La soirée s’annonçait intéressante. Il pleuvait légèrement sur Brisbane et Lawrence n’avait pas prévu de prendre un taxi pour se rendre au gala. Il fallait dire ce qui était : il détestait se promener dans ces voitures où toute la populace mettait les pieds. Pourtant il ne pouvait décemment aller à pieds jusqu’à l’endroit où se tenait l’événement. Il jeta un dernier coup d’œil dans la glace de sa garde-robe et repassa sur un endroit de sa chemise qui semblait vouloir sortir de son costume. Il était nerveux. Cela faisait des années qu’il ne s’était plus rendu à une soirée aussi importante. Dans un premier temps parce qu’il n’y était pas convié et ensuite parce qu’il ne se sentait pas prêt à faire face à tout ce beau monde. Combien de gens parmi l’élite de Brisbane ne connaissaient pas les hommes politiques de New-York ? Combien des gens instruits qui viendraient verser quelques petits sous insignifiants en comparaison avec leur compte en banque n’avaient pas lu le Wall Street Journal à l’époque de la décadence du nom Blake. Non pas tous les Blake, seul un. Lui. Le fils maudit, le sacrifié. Il sortit de sa chambre à coucher et passa devant Cora qui s’était affalée dans le canapé du living. Elle regardait la télévision et sursauta en l’entendant entrer dans la pièce. Elle sourit à son propriétaire avant de lui souhaiter une bonne soirée. Il sourit à son tour en s’abstenant de commenter et sortit. Le taxi qu’il avait appelé quelques minutes auparavant n’était pas encore arrivé et Lawrence y voyait un très mauvais présage. Mais il s’obligea à changer ses idées et attendit patiemment sous le porche que la maudite voiture veuille bien se présenter. Il s’y engouffra aussitôt et indiqua le début de la rue où avait lieu le gala. Le chauffeur, visiblement habitué à ce genre d’événement lui demanda si c’était à la soirée Nuit Blanche qu’il souhaitait se rendre. « Is that so obvious ? » répondit Lawrence de mauvaise humeur. Il lui suffisait d’endosser un Armani hors de prix et de se rendre à une soirée huppée pour récupérer ses manières de grand homme.
Il pria le taxi de s’arrêter à l’angle de la rue pour que personne ne le voie arriver dans ce carrosse indigne d’une Cendrillon tel que lui. Il soupira à l’idée qu’il était réellement une Cendrillon. Souillon la journée qui se transformait en prince mal léché le soir pour aller danser au bal. Que fichait-il là ? Il n’en savait rien. C’était Abraham qui lui avait fait savoir qu’un gala se tenait et qu’il serait peut-être bon pour le moral de Lawrence de se réintroduire tout doucement dans la société s’il voulait avoir une chance de rentrer dans les bonnes grâces d’Hannah. Hannah. Il n’y avait pas pensé à elle. Et si… ? Non, certainement pas. Ce genre d’activités était trop ‘cheap’ pour elle. Puis Lawrence foula le tapis rouge, passa devant l’objectif des caméras et réalisa en entrant dans le hall bondé de monde qu’en fait, elle pourrait tout à fait se plaire ici. Il chercha autour de lui pour voir s’il reconnaissait qui que ce soit et fut soulagé de découvrir que non. Pas un seul médisant et pas d’Hannah non plus. Il se dirigea vers les vestiaires mais on l’arrêta en chemin pour le faire passer au détecteur de métaux. Ce n’était là qu’une vaste arnaque pour obliger les invités à enlever leurs vestes et tandis qu’ils passaient sous l’appareil, regarder la marque inscrite sur l’étiquette du dos. De la sorte ils faisaient passer le message plus loin et l’invité était catégorisé selon sa fortune. C’était de la discrimination pure mais c’était nécessaire pour ne pas mélanger les hauts placés et les invités d’un soir. Autrefois Lawrence n’avait pas besoin de se soumettre à ce genre d’exercice, il était un des invités connus auquel on épargnait même le passage sous le détecteur de métaux. Mais ici à Brisbane on ne savait même pas qui était son père parfois. Et ça… c’était honteux mais salvateur aussi. « It's a Boss, custom made suit from last year. » dit-il à celui qui le dépossédait de son veston. Ce dernier rougit en réalisant que l’invité connaissait la procédure. « Oh I'm sorry Sir, I didn't recognize you... » il lui rendit le vêtement sans le vérifier au préalable et Lawrence passa son chemin avec toute sa dignité peinte sur son visage. Le jeune homme n'avait pas reconnu Lawrence parce qu'il n'était pas un habitué. Et il ne s’agissait pas de fait sur mesure. Cela faisait longtemps que Lawrence n’avait plus les moyens de se permettre ce genre d’extravagance. Mais c’était effectivement du Hugo Boss qu’il portait. Bien que moins riche qu’auparavant, Lawrence ne pouvait résister à l’attrait des belles choses. Et c’est ainsi qu’il prit la direction des vestiaires où il déposa son manteau noir. Il fit face à la salle des évenements par la suite pour la dévorer du regard. Tout ce beau monde réuni l’extasiait. Ces femmes qui parlaient entre elles, qui jetaient des œillades aux infortunés qui les approchaient… les hommes qui discutaient affaires en se sentant importants. Lawrence sourit d’un air mauvais en réalisant à quel point tout cela était superficiel. Il regrettait ce monde plus parce qu’on le lui avait enlevé que parce qu’il y y aurait eu un réel attachement. Dans sa jeunesse il abhorrait la haute société. Il détestait ces galas prétentieux où on le forçait à faire acte de présence. Mais aujourd’hui on lui avait ôté le plaisir de dire qu’il était trop bien pour ce genre de show.
Il remarqua qu’il se tenait tout seul à l’entrée et que déjà une grande partie des convives s’étaient installés aux tables qui leurs étaient assignées. Il se dirigea vers le coin où étaient indiquées les places de chacun et s’étouffa presque en remarquant le célèbre ‘Hannah’ savamment inscrit sur un des cartons de la table 9. Cela devait être une erreur, jamais elle ne viendrait à un gala où un menu à trois couverts était servi. Hannah ne mangeait quasiment rien et encore moins en public. A moins que cela aussi ait changé ? Il en doutait. Pourtant le simple Hannah était sans conteste la marque de sa première maîtresse. Seuls les convives de marque recevaient ce respect décadent d’être inscrits avec leur seul prénom : comme s’ils étaient uniques. Il se chercha dans les petits papiers et se découvrit à la table 17 désigné d’un L.B. ‘Parfait’ pensa-t-il. Il n’avait pas donné son nom en entier, craignant que des convives le reconnaissent trop vite s’il indiquait Blake. Et dans le temps, il aimait surtout jouer avec les initiales et s’asseoir aux tables d’autres personnes avec les mêmes que lui. Il n’était pas le seul à procéder de la sorte. Il regarda à la table 9 pour voir si par bonheur quelqu’un n’avait pas agi ainsi aussi. Il découvrit une ‘M.B’ et se félicita de ce sort favorable. Si jamais on demandait, il dirait que cela devait être une erreur de l’organisation, ils auront interverti les L.B et M.B ! Il sourit plein de malice en s’emparant du petit carton de celui ou celle dont il s’apprêtait à prendre la place et effectua le transfert sans que personne ne le voie. Cependant il restait encore une chance que Hannah le remarque à son arrivée et qu’elle joue au même jeu que lui. Il connaissait sa fourberie et savait qu’elle pourrait lui ôter ce plaisir d’être assis à ses côtés comme dans le temps. Il prit alors son carton et l’emporta avec lui jusqu’à sa table où il s’assit auprès de deux inconnus avec qui il sympathisa très vite. Seulement le temps passait et aucune trace de sa Grâce. Il regarda sa montre et soupira en réalisant qu’il était juste impatient. Elle n’était pas là parce qu’il était trop tôt pour que Madame ne se présente. Elle avait toujours mieux à faire que de venir aux aurores d’un dîner de ce genre.
Rassuré il se leva pour aller prendre une gorgée d’air à l’extérieur. Il laissa son carton sur la table et quitta la pièce pour se diriger vers le balcon V.I.P. Il sortit une de ses cigarettes anglaises qu’il affectionnait tant et se culpabilisa un instant de fumer ce qu’il fumait cet été là. Mais c’était nécessaire, c’était vital pour sa survie cette soirée là. La fumée s’empara nostalgiquement de ses poumons et il sentit cette odeur divine venir lui caresser les narines. Il ferma les yeux un instant pour s’imprégner du brouhaha ambiant mais élégant, pour sentir son costume trois pièces sur la peau et profiter du vertige que lui procurait sa cigarette. Il la termina lentement avant de revenir à la salle des festivités. Là-bas, il se rassit à sa place et réengagea la discussion avec ses compagnons de table bien qu’il n’avait aucun plaisir à faire de la petite conversation. Deux nouvelles personnes venaient de se joindre à eux et il réalisa qu’à aucun moment de la soirée il ne s’était présenté à aucun d’entre eux. « Lawrence Blake » dit-il en tendant majestueusement sa main à son interlocuteur qui la serra avec trop de force que pour être réellement quelqu’un de bien-né. Il sourit tout en retirant au plus vite sa main de ce guet-apens. Et surtout, il le fit vite car il voulait être en pleine possession de ses membres lorsqu’il retournerait son visage pour regarder la femme qui venait d’arriver auprès d’eux. Il avait senti sa présence tout comme on sent une panthère vous souffler dans le dos. Il n’avait pas besoin de la voir ni de la sentir, il savait tout simplement que c’était elle. De plus les regards que portaient sur elle les autres convives ne laissaient aucune place au doute. Pourtant Lawrence n’était pas prêt à l’affronter. Il avait agi un peu sottement en se disant que ce serait intéressant de s’obliger à une nouvelle confrontation mais… leur dernière entrevue n’avait pas encore été digérée et surtout il n’avait rien prévu pour mettre son plan correctement à exécution. Si seulement Abraham lui avait dit qu’elle serait là. Lawrence finit par tourner son visage vers elle et la regarda de ce regard bien à lui. Des yeux pétillants de sens mais lui restant parfaitement muet. Il s’obstinait à ne la regarder que dans les yeux bien qu’il avait dans sa vision périphérique de quoi endormir tout bon sens. Il se leva majestueusement comme l’homme éduqué qu’il était, s’abstint de toute révérence ceci dit et attendit qu’elle s’asseye sans le moindre mot. Si elle voulait parler, elle était libre. Si elle voulait partir et capituler, c’était encore bien son droit. Mais il savait qu’elle n’en ferait rien. Elle était trop fière que pour admettre une défaite. Il l’avait coincée grâce à un chanceux tour des événements et il était ravi. Il se torturait lui-même mais il savait qu’elle n’en sortirait pas indemne non plus.
« Hannah… I’m gonna have to decline for the gala tonight… It would be nice if you could go for me. Just give them a lot of money to compensate, I think it’s bad enough people think we are complete snobs, let’s not give them a reason to hate us some more, right ? »
Hannah avait souri aux mots de son père, combiné de téléphone calé contre son oreille et une cigarette dans l’autre main. Elle savait que ce n’était pas vraiment une demande express mais plutôt un ordre, Nathan Siede ne demandait pas, il ne demandait jamais et Hannah était persuadée que c’était quelque chose qui faisait parti de son charme. Quoi qu’il en soit, Hannah se rendrait à la soirée à la place son père, ce qui n’était pas plus mal, on troquait un Siede un peu trop sérieux contre sa fille qui saurait immédiatement détendre l’atmosphère. Et les galas de charité manquaient vraiment de gens qui… n’étaient pas sérieux. La charité était une chose totalement hypocrite selon l’actrice mais elle se prêtait volontiers au jeu, elle savait très bien que ce n’était qu’une mascarade, donner un peu d’argent pour faire oublier au reste du monde les millions qui étaient cachés dans le compte en banque, c’était un très beau jeu, un coup de maitre vraiment et Hannah n’était jamais contre un peu d’animation. Les dernières représentations pour Macbeth allaient avoir lieu dans la semaine ce qui signifiait que son emploi du temps était quasiment libre entre la préparation de la nouvelle pièce et maintenant. La brune avait bien besoin de souffler et un diner avec les plus grandes fortunes de Brisbane semblait être la meilleure des solutions. Elle n’avait définitivement pas la même notion de repos que les autres personnes, certains se seraient câlés avec un bon livre sous la couette ou se seraient fait couler un bain mais il était beaucoup plus intéressant d’observer ses homologues riches, se mouvoir, les regarder commérer et propager des ragots.
Hannah se considérait bien au dessus de tout ça, même lors de ce genre de fêtes, elle n’était pas elle-même, elle se contentait de jouer un rôle, la fille de Nathan Siede, l’actrice, la princesse, ce n’était que du vent. Et si Hannah avait bien appris quelque chose de ses années sur scène c’était qu’il n’existait pas de meilleur moyen pour se reposer l’esprit que de prétendre être quelqu’un d’autre. La brune avait donc changé de téléphone, passant du fixe à son portable, étalée de tout son long dans ses sous vêtements en dentelle bleu nuit, pour se dénicher une robe pour la soirée. L’exercice ne fut guère difficile, quelques coups de fils chez un styliste, d’autres chez un maquilleur, quelques compliments par si par là et Hannah était certaine qu’elle allait être resplendissante pour le gala. C’était aussi simple que ça, il lui suffisait de demander, elle raccrocha le téléphone avec un sourire aux lèvres et se laissa retomber dans les draps d'un blanc immaculé, elle se pencha pour attraper un des raisins sur le plateau que son majordome lui avait apporté un peu plus tôt, croquant dedans sans conviction. Hannah avait toujours très peu mangé, pas parce qu’il s’agissait des convenances mais parce que son métabolisme était ainsi, elle se dit qu’il valait mieux garder son appétit pour ce soir. Elle se redressa en parcourant sa liste de contacts une nouvelle fois, devait-elle se chercher un partenaire pour la soirée ? Ou affronter la horde de photographes seule… La deuxième option était plus elle, il ne lui restait plus qu’à attendre.
