Le soleil matinal de Brisbane venait frapper contre la petite lucarne de la chambre de Taylor. Cette dernière aimait être réveillé de cette manière, beaucoup plus paisible et agréable que la sonnerie stridente d'un réveil qui en prime, vous donne un mal de tête. L'étoile envoyait des rayons qui réchauffaient peu à peu son corps, et notamment son visage. Après plusieurs minutes, elle prit son courage à deux mains, se frotta les poings fermés les paupières, s'étira un bon coup puis se leva tranquillement de son lit. La première des choses qu'elle faisait le matin avec même d'allez aux toilettes, était son lit. Elle s'y attela de manière précieuse. On disait souvent d'elle qu'elle était un peu trop maniaque, avec peut-être des tocs. Elle, elle disait qu'elle aimait juste la propreté et la netteté, comme dans tous ce qu'elle entreprenait. Les deux pieds au sol, elle bailla profondément. Elle avait assez mal dormi. En effet, elle avait beaucoup réfléchi à ce qui l'attendait aujourd'hui. Elle ressentait de la curiosité, de l'appréhension, de l'excitation mais aussi de la peur. Aujourd'hui, elle partait en forêt avec un guide de survie, un instructeur ou elle ne savait par quel autre dénomination le nommer. Elle partait faire du camping. Taylor, la fille aux cheveux toujours impeccables, qui n'était parti en vacances que dans des clubs très huppés où le home service était complet. Ce n'était pas une fille de la nature, loin de là. Mais elle voulait explorer son côté aventurière. Elle n'avait pas froid aux yeux et quand l'occasion c'était présenté par pur hasard, elle n'avait pas hésité un seconde. Il y a quelques mois de ça, un concours eu lieu au supermarché pour justement gagner un super week-end en camping avec un spécialiste de la nature. Pour rigoler, Taylor s'était inscrite. Or, elle avait été tiré au sort. Elle avait vu ça comme un signe, alors elle avait signé. Et voilà que ce jour était enfin arrivé. Pleins de questions fourmillaient dans sa petite tête. Elle avait rendez-vous avec un certain Conrad. Elle avait fait quelques recherches sur lui et au premier abord, elle n'avait pas de quoi se méfier.
Debout, elle prépara son sac de « voyage ». Parait-il qu'il fallait prendre le strict minimum pour ne pas avoir à supporter une charge trop lourde. Cela était difficile pour elle, de faire une distinction entre le nécessaire et le futile. Une heure après son petit sac de voyage était fin près. Exit le maquillage, les jupes ou robes. Bonjour aux chaussures de marches achetées pour l'occasion, aux lunettes de soleil et aux pantalons confortables. Rien qui ne lui ressemblait habituellement mais là était l'enjeu. Montrer qu'elle était capable de sortir de sa zone de confort même si l'espace de quelques secondes elle se demandait si elle devait vraiment y allez. Mais très vite elle revenait à la raison. A la colocation, tout le monde dormait encore. Elle les aurait bien réveillée pour leur dire au revoir mais elle n'était pas vicieuse à ce point. Elle seule, c'était engouffrée dans ce pétrin. Ses amis colocataires s'étaient tellement moqués d'elle, toujours dans la sympathie. Ils avaient chacun parier une somme d'argent sur la tête de Taylor pour savoir le temps qu'elle tiendrait. Seule Janis, par solidarité féminine avait cru en Taylor et ses capacités à allez jusqu'au bout. Pour elle, elle devait le faire. Taylor se moqua d'elle même quand elle se rendu compte de la montagne qu'elle se faisait pour un simple week-end en pleine nature. Elle riait. Seule. Dans sa tête. Elle prit son sac, le mit sur ses épaules, sortit de sa chambre et quitta l'appartement. Avant ça, elle avait laisser un mot dans la cuisine Les garçons préparer vous à sortir la monnaie pour Janis ! Bisous les copains, à très vite ! Junior. Junior était le surnom qu'ils lui avaient donné parce que c'était la plus jeune de la colocation.
Elle devait retrouver Conrad, au Centre ville, près du fleuve. Elle le reconnut de loin. En effet, elle l'avait déjà rencontrer une première fois pour la préparer à l'excursion. Elle s'approcha rapidement de lui. Elle ne pensait pas être en retard ou alors était-ce lui qui était en avance. « Désolé si j'ai du retard, j'ai pas du faire assez attention au temps, j'espère que ça ne va pas tout chamboulé . » Elle parlait vite, elle reprit sa respiration puis demanda « Alors j'ai l'air de quoi dans cette tenue à la Indiana Jones » Voilà comment elle se représentait son week-end.
Franchement des fois, j’avais des éclairs de génie, jamais je n’aurai cru que mon idée d’envoyer des publicités aux commerces de la ville et de payer un site internet quelques mois avant de m’installer en ville puisse payer. Mais il semblait que si, un supermarché avait saisi l’opportunité de payer un stage de survie inédit à la date où j’étais sensé m’installer en ville. Et très franchement ça m’arrangeait bien, avec ça je n’allais pas devoir piocher dans ce qu’il me restait d’héritage pendant une bonne semaine. Mikey me réveilla en venant me lécher le visage et il fut rapidement rejoins par Moka, qui malgré sa petite taille était parvenu à grimpé sur le lit pour venir me saluer. Je regardai l’heure et soufflai d’agacement, il était franchement très tôt là, ça faisait à peine quelques jours que j’avais acheté ces deux chiots que déjà ils s’imposaient beaucoup trop dans ma vie, le matin surtout en fait. Et ouais, ces deux-là semblaient inséparables à la ferme où je les avais pris, j’avais donc décidé d’embarquer les deux, certains diraient que c’était une belle erreur de ma part, mais en attendant leur compagnie était agréable. Moka était un Yorshire, enfin le modèle mini, sa taille devait à peine dépasser ma main, Mikey quant à lui était un bon gros bulldog anglais, et laissez-moi vous dire que si dans les films c’était une race plutôt calme, dans la réalité il en était tout autre. Bref, il semble que je me perde là, reprenons où nous en étions, après le réveil des deux boules de poils infernales, je descendis leur ouvrir la porte donnant accès au jardin, restant surveiller les alentours, je n’oubliais pas que j’étais en Australie et que les animaux de la taille de ces deux chiots pouvaient rapidement devenir des proies en ces lieux.
Une fois les besoins matinaux passés et mes deux nouveaux compagnons rentrés, je m’appliquai à leur filer leur friandise et à attaquer mon entraînement matinal, non pas que je voulais m’entretenir véritablement, c’était plus devenu une drogue, une sorte de rituel qui ferait de ma journée un enfer si jamais je venais à le manquer. Comme d’habitude ça dura une heure environs, et comme d’habitude j’eus l’esprit un peu plus réveillé en terminant. Prendre ma douche était devenu compliqué avec les deux petites teignes qui venaient surveiller, on ne sait jamais, je pouvais me blesser. Toutefois ils n’allaient bizarrement pas jusqu’à entrer dans la cabine de douche, courageux mais pas suicidaires les bougres. Et bien sûr, une fois que je sortais de la douche tout ce petit monde était venu me lécher les mollets joyeusement, j’avais presque l’impression d’être confondu avec une fontaine. Bon, il fallait que je me prépare, j’avais laissé une gamelle avec suffisamment de croquettes pour qu’ils tiennent une semaine complète avec une grande gamelle d’eau et demandé à un voisin de venir régulièrement pour les sortir ce week-end, voisin âgé de huit ans d’accord, mais qui voulait les cinquante dollars que je lui avais promis en échange. Finalement on pouvait dire que mon nouveau départ de vie n’était pas si désagréable que ça, je m’en sortais plutôt bien, j’avais déjà une cliente, gagnante de concours certes, mais une cliente quand même.
Je révisai le circuit une nouvelle fois, il n’était pas question que j’emmène la moindre carte, le but du jeu était d’apprendre à survivre en étant perdu en pleine nature, pas de faire une randonnée. Je chargeai le matériel dans le pick-up, à savoir un kit de survie composé par mes soins, composé d’une barrette de magnésium pour faire du feu, d’un couteau de survie, d’un peu de corde et d’une gamelle pour chauffer l’eau. J’avais déjà rencontré ma cliente, Taylor, ma première impression me poussa à me demander pourquoi elle avait accepté ce stage, mais je compris rapidement en l’observant qu’elle cherchait probablement à se prouver elle-même qu’elle était capable de réaliser ce défi. Tout du moins, à mon avis c’était ce qu’elle recherchait lors de ce week-end. Bref, je me préparai mon dernier café avant de caresser les chiots, d’entrer dans mon pick-up et de partir vers le point de rendez-vous que nous nous étions fixés. Je ne l’avais pas prévenue de notre destination mais n’importe qui aurait peu apprécié l’idée. Nous allions passer le week-end dans le désert, j’allais lui apprendre à survivre sur l’un des terrains les plus dangereux qui soient, qui sait, si jamais l’expérience lui plaisait j’allais peut-être la voir revenir pour tenter sur un autre terrain, elle se rendrait alors compte que l’on pouvait survivre à tout si l’on parvenait à se sortir du désert.
