I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Ca faisait une éternité que Joanne ne s'était pas rendue à une exposition. Sans être conviée, ou invitée par quelqu'un d'autre, juste par envie. Elle l'avait vu en surfant sur le web, sans trop savoir ce qu'elle cherchait. Elle était on ne peut plus heureuse et soulagée d'être de retour à Brisbane. Elle avait beaucoup aimé Londres, mais au fil des semaines, elle avait vite eu le mal du pays. Beaucoup l'aurait deviné, sa famille en premier. Joanne était bien trop attachée à son pays et à Brisbane pour vouloir les laisser derrière elle. Tout lui avait tellement plu à Brisbane, lorsqu'elle avait atterri pour sa première année à l'université. Et puis il y avait eu la rencontre avec Hassan, et tout semblait particulièrement évident à partir de ce moment-là. Il l'avait fait aimer Brisbane plus que de raison, et elle s'y était rapidement attachée. Lui aurait pu deviner qu'elle ne tiendrait pas longtemps si loin de chez elle. Joanne avait besoin de repères familiers, de ses habitudes. Jamie passait toujours de temps en temps pour voir Daniel, mais ça n'allait pas vraiment plus loin que ça. Elle avait également repris un peu plus de distance par rapport à la fondation. Tout s'était apaisé, et elle avait rapidement retrouvé un rythme de vie normal, consacrant tout de même la majeure partie de ses journées à son fils, aux chiens, à sa maison. Elle avait contacté la baby-sitter, Suzie, pour garder Daniel pour la soirée. C'était toujours la même, le petit s'était rapidement habitué à sa présence. Et Joanne lui faisait confiance, c'était une étudiante en médecine, très sérieuse, qui avait un excellent contact avec les enfants. Joanne lui avait donné quelques indications pour la soirée, avant de les laisser jouer tous les deux. Du haut de ses escarpins -qui lui permettaient d'éviter de paraître trop petite comparé aux autres-, elle se rendit en voiture dans la galerie en question. On y avait exposé des photographies datant du début du XXème siècle à Brisbane, afin de montrer son évolution, à quoi la ville ressemblait à ce moment-là. C'était la soirée d'ouverture, donc champagne et mignardise était de rigueur. Pour une fois, Joanne n'allait pas pouvoir abuser en boisson alcoolisée étant donné qu'elle conduisait, mais une coupe n'aurait pas été de refus. C'était une petite réception assez simple, il n'y avait pas tant de monde que ça. Elle était passionnée d'histoire. Si elle avait choisi de devenir conservatrice, c'était pour s'intéresser de près aux expositions étant dans un contexte plus historique. Elle n'aimait pas vraiment l'art contemporain, elle ne le comprenait définitivement pas. Joanne trouvait alors largement son bonheur dans ces photographies en noir et blanc, leur qualité permettant tout de même d'observer des détails que d'autres préféraient ignorer. Ou ils ne s'y intéressaient pas suffisamment pour apprécier ces petites choses qui faisaient tout selon Joanne. Celle-ci contemplait longuement les photographies. Elle semblait absente, ailleurs. Personne n'osait véritablement s'approcher d'elle. La petite blonde comptait se tourner pour aller s'approcher d'un autre cadre et finit malencontreusement par se heurter contre quelqu'un lorsqu'elle avait tourner les talons. "Je suis vraiment désolée, je ne vous avais pas vu..." Puis Joanne leva les yeux et tomba sur un visage qui lui était plus que familier. Elle était bien la dernière personne qu'elle pensait voir par ici. De plus, elle ne s'étaient pas vues depuis des années. Joanne n'avait pas du voir Yasmine depuis le divorce avec Hassan. La belle brune était très proche de ce dernier. Ils se connaissaient depuis toujours -du moins, c'était ce que Joanne se disait constamment. Incapable de prononcer un mot, Joanne la fixa longuement, totalement surprise d'être tombée sur elle. Les conventions voudraient qu'elles se saluent, peut-être même qu'elles se réjouissent de se revoir après tant de temps. Elles n'avaient jamais été franchement proches, bien qu'elles avaient Hassan en commun et qu'il comptait énormément pour les deux. "Yasmine..." dit-elle tout bas, avec un sourire sympathique malgré tout. Et Joanne ne pouvait décemment pas se contenter de cette constatation et vaquer à ses propres occupations, ça n'aurait pas été correct. Pourtant les sujets de conversation ne manquaient pas, normalement. "Ca fait un bail. Je ne m'attendais pas à te rencontrer à une exposition." Du moins, elle n'avait pas souvenir qu'elle s'intéressait à ce genre de choses. "Qu'est-ce que tu deviens, depuis... la dernière fois qu'on s'est vu ?" Joanne ne savait pas trop comment se positionner par rapport à elle. Elle espérait que leur discussion soit brève, se résumant à quelques formalités avant de s'éloigner l'une de l'autre à nouveau. Elle ignorait si Yasmine savait ce qu'avait eu Hassan - bien qu'elle était certaine que la brune était bien plus au courant qu'elle que sa condition et de comment il l'avait combattu jour après jour. Il était évident que l'ex-mari de Joanne devienne rapidement leur sujet de conversation principal, la jeune femme l'admettait. Mais, sans trop savoir pourquoi, elle craignait ce moment là.
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C’était cette agitation aux alentours qui semblait lui permettre de toujours se tenir debout, d’avancer sans regarder en arrière et se laisser envahir par les remords. Elle ne dormait pas beaucoup, ne mangeait pas beaucoup plus, comme à chaque fois que son esprit était préoccupé. Et il y'a avait plus d’une préoccupation qui la tenaient ; cette tempête qui semblait déjà loin pour certains mais si présente pour elle, son frère qui avait trouvé le moyen de se faire bien amocher le visage, la chaleur de ses derniers jours qui semblait faire souffrir son père, lui rappelant un peu plus tous les jours qu’il n’était plus si jeune, et bien sûr les révélations récentes qu’Hassan avait fini par lui faire sur sa tentative de suicide… Si ses proches avaient évidement remarqué cette façon bien particulière dont elle agissait depuis son retour d’Algérie elle avait pourtant eu pendant quelques semaines l’impression que son attitude au travail donnait le change. « Sérieusement Yasmine, il faut que tu te changes un peu les idées ! Ca fait combien de temps que t’es pas sortie ? » Préférant ne pas répondre à la question de sa collègue Yasmine avait fait mine d’être trop passionnée par l’intérieur de son casier… « D’ailleurs l’expo sur laquelle j’ai bossée est la semaine prochaine, tu avais dit que ça pourrait t’intéresser non ? » Une exposition de photographies datant du début du XXème siècle à Brisbane, elle se souvenait d’avoir marqué la date dans son agenda, elle avait même demandé un congé pour ce jour là, mais trop préoccupée par le reste elle n’avait plus fait attention à son emploi du temps dernièrement. « Ah oui ! Je t’avais promis de venir non ? Donc je serais là. » Ce n’était sans doute pas le genre d’exposition qui aurait attiré son attention de base, mais curieuse de nature elle se réjouissait sincèrement. Puis sa collègue avait sans doute raison, prendre une soirée pour elle, pour sortir, n’était sans doute pas une si mauvaise idée.
C’est comme ça qu’elle s’était retrouvée entre deux photos à admirer les détails d’un temps qui lui semblait si éloigné et pourtant si proche. Son esprit divaguant et imaginant les personnes qui vivaient dans chacune des maisons qui se dessinaient sur la photographie devant elle, elle n’avait pas jeté un regard aux alentour depuis plusieurs minutes. Sa collègue avait, pour sa part - lâché l’affaire bien avant elle, la laissant à sa contemplation alors qu’elle allait saluer d’autres de ses amis. Et, ce n’est qu’en sentant quelqu’un la bousculer que Yasmine sortie enfin de ses pensées. « Je suis vraiment désolée, je ne vous avais pas vu… » « C’est pas grave c’est ma… » Toute deux avaient parlé en même temps, relevées le regard l’un vers l’autre pour finement se reconnaitre. « Oh… » C’est le premier son qui était sorti de sa bouche, laissant deviner son étonnement de la voir ici mais aussi la légère gêne qui la prenait d’un coup. Et si Yasmine ne l’avouerait sans doute jamais à haute voix, Joanne était sans doute l’une des personnes qu’elle avait le moins envie de voir en ce moment. En grande partie parce qu’une partie d’elle se sentait le besoin de lui parler mais que l’autre se savait bien peu légitime pour le faire, ce qui la mettait dans un conflit interne plutôt perturbant. « Yasmine… » L’algérienne finissant par se reprendre elle avait semblé faire un léger pas en arrière pour mettre de la distance avant de lui rendre tout de même son sourire. « Bonsoir Joanne. » La malaise était palpable, ni l’une ni l’autre ne sachant sans doute comment agir dans cette situation. Devait elle réitérer l’accolade qu’elles se faisaient normalement par convention, parce qu’Hassan étant presque un membre de la famille Khadji, les parents de Yasmine eux même avaient considéré Joanne comme un membre de la famille, la conviant à tous les repas, fêtes et autres occasions de passer un moment ensemble. Pendant des années les deux femmes s’étaient côtoyées, partageant un affection commune pour plus d’une personne et pourtant il était évident qu’elles ne connaissaient au final pas grand chose l’une de l’autre. Et n’avaient peut-être pas plus de choses aujourd’hui.
