Casey aimait bien faire les courses. Mais ça, c'était avant. Avant d'être coincée dans ce maudit fauteuil. C'était comme ça qu'elle avait rencontré Spencer d'ailleurs. Des courses avec son fils. S'amusant, l'air de rien. A sa manière, Casey gardait le contact avec son défunt mari. C'était ... Elle ne le montrait pas. Mais elle avait encore beaucoup de mal. Elle n'arrivait pas à faire son deuil. Quatre mois bientôt. Quatre mois qu'il était mort. Fallait vraiment qu'elle se bouge les fesses. Elle ne pouvait pas ... s’apitoyer sur son sort et penser à Spencer à tout bout de champ, non ? Non, c'était pas bien. Pour Lewis, fallait qu'elle se bouge. Et qu'elle passe à autre chose.
Casey cligna des yeux, sortant de ses pensées. Elle secoua quelque peu la tête. Ca lui arrivait parfois de partir loin, très loin. Elle n'irait pas jusqu'à dire que ça lui faisait du bien. Mais presque. Elle pencha la tête vers la droite. "Ah oui ... c'est vrai ..." Elle en revenait au comment du pourquoi elle en était venue à penser à Spencer. Attraper cette boîte ... ça allait être mission impossible. La blonde poussa un soupir ennuyé. "C'est pas possible." Elle soupira à nouveau. Comment attraper cette maudite boîte de céréales ? C'était pas comme si elle pouvait en prendre une autre. Lewis aimait beaucoup celles-ci. "C'est bien ma vaine." Elle secoua la tête. Y'avait plus qu'à espérer que quelqu'un passerait dans les parages et lui filerait un petit coup de main. Mais c'était pas gagné d'avance puisque le rayon était désespérément vide et qu'elle était toute seule.
Aujourd’hui, jour de repos. Caleb est de service à l’hôpital, et comme souvent, je me retrouve donc seule dans cette grande maison. Je me souviens même plus la dernière fois qu’on a pu profiter d’un moment rien que tous les deux... c’est dire à quel point notre vie de couple est intéressante. Pffff, je soupire à cette pensée. Oui, c’est déprimant. Je ressens le besoin de sortir, et penser à autre chose. Je ne suis pas du genre à rester inactive toute une journée, sans rien faire. Oh non, je ne peux pas. Direction le centre commercial pour me changer les idées. Voir du monde, ne plus me sentir aussi seule. Je navigue entre les rayons sans même avoir envie d’acheter quelque chose en particulier. Je fais les courses machinalement, question de routine. Voilà à quoi ressemble ma vie en ce moment. Pire qu’une femme au foyer. C’est déconcertant, et ça commence sérieusement à me bouffer de l’intérieur. Mais je prends sur moi, pour ne pas changer. J’ai trente-huit ans, et j’ai l’impression d’en avoir soixante-dix. C’est un enfer de ressentir ça. Je me sens vide, étouffée, et inutile. La voix d’une jeune femme me sort alors de mes pensées. Elle est en fauteuil roulant, et essaye, tant bien que mal, d’attraper une boite sur l’une des étagères du rayon. « Besoin d’aide ? » C’est tout naturel pour moi de lui proposer mon aide. « C’est celle-ci que vous voulez ? » en lui montrant du doigt la fameuse boite de céréales. Je retrouve alors soudainement le sourire. Comment puis-je me plaindre de la sorte pour pas grand-chose ? Oui, l’handicap de cette femme me donne un sérieux coup de pied au cul. Stop. Je n’ai pas le droit de me plaindre pour si peu, quand même. Comme on dit, il y a toujours plus grave dans la vie. Et cette jeune femme en fauteuil en est la preuve vivante.