Une fois sur place, je sortis de mon véhicule, vérifiant tout de même que la trousse à pharmacie d’urgence était bien dans mon sac, ainsi que mon revolver et mon téléphone satellite, la sécurité des clients était primordiale, si jamais la situation devenait trop dangereuse alors on évacuerait. C’est alors que je vis la jeune femme s’approcher, elle avait suivi mes conseils en ce qui concernait sa tenue, c’était un bon début. Lorsqu’elle s’approcha de moi pour s’excuser de son retard je regardai ma montre et me demandai de quoi elle parlait, elle était même en avance.
« Ça vous va à ravir…alors prête à survivre dans la nature ? »Je pris son sac pour la débarrasser et le déposai dans le pick-up, j’allai ensuite lui ouvrir sa portière pour la laisser s’installer sur le siège passager avant de grimper à mon tour dans le véhicule.« Bon alors le programme est simple, le supermarché t’as payé la formule de luxe ma chère…on voyage une petite demi-heure jusqu’à un aéroport privé, de là le pilote nous emmène en une heure dans le désert…enfin, nous emmène…disons que tu vas également avoir ton initiation au saut en parachute…mais ne t’en fais pas je pratique cette discipline depuis des années et je suis toujours vivant…je peux même te dire que les crashs ne sont pas arrivés…tant que ça…enfin passons, il est l’heure d’apprendre à survivre ! »Sur ces paroles forcément très rassurantes, je démarrai la voiture et enclenchai la première…
Taylor avait toujours cette hantise de ne pas être à l'heure, de se faire attendre. Elle ne voulait pas faire partie de cette catégorie de gens. Bien qu'encore une fois, elle n'appréciait pas trop mettre les personnes dans des cases déjà prédéfinies. Trop longtemps, elle même avait été cataloguée comme étant une « fille de », qui pouvait tout se permettre, tout avoir, parce que ses parents faisaient fortune dans le domaine pétrolier, ce qui attirait jalousie et critiques. Plus jeune, elle avait tout d'abord côtoyer des élèves de sa classe sociale, dans une école privée. Mais elle ne s'y sentait pas à l'aise et avait préférée changer d'école pour quelque chose de plus classique et passe-partout. Dès lors, ses résultats scolaires s'étaient révélés excellents. Elle avait beaucoup de capacités. Ses deux points forts étaient la mémoire et la logique. Très tôt, les professeurs avaient remarqué cette avance par rapport aux autres élèves. Elle s'ennuyait en cours, finissait les exercices toujours avant les autres et demandait à avoir des exercices qui la pousserait à plus réfléchir. Déjà, elle voulait se lancer dans l'aventure, dans l'inconnu, le difficile pour vraiment mériter ce qu'elle pouvait recevoir en échange. Et justement, avec ce séjour gagné, elle comptait encore une fois montrer de quoi elle était capable. On pouvait apprécier les beaux vêtements et avoir un joli maquillage. Mais on pouvait tout aussi bien s'en passer pour se rapprocher de la nature. Du moins, elle l'espérait. Dire qu'elle y allait s'en une pointe de stress serait mentir. Finalement, elle n'était pas en retard. Conrad, l'instructeur et guide de survie qui l'accompagnait l'attendait. « Ça vous vas à ravir...alors prête à survivre dans la nature ? » Prête, prête, elle ne savait pas tout à coup. Plus cela devenait concret et plus elle se disait que s'était une mauvaise idée. Mais elle n'était pas du genre à reculer, à revenir en arrière, d'autant plus que Conrad avait déjà pris son sac pour la décharger et invité à s'installer dans la voiture à la place du passager avant. Taylor s'installa, après l'avoir remercier de sa gentillesse et de son attention envers elle. « Merci pour le sac et pour la tenue j'espère que j'ai bien fait. Disons que je n'avais pas l'habitude d'aller dans le rayon où je me suis rendue ni même dans la boutique. Si je suis prête, ça je ne sais pas, mais je vous fais confiance pour que je le sois. Tout repose sur vous. » dit-elle en riant. Il monta à son tour à bord puis il vint à l'explication du mini séjour, ou plutôt au récapitulatif. « Bon alors le programme est simple, le supermarché t'as la formule de luxe ma chère...on voyage une demi-heure jusqu'à un aéroport privé, de là le pilote nous emmène en une heure dans le désert...enfin nous emmène...disons que tu vas également avoir ton initiation au saut en parachute, mais ne t'en fais pas je pratique cette discipline depuis des années et je suis toujours vivant...tant que ça...enfin passons, il est l'heure d'apprendre à survivre. » Ensuite, il démarra. Taylor pris la parole à son tour. « Je me demande encore pourquoi j'ai joué, j'avoue que jamais je n'aurais gagné. Mais là pour le coup, j'ai gagné le gros lot comme on dit. » elle rigola. Elle ne voulait pas qu'il prenne la réflexion au sérieux. « Pour le saut en parachute, ça sera une grande première, mais bizarrement j'ai hâte. Je pense que c'est une des choses à faire au moins une fois dans sa vie. A partir de maintenant, toute ma confiance vous appartient alors attention à vous ! » précisa t-elle encore sur le ton de la rigolade.
Comme prévu ils roulèrent jusqu'à l'aéroport où un hélicoptère les attendait. Ce dernier s'envola sans attendre. Taylor aimait cette sensation de monter dans les airs, elle enviait les oiseaux. Tellement. Puis vient le moment tant attendu du saut en parachute. Son ventre commençait à se nouer mais son accompagnateur tenta de la rassurer. Elle se dit qu'elle devait avoir une mine affreuse pour que cela se voit tellement. Ça y est, elle était réellement dans l'aventure.
Bon, un petit séjour en pleine nature de deux jours loin de mes deux boules de poils, ça n’allait pas me faire de mal, même si très franchement j’espérais juste retrouver mon plumard en état, ces deux teignes avaient commencé à avoir une fâcheuse tendance à faire leurs dents sur les pieds en bois. Je pus immédiatement ressentir un peu d’appréhension dans les paroles de la belle, peut-être même un peu de stress, j’allais donc devoir la jouer un peu plus humain et moins brute de décoffrage, je ne voulais pas d’une personne hystérique de panique perdue en plein désert, ça aurait été la plus grande course au drame que j’ai jamais joué. En tout cas elle n’était pas le genre de cliente que je pensais parmi les premiers, j’imaginais d’avantage un couple de retraités dont le mari voulait se prouver qu’il était encore fort et jeune et dont la femme voulait simplement en apprendre d’avantage sur la nature australienne. Mais je n’allais pas m’en plaindre, elle était jeune, ce qui voulait dire qu’on allait pouvoir avancer rapidement et que je pourrai lui montrer d’avantage de techniques de survies. Après tout, je promettais à mes clients un séjour qui changerait à tout jamais leur vie, donc si je parvenais à lui faire apprécier son séjour c’était gagné. Mon père m’avait toujours dit que c’était en faisant ce que les gens attendaient de nous que l’on était le plus récompensés, j’avais pu constater un nombre incalculable de fois la véracité de ces mots, et je comptais bien sur un peu de pub via bouche à oreille. Je ne pus m’empêcher d’analyser ses mots, elle n’aurait jamais pensé gagner et partir donc, mais elle était là, donc elle attendait tout de même quelque chose de ce séjour, par contre le parachute ne semblait pas la déranger outre mesure, intéressant.
« Je ferai attention c’est juré…je tiens à continuer à gagner ma vie… »
Elle semblait sympathique, même s’il allait falloir qu’elle se décontracte sans quoi elle comprendrait vite que rester calme était la meilleure attitude à adopter dans un désert. Une fois dans l’avion, je pouvais déjà ressentir le frisson que vous procurait le vide sous vos pieds, je passai les sangles à ma nouvelle cliente, qui semblait plus concentrée sur le fait qu’elle allait bientôt sauter et que c’était réel, que sur le fait qu’un inconnu la touche ainsi pour sa sécurité. Sans déconner, parfois j’étais bien content de ne pas avoir servi avec une femme lors de mon séjour à l’armée, car ce genre de situation quotidiennement, ça ne l’aurait pas fait. Malgré le fait que je ne cesse de me comparer à un pervers, je finis par terminer de placer et de régler les sangles sur la jeune femme, au moins maintenant je savais que le saut en parachute c’était une mauvaise idée. Je passai enfin mes propres sangles et les réglai avant de prendre mon parachute et de me l’attacher sur le dos. Je passai par la suite ses lunettes à la jolie brunette et enfilai les miennes pour finir par nous attacher ensembles grâce aux sangles. Je la plaçai dos à moi pour qu’elle puisse profiter pleinement de la vue et des sensations, je réglai une dernière fois mon calculateur d’altitude tout en lui donnant quelques instructions dont je savais pertinemment qu’elle n’entendait rien en cet instant précis. Je plaçai mes mains au niveau de sa taille pour lui rappeler ma présence et la sortir de ses pensées avant de plongeai avec elle dans le vide. N’oubliant d’hurler un grand « Youhou ! » histoire de marquer le coup et également de la détendre, ce simple cri pouvait la rassurer, lui faire se dire que si moi je ne paniquais pas alors c’était que je contrôlais la situation.
