Gaby ne savait plus quoi penser. Sentant la panique la consumer complètement. Elle essayait de se résonner. De se dire que ce n'était pas possible, non. Pourtant, tous les signes étaient bien présents. Telle une claque en pleine figure qui allait bientôt changer toute sa vie et sûrement pas que la sienne… L'Anglaise ne voulait voir aucun médecin, faire aucun test, rien du tout… Gaby avait bien trop peur de voir la vérité en face. Cela faisait déjà trois jours que Gabriella n'arrivait plus à dormir. Les nausées la réveillant presque tout le temps et le stress de voir ce retard perdurer encore et encore. Je suis dans la merde… Voilà ce que pensait la jolie brune. La situation pourrait être bien plus désastreuse. Sa librairie fonctionnait plus que bien. Sa relation avec James était parfaite et pourtant, Gabriella sentait qu'elle était sur le point de tout foutre en l'air. Un don chez la jeune femme... Elle nettoyait la vaisselle avec détermination et une rapidité qui prouvait à quel point la brune avait du mal à cacher sa nervosité. Plantée face à l'évier dans un t-shirt du français qu'elle adorait porter pour dormir. Gaby jetait parfois des petits coups d’œil à James sans dire un mot. Tout se mélangeait dans sa tête. Se demandant une fois de plus, ce qu'elle avait fait au bon dieu pour le que le destin s'acharne à lui mettre des bâtons dans les roues. Ne pouvait-elle pas vivre une vie simple, sans histoire et sans rebondissement ? Comment James allait réagir en apprenant la nouvelle ? Est-ce que c'était le bon moment pour tout lui avouer ? Il y avait-il un bon moment pour annoncer ce genre de chose ? Sa tête était sur le point d'exploser. Ils n'avaient jamais abordé ce sujet… Le sujet. Et puis cela faisait pas longtemps qu'ils étaient ensemble. Mais Gaby sentait que son comportement de ces derniers jours allait jouer contre elle. Un brin plus susceptible que d'habitude, toujours dans ses pensées… « Je… Je vais sûrement passer voir Joanne et passer du temps avec Daniel… Il était tellement adorable. » C'était la vérité, Gabriella était complètement dingue de son neveu. Et puis après tous les événements que venaient de traverser son frère et sa belle-sœur, Gaby voulait passer plus de temps avec eux. « Ils ont de la chance d'avoir une si belle petite famille… » Famille… La sienne était brisée. Sa mère était morte, son père qu'elle avait que très peu connu venait aussi de disparaître. Son frère ne lui parlait plus depuis leur arrivée sur le sol australien. Mais sa nouvelle famille était bien présente. Jamie était devenu un vrai frère pour elle. Même s'ils avaient le don de se chamailler et à toujours trouver un terrain sur lequel se disputer. Joanne était une réelle amie et puis les Beauregard étaient tous plus que formidables. Mais Gabriella avait du mal à s'imaginer devenir maman. Tout le monde avait le don de l'énerver avec ce sujet. Comme quoi la trentaine passée, une femme serait dans l'obligation d'avoir un enfant, de se marier et tout le tralala qui allait avec. Ce qui stressait encore plus la libraire. Se trouvant déjà bien trop vieille. Et Gabriella ne se sentait pas encore assez mature pour avoir la responsabilité d'un enfant. Jamie venait à peine de lui mettre du plomb dans la cervelle ! L'Anglaise regardait encore James, un sourire aux coins des lèvres. Se disant qu'elle avait de la chance de l'avoir. Qu'elle l'aimait et qu'elle avait la chance d'être aimée en retour. Il était indispensable. James était devenu sa moitié sans qui elle ne pouvait plus vivre. Vivant pratiquement chez lui depuis quelques mois. Parfois, Gaby s'imaginait ce que sa mère se dirait en les voyants ensembles ces deux la. Eux qui se détestaient tellement, qui avaient fait trembler les murs de sa maison avec leurs hurlements. Comme quoi, la vie nous réserve parfois de belles surprises… « Tu as déjà pensé à fonder une famille plus tard ? » Voilà, elle venait de larguer une première bombe essayant tant bien que mal de la dissimuler à travers un sujet lancer en toute simplicité. Gabriella le regarda à peine, faisant comme s'il s'agissait d'une simple question. « Enfin je veux dire… Avoir des enfants, tout ça... » Son regard se posa avec timidité sur le sien tout en déglutissant, un petit sourire pincé sur les lèvres. Bien trop nerveuse pour réussir à cacher son stress. « On est à un âge où on commence à y penser non ? »
Installé sur la table du salon et devant son ordinateur portable, James lisait tranquillement tous les mails qu’il avait reçus. Il y avait bien sûr des propositions pour son travail de mannequin, mais la plupart concernaient son livre à venir. Il y avait des échanges avec Nyx, son agent, avec Kaecy, son éditrice, ainsi qu’avec Heidi son assistante. Il y en avait aussi de certaines radios ou magazines qui essayaient directement de le contacter lui, sans passer par son agent. Bien sûr il ne leur répondait pas, même s’il saluait leur audace. Surtout par manque de temps, mais aussi par peur de mal faire. Son livre allait sortir dans quelques semaines, il était finalisé à 98% et Kaecy ne lui avait demandé de faire que deux-trois retouches superficielles. Il était plutôt satisfait de ce qu’il avait écrit, mais il n’arrivait pas à s’empêcher de stresser de plus en plus au fur et à mesure que la date fatidique approchait. Heureusement qu’il était bien entouré et que cela lui permettait de relâcher un peu la pression. Kaleb lui donnait des conseils par rapport aux critiques qu’il recevrait, et Jamie l’aidait dans le comportement qu’il devrait adopter. Mais bien sûr, son plus grand soutien était Gabriella. La jeune femme ne doutait pas de lui et ne manquait pas une occasion pour lui répéter que tout allait bien se passer et que son romain serait très bien accueilli. Et même s’il restait un peu anxieux, le français lui était plus que reconnaissant de tout ce qu’elle faisait pour lui. Il avait vraiment de la chance de l’avoir à ses côtés désormais. Et presque quotidiennement d’ailleurs, puisque la libraire passait désormais plus de temps ici que dans son propre appartement. Ce qui ne le dérangeait pas du tout, bien au contraire. De toute façon pour lui, cet appartement était déjà devenu le leur. Il suffisait de voir les affaires de la jeune femme un peu partout, ainsi que les décorations qu’elle avait faites ici et là. En parlant de Gabriella, le brun pouvait sentir son regard sur lui alors qu’elle faisait la vaisselle. Il releva les yeux, croisa les siens juste avant qu’elle ne le fuit en fixant l’assiette qu’elle nettoyait. James fronça légèrement des sourcils, inquiet du comportement de sa belle. Voilà plusieurs jours qu’elle était dans ses pensées, distraite, renfermée. Elle restait elle-même, mais il arrivait que dans la minute suivante elle ne le soit plus. Lunatique, elle était lunatique. Il ne comprenait pas ce qui la tracassait, et puisqu’elle refusait d’en parler il était obligé de rester dans le flou le plus total. Une légère tension s’installa dans la pièce. James voulait lui parler mais ne savait absolument pas comment s’y prendre, ni par où commencer. Car peut-être qu’il se trompait, et dans ce cas-là l’anglaise pourrait mal prendre le fait qu’il ne la trouvait pas dans son assiette en ce moment. Un vrai casse-tête. Mais ce fut elle qui brisa en premier le silence. Pour lui dire qu’elle irait rendre visite à Joanne et profiter de son neveu. « D’accord. » répondit-il simplement, un peu surpris. Il ne savait pas ce qu’elle allait dire mais il s’attendait à autre chose, qu’elle lui explique les raisons de ses coups d’œil furtifs par exemple. La seconde remarque de sa compagne fit sourire le mannequin. « C’est vrai qu’il est adorable. Un peu trop d’ailleurs pour vraiment être le fils de Jamie. » rit-il doucement. Les tensions avec Jamie étaient désormais du passé, mais James aimait toujours autant le taquiner, surtout en présence de sa sœur. Mais elle avait raison en parler de Daniel, ce petit bout était un véritable ange. Le brun devait se faire violence pour ne pas débarquer avec un cadeau pour le petit à chaque fois qu’il rejoignait Jamie et Joanne. « Ils ont de la chance d'avoir une si belle petite famille… » Il acquiesça silencieusement, d’un signe de la tête. Famille qu’il avait failli briser, en embrassant Joanne et en lui conseillant de ne pas rester avec Jamie avant de savoir que c’était le Jamie de son adolescence. Tout cela n’avait pas été très facile, et encore aujourd’hui James éprouvait des remords quant à son comportement de l’époque. Il avait semé la zizanie dans leur couple, et il ne le serait jamais pardonné s’ils s’étaient séparés à cause de lui. Mais heureusement les choses s’étaient arrangées et aujourd’hui ils étaient heureux à trois. Même si le français avait failli perdre quelques dents au passage. Après quelques secondes de silence, James se leva et rejoignit Gabriella derrière l’évier. Il enroula ses bras autour de sa taille et déposa un baiser dans son cou. Puis il attrapa un torchon et commença à essuyer la vaisselle que la brune nettoyait. « Fonder une famille ? » répéta-t-il alors que Gaby venait de lui poser la question. Et quelle question d’ailleurs… Elle précisa qu’elle parlait des enfants, tout en évitant soigneusement de le regarder. Il n’y fit pas vraiment attention d’ailleurs, puisqu’ils étaient tous deux occupés. Mais finalement, elle releva les yeux vers lui. « Hum pas vraiment, non. » Pas du tout même. Avec la perte d’Emma, James n’avait jamais pensé pouvoir aimer à nouveau un jour. Il se contentait de coucher avec des femmes, encore et encore, une différente chaque soir. Parfait cela durait plusieurs jours avec la même, mais cela dépassait rarement deux semaines. Son train de vie ne lui laissait pas le temps de se voir fonder une famille, alors non il n’y avait pas pensé. Et depuis qu’il était avec Gabriella, la question ne lui avait pas effleuré l’esprit. Leur relation était beaucoup trop récente pour qu’il commence à se poser des questions aussi sérieuses. Tout était si simple entre eux, tout était si bien, il voulait que ça dure le plus possible avant de vraiment penser à ce genre de choses. « On est encore jeunes, on a le temps. » finit-il simplement en attrapant le verre qu’elle lui tendait. « C’est à cause de Daniel que tu y penses ? » ll ne lui en voudrait pas, son frère venait de devenir papa donc il serait normal qu’elle y pense à son tour.