« Ca fait un bail. Je ne m'attendais pas à te rencontrer à une exposition. » Ne sachant trop comment prendre cette information Yasmine s’était contentée d’un léger hochement de tête, désignant vaguement la direction dans laquelle sa collègue était partie quelques minutes auparavant. « C’est une collègue qui m’a invité, mais je ne regrette pas d’être venue. » Si elle ne s’était pas attendue à croiser Joanne ici à bien y penser ce n’était pourtant pas si étonnant qu’elle soit là. « Puis j’aime bien expérimenter des choses nouvelles. » Etrangement son reflet dans les yeux de Joanne lui semblait différent. Comme de croiser une amie de vos parents qui vous dit « Je t’ai vu quand t’était haute comme trois pommes. » et ce n’était sans doute pas si étonnant. Pour Hassan Yasmine était restée pendant de longues années une gamine, peut-être qu’elle l’était même encore et quelques part Joanne l’avait sans doute vu de cette façon elle aussi, bien qu’elle n’ait pourtant que quelques années de plus qu’elle. « Je comprends sans doute un peu mieux ton intérêt pour les choses anciennes grâce à ce genre d’exposition. » Si elle ne connaissait pas grand chose sur Joanne, son métier - du moins celui qu’elle avait à l’époque parlait pour elle. « Qu'est-ce que tu deviens, depuis... la dernière fois qu'on s'est vu ? » La dernière fois c’était avant… Il y a longtemps. Avant le cancer, le divorce, la dépression d’Hassan,… Ca lui semblait si loin d’un coup presque irréel. « Hem… Peu de choses ont changé je crois… Je travaille toujours à l’hôpital de Brisbane, plus dans le même service mais tout de même et… » Elle semblait chercher les mots, ce qui pourrait sembler un minimum intéressant sans pourtant rentrer dans des détails qu’elles n’avaient jamais partagés toutes les deux. « J’ai finalement réussi à convaincre mes parents que même si je n’étais pas mariée, prendre un appartement pour moi était envisageable. Je crois que les horaires de nuit ont fini par les convaincre donc voilà… » Joanne avait aussi été présente lors de plus d’une conversation familiale à ce sujet, le sujet ayant été récurant pendant des années. « Et toi ? » Par politesse elle lui avait évidement retourné la question. Ne sachant pas trop où pourrait bien les mener cette conversation. « J’ai appris que tu avais eu un fils. » Autant qu’elle garde pour elle tout autres commentaires. « Félicitation. » Elle n’était pas sans savoir ce que cette découverte avait pourtant chamboulé chez son ami.
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La stupéfaction se lisait sur les deux visages. Yasmine avait été à la fois proche et étrangère à elle. Elles n'avaient jamais véritablement parlé et pourtant, elles se voyaient durant chaque réunion de famille. Il n'y avait que des formalités, de brefs échanges à bonne de sympathie parce qu'elles étaient toutes les deux importantes pour Hassan. C'était peut-être la seule chose qui les avait relié à l'époque. Joanne connaissait son métier, très vaguement ce qu'elle aimait. Elle se demandait si c'était plus ou moins volontaire, qu'elles ne trouvent pas d'atomes particulièrement crochus entre elles. Peut-être qu'elles auraient pu bien s'entendre. Elle avait deviné que Yasmine était particulièrement protectrice avec Hassan. Ils étaient vraiment très proches tous les deux. Et voilà qu'un malaise régnait entre elle, en se regardant presque en chien de faïence. Que dire, dans ces cas là ? Savait-elle qu'Hassan et Joanne s'étaient revus plus d'une fois depuis le divorce ? Les premières rencontres avaient été compliquées, trop ambiguës. Alors que la petite blonde s'était toujours entendue avec merveille avec sa mère, Fatima. Elles s'étaient croisées d'ailleurs il n'y a pas si longtemps que ça, et Joanne avait alors appris ce jour-là que son ex-mari avait attenté à sa propre vie et qu'il était dépressif depuis son cancer. Deux nouvelles qui avaient véritablement choqué la jeune femme. Celle-ci se doutait que Yasmine était au courant de tout. Ainsi commencèrent une conversation des plus basiques, certainement par simple politesse. La petite blonde sourit lorsqu'elle disait comprendre pourquoi Joanne se passionnait d'objets qui existaient depuis bien avant son temps. Ca lui manquait beaucoup, de travailler dans un musée, de faire partie des premiers à découvrir une exposition et à répertorier chacune de ces objets. "Ca me manque un peu tout ça, je n'ai plus que les expositions comme celles-ci pour me rapprocher un peu de ce que je faisais avant." Joanne avait rapidement été mise en arrêt après avoir appris sa grossesse. Ses précédentes fausse-couches et la difficulté qu'elle avait pour concevoir avaient largement convaincu son médecin pour qu'elle cesse toute activité et qu'elle ne se mette pas sa santé en danger, ou celle du bébé. Quelques mois plus tard, il fallait libérer le poste, le musée avait besoin d'un conservateur, et elle avait du renoncer à sa place, ce qui l'avait grandement attristé. Elle adorait ce métier. Yasmine, quant à elle, travaillait toujours au même endroit. "Ca doit te faire tout drôle, de pouvoir enfin vivre seule." répondit Joanne avec un sourire sincère. "Mais je suis contente pour toi qu'ils aient su un peu te laisser aller." Elle savait que les Khadji étaient encore bien ancrés dans la tradition, faire un lâcher prise pour Yasmine avait été un travail de longue haleine. Ca avait fini par porter ses fruits, enfin. "Moi ? Je ne suis plus conservatrice." commença Joanne, en jouant nerveusement avec ses doigts. "Je suis devenu directrice d'une fondation venant en aide aux enfants et adolescents en détresse. Elle est basée à Londres, mais une nouvelle structure va se construire pas loin d'ici." expliqua-t-elle dans les grandes lignes. Ca ne l'intéressait pas plus que ça, certainement. Joanne était cependant un peu plus surprise qu'elle sache qu'elle avait un enfant. "Merci beaucoup." répondit-elle. "Il s'appelle Daniel, il aura un an le mois prochain." Joanne réalisait alors à quel point le temps passait vite. Un an déjà qu'elle avait mis au monde cet enfant adorable. "Nous vivons tous les deux à Toowong, j'y ai emménagé en novembre dernier."Etre conservatrice lui manquait, mais son nouvel emploi lui permettait de rester à la maison, et s'occuper de son fils. Il y avait toujours des rendez-vous et des entretiens ici et là, mais les parents de Joanne étaient bien présents, et elle avait trouvé une baby-sitter fiable dans le quartier. Ce n'était pas toujours facile, et le moral n'était pas au beau fixe, mais elle se débrouillait plutôt bien - mais ce n'était pas suffisant pour elle, d'être juste bien. "Je... ne suis plus avec son père, ça ne s'est pas très bien terminé entre nous." Le divorce avec Hassan et la séparation avec Jamie avaient été très difficiles, mais à des degrés différents. Quoi qu'elle ne savait plus quoi penser de Jamie. Il a voulu rompre, il imposait des limites, s'éloignait d'elle dès qu'elle tentait un rapprochement. Et à Nouvel An, à cause d'un baiser qui faisait partie de toute une mascarade pour faire croire aux autres convives qu'ils étaient toujours ensemble, il en espérait un peu plus. Comme s'il pouvait coucher avec elle dès qu'il le voulait. Sauf que Joanne n'avait pas cédé, elle n'avait pas envie de lui. Lui mettait peut-être ça sous le compte de l'alcool, mais il n'y avait pas que ça. Joanne ne voyait pas lui raconter ce qu'il avait pu se passer avec Jamie, et elle espérait qu'Hassan avait respecté sa requête de n'en parler à personne. Elle se demandait quel sujet de conversation elle pouvait aborder désormais. Dire que Fatima l'avait invitée à dîner un de ces soirs ? Sa précédente conversation avec Hassan? Malgré toutes les politesses, elle ressentait une certaine tension entre elles. "Ca fait longtemps que je n'ai pas vu Sohan, non plus. Ni Qasim, je n'ai pas vraiment de ses nouvelles. Ils vont bien ?" Elle s'entendait pourtant bien avec ce dernier, mais à croire que le divorce avait coupé les ponts, malgré eux.