« On ne ressent pas ça tous les jours pas vrai ? »J’avais dû hurler mes mots à cause du bruit du vent freinant déjà notre attraction vers le sol, mais grâce à ça je savais qu’elle profitait du moment, ce qui me permit d’en profiter aussi. Une fois à l’altitude que j’avais prévue je déployai le parachute, ralentissant notre descente soudainement, nous faisant planer pour profiter de la vue, cette superbe vue qui s’avérait en fait être…du sable, du sable partout à l’horizon, tandis que le soleil semblait frapper difficilement le sol. Une fois que nos pieds touchèrent le sol, je plongeai en avant pour que la voile ne nous tombe pas dessus, me retrouvant dans une situation qui aurait laissé penser à toute autre chose si elle n’était pas placée dans notre contexte actuel. Je nous détachai rapidement avant de me détacher de la voile du parachute. Je pus enfin me redresser et l’aider à faire de même, une fois débarrassés de nos sangles, le séjour commença réellement. « Bien, alors nous nous trouvons actuellement dans la peau de personnes s’étant échouées dans le désert…en temps normal on chercherait les secours, aussi je te dirai, oui on va se tutoyer maintenant, nous ne sommes plus dans le monde civilisé donc…voilà qu’est-ce que je disais moi…ah oui ! Je te dirai donc ce qu’il faudrait vraiment faire, mais on ne fera pas tout dans un soucis de durée de séjour d’accord ?...Bon je disais donc, nous sommes dans un désert, je sais qu’on a tendance à les sous-estimer, mais ce sont les terrains les plus dangereux du monde…notre priorité actuellement se divise en trois points, récupérer tout ce qui peut nous être utile, trouver un endroit pour nous abriter du soleil et enfin, trouver à boire et à manger…est-ce que ça va jusque-là ? »
Taylor était confortablement assise sur le siège dans l'hélicoptère. Si on lui posait la question de ce qu'elle attendait véritablement de ce séjour en plein désert, elle répondrait du tac au tac. En fait, elle n'avait pas la réponse elle-même, alors autant dire que c'était difficile. Dans sa tête, elle ne se posait pas un milliard de questions comme elle l'aurait fait habituellement. Là, elle pensait seulement au moment présent et n'anticipait rien. Dans tous les cas, elle avait à ce moment là, le contrôle sur absolument rien du tout. Elle qui aimait avoir les commandes devait se laisser porter par l'aventure. Parfois, elle s'étonnait elle-même. Parfois elle se moquait d'elle-même. Comme là, elle semblait toute perdue dans cet engin qui la fit voler. Le fameux instructeur et guide du nom de Conrad devait ressentir la petite boule au ventre qu'avait Taylor. « Je ferai attention c'est juré...je tiens à continuer à gagner ma vie. » Bien sûr, si Taylor appréciait le séjour, elle en parlerait autour d'elle. Un peu de publicité ne fait jamais de mal à personne surtout quand la prestation est bonne. La remarque de Conrad fit rire Taylor. S'il était vraiment bon, même sans argent il aurait les ressources nécessaires pour vivre en pleine nature. Elle voulait le taquiner pur apaiser l'atmosphère et les mettre à l'aise tous les deux. « La vie dans la nature 24h sur 24 ne vous intéresse pas tant que ça. Monsieur le guide a besoin de son confort tout de même » dit-elle en riant. Un rire flatteur. Conrad lui passa la sangle, il posait ses mains sur elle mais elle ne faisait pas attention à ça. Elle était complètement ailleurs. Elle était partie dans les airs et n'attendait plus que le saut en parachute. Elle était intérieurement excitée comme une petite fille. Mais extérieurement, elle paraissait angoissée. Conrad lui enfila par la suite des lunettes. Il parla mais elle n'entendait rien. Elle était devant, dos à lui. Son cœur battait de plus en plus vite. Il posa ses mains sur sa taille, ce qui ne la dérangea pas. Au contraire, elle en était rassurée. Le saut approchait pas à pas. Puis le vide. « Youyou ! » s'exclama t-il. Taylor en avait le souffle coupé, elle aurait voulu crier mais elle n'y arrivait pas. C'était tellement bon cette descente dans les airs, de sentir le vent contre soit. « On ne ressent pas ça tous les jours pas vrai ? » Sur ce point, il n'avait pas tort du tout. Elle ressentait quelque chose que j'avais elle n'avait connu dans sa vie. Quelques minutes de pur bonheur avant d’atterrir sur le sable chaud du désert où devait se passer le séjour. Conrad aida Taylor à se redresser puis lui enleva les sangles avant de reprendre une longue explication. « Bien alors nous nous trouvons actuellement dans la peau de personnes s'étant échouées dans le désert...en temps normal on chercherait les secours, aussi je te dirai, oui on va se tutoyer maintenant, nous ne sommes plus dans le monde civilisé donc...voilà qu'est-ce que je disais là...ah oui ! Je te dirais donc ce qu'il faudrait vraiment faire mais on ne fera pas tout dans un soucis de durée de séjour, d'accord ?...Bon, je disais donc nous sommes dans un désert, je sais qu'on a tendance à les sous-estimer, mais ce sont les terrains les plus dangereux du monde...notre priorité actuellement se divise en trois points, récupérer tout ce qui peut nous être utile, trouver un endroit pour nous protéger du soleil et enfin, trouver à boire et à manger...est-ce que ça va jusque là ? » Elle aurait bien voulu faire demi tour et dire que non ça n'allait pas. Mais elle prit son courage à deux mains. Elle avait retenu l'essentiel : se protéger du soleil agonisant dans un désert où il y a du sable à perte de vue et rien d'autres, se trouver de la nourriture et de quoi se désaltérer. Pas facile dans un endroit où part du soleil et du sable il n'y avait rien d'autres. « Jusque là, on va dire que j'ai bien tout emmagasiner. J'ai surtout compris que ce n'était pas une partie de plaisir, que je n'étais pas là pour rigoler. » Elle glissa un petit sourire. « Je crois si je ne dis pas de bêtises qu'il faut trouver des oasis pour avoir de l'eau et un peu d'ombre. Mais là je vois rien de tout ça donc je pense qu'il va falloir marcher sous cette chaleur agonisante. » Elle reprit sa respiration. « De plus, je ne vois rien qui pourrait nous être utile sauf si le sable se mange, ce qui m'étonnerait certainement. » Elle n'en perdait pas son humour. Tous deux commencèrent à marcher d'un pas modéré. Il faisait chaud. Elle transpirait. Elle espérait qu'elle ne suerait pas plus que ça, elle ne voulait pas que Conrad la voit dans un piteux état. « Tu n'avais pas tort en disant que le désert est le terrain le plus dangereux. Il y a rien ici. Rien de rien. A par nous entrain de marcher et les maux de mes pieds. Pour un premier séjour, tu aurais pu y allez plus light. Après ça, je pourrais tout faire ! » Elle se moquait d'elle-même. Après un temps de marche Conrad aperçu un oasis. Jamais Taylor n'avait couru aussi vite avec autant de fatigue en elle. Il y avait de l'eau. Elle se déshydratait, enfin. « Cela se confirme, je ne suis pas un chameau. » Elle rigolait de sa blague, un peu nulle. « Et maintenant on fait quoi ? On attend là, jusqu'à ce que le soleil se couche pour dormir un peu ou on repart vers le néant pour voir je ne sais quoi ou se faire attaquer par je ne sais quelle espèce animale ? »
J’étais plutôt fier de mon discours, ça faisait quand même vachement professionnel, il fallait que je garde ça pour les futurs clients. En tous les cas, la jeune femme semblait plutôt prendre la situation dans laquelle je la mettais plutôt bien, je ne souhaitais donc qu’une chose, que ça dure aussi longtemps que possible. Car survivre dans un désert était une épreuve qui testait absolument tout d’une personne, aussi bien l’endurance physique que la solidité mentale, et c’était précisément mon boulot de faire gaffe à ce que les siennes soient un peu moins éprouvées. Je ne pus m’empêcher de sourire lorsqu’elle me parla d’oasis, leur présence dans le désert était rare, aussi nous avions environs une chance sur cent de tomber sur l’une d’entre elles, mais ça, je me gardai bien de l’annoncer à la belle brune, mon but n’étant pas de l’effrayer dans un contexte de survie pour qu’elle prenne une mauvaise décision et ne se blesse. C’était bien simple, des séjours dans le désert, j’en avais fait pas mal et je n’étais encore jamais tombé sur une oasis, néanmoins, j’approuvai d’un signe de tête sa décision de marcher sous le cagnard, c’était la seule solution possible pour le moment. Tout du moins la seule qui nous laissait une chance de survivre dans cette immense pleine de sable. Sa petite remarque sur le sable me fit également sourire, bien, si elle avait de l’esprit alors notre petite aventure n’en serait que plus agréable. Nous nous mîmes donc à marcher sous le soleil assommant du désert dont la chaleur nous était renvoyée directement par l’effet réflecteur du sable. La chaleur était presque suffocante, et plus le temps passait, plus nous nous déshydrations, aussi me décidais-je à un moment de me défaire de mon tee-shirt pour le placer sur ma tête, histoire d’éviter l’insolation, même si du coup je risquais un sacré coup de soleil.