Dernière édition par Sawyer Jones-Buckley le Mer 4 Fév - 23:56, édité 1 fois
Ce qu'il y avait de gênant dans le fauteuil roulant, c'était qu'elle était ... comment dire ... limitée dans ses mouvements. Limitée dans les lieux où elle pouvait se rendre. Limitée dans ce qu'elle pouvait faire ou ne pas faire. Ce que c'était pénible ! Dans les moments de ce genre, elle haïssait le chauffeur qui l'avait percuté et aurait bien passé ses mains autour de son cou pour le secouer comme un prunier. Mais il avait déjà assez payé comme ça. Il était en prison. Et sans doute ne sortirait-il pas avant un bon moment. Casey poussa un soupir. C'était pénible. Très pénible. Mais que pouvait-elle faire d'autre ? Pas grand chose à dire vrai. Si ce n'était attendre. Au pire, elle pouvait très bien revenir un peu plus tard. Peut-être qu'il y aurait quelqu'un. Ou alors, elle dirait à son fils "Désolée mon grand, la prochaine fois." Ou la fois d'après. Ou celle encore d'après.
Les deux mains sur les roues du fauteuil, Casey était prête à partir. Jusqu'à ce qu'elle entende une voix. Elle tourna la tête. Une brune. Une femme qui était prête à lui filer un coup de main. "Ouais, j'dirais pas non." Elle n'aimait pas se sentir dépendante de la sorte. Mais elle n'y pouvait pas grand chose. "Oui, c'est celle-là. D'habitude, y'en a toujours dans les rayons du bas mais j'ai l'impression qu'ils ont été dévalisés ..." en vint-elle à dire dans un hochement de la tête. "Ou alors, ils ont décidé de me faire chier ... Mais j'doute réellement que ça soit cela." Non, quand même. Ils n'avaient pas décidé de réorganiser tout le magasin juste pour l'emmerder elle, n'est-ce pas ? "Merci beaucoup en tout cas. Mon fils aurait été déçu si je n'avait pas pu lui ramener ces céréales préférées."
Mon bras se tend alors pour récupérer la boite sur l’étagère, et pour lui donner. « De rien, c’est un plaisir d’aider. » Me sentir utile, au moins une fois dans ma journée. Et sur le coup, cette sensation est appréciable, croyez-moi. J’ai besoin de ça pour sauver ma journée de la déprime. « Je m’en serais voulu si votre fils avait été déçu. » C’est difficile pour une maman de décevoir sa progéniture. Et je parle en connaissance de cause. « Vous avez besoin d’autre chose par hasard ? » Après tout, j’ai du temps à tuer, autant en profiter pour aider cette jeune femme. « Ma question est peut être déplacée mais... que vous est-il arrivé exactement pour vous retrouver dans ce fauteuil ? » La curiosité est un vilain défaut, je sais, mais c’est plus fort que moi. « Si vous n’avez pas envie de répondre, je peux comprendre. Et je m’excuse pour mon manque de délicatesse, mais ma curiosité professionnelle me joue parfois des tours. » En tant que pompier depuis de longues années, j’ai eu l’occasion de voir de nombreux cas de ce genre. Des drames parfois traumatisants, et pas vraiment jolis à voir. Malheureusement, ça fait parti de la dure réalité de la vie. En tout cas, l’histoire de cette jeune maman m’intéresse particulièrement, et c’est pourquoi je me suis permis de lui poser cette question. Elle reste néanmoins libre de ne pas me répondre si elle le souhaite. A elle de choisir. « Je suis pompier, c’est pour ça. » Pour la rassurer sur le pourquoi de ma question. Qu’elle ne prenne pas peur quand même, ce n’est pas le but. Mais sur le coup, c’est vrai que je me mêle de ce qui ne me regarde pas. « Pardon, c’est indiscret, je n’aurais pas dû. » Avant même qu’elle prenne le soin de répondre. Oui, parfois je parle sans réfléchir, et ça me joue des tours. Et dans cette situation, j’aurais pu me retenir, c'est vrai.
Pas son genre de demander de l'aide, mais c'était sympathique, très sympathique que la brune se soit proposée d'elle-même. "Vous n'auriez pas su le fin mot de cette histoire. Mais c'est très gentil. Vous savez, y'en a beaucoup qui passent à côté de moi. Ils ne cherchent même pas à s'arrêter. Y'en a qui font même exprès de m'éviter." C'était pas drôle tous les jours. Mais elle faisait avec. Ou du moins, elle tentait de le faire mais c'était pas vraiment évident. La brune lui posa une autre question. "Normalement, ça devrait aller. Ce qui me reste à prendre est à ma hauteur. Enfin, sauf s'ils ont décidé de réorganiser tout ça. Ce que je n'espère pas." Mais rien n'était moins sûr. Si ça se trouvait, Casey allait se retrouver dans un rayon, à la recherche de ce qu'elle voulait et bam... Un coup dans l'eau parce qu'elle ne pourrait pas le récupérer. "En même temps, il ne me reste plus grand chose à prendre." Principalement des fruits. Ca devrait aller. Enfin, à espérer. "Au pire, si vous avez encore des courses à faire, on peut éventuellement les finir ensemble." Elle proposait ça. Mais libre à l'inconnue d'accepter ou de refuser.