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Yasmine ne savait pas sur quel pied danser, à quel point devait elle faire semblant de ne rien savoir de Joanne, de ne pas avoir eu cette conversation houleuse avec Hassan ? A quelques jours près ça aurait d’ailleurs été le cas, et elle avait encore de la peine à comprendre qu’Hassan lui ait caché ça pendant aussi longtemps… Pour une raison qu’elle n’acceptait pas plus mais qui lui faisait de plus en plus douter sur sa capacité à être une réelle amie pour lui. Quoi qu’il en soit l’envie de partir au plus vite s’était fait ressentir alors pourtant qu’elle faisait l’opposé en alimentant la conversation entre elles deux. Les mots semblaient tous pensés, un peu trop pesés pour qu’ils ne soient naturels et toutes les deux devaient se rendre compte de ce malaise planant. « Ca me manque un peu tout ça, je n'ai plus que les expositions comme celles-ci pour me rapprocher un peu de ce que je faisais avant. » Elle ne travaillait donc plus – du moins plus le même travail c’était ce qu’elle pouvait en déduire, et le ton utilisé par la blonde laissait deviner sa mélancolie. « Ca doit te faire tout drôle, de pouvoir enfin vivre seule Mais je suis contente pour toi qu'ils aient su un peu te laisser aller. » C’était encore un bien grand mot de parler d’un laisser aller quelconque, Yasmine ayant encore sa mère au téléphone au moins deux fois par jours sans parler de ses visites quotidienne, elle avait parfois l’impression de ne pas avoir quitté la maison familial. Mais pourtant le soir elle rentrait dans son appartement, juste le sien où elle pouvait inviter qui elle voulait – cuisiner ce qu’elle voulait – faire ce qu’elle voulait sans avoir de compte à rendre à personne. « C’est plutôt agréable je dois dire… » Contrairement à bien des gens – la solitude ne l’avait pas dérangé bien au contraire elle semblait comme une délivrance après toutes ses années dans le flot de parole constante de sa mère. Livrant sans doute le peu de choses intéressant qu’elle avait à lui dire à son sujet Yasmine s’était finalement trouvée sans autre sujet de conversation à part celui de lui renvoyer l’ascenseur. « Moi ? Je ne suis plus conservatrice. » Elle l’avait déjà compris mais Joanne lui en donnait la confirmation. « Je suis devenu directrice d'une fondation venant en aide aux enfants et adolescents en détresse. Elle est basée à Londres, mais une nouvelle structure va se construire pas loin d’ici. » «Ha… C’est bien… Ca doit être intéressant, et j’imagine que c’est beaucoup de responsabilité. . » C’était difficilement explicable mais une partie de Yasmine n’aimait pas vraiment Joanne, elle n’avait pourtant rien à lui reprocher jamais – et une fois de plus elle démontrait son totale altruisme ce qui rendait son sentiment encore plus coupable – mais si elle ne voulait pas l’avouer il était assez évident que ce sentiment envers elle était entrainé par ceux qu’elle avait envers Hassan. Une jalousie qui n’avait pas vraiment lieu d’être parce que Yasmine savait qu’Hassan ne la mettrait jamais au même niveau que Joanne. La blonde était de toute évidence son grand amour – celui qui resterait… et même si elle avait un peu espéré bêtement que les choses pourraient changer entre eux, il semblait de plus en plus évident que ce n’était pas le cas – que ça ne le serait jamais. « Qu’est ce que… Vous faites exactement ? » Pour la première fois depuis le début de cette conversation la question avait semblé soulever un réel intérêt de sa part – touchant son propre besoin d’aider son prochain elles avaient trouvé au moins un terrain d’entente. Laissant finalement filtré un peu des informations qu’elle avait eu à son sujet, Yasmine l’avait félicité pour son fils. Même si les sentiments de l’Algérienne fasse et cet enfant venu si peu de temps après son divorce avec Hassan la laissait un peu pensive « Merci beaucoup. Il s'appelle Daniel, il aura un an le mois prochain. Nous vivons tous les deux à Toowong, j'y ai emménagé en novembre dernier. » Hochant une nouvelle fois la tête elle s’était demandée si c’était un bon moment pour s’excuser et filer. Finalement après une légère hésitation elle avait continué « Toowong ! Tu ne dois pas être bien loin de par chez moi alors… » Une fois de plus elle se donnait l’impression de balancer des banalités pures et dures juste pour combler le silence qui l’apeurait. Elle n’avait pas osé poser plus de questions mais l’instant de battement avait suffit pour que Joanne rajoute. « Je... ne suis plus avec son père, ça ne s'est pas très bien terminé entre nous. » C’était presque trop d’info – de celle qu’elle n’était pas sure de vouloir. « Oh… Je suis désolé pour toi… » Son regard flirtant avant le sol elle avait ajouter un léger. « Enfin je crois… » Elle ne connaissait pas les circonstances, ni celle des leur rencontre ni celles de leur séparation mais il n’en restait pas moins qu’elle ne comprenait pas comment Joanna avait pu si rapidement se jeter dans les bras d’un autre homme. Evidement elle était consciente que celui qui avait mis fin à leur mariage était Hassan, qu’il lui avait caché la vérité, qu’il l’avait mis dehors de sa vie sans lui donner plus d’explication… Mais elle continuait à se dire qu’elle s’était laissée faire bien trop facilement. Comme si ça n’avait pas compté… Et Hassan pouvait bien prétendre que sa dépression était à facteurs multiples, pour Yasmine elle était plus qu’étroitement liée à la fin de son mariage et là façon dont Joanne n’avait même pas tenté de le convaincre de rester. « Ca fait longtemps que je n'ai pas vu Sohan, non plus. Ni Qasim, je n'ai pas vraiment de ses nouvelles. Ils vont bien ? » Elle était un peu étonnée qu’elle lui demande des nouvelles à elle, sachant qu’elle avait revu Hassan plus d’une fois. « Oui… Tout le monde va bien Sohan est toujours Sohan… » Ce qui voulait bien dire qu’on ne pouvait pas attendre de lui qu’il rayonne de bonne humeur et de joie de vivre. « Les enfants de Qasim grandissent si vite… Tu ne les reconnaitrais sans doute même pas. » Sans même le vouloir elle semblait avoir lancé la première pique. « Enfin peut-être que si ça ne fait pas si longtemps. » Tentant de se rattraper il lui semblait pourtant qu’elle se sentait de plus en plus mal à l’aise et après un nouveau silence elle avait ajouté. « Tu sais on est pas obligé de faire ça… » Par ça elle entendait continuer cette conversation emplie de malaise. « On a jamais été vraiment amies donc c’est pas comme si… Enfin j’ai l’impression que ça te met aussi mal à l’aise que moi… donc… » Donc elle aurait peut-être eu meilleur temps de la saluer poliment et de faire demi tour avant de se lancer dans ce monologue. Mais c’était un peu tard pour s’en rendre compte maintenant.