« Ne fais pas attention aux mirages, c’est normal ça fait un moment que l’on marche sous le soleil, si jamais tu vois une oasis au loin… »
Je fis alors l’erreur de lui montrer l’horizon, là où apparaissaient généralement les fameux mirages, elle dut comprendre que j’avais repéré une oasis, car elle accéléra le pas et je dus la suivre bien malgré moi, courir dans un désert c’était de l’inconscience à l’état pur, je l’appelai pour qu’elle se retourne, mais rien n’y fis, et lorsque je parvins enfin à la rejoindre, je me rendis compte…ben qu’effectivement il y avait bien une oasis en plein milieu du désert. Alors là j’étais complètement sur le cul, c’était bien la première fois que je tombais sur un truc pareil, cette femme était vraiment quelqu’un à qui la chance souriait. Il y avait de l’eau, et si cette dernière provenait des sources souterraines, alors elle était filtrée par le sable et les condiments et se trouvait être parfaitement pure. Et pas que, de la végétation et de l’ombre, ils ne pouvaient espérer mieux pour survivre dans un désert.
« Et bien pour le moment on va se désaltérer et profiter un peu de l’ombre…on pourrait même envisager de rester ici, c’est la solution la plus fiable pour le moment…l’eau doit attirer les animaux, donc on aura à manger, ça ne sera pas trop compliqué de faire du feu…mais dans ce cas il va nous falloir des pierres…je vais en chercher, toi restes-là et profites de l’ombre, et si te baigne ne le fais pas avec tes vêtements, ce sera transparent sinon…je blague, allez repose-toi un peu, je reviens… »Je partis donc à la recherche de pierres que l’on puisse faire chauffer au soleil et enterrer sous le sable la nuit tombée pour avoir bien chaud durant la nuit, il me fallut un peu de temps pour trouver toutes les pierres nécessaires, comme un idiot j’avais complètement oublié de boire avant de repartir, enfin fort heureusement j’étais sur le retour et je n’avais pas encore vomi, ce qui prouvait que je n’étais pas complètement déshydraté. Enfin j’arrivai à l’oasis et sans plus attendre, je déposai le sac contenant les pierres avant d’ôter mon tee-shirt de ma tête, de me défaire de mon short et de mes chaussures pour enfin prendre de l’eau dans mes mains et de m’en verser sur tout le corps, répétant l’opération jusqu’à être complètement trempé. Et enfin je jetai un œil à ma partenaire de survie.« Bon alors, j’ai récupéré des pierres que l’on va laisser chauffer au soleil, ce soir on les enfuira dans le sable et on dormira juste au-dessus, ça va nous tenir chaud cette nuit…il va falloir qu’on pense à faire du feu pour repousser les prédateurs potentiels…ça va toujours ? »Je me gardai bien de lui dire que les pierres ne pourraient pas nous tenir chaud toute la nuit, c’était impossible, mais bon j’avais l’intention de faire un feu donc la nuit allait être agréable, enfin plus que sans feu quoi.
Non d'un tonnerre de Zeus, que faisait-elle là dans ce désert avec ce parfait inconnu. D'un coup elle remarqua qu'elle avait pris de gros risques. Elle ne connaissait ni le bonhomme ni le désert mais dans les deux cas elle savait très bien que les deux pouvaient être dangereux. Elle espérait ne pas être tombé sur un psychopathe. Si jamais c'était le cas, malheureusement, je crois que personne n'aurait retrouvé son cadavre dans cet immense désert. Et même si le fameux Conrad était du côté des bons hommes rien ne laissait penser qu'ils s'en sortiraient indemne de cette mission. Plus, ils marchaient sous le soleil, plus cela devenait dur. Elle était sportive mais elle avait l'impression d'avoir atteint ses limites. La chaleur était vraiment trop insupportable. Pour preuve, le charmant jeune homme enleva son tee-shirt pour le mettre sur sa tête et ainsi éviter l'insolation bien qu'il risquait le coup de soleil. Taylor, elle, avait prévu un chapeau. Au début, c'était plus pour le côté mode que pratique mais là, elle ne le regrettait pas. L'horizon était lointain. Au loin, il n'y avait rien. Quoique... « Ne fais pas attention aux mirages, c'est normal ça fait un moment que l'on marche sous le soleil, si jamais tu vois un oasis au loin... » Elle l'entendait à peine ou en tout cas elle n'avait plus l'énergie pour se concentrer pleinement sur ce que le guide disait. « Des mirages, c'est-à-dire ? » Conrad laissait sous-entendre dans sa voix que jamais il ne tomberait sur un oasis et pourtant là, pas loin d'eux il y en avait un. Elle accéléra le pas, elle se mit presque à courir. Savoir qu'il y avait de l'eau pas loin lui redonnait une grande vitalité. Conrad était quant à lui toujours derrière. Il y avait de l'ombre, et de l'eau. Le pur et simple bonheur sur le moment. Taylor était surexcitée comme une enfant. « Enfiiiiiiiiiiin ! Je croyais que j'allais mourir de soif ou de chaud ou bien des deux je sais plus. J'ai l'impression d'avoir un cerveau qui a fondu sous le soleil comme de la glace. » Elle racontait n'importe quoi. Du Taylor tout craché. Elle pouvait dire beaucoup de bêtises qui faisaient rire les autres, sans qu'elle s'en rende compte forcément ? Elle demanda ce qu'il devait faire à présent. « Et bien pour le moment on va se désaltérer et profiter un peu de l'ombre...on pourrait même envisager de rester ici, c'est la solution la plus fiable pour le moment...l'eau doit attirer les animaux, donc on aura à manger, ça ne sera pas trop compliqué de faire du feu... » Tuer des animaux pour se nourrir, ça elle ne l'avait pas prévu, elle pensait pas qu'elle aurait à le faire, sinon jamais elle n'aurait accepté. Elle n'était pas végétarienne ou même grande défenseure de la cause animale mais de là à tuer soi-même, non. Conrad continua sa tirade. « Mais dans ce cas il va nous falloir des pierres...je vais en chercher, toi restes-là et profites de l'ombre. » Elle ne broncha pas à cette proposition et fit un oui de la tête. « Et si te baignes ne le fais pas avec tes vêtements, ce sera transparent sinon...je blague, allez repose toi un peu, je reviens. » Elle rigola. Plus le temps passait, plus l'entente était détendue entre eux. Plutôt de nature réservée, elle aurait voulu répondre quelque chose de type ''ne te gêne pas pour te rincer l'oeil'' mais cela faisait trop aguicheuse, ce qu'elle n'était pas. Là, elle était plutôt mal à l'aise et préféra ne pas relevé. « Je vais me reposer j'en ai bien besoin là. Par contre par pas trop longtemps, je suis pas trop rassurée toute seule. » Après un certain temps, il revint et se passa de l'eau sur le corps comme l'avait fait Taylor quand Conrad était parti. Elle avait pu faire ça tranquillement sans pression. De sa petite escapade, Conrad avait ramener des pierres pour faire du feu afin de ne pas avoir froid la nuit. Voilà le comble pour une désert surchauffé la journée. « Bon alors, j'ai récupéré des pierres que l'on va laisser chauffer au soleil, ce soir on les enfuira dans le sable et on dormira juste au dessus, ça va nous tenir chaud cette nuit...il va falloir qu'on pense à faire du feu pour repousser les prédateurs potentiels...ça va toujours ? » L'idée des pierres surchauffées enfouies dans le sable impressionna Taylor. « Merci pour l'astuce des pierres, je ne connaissais pas du tout. C'est cool ! » Conrad avait parlé de prédateurs, ce n'était pas possible. Elle n'allait pas tenir. Elle n'avait rien d'une aventurière et là, tout devenait trop difficile. « Sincèrement Conrad, je pense que je ne vais pas tenir. Les fameux prédateurs vont m'empêcher de dormir alors que je suis super fatiguée. J'ai mal aux jambes, j'ai faim et je refuse de tuer de mes mains un animal. Ton escapade est sympathique mais à ne surtout pas proposer à des débutants comme moi. Je suis désolée de déboussoler ton plan mais je pense que tu as les yeux plus gros que le ventre. D'autant plus que tu ne connaissais pas mon profil. Et ça, ça serait intéressant d'y travailler si tu vois ce que je veux dire. » Elle espérait que ses remarques ne le blesse pas. Son affaire était une excellente idée mais il y avait des points à améliorer.
Tandis que je repérai un coin bien abrité par plusieurs arbres, toujours un peu sur le cul d’avoir trouvé de telles ressources dans un endroit où normalement ces dernières étaient inestimables tellement elles étaient rares. La belle me fit part de ses divers doutes quant à sa volonté de tenir deux jours complets dans cet environnement, ce qui me fit sourire un peu, non pas que je me moquais d’elle, j’étais dans mon élément, donc qui étais-je pour juger alors que dans son élément à elle je ne tiendrai probablement pas plus de deux minutes avant de donner ma démission ? Non en réalité elle ravivait en moi plusieurs souvenirs liés aux différentes décisions prises dans ma vie, mes doutes, la façon dont je les avais surmontés à chaque fois. Beaucoup d’évènements me revinrent en mémoire, la façon dont j’avais surmonté le décès de mon père, ma décision de rentrer à l’école militaire et par la même laisser ma mère seule. Mon intégration au sein des Delta Forces et l’appréhension de chaque mission, ma décision de quitter l’armée, celle d’aborder cette femme qui par la suite bouleversa ma vie, celle de la demander en mariage, celle d’accepter sa mort en voyageant à travers le monde, et plus récemment, celle de tout laisser tomber pour venir m’installer en Australie. J’allai rapidement chercher de quoi faire démarrer le feu, si je ne trouvai par vraiment de petit bois, l’amadou lui ne fut pas difficile à trouver, je pus même trouver des branches mortes à cause du sable et des tempêtes. Je revins déposer tout ça devant l’abri naturel qui nous épargnerait les difficultés de faire face à une tempête de sable. J’allai ensuite m’installer face à elle, un sourire sympathique aux lèvres, toujours torse-nu car soyons honnêtes, je crevais littéralement de chaud et j’avais très certainement cramé un peu pendant ma recherche de pierres dans le désert.