En début d’après midi, Hannah se releva et passa quelque chose d’un peu plus habillé pour juger les robes qu’on lui avait apporté, Hannah ne faisait que très rarement les magasins au final, elle fit rapidement son choix et les préparations commencèrent alors. Pour ce genre d’événement tout était pompeux au possible, la Siede ne se préparait évidemment pas seule mais avec une dizaine de petites mains qui était payée pour. C’était ça le vrai repos pour Hannah et pas autre chose. Elle eut un sourire alors qu’une des maquilleuses lui appliquait une couche de rouge à lèvres, son père avait choisi ce moment pour l’appeler. « Father… you do have the worst timing in the world, I was getting ready. »« Perfect, you’re on the list. I’m flying to Switzerland in a couple of hours, I just wanted to wish you a good night. » En langage Nathan, cela voulait dire qu’il ne voulait pas qu’Hannah fasse trop de vagues. Quoi qu’il se passe, la brune le savait son père l’apprendrait. Elle avait pris l’habitude de lire entre les lignes et se contenta de lui souhaiter un bon voyage et de raccrocher. Quelques minutes plus tard, Hannah fut enfin prête et elle eut un sourire en fixant son propre reflet dans le miroir, ses cheveux étaient attachés dans un chignon droit et laissaient son visage dégagé, le maquillage accentuait sa peau diaphane, surtout avec ses lèvres d’un rouge sang affolant. Tout ceci mettait bien évidemment en avant la robe qu’Hannah portait, noire et blanche, en montrant trop et pas assez à la fois, le vêtement lui correspondait tout à fait. Elle eut un sourire en coin avant de remercier tout le monde et de mettre ses chaussures, plus qu’à se rendre au bal pas vrai ?
Hannah était en retard, bien sûr, personne n’arrivait jamais à l’heure à ce genre d’événements et elle fit un clin d’oeil à son chauffeur avant de sortir du véhicule. Hannah connaissait la danse, sourire, poser devant les photographes et prétendre qu’ils avaient son attention, la pluie mit rapidement fin à ce petit rituel cependant et on guida Hannah à l’intérieure de la salle. La Siede attira aussitôt les regards et elle eut à peine le temps d’analyser la décoration que déjà une main était tendue. « Oh Hannah, so great to see you, Nathan isn’t with you ?» « No, he has an emergency, tonight it’s just me… I do hope it’s enough for you, you’re allowed to complain directly to him, of course.» L’homme un question, un juge haut placé ou quelque chose comme ça, eut un rire et insista pour lui présenter certains de ses collègues. Hannah eut un sourire poli pour chacun, accepta les compliments sur sa tenue et s’éloigna avec une coupe de champagne à la main. Elle avait aperçu des visages un peu plus familier et elle alla aussitôt trinquer avec eux. « Damian, funny seeing you here and where’s the wife ? Or is it your ex-wife now ? I told you hiring an attractive poolman was dangerous… If only you had listen my dear… But forgive my manners, how are you ? » Hannah était forte à ce jeu, très forte, le pire dans tout ça, c’était qu’elle n’était même pas là, intérieurement, elle riait d’eux, d’eux tous avec leur costume hors de prix et leur moral qui ne valait pas un centime, c’était risible. « … Sorry no, I'm at another table and I should probably go since I’m filling in for my dad, you know how he gets… yeah he just wants me to be nice to a couple of people and so on. »
Elle eut un autre clin d’oeil avant de se diriger vers la table qu’on lui avait assignée. Une table qui était bien évidemment remplie d’homme. Ça allait être intéressant si Hannah osait avoir ne serait-ce que la moindre opinion en présence de ses messieurs, une femme qui pensait était tellement mal vue dans leur monde. Mais Hannah avait bien joué ses cartes, trop bien, il y avait bien un élément qu’elle n’avait pas anticipé et c’était bien de voir Lawrence se lever aussi. Il ne la fixait pas mais Hannah aurait reconnu ce profil entre mille. Lawrence Blake, à un gala de charité. Elle avait envie de rire vraiment, elle ne pouvait pas, tous les gentlemen à la table s’étaient levés pour la saluer et un des hommes s’était emparé de sa main pour y déposer un baiser. La brune répondit machinalement, fixant toujours Lawrence. Que faisait-il ici ? C’était clairement son monde à elle, ses paillettes, ses masques et ses règles… que fabriquait-il ici ? Il avait été déchu rangé dans un autre catégorie, celle des moins que rien, ceux à qui on donnait de l’argent et non ceux qui en donnait. Hannah se rappelait encore de leur altercation dans le musée, de leur baiser, de ses propos. Oh si Lawrence n’était pas passé à autre chose c’était ridicule. « Very pleased to meet you all, even if I already know some of you. And please do sit down, don’t make a fuss over me really, I’m just here to enjoy the meal, the free champagne and help a good cause.» Hannah eut un sourire et les conversations reprirent aisément et elle prit place, juste à coté de Lawrence, se disant qu’il ne pouvait vouloir que ça. « So tell me Blake. » murmura Hannah, juste pour lui. « Am I supposed to believe that we just got invite to the same party… I mean, you do know I’m just replacing my father, I wonder how he would have reacted seeing you here. Nice suit by the way. » termina sarcastiquement Hannah, jetant un coup d’oeil au menu.
La haute société était un monde sans pitié. Un monde de soi-disants principes et de décadence en même temps. Les riches aimaient s'amuser entre eux avec des blagues amères, des sous-entendus peu subtils et des ragots épicés. Tout cela était évidemment enveloppé dans un drap de miel qu'ils payaient bien trop cher juste pour sauvegarder les apparences et prétendre qu'en vérité, ils étaient simplement des agneaux trop gâtés par la vie d'un point de vue financier et totalement délaissés en ce qui concerne les autres aspects de leur personne. Pourtant tous s'évertuaient à mettre en avant ce seul petit point qui n'avait pas été livré avec leur compte en banque: leur personnalité. Tous cherchaient à montrer comment eux Kennedy, Parsons, Greens, Truman et autres noms en vogue, avaient fait pour se démarquer des leurs et briller par leurs propres moyens. Ils évitaient toujours soigneusement de préciser que s'ils avaient réussi les exploits dont ils faisaient part c'était uniquement parce qu'ils avaient eu les fonds nécessaire grâce à leur papa ou à leur maman millionnaire. Et en parlant de papa démesurément riche et prêt à investir dans sa progéniture, la diablesse parfaite fit son apparition: la fille de Nathan Siede. Elle était l'exemple parfait de la snobe branchée qui dédaignait se montrer en public si cela n'était pas sur la liste de ses propres caprices. Lawrence avait connu Hannah intimement mais ce n'était pas cela qui lui donnait le pouvoir de savoir comment elle agissait et ce qu'elle pensait. Non, si Lawrence savait tant d'elle c'était pour deux raisons. Premièrement ils avaient communiqué tous les deux comme aucun fils et fille de riche n'avaient osé le faire auparavant. Ils s'étaient échangé des missives où leur coeur se mettait à nu sans qu'ils ne s'en rendent compte. Malgré eux ils s'étaient épanchés l'un à l'autre, se racontant qui ils étaient. Si au début tout cela était très formel, très vite leur complicité naturelle s'était développée et ils étaient tombés dans le piège d'une affection invisible. Les lettres avaient cela de magique qu'elles vous permettent de parler sans avoir à faire face à votre interlocuteur. Et progressivement ils avaient fini par croire tous les deux qu'en vérité c'était à eux-mêmes qu'ils se parlaient. Et deuxième raison: c'était bien là le point d'apogée de toute leur relation, ils se comprenaient. Tous les deux portaient un masque. Un masque imposé par leur statut social. Chacun dissimulait sa personnalité profonde différemment certes, mais tous les deux avaient bien plus dans l'âme que ces sourires superficiels. Et ils s'amusaient à jouer ensemble au fils et à la fille parfaite. Ils s'amusaient à sourire poliment aux convives que recevaient Nathan Siede dans sa demeure, Hannah à tendre la main poliment et ensuite de se regarder d'un air sournois qui se passait de mots. Telle femme était trop grosse que pour être respectée, un autre était bien trop dépendant aux jeunes femmes que pour être crédible dans son rôle de gentleman... tous les invités avaient leur étiquette apposée et pourtant aucun mot ne sortait de leurs lèvres de soie, de leurs lèvres dorées. Ce n'était qu'à partir du moment où ils avaient commencé à échanger des baisers, à sceller leurs lèvres ensemble qu'ils avaient aussi laisser cours à leur imagination, parlant de la haute société, se confirmant leurs sentiments et se jouant de ces faux princes et de ces sottes princesses du temps moderne. Car pour eux seuls deux personnes étaient réellement digne de royauté. Inconsciemment ils avaient construit une forteresse autour de leur personne: il y avait li'mpertinent et hautain Roi Lawrence et la divine et perfide Souveraine Hannah. Tous deux régnant sur un monde qui ne leur appartenait qu'à eux. Se réjouissant des intempéries qui désorganisaient la fourmilière qu'était leur société et profitant du soleil pour y baigner leurs pieds d'enfant gâtés.
Lawrence ne put s'empêcher de regarder sa première maîtresse et de sourire intérieurement. Il ne se serait pas abaissé à faire un quelconque geste univoque en sa direction. La tigresse était venue armée de tout son sang-froid, de toute sa splendeur et n'avait nullement besoin qu'il lui tende des armes supplémentaires. Elle était sur son terrain de prédilection aujourd'hui, dans un monde qui n'appartenait plus qu'à elle. Et lui avait l’élément de surprise et de mystère de son côté. Il devait veiller à ce que la balance reste équilibrée coûte que coûte. Car elle se ferait une joie de l'écraser. Après tout elle avait fait une erreur fatale lorsqu'ils s'étaient revus au musée, elle lui avait humblement - ce mot est-il même autorisé à être employé dans une phrase concernant Hannah?- fait savoir qu'il possédait de l'atout dans son jeu. En l'embrassant, elle s'était exposée, elle avait fait savoir qu'elle avait encore des vulnérabilités à exploiter. Ce n'était pas grand chose et elle avait bien redressé le jeu ensuite, elle l'avait même manié avec un doigté impressionnant. Mais elle avait laissé sans le vouloir une trace du fait qu'une partie pouvait être en la défaveur de Lawrence mais que le jeu n'était pas encore fini. Maintenant il devrait s'évertuer à maintenir l'intérêt de la jeune femme afin qu'elle ne parte pas après l'entrée. Il savait comme elle ne se sentait aucune obligation de combler l'assistance de sa présence trop longtemps. Il se souvenait bien trop bien des rires faux à souhait qu'elle servait aux partenaires de son père sans que ceux-ci n'y voient rien avant qu'elle ne prétexte quelque obligation ailleurs et sorte élégamment du décor. D'ailleurs s'il s'en souvenait, il se rappelait également de cet été où il avait été un habitant de la résidence Siede, où il avait assisté à certaines de ces mondanités comme s'il avait été un des leurs et surtout... comment il avait perverti la jeune demoiselle de 16 ans à peine, la convainquant parfois de rester plus longtemps mais surtout parfois de déguerpir bien trop vite. Ce printemps sentimental avait été fatal au Blake. Le souvenir d'une robe rouge carmin, d'une coiffure dévoilant la nuque d'Hannah et de son regard dédaigneux quand une femme lui demandait pourquoi elle ne pouvait rester plus longtemps à son propre banquet. Et puis les mains possessives de cette femme déjà, de cette femme majestueusement arrogante et terriblement déterminée, qui torturaient le corps de Lawrence dans le vaste jardin de la propriété. Si Nathan les avait surpris, c'eut été la fin de leur monde. Mais Nathan n'avait pas eu à les surprendre pour cela. Elle avait mis fin à une ère d'espérances en un claquement de doigts, avec une petite lettre seulement. Une jeune femme de 16 ans et déjà tant de pouvoir en elle. Lawrence ne s'attendait pas à ce que le combat soit aisé. Mais il y prenait déjà goût rien qu'en pensant à la bande annonce.