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L'étrangeté de cette rencontre ne faisait que s'accentuer de seconde en seconde. Joanne ne s'était jamais véritablement demandée pourquoi elle ne s'étaient pas plus rapprochées que ça depuis tout ce temps. Elle avait connu Hassan pendant neuf ans après tout. Et durant tout ce temps, elles ne s'étaient jamais véritablement retrouvées seules, à discuter, à faire connaissance. C'était toujours durant les fêtes de famille, et les parents de Yasmine adoraient Joanne et la monopolisaient bien souvent. Il n'y avait jamais eu rien de plus, et cela était devenu inexplicable. Elles s'en étaient tenues au formalité et ça leur avait convenu jusque là. La jeune infirmière semblait s'intéresser à la fondation que dirigeait Joanne désormais. Cela donnait matière pour prolonger un peu la conversation mais elle ne saurait dire si c'était une bonne chose ou pas. "Eh bien, c'est un peu de tout. Autant les adolescents qui sont délaissés ou qui se sentent rejetés, il y en a quelques uns qui ont des idées suicidaires, mais il y a aussi des enfants bien plus jeunes, au contexte familial compliqué. J'ai récemment mis en place une crèche pour les familles en difficulté, à moindre coup le temps que la situation se stabilise pour eux, nous mettons en place des moyens pour aider ces enfants et leur permettre de reprendre le cours de leur vie avec tous les outils dont ils ont besoin. Cours personnalisé, de rattrapage, suivi psychologique... Nous avons même récemment financé une intervention chirurgicale pour un petit garçon sourd de naissance. Il a désormais des appareils pour lui permettre d'entendre, ce qui a considérablement améliorer son élocution. Et maintenant, il se passionne de piano." dit-elle avec un sourire, ravie que ce petit bonhomme revit depuis cette opération, qui était lourde mais dont il s'était très bien remis. "C'est une prise en charge relativement globale, nous nous adaptons à chaque situation qui se présente." Après avoir un peu développé son travail, les deux jeunes femmes découvrirent qu'elles vivaient désormais dans le même quartier. "C'était... compliqué, comme rupture." Elle était presque étonnée qu'elle n'en ait pas eu vent, de toute cette histoire. Ou peut-être ignorait-elle tout simplement que Joanne avait été la compagne de Jamie Keynes. Inutile de s'éterniser sur le sujet, elle n'avait pas le coeur à en dire plus. C'était pourquoi elle embraya sur Qasim, et sur Sohan. Hassan lui avait vaguement parlé de son grand frère, mais pas trop de Sohan et de Yasmine, c'était pourquoi elle demandait des nouvelles. Cela faisait plus de trois ans qu'elle n'avait pas vu les enfants de Qasim. Trois ans, pour un enfant. Ils auraient bien grandi, en si peu de temps. Elle espérait les reovir un jour, mais il y avait bien peu de chance. Les voilà toutes les deux à court de sujet de conversation, alors Yasmine fut la première à mettre les pieds dans le plat. Le coeur de Joanne se serra, mais elle devait admettre qu'elle avait raison. "Je..." La petite blonde ne savait même pas quoi dire. Il aurait été judicieux de revenir quelques minutes en arrière, et que chacune reprenne sa route. Joanne soupira. "Tu as raison." admit-elle tout bas. Elle se doutait bien que Yasmine devait lui en vouloir pour quelque chose, pour qu'elle veuille imposer ainsi autant de distance. Et la seule chose qui lui vint en tête était forcément le divorce. Encore après un long moment de silence, elle finit par dire. "Ecoute, je sais qu'on ne s'est jamais entendues, ni vraiment... parlées, à vrai dire. Et je suppose que le divorce n'a rien arrangé dans tout ça." Elle croisa les bras, le regard bien bas. "Je suppose que tu fais partie de ces personnes qui doivent se demander pourquoi je n'ai rien fait, pourquoi... j'ai simplement accepté sa demande. Il y avait quelques collègues à l'époque qui étaient dans ce sens." Certains étaient hébétés de savoir qu'elle ne s'était pas posée de questions, qu'elle n'avait pas cherché à comprendre. Le jour où Hassan avait demandé le divorce, le regard du brun en disait long. Il lui demandait justement de ne pas lutter, de ne pas rendre la tâche plus difficile qu'elle ne l'était déjà. "Tu as vécu tout ça du côté d'Hassan, et aucun d'entre vous n'a du voir d'un on oeil ma réaction mais... Tout ce que j'ai souhaité pour lui, c'était le meilleur. Et lorsqu'il a voulu se séparer de moi, après neuf ans de vie commune, je me suis dit que peut-être je ne lui suffisais plus. Qu'il avait trouvé une vie qui lui convenait plus ailleurs. Jamais je n'aurai soupçonné qu'il avait fait ça... pour moi. Pour que je puisse continuer. Alors j'ai accepté, parce que je ne voulais pas être le frein entre lui et cette vie qui lui convenait." C'était ainsi que Joanne avait perçu les choses. S'en était suivi des mois de remises en question, ce qui avait littéralement changé son caractère. Une perte totale de confiance en en elle, une bien mauvaise estime de soi, des remises en question constantes, une certaine aversion pour le contact physique masculin. Elle s'était laissée aller à sa façon. Et elle avait eu tout le temps du monde pour ressasser tout ceci, ce que pouvait penser les autres d'elle face à cette situation, et forcément Yasmine faisait partie de ces autres. Hassan savait que quelque chose avait changé en la petite blonde, il n'avait pas idée des semaines catastrophiques qu'elle avait enduré suite à la signature des papiers et la vente de leur maison. "Je comprends que tu puisses encore moins m'apprécier à cause de ça." Autant crever l'abcès, que cette rencontre ait au moins un sens et un quelconque intérêt. Il y avait beaucoup de mises au point ces derniers temps, et Joanen devinait sans problème que celle-ci doit être la dernière. Elle ne tenait pas rigueur à Yasmine, qu'elle puisse la détester, voir même la haïr. C'était normal, après tout, la belle brune ne voulait que protéger Hassan. Elle avait toujours été très protectrice avec lui.
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Elle l’avait écouté parler de longues minutes, de cette fondation, de ce qu’ils faisaient pour ses enfants, regrettant presque d’avoir posé la question, quand elle parlait de tout ce bien qu’elle aidait à faire Yasmine ne pouvait s’empêcher de se trouver idiote de ne pas l’apprécier plus, et pourtant même ses mots ne faisaient pas vraiment fuir ce sentiment étrange qu’elle ressentait au fond d’elle. Et pourtant Yasmine n’était pas de ses gens qui ont la critique facile ou qui possède une liste longue comme le bras de personne à haïr, à bien y réfléchir elle n’était même pas sur de savoir ce qu’était la haine. Même l’homme qui l’avait agressé ne lui inspirait pas un tel sentiment - au contraire elle ressentait ce besoin étrange de le retrouver et de l’aider… Elle n’était évidement pas sûre d’en être capable mais une partie d’elle ne pouvait s’empêcher de penser que c’était un homme en souffrance, sans doute malade, au moins d’alcoolisme et que de ce fait ses mains parcourant son corps n’avait été qu’une sorte d’appelle au secours… Quoi qu’il en soit elle ne haïssait pas Joanne, loin de là, il y avait juste cette sensation étrange et presque méconnue qui la saisissait en sa compagnie. « C'est une prise en charge relativement globale, nous nous adaptons à chaque situation qui se présente. » Hochant la tête Yasmine c’était à nouveau retrouvé un peu sans voix face à toutes les explications que la blonde lui avait débitées d’un coup… « Oui je vois ça… C’est bien. Ces gens ont besoin d’aide et c’est toujours bon de connaitre l’existence de ce genre d’organisation… Je pourrais peut-être la conseiller à certaines familles, quand elle ouvrira ses portes ici. C’est quoi son nom ? » C’est un réelle intérêt qu’elle montrait cette fois - étant elle même confrontée à une détresse palpable chez bien des patients et leur famille elle essayait toujours de se tenir au courant des possibilités éventuelles pour pouvoir aider ces gens. Une fois le sujet du travail épuisé en était venu un bien plus personnel, celui de la vie sentimentale de Joanne, sans qu’évidement elle ne rentre dans les détails cette dernière avait laissé comprendre qu’elle était séparée du père de son fils - relation éphémère de toute évidence - et Yasmine n’avait pas manqué de voir la tristesse qui se lisait soudainement dans son regard - ou était-ce de la déception ? Elle était bien incapable de le dire mais de toute évidence pas une émotion positive, ce qui était souvent le cas quand il était question de rupture. « C'était... compliqué, comme rupture. » Ne sachant trop quoi ressentir à cette évocation l’algérienne s’était contentée de répéter une nouvelle fois un vague. « Je suis désolé pour toi… » Sans savoir si il était aussi sincère qu’elle l’aurait voulu. Elle ne lui souhaitait évidement pas de mal, mais une partie d’elle avait l’impression que c’était un juste retour des choses qu’elle se retrouve seule… D’une certaine façon.