« Bien sûr que si tu y arriveras…premièrement parce que tu n’as pas le choix, personne ne viendra nous chercher dans cette zone avant deux jours…ne fais pas cette tête je plaisante, j’ai un téléphone satellite en cas d’urgence…plus sérieusement, tu doutes de toi et c’est normal, c’est un environnement auquel tu n’es pas habituée…mais poses-toi juste une question, qu’es-tu venue chercher ici ? La gloire auprès de tes amis, j’en doute…non je pense que tu as quelque chose à te prouver, une assurance, le fait de pouvoir te dire que puisque tu as été capable de faire ça, tu peux tout faire…enfin je ne suis pas psy, mais c’est ce que je pense…et puis tu sais les prédateurs ici vont d’avantage nous emmerder à prendre notre bouffe qu’à essayer de nous bouffer…ce sont en grande partie des charognards, pas assez forts pour s’attaquer aux grosses proies, comme nous… »
Je lui souris comme si de rien était avant de retourner aménager un espace pour le feu, prenant soin à ce que la façon dont je m’y prenais lui sois visible. Je commençai par creuser un trou suffisamment large pour servir de foyer pour le feu dans le sable. Je disposai ensuite dans son centre les petites branches que j’avais détaché des grosses branches de bois secs que j’avais ramassé. Je disposai ces dernières en une sorte tipi amérindien, elles me serviraient de foyer pour faire démarrer le feu. Je lui fis ensuite signe de venir, elle était là pour apprendre à survivre, donc autant qu’elle apprenne quelque chose.
« Bon je change de sujet, mais promis, on aborde ton profil dès que tout est prêt…alors je vais faire un feu, pour ça, j’ai disposé du petit bois dans un cercle creusé dans le sable…je l’ai disposé ainsi car l’idée va être de créer une braise sur cette espèce de mousse faite à partir des roseaux que j’ai trouvé là-bas…on appelle ça de l’amadou d’une manière générale, je vais le placer sous le bois et souffler une fois que la braise commencera à le consumer…une fois que le feu commencera à prendre, j’ajouterai les branche de bois que tu vois là, je les ai choisi car le bois est sec et donc il brûle plus facilement, ça va jusque-là ? Bien, donc pour faire ma braise je vais frotter une lame de couteau sur ceci, c’est une barre de magnésium, tu en trouveras dans ton bon magasin vendant du matériel de camping…l’étincelle produite est très chaude, ce te laisse environs sept chances sur dix de faire un feu, bien sur suivant le terrain ça varie un peu, il est plus difficile d’en faire un dans une zone humide comme des marécages ou une forêt humide… »Suite aux explications, je lui montrai, car les actes valent mieux que les discours pour apprendre quelque chose à quelqu’un. Une fois le feu lancé et à peu près stable, je me relevai, elle voulait parler je le savais, mais on devait manger, le simple fait d’être ici nous déshydratait sans cesse et nous faisait perdre une bonne centaine de qualories toutes les vingt minutes. Je repérai alors des figues, ça nous suffirait pour aujourd’hui, mais demain j’allais mettre des pièges à serpent et petits rongeurs.« Donc tu voulais parler de ton profil…parlons dans ce cas, que souhaites tu me dire sur toi ? »
Plus les minutes s'écoulèrent et plus Taylor se décomposait. Du moins c'est ainsi qu'elle décrivait la situation dans sa petite tête. Elle avait réussi en très peu de temps à se faire passer pour une midinette qui abandonnait dès le premier obstacle, ce qui ne lui ressemblait pas. Déjà d'une, parce qu'elle savait qu'elle était capable de vivre en nature. Toutes ses années de scoutisme ne lui avaient quand même pas servi à rien. Puis secondement, elle qui s'était plus jeune donné corps et âme à l'équitation savait qu'elle ne devait affronter l'obstacle, le sauter, passer au dessus et non pas freiner devant. Elle aimait bien la comparaison. Tout en pendant cela, elle écouta le long discours de Conrad pour la remettre sur pieds, il avait les bons mots. Il était vraiment doué pour ça. « Bien sûr que si tu y arriveras...premièrement parce que tu n'as pas le choix, personne ne viendra nous chercher dans cette zone avant deux jours... » A ce moment là, sa mine changea réellement, elle se décomposait petit à petit. Deux jours dans ce désert sans que personne ne vienne les secourir en cas de danger important l'inquiétait réellement. Finalement, Conrad repris vite son sérieux. « Ne fais pas cette tête je plaisante, j'ai un téléphone satellite en cas d'urgence... » Elle s'apaisa. « Tu me rassures d'un coup, j'ai frôlé la crise d'angoisse là. » Elle sourit timidement. Alors non, avoir été scout ne lui avait pas vraiment servi. « Plus sérieusement, tu doutes de toi et c'est normal, c'est un environnement auquel tu n'es pas habituée... » Pour essayer de se détendre, Taylor tenta une tirade sur le ton de la plaisanterie. « Si, si, je ne te l'ai pas dit mais je passe tous mes étés dans les déserts avec rien autour, pour plus de fun. » Elle lui laissa continuer. « Mais poses toi juste une question, qu'es-tu venue chercher ici ? La gloire auprès de tes amis, j'en doute...non je pense que tu as quelque chose à te prouver, une assurance, le fait de pouvoir te dire que puisque tu as été capable de faire ça, tu peux tout faire...enfin je ne suis pas psy mais c'est ce que je pense... » Il n'avait pas tort, il marquait beaucoup de bons points auprès de Taylor, mais surtout il avait une philosophie de vie et une véritable tact pour la rassurer. « Tu as raison, ce que je peux être idiote parfois. Un jour, je vais acheter des légumes pour cuisiner, je me retrouve avec ce super ticket gagnant. Je sais plus ou moins ce qui m'attends mais j'y fonce parce que j'ai un côté aventurière qui dois remonter à mes années de scoutisme. En fait tu as raison, j'ai envie de me prouver à moi même et à toi maintenant que j'en suis capable. » Elle se courba. Conrad revint sur le sujet des prédateurs qui effrayaient Taylor. « Et puis tu sais les prédateurs ici vont d'avantage nous emmerder à prendre notre bouffe... ce sont en grande partie des charognards, pas assez forts pour s'attaquer aux grosses proies comme nous... » Elle était rassurée en demi-teinte. « Je ne savais pas que j'étais si grosse que ça, mais si tu me promets qu'il n'y a pas de lion ou je ne sais quelle autre espèce du même style, je te crois. » Elle ria au éclat, pourquoi, elle ne savait pas vraiment, certainement la fatigue qui se faisait de plus en plus ressentir. Conrad avait pendant ce temps là de conversation aménagé un espace dédié au feu. Il le fit habilement. Un vrai professionnel. Il l'appela à s'approcher pour lui montrer comment faire, puisque le but même du séjour était là. « Bon je change de sujet, mais promis, on aborde ton profil dès que tout est prêt. » Il avait un ton quasi militaire. « Alors je vais faire un feu, pour ça, j'ai disposé du petit bois dans un cercle creusé dans le sable... je l'ai disposé ainsi car l'idée va être de créer une braise de cette espèce de mousse faite à partir des roseaux que j'ai trouvé là-bas...on appelle ça l'amadou d'une manière générale, je vais le placer sous le bois et souffler une fois que la braise commencera à le consumer...une fois que le feu commencera à prendre, j'ajouterai les branches de bois que tu vois là, je les ai choisi car le bois est sec et donc il brûle plus facilement, ça va jusque là ? » Elle acquiesça d'un simple signe de tête. Des notions de scoutismes lui revinrent en tête ce qui la fit sourire. « Bien donc pour faire ma braise je vais frotter une lame de couteau sur ceci, c'est une barre de magnésium, tu en trouveras dans ton bon magasin vendant du matériel de camping...l'étincelle produite est très chaude, ça te laisse environ sept chance sur dix de faire un feu, bien sûr suivant le terrain ça varie un peu, il est plus difficile d'en faire un dans une zone humide comme des marécages ou une forêt humide... » Il montrait soigneusement à Taylor chacun des gestes qu'il entreprenait. Un vrai pro. Il savait vendre son produit. « Donc dans notre malheur, il y a un peu de positif. » dit-elle pour détendre l'atmosphère devenu très sérieuse. Une fois le feu maintenu, il se leva et alla chercher des figues. Il en donna une à Taylor et le remercia. « Donc tu voulais parler de ton profil...parlons dans ce cas, que souhaites tu me dire sur toi ? » La façon dont il posait la question faisait très entretien, elle était quelque peu gênée. Mais elle n'avait pas la langue dans sa poche et se lança. « Mon profil, je pense que de savoir ma taille et mon poids ne vont pas te servir mais je peux te dire que j'ai à peine vingt ans, que j'ai fais du scoutisme plus jeune et que malgré les apparences je suis plutôt une débrouillarde. J'avoue le désert ça m'a effrayé un peu parce que je connais pas. Mais je suis une fille qui aime bien parfois sortir de sa zone de confort. » Elle reprit sa respiration. « Maintenant, si je dois être sincère avec toi, si j'avais su que c'était le désert qui m'attendait je crois que je n'aurais pas accepté. Je suis plutôt forêt et coin humide vois-tu ? Je m'y sens mieux et là, ça se confirme bien. A ton tour de parler de toi.»
