Il avait mal. Il serrait les dents mais il savait que la douleur n'allait pas partir aussi facilement. Il ne voulait pas encore l'admettre mais il avait besoin de soins. Seulement, il n'avait pas encore de couverture social et donc, il était dans l'incapacité de payer les éventuels soins médicaux. Mais il devait trouver quelque chose pour faire passer la douleur. Pendant un instant, il avait pensé à aller dans une pharmacie ou un petit drugstore comme il en existait à Chicago et dans toutes les villes américaines. Sauf que oui, encore un problème : il n'avait plus son portefeuille. Il avait du tomber dans la bagarre et l'un des mecs présents l'avaient sûrement récupéré. Son séjour à Brisbane s'annonçait très bien. C'était ironique bien sûr. Rien n'allait comme il le voulait. Comme il le souhaitait. C'était même pire que ça. Enfin, il n'était pas non plus le genre à se plaindre. Pour l'instant, il essayait juste de reprendre son souffle. Ses côtes lui faisaient mal. Il réfléchissait à ce qu'il pouvait faire. Pas grand chose étant donné qu'il avait perdu son portefeuille et qu'il ne retrouvait pas la carte magnétique de sa chambre d'hôtel. Il devait quand même retourner. Il ne pouvait rien faire d'autre. Sauf qu'il se rendait compte qu'il avait vraiment besoin de soins. Il n'avait pas seulement le nez douloureux, la lèvre fendue, c'était plus que ça. En même temps, cette baston avait été terrible. Au début cela avait été marrant, moins quand une dizaine d'autres clients s'en étaient mêlés. Maintenant Kael savait qu'il ne pourrait plus remettre les pieds dans ce bar au risque de se faire reconnaître. Dommage, ce pub était bien. Et c'était le seul endroit qu'il avait trouvé à Brisbane où il se sentait bien et où il ne pouvait pas rencontrer cet autre Harrington. C'était compliqué. Enfin, là sur le coup il savait qu'il n'avait pas d'autres choix que d'aller à l'hôpital. Il avait du mal à faire cinq mètres tout seul. C'était un peu difficile pour lui donc de revenir à l'hôtel qui se trouvait à plus de cinq kilomètres de l'endroit où il se trouvait. Il fouilla ses poches tout en prenant une rue parallèle. Il savait que l'hôpital se trouvait dans ce coin. Peut-il qu'il pourra s'arrangeait avec l'accueil s'il n'avait pas assez d'argent sur lui pour payer la consultation. Surtout si c'était une nana, il pourrait toujours lui faire du charme. En tout cas l'idée lui traversa l'esprit quand il se rendit compte qu'il avait finalement, moins de cinquante dollars sur lui. Bon peut-être qu'une consultation, c'était peut-être ce point. A voir. Il entra donc dans le hall de l'hôpital. Il y avait pas mal de monde malgré l'heure tardive. Il se dirigea vers l'accueil où une dame d'un certain âge, avec un tricot bleu sur les épaules était entrain de remplir un papier. « Excusez-moi... » La dame en question leva son visage sur lui. Il devait pas être très beau à voir. Quelques ecchymoses sur le visage, un peu de sang ici et là qu'il avait tenté d'essuyer avant son entrée dans l'hôpital. Mais bon après tout, on ne venait pas à l'hosto quand tout allait bien non ? « Je pourrais voir un médecin ? » La dame qui répondait au nom de « Denise », comme il était noté sur son badge lui expliqua qu'il n'était pas le premier et que s'il voulait se faire soigner, il fallait attendre. Lui demandant au préalable s'il était en urgence vitale. Euh... ouais peut-être s'il avait une commotion cérébrale ou ce genre de truc... Mais ça se voyait ça en inspectant les yeux ? Il était pas nécessaire de faire un scanner ou autre... « J'ai juste besoin d'un check-up. » « Vous avez une couverture sociale ? » La question qui fâchait. « Bientôt. Mais j'ai de quoi payer la consultation. » Il croisait les doigts mentalement tout en lui montrait les billets qu'il remit ensuite dans la poche arrière de son pantalon. « Un médecin va venir vous voir. En attendant, remplissez ce formulaire. » Elle lui donna une feuille et un crayon. Kael s'en empara avant de se diriger vers un siège de libre. Il s'installa avant de commencer à remplir le papier. Une adresse ? Il n'en avait pas encore. Il doutait que celle d'un hôtel soit apprécié. Mais il n'avait pas trop le choix là. Il avait quand même fini par tout remplir, comme il le pouvait. C'était à dire, qu'il n'y avait pas grand chose de noter. Étant donné qu'il n'avait pas son passeport, pas de carte d'identité... Ça réglait pas mal de questions.