Il n'avait pas manqué d'entendre la subtile critique qu'elle avait faite à son encontre. Il ne cilla cependant pas et la laissa tranquillement s'asseoir, prétendant que sa présence lui était indifférente. Elle n'était évidemment pas dupe et n'avait pas besoin qu'il la dévisage pour savoir qu'il ne pouvait se ficher qu'il soit là. Mais il aimait jouer le jeu. Parce que c'était elle, parce que c'était lui et qu'au fond c'était eux. Et toute cette mascarade le replongeait des années en arrière où il ne prenait pas la mesure du privilège que c'était que de pouvoir malmener les autres impunément. Il avait appris aujourd'hui à être un patron digne, respecté et bon... mais parfois il regrettait son statut de tyran accepté. Il faisait mine de s'intéresser à la conversation que menaient les deux hommes à sa droite quand il entendit la voix d'Hannah l’interpeller. Douce mais décidée, elle savait qu'il l'entendait sans qu'elle ait besoin de hausser le ton. Il baissa légèrement le visage sans la regarder, comme pour indiquer qu'il acceptait qu'elle lui parle sur le ton de la confidence. C'était leur jeu autrefois, elle chuchotait des méchancetés sur les personnes situées à moins de dix centimètres d'eux et il riait en silence. Parfois le sujet était tout autre, parfois elle lui demandait s'il ne voulait pas qu'ils s'éclipsent pour fumer une cigarette ou pour échanger un baiser. Parfois même il osait passer sa main sous la table pour voir le souffle d'Hannah s'emballer tout en restant elle de marbre et en souriant à la personne qui s'adressait à elle. Tout cela pour le plaisir de subir ses remontrances par la suite car il était un bien mauvais garçon. Il l'écoutait donc chercher à l'atteindre tandis qu'il se drapait dans les souvenirs pour se permettre de penser qu'il n'était pas dépourvu d'arguments contre elle. Il avait besoin de se rappeler que tous les deux, bien que le contexte ait évolué, étaient faits du même bois. Il ne grimaça pas à la petite pique lancée sur son costume et se contenta de relever le visage tout en réajustant un des couverts posés sur la table. Il répondit avec nonchalance et tout en regardant les gens qui s'intéressaient à ce que lui, inconnu, pouvait avoir à dire la Siede. "Actually I'm quite surprised to see you here. Isn't it beneath you to get dressed so much... " il la regarda et ensuite avec un sourire amusé, se corrigea "... or maybe should I say so few, for this kind of charity?" La robe qu'elle portait était enivrante. Et au moment où il l'avait vue il avait su qu'il ne devrait pas trop regarder Hannah s'il voulait rester maître de sa personne. Ce soir était une soirée clé pour eux, il se devait de garder tous ses esprits. "If your question is 'did he come here in hope to meet me?', my answer is no. Proof being you weren't even supposed to come." Il sourit à l'homme situé de l'autre côté de leur table et reporta son attention sur celle qui avait entamé la conversation avec lui. "Why do you even care? " Il la connaissait encore assez bien que pour savoir qu'elle n'aimerait pas qu'il mène la danse. Et tant qu'elle ne saurait pas pourquoi lui était là, elle ne se sentirait pas maîtresse de la soirée. Comment avait-il fait pour être invité et pourquoi se trouvait-il à la table de son père? Quelle ironie. S'il avait su que Nathan était invité, jamais il n'aurait mis les pieds à ce gala. Mais ça, ça il ne le lui dirait jamais. Un serveur passa près d'eux et servit un champagne hors de prix à Lawrence. Il l'avait demandé en entrant dans la salle. En apparence il s'agissait d'une flûte normale avec quelques bulles à l'intérieur. Mais il lui suffisait d'en humer cette odeur particulière pour être replongé des années en arrière. C'était le champagne qu'il buvait à la bibliothèque avec ses collègues de cours. C'était celui qu'il avait été boire après la lettre assassine d'Hannah. C'était un goût du passé, une sorte de piqûre de rappel au cas où il s'endormirait trop en regardant dans un décolleté trop appétissant. Il but une gorgée courte, lente et remplie de manières qu'il n'avait plus exploitées en société depuis trop longtemps avant de reposer son verre sur la table. "So how long do you plan to stay at this event? Will you even eat something before you dismiss us all for some other tplace you have to be?" Il sourit ironiquement, triomphant de l'idée qu'il venait d'avoir. Sous-entendre qu'elle ne réussirait pas à supporter leur présence côte à côte toute la soirée était la meilleure manière de la défier de rester. "What's your backup plan for tonight?" Hannah avait toujours sous le coude un prétexte soigneusement préparé pour pouvoir partir sans être mal vue. Un prétexte qu'elle savait être crédible, que les gens pourraient vérifier sans que jamais la supercherie ne puisse être devinée.
Il était intéressant de converser avec Lawrence, comme si de rien était, comme s’ils étaient encore tous les deux pareils, comme s’ils n’avaient plus de secrets l’un pour l’autre et que ce n’était qu’une autre nuit et une conversation plaisante. C’était sans doute le lieu qui leur permettait de rêver de la sorte, ici, personne ne savait qui était Lawrence Blake, il n’était qu’un simple donateur dans les yeux de certains et un homme très charmant selon le regard des autres. L’Australie et Brisbane leur avait apportés à cela, la possibilité d’être tout nouveau et de recommencer. C’était bien pour cette raison qu’Hannah avait accepté de suivre Nathan il y a de cela quatre ans. L’ennui était bien la pire des choses pour un artiste et Hannah avait fini par tomber dans une routine de cigarettes, d’hommes qu’elle ne rappelait pas et de pièces à jouer. Elle n’avait pas eu l’intention de se dessécher à un si jeune âge oh que non, Nathan n’avait pas lésiné sur les moyens pour convaincre sa fille, lui achetant une villa dans la foulée et faisant en sorte qu’elle ne manque de rien. Ce n’était pas tant l'architecture de sa nouvelle demeure qui l’avait séduite mais bien le pays qu’elle ne connaissait pas à l’époque. Et cette nouvelle haute société avec des nouveaux codes et des nouvelles règles à apprendre et surtout dans le cas d’Hannah, des nouvelles règles à détruire et à piétiner avec une nouvelle paire de chaussure.
L’américaine, ça avait été son surnom pendant longtemps alors qu’elle arpentait les divers gala de charité dans l'ombre de Nathan et un verre à la main. Mais l’ombre avait fini par grandir et elle était devenue plus que ça au fil des soirées et on avait fini par lui demander son métier, si elle était célibataire ou pas et enfin en dernier son prénom. Hannah, elle était alors devenue Hannah avec les sourires en coin, celle qui ne mâchait pas ses mots, qui s’y connaissait en art, en mode et en politique actuelle et qui savait précisément de quelle manière, quand et où dépenser son argent. Bien entendu, beaucoup s’était pressé aux portes de sa villa pour pouvoir lui parler, converser avec elle, voir l’intérieur de son monde et savoir comment elle fonctionnait. Hannah avait bien entendu l’habitude de telles demandes et si elle savait être un personnage public quand il le fallait, sa vie privée était jalousement gardé. Littéralement. La brune avait toujours, depuis ses quatorze ans, cette boite cachée sous son lit, qui renfermait la plupart de ses trésors, ils s’étaient accumulés au fil des années et le dit coffre contenait désormais une seule et unique photo de sa défunte mère, les bijoux les plus précieux de cette dernière, tous les articles qui parlaient d’elle sur les planches et bien entendu les lettres de Lawrence. Mais il n’était pas le seul homme qui avait réussi à se frayer un chemin dans son corps et parmi ses biens les plus précieux, la boite contenait aussi une photo d’elle et Jamie, prise avec son propre téléphone portable, lors d’une soirée, Hannah déterminée à faire sourire le grand brun à tout prix. Sauf que personne ne le savait, aucun des deux hommes ne connaissait l’existence de sa boite à trésor et tout ce qu’il y avait de plus vrai chez Hannah était contenu dans cette boite, le reste n’était que superficiel.
Tout, y compris Hannah et sa magnifique robe et le sourire qu’elle avait face à Lawrence. Qui décrivait une femme qu’il ne connaissait pas vraiment, Hannah le laissa finir sa tirade et eut un rire intérieur en se disant que le Blake n’en aurait pas mené large fasse à Nathan. Son père avait pour le jeune homme une aversion profonde, s’il avait respecté Warren en sa qualité d’ainé, Lawrence ne lui avait jamais inspiré confiance et Hannah lui avait caché leur correspondance pendant des années, tout avait évidemment éclaté après leur été. Hannah se rappelait encore de son air de déception et des mots froids qu'il avait eu pour sa fille, injuste ? Non, Nathan lui avait dit exactement ce qu’elle pensait à propos d’elle-meme en ce moment, qu’elle était en effet comme les autres et qu'elle était faible. Des mots qui étaient restés gravé dans son esprit, tout comme la haine que portait très probablement Nathan face à Lawrence. Son père allait apprendre qu’il était ici et alors quoi… Hannah afficha un sourire désormais, se demandant quelle genre de démons Nathan allait donc lâcher sur Lawrence et si elle allait laisser faire son géniteur ou pas. Elle était plus forte désormais, beaucoup plus forte, elle n’en était pas à son premier coup d’essai et elle était quasiment certaine de pouvoir régler le problème Lawrence toute seule.« Oh darling... you got me all wrong. » finit par répondre Hannah. Elle releva ses yeux couleurs noisettes vers le serveur et lui fit un bref signe de la tête pour qu’il lui apporte la meme chose. Au moins Lawrence n’avait pas oublié ses leçons en matière d’alcool.
Hannah se rapprocha davantage du Blake et ses mains se portèrent sur le col de sa veste qui s’était froissé malgré lui, comme quoi absolument rien ne pouvait remplacer le sur mesure. « You think I want to get away from all of this, escape this splendid demonstration of what my kind does best ? … God you’re wrong. » acheva la brune, son visage à seulement quelques centimètres de celui de Lawrence. Il avait toujours les yeux aussi bleus, c’était quelque chose qui rendait Hannah complètement folle à une époque, folle de ne pas savoir pourquoi ses yeux brillaient avec autant d’intensité quand il la fixait elle. Cet éclat n’avait pas complètement disparu, il s’était juste un peu atténué tout simplement. Elle eut un autre sourire, plus doux pour Lawrence avant de se réinstaller sur son siège. Est-ce que la brune renonçait à cette petite joute verbale ? Non, absolument pas, après tout, elle en avait appris tellement sur elle-meme avec leur dernier échange alors pourquoi pas ? « I can’t really blame you, we’ve been away from each other for what …? Fifteen years. » Hannah posait la question en comptant les années dans sa tête. Tellement loin l’un de l’autre, elle n’avait pas vraiment envie de savoir ce qu’était devenu Lawrence. Ça ne l’intéressait absolument pas, elle avait peut-être un minimum de respect pour le jeune homme mais pas assez pour l’ancrer dans cette ville. Il était quelque chose de son passé, quelque chose qui avait vécu et qui revenait la hanter. Pourraient-ils un jour devenir amis ? Hannah en doutait vraiment, les gens comme eux ne finissaient pas par devenir amis avec leur amants d’antan. « You don’t know what you’re in for Lawrence. » conclut simplement Hannah, son regard se promenant sur les dernières invités qui arrivaient encore.
On ferma les portes et la musique démarra lentement ainsi que le ballet des serveurs qui arrivaient avec les boissons, la brune eut pour son serveur un simple signe de tête avant de boire une gorgée. La soirée allait être intéressante, c’était un peu comme si Lawrence se jetait dans la gueule du loup et volontairement, où voulait-il en venir ? Elle ne le savait pas encore mais autant répondre à ses questions. « I don’t need a plan, I don’t need to think about anything, I just need to enjoy the free champagne and wait for an opportunity. » Hannah n'avait plus seize ans, elle ne détestait plus ce genre de spectacle public, elle s'était habillée en conséquence, non, au fil des années, elle avait fini par accepter son statut de fille trophée et de princesse. Ce n’était qu'un autre personnage à jouer, une autre version d’elle-meme à délivrer, pourquoi cela devrait forcément être une corvée ? « Maybe I'll leave with one of the gentlemen at our table… although… I have a rule against corrupting my dad’s favorite business partner. So I wonder… Maybe it’s going to be poor Damian over there, he owns all the airline companies of this country, he thinks that makes him the king of the sky or something like that, but at least he got some money and his wife recently left him… » Hannah feignit un sourire triste pendant quelques secondes, sourire remplacé par une toute autre expression la seconde d’après. « Or maybe one member of the staff, they sure know how to have fun. » Et oui, la brune parlait d’expérience. C’était ça qu’elle avait acquis loin de Lawrence, de l’expérience, il avait été le premier homme dans son coeur, le premier homme à la posséder et à la clamer physiquement, mais elle n’avait pas laissé cette simple déception l’abattre. Et dans le fond, chacun de ses amants, chacune de ses amantes avait contribué à la façonner aussi, alors non, il n’avait pas la priorité sur son coeur. « Or just maybe, maybe, it will be you… » lâcha t-elle dans un souffle. Leurs regards se rencontrèrent encore et elle laissa échapper un rire cette fois-là. « Again, I haven’t decided yet. »
La vérité se trouvait là, sous son nez. Et il avait un certain mal à l'admettre pourtant il ne pouvait faire autrement. La Hannah qu'il avait connue avait changé. Ce n'était pas forcément bien ou mal, c'était juste ainsi. La jeune demoiselle innocente cachée sous un drap de prétentions était désormais devenue une femme avec son propre plan de jeu. Lawrence ne pouvait aucunement prétendre qu'il était étonné de la voir ainsi entreprenante voire même allumeuse. Et pourtant il était intérieurement choqué. Non pas de découvrir celle qu'elle était aujourd'hui mais juste d'être confronté au fait qu'elle avait évolué. Tant qu'il l'avait éloignée de son monde, tant qu'il s'était efforcé à faire d'elle un élément du passé, elle était restée intacte. Elle était Hannah, son Hannah, et rien ne pouvait venir ternir l'image qu'il avait d'elle, rien ne pouvait l'altérer non plus. Cependant il la voyait maintenant, pour de vrai, en chair et en os. Il fallait plus que quelques rides nouvelles au visage d'Hannah pour donner le sentiment qu'une ère était révolue à Lawrence. Mais elle avait changé autrement que physiquement. L'assurance qu'elle dégageait n'était plus un petit oisillon fragile auquel il apprenait à voler. Son assurance était réelle, prétentieuse et orgueilleuse même. Et il n'y avait rien de feint dans sa manière de se jouer de ceux qui n'étaient là que pour la servir. Car tout ce petit monde n'était là que pour cela non? La distraire avant qu'elle ne s'en aille exactement comme elle l'avait dit, au bras de l'un ou de l'autre selon son humeur. Et l'humeur de Lawrence était au beau fixe aussi car alors qu'elle parlait d'autres hommes et de possibles aventures à envisager avec eux, il réalisait que le mal que cela lui aurait fait auparavant s'était dissipé. Sa possessivité n'était pas complètement partie mais elle avait une autre nature. Elle l'avait brisé. Cette rencontre au musée avait eu le don de faire bien plus que de réveiller Lawrence sur le fait que les années avaient passé et qu'ils avaient changé. Cette rencontre lui avait appris qu'il était puéril de s'accrocher à un rêve et que les rêves parfois peuvent vous détruire. Il avait appris au prix de son coeur déchiré que l'amour se rencontre une fois dans une vie mais que jamais il ne faut attendre qu'il revienne car cela revient à attendre au bord d'une falaise. Et si l'attendu revient, alors tout ce qu'il pourra faire ce sera de vous pousser dans le précipice de vos espoirs tout comme Lawrence avait été poussé. Dégringolant au son des paroles d'Hannah, n'ayant aucun point d'accroche, il s'était retrouvé au sol à contempler son point de départ et l'endroit de sa chute. Et bizarrement, tomber avait beau être douloureux cela était aussi extrêmement libérateur. Comme si soudain il était libre d'avancer à nouveau. C'était la raison pour laquelle il n'était pas certain de vouloir continuer son projet de vengeance au début. Et après réflexion il avait réalisé qu'il ne risquait rien tant qu'il restait la tête sur les épaules et qu'il ne s'aventurait pas à avoir de nouveau des espoirs. C'était un sentier dangereux qu'il empruntait car côtoyer Hannah n'avait rien de simple ou d'intelligent. Mais il était prêt à prendre ce risque pour la simple raison qu'une part de lui s'était sentie revivre au contact de la brune revêche. Elle avait le don de réveiller le pire en lui. Alors qu'à l'époque elle était sa muse, aujourd'hui elle était devenue l'incarnation de ses pires démons. Et il n'avait pas envie de les fuir, pas cette fois. Cette fois il affronterait Hannah, il affronterait Nathan et tous les Siede qui auraient en tête d'encore jouer avec ses pieds.