La belle avait de l’esprit, c’était franchement bien, elle n’en avait peut-être pas conscience, mais avoir ce genre de caractère aidait beaucoup pour la survie à deux, c’était plus agréable pour l’autre, qui avait tendance à se détendre un peu aussi. Elle manqua même de me faire perdre le peu de sérieux que j’avais réussis à faire paraitre à plusieurs reprises. Elle me rappela du coup plusieurs de mes connaissances qui avaient une tendance certaine à me faire ce genre de coups, plus particulièrement lorsqu’elle blagua à propos de ses vacances dans le désert. Le stage commençait idéalement, et j’en étais ravi, même s’il allait falloir que je m’occupe plus sérieusement de mon dos et de mes épaules qui avaient pris le soleil bien plus que je ne le croyais étant donné les douleurs qui commençaient à se faire sentir. Malheureusement je n’avais pas vraiment de ressources connues pour me soigner hormis l’étendue d’eau étonnamment claire, ce qui prouvait qu’elle était filtrée. Il allait tout de même falloir qu’on la fasse bouillir, le fait qu’elle soit accessible à la faune du coin ne me rassurant pas des masses si l’on abordait le sujet de sa potabilité. Elle se décida donc à me parler d’elle, tout du moins de ce qu’elle jugeait utile de me révéler, aussi pris-je soin de l’écouter attentivement, ce qui eut le mérite de me faire penser à autre chose que ces foutues brûlures dues à un égo trop développé, bien sûr, un désert où il fait minimum quarante degré, n’importe qui s’y serait baladé torse-nu. J’avais pensé trouver les pierres suffisamment rapidement pour ne pas trop me brûler, petite erreur d’appréciation dirons-nous, comme quoi ça faisait trop longtemps que je n’étais pas venu dans un environnement comme celui-là, ce petit rappel n’allait sans doute pas me faire de mal, même si techniquement j’avais tout de même évité l’insolation.
« Je n’ai pas vraiment l’habitude de parler de moi mais si tu y tiens…j’ai fait partie des forces spéciales américaines…j’aurai la trentaine sans trop tarder…j’ai survécu dans tout type d’endroit…désert compris, ce qui me permet d’ailleurs de te proposer un séjour sans que tu ne risques vraiment ta vie ici…et je ne te promets rien, mais j’essayerai d’être le plus agréable possible durant le séjour… »
Je lui souris avant de me lever pour cueillir quelques figues supplémentaires, ça ne ferait pas tout un repas et j’espérais bien trouver quelque chose de plus consistant le lendemain, mais c’était ce qu’on avait de mieux pour le moment, j’avais bien quelques barres de protéines de l’armée, mais valait mieux manger de la terre que ce truc, ça avait meilleur goût, c’était vraiment en cas d’extrême nécessité. Je déposai ces dernières entre nous, avant de me rassoir et d’enfin renfiler mon tee-shirt, que j’avais trempé préalablement, ça ferait descendre un peu ma température corporelle, même si mes super coups de soleil n’appréciaient vraiment pas ça. Je pris tout de même sur moi de ne pas grimacer, après tout ça la foutait quand même mal, je l’emmenais survivre en plein désert et c’était moi qui commettais une boulette me blessant. Je réfléchis néanmoins à ce qu’elle m’avait révélé avant de souhaiter en savoir d’avantage sur moi, elle avait donc été scout, dans ce cas je comprenais parfaitement sa réticence au désert, c’était un environnement complètement inconnu pour elle. Je pris une autre figue, avant de reporter mon attention sur elle.
« J’admets que le désert peut être un choix surprenant pour un stage de survie…mais je ne sais pas, je l’ai sentis comme ça lorsque je t’ai rencontrée…il m’a semblé que ce serait la meilleure expérience pour toi…bien sûr ce n’est que mon appréciation personnelle, mais c’est comme ça que je fonctionne…en tout cas je te rassure, demain je nous trouverai quelque chose de plus consistant à manger…c’est pas grand-chose, mais c’est du sucre, et ça nous redonnera des forces en attendant de mettre la main sur des protéines… »Je me levai de nouveau et saisis ma gourde pour la remplir et ensuite la poser sur le feu pour qu’elle puisse bouillir, rassurez-vous c’était des gourdes en métal, et par un petit système élaboré par mes soins, soit trois battons et la cordelette de la gourde, cette dernière était bien trop au-dessus du feu pour brûler ou fondre. Je retournai vers la belle et par la même, la bouffe, ben oui ça mange un homme je vous signale.« Je préfère la bouillir avant qu’on la consomme réellement, tout à l’heure on avait pas le choix à cause de la déshydratation, mais maintenant qu’on a du feu…c’est l’une des premières règles de survie, toujours faire bouillir l’eau si l’on n'est pas certain qu’elle soit potable… »
Sa petite blague sur les vacances lui ravivait de bons souvenirs d'enfance. Elle se rappelait des merveilleux étés passés dans les plus beaux coins du monde, à la découverte de la nature, des villes. De ce côté là, elle avait eu une chance inouïe. Ses parents étaient fortunés et elle avait pu voyager dans de nombreux pays. Elle se remémora son séjour dur et intense dans la forêt amazonienne qui lui avait fait aimé la nature simple. Elle se souvenait combien elle avait souffert de cette escapade et comment elle était heureuse d'avoir réussi. Ce sentiment de dépassement de soi, elle l'aimait et elle pensait qu'elle pouvait le retrouver ici sans aucun problème si, elle ne se mettait pas elle-même des bâtons dans les roues. Ses pensées revinrent à Conrad et sa survie dans un tout nouveau milieu. Elle était plus que remotivée, et ça grâce au discours de Conrad. Il avait l'air d'être convainquant et de redonner confiance en soi, elle aimait beaucoup cela. Conrad avait attrapé de vilains coups de soleil au niveau du dos et des bras. Le pauvre devait souffrir le martyr et pourtant il ne broncha pas. Taylor, elle, avait juste très chaud mais elle avait tenu à bien se protéger. Elle connaissait sa peau et savait qu'elle était très sensible au soleil. Pendant que Taylor mangea tranquillement une des figues trouvée par Conrad, ce dernier parla un peu de lieu. « Je n'ai pas vraiment l'habitude de parler de moi mais si tu y tiens j'ai fais parti des forces spéciales américaines... » Elle secoua la tête pour montrer qu'elle était impressionnée. « J'ai survécu dans tout type d'endroit....désert compris, ce qui me permet d'ailleurs de te proposer un séjour sans que tu ne risques vraiment ta vie ici...et je ne te promets rien, mais j'essayerai d'être le plus agréable possible durant le séjour. » Elle ria avant d'oser dire « Alors monsieur est un vieux ronchon. Ne t'en fais pas, avec moi tu t'en sortira pas aussi facilement, je suis une vraie tête de mule. Tu as survécu à des choses terribles maintenant il faut survivre à moi. Je peux être très..embêtante quand je l'ai décidé. » Encore une fois, elle ria. Elle aimait rire, elle aimait profiter de chaque instant qui s'offrait à elle. Conrad se leva pour allez chercher de nouveaux des figues. En revenant, Taylor en repris une, elle avait faim. Conrad déposa entre eux des barres de protéines de l'armée, ce qui n'attira pas du tout Taylor. Rien quand voyant l'aspect elle se doutait que c'était vraiment s'ils n'avaient rien à se mettre sous la dent. Conrad avait bien compris que le désert était difficile pour Taylor. « J'admets que le désert peut être un choix surprenant pour un stage de survie...mais je ne sais pas, je l'ai sentis comme ça lorsque je t'ai rencontré...il m'a semblé que ce serait la meilleure expérience pour toi. » Elle lui répondit. « Je vous ferais un rapport sergent ! » avant de le laisser reprendre la parole. « Bien sûr ce n'est que mon appréciation personnelle, mais c'est comme ça que je fonctionne...en tout cas je te rassure, demain je nous trouverai quelque chose de plus consistant à manger... c'est pas grand chose mais c'est du sucre et, ça nous redonnera des forces en attendant de mettre la main sur des protéines. » Elle l'avait un peu perdu en chemin. Il parlait de sucres, de protéines, elle avait totalement décroché. Elle était tellement fatiguée. « Non, tu as eu raison de choisir le désert, je vais découvrir quelque chose de nouveau colle ça. » Après quoi Conrad fit chauffer son eau avant de donner une explication à Taylor. « Je préfère la bouillir avant qu'on la consomme réellement, tout à l'heure on avait pas le choix à cause de la déshydratation, mais maintenant qu'on a du feu...c'est l'une des premières règles de survie, toujours faire bouillir l'eau si l'on n'est pas certain qu'elle soit potable... » Elle écoutait attentivement. « Je retiens donc cet anecdote ! » Elle sourit, bailla. Elle était littéralement morte de fatigue. Le soleil se couchait, la pénombre arrivait calmement. « Je crois que je vais allez dormir, je suis crevée. Le soleil, la marche, la déshydratation tout ça...Je n'en peux plus. J'espère que tu ne m'en veux pas, mais je préfère être en forme pour demain afin que j'apprenne le plus de choses possibles pour cette dernière journée. » Elle se leva, et alla se coucher vers les pierres chaudes enfouis sous le sable. Elle ferma les yeux et s'endormit. Le lendemain matin, elle ouvra un œil. Conrad dormait toujours, elle décida d'aller elle-même chercher de quoi se nourrir. De nouveau, elle ramena des figues. De retour, Conrad était levé. « J'ai ramené des fruits pour prendre un peu de forces, j'espère que tu as passé une bonne nuit parce que la mienne était affreuse mais je suppose que tu as plus l'habitude que moi."