Finalement à court de mots la bonne chose à faire aurait été de la saluer poliment, mais ce n’était pas ce qui c’était passé. Elle avait regretté ses mots à peine ses derniers sortis. Ne se reconnaissant pas dans cette attitude sans doute un peu blessante pour la blonde. « Je… » Espérant sincèrement qu’elle ne démentirait pas elle avait regardé Joanne avec un pointe d’inquiétude dans le regard. Alors que cette dernière semblait se résigner. « Tu as raison. » Pas sûr que cette réponse soit plus satisfaisante… Le silence qui avait suivi était sans doute un des plus lourd que Yasmine n’ait jamais connu dans sa vie - jusqu’à ce que Joanne ne finisse par le couper en reprenant la parole. « Ecoute, je sais qu'on ne s'est jamais entendues, ni vraiment... parlées, à vrai dire. Et je suppose que le divorce n'a rien arrangé dans tout ça. Je suppose que tu fais partie de ces personnes qui doivent se demander pourquoi je n'ai rien fait, pourquoi... j'ai simplement accepté sa demande. » Elle ne pouvait pas le renier c’était en bonne partie du problème - même si clairement pas le seule. Yasmine avait écouté la suite des explications de Joanne en silence, ne voulant pas le couper avant qu’elle ait fini. Elle avait pourtant senti une sensation étrange la saisir petit à petit. « Alors j'ai accepté, parce que je ne voulais pas être le frein entre lui et cette vie qui lui convenait. » Hochant la tête de droite à gauche depuis quelques secondes déjà, elle avait à peine écouté sa dernière phrase concernant la façon dont elle la voyait ou pas que déjà les mots le mot lui était sorti de la bouche sans qu’elle n’ait le temps de le réfléchir. « Conneries.. » Se rendant compte de ce qu’elle venait de dire elle avait levé le regard, étonnée de sa propre réaction, que ses mots sortent de sa bouche. Elle qui était bien plus habitué à rester calme et compréhensif, elle devenait de toute évidence bien plus agressive quand le sujet concerné était Hassan. « Tu t’es dit ça Joanne vraiment ? Tu t’es pas demandé une seconde pourquoi du jour au lendemain il avait changé… Tu ne me feras pas croire qu’il n’était pas le mari parfait avec toi - qu’il ne te montrait pas qu’il t’aimait - qu’il ne te le disait jamais. Je vous ai vu… Pendant des années. Mais t’as rien fait ! T’as accepté sans même essayer de confirmer tes soupçons. Quelle genre de femme aimante fait ça ? » Elle tentait de garder son calme et pourtant sentait une colère resurgir , celle qu’elle gardait en elle depuis trop longtemps et qui en réalité n’était pas vraiment destiné à Joanne mais bien plus à Hassan… Une colère qu’elle n’osait pas montrer à son ami de peur de le perdre définitivement. « Il a fait tout ça parce qu’il pensait que tu pourrais pas supporter et tout ce que t’as trouvé à faire c’est lui prouver que c’était le cas… Qu’il pouvait pas compter sur toi. Et je suis persuadé que ça a participé à le détruire. » Elle ne voulait pas remettre toute la faute sur elle et pourtant en vrai elle n’en pensait pas moins - si le cancer avait été l’élément déclencheur, Joanne en était était la raison principale à ses yeux. Finissant toute de même par de calmer, bien consciente que ce n’était pas le lieux pour ce genre de conversation et qu’en plus de ça elle n’était personne pour lui dire ses mots elle avait repris plus avenante cette fois, soulagé de voir que personne ne semblait s’intéresser à elles jusque là. « Je sais bien que c’est lui qui a menti et qui a mis fin à votre mariage mais… T’as mis combien de temps à t’en remettre Joanne ? A trouver un autre homme et a lui faire un enfant? » Soupirant lourdement elle tentait de retenir l’émotion qui la submergeait d’un coup et la voix tremblant elle avait fini par murmurer un « Je suis désolé… » qui faisait contraste avec tout le reste. « Je veux pas être méchante c’est juste que… T’étais pas là… Tu sais pas ce que c’était… ce que c’est… Tu t’es même pas retourné, t’as jamais tenté de savoir et ça je peux pas… Je peux pas le comprendre. » Peut-être parce qu’elle en était incapable elle - tourner le dos à Hassan même quand cette situation la pesait et la tirait vers le fond… Elle ne pouvait pas s’y résoudre - pas accepter de vivre sans lui même quand il la rejetait et lui faisait autant de mal que de bien. « Alors oui… Ca influe un peu sur ce que je pense de toi mais… Ca n’a plus d’importance maintenant si ? » Si elle ne voulait pas y penser son intuition lui disait que ça en avait… Parce que tout ça n’était pas fini… Parce que Joanne avait fini - peut-être - par se rendre compte de ce qu’elle avait perdu.
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"La fondation Oliver Keynes." répondit-elle simplement, avec un sourire un peu forcé. Elle ne savait pas ce que Yasmine allait en faire, si elle comptait donner un peu d'argent ou si elle comptait s'y investir humainement lorsque la nouvelle structure aura été construite sur le territoire australien. Elle n'en savait rien. C'était bien les dernières phrases qui concluaient cette phase de conversation quelque peu acceptables entre deux femmes qui, finalement, se connaissaient à peine. La suite des événements avaient créé un malaise entre elles. Il fallait commencer à aborder un sujet épineux, qui était la rupture avec Jamie. Joanne fut très succincte, précisant uniquement que c'était compliqué, et que ça l'était encore finalement. Avec tous les événements de Londres, en partie. La petite blonde espérait mettre tout ça derrière elle, mais elle peinait affreusement. Yasmine se disait être désolée mais son interlocutrice doutait un peu de sa sincérité. Ce n'était pas comme si elles veillaient sur l'une l'autre depuis la nuit des temps, loin de là. Ca avait toujours un peu attristé Hassan, qu'il n'y ait jamais véritablement eu d'atomes crochus entre elles, alors que lui était bien incapable de se passer de l'une l'autre - de l'époque où Joanne était encore avec lui. Cette suite de pensée avait l'avait poussé à revenir sur un autre sujet difficile, qu'était le divorce avec Hassan. C'était il y a presque trois ans de ça, mais la plaie était encore bien béante pour tout le monde. Joanne justifiait sa manière de pensée et la réaction de Yasmine fut des plus spontanées. C'était la première fois qu'elle la voyait ainsi sortir les crocs et se montrer si virulente envers Joanne. Celle-ci demeura longuement muette devant de telles propos. Elle la laissait parler jusqu'au bout. Elle avait senti sa gorge se serrer et les larmes monter peu à peu devant ses yeux, se demandant si elle était véritablement faite pour la vie de couple. Elle ruinait la vie de chaque homme avec qui elle passait un peu de temps, de chaque homme qu'elle aimait. Le ton de l'Algérienne finit par se radoucir. "Non, tu ne l'es pas. Tu n'es pas désolée." rétorqua-t-elle presque sèchement, profondément blessée par ses propos. Et c'était vrai, Yasmine ne l'était pas. Peut-être qu'elle regrettait juste de s'être emporté.[color=#006699] "Et tu n'as pas la moindre idée de la manière dont moi j'ai vécu les choses, parce que nous ne nous connaissons pas. Parce que tu n'as juste pas la moindre idée de la manière dont j'essaie de gérer des choses pareilles." Que Yasmine parte aussi vite dans le jugement l'avait blessée. "Tu n'as juste aucune idée de ce qu'il s'est passé. Que si tu le connais si bien - et c'est le cas-, tu sais qu'il est bien difficile de céder à son regard, surtout celui qui suppliaient, qui me suppliaient au possible que je ne fasse pas d'histoires, que je n'envenime pas les choses, que ce soit tout aussi simple que l'a été notre relation. Alors grand bien te fasse si tu me trouves pitoyable au possible, je suis ravie de savoir que tu as une bien mauvaise estime de moi." Joanne ne se serait jamais permise de juger Yasmine. Ce n'est pas parce qu'elles n'avaient pas d'affinités qu'elle se serait permise d'être mauvaise envers elle. Elle croisa ses bras. "Alors oui ? Pourquoi je n'ai rien fait ? Pourquoi je ne me suis pas battue ? Tu veux vraiment le savoir ? Eh bien, je vais te le dire. La semaine suivant la signature des papiers, je me suis effondrée dans la rue. Et lorsque je me suis réveillée, j'étais à l'hôpital, et on m'annonce sans grande délicatesse que je venais de faire une fausse-couche, et que j'ai peu de chance de pouvoir avoir un enfant. Et tu sais, tu sais très bien combien nous voulions fonder une famille, qu'on commençait à essayer depuis des mois, mais qu'il n'y avait rien, rien du tout. Alors j'ai du me faire à l'idée que mon mari voulait divorcer, et que je venais de perdre son bébé." Difficile de dire si les larmes qui coulaient sur ses joues étaient de rage ou de tristesse. Toujours est-il que