Une petite garde de nuit aux urgences. C'était une parmi tant d'autres. Ils manquaient de titulaires aux urgences ce soir là. Alors oui, Andrew s'était porté volontaire. Ce qui voulait dire pas de chirurgie pour lui ce soir-là. Mais c'était pas grave. Parce qu'il en faisait souvent. Et que ... Et bien, que ça ne le dérangeait pas autant que cela de ne pas mettre les mains à l'intérieur de quelqu'un. Ca changeait, en quelque sorte. Et ça faisait du bien de changer. Et ça lui montrait qu'il pouvait aussi être utile en étant aux urgences. Il l'était, quand il était en haut, à travailler sur les gens, à les opérer. Et rester sur une opération pendant plusieurs heures pour être sûr que le patient allait finir par s'en sortir. Du genre à s'acharner ? Oui. Il avait fait ça au Mali. Et il continuerait à le faire. Il était comme ça. Parfois il gagnait, parfois il réussissait, mais c'était pas toujours évident à dire vrai. Il était têtu. Un peu comme Duncan d'ailleurs. Enfin, passons. Il traînait dans les couloirs des urgences, jetant un coup d'oeil à quelques externes et internes en médecine qui pouvaient avoir besoin d'un coup de main. "Tu vois. Pour recoudre une plaie sur un crâne dans le genre ..." Andrew s'était tourné et il avait récupéré une espèce de petite agrafeuse. Une agrafeuse médicale. C'était assez pratique. Et utile. "Il se raserait le crâne, oui, il faudrait prendre le temps de lui faire des points. Mais là, on a des patients qui s'entassent dans la salle d'attente." Et hop, en deux coups, l'homme avait son crâne recousu. "Allez, allez, il va falloir se bouger et me vider la salle d'attente. Sinon, on va dire que j'suis un charlatan et on ne va plus vouloir que j'fasse des gardes de nuit aux urgences." Ce qui l'embêterait parce qu'il aimait bien les urgences mais bon. Il pouvait pas, non plus passer son temps aux urgences. Quoi qu'il le faisait d'une certaine manière. Puisqu'il s'occupait des gros trauma qui arrivaient avant de les monter pour les ouvrir. Mais passons. Et tandis qu'il marchait, Andrew remarqua ce jeune. Qui était assis. Et qui semblait avoir passé un sale quart d'heure mine de rien. "Oulà ... J'ai l'impression que t'as passé une mauvaise soirée mon gars." Et pas qu'un peu. "Mauvais endroit au mauvais moment ?" lui demanda Andrew, un poil curieux. Après, ça le regardait pas vraiment mais bon. Il attrapa, dans le fond de sa poche, la petite lampe qu'il avait afin de regarder ses yeux. "Quelqu'un s'occupe de toi ou pas encore ?" Ouais, il était comme ça Andrew. Il connaissait pas vraiment les gens mais il les tutoyait assez souvent. Même ses patients. "Bon allez, on va aller s'trouver une salle." Andy ou le docteur cool quand il s'promenait dans les couloirs des urgences. La vie était moins stressante quand il avait pas la vie de quelqu'un entre ses mains.
Il avait un peu oublié la notion du temps en restant dans cette salle d'attente. Il aurait même songé à dormir un peu, parce qu'il devait être deux ou trois heures du matin. Sauf que la douleur aux côtes l'empêchait de fermer l’œil. Il se contentait de jeter un regard ici et là, tout en crayonnant le verso de sa feuille d'admission. Un dessin qui représentait les côtes australienne avec un couché de soleil. Ces derniers temps, il n'avait pas eu trop le loisir de dessiner. Et là comme il n'avait rien de plus intéressant à faire, il avait laissé son crayon slalomer entre différentes courbes sur la feuille. C'était dans ce genre de moment que sa famille lui manquait et qu'il avait un méchant coup de blues. Il se demandait ce que faisait ses sœurs. Si Kiara avait toujours des difficultés en lecture. Si Klea avait eu son stage ou si Kara lui faisait encore la tête. A ce moment-là, il entendit une voix forte près de lui. Il leva son regard sur l'inconnu et il découvrit un médecin. Aux mots de ce dernier, il répondit alors, tout en se redressant. « Pas vraiment, elle était plutôt bonne jusqu'à ce que les choses dérapent... » Il l'observa prendre une lampe et Kael ajouta alors qu'il s'approchait à nouveau de lui. « Je dirais plutôt que c'était un contre tous. » Enfin deux mais Nik l'avait laché à un moment de la soirée. Lui aussi, il était dans un sale état. Mais il avait refusé de venir à l'hôpital. Kael avait réussi à en coller plusieurs à terre mais il n'était pas un surhomme et à un moment de la bagarre, il s'était éclipsé hors du bars. Il reprenait son souffle quand il s'était rendu compte que Nik n'était plus là et qu'il avait perdu son portefeuille dans l'histoire. « Non. On m'a demandé d'attendre ici. Je n'ai pas encore de couverture sociale, donc je ne suis pas prioritaire. » Autant expliquer tout de suite la situation. Il n'était pas là pour faire la totale, juste un petit check up et avoir un calmant si possible. Après il essaierai de voir comment il peut faire pour rentrer à l'hôtel. Enfin, il allait sûrement devoir aller au commissariat pour déclarer la perte de son portefeuille. Kael était surpris ensuite que le doc l'invite à le suivre. Enfin, il n'allait pas s'en plaindre. Il se leva alors en grimaçant un peu puis il récupéra sa veste qu'il avait retiré de ses épaules et sa feuille d'admission qu'il donnait au doc alors qu'il marchait à ses côtés dans le couloir.