acidbrain
Dernière édition par James Evans le Ven 8 Avr 2016 - 8:32, édité 1 fois
Gabriella sentait qu'une étrange ambiance était sur le point de s'installer. Elle en était l'entière responsable. James était plus qu'adorable avec l'Anglaise. Ayant toujours des petites attentions qui la touchaient énormément, même s'il lui arrivait d'être gênée. Le mannequin n'avait parfois pas conscience que son style de vie et surtout son compte en banque était loin de celui de sa petite amie. Mais ça ne changeait rien entre eux. Elle l'aimait et c'était tout ce qu'il comptait. Du moins jusqu'à maintenant. Une chose, ou plutôt une personne, si petite soit-elle allait bientôt tout changer. L'avortement n'était même pas envisageable. Gaby ne se voyait pas faire une telle chose à son âge et encore moins sans en parler à l'homme qui partageait sa vie désormais. Ce qui lui laissait comme seul choix que de trouver la force pour réussir à lui en parler. L'Anglaise s'était déjà imaginé des tonnes de scénarios différents. Elle ne savait pas pourquoi, mais Gaby n'imaginait jamais James heureux d'apprendre cette nouvelle. Le voyant plutôt paniqué, tomber à la renverse ou partir prendre l'air avant de ne jamais revenir. La libraire s'en voulait de penser ainsi, mais c'était une hypothèse qu'elle avait à l'esprit. Gabriella paniquait complètement. Comment aborder le sujet ? Comment lui dire ? La seule chose qui sortit de sa bouche fut son programme de demain. Le meilleur moyen de parler de cela était de prendre un exemple autour d'eux. Voilà comment Jamie, Joanne ainsi que Daniel lui servirent d’alibi. Sa réflexion sur son petit-neveu la fit doucement sourire. « Fais gaffe, il pourrait essayer de te cogner lui aussi dans quelques années… » Elle lui lança un regard complice tout en imaginant un baby Jamie s'en prendre à James. Malgré tout, Gaby avait toujours le mot pour faire rire et répondre aux petites insinuations de James. Lorsqu'elle lui expliqua à quel point elle trouvait Jamie chanceux, le français répondit d'un simple geste de tête. Elle trouva songeur à son tour. Se demandant à quoi il pouvait bien penser. James se fraya un chemin jusqu'à la cuisine. Ce que Gabriella n'avait même pas remarqué, bien trop dans ses pensées, jusqu'à ce qu'elle sentît ses bras autour de sa taille. Son baiser la fit à la fois frémir et sourire. Gaby aimait ces petits gestes d'affections du quotidien. Chacun représentait pour elle sa marque d'affection envers elle. Ce dont la jolie brune avait plus que besoin. Elle trouva à cet instant assez de courage pour lui demander s'il avait déjà pensé à fonder une famille, avoir des enfants… Sa question l’interpella au point de devoir la répéter. Gaby, plus que nerveuse remua la tête pour lui faire comprendre qu'il avait bien compris. Non… Sa réponse lui glaça instantanément le sang. « Ah... » L'assiette qui était entre ses mains retomba brusquement dans l'évier tout en l'éclaboussant. Gaby était complètement déstabilisée, même si elle essayait tant bien que mal de dissimuler la douloureuse vérité. « Oui, je suppose que tu as raison... » Son sourire était crispé. Elle lui tendit un verre presque tremblante. Gabriella ne savait plus quoi faire. Marius était trop loin pour pouvoir l'aider. La libraire ne voulait pas garder cela pour elle trop longtemps. Il fallait qu'elle en parle à quelqu'un. Jamie ? Joanne ? Les deux ? Sean ? La jolie brune lavait avec rapidité toutes les assiettes qui lui passaient entre les mains. Elle se comportait comme un automate. Complètement figée dans ses pensées. Sa question la fit sursauter. « Euh… Oui, en quelque sorte… » Gabriella lui répondit sans même le regarder. « Moi j'y ai déjà pensé… » Dit-elle à voix basse tout en le regardant du coin de l’œil. Gaby avait toujours rêvé de fonder une famille, même si ce n'était pas encore le bon moment à ses yeux. Mais que le destin en décide autrement, que faire ? « Mais je comprends… Tu n'as jamais rien eu de sérieux ces dernières années… Donc ça me semble logique, je trouve…» La brune le pensait sincèrement, même si une partie d'elle espérait qu'il ne s'agissait pas d'un non catégorique. Gaby avait compris que la mort d'Emma l'avait complètement ébranlé. Et James lui avait plus ou moins avoué qu'il s'était montré assez volage après cela. Le prénom de Hannah lui vint en tête. Mais Gabriella resta calme et chassa cette détestable personne de son esprit. Elle s'était toujours demandée si… « D'ailleurs, j'ai jamais osé te demander combien de femmes tu avais ''connu'' durant cette période… » Elle lui jeta un regard amusé. « Mais j'avoue que la curieuse que je suis aimerais bien savoir… » Gaby posa son éponge et attendit sa réponse, le sourire aux lèvres. Une dizaine. Voilà à quoi pensait la libraire, mais elle était très loin du compte. La jeune femme voulait simplement changer de sujet. Trouvant que ce n'était pas le moment pour lui annoncer qu'elle était sur le point de chambouler toute sa vie en faisant de lui un père. Mais sans le savoir, Gabriella venait de déclencher une bombe qui allait bientôt lui exploser en plein visage. James allait certainement lui répondre une chose qui allait réveiller la tornade qui dormait depuis tout ce temps. Attention James, il se pourrait bien que tout cela se retourne une fois de plus contre toi…
Si l’atmosphère était étrange aujourd’hui et que l’humeur de Gabriella n’était pas au beau fixe, James lui essayait de ne pas rajouter d’huile sur le feu. Il savait pertinemment que sa compagne était tracassée, mais il préférait la laisser venir vers lui plutôt que de la brusquer. Au fil des mois, il avait appris à la connaître et il savait que lui mettre le couteau sur la gorge aurait l’effet inverse de celui escompté. Donc il préférait ronger son frein et rester comme à son habitude, attendant que la brune fasse le premier pas. Dans sa tête il se préparait déjà au pire, imaginant que Gaby se lassait de cette vie à deux et qu’elle souhaitait retrouver son célibat au plus vite. Après tout, elle espérait peut-être une vie plus trépidante que de faire la vaisselle chez lui. Et pourtant il essayait de rendre sa vie meilleure, de lui payer des vêtements de luxe, de l’emmener dans des restaurants hors de prix, de lui offrir des bijoux coûtant plus chers que son appartement. Il faisait tout pour qu’elle ne se lasse pas, mais peut-être avait-il échoué. Ou alors peut-être que cela n’avait rien à voir. De toute façon, il ne le saurait pas tant qu’elle ne lui en parlerait pas. Il devait attendre qu’elle s’ouvre à lui, et il essayait d’être le plus patient possible. Il la sentit frissonner lorsque ses lèvres se posèrent dans le creux de son cou. Il sourit, satisfait de cette réaction. Puis il commença à l’aider, de toute façon il n’arrivait plus à se concentrer sur son travail car il s’inquiétait pour elle. Elle continua de parler de Jamie, Joanne et Daniel pour enchaîner sur son désir de famille. Sa question prit James au dépourvu mais il y répondit sincèrement, de manière détachée. Il n’avait pas honte de n’y avoir jamais pensé, sa vie ne lui avait pas vraiment donné l’occasion d’y croire. Et puis il n’avait que 31 ans, Jamie venait d’être père à 34 ans. Et combien l’étaient plus tard encore ? Rien ne pressait, il avait le temps. Le temps de vivre, de penser à lui, de réaliser ses objectifs professionnels avant de penser à se créer une famille. L’assiette que Gabriella lui glissa des mains mais ne se brisa pas. Le français la regarda curieusement, interloqué par son comportement des plus étrange. « Ca va ? » s’inquiéta-t-il. Puis il resta immobile quelques instants, fixant la libraire qui semblait vouloir battre le record du monde de la personne qui lave le plus rapidement sa vaisselle. Ou alors elle voulait concurrencer un lave-vaisselle, au choix. Bien qu’il ne trouvait pas cela normal, il préféra le passer sous silence pour lui retourner la question. Après tout, peut-être que c’était ça qui la tracassait. Elle avait aussi 31 ans, et il savait qu’il y avait plus de pression sur les femmes une fois la trentaine passée. Peut-être qu’elle s’était imaginée maman avant cet âge-là, et que par conséquent elle n’était pas satisfaite de la vie qu’elle avait. C’était une hypothèse qu’il ne pouvait pas réfuter, ils n’avaient jamais parlé de sujets aussi sérieux, par conséquent il ne savait pas ce qu’elle désirait accomplir par-dessus tout dans la vie. Puis elle continua, avouant qu’elle comprenait sa réaction étant donné le train de vie qu’il avait mené ces dernières années. Il hocha positivement de la tête. « Mais même avec mon métier, je n’avais pas le temps d’y penser. Un mannequin prend sa retraite dans la trentaine, c’est tôt dans une vie. Je me suis toujours dit que je devais me concentrer sur ça d’abord, réussir ma carrière, et que j’aurai le temps de vivre ma vie ensuite. » précisa-t-il, pour ne pas qu’elle croit que sa décision n’était qu’à cause de ses relations avec la gente féminine. Même si c’est vrai que cela ne l’avait pas aidé à s’imaginer un futur comme père de famille. « Et je ne suis toujours pas à la retraite. » ajouta-t-il avec humour. Même s’il avait conscience qu’elle allait arriver plus vite qu’il ne le verrait, sûrement dans deux ans, peut-être trois. Dans l’idéal il aimerait se retirer entre 33 et 35 ans. Il rangea le dernier verre que la brune lui tendit. « D'ailleurs, j'ai jamais osé te demander combien de femmes tu avais ''connu'' durant cette période… Mais j'avoue que la curieuse que je suis aimerait bien savoir… » James s’immobilisa et le temps sembla se figer autour de lui. Avait-il bien entendu ? Gabriella souhaitait savoir avec combien de femmes il avait couché ? Il tenta un sourire, plus vraiment à l’aise désormais. Comment allait-il se sortir de ce merdier ? « C’est vrai qu’on n’en a jamais parlé. C’est peut-être mieux comme ça. » dit-il avec humour pour essayer de dédramatiser la situation. « Ce n’est pas très important je trouve, je ne t’ai pas posé la question et je pense pas avoir envie de te la poser. » glissa-t-il, espérant qu’elle se raviserait. Mais c’était bien mal la connaître, car une fois que Gaby avait quelque chose en tête, impossible de lui faire changer d’avis. Alors elle insista, pour savoir. « Allez, c’est juste par curiosité ! » continua-t-elle un sourire amusé. James se passa la main dans les cheveux, qu’il portait courts depuis le mois de janvier. « Donne-moi ton estimation alors ! Je me demande ce que tu t’imagines. » poursuivit-il pour retarder le moment fatidique. « Hum… » L’anglaise fit mine de réfléchir, un doigt posé sur son menton. « Une dizaine ! Allez, une vingtaine maximum, pour tes beaux yeux. » fit-elle l'air faussement détaché. Le sourire du français se crispa, son cœur aussi. Il était mal, elle était loin du compte. Il reposa le torchon qu’il avait dans les mains et fit un mouvement pour repartir s’asseoir devant son ordinateur. « Je n’ai pas vraiment envie d’en parler Gaby, ça ne m’amuse pas. » déclara-t-il en espérant mettre fin à cette conversation. Mais la libraire lui attrapa la main pour le retenir. « S’il te plaît. » demanda-t-elle en lui faisant ses yeux de biches. Il la fixa quelques secondes, se demandant pourquoi elle tenait tant à le savoir. Et il comprit qu’il devrait lui dire, qu’elle ne le laisserait pas tranquille sinon. Il comprit aussi que toutes ses réticences devaient certainement déjà jouer en sa défaveur dans l’esprit de la jeune femme. Il poussa un léger soupire et s’appuya contre le plan de travail en croisant les bras contre son torse. « C’est un peu plus qu’une vingtaine, Gabriella. » commença-t-il sérieusement, comme en témoignait l’usage du prénom complet de la brune. « J’étais vraiment mal pendant un moment, je ne croyais plus en rien… sauf en mon physique et en ma capacité à séduire les femmes. J’avais mal, je voulais oublier la douleur. » Certains diraient qu’il se cherchait des excuses, mais ce n’était pas le cas. Cela avait vraiment été son état d’esprit les mois qui ont suivis la disparition de Emma. « Et puis après j’ai rencontré Kaleb, on a commencé à faire des concours et ce genre de choses. Bref tu vois le genre, on était jeunes et cons. » Voilà, on y était, il ne pouvait plus reculer désormais, il devait tout lui dire. « Je n’ai pas tenu des comptes, mais rajoute un zéro à dix et tu ne dois pas être loin de la vérité. » Il détourna le regard, honteux. Lorsqu’il couchait avec toutes ces femmes et qu’il s’en venait auprès de Kaleb, jamais il n’avait pensé qu’il en aurait honte un jour. Jamais il n’avait pensé qu’il aimerait à nouveau. « Satisfaite ? » demanda-t-il d’un ton légèrement agacé. Elle l’avait forcé à en parler alors qu’il ne voulait pas. Il avait peur qu’elle le regarde autrement, qu’elle soit dégoûtée de lui. Il replongea son regard dans le sien pour voir cette réaction qu’il redoutait tant.
L'Anglaise ne savait pas quoi faire. Lui dire ou se taire pour le moment. Mais Gaby savait qu'elle serait très bientôt dans l'obligation de lui avouer. Son ventre allait prendre des formes et elle allait bientôt pleurer pour un rien et s'empiffrer de gâteaux jusqu'à explosion. Toutes ces pensées submergeaient la jeune femme. Elle était inquiète par sa réaction. La possibilité de le voir partir en courant et surtout, de perdre l'homme qu'elle aimait plus que tout. Qu'allait faire Gabriella s'il ne voulait pas qu'elle garde l'enfant ? Le laisser s'en aller ? Demander à son frère de le clouer contre un mur pour l'obliger à rester. Ce qu'allait certainement faire Jamie si le français prenait ses jambes à son cou. Ce dernier lui demanda si tout allait bien. Il faut dire que son comportement laissait paraître un certain malaise. Gaby était d'une maladresse sans égale. Elle lui posa quelques questions, l'air de rien. Non, le mannequin n'avait jamais pensé à fonder une famille. Ce qui fit tousser intérieurement la jeune femme. Elle sentit son cœur accélérer sous le poids des mots de James. Mais comment lui en vouloir ? Déjà à cause de sa gueule d'ange et surtout par rapport à son ''ancienne'' vie. James justifia sa réponse par le fait qu'il était bien trop occupé par sa carrière. La libraire hocha de la tête. Vivant à ses côtés depuis quelques mois, Gabriella s'était rendu compte à quel point son métier de mannequin lui prenait du temps et surtout à quel point c'était important pour lui. Elle rigola face à sa remarque. « Et ça m'étonnerais que tu le sois avant un long moment ! » Son sourire était sincère. James était très beau. Il avait ce petit quelque chose qui le rendait particulier. Son charme ne laissait personne indifférent, Gaby la première. Quand elle posait ses yeux sur lui, la libraire avait encore du mal à croire qu'ils étaient ensembles. En couple. Elle qui pensait le détester il y a encore quelques mois de cela. C'était aussi beau que fou. L'Anglaise se rendait compte à quel point il était parfait pour à ses yeux. Ils étaient faits pour être ensemble. Ce n'était pas le moment de tout gâcher. Elle trouverait le courage de lui en parler, mais plus tard. Au pire, elle demandera conseil à Joanne. La seule femme en qui elle avait réellement confiance. Sachant qu'elle n'en parlerait pas à Jamie pour autant. Alors la brune tenta de changer de sujet. Mais Gaby était sur le point de poser les pieds sur un terrain miné. Chose plus qu'habituelle chez la jeune femme. Gabriella avait une fâcheuse tendance à se montrer un petit peu trop curieuse. À fourrer sa frimousse dans les histoires de tout le monde et surtout celles qui ne la regardait pas. Et encore plus lorsqu'on lui tient tête. Et c'était exactement ce que James était entrain de faire. Sa réponse sembla choquer le français. Oui, sa copine lui demandait combien de filles il avait connu avant elle. Il n'y avait que Gaby pour poser ce genre de questions foireuses. James n'avait pas envie d'en parler. Son visage s'était assombri et on pouvait sentir une certaine gêne en plus. C'est vrai qu'il ne lui avait jamais posé cette question. Et puis de toutes les façons, il n'y avait pas grand-chose à dire à ce sujet pour Gabriella. Mais la jeune femme insista encore et encore. Il lui avait mis l'eau à la bouche en restant si secret. Il faut dire que la libraire était du genre obstiné. James savait qu'il ne pourrait lui échapper.