Alors que Lawrence se croyait prémuni de blessures, alors qu'il pensait que le seul mal auquel il devrait résister viendrait de la haute société et de ses vicissitudes, il entendit Hannah planter un nouveau couteau dans cette plaie qui cicatrisait à peine. Il la regarda sans ciller lorsqu'elle évoqua la possibilité de faire de lui son amant cette nuit. Il ne savait si c'était une simple manière de le provoquer, si c'était vrai ou s'il y avait des deux. Le rire qui s'ensuivit glaça le sang de Lawrence. C'était comme un rappel de la jeune femme qu'il avait autrefois possédée. Comme si avec un simple éclat de voix elle avait pu lui rappeler qu'elle n'était pas aussi sûre d'elle qu'elle ne le laissait paraître. Ce n'était qu'un rire et pourtant, il y voyait une montagne de possibilités. Notamment une qui le tentait énormément: entrer dans son jeu et lui montrer qu'il n'avait rien à lui envier. Lawrence était né dans le beau monde et il savait tout aussi bien que n'importe lequel de ces pingouins manier les sourires et les gens, voire mieux. "Well I'm flattered that you can even consider me as an option!" dit-il sourire sans pince. Il savait qu'elle prenait un malin plaisir à le diminuer, à faire comme si le fait qu'il ait été son premier amant était aussi insignifiant que si elle avait eu face à elle sa première paire de chaussettes. Mais il n'avait pas l'intention de se laisser déstabiliser. "But I should tell you, before you get to excited about all that, that I never take back home a lady I haven't danced with before." Ce n'était pas juste une invitation dangereuse qu'il lui faisait là, c'était une vérité. Lorsqu'il sortait autrefois, il ne lui venait jamais à l'idée de ramener chez lui une femme avec qui il n'avait pas fait quelques pas sur la piste de danse. Lawrence était de ce monde de prétentieux qui estimaient que l'éducation d'une femme se mesurait à sa manière de déambuler. Comme si la grâce de l'une pouvait se démarquer uniquement de par son déhanché. Mais cela allait bien plus loin. Derrière l'assurance que la femme avait eu droit à des cours pour un bal de débutante ou autre événement clé de la vie d'une riche digne de ce nom, il y avait aussi un petit test personnel. Serrer contre soi avec la distance de rigueur quelqu'un était une épreuve intéressante. Il pouvait ainsi juger si la femme qu'il conduisait était timide, désinvolte, apte à tenir une discussion ou totalement fermée. Rares étaient celles qui convenaient réellement mais Lawrence avait toujours aimé jugé celles qu'il comptait mettre dans son lit. Une sorte de condescendance secrète qu'il usait avec celles du sexe opposé. Et ce soir, Hannah n'y échapperait pas. Pour autant qu'elle tente de jouer de ses charmes sur lui, elle devrait se soumettre à ses règles aussi. Il en avait fini d'être la marionnette docile des autres et cela depuis longtemps. "Though I must tell you that you'd better choose someone else my dear Hannah..." Il regarda dans la direction du garçon insignifiant qu'elle avait mentionné un peu plus tôt. Bien qu'il ne voyait pas comment elle pourrait se contenter de si peu, il se félicitait à l'idée qu'il puisse lui recommander de réorienter son choix. Avec désinvolture, il s'expliqua "It may be true that the 19 years old boy I was is still in love with the 16 years old Hannah. But as you perfectly said it, we changed. And the one I am now doesn't love you and more important, I don't know you." Il posa son regard sur elle tandis qu'un garçon se penchait entre eux pour débarrasser les couverts inutilisés et en déposer d'autres à la place. "You would have to seduce me all over again." dit-il en riant de manière légère et en adressant un sourire à son voisin de droite qui les regardait avec curiosité. "And since I've known you before, I believe seducing me today would be even a harder game than it would be for any other unknown girl in this room." Il parlait avec le même ton qu'il aurait employé pour parler d'une transaction banale à effectuer avant de fermer le restaurant. Il ne se sentait plus affecté par tout ce qui se passait. Il ne pouvait pas anticiper ce que ferait Hannah et cela c'était nouveau. Mais il avait compris que s'en inquiéter ne ferait que compliquer les choses. Or ce soir il ne voulait pas du compliqué, il voulait juste profiter de sa soirée. Quitte à ce qu'elle parte au bras d'un autre. Mais il savait qu'il avait semblé prétentieux et il tourna son visage vers elle, avec un léger biais pour lui dire "But no need to remind me this would be so beneath you, my dear." Il prenait un malin plaisir à la "deariser", car c'était une marque d'affection du passé. Et c'était presque incontrôlable. Ils avaient beau avoir construit un mur de haine entre eux, il se sentait toujours connecté à cette maîtresse de la vanité. Parce que comme nulle autre personne, elle savait quel feu consumait Lawrence dans son for intérieur. Ils avaient beau ne plus être des adolescents, leur complicité rivale était toujours intacte. Même dans leurs meilleurs jours, Lawrence avait toujours pris plaisir à agacer Hannah. Pour le simple plaisir de voir se dessiner sur son visage cette petite ride à moitié contrariée, à moitié amusée. "But anyway it is pleasant to see you." C'était une provocation voilée. Masquée sous un voile de "je te connais, tu ne feras jamais ça", il savait que c'était sa meilleure chance de parvenir à ce qu'elle pense qu'il croyait savoir quoique ce soit. En vérité, il ne savait plus rien. Juste qu'elle était superbe, qu'il était seul et qu'ils n'avaient que l'autre pour se distraire pendant cette soirée. Peu importe ce qu'elle verrait dans ses paroles, elle aurait quelque chose à y redire et c'était cela que Lawrence cherchait. La curiosité l'emportait sur lui. Hannah était-elle prête à un défi, était-elle sérieuse dans son envie de jouer avec ses pieds? Ou le mépriserait-elle? Quoiqu'elle fasse Lawrence se sentait pousser des ailes. Car il n'était pas accroché à ses lèvres, il n'était plus à la merci de son propre coeur. Il était juste un gentleman dans une pièce remplie de sombres idiots avec des comptes dont ils n'étaient pas dignes. Mais il était là et cette ambiance qui l'imprégnait, c'était somptueux.
Aux mots de Lawrence, Hannah s'était tournée toute entière vers lui. Il n'y avait plus aucune doute que le Blake avait toute son attention, cela se voyait à la pose de la belle et aux sourires qu'elle avait désormais sur le visage. C'était le genre de sourire que la brune avait généralement sur le visage quand quelqu'un était en train de la provoquer, ça arrivait très rarement mais c'était précisément ce que Lawrence était en train de faire, avec ces mots-là. À lui rappeler qu'il était une cible complètement inaccessible. Qu'elle ne pouvait rien lui faire de plus. Parce qu'elle lui avait déjà fait le pire avec sa lettre assassine il y a quinze ans de cela. Oh mais le pauvre fou... Il pensait que la colère d'une petite fille de seize ans était quelque chose pour lequel il fallait pleurer, se morfondre pendant des jours entières et de quoi avoir honte et pleurer ? C'était pathétique vraiment, Hannah n'avait pas vraiment d'autres mots, elle se demandait encore comment ces mots avaient faits pour blesser un homme comme lui. Un homme qu'elle avait toujours vu et considéré comme au dessus de tout et de tous, oh mais c'était vrai, il s'agissait de l'homme qu'elle avait également aimé et l'amour était un sentiment qui finissait par pourrir le coeur du meilleur des hommes. Sans compter que c'était un fruit dans lequel Hannah vicieusement planté ses dents et qu'elle ne l'avait laissé à personne. Mais ça, c'était le passé, Hannah avait grandi, elle avait changé, elle avait compris de quelle façon on pouvait vraiment réduire un homme à rien et lui faire courber l'échine. Et dans les yeux d'Hannah ce soir, Lawrence n'était absolument rien d'autre qu'un homme, exactement comme les autres, et s'il souhaitait qu'elle entre dans sa danse, parfait, mais elle allait le traiter absolument comme les autres. Comme tous ceux qui s'étaient enchainés dans sa vie et dans son lit et qui n'avaient jamais compté. C'était des compliments murmurés, des caresses volés et des dizaines de prénoms gémis dans ses draps qui n'avaient pas la moindre importance pour Hannah, ce qu'elle avait cherché avant tout, c'était le contact humain, quelqu'un de l'autre compter, quelqu'un pour la toucher comme elle en avait besoin, quelqu'un pour être en vie pour ensuite mieux mourir. Tous des visages sans noms, des larges épaules, des lèvres qui se perdait dans son cou, elle disait rarement leur prénom à eux mais eux finissait toujours par lâcher des oh Hannah.
C'était cette femme-là que Lawrence avait sous les yeux et qu'il ne pourrait jamais maitriser. Hannah se plaisait à dire qu'elle était indomptable et elle l'était sans absolument aucune concession."Oh honey, darling... " Elle avait pour lui un ton presque désolé et elle se saisit de sa main pour nouer leurs doigts ensembles, bien conscientes qu'on les observait. Mais le contact n'était tout simplement plus le même, la complicité n'était plus là, sa main à lui était toujours plus grande que la sienne mais ça ne l'amusait plus autant. Cela lui rappelait encore plus à quel point elle avait envie de l'écraser. Si Lawrence était venu pour parader et montrer au monde qu'il était celui qui avait réussi à voler son coeur à Hannah Siede, elle ne lui en donnerait pas l'occasion. Il n'y avait qu'un seul et unique homme qui avait son coeur en cet instant précis et c'était uniquement parce qu'elle y avait consenti. C'était encore un de leur jeux, comme cette après-midi là dans Central Park, tout avait commencé aussi innocemment que cela. Il n'y avait plus rien d'innocent dans leur regards, elle savait que chacun des mots de Lawrence était calculé, les siens aussi. Hannah se pencha de nouveau vers lui, et elle déposa un baiser sur sa joue, marquant sa peau de son rouge si poignant et continua son chemin jusqu'à son oreille pour murmurer un simple. "You think I still need to dance with men to seduce them ?" Hannah le gratifia d'un autre baiser, juste pour la simple mesure avant de se reculer, reprenant possession de son siège. Que pensait-il ? Qu'elle était encore une petite fille hésitante et peureuse? Hannah savait ce qu'elle voulait chez un homme et chez une femme, elle n'avait plus besoin de parader, ça ne marchait jamais vraiment avec les hommes, ils n'aimaient pas l'admettre mais dans le fond, ils avaient tous besoin de quelqu'un pour les remettre à leur place. Après tout n'essayaient-ils pas de remettre Hannah à sa place à elle une fois qu'ils étaient entre ses cuisses ? De cette façon, l'équilibre était rétabli n'est-ce pas ? "I don't think you understand how this game work, it's not interesting if there's no challenge, where would be the challenge with you my dear old Lawrence...?" La brune avait prononcé son prénom avec tout le sarcasme et le dédain qu'elle possédait et quand on connaissait Hannah, l'insulte était bien présente dans sa phrase.
Lawrence l'amusait et l'ennuyait à la fois, pourquoi diable s'amuserait-elle à jouer avec ce feu-là. Elle s'était déjà brûlée, il prétendait avoir changé mais franchement, elle ne le voyait pas, ni comment ni pourquoi. Il allait devoir faire beaucoup plus que ça s'il voulait qu'elle le considère vraiment comme son égal. Beaucoup plus. "Tell me what's so attractive about you right now ? Sure you might have a pretty face but ... come on... I don't think you have much left to offer." Pas d'argent, plus de nom à ruiner, pas de vilaines rumeurs à faire courir sur sa personne, si au moins il était marié... Hannah aurait été un sujet de conversation entre le beau et sa belle. "If I'm going to play, the partner needs to be worth it. Questions ? No, good." Hannah ne regardait plus Lawrence, elle avait les yeux absolument partout et elle voyait bien les gens qui la pointaient elle et Lawrence du doigt. Pas de doute que les rumeurs allaient aller de bon train. Comme pour prouver qu'Hannah avait toujours raison, au moment où les entrées furent servies, une autre femme se dirigea vers leur table, tous se levèrent sauf Hannah bien évidemment, qui avait mieux à faire que de se lever pour une personne moins importante qu'elle, mais elle eut pour la nouvelle arrivée Sylvia de quelque chose, elle ne se rappelait jamais, les français étaient tellement prétentieux avec leur titre. Sylvia se pencha vers Hannah pour l'embrasser et la Siede eut pour elle un sourire hypocrite. "Hannah, dear Hannah, so lovely to see you, nice evening isnt it ? My husband is planning on making a very generous donation. And who's your lovely companion, you do change so often, we were hoping to see you with Lord Keynes tonight. You two make such a lovely pair." Dans une autre situation, Hannah aurait eu pour Sylvia un simple soupir mais dans ce cas précis, elle eut pour elle un regard assassin, détestant entendre le nom de Jamie entre sa bouche. Sans compter que cette idiote venait de fournir une arme parfaite à Lawrence. Hannah se reprit cependant bien vite, c'était son jeu après tout et elle se leva enfin, serrant la main de Sylvia. "Oh you know what they say, it's always bad luck to go after someone else's man, but I've learned my lesson." Le mot était faible, le ton était joueur même si Hannah était intérieurement sur la défensive, elle s'empara du bras de Lawrence, qui devait être au centre de toutes les attentions ce soir. " And this lovely gentleman is Lawrence Blake, never heard of him ? Well, he's from New York, just like me. But don't hope you can make something out of him, his family got rid of him after he tried to still his own daddy's money, so not real a good husband material and you should not introduce him to your daughter Matilda... I mean everyone here knows you're on the look out for the perfect husband for dearest Matilda, Lawrence over here is more of a passing phase, someone you forgot after one summer... Oh more champagne, lovely. " Les révélations d'Hannah avaient jeté un froid sur l'assistance et un silence suivi son petit discours, elle se contenta de vider sa flûte, un parfait air de satisfaction ses yeux dans ceux de Lawrence. So Blake, you still want to play ?
