L’ambiance du stade promet une belle rencontre. Tout le monde crie ou bien chante pour encourager les deux équipes qui vont bientôt s’affronter. C’est agréable de se dire que parfois, le sport peut être vraiment fair-play et non pas juste une compétition qui peut tourner au dérapage comme ça peut être le cas parfois. C’est toute la beauté de la chose non ? Quand l’esprit d’équipe est là. C’est tout ce à quoi Cora pense tandis qu’elle s’avance pour rejoindre la tribune VIP pour observer le match. Si ce n’était pas aussi enfantin, on pourrait presque croire qu’elle sautille tout en y allant tant elle est de bonne humeur. C’est qu’il ne lui faut pas grand-chose. Et puis aujourd’hui, c’est Camberra qui joue, aka sa ville natale. Donc forcément, elle s’est mise aux couleurs de l’équipe avec de la peinture sur les joues et l’outfit qui va avec. La jeune femme ne fait pas les choses à moitié quand il s’agit de sa ville, bien qu’elle l’ait quitté il y’a des années aujourd’hui. C’est un peu sa façon bien à elle de signaler son appartenance à l’endroit. Et puis, c’est sa façon d’honorer papa qui ne ratait pas un match et de revisiter les souvenirs d’avant, quand y’avait qu’eux trois avec Finn en train d’encourager les joueurs, avant que maman fasse d’elle une star. Même de repenser à cela, ça ne fait pas disparaître le sourire de la jeune femme qui prend place en même temps que des milieux d’autres. Le siège à ses côtés est vide, elle l’observe avant de tourner le regard vers l’entrée pour guetter l’arrivée d’Ezra. Il n’est pas en retard, pourtant ça fait tout drôle à Cora que pour une fois, ce soit elle qui soit là en première. D’ordinaire, on la voit débarquer à toute allure et essoufflée. Pour une fois, elle fera bonne figure donc. C’est alors qu’il entre, elle aperçoit ses cheveux blond et aussitôt elle commence à lui faire signe à venir s’asseoir à côté d’elle. « Hey ! » lance t-elle avec son énergie habituelle. « C’est bien que tu aies trouvé. Je t’ai gardé ta place. » Elle prend conscience sur le moment qu’elle a l’air quelque peu, peu commune dans son outfit aux couleurs de l’équipe. « Ah oui, on est là pour soutenir la capitale. Pas un mot sur leur stats de la saison. » dit-elle en sachant qu’ils sont mauvais, c’est pas ça l’important à ses yeux.

La dernière fois qu’Ezra s’est rendu à ce stage, c’était avec son neveu car Cora avait reçu des places en trop pour un match de la saison et qu’elle les lui avait gentiment passé pour qu’elles ne soient pas gâchées. Aujourd’hui, c’était avec Cora que le jeune homme venait profiter du match, et il était content. Le courant passait bien avec la jeune femme, et Ezra adorait aller voir les matches sur place - l’ambiance est bien meilleure que lorsqu’on regarde à la télé. Pour une fois, il n’est pas parti trop tard de chez lui si bien qu’il n’est pas en retard, chose plutôt exceptionnelle pour cet éternel fâché de la ponctualité. La seule partie galère qu’il rencontre, c’est au moment de trouver une place sur le parking qui commence déjà à être bien rempli. Quelques instants de plus et il n’aurait probablement trouvé de place - ou pas à moins de plusieurs centaines de mètres, et il avait hâte de poser ses fesses dans les gradins. L’ambiance était déjà bien présente lorsqu’il pénétra dans l’enceinte du bâtiment, ce qui eut le don de lui mettre directement le sourire aux lèvres. Une bonne ambiance annonçait en règle générale une bonne rencontre, et c’était sûrement ce que toutes les personnes présentent ce soir attendaient. La partie la plus dure de la soirée s’annonçait maintenant: trouver là où Cora avait pris place. C’était que foule était présente et que la visibilité devenait de plus en plus critique. Elle lui avait indiqué la porte, et Ezra était maintenant en train de parcourir les gradins du regard. Heureusement, Cora a une chevelure qui ne passe pas inaperçue, et après quelques minutes de recherche Ezra tomba dessus. Elle lui fit un geste de la main et le voyant et le sourire d’Ezra s’agrandit. « Hey ! C’est bien que tu aies trouvé. Je t’ai gardé ta place. » Plus Ezra avançait et plus il pouvait se rendre compte au final que Cora se trouvait dans la zone VIP - chose qui ne lui était jamais arrivé à lui. Une grande première donc. Il lui fit un baiser sur sa joue avant de s’asseoir à ses côtés. « Il est vrai que j’aurai pu deviner pour les tribunes VIP, mademoiselle. » Il lui fi un petit clin d’oeil avant d’enlever sa veste, étant à l’abris du vent maintenant. Il reporta ensuite son attention sur la tenue de Cora. Elle ne lui ressemblait pas. « Qu’est-ce que… » « Ah oui, on est là pour soutenir la capitale. Pas un mot sur leur stats de la saison. » Ezra leva un sourcil interrogateur. « On va voir un match Canberra - Sydney et tu veux que je trahisse ma ville ? Même pas en rêve, jeune fille, ce sera Sydney pour moi ! » Il sortit alors de son sac à dos une écharpe aux couleurs de la ville ainsi qu’une pancarte en tissu pour soutenir l’équipe de Sydney. Il trouvait ça plutôt chouette, au final, de ne pas supporter la même ville que Cora, ça allait rajouter encore un peu de piment au match. « Et puis si, on parle des stats de Canberra, c’est une catastrophe cette saison franchement ! Bientôt, on va devoir les déclasser ! »

Elle fait de grands signes à son encontre, vrai qu’elle aurait peut-être dû lui signaler où ils allaient se placer. Mais ça semble tellement évident pour elle – d’une façon humble toutefois – qu’elle ne pourrait pas savoir avec d’autres supporters, de peur de créer un mouvement de foule. « Il est vrai que j’aurai pu deviner pour les tribunes VIP, mademoiselle. » Elle lui répond avec un sourire, un peu gênée, même si la remarque ne se voulait pas offensante pour un sou. C’est toujours un peu gênant pour elle d’être traitée différemment des autres, mais c’est une question de sécurité et elle ne peut pas faire grand-chose contre ça. « ça évite la fouille au corps. » mentionne t-elle pour installer une atmosphère détendue tandis qu’Ezra se met à l’observer bizarrement. « Qu’est-ce que… » Quelque chose cloche avec sa tenue ? Peut-être n’était-il pas préparé à la voir dans un accoutrement digne d’un hooligan. Elle lui annonce alors supporter la ville de Camberra. Avec férocité en plus. « On va voir un match Canberra - Sydney et tu veux que je trahisse ma ville ? Même pas en rêve, jeune fille, ce sera Sydney pour moi ! » Et merde, il pouvait pas être de Brisbane non ? Elle fait une mine offusquée quand il se met à sortir son écharpe aux couleurs de Sydney, juste pour la blague avant de sourire, faisant mine d’être plus amusée  qu’autre chose par la situation. En un sens, ça rajoute un peu de fun de savoir qu’ils n’ont pas du tout les mêmes équipes dans le cœur.  « Et puis si, on parle des stats de Canberra, c’est une catastrophe cette saison franchement ! Bientôt, on va devoir les déclasser ! » Ses yeux s’ouvrent en grand. Il n’a pas osé. Elle tente de ne pas montrer qu’il ait raison. De toute façon, elle s’en fiche un peu, c’est pas ça le sport pour elle. « Chut ! » dit-elle en pressant son doigt sur ses lèvres. « Si on devait tous supporter les équipes avec les meilleurs résultats, on supporterait tous la même. Ce serait vachement ennuyeux. Au moins Camberra reste dans le classement et c’est un bel exemple de dépassement de soi qu’il faut applaudir. » Elle entre un peu dans un débat sur le fair-play, tout ça. En vrai, c’est juste pour ne pas avoir à lui dire qu’il a raison. Cora est têtue. Elle tourne alors la tête pour observer les supporters qui chantent avant d’ajouter. « Et puis, si on a une belle rencontre. » Elle ne tient pas en place sur son siège, il faut dire que, c’est un crime de rester là quand on est en tribune VIP. « Tu veux pas qu’on s’avance sur le bord ? On verra mieux de là. » Bon, en fait si on reformule sa question, c’est plus un ordre gentiment prononcé qu’une demande. Cora ne tiendra pas en place quoi qu’il arrive et elle préfère autant qu’il reste à côté d’elle s’ils doivent regarder et commenter le même match.