En tout cas, la brune était quelque peu curieuse. Elle voulait savoir comment Casey s'était retrouvée dans ce fauteuil. Déformation professionnelle apparemment. Elle était pompier. La blonde comprenait mieux. En tant que pompier, elle s'occupait de victimes d'accident. Les sortait du véhicule. Avant de les voir partir dans une ambulance vers l'hôpital. Ou vers la mort. Après, fini. Certains pompiers demandaient des nouvelles, d'autres pas. "Pompier .. Vous devez connaître Mickey Hawke ?" Peut-être qu'ils bossait dans la même caserne. Va savoir. "Accident de voiture. Le camion et son conducteur s'en sont sortis indemnes ..." Façon de parler. Parce que pour le chauffeur, c'était plus des blessures psychologiques. Le fait de savoir qu'il avait tué quelqu'un, même de manière involontaire, c'était pas évident. Casey savait de quoi elle parlait. "Nous, par contre ... on a moins été chanceux. Mais sans l'intervention rapide de vos collègues de Sydney, sans doute que j'serais pas là pour en parler." C'était même sûr et certain. "Voilà comment j'ai hérité de cette maudite chaise dont j'ai hâte de pouvoir m'en débarrasser." Bientôt, si elle en croyait le médecin et le kiné.
« Je trouve ça terriblement triste que des gens en arrivent à faire ça. Faut croire qu’ils sont trop égoïstes pour voir plus loin que leur personne, et c’est affligeant. » Des personnes de ce style, il y a en a malheureusement à tous les coins de rues. Des cons, tout simplement. Si ça ne les concerne pas, ça ne les intéresse pas. Aucune pitié et ouverture d’esprit, rien. Encore heureux qu’il reste quelques personnes soucieuses des autres, avec le cœur sur la main dans ce triste monde. La jeune femme me propose alors de terminer nos courses ensemble, ce que j’accepte avec un grand sourire. « Je ne suis pas pressée, donc ça serait avec plaisir. » Au moins, je ne reste pas seule pendant un moment. Et c’est toujours agréable de faire de nouvelles rencontres, de discuter avec d’autres gens, et de s’ouvrir un peu au monde extérieur. Enfin, en tout cas, c’est comme ça que je vois les choses. Mickey. Bien sur que je le connais, il est dans ma brigade. « Bien sur, je suis sa supérieure. » Sans doute une réponse à laquelle elle ne s’attend pas. Et oui, une femme à la tête d’une brigade, ce n’est pas très courant dans ce monde particulièrement masculin. Mais justement, c’est ce qui me plait, dans tout ça. « Comment le connaissez-vous ? » Comme quoi le monde est petit, comme on dit. Finalement, la jeune femme n’hésite pas un instant avant de répondre. Bon, tant mieux, je ne l’ai pas brusqué ou blessé avec ma question indiscrète. Un accident de la route, avec un camion. Lourdes conséquences, je peux sans problème l’imaginer. Elle emploie un nous qui en dit long sur les circonstances de cet accident. Et j’en déduis rapidement qu’elle a perdu quelqu’un dans ce drame. Tragique. Et dire qu’il y a des millions d’accidents dans le monde entier. Un constat dramatique, mais réaliste. « Je suis désolée pour vous... » Je ne rentre volontairement pas dans les détails de l’accident pour ne pas la blesser davantage. « J’espère que vous pourrez rapidement marcher à nouveau. En tout cas, je vous souhaite beaucoup de courage dans cette épreuve. » Mes mots essayent d’être réconfortants et attendrissants, dans cette situation délicate. Je cherche du mieux possible à la mettre à l’aise.