C'était pas vraiment son boulot ... de s'occuper de blessures sans gravité. De s'occuper de plaies ouvertes minimes. Pas son genre de faire des points de suture. Lui, il faisait pas vraiment dans la dentelle Andrew. Il ouvrait des thorax. Et trifouillait à l'intérieur des corps pour ... Et bien, pour réparer ce qu'il y avait à réparer. Mais là, pour une fois, il ferait autre chose. Ca le changerait un peu. Et ça lui permettrait ... peut-être de tenir une conversation avec un patient. Parce qu'en règle générale, avant qu'il se charge d'opérer, Andrew n'avait pas vraiment l'occasion de discuter avec ses patients. Parce qu'il devait faire des actes d'urgence. Opérer en urgence la plupart du temps. Là, il ferait autre chose. Ce qui n'était pas plus mal. "Ca arrive souvent. Tout se passe bien dans le meilleur des mondes et bam ! Y'a un truc moche qui arrive et auquel on s'attendait pas vraiment." Andrew savait de quoi il parlait. Il avait été dans des situations des plus étranges. Des plus difficiles. Tout commençait bien. Et bang, dans les minutes qui suivaient, ça dégénérait. Comme l'autre jour par exemple. Avec Malia. Il l'avait vu sur la plage. Son coeur n'avait fait qu'un bon dans sa poitrine. Et tout le mauvais de sa journée s'était envolé en un claquement de doigt. Mais ça, c'était jusqu'au moment ... Où ... Et bien ... jusqu'au moment où elle avait fini par lui avouer qu'elle ne se sentait plus en sécurité et qu'elle songeait à repartir. Moche ... Très moche. Andrew n'avait pas envie qu'elle parte. Mais que pouvait-il faire ? Se concentrer sur le travail ... Et essayer de ne pas y penser. Ouais, c'était la politique de la tête dans le sable mais bon. Autant ne pas y penser. En tout cas, personne ne se chargeait du jeune homme. Pas pour le moment. A cause de la couverture sociale. "Rah ... les papiers ... j'dirais pas que c'est de la connerie mais ça empêche l'accès aux soins. Et c'est plutôt pénible." Ca lui faisait penser au Mali. Y'avait pas la paperasse. Et c'était bien plus simple pour soigner les gens. C'était plus rapide. Et moins prise de tête par la même occasion. C'était pénible. Mais ils avaient besoin de ça. Pour ... Et bien, pour payer les salaires. Pour faire tourner l'hôpital. "On va s'installer ... là ..." La salle de suture était libre. Il croisa une de ses collègues infirmières et lui demanda de bien vouloir lui préparer un kit de suture. Histoire qu'il puisse refermer les plaies qui pouvaient être ouvertes. "Tu t'es cogné la tête ? Tu es tombé ? T'as mal à des endroits en particulier ?"
Oui ça il était d'accord avec le toubib. Une soirée pouvait bien débuter et finalement être un véritable fiasco. Cela lui était déjà arrivé. Et cela lui arrivera encore. Quand il y avait une bagarre, Kael n'était pas du genre à se sauver. Non, c'était plutôt le contraire. Donc forcément, il en ressortait avec des ecchymoses et d'autres blessures. Mais jamais rien de bien grave. Sauf que cette fois-ci, il ressentait une douleur lourde au niveau du thorax. Il avait du se casser une côte. Il en était presque certain. Mais là, il devait avoir l'avis d'un professionnel. Et en l’occurrence, de celui qui se trouvait à ses côtés. La soirée avait bientôt bien débuté. Mais voilà, les choses s'étaient vite dégradées et forcément, les coups étaient tombés. Mais ce qui le rassurait, c'était qu'il n'avait pas perdu au change. Les autres avaient morflé eux aussi. Mais eux, ils pouvaient se soigner comme ils le voulaient. Pour Kael, sans couverture sociale, c'était un peu plus difficile. Heureusement, il pouvait toujours passer par la case : dépenses à ses frais. Et c'était le cas à ce moment-là. M'enfin, du moment qu'il pouvait ressortir avec des anti-douleurs, c'était tout ce que l'américain voulait. « Je confirme. Et ça, peu importe le pays. J'ai l'impression que c'est partout la même chose. » Mais il fallait bien ça pour administrer les hôpitaux et autres dispensaires. Aux États-Unis, une mutuelle était un avantage certain mais pour en avoir une, il fallait y mettre le prix. Heureusement, Kael avait toujours bien négocié ce point avec ses différents employeurs. Et ici, cela n'allait pas être différent. Mais il n'avait encore rien reçu donc il devait se montrer patient. L'américain suivait le doc jusqu'à une salle de consultation. Kael posa sa veste près de lui. « Un poing est venu à la rencontre de ma tête. » Ouais il avait reçu un direct du droit sur le côté de son crane. Cela avait coupé son arcade sourcilière. Il avait surtout des coups, des bleus. Le cadreur releva son t-shirt tout en disant : « Là, j'ai une douleur sourde, surtout quand je respire. » Il y avait un beau bleu sur sa peau. Et Kael, même s'il n'était pas médecin, savait ce que cela voulait dire. « Côte cassée, je crois. » Enfin c'était lui le doc. Il savait posé un diagnostic sur les symptômes de ses patients.