« ça évite la fouille au corps. » Ezra lui sourit alors gentiment avant de la détailler. Lorsqu’elle lui confirma qu’elle ne supportait effectivement pas la même équipe que lui, il fit une mine faussement débitée avant de s’habiller aux couleurs de sa ville à lui: Sydney. S’il avait vécu une bonne partie de ses trente-et-une années à Brisbane, le jeune homme était bien né à Sydney, comme tous ses frères et sa soeur. C’était donc normal et naturel pour lui de supporter Sydney face à Canberra ce soir. Ce qui n’était pas le cas de Cora, mais ça ne rajoutait qu’un côté amusant à la situation. Car même s’ils n’allaient pas s’empêcher de faire quelques remarques tout au long du match, Ezra savait qu’ils n’en seraient pas vexés - si tout se passait comme prévu. Il se permit alors de faire quelques commentaires sur les statistiques de saison de l’équipe de Canberra. « Chut ! » La réaction de Cora lui arracha un sourire franc. « Si on devait tous supporter les équipes avec les meilleurs résultats, on supporterait tous la même. Ce serait vachement ennuyeux. Au moins Camberra reste dans le classement et c’est un bel exemple de dépassement de soi qu’il faut applaudir. » Et plus Cora parlait, plus Ezra devait se retenir de rire. D’un côté, elle n’avait pas tord, si toutes les équipes étaient fortes et tout ce qui s’en suivait, ce ne serait même plus drôle et il n’y aurait même plus d’enjeu. « J’applaudirai Canberra le jour où ils réussiront à vaincre Sydney. Et… Ce n’est jamais arrivé princess. » « Et puis, si on a une belle rencontre. » Ezra a un petit rire avant de se concentrer sur les joueurs qui commençaient à entrer sur le terrain pour s’échauffer. Et s’il arrivait lui à se concentrer en restant sage, ce n’était apparemment par le cas de Cora qui semblait être montée sur ressors. Il attendait juste qu’elle verbalise pourquoi elle ressentait le besoin de bouger comme ça sans arrêt - une envie d’aller au petit coin ? « Tu veux pas qu’on s’avance sur le bord ? On verra mieux de là. » Et à peine avait-elle fini sa phrase qu’elle était déjà debout. Donc ce n’était pas une envie d’aller au petit coin, en revanche elle lui avait gentiment suggéré qu’il n’avait pas le choix. Ezra n’allait pas se plaindre, après tout elle l’invitait à voir un match dans la tribune VIP, chose qui ne lui était jamais arrivé. Donc dans tous les cas, les sièges qu’ils occupaient avant de changer de place étaient déjà bien mieux que tous ceux qu’ils avaient pu tester jusque maintenant. Il n’avait donc réellement aucune raison de se plaindre de quoi que ce soit. Ils arrivèrent alors quelques mètres plus bas au bord de la tribune. Un sourire amusé et fasciné se tenait sur le visage d’Ezra, comme un enfant devant un cadeau de noël. « Et c’est comme ça que t’as vu tous tes matchs toi ? » Il n’en revenait pas. C’était comme si la vision du match prenait une dimension toute autre. Il voyait mieux chaque détail et avait l’impression que l’ambiance sur le terrain le gagnait beaucoup plus rapidement. Il devint alors excité comme une puce, ayant du mal à tenir en place à son tour. « J’ai l’impression que ça va être mon plus beau match ! » Et pourtant, il en avait vu. Il venait au stade depuis tout petit, mais il n’abusait pas lorsqu’il disait que ça risquait d’être un de ses plus beaux matchs. Il n’aurait jamais eu une vue comme telle jusqu’à aujourd’hui. Il tourna alors la tête vers Cora. « Mais je perds pas de vue que Sydney est toujours meilleure. Cependant, un match n’est pas un vrai match sans une bière et un hot-dog. Et tu me dis que t’aimes pas ça, je te renie je crois. Tu viens en chercher avec moi ou tu restes ici en m’attendant ? »

La situation ne manque pas d’ironie. C’est même plutôt amusant malgré la remarque plutôt basse d’Ezra sur les stats de Canberra. Cora préfère en rire. De toute manière, cela reste du sport et une divergence d’opinion pour un sujet si peu important ne mérite pas que l’on fasse autre chose qu’en rire. Elle choisit de louer les principes du jeu, du fair-play et ferait presque tout une discours sur le fait qu’il est plus important de jouer que de gagner et que c’est l’énergie des supporters qui est le plus beau à voir. Bref, elle fait un peu genre pour ne pas perdre la face parce qu’elle sait qu’Ezra n’a pas tort. Mais est-ce que pour autant elle devrait se choisir une équipe plus efficace ? Non. C’était