"Et heureusement que tous ne sont pas pareil. Sans quoi, les gens comme moi ... seraient très emmerdés." Casey était ravie. Ravie d'être tombée sur la brune qui n'avait pas hésité une seule seconde à lui tendre la main et l'aider. C'était super sympathique de sa part. Et en plus, elle acceptait volontiers de suivre Casey dans ces dernières courses. "Merci beaucoup. Moi, c'est Casey." Parce que oui, ça serait mieux, bien mieux de pouvoir mettre un prénom sur la tête de la brune. Ca serait plus convivial également. "Il me reste encore deux ou trois conserves et boîtes à prendre. Après, ça sera les fruits et les légumes." A espérer que la brune n'était pas encore passée par ces rayons, parce que ça serait un peu répétitif pour elle.
Casey lui parla de Mickey. Enfin, disons qu'elle avait abordé son prénom, sans pour autant être certaine que la brune pouvait le connaître. Mais comme ils étaient tous les deux pompiers, sans doute s'étaient-ils rencontrés. Et la blonde avait vu juste. Sa supérieure. "On était voisins quand on était petits. Et on a fait notre scolarité ensemble pendant un petit moment." Elle avait l'impression que c'était loin. Très loin de tout cela. Elle avait l'impression de l'avoir trahi quand elle était partie sans rien dire. Ce qui était un peu le cas mais bon. "C'est loin tout ça. Mais on était super liés." Mais ça, c'était avant. Elle n'était pas certaine de ce qu'elle allait retrouver à présent.
Casey lui parla sommairement de l'accident tandis qu'elle avait commencé quelque peu à rouler. C'était bien beau de discuter. Mais fallait également qu'elles fassent leurs courses. "Les médecins ont bon espoir. Et moi également. J'ai plus de sensation qu'il y a un mois." C'était encourageant. Bientôt, elle sortirait de ce fauteuil. De ça, elle en était certaine. Et elle serait à nouveau libre de ses mouvements.
Oh oui, heureusement, c’est certain. Le monde est déjà bien assez triste comme ça pour en rajouter. La jeune femme se présente alors, en mentionnant son prénom. Bonne initiative. C’est toujours plus agréable de mettre un nom sur une nouvelle rencontre, sur un visage. Casey. Je prends note, dans un coin de ma tête. « Sawyer, enchantée. » Je lui réponds avec un large sourire d’entre mes lèvres. Les rencontres sont improbables, et c’est ça qui est plaisant. Parfois, il suffit d’un rien, comme aujourd’hui, pour lier une forte et puissante amitié. Je me souviens alors de ma rencontre avec Tamsin, ma meilleure amie. Et, au départ, c’est parti d’un évènement tout aussi banal. Qui sait, peut être que Casey deviendra plus qu’une simple connaissance. « Je vous suis. » J’ai vraiment tout mon temps aujourd’hui, et je me fiche royalement de faire les rayons plusieurs fois, s’il y a besoin. « On peut se tutoyer, non ? » Pour rendre les choses plus chaleureuses, plus conviviales. Sans même attendre sa réponse, je prends la liberté de le faire. Au pire, il y n’a pas de raisons pour qu’elle refuse. « Tu es originaire d’ici alors ? » Mickey est originaire de Brisbane, depuis toujours et je le sais, pour le côtoyer à la caserne depuis longtemps. En tout cas, c’est un moyen pour en apprendre plus sur Casey. Savoir si elle née ici, si elle y restée toute sa vie. Des questions banales pour faire connaissance, mais nécessaires. Sa rééducation semble bien se passer, et c’est une bonne chose. La patience, et l’espoir, sans doute la clef de la réussite. Enfin, je dis ça, mais à chaque fois que je suis blessée et en incapacité de faire mon travail, je bouillonne d’impatience. Mais je suis comme ça, c’est plus fort que moi. Bref. « C’est une bonne nouvelle. » Elle semble de nature positive, et c’est un bon point pour sa situation. Tant mieux, ça ne peux que l’aider. Changement de sujet. Il ne faut pas rester sur son accident trop longtemps, au risque de rendre la discussion un peu trop délicate. Et puis, ça ne sert à rien de lui rappeler sans cesse qu’elle se trouve actuellement dans ce fauteuil. « Et alors, dis moi, tu fais quoi dans la vie ? »
"Sawyer, c'est pas commun comme prénom. Mais c'est sympa." ajouta Casey. Très sympathique. Un peu d'originalité dans ce monde, c'était bien, non ? Ca changeait un peu de tous les prénoms communs qui pouvaient exister. Pour sûr. Mais passons. Là n'était pas vraiment le sujet. C'était l'heure de faire les courses. Ou du moins, de les terminer. Ainsi donc, les voilà se mettant en route. Faire du shopping avec une inconnue, c'était pas dans ses habitudes. Mais elle allait apprendre à connaître quelque peu Sawyer. Parce qu'elles n'allaient pas faire ça en silence. Ca serait pas drôle si elles ne discutaient pas un peu. Sawyer lui proposa de se tutoyer. "Okay, ça me va." Dire tu, c'était bien mieux que de vouvoyer les gens. Du moins, selon elle.