Les soirées qui commençaient bien et qui partaient en vrille, c'était la merde mine de rien. Mais il ne pouvait pas y faire grand chose, malheureusement. Et souvent, on voyait débarquer tout ce petit monde aux urgences. Parce qu'ils devaient se faire soigner. Oui, la violence ne réglait pas tout malheureusement. Andrew en avait vu des vertes et des pas mûres. Que ça soit à Brisbane. Mais également quand il était au Mali. Ou encore sur le terrain pendant ses classes. Il n'irait pas jusqu'à dire que c'était l'horreur. Mais parfois, oui. Voir un gamin se faire déchiqueter par une arme lourde, c'était pas drôle. C'était pas génial. Encore moins quand c'était un autre gamin qui venait de tirer. En tout cas, oui, la paperasse, c'était la merde. Andrew aimait pas la paperasse. Quand il bossait aux urgences, il pensait pas toujours à demander les papiers à ses patients. Non pas qu'il oubliait. A dire vrai, il faisait exprès d'oublier. Il prenait son petit sourire en coin et lançait un Oh mince ... j'ai pas l'habitude. J'bosse dans un bloc normalement. Et ça passait. Bon, il avait le droit à quelques remontrances quand même. Mais bon, il n'avait jamais été puni parce qu'il avait agi dans le meilleur intérêt du patient. Il se doutait que sa chance tournerait un jour ou l'autre et qu'il ne pourrait plus faire ça, même si c'était dans l'intérêt du patient mais bon. Enfin. "Malheureusement ... Enfin, c'est pas vraiment pareil dans tous les pays. Faut prendre, par exemple, les pays du Tiers Monde. On s'fait pas chier à tenir des dossiers et on soigne aussi vite que possible. Même si on peut pas toujours les sauver." Ouais. Le Mali lui manquait ? C'était chaotique. Mais c'était une médecine différente. Bien différente de ce qu'il y avait sur Brisbane. Mais ça ne voulait pas dire pour autant qu'il voulait repartir. Non. Ils étaient dans la salle de consultation. Et donc, Andrew allait lui poser deux ou trois questions. Nettoyer les plaies. Et voir s'il avait besoin d'autre chose. Comme une IRM ou bien un scanner. Ou encore même une radio. Ouais, sans doute qu'il en aurait besoin. "Mais pas d'évanouissement donc ? Juste un coup de poing ?" Andrew enfila ses gants et regarda la blessure qu'il avait au front. "Il vous a pas loupé en tout cas. Pas besoin de point par contre. Un coup de chance je dirais." Mais il lui mettrait quand même un petit strap, histoire que ça cicatrise un peu mieux. Il avait pris une compresse afin de nettoyer la plaie tandis que le patient lui parlait d'une douleur qu'il avait au niveau de son torse. Ca lui faisait mal quand il respirait. "C'est pas ton premier rodéo j'ai l'impression, non ?" Ouais, sans doute qu'il avait dû se retrouver dans cette situation, déjà. "A l'inspiration ? Expiration ? Les deux ?" Andrew en vint à récupérer son stéthoscope afin de voir, ou plutôt, d'écouter si y'avait de petits bruits bizarres ou non. Autant éviter qu'il se retrouve avec un poumon perforé ou quoi que ce soit. "Bon, la bonne nouvelle, y'a pas de pneumothorax. La mauvaise nouvelle, c'est que j'vais devoir demander un examen complémentaire. Histoire qu'on passe à côté de rien." Ouais, parce que ça l'embêterait de devoir le garder plusieurs jours à l'hosto parce qu'il avait oublié de vérifier quelque chose.
A entendre le médecin, Kael se rendait compte au fur et à mesure des paroles de ce dernier, qu'il avait du soigner en dehors de l'Australie. Il en mettrait même sa main à couper. Mais là, il ne pouvait pas trop se permettre ce genre de questions. De un, parce que ce n'était pas vraiment le bon moment et de deux, parce qu'ils ne se connaissaient pas. Et ça, ça limitait le nombre de confidences entre deux personnes. « Oui j'avoue. On vit dans des sociétés trop bureaucratisées pour oublier tout ça malheureusement. » Parce que là, lui sans papier il pouvait pas faire grand-chose à part effectuer un petit check-up. Et encore. Quand l'hôpital acceptait de le soigner. Ce qui n'était pas toujours le cas. Aux États-Unis, il fallait surtout avoir une bonne couverture sociale, sinon on restait sur le pas de la porte. Kael avait déjà vu un grand nombre de personnes qui renonçaient à se faire soigner par manque d'argent. « Le pire, vous savez, c'est que dans nos pays, nous avons tout pour être soignés, mais qu'il reste encore un grand nombre de personnes qui n'ont pas accès à ces soins. » Le business était le business. Le cadreur ne concevait pas la médecine comme autre chose. Tu avais de l'argent, tu te fais soigner. Tu n'as pas d'argent, tu prends un cachet et tu vas te reposer en espérant que ça passe. Belle évolution. Enfin, ils n'allaient pas faire un débat sur l'assurance maladie. Ils allaient y passer la nuit. Nuit qui était déjà bien entamée. A la question du toubib, il posa son regard sur lui. « Oui, juste un sacré punch. » Il savait se défendre mais bon, un coup bien placé, ça faisait toujours des dégâts. Il en était la preuve. « Vu la soirée que j'ai passé, j'ai du mal à apprécier cette chance. » Laissa-t-il échapper. « Mais je conçois que ça aurait pu être pire. » Ouais, il était encore debout, sans papier, sans fric mais il respirait. Et c'était tout ce qui comptait. Ça et le fait de