l’équipe de papa et ça s’honore. « J’applaudirai Canberra le jour où ils réussiront à vaincre Sydney. Et… Ce n’est jamais arrivé princess. » Elle lui fait des petits yeux en toute réponse à cette remarque basse. « Il y’a une première fois à tout handsome ! Et le jour où ça arrivera, je serais là pour te mettre le nez dedans. » Elle prend soudainement un ton menaçant, plus pour la blague mais quand même. Le jour où son équipe l’emportera, elle ne manquera pas de le faire remarquer. « En plus, nous sommes allé loin cette année. Ça suffit à me satisfaire. » conclue t-elle alors que les cris dans les tribunes indiquent que les joueurs ont commencé à entrer sur la pelouse. Cora n’ajoute rien, si ce n’est que si le match d’aujourd’hui est top, tout va bien. Elle le pense, que ce qui compte c’est de s’améliorer. Même si elle aimerait vraiment qu’ils gagnent juste pour faire taire Ezra. Maintenant que les joueurs sont sur la pelouse, Cora veut voir, elle n’aime pas rester assise et de toute manière, c’est beaucoup mieux de regarder sur les bords, en tribune vip, au moins on a pas à s’inquiéter des autres. Beaucoup ne sont là que pour le business ou pour le résultat. « Et c’est comme ça que t’as vu tous tes matchs toi ? » dit-il avec un sourire de gosse sur les lèvres. « Seulement depuis que je suis au box office. Avant, c’était comme tout l’monde, j’avais les places pas cher. Ou les épaules de papa. » ajoute t-elle en souriant en y repensant. « J’ai l’impression que ça va être mon plus beau match ! » « Ah ? A cause de la vue ? Tu sais, tu peux m’accompagner à chaque fois que je viens. Mon frère préfère le regarder à la télévision. » Et elle n’a pas foule de monde dans son entourage pour se passionner pour le football. « Mais je perds pas de vue que Sydney est toujours meilleure. Cependant, un match n’est pas un vrai match sans une bière et un hot-dog. Et tu me dis que t’aimes pas ça, je te renie je crois. Tu viens en chercher avec moi ou tu restes ici en m’attendant ? » De la bière ? Elle le regarde un peu surprise sur le moment. Elle n’en a probablement pas bu depuis l’université. C’est drôle soudainement de s’en voir proposé. « Non, ça me plait bien ce programme. J’aimerais bien t’accompagner mais .. » Elle était pas sûre de ne pas attirer l’attention sur elle. Quoique, avec les peintures qu’elle s’est mise sur le visage. « En fait, c’est bon. Je viens avec toi » annonce t-elle énergiquement.

« Il y’a une première fois à tout handsome ! Et le jour où ça arrivera, je serais là pour te mettre le nez dedans. » Ezra leva les mains, comme pour montrer qu’il plaidait innocent. « Ca me va ! » Même si la voix de Cora avait appuyé ses paroles d’un façon un peu plus rude qu’à l’accoutumé, il savait que ce n’était que pour la blague alors il ne s’offensa pas de si peu. « En plus, nous sommes allé loin cette année. Ça suffit à me satisfaire. » Le stade commençait à se chauffer, ce qui suffit à donner des étoiles dans les yeux d’Ezra, comme lorsqu’il voyait les cadeaux au pied du sapin de noël lorsqu’il était gamin. Il alla même jusqu’à proclamer qu’il allait surement s’agir du meilleur match qu’il ait pu voir, rien que pour la vue qu’offrait leurs places du jour. « Ah ? A cause de la vue ? Tu sais, tu peux m’accompagner à chaque fois que je viens. Mon frère préfère le regarder à la télévision. » La tête d’Ezra se tourna rapidement vers Cora, comme s’il venait d’entendre une merveille. « Faut pas me le dire deux fois, tu vas en avoir marre que je t’accompagne ! Surtout que oui, j’ai toujours cet air d’enfant quand je vais voir un match, mes frères adorent se moquer de moi à cause de ça d’ailleurs. » Ezra proposa à Cora ensuite d’aller chercher de la bière et des hot-dogs. C’était sa petite habitude à lui, ça. Cora, c’était les tribunes superbement bien placées, Ezra c’était une bière bien fraiche et un encas. La jeune femme sembla hésiter pendant quelques instants avant de lui répondre. « Non, ça me plait bien ce programme. J’aimerais bien t’accompagner mais .. » Ezra leva un sourcil dans sa direction. « Mais ?.. » « En fait, c’est bon. Je viens avec toi » Le sursaut soudain d’énergie de la part de Cora surprit quelque peu Ezra, mais il se ressaisit rapidement. « Cool ! Viens, faut pas qu’on loupe le début du match ! » Rapidement, ils se frayèrent un chemin vers la baraque à frites - et aux cochonneries qu’on