Avait-il soudain reçu une douche froide sans avoir été prévenu au préalable ? Lawrence n’en savait rien. Il clignait des yeux en gardant son air impassible mais de toute évidence la soirée ne faisait que commencer. Celle qu’il avait souhaité refouler d’emblée semblait déterminée à tout faire pour lui prouver qu’il n’avait pas besoin de la repousser : elle n’était même pas intéressée. Le ton condescendant qu’elle employait, la facilité avec laquelle elle se permettait d’enrouler ses doigts autour des siens… S’il n’avait pas été trop préoccupé par les bonnes manières, il aurait probablement retiré sa main de cette étreinte non désirée. Mais elle savait ce qu’elle faisait, elle savait où poser son couteau et comment l’enfoncer lentement pour qu’il sente chacune des dents de l’ustensile le traverser. Il sourit avec un pincement de lèvres qui indiquait très clairement qu’il n’était pas d’humeur à lui donner gain de cause. « You don’t need that with the men you pick that’s sure. Maybe you choose them poorly, the easy ones, the ones who don’t need to be seduced. Anyway we both know that you always get what you want, right ? » Il plongea son regard bleu dans celui de la brune et retira sa main quelques secondes après. Elle ne démordait pas de son idée et Lawrence se souvint de l’entêtement dont elle pouvait faire preuve. Cela l’aurait presque fait sourire si dans la situation présente cette obstination n’était consacrée à lui prouver qu’il ne représentait pas un challenge. « You’re right, I’m no challenge. If that helps you sleep at night, consider it true. It’s better like this anyway, you’d probably be devastated if you’d ever get a ‘no’ in your life. » Il n’était pas convaincu que si elle posait à nouveau sa main sur lui de cette manière si lascive, que si elle sussurrait à son oreille comme elle en avait le don, qu’il lui dirait non. Il avait beau la détester tendrement, il restait un homme. Et un homme qui se respecte dit rarement non à une femme avec le charme d’Hannah. Pourtant plus elle parlait et plus il était certain qu’elle n’était plus celle qu’il avait tant aimée. Parce qu’elle n’était pas simplement en train de jouer, il y avait plus que cela. Elle était amère. Et bien au-delà de ce que cachaient ces yeux pétillants de fourberie, il y avait de la méchanceté. Il ne l’avait pas connue sous cette forme-là. La Hannah du passé était une jeune femme déterminée, forte et pleine de convictions qui adorait se jouer des autres. Mais ce n’était qu’un jeu. Au fond elle était une gamine, une jeune femme qui croquait la vie, qui la découvrait et qui s’accrochait au bras de Lawrence pour ne pas se laisser emporter par des frénésies dangereuses. Il avait connu une toute autre fille. Celle-ci était gâtée, capricieuse, exigeante et imprévisible. Bien que Hannah ait toujours eu ces caractéristiques, il les voyait sous un autre jour maintenant. Il ne pipa pas un seul mot et haussa les épaules en réalisant qu’elle venait de décréter qu’il n’en valait pas la peine après l’avoir interrogé sans lui laisser le temps de parler. Ce monde-là ne lui manquait pas. Il dessina un cercle dans la soupe qu’on avait posé devant lui du bout de sa cuillère et fut surpris de voir tous les hommes autour de lui se lever. Avec une fraction de seconde de retard, il fit de même.
L’inconnue dont l’accent ne pouvait être que français se lança dans des mondanités qui n’intéressaient pas Lawrence. Pourtant alors même qu’il voulait chasser la voix désagréable de cette femme de sa tête, il ne put redresser les oreilles lorsqu’il entendit le nom de Keynes. Cela devait être visible, il était confus. Mais Hannah ne le regardait pas. Elle semblait elle-même ne pas apprécier cette pique déguisée de la convive. Et alors qu’il pensait que tout le ridicule du monde devait déjà avoir eu lieu, il sentit Hannah s’agripper à son bras. Il ne fit même pas semblant de trouver cela normal et regarda cette main qui le tenait avec un étonnement qu’il voulait évident. Il cligna des yeux quelques secondes tout en tendant une main polie à celle qu’on lui présentait. Mais au fur et à mesure que Hannah le présentait, Lawrence se rembrunit. Pourquoi l’attaquait-elle de la sorte ? Il n’en savait rien. Qu’avait-il donc bien pu lui faire pour qu’elle désire à ce point l’achever ? Il resta de marbre jusqu’au bout, mûrissant ce qu’il aurait à dire et s’amusant du visage outré de la femme qui était debout devant eux. Toute l’assistance semblait choquée d’entendre qu’ils avaient à leur table un pareil énergumène. Il se mit à leur place pour se calmer, conscient qu’il y a quelques années il aurait affiché le même air méprisant qu’eux. Alors qu’Hannah se réjouissait du verre de champagne qu’on lui remplissait, Lawrence afficha une fausse mine désolée et s’excusa aussi hypocritement que possible « Well I’m afraid that all she said is the truth. But don’t be horrified, I’m not a demon. After all Hannah Siede is sitting next to me, I can’t be that bad. » Il adressa un clin d’œil à l’un des hommes à leur table qui semblait être le plus ouvert à la cause Blake. Puis avec une audace qu’il avait eue dans sa jeunesse mais qu’il avait dû apprendre à maîtriser, Lawrence se rassit tout en terminant « Oh you should not take it so personnaly. » dit-il alors que la française regardait autour d’elle avec cet air outré et incapable de décidé ce qu’il faut faire. Elle venait d’être insultée et très violemment mais de cette manière sournoise propre aux riches : avec un sourire plein de toupet qu’on ne peut contrer. Mais Lawrence s’apprêtait à venger l’inconnue, non pas pour elle mais pour le plaisir de faire savoir à Hannah qu’elle n’avait pas le monopole du sarcasme. « And forgive my friend… » il posa sa main sur celle d’Hannah toujours accrochée à son bras « … She didn’t mean to hurt your feelings. She’s still devastated about this thing with Jamie Keynes. » Il regarda Hannah avec cet air féroce d’autrefois. Oui il connaissait celui dont elle lui avait dit qu’il occupait son cœur désormais. Et il se permettait de s'excuser en son nom, affront suprême « It’s either that either she reminds me as a great lover, I can’t see any other reason why she’d stay in my company otherwise. » Il sourit et l’inconnue pinçant ses lèvres détourna son visage pour partir d’un pas furieux. Il n’avait rien réglé. Il n’avait fait que gagner la sympathie de certains de ceux qui avaient entendu ce qui s’était dit et gagné la jalousie de ceux qui auraient aimé avoir eu la chance de mettre Hannah dans leur lit. Lawrence se tourna vers Hannah tout en saisissant un verre de champagne qu’on lui avait déposé près de son assiette « You’re a mean little girl. That’s something I didn’t figure out the last time we met. » Il était très décontracté. « So you’re still not willing to dance ? You could show them all that you have someone to replace your married man » Il coupa un petit morceau de saumon dans l’assiette immaculée qui se trouvait en face de lui et après l’avoir portée à ses lèvres et avaler le peu de nourriture que cela représentait « My God, Hannah, honey… » dit-il en utilisant ce ton qu’elle avait employé avec lui plus tôt « … what happend to you ? Do you need this to feel good ? To feel alive ? Or what… ? » Son ton n'était plus compatissant, il était amusé. Il s’en fichait à vrai dire. Elle n’était pas une cause perdue à sauver. Il en avait déjà assez sur les bras. Et Hannah semblait se complaire dans sa descente vers les tréfonds. Mais il savait qu’elle n’aimerait pas qu’il comprenne qu’elle s’était sentie attaquée à cause d’un homme. Si ça lui faisait mal qu’il s’agisse d’un autre homme que lui ? Oui. Si cela l’étonnait qu’il s’agisse de Jamie ? Oui. Mais il n’était plus un enfant, il savait comment était la vie. Mais pas comment était Hannah. Et il prenait un plaisir inattendu à découvrir qui elle était.
Hannah avait un mode de fonctionnement très différent de la plupart des autres femmes de son âge ou de son rang, elle le savait, elle l’avait toujours su dans le fond. Elle n’avait jamais été élevée de la même façon que les autres de toute façon, alors oui, peut-être qu’on aurait dit qu’elle avait une case en moins, qu’elle était méchante pour être méchante mais ce n’était pas le cas. Il ne fallait pas oublier que l’homme principal de sa vie était et avait toujours été son père, Nathan Siede. Le genre de Tyran que personne ne pouvait maitriser, même pas elle. Elle et son père avaient une sorte de complicité silencieuse, il la comprenait mieux que quiconque dans le fond et il connaissait toutes les parties d’elle-même, même les parties les plus faibles et les moins belles, celle qu’Hannah ne montrait jamais à personne. Son jugement était important dans la vie de l’actrice et ce même si elle faisait de son mieux pour se débarrasser de l’emprise que son père avait sur elle, elle essayait, au fil des années mais elle savait que dans le fond elle ne serait jamais vraiment délivrée de ce besoin de faire apparaitre un sourire sur le visage de son père. Au fur et à mesure que Lawrence parlait, qu’il tentait de regagner un semblant de dignité auprès de leurs convives, Hannah pouvait sans aucun problème imaginer l’air froid sur le visage de Nathan en apprenant que le Blake, le fameux rébus avait été présent et qu’il avait pris place à ses côtés. Leur idylle d’un simple été n’avait jamais été vue d’un bon oeil par son père et quand il aurait son rapport de la soirée, cela n’allait pas être mieux. Pourquoi Hannah y pensait maintenant ? Peut-être parce que la brûlure laissée par l’absence de Jamie était encore présente. Son sourire ne faiblit pas, ses lèvres toujours aussi rouges, mais le coup était bien là quand Lawrence posa sa main sur elle, avouant à tous que dans le fond elle était juste blessée par le rejet de Jamie. Le pire dans tout ça, c’était qu’il avait visé juste sans le savoir et une vague de colère passa et Hannah posa simplement son verre, ses yeux noisettes dans ceux si bleus de Lawrence.
Un océan dans lequel elle pouvait se perdre, un océan qu’elle avait juste envie d’assécher à cet instant précis et ce fut peut-être pour cette seule et unique raison qu’Hannah se rapprocha de Lawrence, une main soudainement posée sur sa cravate. Elle avait une furieuse envie de l’étrangler, de lui dire de ne pas parler des choses qu’il ne savait pas, qu’il ne connaissait pas, mais cela n’aurait pas été correct, trop de personnes les fixaient, leur chère amie française s’éloigna et elle fixait toujours Lawrence, des millions de questions se bousculant dans sa tête. Comment connaissait-il Jamie ? Une question toute bête, Lawrence avait fait parti de l’élite aussi, alors forcément les noms des grandes familles finissait forcément par se reconnaitre. Une autre question arriva tout aussi facilement, qu’est-ce que ça pouvait lui faire qu’elle ait eu le coeur brisé, ne devait-il pas au contraire sans réjouir et se délecter de la voir aussi misérable ? « Are you suggesting a trade ? You ? Instead of Jamie ? » La question était posée très honnêtement, qu’espérait-il ? Qu’elle baisse sa garde toute aussi facilement parce qu’il avait trouvé l’une des seules choses qui pouvait briser son armure et la mettre à terre sans aucun moyen de se protéger ? Non, Hannah avait déjà été faible, elle avait déjà ravalé ses larmes, admis ses sentiments et dits les mots à voix haute. Il n’y avait rien que Lawrence pouvait faire, ce n’était pas son histoire à lui, il ne pouvait pas retourner la vérité contre elle, Hannah connaissait la vérité, elle savait que dans le coeur de Jamie elle n’était que deuxième, elle savait pourquoi elle ne s’était pas battue et pourquoi elle l’avait laissé partir. « Even in your best moment, you’re still not enough to replace him Lawrence, you’re gonna have to try harder. » Une confession murmurée à demi-voix, peut-être une preuve de plus de ses propres sentiments pour celui qui n’étaient pas là, Hannah s’en moquait vraiment, elle se leva une nouvelle fois, roulant presque des yeux aux hommes qui suivaient son mouvement.
« Don’t worry gentlemen, I’m just getting another drink. » Elle eut un faux sourire pour son assemblée et tourna les talons, en direction du bar, cherchant à mettre le plus de distance entre elle et Lawrence. Hannah inspira profondément, ses foulées lentes et mesurées tandis qu’elle fendait la foule d’invités et de serveurs, ne prêtant pas vraiment attention à qui l’appelait et tentait d’avoir son attention. Était-ce cela qu’elle était devenue ? Juste une parodie d’elle-même ? Celle qui n’était bonne qu’à apparaitre aux cotés de Jamie ? Lui avait-il pris autre chose en plus de son coeur ? Non, la brune ne l'aurait jamais permis, cet amour là ne l'avait pas rendue aveugle, particulièrement pas quand elle était seule qui se retrouvait seule la nuit. C’était plus par choix qu’autre chose, c’était ce qu’elle se répétait en boucle depuis avoir tout avoué à Jamie sur le Victoria Bridge, elle n’allait pas s’engager dans une bataille qui était perdue d’avance. « Good evening Miss, what can I get you ? » Perdue dans ses pensées, Hannah n’avait pas réalisé qu'elle était près du bar. Elle eut une autre inspiration. « Whisky please. Don’t bother with the rocks. » La brune avait envie d'une cigarette, juste histoire d’envoyer la fumée en plein dans le visage de Lawrence. Il revenait sûrement au pire moment de sa vie, la Siede avait envie de se battre, de lui montrer qu’il n'était rien, qu’il avait vécu avec le souvenir d’un mensonge et tout ce qu'il avait fait c’était profiter d'une adolescente de seize ans. Elle voulait qu’il ouvre les yeux, réalise que l’amour était un leurre, un attrape nigaud… Mais en même temps, elle venait juste de tout avouer à l’homme qu'elle aimait alors peut-être que oui, Hannah était une très bonne hypocrite. Ou alors elle ne savait pas où elle en était tout simplement, cette soirée était censée être légère, sans aucune prise de tête, pour se retrouver, et il était là, avec son sourire stupide et son costume bas étage. Le verre de whisky fut vite englouti et quand Hannah le reposa, un rire se fit entendre de sa droite. « Oh fuck off Lawrence I’m not in the mood.» lança t-elle avant de tourner la tête, il ne s'agissait malheureusement pas de Lawrence, mais de l’organisateur de la soirée en personne, Sebastian Bowen ou quelque chose comme ça. Hannah n'avait entendu que du bien de lui, un homme charmant, qui possédait la plupart des hôpitaux et centre médicaux du pays. « Not in the mood ? Oh too bad to hear that I was so glad to finally meet you Miss Siede… » Le reste de son discours sembla s’effacer et Hannah se concentra uniquement sur son visage charmant et son costume hors de prix. Oh, elle avait trouvé une bonne occasion de revenir dans le jeu. « … Do you want to dance ? » demanda abruptement l’actrice. Elle était prête à aller sur la piste de danse à présent.
