ce n’était pas le seul à blâmer, Julian était doté d’un cerveau et il aurait pu entreprendre cette démarche par lui-même. Son père n’était pas responsable de tous ses défauts. Ce serait bien trop lâche de penser ainsi. « Tu n’as rien laissé au hasard on dirait, tu voulais vraiment réussir. » dit-il impressionné par la natif de Londres. Elle était drôle, observatrice, intelligente, ambitieuse, belle, sexy, prévenante… avait-elle seulement un défaut ? Il n’en trouvait pas en tout cas. Et surtout pas son magnifique sourire ni son visage radieux. « Je comprends. Il faut quand même avoir pas mal de courage pour quitter son cocon et aller à l’autre bout du monde ! Mais c’est que tu en avais besoin. Et puis sans ça je ne t’aurais pas rencontrée alors je ne vais pas me plaindre. » Pendant qu’ils parlaient, les deux jeunes gens avaient repris leur avancée dans le parc tout en finissant leurs glaces. Il ne restait d’ailleurs presque plus rien à manger de celle de Julian qui semblait ne pas en avoir mangé depuis de lustres, ce qui était le cas d’ailleurs. Madison venait de piquer sa curiosité en lui évoquant de mauvais souvenirs mais il ne savait pas s’il était en droit de lui demander de quoi il s’agissait. Il savait d’expérience que la jeune femme était secrète sur certains points et qu’elle préférait ne pas en parler pour éviter de recasser de mauvais souvenirs. Alors ne voulant pas gâcher ce moment, il préféra ne rien demander en espérant qu’elle ne prenne pas cela pour du désintérêt. « Je venais d’obtenir mon diplôme, et j’étais avec Lauren depuis un an. Mon père me mettait la pression, pour rejoindre son cabinet et me marier. Un de ses partenaires à Sydney a entendu que le dernier fils du fameux avocat Grimes venait d’être diplômé et il m’a proposé de venir faire mes armes chez lui, j’ai pas hésité trop longtemps. Comme ça je pouvais faire mes preuves tout seul sans être à la bonne de mon père, et en m’éloignant je pouvais retarder la date du mariage. » expliqua-t-il d’une traite. A force de se plaindre de son père, Madison allait finir par penser que c’était un horrible homme. Et elle n’aurait pas faux, avec ce que Julian avait appris de la part de Sean il y a quelques temps. Il regrettait encore moins d’être parti ni d’aller contre son mariage, de toute façon il attendait que son père lui fasse une remarque pour lui avouer qu’il était au courant désormais et qu’il ne le laisserait plus jamais avoir d’influence sur lui ni Sean ou Milena. Puis Madison lui demande de continuer ce qu’il voulait dire avant que le vieil homme ne leur propose des glaces. « Oh ça, ce n’était rien d’important ni de très intéressant… » L’avocat était un peu gêné, sur le moment il voulait le dire mais maintenant il avait l’impression que c’était trop tard. Mais il ne lui suffit de croiser les yeux de la brune qu’une fois pour chasser cette idée. « Je voulais te dire que j’ai vraiment eu peur de te perdre la dernière fois, je pensais que plus jamais on ne se parlerait. Et ça m’a fait un électrochoc de ressentir ça, c’est grâce à toi que j’ai décidé de reprendre le contrôle de ma vie… et c’est pour toi. Tu m’as manqué Madison, tu me manques toujours. C’est très nouveau pour moi ce sentiment de manque, mais je ne peux plus nier qu’il est bel et bien présent… » Il ne savait pas ce qu’il cherchait en lui racontant ça, mais il essayait juste d’être le plus sincère possible comme il le lui avait promis. Ce n’était pas facile pour lui d’avouer tout ça, alors il préféra éviter son regard autant que possible, pour éviter de voir ce qu’elle pensait. Il ne cherchait pas à le reconquérir en lui disant tout ça, c’était encore trop tôt, mais il ne pouvait pas non plus lui mentir. Il tenait à elle, plus qu’à n’importe quelle autre femme qu’il avait connu.