pouvait manger à un match de foot -, et Ezra commença à faire la queue. L’odeur de la friture lui ouvrit rapidement l’appétit. « J’crois que j’vais même prendre des frites avec le hot-dog. Tu voudras quoi toi ? » Il attendit quelques secondes avant de se tourner vers la jeune femme qui ne lui avait pas répondu. Il fronça les sourcils de nouveau. « Cora ? » On aurait dit qu’elle avait le regard vague. Après tout, elle était peut-être simplement perdue dans ses pensées et n’avait peut-être pas entendu qu’Ezra lui avait posé une question. « Tu peux retourner t’asseoir à la tribune si tu n’es pas à l’aise ici tu sais, je t’en voudrais pas. Si c’est ce qui te perturbe. »

Il ne faut quand même pas trop la chercher parce que Cora, elle n’oublie jamais rien surtout quand ça lui donne l’occasion d’avoir raison sur quelque chose, et elle en est bien certaine qu’un jour, la petite équipe de sa ville remportera au moins un championnat. Statistiquement, il faudra bien que ça arrive de toute façon. Faut juste espérer qu’Ezra et elle vivent vieux. « Ca me va ! » dit-il naturellement lorsqu’elle le menace de bien lui remarquer – et de ne pas le laisser oublier – la victoire de Cambera, le jour où celle-ci arrivera. C’est quand même agréable de pouvoir plaisanter sur le sujet, sans que ça ne devienne un débat virulent. Cora n’avait jamais apprécié ces gens qui se sentent obligés de démonter les équipes et heureusement, Ezra n’est pas de ce genre. Raison qui amène la jeune femme à lui proposer de l’inviter plus souvent. Vu son enthousiasme dès l’arrivée des équipes sur le terrain, elle se dit que ce serait une bonne idée et puis, ça ne lui coûte rien à elle de faire plaisir. « Faut pas me le dire deux fois, tu vas en avoir marre que je t’accompagne ! Surtout que oui, j’ai toujours cet air d’enfant quand je vais voir un match, mes frères adorent se moquer de moi à cause de ça d’ailleurs. » A vrai dire, ça l’amuse plus qu’autre chose, elle lui répond en haussant les épaules. « Tu pourras leur répondre qu’ils peuvent se moquer, toi tu accès à tous les matchs en tribune vip maintenant. » Vilà qui serait suffisant pour les moucher. Bien que, à écouter Ezra, elle l’envie un peu d’avoir des frères qui le charrient. Jamais elle n’aura ce degré de relation avec Finn ou Bryn. De toute manière, jamais elle n’aura l’occasion de se poser devant un match avec eux. Finn ne voudra pas. Et Bryn n’a pas vraiment eu l’occasion de connaitre les samedis match avec papa. Ezra la sort de ses pensées dès qu’il lui propose de partir se chercher à manger. Elle hésite un instant. Dans cette tribune, elle est sûre de ne pas attirer l’attention ou bien que personne ne voudra la prendre en photo, mais aussitôt sortie. On ne peut pas prévoir. Néanmoins, elle ne voudrait pas faire la star ou même paraître coincée alors que ça n’est pas dit que quelqu’un la remarquera. Après tout, son visage est maquillé et elle peut toujours cacher sa chevelure avec une casquette. C’est pourquoi elle accepte, même si ça la préoccupe un peu. « Cool ! Viens, faut pas qu’on loupe le début du match ! » « Oui ! » répond-telle avant de le suivre rapidement vers la baraque à frite dont l’odeur suffit à lui occuper l’esprit. « J’crois que j’vais même prendre des frites avec le hot-dog. Tu voudras quoi toi ? » Elle ne répond pas. Son corps s’est figé à l’entente de son prénom un peu plus loin derrière elle, et les murmures des autres à son sujet. C’est pas tant que ça la gêne d’ordinaire, mais elle aurait voulue être discrète pour une fois et de se sentir « comme tout l’monde » « Cora ? » « Hum ! » laisse t-elle échapper en levant les yeux vers Ezra. « Tu peux retourner t’asseoir à la tribune si tu n’es pas à l’aise ici tu sais, je t’en voudrais pas. Si c’est ce qui te perturbe. » « Non non, excuse moi. J’étais ailleurs. » Elle se reprend, en s’disant que, on s’en fout de ce qui peut s’dire. « Je vais prendre la même chose je pense, enfin plutôt n coke zéro au lieu de la bière. Je ne voudrais pas avoir à essayer la queue des toilettes. » plaisante t-elle avant de passer commande auprès du vendeur. Elle sourit et tente de faire comme si de rien. Après tout, les gens prendront une photo volée et c’est tout. Ça ne sera ni la première, ni la dernière. Commande en main, elle se remet sur le départ. « Alors, tu es prêt à partir ? » lui demande t-elle tandis qu’ils reprennent