Ca y est. Valises en main, j’étais paré. Je me casse d’ici. Je jette un dernier regard derrière moi. Cette maison dans laquelle j’avais passé beaucoup de temps, pas forcément avec ma femme, mais qui me rappelait en même temps des bons mais aussi des mauvais souvenirs. Surtout les mauvais. Non, malgré le fait que nous soyons toujours mariés et donc dans l’incapacité de vendre tout de suite la maison, je préfère m’en aller. Plus rien ne va. L’amnésie de Sawyer n’arrange rien, et je pète juste encore plus un plomb. Ca m’achève, réellement, et même si elle compte beaucoup pour moi également, il faut que je pense enfin à moi, j’en peux vraiment plus. Mais voilà que sur le palier, téléphone à la main pour appeler un taxi, je me demande chez qui je vais bien pouvoir crécher. Amy ? Pourquoi pas. Selina ? Hors de question. Andrew ? Il a sa vie. Velvet ? Tiens, je viens de me rappeler de son invitation. Je ne sais pas, je n’ose pas trop à vrai dire. Est-ce que son invitation était réellement sincère ? Je ne sais trop. Voilà que j’ai comme l’horrible envie de rentrer dans mon chez-moi. Non ce n’est plus chez moi. Et le taxi, faut que je l’appelle. Je vais passer au boulot d’abord. Je vais m’installer et voir avec ces personnes chez qui je pourrais bien aller. Une fois dans les vestiaires, j’hésite. Mais le premier numéro que je compose c’est alors celui de Velvet. Je ne sais pas pourquoi. Sûrement parce que c’est celle que je connais le moins et que j’ose plus déranger ? Oui ça doit être ça, même si c’est terriblement tordu. Bon c’est aussi parce que je sais que j’aurais davantage d’intimité, vu qu’apparemment c’est trop grand chez elle. Chez Selina également, mais il y a ses frères et sœurs qui viennent chez elle souvent. Alors bien sûr si la proposition de Velvet ne tient plus, je pourrais toujours aller chez ma sœur. Velvet ? Oui bonjour, c’est Shane. Le pauvre type du bar qui s’est fait tromper minablement par sa femme avec une autre. Ouais je ne savais pas trop comment me présenter, et piouf c’est fou comme ça fait mal de dire encore cette chose-là.
Dernière édition par Shane Buckley le Jeu 19 Mai 2016 - 11:59, édité 1 fois
Velvet s’était lancé dans un ménage complet et minutieux de sa villa. Cela lui était venue comme une envie de pizza, non pas que sa demeure fût sale mais elle n’avait rien de mieux à faire et peu désireuse de continuer à tourner en rond comme un lion en cage, elle s’était dit que cela l’occuperait. Pour les trois derniers jours, aujourd’hui elle attaquait enfin la dernière partie de la maison. Le point négatif à vivre dans une villa telle que la sienne, c’était la surface à nettoyer qui devenait rapidement impressionnante, insurmontable même. Elle se promit de se payer les services d’une femme de ménage, ou d’un homme d’ailleurs, elle n’avait rien contre mélanger un peu les genres. De toute façon, avec sa prochaine reprise de travail, l’avocate n’avait guère le choix que d’opter pour cette solution, au de ses horaires habituelles. Lorsqu’elle finit enfin, elle partit s’affaler sur son canapé d’angle, lâchant un soupir d’épuisement. Elle comprenait fort bien son aversion pour ce genre d’activité et peinait à comprendre toutes ces femmes qui délaissaient leur carrière pour s’y consacrer. Elle ne les critiquait nullement, après tout chacun était libre de ses choix, néanmoins… l’incompréhension était bel et bien là. Alors que Velvet s’endormait peu à peu, son téléphone retentit, la faisant au passage bondir du sofa avec un petit cri. Elle ne reconnut pas le numéro aussi décrocha-t-elle avec prudence, elle veillait à ce que peu de personne ait accès à cette ligne. « Oui ? » Elle se redressa, se frottant les yeux comme pour retrouver ses marques dans la réalité. « Oh, vous, je m’en souviens » bien sûr qu’elle s’en souvenait, ce n’était pas tous les jours que l’on avait l’occasion de croiser quelqu’un avec le même parcours, surtout au vu de la spécificité de la situation. « Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? » Peut-être voulait-il aller boire un verre, et discuter, parait-il que ça aide dans ce genre de situations et elle était certainement la mieux placée pour comprendre ce qu’il traversait.