Il n'y a rien de tel que l'adrénaline procurée par les mondanités. Se promener entre des visages souriants mais dont vous savez les occupants hostiles, bavarder avec des personnes dont vous prétendez vous souvenir et enfin flirter avec les personnes de bonne famille non pas pour conclure mais uniquement parce que c'est un compliment indispensable à votre survie dans ce monde. Derrière ce ramassis de choses qui semblent aisée pour une personne non avertie, se cachent une centaine de règles tacites, secrètes parfois, pour vous sortir du pétrin. Les plus doués n'ont jamais recours à leurs cartes joker car l'art de la haute société réside dans le talent que chacun a de marcher le nez en l'air comme si le reste du monde lui appartenait et comme si rien ne pouvait souiller ses chaussures à 3000$ les lacets. Mais là où certains excellent dans l'hypocrisie délicate, d'autres sont réputés pour leur sourire réprobateur et leurs paroles de vipère enroulées dans du miel. Hannah n'avait pas toujours été aussi vilaine. Elle n'avait jamais eu l'âme d'un agneau c'est clair, mais elle n'avait pas non plus toujours été de celles qui savaient manier la méchanceté aussi aisément. Du moins Lawrence ne s'en souvenait pas ainsi. Peut-être avait-il sublimé son souvenir? Non pas peut-être. Il savait qu'il avait enveloppé le souvenir d'Hannah dans un coque d'argent de laquelle il ne voulait la sortir. Quitte à détester celle d'aujourd'hui et pleurer celle d'avant. Comme si les deux femmes étaient des personnes distinctes et qu'il n'avait pas eu l'occasion d'aller à l'enterrement de la première. Son deuil n'était pas encore fait, pas complètement. D'ailleurs c'était ce qui expliquait qu'il en veuille autant à Hannah, celle-ci, d'avoir ainsi assassiné la jeune demoiselle qu'il avait tant aimée. Mais le temps avait fait son oeuvre et petit à petit Lawrence avait fini par comprendre qu'il devait cesser d'idéaliser le passé. C'était malsain et surtout cela l'empêchait d'aborder le présent correctement. Or la Hannah qui tenait sa cravate en ce moment, elle, elle était bien dans le présent. Ses yeux fulminaient de fureur et étaient mêlé d'une pointe de... de désespoir? Lawrence pensait qu'il s'agissait peut-être de désespoir. Pleins de menaces, ces yeux noisettes qui le sondaient, lui rappelaient à quel point il était bon se sentir la proie d'Hannah. Autrefois les menaces que ces deux orbites émettaient étaient bien plus délicieuses qu'aujourd'hui car les menaces étaient des promesses. Lawrence entendit l'interrogation d'Hannah et se demanda un vague instant si il se pouvait qu'il y ait dans cette menace une promesse encore une fois? Une promesse d'autrefois peut-être? Celle qu'elle n'avait pas complètement oublié qui il était. "No, I'm not suggesting anything. I may not be rich but I'm not some rest you can take if your first meal isn't avalaible." Il n'était plus un homme des hauts rangs mais ses manières n'avaient que très peu changé. Son courroux pouvait être visible et sa fierté se déliait sur son col comme s'il avait eux des boutons en or signés Louis Vitton. Mais ces derniers avaient été revendus il y a des années de cela, pour subvenir aux besoins du restaurant lorsque celui-ci avait failli s'effondrer. Et Hannah le jugeait mais elle ne savait rien de lui, elle ne savait pas qui il était et elle ne savait pas ce que c'était que de se battre pour survivre. Alors qu'il recevait son mépris, il la méprisait pour son incapacité à voir à quel point il s'en était bien sorti. "I'm not trying anything my dear. If this is an attempt to make you feel better, then, please, keep on insulting me... Whatever pleases Queen Hannah." Il tourna la tête sans daigner la regarder plus longtemps et se plongea dans son assiette pour la terminer comme si celle-ci pouvait être plus intéressante que sa voisine de table. Alors que Hannah se levait, tous les regards se portèrent sur elle et il se força de ne pas faire pareil, il l'entendit seulement s'excuser mais préciser qu'elle ne partait pas.
Soulagé de se retrouver un moment seul, il en avait presque oublié le fait qu'il était à table avec toute une ribambelle de personnes qui avaient tout entendu de l'échange avec la Française et qui sauteraient sur l'occasion pour avoir des détails sur la fille de Nathan Siede. Lawrence n'avait aucune envie de ragoter même si il savait qu'il pourrait aisément manipuler ces personnes et faire germer dans leur tête toute une flambée d'idées. L'homme situé deux places à sa droite se pencha vers lui en essayant d'être discret pour lui demander "So you knew Hannah in New-York?" La curiosité qui emplissait sa voix n'était même pas cachée. Ils auraient pu s'offusquer d'avoir parmi eux un paria mais ils trouvaient tous cela très excitant d'avoir accès à quelque chose de nouveau. Lawrence se rappelait à quel point la vie de riche pouvait être ennuyeuse parfois et comment les scandales venaient la pimenter pendant quelques minutes parfois. "If by 'knew her' you mean I've dated her, yes I did. But believe me, nobody knows Hannah." Sans le vouloir, il venait de faire un des plus beaux compliments qu'il aurait pu faire à la belle. Bien qu'il n'ait plus les mêmes sentiments pour elle, il continuait de la respecter. Non pas parce qu'elle le méritait mais parce qu'il se le devait à lui-même. Sa défunte mère lui avait appris que la manière dont on se comportait envers les autres ne reflétaient pas qui ces autres étaient mais qui nous étions nous-mêmes. Et s'il y avait une personne qui jamais ne l'avait déçu dans sa vie, c'était bien sa mère. "Really? And now what's your..." Lawrence se leva en coupant court à la phrase du gentleman. Il ne voulait pas entrer dans cette phase de confidences d'où il ne ressortirait rien de bon. Son objectif était ailleurs au fond. Il voulait regagner la confiance d'Hannah pour la mettre à terre et son père avec. Et ce n'était pas en la salissant aussi idiotement qu'il parviendrait un tel exploit. "If you would excuse me, I've just seen an old friend over there." Il ne s'expliqua pas plus en avant et quitta la table sans même jeter un oeil à ceux qu'il laissait sur leur faim. Il traversa la pièce et s'arrêta auprès d'une jeune femme dont les cheveux blonds prenaient une teinte ambre sous les réflecteurs. Probablement une coloration de qualité qui devaient avoir des effets dévastateurs sous un soleil australien. Dans ce genre de banquets, personne ne connaît personne mais tout le monde se parle comme s'il avait toujours connu l'autre. "You look really bored my dear." La jeune femme leva un regard circonspect sur l'inconnu qui l'approchait ainsi et reçut un sourire inquisiteur de la part de Lawrence. Il n'avait plus fréquenté ces événements depuis longtemps mais il n'avait pas pour autant perdu la main. Il savait toujours comment s'y prendre pour qu'une femme se sente en sécurité avec lui. En sécurité malgré ce sentiment grisant d'insécurité qu'il provoquait avec son sourire légèrement débauché. "I was actually watching how these people started to dance and I think this must be very boring." Lawrence aurait juré qu'il n'avait pas de chance s'il ne s'était pas su un talent inné pour la persuasion et la manipulation. "Why are you so jealous?" La blonde le fusilla avec un air fâché qui n'égalait en rien les regards assassins d'Hannah. Il n'y y avait ni la force ni la volonté. "Jealous?" Bien qu'elle semble feindre être outrée, elle n'avait pas encore acquis l'art du mensonge. Il avait visé juste bien que cela n'avait pas été son intention. "Well I guess you envy those people for daring to do one thing you wouldn't even consider as an option..." Papillonnant des paupières entre la piste de dance et lui, elle savait déjà très bien qu'elle s'exposait à une invitation qu'elle ne pourrait refuser. Riant maladroitement "You're good at this, Sir...?" Lawrence fit une légère révérence polie avant de se présenter "Blake, Lawrence Blake." La jeune fille répondit tout en saisissant la main qu'il lui présentait "Oh I've heard of you, you're this shamefull guy who stole his papa! My name is Emilia Goldstein." Un éclair passa sur le visage de Lawrence. Il n'avait peut-être pas trouvé la fille la plus intelligente de l'assistance mais il avait trouvé une des plus riches. Une dont le père était un ancien associé de Fitzgerald Blake. "It doesn't seem to bother you though?" dit-il alors qu'ils entraient sur la piste et qu'il la rapprochait d'elle. Il se demandait vraiment s'il existait des personnes qui se fichait de sa décadence. Il vit alors Hannah dans les bras d'un autre homme, danser alors qu'elle le lui avait implicitement refusé. Il reporta de suite son regard sur Emilia bien qu'il fut blessé qu'elle s'obstine à l'humilier. Bien que personne ne sache qu'elle lui avait dit non, lui le savait et elle aussi. Et leur monde c'était toujours arrêté à cela, à leurs deux personnes. C'était donc amplement suffisant pour le miner. "No it doesn't. Tonight my own papa is with his good friend Lady Marysol, if you see what I mean. So if he doesn't like me dancing with you, I guess I just don't care." Lawrence prit un moment pour assimiler toutes ces informations. Il trouva le sire Goldstein qu'elle lui pointait des yeux et le reconnut même s'il avait pris un coup de vieux. La femme à côté de lui n'était pas son épouse et à en juger par ce que laissait comprendre sa fille, il s'agissait de sa maîtresse. Lawrence sourit en se rappelant de ces intrigues si fréquentes dans la haute société. Emilia se servait donc de lui pour punir son père de son infidélité mais il s'en fichait. Tout le monde attend quelque chose des autres, c'est ainsi que marche cette sphère. Et cela il ne le regrettait pas, il avait au moins gagné quelque chose au change. Son regard croisa celui d'Hannah et il lui sourit avant de détourner son regard sans lui prêter aucune attention supplémentaire. La mélodie prit fin et Lawrence voulut s'éclipser. Parce qu'il n'avait rien à gagner à danser avec cette jeune femme, elle était trop facile à convaincre. Mais elle s'accrocha à son bras jusqu'à ce que le maître de cérémonie n'interrompe la musique et n'annonce la période des discours. Lawrence situé au niveau de Hannah sussurra par dessus son épaule "Here comes the annoying part." Alors qu'il sentait que bien qu'elle n'avait pas bougé, elle lui prêtait son attention, il continua "I would have suggested we get away now, before they call you to give a ridiculous speach but I'm sure you want to go there and show off." Il regarda la robe qui mettait si bien le corps d'Hannah en évidence et fut convaincu que jamais elle ne laisserait passer sa chance d'en mettre plein la vue à toute l'assistance en montant sur l'estrade. Pourtant il avait osé émettre l'idée qu'ils puissent partir tous les deux. Parce que c'était qui il était: un ancien riche, un homme qui avait toujours été rebelle et qui avait toujours aimé se jouer des conventions. Non pas parce qu'il ne pouvait les respecter, mais parce qu'il préférait ne s'écouter que lui.
Queen Hannah. Elle aimait bien ce titre et elle l’acceptait volontiers. Il était vrai que dans les yeux de beaucoup, elle était une petite reine, couronnée d’abord par son père et ensuite par le monde. Le plus ironique c’était qu’Hannah possédait vraiment une couronne, en diamants bien entendu et complètement hors de prix, un cadeau d’un grand bijoutier de luxe, le dit objet trônait bien gentiment dans la penderie de la belle et n’était sorti que pour les meilleures occasions. Pour Hannah, cela voulait dire lorsqu’elle lisait un bon roman ou qu’elle avait un verre d’un excellent whisky, oui, car sa couronne, elle n’avait pas besoin de la porter en public, tout le monde savait courber l’échine devant elle et s’effacer et surtout, s’écraser. Une chose que Lawrence aurait dû apprendre et tout simplement la laisser tranquille avec son regard bleuté et ses promesses qui n’en étaient pas vraiment. Mais Hannah conversait avec un tout autre homme à présent et elle était contente que l’organisateur de la soirée la distraie pendant un moment. Une sorte de pause. Son esprit était toujours entièrement focalisé sur le Blake, cherchant un moyen de l’écarter du jeu, ou alors de gagner la partie tout simplement. La belle laissa cependant l’homme en face d’elle la distraire et elle lui offrit une danse. Sebastian accepta, évidemment, il ne pouvait pas en être autrement et Hannah eut le temps d’engloutir un autre verre de whisky avant de se laisser entrainer sur la piste de danse. Visiblement, il n’avait jamais vu une femme boire autant à ce genre de soirées. « Well maybe, just maybe, you’re not spending your time with the right kind of women. » Un sourire malicieux se dessina sur le visage d’Hannah et elle se rapprocha volontairement de lui, pour ce qui était un geste normal dans une danse aussi classique et soignée mais avec l’expression qu’Hannah avait sur le visage, rien n’était sur. Sebastian paru troublé et il se reprit bien vite en passant ses bras autour d’Hannah et en guidant la marche.