« Ce qui est drôle c’est qu’Eireen ne se soit jamais doutée de rien alors qu’elle nous connaît tous les deux… elle aurait pu tomber sur nous, on a quand même eu un peu de chance. » Son amie n’avait pas la perspicacité de Jamie ou ne la connaissait pas assez pour savoir comment elle regardait un homme pour lequel elle craquait vraiment, ses yeux ne mentaient jamais. « Je n’aurais pas été le centre de la soirée on aurait très bien pu faire quelque chose. » Dit-elle malicieusement. Elle aimerait lui faire promettre qu’à son prochain anniversaire ils feraient quelque chose ensemble, mais elle n’avait pas envie de lui mettre une quelconque pression, cette date était lointaine de toute manière, s’il ne plaquait pas sa fiancée avant qu’elle n’arrive c’est qu’il ne le fera jamais. Lorsqu’il lui dit que certaines choses ne changeraient jamais, son sourire fut quelque peu fade parce qu’elle ne pouvait s’empêcher que les côtés négatifs ne changeraient peut-être jamais, eux aussi. Elle essaya de chasser ces vilaines pensées pour profiter du moment présent, un moment qui ne risquait pas de se reproduire très souvent. Elle lui parla d’un sujet dont elle ne lui avait jamais parlé, ce qui lui permit de le connaître un peu plus.« Je vais te faire travailler gratuitement au refuge moi, tu n’auras pas le choix. » C’était une peine bien gentille à côté de celles que son père lui avait imposées. Madison lui parla de ce qu’elle avait fait avant de le rencontrer, ce qui impressionna le jeune homme. « J’aurais très bien pu suivre la consigne d’une de mes cousines, qui était de trouver un homme riche à mon école privée et de l’épouser, mais j’avais plus d’ambitions que ça ! Je ne me voyais pas attendre bêtement que la roue tourne, il fallait que je la fasse tourner moi-même. »Elle avait eu une vie si routinière avant d’atteindre sa majorité, maintenant elle pouvait faire presque tout ce qu’elle voulait et c’était bien mieux ainsi. Il ne lui demander pas de détails sur ses mauvais souvenirs, il devait se douter que cela tournerait au vinaigre comme la fois où ils étaient tous les deux sur la route, elle était soulagée qu’il ne le fasse pas. La brunette continua de manger sa glace pendant qu’il se lançait dans un petit monologue. « Tu as bien fait de venir ici alors vu que tu as retardé ton mariage de plus de deux ans, tu as atteint ton but. Ton père était aussi comme ça avec ton frère et ta sœur ? Il leur a aussi imposé d’être avocats ? Avec qui ils devaient se marier ? »Elle avait le pressentiment que non, si ses souvenirs étaient bons il était l’enfant le plus rebelle, celui qui devait être puni pour être remit à sa place. « Qu’est-ce que ça aurait été si tu avais été fils unique, il aurait voulu te garder près de lui pour te surveiller h24 et tu serais marié à l’heure qu’il est. » Il était rare que les familles aisées n’aient qu’un unique enfant, c’était surtout le cas de ceux qui s’étaient séparés, ce qui n’avait pas l’air d’être le cas de ses parents à lui, même s’il ne parlait pas beaucoup de sa mère voir pas du tout. « Et ta mère dans tout ça ? Elle n’a jamais voulu ton bonheur avant tout ? »L’anglaise avait l’air d’être bien naïve de dire ça, mais elle avait envie de croire qu’au moins un de ses parents avait un bon.« Qu’est-ce qu’elle fera quand elle apprendra que tu ne veux plus te marier ? »Si ce n’était pas une femme à la botte de son mari, elle le soutiendrait sûrement un minimum. Elle se remémora qu’il fut empêché de dire quelque chose, il lui dit que ce n’était rien d’important mais elle le fixait tellement qu’il ne put s’empêcher de lui dire la vérité. Madison l’écouta attentivement et ne regretta pas d’avoir un peu insisté pour savoir ce qu’il avait sur le cœur.« Je… » La main de la jeune femme frôla la sienne, elle était à deux doigts de la saisir, mais elle ferma les yeux et se reprit.