Voilà que James lui demandait une estimation de ses conquêtes. Gabriella pensait à une dizaine, tout au plus ! Voire une vingtaine s'il était vraiment un briseur de cœurs. En pensant à cela, la libraire commença à ressentir une pointe de jalousie. Elle essaya de garder la tête froide et de ne pas trop y penser. Face à sa réponse, James sentait plus que mal à l'aise, voire triste. Posant le torchon pour s'éloigner. Gabriella le regarda s'en aller, l'air inquiet. « S'il te plaît. » Elle le rattrapa par la main. Le regardant avec ses jolis yeux noisette et sa petite mine triste à laquelle on ne peut rien refuser. James soupira profondément. Sûrement agacé par le comportement de gamine de sa compagne. Plus d'une vingtaine… Gabriella le regarda l'air perplexe. Elle déglutit nerveusement et sentit le sol se fissurer sous ses pieds. Elle l'écouta lui expliquer à quel point il était perdu. Sous le mot douleur, il y avait bien évidemment Emma. Gabriella comprenait que cette période fut plus que difficile pour le Français. Mais la jeune femme sentait ses mâchoires se serrer lorsqu'il commença à parler de petits concours de drague avec son meilleur ami. Mais elle ne put s'empêcher d'ouvrir la bouche, complètement choquée en entendant le nombre à trois chiffres que James venait de lui annoncer. Ce dernier se retourna, dos face à Gabriella. « Une… Centaine ? UNE CENTAINE ? » Elle fit un petit calcule pour savoir combien ça faisait de femme par mois ou par année. Le petit ton que prit James énerva Gabriella. « Satisfaite… » Elle ria nerveusement. Sentant que le gouffre ne faisait que s'agrandir et sa jalousie imploser. « Ouiiii comme puis-je ne pas l'être James !? » Elle commença à ranger nerveusement à ranger la vaisselle, dans le plus grand silence. Pourtant Gabriella grondait de l'intérieur. Elle était comme un volcan qui était sur le point de perdre tout contrôle. On pouvait commencer à apercevoir de la fumer sortir de sa tête. Elle rangeait brusquement toute la vaisselle. Jusqu'à ce qu'une assiette lui glisse maladroitement des doigts pour finir en frisbee contre un mur. S'en était trop pour la brune. « BIEN SUR QUE NON JE NE SUIS PAS SATISFAITE !! » On entendait ses cris résonner dans toute la pièce et certainement chez les voisins. « MAIS COMMENT ON PEUT CONNAÎTRE AUTANT DE FEMMES ? » C'était une question à laquelle Gaby n'attendait même pas de réponse.
C'était juste sa colère qui rugissait. « Je suis la cent cinquantième, environs… À la louche ? » Elle enchaînait les fausses questions en le transperçant du regard. « Oh, peut-être que tu m'as parlé juste des brunes aussi ! Les blondes sont au nombre de combien sur ton tableau de chasse ? » Gabriella hallucinait complètement. Elle le regarda une dernière fois avant de poser le torchon sur la table et de partir en direction de la chambre. Gaby venait de se souvenir de l'invitation de l'une de ses amies pour sortir ce soir. Elle attrapa son portable pour lui annoncer qu'elle la rejoindrait le plus vite possible à la soirée en question. Douchée il y a à peine quelques heures, Gabriella attrapa l'un des robes hors de prix que lui avait acheté James. Ne cherchant même pas à savoir si ce dernier la suivait ou non. Une fois habillée, l'Anglaise se maquilla d'un simple coup de mascara et d'un rouge à lèvres plus que rouge qui faisait ressortir ses taches de rousseur. Elle attrapa son sac et sortie de la chambre en trombe. « Je m'en vais essayer d'équilibrer nos scores CHÉRI ! » C'était du sarcasme bien cinglant. Elle ouvrit la porte et lui lança un regard noir avec un faux sourire. « Ne m'attends pas pour te coucher hein !? Tu vas comprendre ce que ça fait de se réveiller dans un lit vide ! » Elle était sur le point de claquer la porte au nez du français. Gabriella ne réagissait jamais qu'à moitié, c'était bien connu. La tempête grondait à nouveau.
Du coin de l’œil, James continuait d’observer Gabriella. Il lui avait demandé si elle allait bien uniquement dans le but de la faire parler, car il savait que ça n’allait pas. Mais elle ne lui répondit pas et fit comme s’il n’avait pas parlé, préférant lui poser des questions à propos de ses envies de fonder une famille ou non. Le français ne fit pas le rapprochement entre l’état de sa compagne et les questions qu’elle lui posait, et il se jeta littéralement dans la gueule du loup en y répondant avec honnêteté. Non, il n’y avait pas pensé et ne se voyait pas père de famille. C’était trop tôt. La vie ne l’avait pas épargné de ce côté-là, et son travail ne lui permettait pas d’y consacrer du temps pour le moment. La brune ne fit aucune remarque, aucun commentaire. Il ne vit même aucun changement de comportement, comme si les réponses qu’il venait de lui donner lui allaient. « Et ça m'étonnerais que tu le sois avant un long moment ! » Le sourire qu’elle arborait était sincère et contrastait avec son comportement en même temps qu’il illustrait le côté lunatique qu’elle avait ces derniers temps. Elle était capable de faire la moue toute la matinée pour finalement parler comme si de rien n’était, et c’était précisément ce qu’elle était en train de faire. C’était à en perdre la tête. Mais le mannequin se contenta de lui sourire, pour la remercier du compliment. Il aimait savoir qu’il lui plaisait, qu’il ne la laissait pas indifférente. La libraire ne manquait jamais une occasion de le complimenter, et il ne s’en privait pas non plus tant elle était parfaite à ses yeux. Il se permit de la regarder un peu plus longuement, comme pour se persuader que tout cela était bel et bien réel. Oui, ça l’était. Ils formaient un couple à présent, qui l’aurait crû ? Les soucis de ces derniers mois semblaient appartenir à un lointain passé qu’ils avaient oublié. Le ciel était bleu et dégagé, aucun nuage à l’horizon. Du côté de James tout du moins. De son côté, Gaby se chargea d’attirer le mauvais temps vers eux. Il avait suffi d’une question, une seule et unique question : combien de femmes avait-il connues avant elle ? Le français fit de son mieux pour ne pas lui répondre, pour la faire changer d’avis. Il refusa de répondre, tenta de changer de sujet, de lui faire comprendre qu’ils n’avaient pas besoin de tout savoir l’un de l’autre. Lui en tout cas, il ne voulait pas qu’elle sache tout de son passé. Il avait honte de certaines choses qu’il avait pu faire, et Gabriella venait de mettre le doigt sur l’une d’entre elles. Dire qu’il avait été un séducteur était un euphémisme, c’était bien plus que ça. Il avait noyé son chagrin, sa tristesse, sa douleur dans l’alcool et dans les femmes. Pendant des années il avait été insatiable, enchaînant conquête après conquête. Chaque femme était une proie à ses yeux lorsqu’il sortait – et il était beaucoup sorti. Que ce soit dans des galas, dans des bars, des boîtes de nuit, ou professionnellement, les occasions n’avaient pas manqué de côtoyer la gente féminine. Et il ne s’en était pas privé. Il se rappelait d’une semaine où il avait couché avec une femme différente chaque soir, durant toute la semaine. Du lundi au dimanche. Sept jours, sept femmes. Finalement, il feinta de la colère et tenta de s’enfuir. Il ne voulait pas qu’elle le regarde différemment, et encore moins lui faire du mal. Mais elle attrapa sa main, le supplia de lui dire. Leurs regards se croisèrent et il se résigna. Il était d’une faiblesse affligeante lorsqu’elle lui faisait son regard de Chat potté. Pour une fois, il aurait aimé être plus fort et lui résister. Une fois qu’elle aura entendu sa réponse, sûrement qu’elle souhaiterait ne pas avoir un tel pouvoir sur lui. L’écrivain prit une profonde inspiration, pour se donner du courage. Quelques phrases plus tard, Gabriella savait désormais qu’il avait connu plus de cent femmes dans sa vie. Il n’avait pas fait les comptes, ça pouvait tout aussi bien être deux cent par exemple. Il avait joué à ce jeu durant environ cinq ans, imaginez… Mais cela ne servait à rien d’en rajouter. Une fois la centaine passée, le mal était fait. Il vit l’anglaise accuser le coup, et réagir complètement choquée. James déglutit mais ne se laissa pas faire : c’était elle qui l’avait forcé. Il lui demanda alors si elle était satisfaite, avec toute l’insolence dont il pouvait faire preuve. Le rire de la brune le fit se crisper, alors qu’elle commença à ranger nerveusement la vaisselle. Moins d’une minute plus tard, il la vit envoyer une assiette contre le mur à côté de lui. Il plissa des yeux à cause du bruit, mais aussi à cause des cris qu’elle poussait. « BIEN SUR QUE NON JE NE SUIS PAS SATISFAITE !! MAIS COMMENT ON PEUT CONNAÎTRE AUTANT DE FEMMES ? » Elle était en colère, c’était compréhensible. Mais c’était elle qui avait insisté, il ne fallait pas qu’elle l’oublie. « Je suis la cent cinquantième, environs… À la louche ? Oh, peut-être que tu m'as parlé juste des brunes aussi ! Les blondes sont au nombre de combien sur ton tableau de chasse ? » James fixait Gabriella qui semblait ne plus savoir comment contrôler sa colère ni sa jalousie. Il soupira alors qu’elle le fusillait du regard. « Arrête d’en faire des tonnes, c’est du passé. » C’était mieux qu’il ne rentre pas dans son jeu et qu’il ne la provoque pas, la tornade était déjà assez dangereuse comme ça. « La prochaine fois tu n’insisteras pas. C'est toi qui a voulu savoir ! » se permit-il quand même de faire un commentaire, pour lui rappeler qu’elle était la principale fautive. « Où vas-tu ? » Il n’eut aucune réponse alors que la jeune femme disparaissait dans sa chambre – qui était désormais la leur depuis plusieurs mois. Partagé entre l’envie de la suivre ou de la laisser tranquillement se calmer, il choisit la seconde option. Quand elle était dans cet état, il valait mieux la laisser reprendre ses esprits toute seule. S’il la rejoignait, elle continuerait à lui poser des questions et à déverser sa colère sur lui. Las, il resta planté dans le salon comme un imbécile. Même si ce n’était pas de sa faute – il ne pouvait pas changer le passé ni tout ce qu’il avait fait – il s’en voulait énormément. Il savait que dans le fond cela lui avait fait horriblement mal, et il ne pouvait qu’imaginer ce qu’elle avait ressenti. A sa place, il ne l’aurait sans doute pas bien pris non plus. D’ailleurs elle ne lui avait pas avoué combien d’hommes elle avait connu, mais il se doutait que cela n’excédait pas dix. Rien que de se dire qu’elle avait connu un autre homme avant lui le rendait jaloux, alors avec ce qu’elle venait d’apprendre… James sortit de ses pensées lorsque la porte de la chambre s’ouvrit en trombe sur une Gabriella dans une tenue à laquelle il ne s’attendait pas. Il s’agissait d’une robe qu’il lui avait offerte il y a plusieurs semaines de ça et qu’elle n’avait encore jamais portée. « Je m'en vais essayer d'équilibrer nos scores CHÉRI ! » Celle-ci mettait un peu trop les formes de Gabriella en valeur si elle avait l’intention de sortir sans lui, comme elle venait de le lui expliquer. « Gaby, arrête ton cinéma. » lui ordonna-t-il, piqué au vif. Il n’aimait pas l’ironie dont elle faisait preuve, ni