se dire qu'il n'avait pas non plus loupé les mecs qui s'étaient mis sur lui. Il songea d'ailleurs à Nick et se demanda ce qu'il foutait en ce moment. Il allait avoir besoin d'avoir une conversation avec lui. « Ça fait longtemps que je n'étais pas monté sur le cheval. » Un sourire s'afficha sur ses lèvres. Oui, il était un peu rouillé. Mais maintenant qu'il bossait, il sortait un peu mois et surtout, en général il était avec ses potes alors il ne tombait pas sur une bande de poivrots qui voulaient lui fendre le crâne. « Et dire que je suis ici depuis un mois seulement. » Soupira le cadreur. Bon accueil. Il grimaça tandis que le doc nettoyait la plaie qu'il avait sur la tempe. « A l'inspiration. » Ce n'était pas vraiment gênant, juste douloureux. L'air passait mais bon dieu que c'était désagréable d'avoir la sensation que l'air s’accrochait à chacune des parois de ses poumons. Au verdict du toubib, il posa à nouveau ses yeux sur lui alors qu'il remettait correctement son t-shirt. « C'est vraiment nécessaire ? Parce que je vous le répéte mais j'ai pas l'argent pour tout ça. » Et il avait pas envie de se mettre dans les dettes alors qu'apparemment, il n'avait rien que des coups. « Je crois que ça ira. Je ferais attention à ne pas faire de gestes trop brusques. » Il redescendait de la table d'auscultation où il était assit puis il ajouta : « Merci. Mais je vais pas vous faire perdre plus de temps. »
La paperasse, la paperasse, et rien que de la paperasse. C'était la merde. Et Andrew n'aimait pas les papiers. Oui, quand il avait une intervention, il se devait décrire un rapport, de faire ses notes et des petites choses dans le genre. Mais il ne passait pas non plus toutes ses journées à écrire. Et heureusement d'ailleurs. Sans quoi ... Et bien, sans quoi, ça serait bien embêtant, y'avait pas à dire. S'il était là, c'était pour la médecine. C'était pour soigner des gens. C'était pour les sauver, s'il le pouvait. Et pas pour s'emmerder avec de l'écriture. C'était pas son truc. Mais il devait faire avec. "Malheureusement ouais. Ca serait bien qu'on puisse se passer de toute cette paperasse et éviter qu'on s'retrouve submerger par celle-ci." M'enfin, ça, il pouvait toujours rêver, pour sûr. Le jeune homme en vint à dire des choses intéressantes, sur le fait que les gens avaient accès aux soins mais que cela ne voulait pas dire pour autant qu'ils pouvaient se payer lesdits soins. "Ouais, c'est encore plus moche ça. Les soins urgents et vitaux devraient être donnés sans aucune contrepartie. Mais j'pense que j'crois trop au monde des bisounours et que ça n'arrivera jamais. Ou alors, pas dans des pays développés." Des pays sous-développés ou en cours de développement, ouais, ça pouvait se faire. La preuve au Mali. Il s'emmerdait pas avec la paperasse. Il s'embêtait pas avec tout cela. Des petites fiches rapides dans le cas où ... Et bien, où les gens revenaient. Et encore, ils pouvaient tout faire sur des tablettes. Des petites fiches rapides avec des indications sur des allergies ou des petites choses dans le genre, et pourquoi ils étaient venus à l'hôpital. Et hop, le tour était joué. Mais non. Fallait remplir des papiers, encore et encore. C'était nécessaire pour que les hôpitaux soient payés et qu'ils puissent continuer à tourner mais bon. En tout cas, Andrew était en train d'ausculter son patient. Pas son job. Il se chargeait, habituellement, des personnes qui arrivaient sur un brancard et il les emmenait à l'étage, en chirurgie. Il avait pas l'habitude de faire la causette avec ses patients puisqu'en règle générale, ils n'étaient pas vraiment en état. Ca changeait un peu. "Bien pire. J'ai déjà vu des gars sortir d'une baston bien plus amoché que ça." Avec des bouts de verre un peu partout ou des choses dans le genre. Ouais, pour sûr, le petit, il avait eu de la chance. Un sacré bol. Et c'était pas donné à tout le monde. Il lui confia, également, que ça ne faisait pas si longtemps qu'il était dans les parages. "A peine un mot et une baston ... Ca aurait pu être pire, faut relativiser." avait-il dit dans un hochement de la tête. Ca aurait pu se produire dès son arrivée. En tout cas, il avait du mal quand il inspirait. "Hmmm ... C'est jamais bon. Va falloir voir quand même avec une radio histoire d'être sûr." Seulement, il ne semblait pas envie de le faire. La radio. Parce qu'il n'avait pas ses papiers sur lui, pas d'argent. "Et tu préfères rentrer chez toi avec peut-être un poumon collapsé et ne plus te réveiller ?" Andrew secoua la tête. "Un acte d'urgence. Et j'ai besoin de vérifier que ça va bien. Donc papier ou pas, argent ou pas, on va aller faire cette radio. Parce que j'ai pas envie qu'on te ramène dans une ambulance dans quelques heures parce que tu seras tout bleu." Ouais, ça serait pas cool. Du tout. Donc, Andrew avait récupéré le fauteuil roulant qui était dans le couloir. "Donc, tu vas gentiment poser tes fesses dans ce fauteuil. On va aller faire un tour à la radio. Et tout dépendra de ce que je trouve, soit je décide que c'est bon et tu peux t'en aller. Soit, ça sera pas le cas." Andrew avait tapoté le fauteuil roulant. "Et j'y peux rien pour le fauteuil. Politique de l'hôpital."