certains regards se tournaient vers elles, et ils s'efforçaient ensuite d'ignorer cette conversation houleuse et l'état de Joanne. "Et je devais me battre contre ça. Je devais me battre contre une culpabilité qui me forçait à croire qu'Hassan me reprocherait de pas réussir à tomber enceinte. Je ne me voyais pas débarquer, lui dire que je l'aimais, mais que par contre, je venais de perdre notre enfant. Je devais me faire à l'idée que je ne pourrai jamais avoir d'enfants." Cet enchaînement d'événements avait grandement détériorer le moral et la force de Joanne. "Alors oui, au bout d'un an, je suis tombée amoureuse de quelqu'un d'autre, mais tu n'as pas la moindre idée de ce que j'ai vécu avant ça. Alors oui, j'ai fini par avoir un enfant, certainement trop tôt dans ma relation, mais tu sais quoi ? Je ne me suis même pas posée la question. La question de l'avortement ne m'a même pas effleurée l'esprit parce que je savais que ça pouvait être ma seule chance d'avoir un bébé, et il était hors de question que je passe à côté." A l'époque, ils parlaient régulièrement de fonder une famille, Yasmine savait pertinemment combien Joanne rêvait d'être un jour maman. Le ton de Joanne était resté relativement calme, elle avait surtout la voix qui tremblait par moment, sur le coup de l'émotion. "Alors non, je sais bien que tu n'es absolument pas désolée, et je suis certaine qu'exprimer haut et fort ce que tu pensais tout bas pendant tout ce temps t'a fait le plus grand bien. Et effectivement, tu ne peux pas le comprendre, tu peux pas comprendre tout ça." Elle essuya rapidement ses joues bien humides et restait silencieuse quelques instants. "Au moins, maintenant, je sais que tu me reproches absolument tout, c'est toujours bon à savoir." Et en soi, c'était injuste. "Alors vas-y, mets en doute mes sentiments pour lui, mets en doute les raisons qui m'ont poussées à ne pas chercher en loin, mets ce que tu veux en doute, Yasmine. Après tout, tu as raison, tout ça n'a plus d'importance. C'est vrai... Un divorce, des fausse-couches, ça n'a aucune importance, ..." Elle secoua négativement les tête, ses yeux rouges et humides fixaient ceux de Yasmine, se fichant bien de ce que celle-ci pouvait penser d'elle désormais - Joanne ne pouvait certainement pas tomber plus bas dans son estime.
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« Non, tu ne l'es pas. Tu n'es pas désolée. » Baissant le regard un peu moins fière d’elle Yasmine s’attendait maintenant à avoir le revers de la médaille, si les mots étaient sortis sans vraiment qu’elle les maitrise, elle prenait - en regardant la réaction de Joanne - conscience de ce qu’elle venait de lui lancer au visage. Joanne avait recueilli toute sa colère, et si elle avait tenté de se nuancer un peu sur la fin les faits restaient les mêmes et ils étaient durs et brutes. Elle aurait espéré au moins ressentir un léger soulagement après ce flot de mots, mais rien. Juste l’impression qu’elle venait de mettre les pieds dans une histoire qui n’était pas la sienne. Ses mots jamais Hassan ne les dirait, elle n’était même pas sûre qu’il les pense et pourtant, il était sans doute le seul à en avoir vraiment le droit. « Et tu n'as pas la moindre idée de la manière dont moi j'ai vécu les choses, parce que nous ne nous connaissons pas. Parce que tu n'as juste pas la moindre idée de la manière dont j'essaie de gérer des choses pareilles. » Au final et même si elle ne l’avouerait pas Yasmine s’en moquait - ce qu’elle voyait c’était les faits - ce qui avait suivi le départ de Joanne, et il était évident qu’elle ne comprenait ni le raisonnement ni la décision de celle qui avait un jour été la femme d’Hassan. Ecoutant Joanne rétorquer et tenter de se défendre elle ne pouvait que trouver sa plaidoirie un peu fausse. Evidement elle savait à quel point il était dur de résister à Hassan, quand il était suppliant, quand il savait trouver les bons arguments et pourtant ça restait toujours mieux que de ne rien faire à son avis. Toujours mieux que de tourner le dos et de passer à autre chose aussi vite que possible comme si 10ans de relation n’avait même pas compté. « Alors grand bien te fasse si tu me trouves pitoyable au possible, je suis ravie de savoir que tu as une bien mauvaise estime de moi. » Elle même n’aurait jamais utilisé un mot tel que pitoyable, elle n’était même pas sur de penser un telle chose de la blonde, son avis étant au final bien plus mitigé que ça - plus mitigé aussi que ce qu’elle avait bien voulu lui dire - son besoin de protéger son ami primant sur le faite d’avouer qu’elle reconnaissait sa grande part d’erreur dans toute cette histoire. « Alors oui ? Pourquoi je n'ai rien fait ? Pourquoi je ne me suis pas battue ? Tu veux vraiment le savoir ? Eh bien, je vais te le dire. » Est-ce qu’elle le voulait ? Est-ce que ça avait vraiment de l’importance ? Elle en doutait aujourd’hui et pourtant elle avait eu le droit à ce que Joanne pensait sans doute être une grande révélation, ignorant en fait que l’algérienne connaissait l’existence de cette fausse couche qui avait été révélée à Hassan au pire moment possible.
Cependant face aux larmes de la blonde Yasmine n’en menait pas large, la méchanceté n’avait jamais réellement fait parti de ses armes. A bien y réfléchir elle ne se souvenait pas, avant aujourd’hui, avoir déjà fait pleurer quelqu’un… Pas comme ça en tout cas… Pas avec des mots ni avec sa colère. Evidement elle comprenait qu’elle n’était pas la seule cause de cette tristesse, que cette conversation faisait ressortir des souvenirs très douloureux chez la jeune femme - et contrairement à ce que Joanne pouvait penser elle ne se réjouissait pas de la voir comme ça - ça ne lui procurait aucune sensation de bien être ni même de justice… Elle se sentait juste coupable. « Et je devais me battre contre ça. Je devais me battre contre une culpabilité qui me forçait à croire qu'Hassan me reprocherait de pas réussir à tomber enceinte. » De toute évidence elle avait perdu le combat, ou elle l’avait abandonné. Et puis d’où sortait cette phrase elle n’en savait trop rien - mais quelque chose en elle commençait à se dire qu’il y avait quelque chose de pathologique dans cette façon d’agir - de tout prendre sur soi - de penser que l’on est pas assez bien jamais et si ça ne changeait pas son avis sur la situation elle avait en même temps un peu de peine pour elle. Cependant, comprendre ses arguments était encore hors de porté pour Yasmine. « J’étais au courant pour la fausse couche Joanne, et j’en suis tellement désolé… Vraiment… » Ce n’était pas de paroles en l’air cette fois. « Personne ne mérite ça. » Elle pouvait à peine imaginer la douleur que c’était d’attendre ça si impatiemment pour se le voir enlevé sous le nez. Et là encore elle se retenait de parler de la façon dont elle avait avoué cette fausse couche à Hassan sans en mesurer l’impact, tout comme elle le faisait avec elle - comme pour la faire culpabilisé de lui avoir dit ce qu’elle pensait. « Mais ça change pas grand chose aux faits pour moi… Ces explications c’est… Je trouve pas de logique là-dedans peut-être que je suis naïve mais pour moi s’aimer c’est être là malgré tout... Malgré toutes les excuses que tu pourras me sortir… Et c’est tellement pas le genre d’Hassan de jeter une femme parce qu’elle lui donne pas ce qu’il veut, comme il le veut. Je ne sais pas comment tu as pu penser ça. » Peut-être ne comprenait-elle pas parce qu’elle n’avait pas été confronté à ça. Mais il n’en restait pas moins que jamais elle n’avait tenté de confirmer ses doutes - de s’assurer qu’il la quittait pour ses raisons stupides qu’elle évoquait et qui bafouaient presque la dignité de son ami. « On est au moins d’accord pour dire qu’on ne se comprend pas… Mais contrairement à ce que tu crois je ne fais pas ça par méchanceté ou je ne sais quoi… Je refuse juste de faire de toi une victime dans cette histoire. La pauvre femme qui n’était pas au courant… C’est trop simple. » Remarquant que quelques regards se posaient maintenant sur elles et plus particulièrement sur Joanne et son visage inondé de larme Yasmine avait laissé un moment de silence se tournant vers le tableau en ne sachant trop quoi ajouter. « Et je n’ai jamais prétendu qu’Hassan n’avait pas sa part de responsabilité c’est juste que t’entendre prétendre que tout ça c’était pour son bien… » Soupirant lourdement elle avait conclu avec un : « T’as pas idée à quel point t’as tord. » C’était d’ailleurs ce qui l’avait fait sortir de ses gonds. Cette impression que Joanne essayait de se déculpabiliser en prétextant qu’elle avait fait au mieux alors que pour Yasmine elle avait eu faux… Et ce sur toute la ligne.