Un vieux ronchon moi ? Je ne pris pas la peine d’y répondre mais quand même là elle y allait fort quand même, je grognai que sur ma douche, mon pick-up, ma moto, mon grille-pain, ma télévision, en fait à chaque fois qu’un objet me les brisait en ne faisant pas ce que j’attendais de lui. Oh bordel elle avait raison, j’étais un vieux ronchon, autant le dire, ce n’était pas vraiment la découverte que je souhaitais faire, je décidai donc de faire comme si je n’avais rien entendu, enfin aussi poliment que possible, je tenais quand même à ce qu’elle apprécie le séjour, surtout qu’elle venait de m’avouer que si j’étais trop désagréable elle saurait très bien me les briser, menace à ne jamais prendre à la légère de la part d’une femme. Je continuai donc mon discours jusqu’à ce que la belle ne décide d’aller s’allonger un peu, tant mieux, l’eau aurait le temps de refroidir et par conséquent elle serait bien fraiche et pure au réveil. En ce qui me concernait, je me servis une petite tasse, enfin une gamelle serait plus exact, y déversai quelques bouts de figue et laissai le temps au liquide de prendre le goût, une sorte de thé en somme, ça ne valait très certainement pas un bon café bien chaud et bien noir, mais ça passait. Je m’assurai que le feu tienne la nuit pour qu’on ait des braises et donc juste à le relancer le lendemain, avant d’aller moi-même prendre position non loin d’elle pour tenter de dormir un peu. Le feu était positionné de telle sorte qu’il repousserait sans problème n’importe quelle bestiole, même les scorpions ne pourraient pas passer, enfin j’avais toujours de l’anti-venin dans le pire des cas, en tout cas celui qui ferait l’erreur de piquer l’un de nous finirait dans nos assiettes, ça c’était certain.
La nuit fut des plus rudes, à un moment donner les pierres perdirent trop de chaleur et seul le feu nous en apporta, ce qui ne facilita pas vraiment le sommeil, faut dire que passer d’une température telle que quarante degrés à l’ombre à une température en dessous des zéro degrés Celsius rendait particulièrement difficile les nuits dans le désert. En ouvrant les yeux, je ne vis pas le belle, ce qui me valut un réveil en sursaut, ses affaires étaient encore là, en observant un peu autour, je pus néanmoins voir qu’elle était partie cueillir des figues, ce qui eut le mérite de faire descendre un petit peu l’adrénaline due à ma hausse de tension soudaine. Je la regardai donc arriver avec des figues, bordel il allait vraiment falloir que je trouve autre chose à manger avant d’être complètement dégoûté de ce fruit que je n’aimais déjà pas vraiment.
« Bonjour…non moi non plus rassure-toi, mais c’est la survie, on ne dort jamais comme lorsque l’on est chez soi, c’est ce qui fait la différence avec la vie de tous les jours…merci pour le petit déj… »
En temps normal, j’aurai fait ma petite séance de sport matinale, mais nous n’étions pas en temps normal et je devais garder le maximum de forces possibles, nous avions passé une journée et une nuit déjà, plus qu’à le refaire et demain matin on viendrait nous chercher. J’allais prendre un fruit quand un mouvement non loin de la miss attira mon attention, immédiatement je lui fis signe de s’arrêter.« Ne bouge surtout pas…ne tourne même pas la tête… »L’eau avait attiré l’une des pires bestioles que l’on puisse trouver par ici, un serpent de la Mulga, un serpent noir très venimeux, et ce dernier semblait trouver en ma coéquipière de survie une menace, il était en position défensive, prêt à mordre au moindre mouvement. J’attrapai une branche ainsi que mon couteau militaire avant de me déplacer très lentement, suivant un cercle autour de la brunette pour approcher le reptile menaçant. Là où la situation aurait pu être pire, c’était que le sable ici était solide à cause de l’eau non loin, le sol n’atténuerait donc absolument pas le moindre choc porté depuis le haut. Le fait que je bouge lentement fit qu’il ne faisait pas attention à moi, j’étais moins proche et donc moins menaçant pour lui, je parvins donc à passer derrière lui. Une fois en position, je lui assénai un coup de toutes mes forces sur le crâne, l’assommant un peu, avant de l’attraper juste en-dessous de la tête pour l’empêcher de me mordre, puis je le plaquai sur le sol et sectionnai sa tête avec mon couteau, je pris ensuite cette dernière, toujours avec ma lame, et la jetai au feu, histoire que personne ne vienne un jour à marcher dessus et par la même à s’empoisonner.
« C’était un serpent de la Mulga, je pensais qu’on verrait surtout des petits marsupiaux par ici…si jamais tu vois un autre serpent, alors on quittera cet endroit, l’eau est importante dans le désert, mais si on croise trop de serpents, ça sera dangereux…en tout cas on a notre repas…je paris que tu n’as jamais goûté, ça a le goût du poulet… »
La nuit avait été terrible et on ne pouvait pas dire que Taylor avait repris des forces pour cette deuxième journée. Elle avait néanmoins eu le courage de se lever alors que Conrad, son guide semblait bien dormir, pour aller chercher des figues. Elle avait durant la nuit eu parfois froid, les pierres et le feu n'avaient pas été suffisants pour elle. Mais elle se dit qu'elle avait réussit à tenir un nuit entière avec certes une petite boule au ventre mais une nuit entière. Le soleil se levait et déjà la chaleur se faisait ressentir. En revenant, Conrad était debout, il avait l'air affolé. Il me vit arriver avec une bonne réserve de figues. J'avais chercher autre chose mais apparemment il n'y avait que ça comme fruits sur cette terre aride. Conrad salua Taylor. « Bonjour...non moi non plus rassure-toi, mais c'est la survie, on ne dort jamais comme lorsqu'on est chez soi, c'est ce qui fait la différence avec la vie de tous les jours... » Elle sourit avant de dire. « Au moins, le séjour aura eu le mérite de me prouver à quel point j'aime la vie de tous les jours. » Elle lui lança deux figues qu'il attrapa habilement. « Merci pour le petit dej... » Le silence laissait présager quelque chose. « J'ai essayé de trouver autre chose que des figues mais je t'avoue qu'on se croirait au pays du figuier ici. Rien d'autres en vue...malheureusement pour nos estomacs et surtout nos petites papilles. » dit -elle en riant timidement. Tout à coup, alors que Taylor et Conrad était assis, ce dernier s'arrêta net et ordonna à Taylor « Ne bouges surtout pas...ne tourne même pas la tête. » Son cœur commençait à palpiter de plus en plus vite. Elle n'aimait pas ça du tout. Et vu la tête de Conrad ce n'était pas une petite plaisanterie ou même une petite bête ridicule. Non c'était beaucoup plus sérieux que ça. Conrad attrapa une branche ainsi que son couteau militaire. Sans qu'elle n'y comprenne rien de ce qui se tramait derrière elle, Conrad lança un affreux serpent au loin. Elle réalisa alors que son guide l'avait certainement sauvé d'une catastrophe. Il lui dit pour lui expliquer « C'était un serpent de la Mulga, je pensais qu'on verrait surtout des petits marsupiaux par ici... » Elle reprit sa respiration. « J'aurais préféré à vrai dire. » Elle le laissa continuer de parler. « Si jamais tu vois un autre serpent, alors on quittera cet endroit, l'eau est importante dans le désert mais si on croise trop de serpents, ça sera dangereux.... » « Je préférerais rentrer entière si tu vois ce que je veux dire." « En tout cas, on a notre repas...je paris que tu n'as jamais goûté, ça a le goût du poulet.... » lui dit-il. Seulement, il y avait un problème, Taylor ne mangeait pas de viande. Elle ne pouvait donc toucher au serpent, ce qu'elle fit vite remarquer à Conrad. « Désolée mais je ne mange pas de viande, j'aurais du te prévenir. Au moins tu auras un serpent goût poulet pour toi tout seul. Moi je vais me contenter des figues. »
C’était tout de même surprenant, mais c’était une information que j’aurai dû vérifier, elle n’aimait donc pas la viande, ce qui compliquait rudement les choses dans un désert, en situation réelle, avec aucune garantie qu’on vienne nous secourir, je ne vous le cache pas, je l’aurai forcé à en manger et à s’hydrater juste après, on ne plaisantait pas avec le désert, mais là nous avions un filet de sécurité en la personne de Hank, sensé nous récupérer le lendemain grâce au signal GPS de mon téléphone satellite, j’acquiesçai sans rien dire la révélation qu’elle venait de me faire. Néanmoins, il allait falloir qu’on bouge, donc qu’elle prenne le plus de force possibles, j’allais faire fumer mon serpent, bouillir de l’eau et la verser dans nos gourdes. Pourquoi bouger ? La raison était simple, si les figues apportaient une certaine dose de sucre permettant de tenir un peu plus longtemps, il allait lui falloir quelque chose de plus consistant et en une certaine quantité, sans quoi elle se sentirait malade sans tarder. Heureusement, nous étions dans le désert australien et pas dans le Sahara ou autre désert vraiment aride. Les aborigènes nous avaient apporté les connaissances pour survivre des plantes dans le coin, même si nous autres colons blancs n’avions pour la plupart, jamais été fichus de les écouter. Je ne savais pas jusqu’à quel point elle était végétarienne, mais j’imaginais facilement que manger une larve, même si elle avait le goût de beurre de cacahuète ou de pate d’amende n’allait pas la ragouter, pas plus que de bouffer l’abdomen de fourmis remplies de miel. Non, je pensais d’avantage trouver des noix, il y en avait pas mal en cette saison, surtout celles de Macadamia si mes sources étaient exactes, j’avais également bon espoir de trouver de la papaye ou encore des pêches sauvages, mais pour ça il nous fallait bouger vers un endroit moins désert, car autour de cette petite étendue d’eau, il n’y avait pas grand-chose.