ses sous-entendus. Elle s’approcha de la porte et l’ouvrit, lui balança une dernière pique au passage. « Ne m'attends pas pour te coucher hein !? Tu vas comprendre ce que ça fait de se réveiller dans un lit vide ! » « GABRIELLA ! » Il n’obtint comme réponse que le claquement de la porte derrière elle. La tornade venait de passer, et à présent James devait contempler les dégâts. Il resta de nombreuses secondes immobile, complètement interdit. Elle plaisante ? Ce fut la première question qu’il se posa. Elle n’avait pas l’intention de coucher avec d’autres hommes juste pour équilibrer la balance ? Même si c’était sûrement dit sous le coup de la colère, cela lui avait fait mal. Il avait tout de suite imaginé Gabriella dans les bras d’un autre, c’était plus fort que lui. Il ne comprenait pas sa réaction, il ne lui avait rien fait à elle. Alors oui il avait couché avec des dizaines de femmes, oui il était souvent parti avant le réveil de celles-ci, mais cela n’avait aucun rapport avec Gaby. Ils étaient en couples désormais, et il lui était fidèle. Pourquoi était-elle tellement en colère ? Il ne savait pas quoi faire. Devait-il attendre ici qu’elle rentre ? Ou devait-il réellement s’inquiéter et partir à sa recherche avant qu’elle ne fasse une bêtise ? Il obtint sa réponse lorsqu’il vit la photo qu’elle venait de poster sur son instagram : il allait la chercher. Il ne pouvait pas rester ici sans rien faire et la laisser dehors dans cet état, il ne savait pas de quoi elle était capable et il ne voulait pas le découvrir. Ni une ni deux, il se mit en direction de l’Electric Playground. Lorsque James arriva sur place, il pénétra à l’intérieur du bâtiment sans hésiter. Il fut surpris par la chaleur écrasante du lieu. L’endroit grondait de monde et la musique était assourdissante. Cela faisait des mois qu’il n’était pas venu ici, depuis qu’il était en couple avec Gabriella pour dire vrai. Il n’avait plus le temps, entre son travail, son livre et son couple il ne pouvait plus sortir faire la fête. Son regard fit le tour du rez-de-chaussée à la recherche de Gabriella. Il la trouva rapidement, en plein milieu de la piste de danse à se frotter contre un inconnu. James serra son poing, il sentait son sang bouillonner à l’intérieur de lui. Il s’approcha d’elle à vive allure et une fois à sa hauteur, il écarta l’homme du bras pour ensuite saisir Gabriella par le poignet. « Ca suffit Gabriella, on rentre ! » cria-t-il pour qu’elle l’entende au milieu de tout ce bruit. Il n’était plus d’humeur à être gentil ou compréhensif, elle venait de dépasser les bornes. Mais l’anglaise était têtue et le repoussa. L’homme revint à la charge et il avait bien l’intention de finir la nuit en compagnie de Gabriella, puisqu’il repoussa lui aussi James un peu plus loin en lui ordonnant de ne pas revenir les déranger. « Dégage, elle veut pas de toi ! » Cette fois, c’en était trop. Le français fit un pas dans leur direction prêt à frapper l’individu de toutes ses forces, mais une personne vint se coller contre lui et lui agripper le bras, le coupant complètement dans son initiative. « Salut beau brun, ça faisait longtemps que je ne t’avais pas vu par ici. » Le mannequin tourna la tête vers la personne qui lui parlait pour se rendre compte qu’il s’agissait d’une femme – blonde – et que son visage lui était vaguement familier. Il fronça des sourcils en fouillant dans sa mémoire d’où il pouvait bien la connaître. Et il se souvint. C’était l’une de ses dernières conquêtes, cela devait remonter au mois de décembre, juste avant qu’il ne se mette avec Gabriella. C’était vraiment un mauvais timing. « Je suis désolé, je n’ai vraiment pas le temps. Je viens chercher ma copine. » dit-il de but en blanc pour la repousser et lui faire comprendre qu’elle n’avait aucune chance. Mais James semblait lui avoir fait forte impression lors de la nuit qu’ils avaient passé ensemble, puisque la blonde refusait de le laisser partir. « Allez viens avec moi, tu ne le regretteras pas tu sais bien… » Elle se pencha vers son cou pour y déposer un baiser avant de murmurer toutes les choses salaces qu’elle avait bien l’intention de lui faire si il repartait en sa compagnie. A ce moment-là, le regard de James croisa celui-ci de Gabriella. Merde.
Ah Gabriella, il y avait bien longtemps que la tornade n'avait pas grondé. Elle était dans tous ses états. À lui hurler dessus comme jamais. Pourtant, c'était bien la jeune femme la responsable de cette dispute. C'était bien elle qui avait supplié James de lui dire combien il avait eu de conquêtes. Mais bien évidemment, c'était plus simple de se dire que c'était lui le responsable. Aveuglée par sa colère, Gabrielle ne voyait pas la peine que James avait. Même si cette dernière s'était transformée en rancune. Il lui en voulait d'avoir abordé ce sujet et James avait raison. Gaby passait pour une hystérique en rigolant d'une façon plus qu'étrange tout en se servant des assiettes comme armes. Le français lui demanda de relativiser. Après tout, c'était du passé. Des histoires qui n'avaient aucune importance aux yeux du mannequin. Personne n'avait le pouvoir de changer le passé. Oui, c'était ce que penserait une personne mûre et réfléchit. Sauf que Gabriella était tout sauf ça. C'était une impulsive dans l'âme. Une femme qui prenait les choses bien trop à cœur… Surtout lorsqu'il s'agissait de James. La libraire ne fit même pas attention à ce qu'il lui dit lorsqu'elle était dans la chambre. Valait mieux pour lui qu'elle ne réponde pas. La brune trouva en un rien de temps la tenue pour l'occasion. Parfaite pour que tous les hommes de la soirée déposent les yeux sur elle ainsi que sur son décolleté et surtout, rendre James jaloux. En sortant de la chambre, Gaby fit semblant d'ignorer le regard de James. Dont les yeux sortaient de leur orbite en voyant la tenue de sa copine. Ses réflexions emplits d'amertume et de sarcasme ne fit pas rire le français. Gabriella avait l'attention de tout, sauf d'arrêter son petit jeu. Alors elle claqua la porte tout en faisant comme si elle n'avait pas entendu James hurler son prénom. Gaby avait qu'une idée en tête, le rendre vert de jalousie. L'Anglaise voulait lui faire payer son passé. Une fois dehors, elle attrapa un taxi et donna comme direction la boite de nuit. Gaby regarda une dernière fois en direction de la fenêtre de l'appartement avant que la voiture ne démarre. Son petit sourire en coin était la preuve, qu'une fois de plus, la jolie brune préparait un mauvais coup. C'était une fâcheuse habitude chez elle. Dès que Gabriella était piquée au vif, elle faisait n'importe quoi, prenait les mauvaises décisions, laissait sa colère prendre le dessus sans réfléchir. Et encore Gabriella s'était contrôlée ce soir pour ne pas en venir aux mains avec lui. Une fois devant l'établissement, son amie se fraya un chemin pour venir la chercher. Les deux femmes s’enlacèrent un petit instant. « Ça faisait longtemps Gaby ! Comment ça se fait que tu aies pu te libérer !? » L'Anglaise fit une grimace comme seule réponse à son amie. Cette compris directement de quoi il s'agissait.
« Bon allez, tu es là pour changer les idées ! » Elles partirent dans la boite de nuit qui était pleine à craquer. La jeune femme qui l'accompagnait présenta Gabriella à un groupe d'amis. Tout le monde était sur son trente et un. Un homme se rapprocha de la libraire. Lui posant des questions sur ce qu'elle faisait, d'où lui venait ce petit accent… Tout en lui faisant des tonnes de compliments sur ses yeux, son sourire ou encore sa robe. Gabriella rentra dans son jeu. Elle accepta un verre puis deux et ensuite de danser. Des photos de la soirée commençaient à circuler sur les réseaux sociaux. Gaby espérait que James ait la brillante idée d'aller sur son portable pour voir les nouvelles. La brune était fière d'elle, une vraie gamine, du vrai Gabriella. La soirée battait son plein. L'Anglaise se déhanchait comme jamais sur la piste. L'homme tenta une approche. Posant ses mains sur les hanches de la brune. Gabriella croisa ses bras autour de son cou et continua de danser. Mais une personne le poussa. « WOH mais ça… » Ses yeux s'écarquillèrent en voyant James débouler de nulles parts. Merde… Le mannequin hurla sur Gaby et lui ordonna de partir avec lui. Ce que la jeune femme n'accepta pas. Elle tira son bras qu'il tenait et le regarda avec son regard noir dont elle avait le secret. Gaby le fusillait du regard. On pouvait voir à quel point elle lui en voulait. Alors l'inconnu se rapprocha, pensant bien faire en aidant la jeune femme. Alors il repoussa James d'un geste de la main. Espérant passer pour le chevalier servant aux yeux de la belle brune. Cette dernière savait pourtant bien qu'il ne désirait qu'une chose, passer la nuit avec elle. Mais l'homme ne savait pas dans quoi il venait de mettre les pieds. C'était une très mauvaise idée de se mêler des affaires de cœur de ce couple. C'était une alchimie que peu de personnes pouvaient comprendre. Même eux ne comprenaient pas comment ils avaient fini par se rapprocher, par autant s'aimer. En voyant la colère dans les yeux de James, Gabriella culpabilisa… Que quelques secondes. Une blonde fit son entrée dans le jeu. Elle n'entendait pas ce que la blonde lui disait. Mais son regard était celle d'une aguicheuse. L'homme en profita pour l'attraper et l'écarter de James. Mais le Gabrielle resta obnubilé par cette femme qui s'accrochait aux bras de son copain.
Et là, Gabriella explosa. La blonde avait eu l'audace de déposer un baiser dans son cou. Un cou dont l'Anglaise se sentait propriétaire. Il n'y avait qu'elle qui avait le droit l'embrasser de la sorte, tout court d'ailleurs. « Bah, tu vois, il a l'air occupé par une autre, on a qu'à s'en aller ens... » Gaby arracha son bras de son emprise. « Oh, mais la ferme toi ! » En un rien de temps, l'Anglaise se prit pour une hooligan. « Dégage pétasse ! » La blonde se retrouva propulsée à l'autre bout de la boite en l'espace d'une seconde. Gabriella avait beau être une femme, elle était plutôt grande avec une grande carrure. Loin de cette mode des femmes chétives sans forme. La libraire se retourna vers James. Faisant comme si de rien était tout en se recoiffant, un faux sourire sur les lèvres. « Alors c'était ici ta basse-cour !? » Elle était en rogne. « C'était ici que tu trouvais toutes tes conquêtes d'un soir ? Tu dois avoir une carte de fidélité ici ! C'est à partir de combien d'entrées la pute offerte ? » Gaby le poussa en arrière avant de partir chercher son sac à main. L'homme retenta une approche. Il déposa un bout de papier dans le décolleté de l'Anglaise. Cette dernière resta choquée avant de lui hurler dessus et de lui mettre une gifle. Si ça continuait, Gabriella allait gifler toutes les personnes de la boite. L'inconnu, bien plus grand et large que la blonde qu'elle venait d'éjecter, l'attrapa par les épaules et lui cria dessus. Sa fierté masculine venait d'en prendre un coup. Gaby essayait de s'en débarrasser pour déguerpir d'ici. Mais sa poigne se faisait de plus en plus lourde.