Les hommes étaient beaucoup trop prévisibles, beaucoup trop et tandis que la conversation et la danse se poursuivait, la brune répondit à demi-voix, son regard finit par tomber sur celui de Lawrence en pleine conversation lui aussi. Elle n’eut aucune réaction, elle savait que de la voir danser avec un autre serait un affront suffisant pour l’homme. Hannah ne prêta absolument aucune attention à la femme avec qui il parlait, Lawrence savait très bien commence tout ce beau monde fonctionnait, il n’était pas un idiot, il ne l’avait jamais été, ceci n’était qu’une pause dans leur petite joute verbale, bientôt, il faudrait retourner à la réalité, et à la présence l’un de l’autre. Ils ne pouvaient pas éternellement s’ignorer, les autres étaient trop plats, sans aucune saveur pour eux alors oui, ils allaient finir par se retrouver. Les mots de Sebastian et son discours n’atteignaient pas Hannah, elle répondait presque de façon machinale et eut un sourire pour l’homme à la fin de la danse. Une danse sans importance, il était certain que se tenir aussi près de Lawrence aurait été beaucoup plus intéressant. Oh peut-être pour… bientôt ? Lawrence et sa très chère camarade de la soirée dont Hannah avait volontairement choisi d’ignorer le prénom étaient proches et Hannah eut un sourire quand le brun se pencha encore vers elle. Elle avait eu raison, ils étaient incapables de rester éloignés, leur relation était comme ça désormais, quand ils se voyaient, l’un comme l'autre avait envie de bruler son opposé et de le regarder se consumer. La dernière fois, Hannah avait été celle qui avait résisté le plus longtemps aux flammes, et aujourd’hui... elle ne savait pas qui aller gagner. « And I'm supposed to be the bad one ? Oh god darling, you’re the worst, and of course I love to show off. » Elle avait appuyé sur le love volontairement, se fichant bien de savoir qui pouvait les entendre. Il avait au moins reconnu un des talents les plus précieux d’Hannah, le spectacle, ce n’était rien d’autre qu’un autre rôle à jouer et là tout de suite, elle devait être la parfaite petite hôte. À la place de son père. « But I’m sure you can wait, or is your friend over here too boring ? » Hannah laissa échapper un rire que seul Lawrence pu entendre et elle ne lui laissa pas le temps de répondre, on l’appelait déjà sur la scène.
Les regards étaient braqués sur Hannah et elle eut un clin d’oeil pour Lawrence et s’éclipsa. La musique était plus douce et Hannah eut presque l’impression de marcher dans un rêve, il n’y avait qu’un seul regard qui comptait à présent et elle savait que Lawrence la dévorait du regard tandis qu’elle montait sur le podium qui avait été dressé entre deux repas. La soirée avançait mais Hannah l’avait à peine remarqué, pour Lawrence et elle, la nuit ne faisait que commencer, elle en était sure. Cela lui rappelait un bref instant les nuits qu'elle avait passé plus jeune à lui écrire des lettres, à se confier sur le papier, à lui dire à quel point les nuits étaient sombres parfois et comment elle avait peur de se faire engloutir et de ne jamais revenir. La peur était toujours là, sauf que la jeune femme avait trouvé quoi faire pour faire reculer la peur et comment occuper les heures en attendant que le jour arrive. « Good evening to everyone, I know you were expecting to see my father tonight but he had to sadly go away for a while, you know how much he loves to argue for a living. » Hannah marqua une pause pour accueillir la salve de rires qui suivi son annonce et elle esquissa un sourire elle-meme avant de poursuivre : « Anyway, I think what matters the most tonight is how we all gathered today to help a great cause and support those who are in need. Not just in need of medication but really advances and… » Le discours d'Hannah avait soigneusement été rédigé par son père et elle se contentait de le répéter sans absolument y penser, y mettant le ton, une grande actrice qu'elle était. Elle ne comprenait pas vraiment comment certains pouvaient encore douter de son talent à ce stade là, la Hannah en face de l'assemblée était une Hannah sérieuse et profondément touchée par la cause du jour. Intérieurement, Hannah était ailleurs, cherchant un moyen de se sortir de la situation dans laquelle elle avait mis son coeur. Il lui fallait une solution, et après lui avoir pris Jamie, on lui offrait Lawrence. Son premier amour comme réponse ? Hannah ne savait pas où le placer, dans quelle catégorie le ranger alors … ou alors c’était lui la solution ? La solution de tous ses problèmes et la clé de son bonheur ? Le discours d'Hannah s’acheva tout aussi rapidement qu'il avait commencé et elle finit par laisser la place à Sebastian qui la remercia chaleureusement pour ses mots doux et pour la danse. Un autre rire dans la salle mais Hannah ne prêtait plus attention à rien à part Lawrence, elle venait d’avoir une idée, une idée qui était peut-être complètement folle, elle n'était pas connue pour ses choix raisonnés alors… « So I think I have an offer for you… You don’t mind if I borrow him right ? » La jolie brune s’était plantée devant Lawrence, l’arrachant abruptement à sa conversation et sa compagne. Elle n’attendit pas une réponse de sa part, lui prenant déjà la main comme avant, et l'entrainant vers la sortie la plus proche.
Si on connaissait leur passé, on pourrait penser qu'ils étaient de nouveau des amis de longues dates, partis pour se perdre et converser tout simplement et pour passer le temps. Il n’en était rien et Hannah fut bien contente de trouver une terasse vide, elle s’accouda rapidement sur le rebord et fixa un instant Lawrence. « I don't know why you’re here honestly, I don’t care , but after tonight, everyone here is going to want a piece of you. » Elle eut un coup de tête vers la fête avant de passer une main dans ses cheveux et de défaire son chignon droit, ses cheveux finirent par retomber sur ses épaules, légèrement bouclés et Hannah se sentit déjà plus elle-même. Son geste suivant fut de soulever les pans de sa robe pour révéler une jarretière noire contre sa peau laiteuse, elle y avait habilement caché sa seule cigarette du jour et un briquet. Hannah coinça la cigarette contre ses lèvres rouges et enchaina rapidement. « And you of all people know how much I hate sharing so yeah… » Là, dans un nuage de fumée, elle parlait de Lawrence, leur petit jeu n'allait pas passer inaperçu et il avait beau détester leur monde à présent, il allait de nouveau être jeté dans la fosse aux loups. Tout ça pour quoi ? Hannah ne savait pas vraiment, elle l'avait convoqué pour cette audience privée dans un seule et unique but. « Since you were so kind to remind me how miserable I am without any love or any man in my life, I, little Hannah Sara Siede, and if you accept, am willingly going to give you… let’s say… three months, to make me forget any other man in my heart. » La proposition était déplacée, indécente et probablement interdite, pourtant, avec sa cigarette entre les doigts à présent, Hannah affichait un sourire certain, fière de son idée. « A bet if you will, on you and my poor soul, if I’m ready to call myself yours after those three months, you won Blake, you can have anything you want. From me. And in the meantime, I’ll protect you from them and… even from my father, who’s gonna want to destroy you and your little business. » Il voulait trouver une bonne raison de revenir dans sa vie ? De s'accrocher à ses souvenirs ? De chercher la femme qu'il avait perdue, la pauvre adolescente avec des rêves plein la tete ? Elle lui avait trouvé une bonne raison. « But if I win, and I’m not going to act my way out of this, if I win, if I still feel absolutely nothing but regret and nostalgia while staring you after those three months… You’ll have to go away, leave Brisbane, in shame again. » Le revers de la médaille ? Mais Hannah lui donnait une chance unique, une chance de prendre son coeur d'assaut et elle n'allait pas offrir de résistance, pas comme elle le faisait toujours. « Deal ? » Elle lui tendit sa main libre, attendant de voir s'il acceptait cette chance ou pas.
Il ne pouvait s'empêcher de la regarder monter l'estrade. C'était là ce qu'il détestait le plus, il était incapable de ne pas la contempler alors que c'était justement ce qu'elle recherchait. "Oh no, you're the worst." avait-il pensé mais les mots étaient restés silencieux, ils n'avaient pas quitté les pensées de Lawrence. Il n'avait pas besoin de lui répondre. Si autrefois il avait été le mauvais garçon avec le plus d'initiatives considérées comme "déplacées", aujourd'hui, il semblait évident que la mauvaise personne ce n'était plus lui. C'était cette somptueuse créature qui se déhanchait gracieusement, qui se posait face au micro avec ce petit sourire contraint comme si elle ne voulait pas avoir l'air d'en faire trop et ce hochement de tête respectueux. Mais Lawrence voyait clair en elle. Il ne savait pas comment il faisait mais il avait le sentiment d'avoir enfin compris quelque chose au sujet d'Hannah. Emilia qui se trouvait à ses côtés, s'était penchée vers lui pour lui demander s'il s'agissait d'Hannah Siede. Avant qu'il n'ait eu le temps de répondre quoique ce soit, la voix d'Hannah résonna dans la salle et tous la contemplaient dans un silence empli de désir. Il n'écoutait rien du blabla qu'elle offrait à l'assistance, il était trop occupé à la deviner. Derrière son ton tantôt affecté tantôt sérieux, il décelait le détachement d'Hannah. Elle n'était pas là de son plein gré et bien que son public n'en avait rien entendu, Hannah l'avait elle même confessé en début de discours. Sans vraiment gérer ses songes, Lawrence se demanda combien de choses faisait cette femme contre son gré? Y avait-il quelque chose qui faisait réellement battre son coeur, y avait-il un endroit où elle se réfugiait? Y avait-il quelqu'un à qui elle parlait ouvertement, à qui elle disait ce qu'elle ressentait? Il se sentit triste pour elle pendant une fraction de secondes avant de penser à Jamie. Avait-il partagé avec elle ce que lui avait partagé avec Hannah? Leur lien était-il aussi profond que cela? Lawrence détestait cette idée bien plus que l'idée d'une Hannah seule et incomprise. Parce que l'amour qu'il lui avait porté demeurait un amour possessif. Un amour que personne ne comprendrait jamais, pas même lui.
Perdu dans sa contemplation de la femme qui bien qu'elle ne s'adressait pas à lui, continuait à le narguer, Lawrence n'avait pas remarqué le malaise d'Emilia. Cette dernière n'était pas dupe quant à l'effet qu'avait la brune sur son partenaire de danse. Et l'intervention de la Siede dans le duo changea la donne. Alors qu'Emilia voulait faire de Lawrence son épée pour blesser son père, il avait changé de statut. L'enjeu avait pris de l'ampleur quand elle avait vu Hannah chuchoter des mots au brun avant de s'avancer vers l'avant de la salle. Et comme toute femme qui se respecte elle ne souhaitait pas perdre la proie sur laquelle elle avait mis la main. C'était un jeu perfide: il suffisait qu'on s'intéresse à vous pour que vous perdiez l'envie de jouer. Mais si quelqu'un menaçait de vous enlever votre jouet, il devenait soudain votre préféré. Possessivement alors qu'elle n'en avait aucun droit, Emilia porta sa main sur l'épaule de Lawrence quand le discours prit fin. "I would like to spend all the evening with you Lawrence. I'm thinking you could have things to talk with my father..." Voilà c'était aussi simple que cela. Lawrence en aurait presque ri. Le monde allait toujours dans le même sens. Et il avait toujours su que s'il avait réellement voulu revenir dans les bonnes grâces de la bonne société, il lui aurait suffi de se servir de son charisme et d'un peu de manipulations. Lawrence était loin d'être idiot, il savait que ce soudain intérêt pour sa personne était le résultat de son échange avec Hannah. Mais il ne voulait rien ce soir, il ne voulait pas regagner sa place parmi les snobs. Il voulait retourner à sa table et replonger dans le regard assassin de sa voisine, échanger encore quelques paroles équivoques et s'en aller chez lui. Il se contenterait de cela. Du moins il le croyait. Il n'eut cependant pas le temps de répondre à Emilia qu'une Hannah déterminée s'interposa entre eux. Elle méprisa celle qui ne lui arrivait pas même à la cheville sans aucune forme de remord sur le visage et ordonna presque à Lawrence de la suivre.