la course vers es bruits des tribunes. « Bon, vu que tout l’monde en est à chanter, on aura rien raté, tu connais déjà l’hymne de ton équipe nan ? » dit-elle en riant avant d’être arrêté par une personne venue à leur rencontre. « Bonjour, vous êtes Cora Coverdale non ? » La gêne l’habite. Elle aimerait dire à Ezra d’avancer sans elle, mais elle n’a pas le temps d’en placer une. « Vous pouvez nous faire un petit commentaire sur le match d’aujourd’hui, vous êtes venue supporter Cambera ? » juge t-il en observant sa tenue. « Je suppose que les paris doivent être ouvert entre votre petit ami et vous s’il soutient Sydney, comment est-ce… » « C'est assez pour les questions, maintenant merci de nous laisser profiter du match. Si vous voulez savoir ce que je pense du résultat, vous pourrez me trouver à la fin du match. » ajoute t-elle poliment et fermement avant de reprendre sa route, visiblement agacée. De nouveau derrière la sécurité, elle ne peut s’empêcher de s’excuser. « Je suis désolée pour ce qui ient de se passer. J’avais un peu peur d’être prise en photo, mais d’habitude, jamais on vient me voir directement. »

Cora mit quelques secondes avant de reporter son attention sur Ezra, qui ne voyait pas trop pour quelle raison elle pouvait avoir les traits autant inquiets. Il espérait qu’elle ne faisait pas partie de ses filles qui faisaient trop attention à leur ligne et qu’il ne venait pas de la corrompre pour des dégustations de stade. « Non non, excuse moi. J’étais ailleurs. Je vais prendre la même chose je pense, enfin plutôt n coke zéro au lieu de la bière. Je ne voudrais pas avoir à essayer la queue des toilettes. » Un sourire s’étira alors sur les lèvres d’Ezra. « Pas de soucis ! » Et ils adressèrent alors leurs commandes au vendeur, avec qui Ezra se mit directement à échanger quelques-mots. S’il n’était pas bavard quand la conversation le concernait de trop près, lorsqu’il fallait parler banalités il était parfois le roi. « Alors, tu es prêt à partir ? » Ezra échangea un dernier mot avec le vendeur sur le match qui allait commencer avant d’attraper sa bière - qui était décidément plus remplie que la moyenne. « Yes, c’est bon ! » Cora et lui reprirent le chemin menant à leurs places, Ezra tentant tant bien que mal de ne pas renverser sa bière sur les têtes qu’il pouvait croiser. La dernière fois que Thomas avait fait ça, il en avait eu pour une bonne dizaine de minutes de négociations avec l’arrosé pour pouvoir s’en sortir - il ne savait pas s’il aurait la patience de le faire maintenant alors que le match était sur le point de commencer. « Bon, vu que tout l’monde en est à chanter, on aura rien raté, tu connais déjà l’hymne de ton équipe nan ? » « Attends, bien sur que je le connais ! C’est une des premières chansons que j’ai connu par coeur en étant enfant. On ne rigole pas dan… » Ezra finit par s’arrêter de parler et d’avancer en remarquant que la présence de Cora à ses côtés avait disparu. Fronçant les sourcils tout en faisant toujours attention à sa bière, il se tourna légèrement pour voir que la jeune femme discutait avec un homme. Ezra était sur le point de revenir sur ses pas pour venir voir si tout allait bien mais il n’eut pas le temps que déjà Cora congédiait l’homme en question en revenant d’un pas décidé vers lui. Ils finirent leur course jusqu’à la tribune sans un mot et d’un pas vif. Ce fut seulement lorsque la sécurité fut dépassée que Cora reprit la parole. « « Je suis désolée pour ce qui vient de se passer. J’avais un peu peur d’être prise en photo, mais d’habitude, jamais on vient me voir directement. » Ezra fronça de nouveau les sourcils alors qu’il posait son diner improviser sur son siège pour être sûr de ne pas faire de catastrophe. « Etre prise en photo ? » Regardant d’où il venait, il n’aperçue aucun appareil à portée de vue. Et après, ses neurones se remirent en fonctionnement. « Ah oui ! Parfois j’oublie que t’es connue partout en ville. » Il accompagna ses paroles d’un sourire un peu idiot. Ezra, il était comme ça. Qu’importe qui étaient les gens, lui il passait du temps avec ceux qui étaient sympas et amicaux. « Et il t’a dit quoi l’autre idiot là ? Celui qui t’a arrêté. » Il avait à peine fini sa phrase qu’une gorgée de bière était venue prendre place en bouche. Il avait soif, et puis maintenant son verre ne menaçait plus de se renverser au moindre coup de vent.