On pourrait se passer de la paperasse dans tellement d'autres domaines. Mais malheureusement, ce n'était pas trop le cas. Il fallait maintenant que tout soit codifié, rangé, agencé. Kael ne pourrait pas faire un boulot administratif. Non, c'était trop chiant pour lui. Déjà il était malade quand il devait remplir sa déclaration fiscale. Alors imaginer qu'il pourrait faire ça toute sa vie, ça ressemblait un peu à un film d'horreur, l'hémoglobine en moins. Le cadreur jeta un œil au doc quand ce dernier parla des soins d'urgence. Il était tout à fait d'accord avec lui. Et il ne pensait pas du tout à son cas, mais à des urgences plus vitales. Un sourire s'étira sur les lèvres de l'américain. « C'est bien d'y croire en tout cas. Même si je pense que c'est un peu trop utopique. » Et comment... Et là il ne parlait pas que des cas urgents. Il constatait souvent que même dans son pays, soi-disant le pays le plus puissant du globe, que des personnes ne pouvaient pas avoir accès aux soins. Pire, que certaines personnes étant atteint de maladies comme le cancer, le sida ou autre, ne pas être capable d'avoir accès aux soins parce qu'ils n'avaient pas de couverture sociale. Ça c'était sûrement le pire. Avoir la capacité d'aider, de soigner, de guérir quelqu'un et ne pas lui laisser l'accès à tout ça. C'était complètement injuste. Et pourtant, il vivait dans un pays développé. Kael esquissa une grimace quand le toubib l'ausculta d'un peu trop près. C'est que c'était un peu douloureux quand même. « C'est exactement ce que ma mère dirait si elle savait tout ça. » Et heureusement qu'elle n'était au courant sinon elle aurait été capable de traverser l'océan pour lui passer un savon dont elle avait le secret. Oui il devait se sentir chanceux de ne pas avoir de commotion cérébrale ou ce genre de chose. Mais là, présentement, il n'était pas en état d'apprécier cette nuance. « Mais je vous assure que d'habitude, j'arrive bien mieux à relativiser. » Oui, Kael n'était pas du genre à se plaindre. Au contraire. Mais c'était une mauvaise soirée. « Seulement, je n'ai pas encore digéré qu'on me pique mon portefeuille et mes papiers. Je suppose que tout le monde a de bons et de mauvais jours. Je dois être dans l'un de ceux-là. » Et pas qu'un peu. Depuis qu'il était en Australie, il avait l'impression de foirer pas mal de choses. Notamment sa relation avec sa jumelle qui ne lui parlait plus. Parce qu'il avait décidé de venir ici. Enfin. Kael soupira un peu quand le médecin lui expliqua qu'il allait devoir faire une radio. Il regarda le médecin puis se décida à s'installer dans le fauteuil en maugréant toute fois. « C'est ça qui me manquait, m'endetter pour une foutue radio. » Parce que bon, il ne pensait pas que ce soit si utile que ça. Quoique s'il en était si certain, il ne serait pas là en ce moment même. « Je crois que je regrette déjà d'avoir pris cet avion. » Enfin pas vraiment. Mais l'américain avait l'intuition que cela allait arriver plus vite que prévu, vu toutes les merdes qui lui arrivaient en ce moment. Il devait avoir un sacré mauvais karma en ce moment. En espérant également que la radio ne dévoile pas de fracture ou ce genre de choses. Sinon il était mal barré. Kael ne pouvait pas rester à l'hôpital. C'était hors de question. Même s'il savait que si sa mère était au courant de tout ça, elle serait vraiment furax et lui ordonnerai sûrement de rester en observation. Mais il en pouvait pas. Il avait un boulot et en ce moment, il passait un peu avant tout le reste.
Il venait de se faire passer à tabac. Relativiser, ça ne devait pas être facile pour lui. Normal après tout. Est-ce qu'Andrew s'était retrouvé dans la même situation que lui ? Peut-être quand il était un peu plus jeune. Mais il s'était pas retrouvé autant amoché. Parce qu'il pouvait compter sur ses potes. Ses potes civils ou bien ceux de l'armée. En tout cas, il allait s'occuper de Kael, qu'importe ce qu'il dise. Il voulait partir. Oui. Il avait pas ses papiers. Ok. Andrew avait compris tout cela. Mais il ne pouvait pas, en son âme et conscience, le laisser partir alors qu'il avait peut-être quelque chose de grave. Ca ne serait pas sérieux. Et surtout, ça ne serait pas professionnel. Il n'avait pas envie de se retrouver, un peu plus tard aux urgences, à devoir opérer, en urgence justement, Kael parce qu'il avait quelque chose de grave et que le jeune homme n'en avait fait qu'à sa tête. Non. Peut-être qu'il était trop méticuleux. Peut-être que Kael irait bien. Mais il ne voulait pas jouer de sa chance. "Ca arrive à tout le monde. Des jours bien et des jours moins bien." avait-il dit dans un hochement de la tête. "Mais faut pas trop s'en faire pour les jours qui partent en sucette. Ca finit toujours par s'arranger. Bon, j'avoue que parfois, ça prend un peu de temps et c'est la galère." Mais bon. Ca irait bien pour Kael. Il grognait. C'est que ça allait bien. "Mais non mais non. Qui a dit que tu allais t'endetter pour une radio ? Tu crois que c'est la première fois qu'un patient arrive aux urgences sans ses papiers et qu'on doivent lui faire une radio ?" Combien de fois Andrew traitait des patients de ce genre chaque semaine ? Chaque mois ? Il ne les comptait plus. "On a plein de John Doe. Et l'hôpital est pas en faillite pour autant. Donc, pour moi, t'es un John Doe comme un autre. Et la prochaine fois que tu reviendras à l'hôpital, avec un peu de bol, t'auras récupéré tes papiers." Ou pas. Mais y'aurait peut-être pas de prochaine fois. Enfin, fallait l'espérer pour lui. "Donc, on arrête de grogner cinq minutes, mister John Doe, on passe cette radio. Le docteur est rassuré et si tout va bien, t'es sorti dans moins d'une demie-heure." Et puis, Kael pourrait se tirer et hop, il n'y paraîtrait plus rien. Enfin, ça, c'était dans la théorie. En pratique, ça pouvait être plus compliqué dans le sens où ... Et bien, il pouvait y avoir un peu d'attente à la radio. Quoi que le manip radio lui devait un service. Donc, hein, il pouvait utiliser ce service là, maintenant, tout de suite. Ca serait un service peut-être mal employé. Et peut-être que le médecin pourrait le regretter mais bon. Si ça pouvait libérer Kael plus vite et qu'il arrête d'être grincheux, pourquoi pas. "Et bien et bien, j'en connais qui ont de la chance. Y'a pas foule." Andrew causa deux ou trois minutes avec le manip radio afin qu'il lui fasse une radio du torse. "A quel nom ?" Andrew pencha la tête légèrement sur le côté. "John Doe. Encore un. Il s'est fait salement amoché. Amnésie temporaire. Ca arrive." Le manip radio eut un sourire. Pas la première fois que le médecin lui sortait cette excuse. Mais après tout, qui était-il pour juger ?