« Je suis heureuse d’avoir eu un impact positif, de t’avoir convaincu de reprendre le contrôle de ta vie. » Rebondir sur le reste était quelque chose de difficile, comment lui répondre en toute amitié ? Cela sonnerait tellement faux, est-ce qu’elle devait faire impasse là-dessus ? Ne pas lui répondre quand il faisait preuve de sincérité était finalement trop demandé. « Je n’arrivais pas à concevoir ma vie à Brisbane sans toi, je n’y arrive toujours pas, la preuve je ne t’ai pas envoyé bouler à Starbucks. »Elle afficha un sourire en coin. « Je ne pourrais jamais être sincère en te disant que je veux que tu t’en ailles, même sous le coup de la colère, même si je peux avoir l’air convaincante quand je suis de mauvais poil. »Madison était une mauvaise menteuse, mais quand elle était énervée elle pouvait avoir l’air très crédible. En même temps qu’ils parlaient ils s’avançaient, ils finirent par se retrouver face à un grand manège rouge et doré. « Oh ! On dirait celui sur lequel je montais petite à Londres. » S’exclama-t-elle les yeux pétillants. Elle termina sa glace tout en le regardant en détails, remarqua qu’il n’y avait pas que des enfants et qu’il y avait un appareil photographiant automatiquement les passagers. « On ne sortira pas de ce parc avant d’avoir fait un tour de ce manège, je te préviens. »Dit-elle le plus sérieusement possible.
« Peut-être qu’elle n’essaye pas de se mêler de la vie des autres et donc qu’elle n’a pas fait attention à certains détails qui auraient pu nous tromper ! Tant mieux d’un côté, je n’aime pas faire mentir les gens pour moi. » Julian se serait senti très mal à l’aise de demander à Eireen – ou à n’importe qui d’autre – de garder le secret et de faire comme si de rien n’était. Il n’aimait pas embarquer les autres dans des combines un peu foireuses, alors s’il pouvait les épargner c’était l’idéal. La remarque de Madison – malicieuse – fit sourire l’avocat. « C’était exactement ce à quoi je pensais. » répondit-il avec tout autant de malice et de franchise. C’était assez étrange de pouvoir plaisanter avec Madison sur ce genre de sujet, ou même de tout simplement se rappeler de certains faits. Il pensait que ce serait plus difficile, qu’il devrait vraiment faire attention à ne pas faire du gaffe. Mais c’était tout le contraire, l’anglaise elle-même se permettait ce genre de commentaires. Elle aussi semblait avoir tourné la page et c’était tant mieux. Il ne remarqua pas le sourire effacé de la jeune femme, étant lui-même dans ses propres pensées. « Pour toi, ça ne me dérange pas de travailler gratuitement. » sourit-il. Elle pouvait le payer autrement aussi, mais il préféra ne pas rajouter ce détail – il avait déjà atteint son quota de sous-entendus salaces pour la journée. Et puis, il n’allait pas se plaindre de passer du temps entouré d’animaux mignons et de Madison quand même. La brune lui expliqua d’ailleurs qu’une de ses cousines lui avait conseillé de se trouver un homme riche et de l’épouser pour avoir la belle vie. « Ta cousine a l’air sympa ! » plaisanta-t-il. Il était d’accord avec ce qu’elle lui disait, il ne la voyait pas non plus faire ça de sa vie. Madison était bien trop intelligente et indépendante pour être sous le joug d’un mari riche. « Rassure-moi… tu n’en as pas après mon argent ? » demanda-t-il faussement sérieux avant de se mettre à rire. Il savait pertinemment qu’elle n’était pas superficielle, elle lui avait déjà fait la remarque. Au contraire, il se demandait parfois si elle n’aurait pas préféré qu’il ne soit pas aussi fortuné qu’il ne l’était. La jeune femme finit par lui demander pourquoi il avait quitté les États-Unis pour l’Australie. Il décida de tout lui raconter en détails sans rien omettre. « Ouais, sur ce point j’ai réussi. » En effet, il avait retardé le mariage depuis plusieurs années. Assez longtemps même pour comprendre qu’il ne le voulait pas et pour trouver le courage de ne pas le faire. « Non, c’était différent avec eux. Milena a toujours été sa chouchou, elle a son caractère de gagnante et elle est épanouie par son métier d’avocat. Sean n’a jamais vraiment déçu notre père, sauf quand il a choisi d’être huissier plutôt qu’avocat… mais notre père n’avait pas grand-chose à lui reprocher. » Et puis, Sean était devenu trop grand et trop costaud pour se faire frapper encore. « Je suis le seul à qui il a imposé un mariage. Parce que Lauren a mon âge, c’était plus logique qu’elle soit avec moi que Sean. De toute façon, Sean avait déménagé à Los