Une offre, cela était intriguant. Mais il n'aimait pas qu'elle prenne sur elle de le sortir de la pièce comme s'il était à sa merci. Pourtant il se tut et la laissa faire. Arrivés sur une terrasse vide, il se demanda si elle ne le ferait pas passer par dessus la balustrade et demanderait à son avocat de père de faire passer cela pour de la légitime défense. Malgré cette pensée assez affreuse, il ne se sentait pas en danger. Il sentait au contraire qu'Hannah était légèrement anxieuse. Lorsqu'il aperçu sa peau sous sa robe, le tissu noir qui enveloppait sa jambe ainsi qu'une cigarette qu'elle venait de décrocher de son encoche, il tenta de calmer son flux nerveux. Elle n'était peut-être pas une meurtrière mais elle avait tout ce qu'il fallait pour figurer dans un film noir et être l'héroïne dont raffoleraient des générations entières. Dans la pénombre de la nuit, il l'écoutait proposer son deal tandis que la fumée s'échappait de ses lèvres. Plus elle parlait plus il comprenait ce qu'elle était en train de lui proposer. C'était tout bonnement inespéré. Il n'aurait pas pu demander mieux pour infiltrer le terrain, se rapprocher de Nathan et lui faire comprendre qu'il se vengerait de lui au travers de sa fille. Mais avec Hannah rien n’est simple. Et lorsqu’il s’agissait de Lawrence et Hannah, bien que des années aient coulé sur leur histoire, cela restait extrêmement compliqué. Bien que Lawrence aurait pu s’offusquer d’être ainsi demandé pour effacer le souvenir d’un autre, il préférait mûrir une réponse à la proposition qu’elle était en train de formuler. La main qu’elle lui tendait fut saisie avec assurance et il attira Hannah contre lui avec cette détermination mesquine qui caractérisait déjà le jeune Blake quand il n’avait que 15 ans. Alors qu’elle était contre lui, il répondit avec assurance « My sweet sweet Hannah… » Il passa son nez contre sa joue, profitant de ce moment comme un condamné profiterait de son dernier repas.Il la dorlotait comme elle avait elle l'habitude de le faire. « …this is a very appealing deal, I didn’t expect that tonight. » Et c’était vrai, il ne s’attendait certainement pas à ce qu’elle remette son cœur en jeu. « But you see I’m not a puppy you can send a bone and then take it away from him, then give it back… I never was and never will. » C’était là la vérité première en ce qui concernait leur relation. Ce qui avait séduit Hannah c’était la liberté de Lawrence et son incapacité à elle de le dompter totalement. Il était le premier à résister à ses exigeances. Il n’était pas son domestique, il était son amant. « So you can’t just come to me with an offer and hope I’ll just say yes. » Il fixait les noisettes qu’il avait tant aimées tout en chassant une des mèches bouclées qu’elle venait de libérer de son visage. Il saisit la cigarette qu’elle avait en main et en tira une bouffée, conscient que cela déplairait à Hannah qu’il se permette tant de familiarités. « What did he do to you Hannah ? You must be hurting a lot to propose such a thing to me. »Il la regardait avec intensité, cherchant à deviner à quel point elle cherchait à faire de Lawrence un exutoire et quelle part d’elle pouvait encore éprouver des sentiments pour lui. «If to win I have to own your heart, than I already won years ago. Lie as much as you wish but I still own a part of your heart and you shall never get it back. » Le jeu avait beau s’être installé, le ton de Lawrence était on ne peut plus froid. « So what’s there to gain for me ? All your heart ? Why do you assume I still want such a thing ? » Et alors qu’il venait de faire comprendre que la proposition ne l’intéressait pas, une étincelle brilla dans l’océan qui faisait office d’yeux à Lawrence. Il ne voulait pas perdre l’opportunité qu’elle lui offrait mais s’il le fallait il était prêt à passer à côté. Parce que Hannah venait de lui faire comprendre malgré elle qu’elle était faible pour le moment. Il détestait l’idée d’être la solution alors qu’elle avait toujours été le problème pour lui. Mais il était prêt à fermer les yeux, il était prêt à accepter ce jeu dangereux. Il s’était écarté d’elle pendant un moment mais il fit volte face pour la dévisager quand il lui ferait sa contre-offre « Though I must say I like a good challenge. And you have always been a great challenge Siede. But I’m not ready to lose everything again, not because of you again. Not for you.» Les mots résonnaient sur la terrasse vide et Lawrence réalisa qu’un silence pesant s’était attardé autour d’eux. Quelques secondes plus tard le chant d’un violon rejoint par un orchestre se fit entendre et Lawrence se rapprocha d’Hannah en la collant contre le rebord de la terrasse. Devant lui, cette silhouette frêle et magnifique. Derrière elle, une vue imprenable de Brisbane et des lumières de la ville. « I’m in but for you to win, you’ll have to own back my heart too. And I warn you I’m not willing to give it back. This is just a game. » Il caressait alors tendrement la joue de Hannah, espérant secrètement qu’elle refuserait. Marchander avec le Diable c’était déjà lui vendre son âme. Et il avait déjà donné, trop donné. Elle l’avait ruiné. Mais il était prêt à lui rendre la monnaie de sa pièce. Il lui ferait oublier Jamie, seulement pour qu’une fois qu’il lui tournerait le dos, elle soit tellement dévastée qu’elle ne puisse plus jamais aimer. « You’ll forget of your Keynes but will you be able to forgive yourself if I walk away from you a second time ? » Il avait posé la question sans aucune méchanceté. C’était un avertissement inconscient qu’il voulait lui donner. « Do we have a deal ?» souffla-t-il alors que leurs nez se frôlaient déjà. Il ne savait pas exactement dans quoi il mettait les pieds mais il aurait trois mois pour chercher comment se dépêtrer de ce foutoir.
C’était une proposition complètement folle et Hannah en avait parfaitement conscience en tendant la main à Lawrence. C’était insensé, tout aussi pertinent que de se jeter du haut de cette terasse et espérer ressortir indemne. Oh mais, c’était là, toute la différence, Hannah n’était pas entière, elle n’était pas saine et sauve et elle était tout sauf quelqu’un de rationnel, chose qu’il savait mieux que personne. Elle était blessée, ce n’était pas juste une question d’honneur mais il s’agissait également de son coeur, de ses souvenirs, de son âme. Il était faux de penser qu’elle était incapable d’aimer, faux de penser qu’elle n’était qu’un petite femme fragile rendue forte par le prix des vêtements qu’elle portait ou des bijoux qu’elle arborait. Elle était bien plus que ça. Hannah Siede était bien plus que ça. Bien plus qu’une simple mannequin de pacotille, bien plus qu’une simple actrice. Hannah aimait, elle aimait bien plus que la plupart des gens normaux, c’était dans sa nature, quand elle aimait quelqu’un, elle le faisait avec tout son corps, son coeur, sa tête, sa raison, elle avait appris à ses dépends à quel point tout ceci était néfaste. Lawrence avait été le premier à laisser sa marque sur la brune, une trace qu’elle ne pourrait jamais effacer, peut-être que c’était en quittant New York, un jour, dans un avion, après avoir été ouvertement draguée par un homme de son rang qu’Hannah s’était jurée jamais plus. Oui, c’était à cause de lui, l’homme qu’elle avait juste en face d’elle qu’elle était devenue ainsi, c’était lui qui lui avait pris une partie de son innocence et contraint à cacher le reste. Et elle s’était jurée, sous la brûlure d’une cigarette, qu’il n’y aurait plus de larmes, plus de chagrin et plus de nuit tourmentées par la présence d'un être aimé, c’était fini, c’était le passé. À dix-huit ans, elle s’était creusée une toute petite tombe et y avait terré le reste de son innocence, pour paraitre plus froide, plus détachée et pour pouvoir avancer dans ce monde de perfides et de serpents. Ils ne voyaient pas qu’Hannah était plus pure qu’eux, qu’elle avait dû amputer une partie de son coeur pour continuer de fonctionner correctement et pour se mouvoir parmi eux. Mais Jamie avait changé la donne, avec ses sourires, avec son humanité tout simplement, il l’avait contrainte à creuser à main nues et aller chercher cette partie d’elle-même, cette partie qu’elle pensait enfouie à tout jamais et maintenant…
Maintenant il lui fallait Lawrence, il lui fallait Lawrence pour la brûler de nouveau, pour la mettre en terre et pour lui donner une bonne raison de se relever, si ce n’était pas lui … alors qui ? Qui ? Qui aurait l'honneur de le faire ? Hannah conserva ses lèvres scellées, le jaugeant, attendant patiemment qu’il prenne sa décision. Elle savait que le Blake ne faisait que se cacher derrière tous ces mots, qu’il pesait le pour et le contre d’un tel marché, c’était presque comme signer un pacte avec le diable, Hannah n’était rien d’autre qu’une vile tentatrice qui l’avait déjà brisé par le passé, il avait de bonne raisons de dire non. Mais Hannah espérait, priait pour qu'il dise oui, sa propre survie en dépendait. Aussi, elle le laissa se rapprocher, acceptant la proximité de l’homme qu’elle avait un jour aimé, le laissant prendre sa cigarette, se demandant si un jour, son coeur pourrait battre pour lui comme il l’avait fait avant. Lawrence prétendrait que oui, qu’elle serait blessée s’il partait. La brune eut un maigre sourire, coincée entre Lawrence et le rebord de la terrasse, il pensait qu’elle craignait la douleur à présent ? Son sourire s'agrandit quand elle écrasa la cigarette qu'ils venaient de partager. La souffrance d’avoir son coeur piétiné, pouvait-elle encore la ressentir ? Il n’y avait plus rien que les hommes pouvaient lui faire, Hannah en était persuadée à présent. Elle ferma les yeux alors qu’il se rapprochait davantage, la brune tremblait légèrement, pas de peur, non, cela aurait été mal connaitre Hannah, mais de pure excitation, l’excitation de savoir qu'il était prêt à lui consacrer du temps et à lui ériger un temple comme la déesse qu’elle était. Hannah ouvrit les yeux, inspirant profondément, et fixa ce bleu si fascinant et s’empara d’une des mains de Lawrence, pour la bloquer contre sa propre mâchoire, pour qu’il ne la laisse pas fuir, et pour qu’il ne la laisse pas tomber. C’était complètement égoïste, et alors ? D’une certaine façon, le pauvre fou avait déjà dit oui, alors Hannah se moquait complètement de la suite de la danse et des conséquences, il avait déjà dit oui. « So… » souffla lentement la Siede en relâchant la main du brun. « I have to possess this, your heart. » Sa main avait glissé sur son costume pour se poser sur son coeur, qu’elle pouvait sentir battre d’ici. Hannah pouvait voir l’ironie de la situation, il y a des années, elle aurait été fière de dire qu’elle possédait déjà le coeur de Lawrence et maintenant… À présent, ils en étaient juste réduits à se faire des promesses sur une terrasse, tout près de ce monde qu’ils détestaient tous les deux dans le fond. « And you’ll have to have mine. »
Elle rappelait les termes du contrat, presque comme un chant qui signifiait la fin de tout, presque comme une malédiction, mais ils avaient trouvé un autre moyen. Oui, un autre moyen de se lier l’un à l’autre et de ne pas laisser l’autre s’échapper, c’était peut-être dur à comprendre et sûrement fou mais personne ne pouvait les juger, c’était certain. Pas tous ces gens à l’intérieur, pas tous ceux qui se disaient supérieur et qui au final, ne l’étaient absolument pas, non… Ils étaient très bien ici, à l’abris du monde, encore une fois, à sombrer tous les deux ensemble, encore et toujours. « First one to crack after three months loses ? » Hannah avait dit cela sur le ton d’une question, mais ils connaissaient déjà tous les deux la réponse à sa fausse question, elle parlait juste pour parler dans le fond, tout ce qui importait c’était qu’elle s’était légèrement décollée du muret contre lequel il l’avait coincée, pour se presser contre lui, ses deux mains dans les cheveux à la base de son cou, comme avant. Et au simple regard d’Hannah, on aurait pu croire qu’elle avait de nouveau seize ans et que lui n’en avait que que dix neuf et que c’était une autre soirée sous le beau ciel New Yorkais, mais il n’en était rien. « You’ve got yourself a deal darling. » lâcha Hannah dans un souffle, elle se pencha enfin pour sceller ses lèvres contre celles de Lawrence, se disant que ce n’était vraiment pas le genre de marché qu’on pouvait conclure avec une poignée de mains. Il fallait quelque chose de plus réel, de plus tangible. Quelque chose comme un baiser passionné, leur deux corps pressés l’un contre l’autre, avec une promesse de quelque de plus, quelque chose de beaucoup plus fort.
Etait il en train d'accepter ce pacte avec le Diable? Il n'avait pas besoin de se poser la question pour en connaître la réponse. Oui il le faisait. Parce que Hannah n'était pas la seule démone dans le jeu. Il avait lui-même ses mauvais penchants et ses arrières-pensées et assez naïvement il espérait qu'il pourrait être aussi nocif pour elle qu'elle ne le serait pour lui. Car il ne pouvait berner personne: elle ne lui ferait pas de bien. Il pourrait se droguer avec cette came particulière qu'était la Siede et aller très haut dans un nirvana personnel mais les effets de cette dope étaient bien pire qu'un poison mortel. Car Hannah ne l'achèverait pas au sens littéral du terme. Elle le laisserait souffrir et subir sa souffrance. C'est pourquoi Lawrence savait qu'il ne devait aucunement se réjouir. Il ne s'agissait pas d'une invitation à l'amitié. Il ne s'agissait pas d'un possible retour du duo Hannah/Lawrence. Il n'y avait que jeu, pouvoir et manipulations. Auquel des deux gagnerait... Lawrence regarda Hannah avec une tristesse mélancolique non dissimulée "Darling, you already know there is nothing to win for us... Just an illusion maybe." Quoiqu'ils fassent, ils seraient perdants. Leurs coeurs n'étaient plus en jeu vu qu'ils n'en avaient plus ni l'un ni l'autre. Et pourtant un organe blessé pouvait encore être déchiré et maltraité. Et c'était ce qu'ils s'apprêtaient à faire tous les deux, sans la moindre merci. Parce qu'ils avaient appris dans leur monde que seuls les faibles faisaient marche arrière et pire encore... que seule la douleur pouvait les rendre vivants. Il sentait la main d'Hannah sur lui et il ne bougeait pas. Elle accepterait, il le voyait. non pas parce qu'il la devinait mais parce que c'était la seule option envisageable. Ils avaient beau se détester, ils avaient besoin l'un de l'autre. Même quinze années après le naufrage de leur relation, ils avaient besoin de se consumer, peu importe le moyen pour cela.
Elle l'embrassa langoureusement tout en se pressant contre lui. C'était normal et prévisible. Ce qu'ils venaient de sceller comme deal ne pouvait être scellé autrement que de la sorte. C'était plus fort qu'une promesse, c'était un pacte. Un pacte semblable aux pactes de suicide collectif. Ils allaient sauter ensemble et tel Roméo et Juliette qui buvaient leur poison au même moment, ils venaient de décider de commun accord de se poignarder mutuellement. Il la laissa faire avant de serrer la hanche de Hannah de ses doigts raffinés pour la sentir une dernière fois contre lui avant de s'écarter de ce corps qui le brûlait. "Great Hannah, I'm glad I've seen you again." Il lui parlait sur un ton si solennel que c'en était ridicule. Mais pas tant que cela. Parce que ce qui faisait qu'ils étaient eux c'était cette rigueur, cette classe même dans les moments les plus imprévisibles de leur existence. Il saisit sa main et se courba pour la baiser sans la toucher. Cette forme de politesse accomplie, ses yeux scintillèrent d'un éclat fugace qui se dissipa aussi vite qu'il était apparu. "I'm looking forward to meet you... in other circonstances." Sans daigner expliquer où il allait ou pourquoi il partait, il fit un signe de tête court et prit congé. Il avait besoin de prendre de la distance et de réfléchir. Parce que tout cela c'était au delà de ses plans les plus fous. C'était du Hannah... C'était spontanné. Ca aurait pu venir de lui mais il n'aurait pas osé, pas sans sa fortune d'antan. Et maintenant il prenait le chemin de la sortie, droit et fier, sachant qu'il avait reçu une paire d'as dans son jeu et se demandant s'il pourrait les utiliser où s'il passerait la main.
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