Le chant de supporter de son équipe a beau retentir dans tout le stade, Cora n’a qu’en tête l’échange qu’elle vient d’avoir avec ce journaliste. Elle n’aime jamais trop être interrogée quand ça n’est pas prévu, c’est-à-dire lorsqu’elle n’est pas là pour promouvoir une association ou un film, quelque chose dans ce goût-là. Là, elle est dans un moment privé et elle n’aime pas qu’on fouine de ce côté-là, même si elle n’est jamais à l’abri. Ezra revient vers elle, et s’excuse auprès de lui du désagrément, même s’il n’a pas eu à rencontrer le journaliste en question, elle est certaine qu’il l’a remarqué. Ils arrivent à leurs sièges quand elle commence à expliquer. « Etre prise en photo ? » Elle acquiesce. Ça ne semble pas voyant au premier coup d’œil, mais avec les smartphones et autres appareils, c’est bien réel. « Ah oui ! Parfois j’oublie que t’es connue partout en ville. » Eeeet oui ! Parfois, elle l’oublie aussi, mais les réseaux sociaux le lui rappellent régulièrement et même là encore, elle est assez habituée et ça reste bien différent de la presse. . « Et il t’a dit quoi l’autre idiot là ? Celui qui t’a arrêté. » Elle s’assied à sa place, son diner sur les genoux, elle hésite un peu à en parler, parce que peut-être qu’elle imagine le pire sans que ça ne soit grave. Elle joue un peu avec la nourriture avant de se décider à expliquer. « C’était un journaliste, il m’a d’abord demandé ce que je pensais du match qui va se jouer. Ce serait presque banal en fait, sauf que… » Elle s’arrête un peu, en se demandant si ça peut valoir le coup de s’alarmer pour un échange de quelques secondes. « Après, il m’a parlé de toi. Enfin, il a supposé que tu étais mon petit ami et, je l’ai coupé, mais je m’inquiète un peu qu’il insiste. Puis, je me dis que y’a des chances qu’on nous ait pris en photo, ça ne me dérange pas quand y’a que moi mais là » Ouais, dit à haute voix, ça semble un peu probable qu’il y’ait des problèmes qui découle de cet échange. Elle devrait arrêter de vouloir gâcher le match. « Je me fais peut-être du soucis pour pas grand-chose, on a pas parlé longtemps mais si jamais quelqu’un vient te voir, ne dis rien » Elle préfère le mettre en garde, sûrement pour rien mais on est jamais trop sûrs de rien et puis, ça ne fera que rappeler à Cora qu’elle apprendre à faire plus attention à ses proches quand elle sort.