Sawyer comprit qu'elle était de Brisbane. Casey eut un hochement de la tête tandis qu'elle récupérait une boîte de conserve dans le rayon. Même une seconde. C'était à sa hauteur. Donc c'était pas plus mal. "Oui, de Brisbane. J'y ai vécu pendant près de vingt-cinq ans. Après, j'ai changé d'air. Avant de finir revenir à mes origines." A croire que Sydney, ça ne devait pas se faire. Mais si elle n'y avait pas été, elle n'aurait pas rencontré le père de son fils. Elle n'aurait pas eu d'enfant non plus. Elle n'aurait pas retrouvé l'amour en Spencer. Mais elle ne l'aurait pas perdu non plus. Casey ne savait pas trop ce que ça aurait pu donner si elle était restée. Peut-être que ça se serait bien passé. Mariée avec des bambins et un homme qu'elle aimerait plus que tout. Va savoir. "Et toi alors ? Tu viens d'où ?"
Elles échangèrent quelque peu l'accident qui l'avait mis dans cette chaise roulante. Casey ne lui avait pas conté tous les détails. Elle ne le ferait pas. Peut-être une autre fois si le destin les amenait à se revoir. "Avant tout ça, j'étais flic. Et dès que j'sortirais du fauteuil, les criminels n'auront qu'à bien se tenir." Criminels de Sydney ? Ou bien de Brisbane ? Après en avoir parlé à Loan, ça serait sans doute à Brisbane. Lewis aimait bien la ville. Elle n'y était pas trop mal. Pourquoi pas après tout ?
« Je suis de Brisbane, également. Mais pour ma part, je n’ai pas quitté ma ville natale. » Je suis attachée à mes origines, et à cette ville qui est la mienne. J’ai bien failli prendre mon envol, aussi, suite à la mort de mes parents. Mais finalement je n’ai pas eu la force de tout quitter... ma famille a eu besoin de moi après ce lourd drame, et je n’ai pas pu les abandonner. Peut être Casey a-t-elle changé d’air suite à un évènement du même style, je ne sais pas. Ou pour raison professionnelle, c’est possible aussi. A voir par la suite. Avant son accident, la jeune femme était flic. Nos métiers sont complémentaires puisque les forces de l’ordre sont souvent amenées à travailler avec nous. Sur des interventions communes. « Ah, flic, c’est cool ça ! Tu dois vraiment être impatiente de retourner sur le terrain. » J’ai déjà moi-même été dans cette situation, dans l’incapacité d’exercer mes fonctions à cause d’un arrêt maladie. Et je sais, par expérience, ce que c’est. Le terrain doit vraiment la titiller, et lui manquer. « Je sais ce que c’est... la frustration de ne rien pouvoir faire. » Certes, je n’ai pas été victime d’un accident aussi grave qu’elle, mais le fond est le même. « On sera peut être amené à travailler ensemble, dans le futur. » Pourquoi pas. Si elle exerce ses fonctions à Brisbane. Et que nos deux unités soient réunies sur une même intervention. A voir.