« Oui, sauf que les jours moins bien s'accumulent ces jours-ci. » Enfin, il n'allait pas ennuyer le toubib avec ses histoires. C'était d'ailleurs dans ses habitudes de parler de lui, surtout à des personnes qu'il ne connaissait que depuis quelques minutes. Et il doutait fortement que cela allait s'arranger. « J'en doute. » Au contraire, ça allait détruire sa famille, peu importait la décision qu'il allait prendre au final. C'était impossible que ça ne parte pas en sucette. Sa mère n'allait jamais s'en remettre... Il le savait. On ne pouvait pas se remettre sciemment de ce genre de trahison. Et ça, ça le rongeait de l'intérieur. Depuis qu'il était arrivé, depuis qu'il était à Brisbane, qu'il était proche de son géniteur, de cette seconde vie qu'il a établi ici, de ce second fils qui est là, quelque part. C'était un peu beaucoup pour lui. Lui qui n'avait rien demandé. Son père était absent, et bien il était absent. Il n'allait pas en faire une montagne. Qu'il manquait de respect à sa mère, c'était une toute autre histoire. Et c'était ça, qu'il avait du mal à admettre. Alors peut-être qu'il était un peu plus nerveux que d'habitude. Oui. Il pouvait l'admettre sans problème. Enfin, il laissait le toubib le conduire jusqu'à la radio. Il n'était pas à ça près. Il allait oublier bien vite cette soirée catastrophique. Il écoutait le toubib. Il semblait être habitué à faire ce genre de magouilles. En temps normal, il aurait été plutôt contre, mais là, il n'avait pas trop le choix. Il n'avait pas l'argent pour payer. Pas pour l'instant. Il fallait seulement qu'il refasse ses papiers etc. Cela allait être long. Tout ce qui était administratif, prenait un temps fou. « Peut-être, sauf que le bol et moi, on est pas trop potes en ce moment. Mais on sait jamais. Il y a peut-être des agents administratifs compétents dans ce pays. » Ouais, il l'espérait. Sinon il allait devoir s'adresser à l'ambassade américaine. Il se laissa conduire jusqu'à la radio. Là, le toubib expliqua qu'il était amnésique. C'était pas commun ce genre de doc. En tout cas, tous ceux qu'il avait connu, n'était pas des mecs très ouverts mais surtout, ils étaient tous très stricts. M'enfin, cela l'arrangeait. Il allait pouvoir s'assurer qu'il n'avait rien de grave. Il garda le silence quand le doc le présenta au gars de la radio. Kael se retrouva bien vite dans la pièce pour effectuer la radiographie. Il détestait ça. Mais il essayait de ne pas trop bouger, histoire que ça ne prenne pas plus de temps. Malheureusement après quelques minutes, la radio montrait deux côtes cassées. C'était bien son jour. Il l'avait dit au doc. Il leva ses yeux sur lui quand il le retrouva dans la pièce d'à côté. « On fait quoi maintenant ? J'imagine que vous allez pas me laisser partir avec un simple bandage ? » Il ne savait pas du tout comment ça se passait. Mais comme la poisse le pourchassait ces derniers temps, il se disait que tout ça, ce n'était pas encore fini. Chouette, il ne manquait plus que ça.
Le pauvre gamin. Il enchaînait les emmerdes. Et c'était pour cela, sans doute, qu'Andrew se montrait prévenant. Parce qu'il n'avait pas envie que la situation s'aggrave. D'où le fait qu'il ait insisté pour la radio. Et le médecin avait ses raisons. C'était pas pour emmerder Kael. C'était pour prévenir. Et éviter qu'il n'ait quelque chose de plus grave. Et puis, si on misait sur la carte de l'amnésie, on foutrait la paix à Kael. Et on ne viendrait pas lui réclamer les frais médicaux. Et pour la prochaine fois ? Et bien, si jamais il revenait à l'hôpital, sans doute qu'il aurait récupéré ses papiers à ce moment là. Ou du moins, qu'ils auraient été refaits. Enfin, Andrew ne s'inquiétait pas trop pour ça. Pour le moment, on faisait des radios à Kael. "T'en penses quoi ?" demanda Andrew au radiologue. "Je présume que tu veux une lecture rapide ?" Il hocha de la tête tout en regardant son collègue de travail. "Bon, ok. Mais simplement parce que tu m'as couvert pour l'autre jour." Le type réajusta ses lunettes sur le bout de son nez et regarda les clichés qui étaient pris. "Ton John Doe a de la chance. Il a deux cotes cassées mais ça pourrait être pire." Ca n'arrangeait pas vraiment les choses pour Andrew. Parce que certains diraient qu'il devrait rester au moins une nuit à l'hosto. Et le médecin avait que s'il disait cela à Kael, il allait prendre la poudre d'escampette. Il pourrait toujours faire autrement. Ouais, ça irait. "Merci." Andrew repassa dans la salle afin de ramener Kael là où il avait laissé ses affaires. Kael avait fini par lui poser une question. Il redoutait, sans doute, la réponse du médecin. "On va faire comme si t'étais jamais passé dans les parages. Parce que j'me doute que c'est pas vraiment ton but de rester à l'hosto." Il secoua la tête. "On vit avec des côtes cassées. Faut juste éviter de faire de gros efforts pendant quelques semaines. Et te retrouver au centre d'une nouvelle bagarre d'ailleurs." Des conseils, oui, il pouvait lui en donner à la pelle. "Pas porter non plus des affaires trop lourdes et vouloir en faire trop. Sinon, ça pourrait devenir plus grave. Ca peut te gêner un peu pour respirer mais pas pour percer un poumon. Enfin, si t'en fais pas trop." Est-ce qu'il voulait lui foutre la trouille ? Un peu quand même. "Mais si tu veux sortir, j'veux quand même un numéro sur lequel t'es joignable. Histoire que j'puisse appeler pour savoir si ça va bien. Et c'est pas négociable." Non, parce qu'il prenait un risque à le laisser sortir. Et il n'avait pas envie que ... Et bien, que ça lui revienne en pleine figure.