« D’accord, dans ce cas nourris-toi et hydrate-toi un maximum pendant que je fais cuir le serpent, je sais que tu n’aimes pas ça, mais je l’ai tué, ne pas le manger serait un manque de respect selon les coutumes locales et bien que je ne sois pas vraiment croyant, je n’ai pas envie d’éprouver les esprits aborigènes… »
Je fis donc fumer le serpent et bouillir de l’eau pour nos gourdes en même temps, le plus rapidement possible, cela allait sans dire, quand enfin tout fut prêt, je fis signe à la belle qu’il était temps de partir, lui tendant sa gourde d’eau potable, l’eau était chaude à l’intérieur mais elle se rafraîchirait avec le temps de la marche. Nous commençâmes donc notre route dans le désert rouge australien, et cette fois on allait marcher bien plus que lorsque nous étions arrivés. Le soleil tapait fort, à tel point que j’avais insisté pour qu’on se baigne complètement habillés avant de partir, histoire de rester au frais le plus longtemps possible. Nous marchâmes des heures, nos vêtements séchant trop rapidement à mon goût, quand enfin du coin de l’œil j’aperçus un petit animal au loin, cette fois j’en étais certain, nous tenions le bon bout, qui disait de la vie disait de l’eau, et donc des plantes. Une fois sur place je pus repérer un arbre que je connaissais bien, et elle devait se douter également de ce que c’était.
« Va en cueillir, ce sont des pêches sauvages du désert, elles ont bien meilleures et te donneront beaucoup plus d’énergie que les figues, moi je vais creuser un trou devant cet arbre pour trouver de l’eau… »Sans attendre qu’elle approuve ou non mes dires, je commençai à creuser, après toutes ces heures de marche dans le désert, nos gourdes étaient vides et il fallait qu’on s’hydrate en urgence sous peine d’être malades. Je commençai à sentir l’humidité à environs trente centimètres de profondeur, et j’obtenu de l’eau filtrant à travers le sable à plus de cinquante centimètres. Je laissai tranquillement le trou se remplir et je trempai ma gourde pour la remplir, j’en pris une bonne gorgée avant de la tendre à ma coéquipière.« Ne fais pas attention à sa couleur, le sable est un excellent filtre à bactéries, sans compter les condiments dans la terre en dessous…elle n’est peut-être pas très claire, mais cette eau est bien plus potable que l’eau d’un robinet… »
Ce qu'elle venait de dire à Conrad lui rappela de vieux souvenirs. Elle avait très tôt arrêté de manger de la viande ou même du poisson. Elle n'avait jamais eu de carence pour autant. Tout avait été méticuleusement mis au point pour qu'elle ne manque de rien. Les protéines animales étaient remplacées par des protéines végétales. Au début, cela avait été une lubie d'adolescente pour faire son intéressante. Mais en creusant plus loin, elle avait par l'intermédiaire de groupuscule plus ou moins extrême, vu en l'acte de se nourrir de viande ou de poisson comme un acte barbare. Elle ne voulait plus y contribuer, respectant trop la vie pour ça. Néanmoins, elle n'était pas là pour juger. Ses parents avaient trouvé que c'était une trop mauvaise idée, mais le peu de temps qu'ils passaient à la maison ne fit pas changer grand chose dans la vie de Taylor. Petit à petit, elle s'était sentie mieux dans son corps, plus en connexion avec la nature. Ses années de scoutisme l'avait conforté dans ce qu'elle pensait et elle était sûre de son choix. Bien évidemment, si jamais, elle venait à devoir survivre plus de deux jours dans un désert, elle aurait mis ses valeurs de côtés ; pour sa propre survie. Elle savait faire la part des choses. Là pour le coup, elle se disait qu'elle pouvait s'en passer et se ressourcer d'eau et de fruits en espérant de tomber sur autre chose que des figues. Elle respecta la décision de Conrad de manger le serpent. Elle n'était pas du genre à vouloir rallier tout le monde à sa cause. Chacun évoluait dans son environnement comme il le sentait. « D'accord, dans ce cas nourris-toi et hydrate-toi un maximum pendant que je fais cuire le serpent, je sais que tu n'aimes pas ça mais je l'ai tué, ne pas le manger serait un manque de respect selon les coutumes locales et bien que je ne sois pas vraiment croyant, je n'ai pas envie d'éprouver les esprits aborigènes... » lui expliqua lentement Conrad. « Il n'y a pas de problème ne t'en fais pas pour ça. Je ne vais pas t'en vouloir de manger de la viande. J'ai fais mon choix, si les autres respectent le mien, je respecte le leur. C'est donnant-donnant comme on dit. Et puis c'est intéressant ce que tu racontes sur les coutumes locales. Je ne sais pas si je te l'ai dit mais j'étudie l'histoire de l'art. Et j'ai travaillé sur l'art aborigènes. Toutes leurs sculptures, leurs bijoux, tatouages ou autres. J'aimerais bien si ça ne t'embêtes pas que tu m'en raconte un peu plus sur leurs coutumes pendant que je te regarder faire fumer le fameux serpent qui comptait me manger. D'ailleurs encore merci de m'avoir sauvé. » Elle sourit. Tout en lui expliquant certaines choses, Conrad remplit les gourdes d'eau qu'il avait fait chauffé. Il était maintenant temps de partir. De chercher un autre endroit. De bouger. Avant de partir, Conrad conseilla de se mouiller entièrement avec leurs vêtements pour ne pas avoir trop chaud de suite lorsqu'ils marcheraient sous le soleil tapant. Taylor s'exécuta puis un gourde à la main chacun ils partirent. Il faisait chaud, les vêtements avaient trop vite séchez. « Ce que j'ai chaud. » dit-elle. Elle transpirait à grosses gouttes. Rien de très glamour. Conrad l'avait vraiment vu dans un sale état. Mais là, c'était bien le cadet de ses soucis. Elle voulait absolument s'arrêter. Ses jambes lui faisaient mal, terriblement mal. D'un coup, leurs regards se croisèrent. Ils venaient tout deux de voir passer un animal non loin d'eux et mieux encore, Taylor reconnu de délicieuses pêches, ce qui se confirme par les dires de Conrad. « Va en cueillir, ce sont des pêches sauvages du désert, elles sont bien meilleures et te donneront beaucoup plus d'énergie que les figues, moi je vais creuser un trou devant cet arbre pour trouver de l'eau... » A peine, avait-il eu le temps de dire cela que Taylor s'exécuta. Elle dénicha une bonne dizaine de pêches. Elle n'attendit pas pour en croquer une. Elle était juteuse, exquise, délicieuse. Elle se régalait comme jamais avec de simples pêches. Elle en apporta à Conrad. « Tiens, en échange de l'eau que tu nous as trouvé, goûtes moi ces délicieuses pêches sauvages. Tu as raison, ça à l'air de donner plus d'énergie que les figues qu'on a mangé jusque maintenant. » Conrad tendit vers Taylor la gourde et dit « Ne fais pas attention à sa couleur, le sable est un excellent filtre à bactéries, sans compter les condiments dans la terre en dessous... » Elle le coupa. « Peu importe je meurs de soif. » Puis il reprit. « Elle n'est peut-être pas très claire, mais cette eau est bien plus potable que l'eau d'un robinet. » Elle se mit à rire. « Je veux bien de croire, mais crois moi je préfère quand même l'eau de mon robinet pour ma vie de tous les jours. » Elle osa poser la question du temps. « J'ai un peu perdu la notion du temps, il nous reste combien de temps à tenir dans ce superbe désert ? »