Il n’en revenait pas. James n’arrivait tout simplement pas à y croire. Comment les choses avaient-elles pu autant déraper en si peu de temps ? La porte venait de claquer, plongeant le mannequin dans un état de choc. Le silence retomba brusquement, ce qui lui permit de sombrer dans ses pensées. D’un côté Gabriella avait raison : c’était de sa faute. Il aurait peut-être dû lui en parler plus tôt afin qu’elle sache dans quoi elle s’embarquait en sortant avec lui. Mais il avait pensé qu’elle n’en saurait jamais rien, qu’il arriverait à lui cacher tout ça ad vitam eternam. Mais comment pouvait-on dissimuler un passé tel que le sien ? C’était tout simplement impossible, et il venait d’en faire les frais. Mais d’un autre côté, il était persuadé que l’anglaise avait aussi sa part de responsabilité. N’était-ce pas elle qui était lunatique depuis plusieurs jours ? N’était-ce pas elle qui lui avait forcé la main ? N’était-ce pas elle qui disait qu’elle ne se fâcherait pas ? Mais le français soupira, son côté gentleman reprenant le dessus. Il ne pouvait pas en vouloir à Gabriella de souffrir en découvrant qu’elle était loin d’être la première à partager son lit. Lui-même pouvait se rendre malade rien qu’en l’imaginant avec un autre homme, alors avec une centaine… Au contraire cela devrait lui faire plaisir, puisque cela ne faisait qu’illustrer à quel point elle tenait à lui. Mais il n’était pas d’humeur à se réjouir, il craignait vraiment ce qu’elle pouvait faire. Car s’il y avait bien une chose qu’il avait appris de Gabriella, c’est qu’elle pouvait être complètement irrationnelle et têtue. Si elle avait décidé de remettre les compteurs à zéro, elle en était capable. Le français finit par soupirer en sortant de ses pensées. Il détourna les yeux de la porte close pour retourner dans le salon et se servir un verre d’eau pour reprendre ses esprits. Qu’allait-il faire ? Les minutes défilèrent ainsi. Devait-il prévenir Jamie ou Joanne ? Devait-il parcourir toute la ville en espérant tomber sur elle ? En y réfléchissant – et au regard de la tenue qu’elle portait – il pouvait la retrouver assez rapidement en cherchant dans les endroits festifs. Mais cela n’allait-il pas empirer les choses ? Il n’eut pas le temps d’y réfléchir plus longtemps. Son smartphone sonna pour le prévenir qu’elle venait de poster une nouvelle photo sur instagram. Et en la voyant le sang de James ne fit qu’un tour. « Tu veux vraiment jouer à ça Gaby ?! » ragea-t-il intérieurement. Sans plus attendre il se leva et prit la direction de l’Electric Playground. Une fois sur place, James se mit directement à la recherche de la brune. Ce qui n’était pas chose aisée tant l’endroit était rempli et sombre. Les gens le bousculaient, la musique résonnait dans ses oreilles et la chaleur se fit rapidement oppressante. Cela faisait des mois qu’il n’avait pas mis les pieds ici, et désormais il ne s’y sentait plus vraiment à sa place. Lui qui y était venu tous les soirs pendant des mois, lui qui en avait fait son terrain de chasse préféré. Finalement son regard tomba sur elle. Gabriella se trouvait au milieu de la piste, à danser vigoureusement contre un inconnu. James crut devenir fou rien qu’à cette vision. Furieux, il se précipita au milieu de la foule qu’il bouscula sans le moindre remord pour arriver rapidement à sa cible. La libraire semblait surprise de le voir ici, tout comme l’homme à ses côtés. Ils trouvèrent même le moyen de le repousser, ce qui fit perdre la tête à James. Il était sur le point d’exploser, littéralement fou de rage. Son poing était tellement serré qu’il sentait ses ongles s’enfoncer dans la paume dans sa main à s’en faire saigner. Il s’approcha d’eux pour cette fois se débarrasser de l’homme en usant de la violence. Mais il fut interrompu dans sa démarche par une jeune femme – une ancienne conquête. Voilà qui allait arranger les choses. Si cela s’était passé avant, le français en aurait sûrement profité pour rendre à sa copine la monnaie de sa pièce en flirtant avec la blonde. Mais voilà, il n’était plus le même. Il avait changé, elle l’avait changé. Alors il essaya de se débarrasser de sa prétendante mais celle-ci s’accrochait à lui désespérément, osant même l’embrasser dans le cou. James croisa le regard de Gabriella et fit une grimace. Ce n’était pas bon du tout. Les yeux de la brune s’obscurcirent et elle envoya dans les roses son prétendant pour se rapprocher dangereusement d’eux. « Dégage pétasse ! » En d’autres circonstances le mannequin aurait rit, mais pas maintenant. La colère qu’ils éprouvaient tous deux était bien trop réelle pour en plaisanter. « Gabriella arrê… » tenta-t-il pour l’empêcher de s’en prendre à la blonde. Mais trop tard, celle-ci était déjà balayée par la tornade et se retrouva à quelques mètres d’eux. Maintenant que son amuse-bouche n’était plus un obstacle, Gabriella se dirigea vers son ennemi numéro 1 : James. « Alors c'était ici ta basse-cour !? C'était ici que tu trouvais toutes tes conquêtes d'un soir ? Tu dois avoir une carte de fidélité ici ! C'est à partir de combien d'entrées la pute offerte ? » Et bam, dans les dents. Elle était furieuse et crachait son venin sans retenue. « Arrête de dire des conneries ! » Il n’eut pas le temps de poursuivre que Gabriella s’éloignait déjà de lui. En passant près de son ancien prétendant, celui-ci se permit de glisser un papier dans son décolleté. L’anglaise hurla, le gifla mais l’homme ne resta pas sans rien faire. Il la saisit pour se mettre à la secouer et lui hurler dessus. « T’es vraiment qu’une petite pute ! Ca te plaît de venir ici chauffer des mecs pour ensuite les gifler en partant ? Tu crois vraiment que je vais te laisser partir comme ça ?! » James n’entendait absolument plus rien. La colère s’était emparée entièrement de lui et il n’entendait qu’un bourdonnement, le sang lui étant monté à la tête. En quelques pas il se retrouva à leur portée. Sa main gauche saisit la gorge de l’assaillant de Gabriella pour l’écarter d’elle alors que son poing droit vint s’abattre en plein contre son nez qui émit un drôle de bruit en se cassant. Sous le coup de la colère et de l’adrénaline qui le possédait complètement, le français enchaîna avec un uppercut dans le ventre de son adversaire pour continuer de le frapper encore et encore sans lui laisser le temps de riposter. Lorsque celui-ci s’écroula au sol et que James fut attiré en arrière par des gens qui tentaient de les séparer, il reprit un peu conscience. Il devait partir, maintenant. Quelqu’un avait certainement appelé la police. Sans dire un mot, il attrapa le poignet de Gabriella – un peu trop violemment sur le coup – pour lui imposer de le suivre et ils sortirent à toute vitesse de la boîte. Toujours sans émettre le moindre son, James tourna à droite en sortant et continua plusieurs mètres avant de tourner encore deux fois pour finalement arriver sur une rue un peu moins fréquentée – et semblable à celle dans laquelle ils s’étaient retrouvés le soir de leurs retrouvailles. « AS-TU PERDU LA TÊTE ?! » finit-il par exploser maintenant qu’il n’y avait plus personne autour d’eux. Il relâcha sa poigna autour de son poignet et il se mit à la fixer, les yeux remplis de plusieurs sentiments. Colère, rage, jalousie, incompréhension, frustration, peur. Il s’était passé beaucoup de choses en très peu de temps et le français avait imaginé mille scénarios. « Maintenant ça suffit Gabriella ! Tu arrêtes tes conneries sur le champ ! » s’époumona-t-il devant elle. « Je ne voulais rien dire parce que j’attendais que tu viennes vers moi mais puisque tu le fais pas c’est à moi de le faire ! Que t’arrive-t-il ? Ça fait des jours que t’es comme ça, lunatique comme tu ne l’as jamais été ! » Et pourtant elle l’était déjà pas mal en temps normal. « Alors tu vas m’expliquer ce qu’il se passe et tu vas le faire maintenant ! Parce que c’était quoi ça bordel ?! Créer une dispute, me balancer toutes ces choses à la gueule, te barrer sans me laisser le temps de répondre et venir ici pour draguer n’importe qui, ça veut dire quoi tout ça ? Hein ?! » finit-il en criant un peu moins. A bout de souffle, il prit quelques secondes pour le reprendre et essayer de mettre de l’ordre dans ses pensées. « Tu peux pas venir me reprocher mon passé après m’avoir dit que tu m’acceptais comme je suis. Tu ne peux pas péter un câble et faire ce que tu as fait. » Il ne criait plus, mais son ton n’était pas plus cordiale pour autant. Elle l'avait blessé. « Je ne peux pas supporter ça, et je ne supporterai pas ton comportement plus longtemps. Soit tu me dis ce qu’il y a, soit tu rentres chez toi pendant quelque temps. » Ce n’était pas qu’il la mettait à la porte de son appartement, c’était plutôt pour lui faire comprendre que ce ne serait pas sans conséquences si elle continuait ainsi. Cela faisait des semaines qu’elle n’avait pas dormi chez elle car ils construisaient quelque chose de vraiment sérieux. Alors s’il lui disait ça, ce n’était pas innocent et elle le comprendrait très rapidement il en était sûr. Ce n’était pas ce qu’il voulait mais elle ne lui laissait pas le choix.
Elle savait que son comportement allait faire vriller James, mais c'était ce que Gabriella recherchait. Le faire réagir, lui rendre la monnaie de sa pièce… C'était maladroit et complètement absurde, du grand Gabriella. C'était sa façon de lui montrer à quel point il l'avait blessé. Pourtant, c'était bien elle qui avait cherché les problèmes en lui posant la question. Oui James avait bel et bien connu des centaines de femmes avant elle. Mais ce que Gaby n'arrivait pas à comprendre c'était qu'il n'y avait plus qu'elle qui comptait à ses yeux. Mais la jeune femme était bien trop aveuglée par sa colère pour s'en rendre compte. Sous cette rage de vengeance se cachait une blessure. Gabriella aimait plus que tout cet homme. Il était devenu indispensable à sa vie… Mais la libraire se posait des questions sur son avenir avec lui. Non, il n'avait jamais pensé à fonder une famille, chose difficile à digérer lorsque vous pensez être enceinte… Toute cette histoire l'avait complètement chamboulée. Gabriella avait besoin de se changer les idées, de se défouler et surtout, de se venger du français. Mais cette histoire vira très vite au cauchemar. Gabriella ne s'attendait pas à le voir débarquer aussi vite dans la boite de nuit. Une partie d'elle-même était heureuse de le voir ici. C'était une preuve que James ne se moquait pas d'elle. Le mannequin tenait bien à elle. Mais une tension s'installa lorsque l'une des anciennes conquêtes montra le bout de son nez. La brune ne pouvait le supporter. L'idée d'imaginer James dans les bras d'une autre femme la rendait complètement dingue. La blonde se retrouva projetée au sol en un rien de temps. Gaby avait beau être femme, elle était loin d'être fragile, du moins physiquement. Une fois débarrassée de cette mauvaise graine, l'Anglaise commença à déverser son venin sur le brun. Le fusillant de phrases plus abjectes les unes que les autres. Et il faut avouer que la jeune femme était une pro en la matière. Elle ria nerveusement lorsque James lui répondit. La jolie brune n'avait même pas envie de lui répondre. Elle s'en alla pour aller chercher son sac à main. Tout la dégoûtait ici, il était de partir. Mais l'inconnu de la boite s'aventura dangereusement en cherchant à ramener cette jeune femme avec elle. Il se montra un brin insistant, ce qui commença à énerver la libraire. Mais ce qui la mit hors d'elle, c'était ce petit bout de papier que l'homme déposa dans son décolleter. Sans même attendre, Gabriella le gifla. Il était hors de question pour cette jeune femme de se laisser faire. D'être prise pour un simple objet de désir. Elle était encore plus folle de rage en imaginant James prendre les femmes pour de tels jouets durant ses années volage. L'homme était prêt à la frapper. Il la traita de tous les noms tout en la menaçant. Mais Gabriella continua à tirer sur son bras. Le fusillant du regard comme pour le prévenir de ce qui allait se passer s'il continuait à agir de la sorte. La jolie brune était déjà prête à le frapper entre les jambes et à lui donner un coup de sac à main, mais une autre personne désirait s'inviter dans cette dispute, James. Gaby regarda le français prendre sa défense. On pouvait voir de la haine dans ses yeux. Elle resta sans voix tout en regardant James mettre à terre son agresseur. Un groupe d'hommes l'attrapa afin de calmer la situation. La brune regarda le mannequin qui s'avançait dangereusement vers elle. Ses yeux bleus fusillaient Gabriella comme jamais. Il l'attrapa par le poignet. La brune grimaça en sentant le poids de sa force sur son bras. C'est à cet instant que Gabriella comprit quelque chose. Je suis dans la merde… C'était pas faux. Rendre James dans cet état était une exclusivité. Elle avait compris que la personne à qui il en voulait le plus, ce n'était à cet homme qui l'avait charmé, mais bien à elle. C'était différent du soir de leurs retrouvailles. Le français était réellement fou de rage. Et son hurlement en plein milieu de la petite ruelle lui fit comprendre qu'elle ne s'était pas trompée. Gaby sursauta en l’entendant crier de la sorte. Il la relâcha, mais la brune sentait encore sa main sur