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[color=#006699]Le saut de méchanceté de Yasmine avait particulièrement blessé Joanne, plus qu'on ne pouvait le croire et qu'elle ne voulait bien le laisser transparaître. Elle avait déjà appris début du mois pour la tentative de suicide d'Hassan. Ca avait été un véritable choc pour elle, avec tout son lot de culpabilité dès qu'elle avait su la date, et regardant à ce que ça correspondait, avec leurs multiples rencontres. Et comme si ce n'était pas suffisant, Yasmine lui crachait au visage que son acte, ce n'était pratiquement que de la faute à Joanne, réprimant sa manière d'agir face à l'annonce du divorce et les suites. L'Algérienne n'avait jamais été là pour témoigner de l'était la petite blonde suite à la signature des papiers. Certes, elle était auprès de son ami, qu'elle vénérait au possible, certes, la situation avait du être difficile pour tout le monde dans cette histoire. Alors à côté, la brune n'en avait rien à faire de ce qu'avait vécu Joanne. Et ces remarques ne faisaient que creuser ce sentiment de solitude qu'elle pensait avoir comblé. Personne ne voulait comprendre, personne ne voulait l'entendre même. Non, tout le monde préférait juger irrémédiablement ses actes et ses réactions sans connaître le fond, rien de plus. Ce n'était qu'un élément parmi tant d'autres de ce qui avait blessé Joanne. Les paroles de Yasmine s'apparentaient alors à un coup de poignard à chaque mot prononcé. Difficile de retenir ses larmes avec pareille douleur. "Ah bon, tu le sais..." Sur le moment, elle maudissait Hassan d'en avoir parlé, ça ne pouvait être que lui. Elle n'en parlait presque à personne. A vrai dire, il n'y avait que son entourage proche qui était au courant et Hassan se permettait de le dire, certes, à une femme avec qui il était incroyablement -peut-être trop ?- proche. Mais elle ne l'était pas avec Joanne, il n'y avait donc pas lieu qu'elle soit au courant de ce genre d'informations, à moins qu'elle ne le délivre par sa propre volonté. Sur le coup de toute cette émotion, elle se sentait presque trahie, et ce n'était pas pour arranger les choses. Encore une fois, elle ne la croyait pas Yasmine lorsqu'elle disait être désolée. "Eh bien Hassan ne voulait pas que je sois là, Yasmine. Il me l'a dit." rétorqua-t-elle, les joues toujours bien humides de larmes. "Je ne te souhaite pas d'avoir ce genre de problèmes, mais lorsque tu l'apprends, que tu as peu de chance d'avoir un enfant alors que c'est la seule chose dont tu rêves, certaines idées te montent à la tête. Même les choses les plus incohérentes qui soient. Tout prend étrangement sens." Il fallait le vivre pour le comprendre, c'était certain. Yasmine se positionnait sur quelque chose qu'elle ne connaissait pas. Mais encore une fois, elle trouvait les justes mots pour meurtri encore et encore Joanne. "Eh bien non, ce n'est pas simple. Certes, on ne se comprend pas, mais tu ne fais même pas l'effort. Comme tout le monde, tu restes bornée sur tes idées, à défendre coûte que coûte Hassan et à faire de moi la grande coupable de toute cette histoire. C'est peut-être de ma faute qu'il soit tombé malade ? Tu crois que je ne m'en veux pas une seconde depuis que Fatima avait jugé bon de m'en parler ? Si tu voulais me faire culpabiliser encore plus que ce n'est déjà le cas, je te rassure, tu as bien réussi ton coût. Mais je refuse que tu te permettes de prétendre que tout a été simple pour moi. Là, c'est toi qui as tort." Joanne finit par sortir un mouchoir de son sac à main pour sécher son visage. "Tu as toujours été protectrice avec lui, et quelque part, je t'en suis redevable, parce que tu l'as toujours connu mieux que moi. Mai de l'être autant, et de monter autant sur tes grands chevaux... ça ne peut pas qu'être amical." Elle fixa ensuite Yasmine. "C'est juste impossible que ce ne soit qu'amical, Yasmine." On défendait un ami, certes, mais que ce soit aussi dans l'excès, c'était douteux. "Je suis même presque tentée de dire que tu es amoureuse de lui. A me faire la leçon sur ce que devrait être une épouse parfaite, ce que j'aurai du faire dans ces circonstances... c'est parce que tu t'imaginais à ma place, pas vrai ? Que toi tu n'aurais au grand jamais réagi comme je l'ai fait, c'est ça ?" Joanne savait que son esprit lui jouait souvent des tours, mais là, elle était assez sûre de ce qu'elle avançait. "Et pour que tu réagisses autant sur le divorce, tu dois l'aimer depuis bien avant ça, peut-être même avant le mariage, j'en sais rien." Ce qui un créa un certain sentiment de malaise entre elles, soudainement. C'était certainement pour ça qu'elles ne s'étaient jamais entendues, Yasmine n'aurait jamais voulu se rapprocher de celle à qui elle enviait la place. Joanne expira longuement, espérant trouver quelque part la force de se calmer, en vain. "J'espère au moins que tu as pu soulager ta conscience en me disant tout ce que tu pensais. Tu voulais me blesser ? Tu as réussi. Tu voulais me faire culpabiliser encore plus que je ne l'étais déjà ? Tu as réussi aussi. Alors j'espère que ça valait le coup pour toi, que ça en valait la peine, et que tu te sens mieux maintenant que tu as eu l'occasion parfaite d'extérioriser tout ça." conclut-elle, les yeux toujours bien bordés de larmes. "Et non, tu n'es pas désolée, pour quoi que ce soit." reprit-elle. "Et je ne souhaiterai jamais à personne de vivre une fausse-couche. Pas à toi, ni même à mes pires ennemies, si j'en ai. J'ai assez donné en la matière pour savoir ce que c'est." Parce que ce n'était pas sa seule fausse-couche. Elle en avait deux autres par la suite. "Tu peux continuer à m'en vouloir la conscience tranquille. Mais au lieu de me détester, de me penser pitoyable, de me dire à quel point j'ai tort et que rien de ce que j'ai pu faire ou dire n'a de grâce à tes yeux, tu devrais déjà lui avouer tes sentiments pour lui. Ce n'est bon ni pour lui, ni pour toi, d'attendre aussi longtemps." lui conseilla-t-elle tout de même. Elle se gardait bien de dire qu'elle avait encore des sentiments pour lui, cela ne venait qu'à envenimer les choses et elle se disait que Yasmine voudrait encore lui faire la leçon. "Qu'est-ce qu'il faut pas faire pour passer une bonne soirée à Brisbane ?" souffla-t-elle tout bas. A chaque fois qu'elle sortait ces derniers temps, ça finissait par un désastre. Autant partir, elle n'avait pas le coeur à rester ici. "Je te souhaite une bonne continuation, vraiment." finit-elle par dire, avec sincérité, en se forçant à sourire malgré les pleurs qui étaient perpétuels. "Et... merci pour ton honnêteté." Malgré tout, sa voix restait douce, elle n'était pas montée dans les tours comme Yasmine avait fait, et respectait ce qu'elle avait dit. Elle l'avait bien entendu, et bien retenu aussi. Elle ne lui en voulait pas de s'être montrée si agressive, ni de l'avoir heurtée et meurtrie au possible. Elle finit par tourner ses talons, comptant bien partir de cet endroit et rentrer chez elle, à ressasser tout ce qui venait de lui être dit, parce qu'apparemment, c'était la seule chose bien qu'elle arrivait à faire, dernièrement.