Une soirée de merde, effectivement. Il n'y avait pas d'autres mots pour définir cette fin de soirée. Toutefois, Kael a toujours été le genre de type a tout relativiser. Il ne se prenait pas trop la tête. Parce qu'il savait qu'il y avait des choses bien plus importantes dans la vie. Mais il est vrai que se retrouver ici ne l'enchantait pas vraiment. Il n'aimait pas les hôpitaux. Comme beaucoup de monde. Il avait donc passé la radio en espérant intérieurement que le doc n'allait pas trouvé une anomalie. Il patienta comme il pouvait pendant que le radiologue et le médecin parlaient ensemble. Kael n'avait pas envie de savoir comment ils allaient s'arranger entre eux pour sa fausse identité. Il voulait simplement qu'on lui explique qu'il allait rapidement quitter les lieux. C'était tout ce que le cadreur voulait à ce moment-là de la nuit. Alors que le médecin le ramenait vers la salle où il l'avait ausculté quelques minutes plus tôt, le cadreur demanda ce qu'il en était. Il n'était pas dans le milieu médical et il ne connaissait pas tout du vocabulaire médical mais il avait envie de savoir. Deux côtes cassées. Voilà ce qu'il avait. Et cela expliquait pourquoi il avait mal quand il respirait. Bon ce n'était pas si terrible que ça alors. Kael s'était déjà cassé le bras en jouant au foot avec ses potes. Et il était revenu chez lui sans faire appel à une ambulance. Il pouvait supporter deux côtes cassées. Bon cela allait être compliqué pour son boulot. Mais il allait s'arranger. Ce n'était pas comme si son boss était le dernier des cons. Il était même plutôt cool. « Donc ça veut dire que je ne peux pas bosser ? Que je ne peux pas porter mon steadycam.... Super. » Ouais, il allait effectivement devoir prendre des jours de congés. Difficile de supporter un harnais et le poids de son matériel avec des côtes en vrac. Le fait de se percer un poumon ne lui faisait pas plus peur que ça. Il était adepte des sensations forces et c'était loin de lui faire peur. Non en fait, ça le gênait plus que ça. Fini la rigolade avec ses potes et en arrêt professionnellement... ouais ça c'était pas terrible. « Bien sûr que je veux sortir. » répondait Kael avec un léger sourire sur les lèvres. Il n'allait pas passer le reste de la nuit ici, ni même la journée de demain. Puis aux mots suivants du médecin, il reposa son attention sur lui. « Je suis à l'hôtel pour l'instant. » L’hôtel ! Il fouilla dans les poches de sa veste. « Et merde ! J'ai perdu aussi mon pass ! » Vraiment, un début de séjour qui commençait très très mal pour lui.
Le boulot. Andrew connaissait ça. Le boulot, c'était quelque chose. Lui-même avait du mal à s'en passer et il voulait toujours faire plus. D'ailleurs, quand il était au Mali, ça avait bien failli le tuer. Un médecin en moins, Andrew qui avait chopé une saleté ... Il en avait fallu de peu mine de rien. Heureusement que Duncan était rentré à temps sans quoi ... Ouais, j'donnais pas cher de sa peau, pour sûr. M'enfin, si on en revenait au petit Kael qui pensait au travail ? "Ca dépend de si c'est lourd et imposant. Et ça dépend également de si tu veux revenir à l'hosto dans trois jours parce que t'en auras trop fait." Ouais. Après, Kael faisait bien ce qu'il voulait. Andrew n'était là que pour le conseiller. Il ne voulait que son bien après tout. Il n'avait pas envie que le jeune homme se retrouve à l'hosto dans quelques jours parce qu'il avait merdé en voulant bosser ou bien en soulevant des choses imposantes. A lui de voir. En tout cas, il semblait être impatient de se tirer de là. Mais sans numéro où Andrew pouvait le joindre, il passerait pas la sortie de l'hôpital. Non. Et c'était pas un plan drague ou quoi que ce soit dans ce genre. D'une, c'était pas le genre du médecin. Et de deux, oui, il s'inquiétait pour son patient. Et le fait qu'il soit seul en ville, sans ses papiers et tout ça ... Ouais, ça faisait chier un peu le médecin. Et il voulait quand même faire un suivi. Histoire de s'assurer que le petit jeunot allait bien. Kael lui indiqua qu'il vivait à l'hôtel. Avant de se rendre compte qu'il avait pas son pass. "J'pense qu'ils pourront en refaire un à l'hôtel." en vint-il à lui dire dans un hochement de la tête. "C'est arrivé à certains médecins de se retrouver bloqués parce qu'ils avaient perdu leur pass lors d'une grosse convention médicale par exemple. Et ils sont jamais restés bloqués dehors." Fallait pas s'inquiéter pour ça. Andy se voulait rassurant. Il prit son bloc d'ordonnance pour lui rédiger un petit quelque chose. Des anti-douleurs, au cas où. "A prendre en cas de nécessité et de vive douleur. Et si par contre ça devient compliqué pour respirer, faudra revenir. Et pas attendre que ça empire." Après, Andrew comptait sur lui. Pour ne pas déconner avec sa santé.