elle. La jeune femme tenta de déchiffrer les sentiments qu'elle pouvait percevoir dans son regard. La brune comprit que James était profondément blessé, lui aussi. Il mit en garde Gabriella en lui demandant d’arrêter ses bêtises. De lui dire ce qu'il lui arrivait pour se comporter de la sorte. Il est vrai que la jeune femme s'était montrée assez étrange et lunatique ces derniers jours… Elle fit sa petite moue de petite fille qui venait de faire une bêtise lorsque James continua de parler. Ce n'était pas pour rire. Gaby croisa les bras, signe qu'elle n'était pas encore prête à lui en parler. Plus elle l'entendait, plus sa tête se baissait. Comme d'habitude, Gabriella s'en voulait d'avoir agi aussi bêtement. L'Anglaise ne voulait pas que James voit ses larmes. Il devrait savoir depuis le temps que la brune se comportait ainsi lorsque plus rien allait dans sa vie. Son ultimatum lui fit relever les yeux, l'air complètement choquée. Elle ne s'attendait pas à cela. Elle hocha de la tête, complètement résignée. « Tu as raison… » Gaby essuya les larmes qui coulaient sur ses joues. On ne savait jamais à quoi s'attendre avec cette femme. «Je ferais mieux de m'en aller, pour quelque temps… » Elle n'était pas prête à lui dire. « Je comprends… Je suis désolée. » Gabriella lui lança un sourire des moins crédible. Elle était triste plus que jamais ce soir. Se disant que ce genre de nouvelle, on devrait être heureux de l'annoncer et pas se comporter de la sorte… Gaby se retourna afin de s'en aller. Un silence des plus étrange s'installa dans la ruelle lorsque la jeune femme s'éloignait. « Non je peux pas faire ça… Je peux pas ! » La brune ne pouvait pas le laisser ainsi, tout seul. Elle l'aimait bien trop pour cela. Gabriella se précipita vers lui et tomba dans ses bras qu'elle espérait accueillants. « Je t'aime James... Je suis désolée... » Il fallait qu'elle trouve assez de courage pour tout lui dire. « Ok… Je vais tout expliquer… » Elle se retira de son emprise et commença à faire les cent pas. Son visage était celui d'une femme anxieuse. « Raah je sais pas comment… » Gaby était complètement perdue. « Et j'imaginais en aucun cas te le dans une ruelle en plein milieu de la nuit après une bagarre dans une boite de nuit ! » C'était complètement fou, mais à vrai dire, James et Gabriella n'avait jamais fait dans la normalité. « Disons que nous sommes ptet plus que deux maintenant, mais… » Elle grimaçait tout en fermant un œil. « Mais trois James... »
James était dans une colère noire. Gabriella en était la principale responsable, mais l’attitude de l’inconnu envers elle aussi. De quel droit se permettait-il de l’insulter et de la bousculer. C’en était trop, le français était à bout. Ni une ni deux, il fonça sur l’homme et commença à le frapper sans aucune retenue. Le nez, la mâchoire, un peu partout au visage. Encore et encore jusqu’à ce que son opposant se retrouve au sol dans l’incapacité de réagir. Mais ce n’était pas assez, le mannequin en voulait plus. Il se jeta sur lui au sol pour continuer de faire pleuvoir une pluie de coup sur lui. Submergé par ses émotions, il déversa toute sa rage sur le visage de son adversaire. Y compris celle qu’il éprouvait à l’encontre de Gabriella. Ce n’est que lorsque plusieurs clients de l’Electric Playground réussirent à le relever et l’emmenèrent quelques pas en arrière, que le français comprit ce qu’il était ne train de faire. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits et se rendre compte que sa victime était en mauvais état. Son cerveau se mit à tourner à cent à l’heure ; il devait partir. Nul doute que la sécurité était au courant, et que la police devait être prévenue aussi. Dans combien de temps allaient-ils arriver ? James ne pouvait pas prendre la peine d’attendre pour le savoir. Un tel incident aurait un effet sans précédent sur sa vie et sa carrière. De plus, cela serait une terrible pub pour la sortie imminente de son roman. Non, il ne pouvait décidément pas avoir des problèmes avec la justice en ce moment, le timing était le pire possible. Il ne voyait qu’une seule solution : prendre la fuite. Alors c’est ce qu’il fit. Mais comment convaincre Gabriella de le suivre ? L’anglaise était une tête de mule, et il n’avait pas de temps à perdre en bavardages inutiles. Il décida dès lors de ne pas la convaincre, mais tout simplement de la forcer à venir avec lui. Il se retourna vers elle, complètement décoiffé et dépareillé après la bagarre, et il l’attrapa pour le poignet en se mettant à marcher. Sa poigne était dur – tout comme son regard – et ne lui laissait aucune chance de se défaire. Il en avait marre, et plus encore. Quand il se disait qu’ils auraient pu passer la soirée ensemble à l’appartement… mais non, il avait fallu qu’elle fasse sa curieuse puis sa jalouse. Sa Gabriella en somme. Il traversa la foule sans faire attention à ceux qui étaient devant lui, bousculant de nombreuses personnes sur son passage. Enfin, l’air frais vint caresser son visage lorsqu’ils furent dehors. Il continua d’avancer le pas rapide, tournant à plusieurs intersections pour se mettre à l’abri. Le natif de Paris s’arrêta lorsqu’ils furent assez éloignés de la boîte, mais surtout qu’ils furent seuls dans la ruelle. Alors il se retourna vers la londonienne, le regard sombre, et il lui hurla dessus de toutes ses forces. Il explosait littéralement, toutes les émotions se mélangeant en lui. La colère, la frustration, la déception, la peur, l’amour. Gabriella avait le don pour créer une tornade de sentiments en lui, tous plus démesurés les uns que les autres. La jeune femme n’en menait pas large devant lui, il le voyait bien. Mais cela ne suffisait pas pour qu’il se calme, oh non. Alors il continua son monologue, déversa sa rage sur elle. La brune eut l’intelligence de ne pas lui couper la parole – il ne sait pas ce qu’il aurait fait d’elle si elle avait osé l’interrompre. Elle ne comprenait pas que son inquiétude n’avait d’égal que l’amour qu’il éprouvait pour elle. Enfin, il s’arrêta – le souffle court. Il avait tout dit, du moins l’essentiel. Le silence retomba, mais ses iris bleus ne décoléraient pas. Gabriella se tenait devant lui, la tête baissée. Elle évitait son regard et l’empêchait de lire en elle comme il avait l’habitude de le faire. Que pensait-elle ? Comment allait-elle ? Il ne savait pas ce qui l’attendait. Elle pouvait tout aussi bien fondre en larmes qu’entrer dans une énième crise dont elle avait le secret. Mais elle releva les yeux lorsqu’il lui balança un ultimatum. Enfin, une réaction. Mais ce n’était pas seule que le français espérait, bien au contraire. « Tu as raison… » Il fronça des sourcils. Il avait raison ? «Je ferais mieux de m'en aller, pour quelque temps… Je comprends… Je suis désolée. » La jeune femme s’essuya une larme et tourna les talons, prête à s’en aller. L’écrivain sentit son cœur se resserrer devant ce tableau. Ce n’était pas possible, il devait être en train de rêver. Alors c’était tout ? Elle préférait partir que de lui expliquer ? Que de se trouver des excuses ? Elle abandonnait, tout simplement ? Il eut envie de lui hurler dessus comme jamais, de l’insulter et lui dire ne plus jamais revenir. Ne tenait-elle à lui que si peu ? Leur relation n’avait-elle donc pas plus d’importance que ça à ses yeux ? Toutefois, James n’eut pas davantage de temps pour se morfondre. Quelques secondes après, l’anglaise se reprit et se jeta sur lui pour se confondre en excuses. D’abord surpris, le mannequin finit tout de même par l’entourer de ses bras et la serrer contre lui. C’était le rôle d’un homme après tout, de savoir pardonner et réconforter la femme qu’il aimait. Il ne prit pas la peine de lui répondre, se contenta de la fixer et d’attendre qu’elle trouve les mots qui semblaient lui échapper. Cela lui faisait un peu peur quand même, il se demandait qu’est-ce qui pouvait être aussi grave pour la tourmenter ainsi. « Disons que nous sommes ptet plus que deux maintenant, mais… Mais trois James… » Le brun fixa la libraire, ne comprenant pas trop où elle voulait en venir. « Trois ? Comment ça ? » Ce fut sa première réaction. Mais il continua de la regarder, étrangement. Et enfin l’illumination arriva. « Trois ?! Tu veux dire que… ? » Son regard quitta celui de Gabriella, glissa le long de son corps pour terminer sur son ventre. Son cœur se mit à battre la chamade, sa gorge se resserra. « Tu... tu es enceinte ? » Le regard brillant de sa compagne suffisait à lui faire comprendre que oui – ou du moins qu’elle le pensait. C’était beaucoup à assimiler d’un coup pour James qui n’en menait pas larges. Beaucoup de questions affluaient en lui, beaucoup de sentiments contradictoires aussi. Mais sa réaction fut de se précipiter vers Gabriella pour la prendre dans ses bras et la serrer comme jamais il ne l’avait fait auparavant. « Je t’aime Gabriella… Je t’aime plus que tout. » Elle ne devait jamais en douter, il n’avait jamais autant aimé une femme qu’elle. Il déposa un baiser sur son front avant de prendre possession de ses lèvres pour échanger un long baiser. Puis il s’écarta un peu et posa sa main sur sa joue pour essuyer les larmes qui coulaient. « Mais tu es sûre ? Tu le sais depuis combien de temps ? Pourquoi tu ne m'en as pas parlé avant ? » Des questions, des milliers de questions. Elles arrivaient à la vitesse de la lumière et il les posait tout aussi rapidement. « Tu m’as fait tellement peur avant, j’ai cru que tu allais vraiment partir… idiote. » finit-il par avouer avec un sourire en coin, il avait besoin de décompresser maintenant.
L'amour, il n'y a certainement rien de plus imparfait dans ce monde, mais aussi de plus beau. L'Anglaise avait compris depuis bien longtemps qu'aimer une autre personne pouvait d'autant plus faire souffrir. Il suffisait de fourrer son nez dans n'importe quel livre à l'eau de rose pour le comprendre. Aucune grande histoire d'amour n'était faite que de moments heureux et de joie. Au contraire, les plus belles étaient celles qui arrivaient à tout traverser. L'histoire de deux personnes qui faisaient tout pour s'aimer, à travers les épreuves. Ou d'aimer l'autre tel qu'il est tout simplement, chose qui peut s'avérer difficile quand votre moitié se prénomme Gabriella Rhodes. James venait une fois de plus de prouver à quel point il aimait Gaby. En allant la chercher ce soir-là. Un homme qui n'en avait que faire d'elle l'aurait laisser partir sans rien faire. Sans rien essayer pour la retrouver. Gabriella sentait bien qu'elle avait fait une grosse erreur en venant ici. Il suffisait de voir le regard de James pour s'en rendre compte. Le français était fou de rage. C'était la première fois que Gaby voyait le mannequin dans cet état. Il était certainement la meilleure qui lui était arrivée depuis des années, alors elle avait peur de tout gâcher. De le perdre en lui avouant ce qu'elle cachait. Gaby savait que James n'était pas prêt pour devenir père. Il avait besoin de se concentrer sur sa réussite professionnelle. Sur ce livre qui lui tenait tant à cœur, sur son métier de mannequin qu'il aimait tant. Elle ne lui en voulait pas. Cela faisait que quelques mois qu'ils étaient réellement ensemble, alors comment pouvaient-ils encore aborder ce sujet si sensible que sont les enfants. Mais sa réponse blessa la brune. Non, il n'avait jamais pensé à l'éventualité de fonder un jour une famille. La libraire avait aussi commis une erreur en le forçant à avouer le nombre de conquêtes qu'il avait eu avant elle. Se sentant d'un coup envahit par un nombre incommensurable d'images plus dur les unes que les autres. L'idée de savoir James dans les bras d'une autre lui était invivable, alors d'une centaine... Elle ressentait de la souffrance, mais aussi de la jalousie. Ne voulant pas comprendre ce que James lui disait. C'était du passé, ça ne comptait pas. Elle ne voulait plus l'écouter. Impulsive, Gabriella avait réagi au quart de tour. Ne laissant même pas le temps au brun de la réconforter. Tout le monde savait que la jeune femme était du genre à très mal réagir lorsqu'elle était blessée. Alors comme d'habitude, Gabriella avait mal réagit. Elle se sentit ronger par la culpabilité dans cette ruelle face à James qui lui hurlait dessus. C'était à force de se comporter de la sorte que Gaby risquait de le perdre. Alors elle baissa la tête en attendant que le français se calme. L'Anglaise sentait le lourd poids de chaque mot, de chaque reproche qui lui faisait. Elle se sentait idiote, comme toujours. Gabriella avait l'impression de le perdre un peu plus à la fin de chacune de ses phrases. Elle avait envie de partir en courant pour laisser éclater son chagrin. Mais son ultimatum la gela sur place. Alors il ne la supportait déjà plus. Gabriella releva son regard tremblant vers l'homme qu'elle aimait. Se sentant d'un coup désarmée et inhibée de toutes émotions. Il avait raison, elle ferait mieux de partir. Après tout, Gaby avait toujours eu la fâcheuse impression de ne pas le mériter. Elle se retourna afin de s'en aller. Il était temps que leurs chemins se séparent pendant quelque temps. Ses yeux étaient larmoyants. Sentant James déjà bien trop loin. Non, elle l'aimait beaucoup trop pour l'abandonner de la sorte. Alors la jeune femme