Angeles… Et puis, je pense que c’était un moyen pour lui d’asseoir son emprise sur moi. Puisque j’ai pas mal été déviant durant mon adolescence, il voulait me prouver qu’il avait encore ce pouvoir sur moi j’imagine. » C’était un portrait très sombre qu’il faisait de Robert, malheureusement il n’en rajoutait même pas. On ne choisit pas sa famille, comme on dit. « C’est sûr. » Madison avait raison, ça aurait été l’enfer. C’est lui qui aurait été battu, qui aurait eu toute la pression, qui n’aurait pas eu le droit de décevoir. Il aurait dû rester à New-York et serait déjà marié depuis longtemps. D’un autre côté, peut-être qu’il n’aurait pas supporté ça et qu’il ne serait plus de ce monde aujourd’hui. « Concernant mamma, dit-il en italien, c’est tout le contraire en fait. Tout ce qu’elle veut c’est notre bonheur. Et tu sais, on dit que la fin justifie les moyens… alors elle pense que nous imposer sa vision du bonheur vaut le coup si on est heureux à la fin. Elle nous aime énormément, peut-être trop même. Je ne lui reproche rien. » se contenta-t-il de dire. Même si Julian avait connu quelques tensions avec sa mère, elle était sacrée pour lui et il tenait à elle plus que tout. C’était tout de suite à elle qu’il avait pensé quand Sean lui avait appris la violence de leur père, il s’était tout de suite imaginé leur mère subissant la même chose… mais a priori ce n’était pas le cas, seul Sean avait été victime de Robert. La journée était plutôt riche en informations et c’était loin d’être fini. Madison avait remarqué l’hésitation du jeune homme et en avait profité pour l’inciter à parler, ce qu’il fit après avoir croisé son regard. L’organisatrice sembla surprise par son honnêteté, elle ne s’attendait sûrement pas à ce qu’il lui avoue tout ça. Leurs mains se frôlèrent et l’avocat tendit le doigt pour essayer de s’en emparer, avant de se raviser en même temps qu’elle. Elle lui expliqua d’abord qu’elle était heureuse d’avoir joué ce rôle dans sa vie, et il lui sourit en guise de réponse. Il ne la connaissait que depuis quelques mois mais elle avait déjà eu plus d’impact que n’importe qui sur lui c’était sûr. Puis ce fut à son tour de se confesser. Elle lui raconta qu’elle n’imaginait pas vivre ici sans le voir et sans l’avoir dans sa vie, pour preuve elle parla de son comportement au Starbucks. Elle avait raison, le brun avait été surpris qu’elle reste assise à l’écouter au lieu de lui ordonner de partir. Il ne pensait vraiment pas qu’elle lui laisserait une chance de s’expliquer. Les paroles de la jeune femme le touchaient en plein cœur et Julian ne sut quoi lui répondre, ne voulant pas se contenter de répéter la même chose ni de brûler des étapes en l’embrassant. Heureusement le destin leur proposa une autre alternative puis qu’ils arrivèrent sur une place où se trouvait un grand manège qui attira l’attention de Madison. Il la regarda s’émerveiller avec un sourire amusé sur le visage. Elle était absolument craquante à être heureuse comme une enfant, le regard brillant. « Puisque tu ne me laisses pas le choix… le dernier arrivé au manège est un looser ! » Et il se mit à courir en direction du manège, Madison sur ses pas. Ils en profitèrent pour faire plusieurs tours et s’amuser avec innocence, oubliant les soucis du quotidien et les problèmes d’adultes. Le temps fila à une vitesse incroyable bien que le monde sembla s’arrêter autour d’eux. Lorsqu’ils descendirent du manège, ils allèrent voir la photo d’eux qui avait été prise durant leur tour. Puisqu’elle était belle, l’avocat l’offrit à l’anglaise. Puis ils se mirent doucement à marcher en direction de la sortie du parc, continuant de parler de tout et de rien et de faire connaissance. Ils avaient énormément appris l’un de l’autre en une après-midi, presque plus qu’en plusieurs mois de relation cachée. Comme quoi, parfois il suffisait simplement de prendre du recul pour en profiter. Mais surtout, Madison avait entrouvert une porte qui donnait de l’espoir à Julian. Rien n’était perdu encore, et les lendemains s’annonçaient heureux.