"Partir, ça fait du bien de temps à autre. Même si c'est jamais pour longtemps. Ca permet ... de rebondir." Et de passer à autre chose également. Mais elle était plutôt ravie de rentrer. D'être rentrée. Brisbane lui avait manqué, et ce même si elle pouvait dire le contraire. Elle était contente d'être de retour, même si elle était revenue pour les mauvaises raisons. Du moins, si on peut dire cela ainsi. Maintenant qu'elle y était, Casey n'était pas vraiment sûre ... qu'elle finirait par repartir. Et c'était tant mieux d'ailleurs. Tant mieux pour elle. Pour son fils. Mais également pour sa petite soeur Loan avec qui elle reprenait doucement le contact. Par la suite, Casey hocha la tête de manière positive, tout en regardant Sawyer. Elle détourna la tête juste quelques secondes afin de récupérer une ou deux boîtes. "Très impatiente. Mais je sais également qu'il faut que je me montre patiente. Sans quoi, j'pourrais peut-être jamais retourner sur le terrain." Ce qu'elle n'espérait pas, bien évidemment. Elle voulait y croire. Elle voulait garder espoir. Elle voulait ... Oui, elle voulait y croire, tout simplement. Elle y arriverait. Elle se sortirait de ce fauteuil. "C'est pire que de la frustration. L'autre jour, j'étais au centre commercial pour faire des courses. Et y'a un crétin qui a volé le sac d'une petite vieille. C'est dans ce genre de situation que je me dis que ... que ça fait chier de me retrouver dans un fauteuil." Mais c'était pas pour toujours. C'était ce qu'elle se disait. Tôt ou tard, elle finirait par retrouver ses jambes. Tôt ou tard, elle pourrait encore galoper, comme si de rien n'était. Tôt ou tard, elle ne penserait plus à tout cela. Du moins, elle voulait s'en convaincre. "Ah, qui sait ? Peut-être que oui." Ca lui faisait penser à cette série ... Chicago Fire et Chicago Police Department. Deux séries qu'elle suivait et qu'elle trouvait sympathique. "Ca sera juste pour pas tout de suite, le temps que j'me sorte de là-dedans." ajouta-t-elle dans un hochement de la tête. Mais comme on le dit si souvent, ne jamais dire jamais. Peut-être ... Oui, peut-être que ça se produirait. Et peut-être que ça serait bien et assez chouette. "J'crois que c'est tout ... manque plus que les légumes et les fruits." Selon son fils, les légumes, ils pourraient s'en passer. Ouais, il était pas fan. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle n'allait pas en ramener.
Je suis d’accord sur ce point, même si je n’ai jamais saisi l’occasion de le faire. Maintenant, je ne peux plus. J’ai Lauren, dans ma vie, et je ne peux pas me permettre de m’envoler, du jour au lendemain. J’ai des responsabilités familiales, et professionnelles. Mais pourtant, je pense que ça pourrait me faire un bien fou de faire un break. Si seulement les choses pouvaient être plus simples. « Un break peut parfois être ressourçant, en effet. Faut que j’y songe, alors. » Je préfère ne pas en dire plus pour le moment. Je ne suis pas du genre à me confier facilement, encore moins à une inconnue. Mais finalement, cette discussion m’amène à penser à des vacances, au grand air. Partir quelques jours, me ressourcer. Pourquoi pas, au final. Je garde, en tout cas, l’idée dans un coin de mon esprit. Nous parlons maintenant de son impatience à pouvoir retrouver ses fonctions. La frustration, aussi, de ne pas pouvoir les exercer. Des sentiments que j’ai déjà connu, dans ma carrière de pompier. Sur ce point là, je la comprends totalement. Et je peux ressentir ce qu’elle a sur le cœur. « Dans ces cas là, on se sent impuissante... et c’est sans doute le pire dans cette histoire. » C’est connu, l’impuissance est l’un des pires sentiments au monde. Se rendre compte des choses, et ne pas pouvoir agir en conséquence. Comme cette situation qu’elle a vécu avec ce voleur de sac et cette vieille dame. « J’espère que ça sera pour le plus tôt possible, en tout cas. » Qu’elle puisse