se précipita vers lui et se jeta dans ses bras. Elle sentit James la serrer contre lui. Il ne lui en fallait pas plus pour sentir un sentiment de soulagement couver son cœur. Son silence face à son ''je t'aime'' lui laissa un certain goût amer, mais elle fit comme si de rien était. Elle ne savait pas comment lui annoncer la nouvelle. C'était peut-être lui qui allait partir en courant après l'annonce. Gabriella n'était pas très douée pour trouver les mots, voire limite maladroite. Elle ne voulait pas lui annoncer du but en blanc qu'il allait peut-être devenir papa, bien consciente que James était du genre à paniquer pour un rien. Sachant pertinemment que le français allait poser des tonnes de questions dont seul le futur pouvait y répondre. Gaby lui lança un indice qui lui permettait de comprendre instantanément de quoi il s'agissait. Du moins, c'est ce que la libraire pensait. Elle resta silencieuse tout en lui laissant le temps d'assimiler. On pouvait voir sur son visage à quel point la jeune femme était nerveuse. Gaby vit ses yeux se poser sur son ventre, voilà, il venait de comprendre. Ses yeux se mirent à briller lorsque James lui posa la question. Gabriella essaya de décrypter ce qu'il pensait à travers les traits de son visage. Il avait l'air un peu sous le choc, mais il était encore debout et n'avait pas pris ses jambes à son cou, chose qui la rassura. Le français se précipita sur elle afin de la serrer dans ses bras. Son corps se mit à frissonner. Ses bras s’entourèrent autour de son cou tout en posant son visage contre. « Moi aussi je t'aime James… Tellement… » Des larmes coulaient sur ses joues. C'étaient des larmes de joie et de soulagement. Son baiser sur son front la rassura encore un peu plus. Elle se sentait si bien et si heureuse aux côtés de cet homme. Une vague de chaleur traversa tout son corps lorsque James posa ses lèvres contre les siennes. Gaby l'aimait plus que tout et comme personne. Elle lui sourit tout en fermant les yeux lorsque sa main vint essuyer ses joues. Comme prévu, James lui posa des tonnes de questions. Il la traita d'idiote, tout en ayant l'air soulagé. Le rire de Gabriella résonna dans toute la ruelle. « Tu crois sincèrement que je pourrais te laisser partir ? » Il était fou pour croire une telle chose. Même si son comportement de ce soir pouvait faire penser l'inverse, Gaby ne l'aurait jamais abandonné. « Tu es mon James… » Dit-elle en caressant l'une de ses joues. Il était temps de répondre à ses questions. « Je ne suis pas sûre de l'être encore… Mais j'ai deux semaines de retard et j'ai des nausées tous les matins, même l'odeur de ton café le matin me donne envie de vomir. » Rien que le fait d'y penser l’écœurait. « Je n'osais pas t'en parler car je ne savais pas vraiment comment te l'annoncer, ça me faisait peur… » Elle se souvenait de toutes ces nuits blanches passées à essayer de trouver la force et la meilleure façon de lui annoncer. Cherchant même sur google ''Comment annoncer à son petit-ami que l'on est enceinte ? '' Chose complètement stupide, mais bon. « J'ai pas fait de test encore, je ne me sentais pas prête à le faire… Je voulais t'en parler ce soir à l’appartement, mais notre discussion a pris une telle tournure… » Jamais Gabriella s'était imaginée que la soirée allait se terminer de la sorte. « Je pense que j'étais pas prête à le et d'avoir la preuve sous les yeux que j'étais enceinte, enfin si je le suis vraiment… » Ses yeux se baissèrent, elle était gênée. « Et puis quand tu m'as dit que jamais tu avais pensé devenir père un jour, j'ai complètement paniqué, je suis désolée…» Gaby était complètement paniquée. Elle savait que James était à un virage de sa carrière plus qu'important et que la vue d'un bébé ne ferait que compliqué les choses. « Je voulais pas foutre tous tes projets en l'air… J'ai peur James. »
Gabriella était incontrôlable quand elle s’y mettait, et James venait d’en avoir – encore une fois – la preuve ce soir. Il ne pensait pas que leur soirée serait aussi animée, mais il n’avait pas eu le choix. Il avait dû aller la chercher contre son gré, subir sa colère et sa jalousie, se battre pour elle, pour finalement se retrouver au milieu de cette ruelle à lui hurler dessus. Cela ne lui faisait pas plaisir, oh non bien au contraire. Mais elle ne lui laissait pas le choix. Elle devait comprendre que ce n’était pas un jeu, qu’elle ne pouvait plus agir comme ça sur un coup de tête, que son comportement entraînait des conséquences sur eux et notamment sur James. Ce qu’elle faisait pouvait le rendre incroyablement heureux ou le faire énormément souffrir. Ce soir ce fut le second cas. Le français était énervé mais aussi déçu. Car il sentait bien qu’il se passait quelque chose mais que Gabriella ne lui en parlait pas. Car elle ne lui faisait pas confiance et qu’elle s’était servie de son passé pour faire une crise – et lui montrer que, finalement, elle ne l’acceptait pas autant qu’elle l’avait déclaré par le passé. James connaissait sa compagne et son caractère. Il savait qu’elle pouvait réagir comme ça et faire sa tête de mule. Mais il avait besoin de savoir qu’elle était prête à changer – ou à faire des efforts. Pour ne plus le blesser, pour ne plus les faire souffrir tous les deux. C’était pour cette raison qu’il lui posa son ultimatum. Cela lui faisait du mal aussi, mais elle devait lui faire comprendre que leur relation était plus importante que tout le reste. Au début il pensa que c’était perdu, lorsqu’il l’a vit acquiescer et s’éloigner de lui. Il se dit que tout était fichu, qu’ils ne pourraient plus être ensemble. Même si elle revenait dans plusieurs jours, à quoi bon ? Mais la jeune femme le rassura en se ravisant tout de suite et en se jetant à ses bras. Bien que toujours sous le coup de la colère, il sentit son cœur se réchauffer à ce contact et à cette démonstration de l’anglaise. Tout n’était pas perdu, bien au contraire même puisqu’elle finit par lui avouer la nouvelle qui la tracassait tant. Le français resserra son étreinte autour du corps de la jeune femme. Puis il posa sa main sur sa joue pour essuyer les larmes qui coulaient, même si c’étaient sûrement des larmes positives il n’aimait pas la voir dans cet état cela lui brisait le cœur. « Tu crois sincèrement que je pourrais te laisser partir ? » Le français haussa des épaules, incertain de la réponse. Il savait la libraire capable de tout, du meilleur comme du pire. Il ne pouvait pas être sûr qu’elle resterait à jamais à ses côtés. Mais il lui sourit et profita du contact de ses doigts contre sa joue. « Je ne suis pas sûre de l'être encore… Mais j'ai deux semaines de retard et j'ai des nausées tous les matins, même l'odeur de ton café le matin me donne envie de vomir. Je n'osais pas t'en parler car je ne savais pas vraiment comment te l'annoncer, ça me faisait peur… » James se contentait d’hocher la tête pendant que sa compagne lui expliquait ce qu’il se passait et essayait de répondre à ses questions. Elle n’était donc pas sûr mais elle avait du retard et tous les signes correspondaient, le mannequin ne voyait pas comment elle ne pourrait pas être enceinte. Elle lui expliqua ensuite qu’elle n’avait pas fait de test car ele n’était pas prête. « Et puis quand tu m'as dit que jamais tu avais pensé devenir père un jour, j'ai complètement paniqué, je suis désolée… Je voulais pas foutre tous tes projets en l'air… J'ai peur James. » C’était donc ça. Le français fut aussitôt envahi par un sentiment de culpabilité. Il se souvint de ses paroles, quand il lui avait avoué ne pas se sentir père et ne pas avoir pensé à fonder une famille. Il ne pouvait pas lui en vouloir, il avait été assez clair sur le sujet. « Gaby… » commença-t-il, l’air coupable. « C’était pour ça tes questions de ce matin ? Tu aurais dû m’en parler au lieu d’essayer de tâter le terrain. » Ce n’était jamais la bonne chose à faire. Les choses se passaient rarement comme prévus et c’était la difficulté de chacun de devoir composer avec les événements du quotidien, les imprévus. Cela ne rendait pas forcément la vie moins belle que celle prévue au départ. « Ce n’était que des paroles. Ca ne veut pas dire que je ne veux pas être père, que je ne serai pas heureux, que je ne voudrais pas d’un enfant… » Le comportement d’une personne pouvait changer du tout au tout selon le contexte dans lequel elle se trouvait. « Je suis heureux avec toi, plus que tout. Et je t’aime comme je n’ai jamais aimé avant. » Il attrapa ses mains et plongea son regard dans le sien pour qu’elle puisse voir qu’il était sincère. « Alors oui ce n’était pas ce que j’avais prévu, et oui ça remet beaucoup de chose en cause. Mais ce n’est pas forcément un mal, je n’avais pas prévu de tomber amoureux de mon ancienne ennemie… » dit-il malicieusement, en faisant référence à leur relation du temps de Londres. « S’il y a bien une personne avec qui je me sens capable de surmonter tout ça, et avec qui j’ai envie de découvrir les joies de la paternité, c’est toi Gabriella… et personne d’autre. » Le français approcha son visage de celui de sa belle pour l’embrasser à de plusieurs reprises, avide de sentir ses lèvres contre les siennes et de sentir qu’elle lui appartenait toujours malgré la soirée qu’ils venaient de vivre. « On ira acheter un test de grossesse dès que la pharmacie ouvre, pour être sûr… même si je n’ai aucun doute. » Il déposa sa main sur le ventre de sa Gaby pour illustrer ses propos. « Si ça te va bien sûr ? » Il ne voulait pas la précipiter si elle n’était pas prête à être sûr de son état.
Devenir mère était une chose à laquelle la jeune femme avait pensé. Mais Gabriella pensait qu'elle choisirait le moment parfait pour le devenir. Fonder une famille lorsque son compagnon et elle l'auraient voulu. Et pas au début d'une nouvelle histoire, tout en sachant que l'homme concerné ne s'était jamais imaginé père une seule fois dans sa vie. Il en fallait peu pour panique la brune, alors cette situation lui fit complètement perdre le contrôle. Et quand une tornade perd le contrôle… Ça fait énormément de dégât. Gaby savait mettre la zizanie, tout le monde le savait et surtout dans pas propre vie. Elle était bien plus douée pour conseiller les autres que pour gérer ses propres soucis. James était la première victime de Gabriella, surtout ce soir. Elle venait de lui faire parcourir la ville afin de la retrouver dans une boite miteuse suite à leur dispute dont la libraire était la première coupable. Mais la brune ne savait pas comment lui annoncer la nouvelle. Lui dire qu'il allait devenir papa. Ils étaient là, dans cette rue déserte à parler. James avait l'air sincèrement de croire que la libraire était capable de le rejeter, chose qui froissa Gaby. Elle le poussa d'une main avec un regard complice. « Idiot va ! » Gabrielle tenait plus que tout à James. Elle l'aimait comme elle avait jamais aimé. C'était son James. L'homme que Gaby voulait à ses côtés. Le Français avait l'air de plutôt bien prendre la nouvelle. Chose qui rassura la jeune femme. L'Anglaise lui expliqua qu'elle n'était pas sûre de l'être, même si tous les symptômes lui faisaient penser que c'était vrai. Gabriella avait peur. Peur d'être enceinte, peur de devenir mère, de ne pas être à la hauteur, que James ne désire fonder un avenir à trois… Voilà pourquoi ce soir Gabrielle avait complètement déconné. Gaby sentit de la culpabilité dans la voix du mannequin. La jeune femme acquiesça de la tête lorsqu'il lui demanda si les questions de ce matin avaient un rapport. « Tu sais très bien que je suis une incapable, que je ne sais jamais comment réagir… Je fais toujours tout à l'envers, n'importe comment. » Ça l'angoissait. Tout l'angoissait ce soir. « Comment un bébé pourrait survivre avec une mère aussi maladroite que moi ? » La question sortie de sa bouche sans qu'elle ne s'en rendre vraiment compte. Les paroles de James lui emplirent le cœur. Sentant la chaleur de ses mains contre les siennes la consumer. Son regard lui fit comprendre ce qu'il allait lui dire par la suite. Elle ressentit un profond soulagement. Gabriella lui sourit tendrement. « Oui, c'est vrai… » Jamais la jeune femme n'aurait penser tomber dans les bras de ce fichu Evans. Elle entendait encore les cris résonner dans son ancienne maison. Les hurlements de James sur elle, les insultes que la brune lui faisait… Rien ni personne n'aurais imaginé que leur relation allait prendre un tel virage. « James… » Il venait de lui ce qu'elle rêvait d'entendre. Elle lui rendit son baiser avec intensité. Touchée en plein par ce qu'il venait de lui dire. « Je t'aime plus que tout… » Ses mains caressaient ses cheveux pendant que ses yeux brillaient. Le Français proposa d'acheter un test de grossesse. Sa main sur son ventre lui fit tout drôle, comme si tout cela était sur le point de se concrétiser. « C'est que… » Gabriella en avait déjà parlé à une personne. Une petite blonde, déjà maman, seule amie de la gente féminine de la libraire. « Joanne m'en a déjà donné un… Mais je ne voulais pas le faire avant de t'en parler ! » Sa belle-sœur avait tout deviné et Gabrielle ne savait pas mentir et encore moins à sa Joanne. « Elle a tout deviné le soir où nous sommes venus dîner chez eux… C'est la seule à le savoir. » Gaby avait à nouveau une boule au ventre. « Tu ne m'en veux pas j'espère. Mais j'avais besoin d'être conseillée ! » D'avoir des conseils d'une femme. C'est Nathan ou Sean qui allaient la conseiller sur le sujet. « Et je ne voulais pas en parler à Jamie ! Va savoir comment il aurait réagi encore ! » Gabriella riait tout en s'imaginant Jamie s'évanouir ou pleurer de joie ou menacer James de toutes les façons possibles s'il s'imaginait échapper à ses responsabilités. « Mais je suis d'accord pour qu'on le fasse dès que nous sommes à la maison ! Je l'ai caché dans l'un de mes tiroirs. » Elle savait très bien que son compagnon n'était pas du genre à fouiner dans ses affaires et puis, Gaby n'avait rien à cacher mis à part cette fichue boite. « On y va ? » Il était temps de rentrer. Une fois à la maison, Gabriella s’engouffra dans l'appartement afin de prendre le test. La brune ouvrit son tiroir à lingeries et l'attrapa. Gaby apparut dans le salon et montra la boite dont il était question. Elle la retournait dans tous les sens. L'angoisse se voyait dans ses yeux. « Et si j'étais pas à la hauteur ? »