Je stressais totalement. Je voulais même raccrocher fissa avant même qu’elle ne me pose cette question, qu’est-ce qu’elle pouvait faire pour moi. Bien trop de chose. Elle n’a aucune raison d’accepter, tout comme elle n’avait aucune raison de me le proposer à la base. Mais c’était trop tard. Valises en main, je n’avais plus trop le choix, et le taxi n’allait pas tarder. Bon, fallait que j’aille bosser avant mais bon. Si je ne le faisais pas, j’allais m’enfermer à l’hôtel, tout seul, à déprimer de nouveau comme un rat mort, parce que oui, j’y ai passé un peu trop de temps déjà. Et l’idée de me retrouver seul me faisait un peu peur. Je n’ai clairement pas besoin de solitude en ce moment. J’arrive à peine à me relever de cette pitoyable dépression, pas besoin que je m’en rajoute encore une couche. Je soufflais un bon coup, avant de répondre à Velvet Ca va vous paraître sûrement très osé, mais je voulais savoir si votre proposition d’hébergement tenait toujours. Après tout, on avait bu, et vous avait été un peu trop enthousiaste, aussi je comprendrais que vous ne vouliez plus m’héberger. Respiration, inspiration, expiration. J’avais un peu trop vite enchaîné cette dernière phrase tellement le stress m’avait conquis. D’un côté j’espérais qu’elle me dise oui, pour ne pas à avoir à retourner à l’hôtel le temps de trouver un back up, mais je ne voulais clairement pas m’incruster, et ça ferait peut-être étrange de loger dans la même maison que la proprio. Oui parce qu’il était hors de question que je me fasse simplement héberger sans contre partie payante.
Dernière édition par Shane Buckley le Jeu 19 Mai 2016 - 11:59, édité 1 fois
Boire un verre ou bien discuter, Velvet n'avait rien contre. La solitude commençait à lui peser et elle ne pouvait décemment sans cesse déranger son frère ni sa meilleure amie pour tout et rien. Leur univers ne tournait pas autour de sa petite personne, il y avait toujours sa mère qui n'attendait que ça qu'elle l'appelle, mais l'avocate savait pertinemment ce que cela impliquait et...non. Ce n'était pas du tout une bonne idée. Elle voyait venir des propos moralisateurs, sa mère s'était prise d'affection pour Jeremy et ne voyait personne pour endosser le rôle de son beau-fils, imaginez alors la tragédie que ca été pour elle d'apprendre la fin de cette union. La tristesse avait été sûrement plus vive que pour Velvet et cette dernière n'était pas prête à écouter ses reproches sur son incapacité à garder un homme, sur le fait qu'elle trouverait pas meilleur parti que lui et il lui faudrait chercher un moyen pour le récupérer. Bref, cette simple idée la fatiguait déjà. oui bien sûr qu'elle tient toujours ! plutôt deux fois qu'une fois faillit-elle ajouter. Elle n'était pas assez saoule durant leur première rencontre pour ne pas s'en souvenir ou l'avoir fait sur un coup de tête. tu voudrais emménager quand ? elle était passée au tutoiement, après tout entre futurs colocataires, la familiarité était de mise.
Je m’étais encore mis la pression tout seul et apparemment pour rien. Parce que Velvet me confirma que sa proposition tenait toujours. Je me suis senti tout à coup terriblement soulagé. Au revoir fichu hôtel de merde. Bon d’accord, je n’avais pas non plus crécher dans un deux étoiles, j’ai assez de moyens pour me permettre un plus bel hôtel, mais la froideur de leur chambre, sans décoration, sans vie humain, juste des passages, c’est horriblement inquiétant et désespérant. Parce que non, ça ne m’avait pas aidé dans l’arrêt de ma dépression, non, ce qui m’avait aidé, c’était de savoir que j’allais être père. J’ai de nouveau eu un nouveau but dans ma vie, et je me sentais de nouveau revivre, utile. Velvet me demanda alors quand est-ce que je voudrais emménager Et bien, je dois passer à l’hôpital, mais j’aimerais bien venir dès ce soir, si c’est possible ? Lui demandais-je, me trouvant encore sans gêne, alors que je pourrais me ronger les ongles jusqu’au sang si ça avait été mon truc. Le seul sang que je vois sortir de mes mains, c’est quand je me plante un couteau dans la main ou quand je frappe le mur avec un clou pas loin, parce que je me suis fait cocufier. Bref, plus de sang, plus de malheur, plus de désespoir par pitié. J’en profitais pour prévenir en plus Velvet, au cas où ça lui poserait problème, sait-on jamais Au fait, est-ce qu’un bébé qui viendrait de temps en temps, te poserait problème ? Lui demandais-je alors que je m’installais dans mon taxi.
la curiosité était un bien vilain défaut disait-on, mais elle n’était pas de cet avis, après tout, ils allaient bientôt devenir colocataire, aussi n’était-il pas de son devoir de se soucier de la santé de son voisin de palier ? Assurément que oui ! Cela faisait d’elle une hôte des plus agréables et avenantes, ou quelque chose dans le genre.