rapidement revenir sur le terrain. Qu’elle puise se débarrasser définitivement de ce fauteuil. Les minutes défilent à une vitesse déconcertante, et les courses de la jeune femme sont désormais bientôt terminées. Comme elle vient de le dire, manque plus que les fruits et les légumes. Nous nous dirigeons alors dans le rayon concerné pour qu’elle puisse se servir. Elle n’aura pas de problème pour atteindre les aliments, sur ce coup là. « Et voilà. » Cette entrevue tire donc à sa fin. « Je vais te laisser rentrer. » Je lui adresse un large sourire en la regardant. « Au plaisir de te revoir. »
"Ca l'est. Crois-moi. Ca fait du bien d'être ailleurs, même si c'est seulement pour quelques jours. Ou bien même quelques heures." Casey savait de quoi elle parlait. Elle, elle avait été ailleurs pour longtemps. Une dizaine d'années. Elle était partie quand elle était au plus mal. S'éloigner ne lui avait fait que du bien. Et elle avait fini par revenir. La bouche en coeur. Pensant qu'elle le supporterait. Qu'elle avait tourné des pages. Mais elle ne l'avait pas fait. Il y avait encore des choses en suspens. Qu'elle règlerait. Les unes après les autres. Mais bon. Passons. Elles n'allaient pas non plus parler de cela durant des lustres et des lustres. Elles ne se connaissaient pas assez pour échanger les moindres détails de leur vie. Peut-être une autre fois. Peut-être qu'elles auraient l'occasion de discuter une nouvelle fois. Sait-on jamais. Casey espérait, d'une certaine manière, de la recroiser à nouveau. Surtout pour des courses. Il était tellement rare de tomber sur quelqu'un d'adorable et qui acceptait, volontiers, de lui filer un coup de main.
Quoi qu'il en soit, le sujet glissa sur Casey et le fait qu'elle était bloquée dans cette chaise et qu'elle devait n'attendre qu'une chose : pouvoir sortir et faire ce qu'elle voulait. "Ca. Et le fait que j'ai un peu de mal à m'occuper de mon fils comme je le voudrais." C'était pénible. Il avait huit ans. Bientôt neuf. Il voulait faire encore des choses avec sa mère. Des promenades. S'amuser. Aller au parc d'attractions. Et comme elle était seule, elle ne pouvait pas l'y emmener. Mais elle avait l'espoir que ça s'arrange. Si tout allait bien avec Loan, il y aurait quelque d'autre dans la vie de son fils. Quelqu'un qui pourrait prendre le relai le temps qu'elle aille mieux. "Enfin, je me répète que ce n'est que passager et que ça finira par aller mieux." Et elle le voulait. Du plus profond de son coeur. Garder la tête haute. Ne pas perdre espoir. Oui. C'était ce qu'elle voulait. Ni plus. Ni moins.
Leur discussion semblait se terminer. Enfin, les courses principalement. "Merci à toi. Tu m'as tirée une sacrée épine du pied." en vint à ajouter la blonde, tout en hochant quelque peu la tête. "Sans vouloir abuser, j'espère qu'on pourra remettre ça. Et qu'on se croisera également en dehors des courses." ajouta-t-elle en hochant de la tête à nouveau. "Et peut-être que c'est sur le terrain qu'on se recroisera." Ca pourrait être sympa. Bon, il était vrai que les circonstances de leur rencontre, ça serait forcément moche. Mais ouais. Ca pourrait être sympa de bosser éventuellement avec elle.
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Casey aimait bien faire les courses. Mais ça, c'était avant. Avant d'être coincée dans ce maudit fauteuil. C'était comme ça qu'elle avait rencontré Spencer d'ailleurs. Des courses avec son fils. S'amusant, l'air de rien. A sa manière, Casey gardait le contact avec son défunt mari. C'était ... Elle ne le montrait pas. Mais elle avait encore beaucoup de mal. Elle n'arrivait pas à faire son deuil. Quatre mois bientôt. Quatre mois qu'il était mort. Fallait vraiment qu'elle se bouge les fesses. Elle ne pouvait pas ... s’apitoyer sur son sort et penser à Spencer à tout bout de champ, non ? Non, c'était pas bien. Pour Lewis, fallait qu'elle se bouge. Et qu'elle passe à autre chose.