« Idiot va ! » James se contenta de sourire mais ne dit rien. D’un côté, Gabriella semblait sûre d’elle et cela lui faisait plaisir. Elle ne s’imaginait pas le quitter ni même vivre sans lui, c’était une belle preuve d’amour. D’un autre côté, il ne pouvait pas s’empêcher de quand même douter. Oui, il était sceptique. Car c’était dans sa nature de ne pas toujours croire bêtement ce qu’on lui disait. Surtout, il avait déjà vécu assez de désillusions pour savoir que la vie ne se passait pas toujours comme prévu, et que certains événements arrivaient parfois sans qu’on ne les veuille réellement. Et même s’il ne voulait pas y penser, le comportement de la brune ne l’aidait pas à la croire à cent pour cent. Elle qui était si lunatique, si caractérielle, si têtue… qui pouvait savoir ce qu’elle ferait ? Il était sûr que même elle ne connaissait pas ses propres limites, qu’elle ne savait pas de quoi elle était capable. Et il l’acceptait parfaitement, c’était ainsi qu’il l’aimait. Entière, capable du meilleur comme du pire. Aujourd’hui elle lui avait montré un de ses pires visages : jalouse, capricieuse, colérique, égoïste. Mais il n’oubliait pas comment elle était dans la vie de tous les jours, beaucoup plus douce et tendre avec lui. Peut-être qu’un jour lui aussi lui montrerait un autre visage – sûrement même – et elle l’accepterait ainsi. Il n’empêche qu’il ne croyait pas mot pour mot ce qu’elle lui disait, et rien ne pouvait garantir qu’elle ne claquerait pas un jour la porte pour ne jamais revenir. Mais le problème n’était pas là. Non, à l’heure actuelle, le sujet important était la possible grossesse de l’anglaise. Car elle n’en était pas certaine, mais tous les symptômes étaient présents. Gabriella lui confirma que ses questions de ce matin n’étaient pas si innocentes que ça et qu’elle avait bien essayé de tâter le terrain. Il avait été stupide, il ne s’était douté de rien alors qu’il aurait du le sentir. Il n’arrêtait pas de se demander pourquoi elle était si différente ces derniers temps, mais il n’avait jamais pensé qu’elle puisse être enceinte. Cette idée n’avait jamais effleuré son esprit, preuve que c’était bien trop tôt pour lui. Mais il garda la face devant la jeune femme, elle avait besoin d’être rassuré. Et au final ce n’était pas la fin du monde, l’idée de devenir père n’était pas la plus repoussante qui soit. C’était juste… imprévu et anticipé. Mais si c’était le cas, il ne se défilerait pas et il était sûr qu’il serait heureux. Ce n’était juste pas ce qu’il avait imaginé pour l’instant, et c’était pour cette raison qu’il avait donné ces réponses à Gabriella. Mais la brune n’avait pas pensé une seule seconde que ses paroles pouvaient être mesurées, elle avait réagi au quart de tour. « Tu sais très bien que je suis une incapable, que je ne sais jamais comment réagir… Je fais toujours tout à l'envers, n'importe comment. Comment un bébé pourrait survivre avec une mère aussi maladroite que moi ? » Il secoua la tête de gauche à droite. C’était donc ça qui l’inquiétait ? « Il n’y a que toi pour être si intelligente et si stupide à la fois. » dit-il un sourire en coin. Gabriella serait une mère formidable, cela ne faisait aucun doute. Il suffisait de l’observer en compagnie de son neveu, elle savait y faire avec les bébés. « Je t'aime plus que tout… » Le français sentir son cœur se réchauffer, comme à chaque fois qu’elle lui disait ça. « Moi aussi. » Et il l’embrassa une dernière fois pour prouver ses paroles. Il n’allait pas prendre peur pour si peu, bien sûr que non. Il était là pour elle, il le serait toujours. Gabriella avait réussi à lui faire croire en l’amour à nouveau, alors qu’il était persuadé que jamais plus il ne serait capable de ressentir ce sentiment. D’un côté, il avait l’étrange sensation que cela avait été écrit quelque part, que peut-être elle était la bonne. C’est pourquoi il était plutôt confiant, même si elle était vraiment enceinte. Alors ils auraient un enfant, ce n’était pas un événement horrible bien au contraire. La libraire lui annonça qu’elle avait déjà un test de grossesse à l’appartement, que Joanne lui aurait passé quand ils étaient partis dîner chez elle et Jamie. « Alors comme ça on me fait des cachotteries ? » dit-il malicieusement, pour alléger le ton de la conversation. « Ça ne m’étonne pas d’elle. » Non, Joanne était très certainement la personne la plus sensible que James ait rencontré de sa vie. C’était tout à fait son genre de ressentir ce genre de vibrations, quand une femme enceinte se trouve à proximité. Peut-être qu’elle avait un peu plus fait attention au comportement de la brune aussi, James se souvint qu’elle avait refusé de boire du vin ce soir-là. « Arrête de me demander si je t’en veux, j’ai l’impression d’être un monstre. » dit-il en grimaçant. Comme s’il passait sa vie à lui faire la tête ou à bouder. Il aimait parfois être dans ses pensées et dans son coin, mais il n’y avait rien de plus. « Tu as raison, on ne sait jamais avec ton frère ! » Instinctivement, le français vint se frotter la joue alors que le souvenir des poings de son ami sur son visage revint à la surface. Ça n’avait pas été une soirée très agréable pour lui, ce fameux gala. « Oui, rentrons. » Cela ne servait plus à rien de rester dans cette ruelle froide et austère, ils seraient mieux dans leur appartement. Il lui attrapa la main et partit en direction de sa voiture, sans même se demander comment elle était venue de son côté. Si sa voiture était dans le coin, il la ramènerait demain pour la récupérer voilà tout. Une fois rentrés, James se dirigea dans le salon pendant que Gabriella alla chercher le fameux test. Il déposa sa veste sur l’une des chaises et se perdit dans ses pensées tout en regardant à travers la fenêtre. C’était étrange ce qu’il ressentait. Ce matin encore il était persuadé de ne pas vouloir être père, mais maintenant que ça allait peut-être être le cas, son avis était déjà en train de changer. Ou se faisait-il des idées ? Peut-être que ça lui permettait de prendre conscience de certaines choses, notamment qu’il ne pouvait pas toujours faire passer son boulot en premier. Il se reprochait déjà assez de laisser autant sa compagne. Mais avoir conscience de certaines choses était bien, mais serait-il capable de les changer ? Rien de sûr. « Et si j'étais pas à la hauteur ? » Gabriella venait de revenir. Le mannequin se retourna vers elle et put lire l’angoisse qu’il y avait dans son regard… ainsi que dans ses gestes, puisqu’elle tournait la boîte du test dans tous les sens. « Alors tu ne serais pas la première, ni la dernière. Et tu ferais tout pour l’être. » Il s’approcha d’elle et déposa ses mains sur les siennes, l’empêchant ainsi de continuer à jouer avec la boîte. « Arrête de te tourmenter, tu te poseras toutes ces questions une fois qu’on sera sûr. » Car si elle n’était pas enceinte, pourquoi se torturer avant ? « Mais tu ferais une merveilleuse mère, tout le monde le sait Gaby. » Il n’y avait qu’elle pour douter, comme toutes les futures mères au monde. « Peut-être un petit peu possessive toutefois, il faudra travailler là-dessus. » Il espérait la faire sourire, ou dédramatiser un petit peu. Ce serait déjà une victoire. « Allez, viens. » dit-il en l’emmenant en direction de la salle de bain. Il n’allait pas la regarder faire, mais il resterait à côté de la porte. « Ça ira Gaby. Qu’importe le résultat, nous serons ensemble. » Il l’embrassa sur le front. Il espérait être convaincant, lui-même ne sachant pas ce qu’il se passerait une fois le verdict tombé. Voulait-il être père ? Ou continuer comme ça pendant un moment encore ? Et surtout, comment Gaby le vivrait ?
Gabriella était une sacrée emmerdeuse, c'était bien connu. Capricieuse, colérique, impulsive et j'en passe. A croire que cette demoiselle était insupportable. Comment James arrivait à vivre avec une telle tornade ? Gaby avait le don de s'emporter pour un rien. À se demander s'il lui arrivait de réfléchir avant d'agir et la première victime était le français. Ce soir, l'Anglaise avait réagi une fois de plus avec ses tripes. Blessée par les propos de l'être aimé, Gabriella ne pensait pas aux conséquences de ses actes. Mais la brune venait de comprendre que James ne voulait pas d'enfant, du moins il ne s'était imaginé père. Alors que Gabriella n'imaginait pas sa vie sans enfant. Quitte à avoir une vraie équipe de foot à la maison. La brune faisait partie de ces petites filles qui jouaient à la poupée, rêvant un jour d'être maman un jour. Sauf qu'aujourd'hui, Gaby était peut-être enceinte… Ce qui la faisait complètement paniquer. La réaction de son petit-ami n'arrangea évidemment en rien la situation. La brune n'avait pas confiance en elle et encore moins en ses capacités à être mère. Se trouvant trop maladroite et pas assez mature pour une telle responsabilité. Gabriella et James étaient rentrés après cette soirée plus que mouvementée. Il était temps pour eux de connaître la vérité. L'Anglaise avait caché dans un tiroir de sa commode le teste de grossesse que Joanne lui avait donnée. La blonde était la seule personne avec le français à connaître la possible venue d'un bébé Evans. Alors que le test n'était même pas encore fait, Gabriella sentit la panique l’ensevelir. James essaya de la rassurer. Lui disant qu'elle était faite pour cela. Son regard avait l'air de ne pas consentir ce que le mannequin venait de dire. « Jusqu'au jour où je vais faire une maladresse qui va lui coûter la vie. » Ses yeux s'écarquillèrent en imaginant la scène. Son se glaça en une seconde. Imaginant le bébé tomber de la table à langer ou avaler un produit toxique qu'elle aurait laissé maladroitement à sa hauteur. « Je ne me sens pas bien. » Le mannequin déposa une main sur la sienne afin de la calmer. Ses paroles étaient rassurantes, du moins c'est ce qu'il pensait. « Comment ça tout le monde ? » De qui il parlait ? « Ce n'est pas parce que je suis une bonne tante pour Daniel le temps de quelques heures que je serais être une bonne mère à temps plein ! » Sa mâchoire se tordait nerveusement. « Ça me met encore plus la pression si tout le monde attend de moi que je sois un modèle en la matière… » Son esprit était en ébullition. « Depuis quand je peux être un modèle pour quelque chose d'ailleurs ? Moi ? » Gaby avait bien conscience de sa maladresse et de son don pour se mettre dans le pétrin. C'est vrai que l'Anglaise allait certainement devenir une de ces mamans poules dont les enfants n'arrivent pas à se débarrasser. Cette idée fut la première à la faire réellement sourire. Le mannequin l'accompagna jusqu'à la salle de bains et resta devant la porte. « Oui d'accord… » La libraire n'était plus seule, elle pouvait maintenant compter sur lui. Son baiser sur le front l'apaisa un court instant. Elle s'enferma dans la pièce et se regarda nerveusement dans le miroir. « Bon… » Gabriella termina par faire ce fichu test et sortie de la salle de bains. « Plus qu'à attendre une minute… » Son sourire était crispé. Elle le faisait gigoter tel un éventail tout en ne tenant pas sur place. Regardant le résultat qui commençait à apparaître, son pas ralentissait. La couleur bleue se faisant de plus en plus net. « C'est… » Gabriella soupira avant de déposer ses yeux sur le français. « Négatif… » Son ton était celui d'une femme déçue, aucun signe de soulagement dans sa voix. L'Anglaise s'écroula sur le canapé, silencieuse. Encore enfouie dans ses pensées. Se demandant pourquoi elle était triste de cette nouvelle alors qu'il y a encore quelques minutes l'idée d'être mère la paniquait complètement. « Voilà… C'est terminé. » Gabrielle ne savait pas quoi dire d'autre. Cette nouvelle lui laissait un gout amer, sa gorge était nouée. « Plus besoin de se prendre la tête à présent. » La libraire fit en sorte de ne pas trop montrer sa déception même si elle était palpable. « Vient, on va se coucher, je suis épuisée... » Elle déposa un baiser sur la joue de James et s'en alla en direction de la chambre. Il était pour Gabrielle de trouver assez de force afin de tourner la page, de laisser cette histoire de côté. Gaby n'allait pas devenir maman.