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« Eh bien Hassan ne voulait pas que je sois là, Yasmine. Il me l'a dit. » C’était trop simple - de s’excuser en prétextant que c’était ce qu’Hassan voulait - comme si il ne l’avait pas fait pour la protéger elle - comme si au final elle n’était pas soulagée de ne pas avoir à affronter ça. Cette vérité là Yasmine pouvait l’entendre, voir son ami changer au fil des mois n’avait pas été simple et elle ne doutait pas que pour Joanne qui était sa compagne tout ça aurait pu être encore plus dur… Mais est-ce que ce n’était pas le point quand on se marie ? Pour le meilleur et pour le pire - pour être un soutien, pour rester… C’était en tout cas des notions qui lui tenaient personnellement à coeur. A quoi servait sinon ce bout de papier ridicule ? « Tu es vraiment assez naïve pour penser qu’il voulait sincèrement que tu partes ? » Qu’il n’aurait pas voulu au contraire qu’elle lui prouve que son amour était bien plus fort que la maladie - plus fort que son esprit un peu pervers qui avait ressenti le besoin de se couper de tous les gens qui comptaient pour lui. « Eh bien non, ce n'est pas simple. Certes, on ne se comprend pas, mais tu ne fais même pas l’effort. » Une fois de plus elle lui donnait cette impression de se poser en pauvre victime ce qui ne faisait que d’agacer un peu plus Yasmine. Pourquoi c’était elle lancé dans cette conversation au final ? C’était idiot - ce ne menait à rien et de toute façon elle n’était même pas sûr que ça apporte quoi que ce soit à Joanne ou la fasse réagir - elle semblait au contraire encore plus se victimiser - maintenant en plus d’avoir été quitté par son mari et d’avoir fait une fausse couche, la méchante Yasmine était venue la critiquer. Ca lui faisait étrange pourtant… D’être la méchant de l’histoire - parce que ce n’était pas un position qu’elle était habituée à avoir - parce que si toute cette histoire ne concernait pas Hassan probablement qu’elle aurait su voir les choses autrement - qu’elle aurait été plus compréhensive. « Si tu culpabilises tellement pourquoi être revenue dans sa vie ? » Au fond d’elle et sans laisser parler sa jalousie, ce retour lui faisait sincèrement peur pour son ami. Joanne avait déjà su lui prouver qu’il ne pouvait pas compter sur elle dans les cas de coup dur - elle ne voulait pas qu’il se prenne une nouvelle claque - elle n’était d’ailleurs même pas sûr qu’il y survive cette fois. « Tu as toujours été protectrice avec lui, et quelque part, je t'en suis redevable, parce que tu l'as toujours connu mieux que moi. Mai de l'être autant, et de monter autant sur tes grands chevaux... ça ne peut pas qu'être amical. » Fronçant les sourcils Yasmine était restée un instant interdite face à ce retournement de situation inattendu, se demandant d’où venait cette soudaine information et ce qu’elle apportait à la conversation. « C'est juste impossible que ce ne soit qu'amical, Yasmine. » Sentant un certain malaise la saisir elle avait pourtant continué de la regarder sans faiblir son ton laissant devenir que Joanne aurait meilleur temps de ne pas s’aventurer sur ce sujet. « Je ne vois vraiment pas le rapport. » Et si Joanne était la dernière personne a qui elle était prêt à avouer ses sentiments pour Hassan, elle se savait capable d’agir de la sorte pour son frère - ou toute personne à qui elle tenait profondément et au de la de son amour pour lui, Hassan était une de ses personnes. « Je suis même presque tentée de dire que tu es amoureuse de lui. A me faire la leçon sur ce que devrait être une épouse parfaite, ce que j'aurai du faire dans ces circonstances... c'est parce que tu t'imaginais à ma place, pas vrai ? Que toi tu n'aurais au grand jamais réagi comme je l'ai fait, c'est ça ? » Laissant un léger rire sortir de sa bouche elle avait secoué la tête cherchant comment répondre à ce qui sonnait à ses oreilles comme une accusation « Et pour que tu réagisses autant sur le divorce, tu dois l'aimer depuis bien avant ça, peut-être même avant le mariage, j'en sais rien. » « Effectivement tu n’en sais rien. Et ça ne te regarde pas. » Son ton était encore plus froid que précédemment. « Les sentiments que j’ai ou pas pour Hassan n’ont rien à voir avec cette conversation et ne te concernent pas du tout. Mais tu as raison je le connais depuis toujours et de toute évidence bien mieux que toi. » Même si ces derniers mois elle en doutait. « Et femme ou pas femme je suis restée… Si tu crois que tu es la seule personne qu’il a tenté de rejeter, tu te trompes. Mais tout le monde ne choisit pas de tourner le dos à des années de relations. » Amoureuse ou non il lui semblait que ce n’était pas la question. De toute façon Hassan n’avait toujours aimé que Joanne et jamais Yasmine n’avait interféré dans cette relation - dans aucune de ses relations. Elle était toujours restée bien sagement à sa place - jusqu’à aujourd’hui peut-être. Joanne reprenant alors un nouvelle tirade de martyre, Yasmine avait cette fois levé légèrement les yeux au ciel - si la première réaction de Joanne avait crée une vrai culpabilité chez Yasmine, plus la blonde semblait parler moins Yasmine sentait cette impression en elle. « Et non, tu n'es pas désolée, pour quoi que ce soit. » Soupirant lourdement Yasmine avait hésité à tourner maintenant les talons avant que cette conversation ne s’enlise un peu plus. « Tout comme de toute évidence je ne sais rien de ce que tu ressens, toi non plus tu ne connais rien de mes sentiments. Alors arrête de prétendre que tu sais mieux que moi ce que je ressens. » Parce qu’elle avait tord - parce qu’une partie d’elle s’en voulait même si l’autre ne pouvait s’empêcher de se dire que c’était encore bien peu face à ce que les mots et les réactions de Joanne avait pu avoir comme impact sur Hassan. Cette culpabilité que Joanne semblait prétendre porter, elle ne lui avait pas semblé si claire du premier abord et encore moins quand elle connaissait les circonstances de ses rencontres avec Hassan et la façon dont elle lui avait jeté son bonheur au visage encore un fois sans rien savoir de la réelle situation qu’elle avait fuit. « Tu peux continuer à m'en vouloir la conscience tranquille. Mais au lieu de me détester, de me penser pitoyable, de me dire à quel point j'ai tort et que rien de ce que j'ai pu faire ou dire n'a de grâce à tes yeux. » Bon dieu, comme cette manière de déformer ses propos pouvait l’agacer. « Tu devrais déjà lui avouer tes sentiments pour lui. Ce n'est bon ni pour lui, ni pour toi, d'attendre aussi longtemps. » Secouant la tête en se mordant un peu nerveusement la lèvre elle avait eu une soudaine envie de lui hurler de se mêler de ses affaires et de rester loin d’elle et surtout d’Hassan - mais elle savait bien que c’était mal honnête et que ce n’était une fois de plus pas sa place. Et avait au lieu de ça gardé son calme en lui répondant. « Très honnêtement Joanne… Quand je vois comme tu es capable de savoir ce qui est bon pour Hassan ou pas… je crois que je vais me passer de suivre le moindre de tes conseilles. » Si elle n’avait jamais avoué ses sentiments à Hassan c’était pour des raisons qui la concernaient - et parce qu’elle était bien consciente que ça n'aiderait en aucun cas Hassan dans cette période déjà bien assez compliqué de sa vie. « Je te souhaite une bonne continuation, vraiment. » Elle aurait voulu lui dire de même - une partie d’elle d’ailleurs lui hurlait de ne pas la laisser partir comme ça - sans au moins une note positive - mais incapable de dire un mot de plus Yasmine avait simplement hoché la tête. « Et... merci pour ton honnêteté. » Un peu interloquée par ce soudain remerciement qui semblait contrecarrer tout ce qu’elle avait dit jusque là elle avait laissé Joanne tourner les talons sans lui dire un mots de plus. De toute évidence elle avait dit tout ce qu’elle avait à dire.