Ezra resta là, pendant quelques secondes, à attendre que Cora trouve l’envie, le courage ou les mots - selon ce qu’elle semblait chercher avant de parler. Il se demanda d’ailleurs s’il n’avait pas posé une question qui fâchait, comme il était plutôt du genre gaffeur à poser des questions qui mettaient les gens mal à l’aise. « C’était un journaliste, il m’a d’abord demandé ce que je pensais du match qui va se jouer. Ce serait presque banal en fait, sauf que… » « Sauf que ?.. » Sourcil élevé, la voix d’Ezra n’était ni pressante ni pressée, juste il voulait continuer de l’encourager à poursuivre, maintenant qu’elle avait commencé à parler. « Après, il m’a parlé de toi. Enfin, il a supposé que tu étais mon petit ami et, je l’ai coupé, mais je m’inquiète un peu qu’il insiste. Puis, je me dis que y’a des chances qu’on nous ait pris en photo, ça ne me dérange pas quand y’a que moi mais là » Un sourire tendre se tira sur les lèvres d’Ezra. « Je me fais peut-être du soucis pour pas grand-chose, on a pas parlé longtemps mais si jamais quelqu’un vient te voir, ne dis rien » Et ce sourire s’agrandit avant qu’il ne vienne mettre une bonne portion de frites dans sa bouche. Il ne lâcha pas Cora du regard pendant tout ce moment, comme pour voir si elle voulait ajouter autre chose ou si elle avait réussi à extérioriser toutes ces craintes suite à cette entrevue. Ezra finit alors rapidement sa bouchée. « T’as pas à t’inquiéter pour moi tu sais. J’veux dire, c’est mignon hein.. » Il tourna son regard en direction du fameux journaliste qui semblait toujours les avoir à moitié pour cible. Il avait l’air plus que pathétique à faire genre il ne les regardait pas, derrière sa casquette à l’effigie d’une équipe qui ne jouait même pas sur le terrain ce soir. Alors, un grand sourire allant de paire avec l’air idiot qu’il savait bien prendre, Ezra agita la main en direction de l’autre gars, une salutation moqueuse. Il ne resta pas longtemps la main en l’air, mais assez pour que l’autre gars comprenne qu’ils n’étaient pas idiot. « Il semble pas avoir assez les couilles de venir nous parler jusqu’ici au pire, on sera tranquille pendant le match comme ça. » Et il prit alors une nouvelle gorgée de bière, comme si de rien n’était. Il était trop crédule par rapport à ce domaine pour se douter que les journalistes étaient encore plus des rapaces que ce qu’on pouvait entendre dire et que si ça se trouvait, il devait de se mettre un pétrin qui n’existait pas jusqu’à temps qu’il interagisse avec l’autre gars comme un idiot. « Mais je dirai rien, promis. » Il fit un petit clin d’oeil à Cora avant de se concentrer sur le match dont le coup d’envoi aller se donner dans les secondes qui allaient suivre.

Tout l’enthousiasme de la journée semble être subitement retombé. C’est pas tant à cause de son court entretien avec ce journaliste, c’est plutôt parce que ses questions l’embêtent et l’inquiètent, vis-à-vis d’Ezra. Elle craint le pire. Elle a appris à se méfier des journalistes quand ils viennent l’interroger dans sa sphère privée. Elle est blindée en ce qui concerne les articles sur elle et les photos pouvant être interprétée de façon à nourrir les potins mais voilà, elle est mal à l’aise dès qu’il s’agit d’afficher avec elle une personne qui n’a rien demandé à personne. Elle tente de l’expliquer à Ezra, de le prévenir qu’il doit faire attention et lui faire savoir en avance qu’elle est désolée du désagrément. En tout cas, à le voir s’empiffrer de frite en souriant niaisement à son histoire ; il n’a pas l’air inquiet du tout. C’est déjà une bonne chose et ça participer à faire relativiser Cora un petit peu, peut-être qu’elle s’inquiète pour rien, encore. « T’as pas à t’inquiéter pour moi tu sais. J’veux dire, c’est mignon hein.. » lui dit-il, en tentant de la rassurer sur ce qui pourrait lui arriver à lui, ce qu’elle peut dire, c’est qu’il a vraiment l’air confiant parce qu’au moment où il lève a main pour saluer le dit journaliste, le rouge monte aux joues au joues de Cora qui sent la panique l’envahir. « Mais ! T’es fou ! » dit-elle en observant la scène qui se joue entre les deux hommes. « Il semble pas avoir assez les couilles de venir nous parler jusqu’ici au pire, on sera tranquille pendant le match comme ça. » Oh, mais c’est pas ça qui lui fait peur. C’est l’après. Elle s’apprête à ouvrir la bouche pour argumenter, mais se rétracte rapidement en s’disant qu’elle n’allait pas gâcher le match sur un simple mauvais pressentiment. Rien ne disait qu’il allait se passer quelque chose. « Mais je dirai rien, promis. » ajoute t-il, comme s’il avait senti que l’inquiétude de Cora n’allait pas disparaître en un instant. Elle lui fait un sourire pour lui faire comprendre qu’elle allait se détendre, avant de piocher une frite dans son cornet. Le match ne va pas tarder à commencer et alors que le coup d’envoi va être donné elle ajoute. « Si jamais un truc sort de l’ordinaire, tu m’appeleras ? » Juste pour être sûre de le savoir si quelque chose est à prévenir. Aussitôt qu’Ezra lui répond, elle concentre son attention sur le match devant, prête à saluer la victoire de son équipe.