« Ce soir, il n’y a aucun problème »
l’on pouvait sentir le sourire dans la voix. Cela lui laissait un peu de temps pour vérifier que rien ne trahissait sa vie de célibataire, l’on n’était jamais assez prudent, autant avait-elle oublié quelques recoins durant sa matinée ménage. Elle se devait de bien présenter, au moins pour le premier jour et ensuite, eh bien, il finirait par s’accommoder. Et surtout, elles espérait qu’il sache cuisiner, ah, Dieu que Jeremy lui manquait.
« Un bébé, à priori non, quelle tranche d’âge ? »
Et en plus il y avait un bébé dans cette histoire de coucherie ? Cela ne rendrait pas les choses simples, comment s’y prendraient-ils pour lui expliquer que ses parents se sont séparés car maman préférait les filles ? Les enfants ont beau comprendre mais cela n’empêche cela risque de rendre les dîners de famille quelque peu tendus, peut-être que d’ici là avec la libération des mœurs, il sera plus à même de l’accepter.
« Enfin, il n’y a pas de problème pour ma part en tout cas »
Et c’était vrai puisqu’elle aimait les enfants, passant d’ailleurs énormément de temps avec les enfants de ses plus proches amis alors que les questions fusaient sur sa situation à elle, à savoir quand passerait-elle le cap, pour sa part il était trop tard, à quarante ans, difficile de retrouver la ligne et puis elle n’avait aucune envie d’être prise pour la grand-mère de son enfant en emmenant ce dernier à l’école.
Ne lui avais-je pas dit que j’étais médecin urgentiste ? Peut-être pas, je ne m’en souviens plus à vrai dire, peut-être même qu’elle ne m’avait pas donné le sien d’ailleurs, je ne me souvenais pas d’avoir entendu. Ah si, avocate, en plus c’est marqué sur sa carte tiens donc. Bref, je lui réponds donc tout en riant légèrement Tout va bien, ne t’inquiète pas, j’y vais pour bosser simplement. Du coup je ne sais pas si je t’avais dit que j’étais médecin urgentiste. Lui expliquais-je alors avant qu’elle ne rajoute qu’il n’y avait aucun problème pour ce soir. C’était parfait, je souriais et la remerciais encore une fois. Mais je me devais de lui demander si les bébés la dérangeaient, après tout, je serais son locataire et les proprios ont le dernier mot. Mais franchement, ça ne me déplaît pas tant que ça, sûrement aussi parce que je sais que ce sera temporaire. Ou pas. Je verrais bien. Il n’est pas encore né. Ou elle, d’ailleurs. On veut avoir la surprise avec la mère. Lui disais-je alors tout sourire, tout fier, malgré le fait que je ne sois pas avec la maman. Elle rajouta encore une fois qu’il n’y avait pas de problème Je te remercie infiniment. Vraiment. Je ne te retiens pas plus longtemps, je te dis à ce soir dans ce cas-là. Et merci encore. Oui je n’arrêtais pas de la remercier, mais c’est tellement gentil de sa part de m’héberger de la sorte, que je ne peux m’empêcher de la remercier à l’infini. Le trajet pour l’hôpital en fut bien plus court, malgré tous les bagages que je m’étais trimballé jusqu’à mon casier. J’ai assez confiance en mes collègues pour laisser mes bagages dans la salle de repos. Et au moins, j’allais passer une excellente journée au boulot. Ca fait du bien d’être enfin libre !
Et l’on ne pouvait pas dire qu’il y ait vraiment eu un moment dans leur discussion où cela aurait été judicieux de mettre sur la table. Shane n’avait pas été des plus bavards, quoi de plus normal au vu de la situation qui lui explosait en pleine tête.
« Chouette boulot »
Il n’y avait aucune espèce de pertinence à cette remarque mais elle tenait à le formuler, car c’était un travail plus louable que le sien, qu’elle considérait par moment comme dans la prostitution. Elle en avait pris des affaires que sa morale reprouvait mais grandement appréciées par son comptable. Aujourd’hui elle tentait de se rattraper, maintenant que le cabinet était considéré comme l’un des meilleurs de Brisbane, il lui fallait réparer les tords qu’avait engendré cet ascension.
« D’accord, en tout cas il n’y a pas de problèmes »
Elle entendait sa fierté et au vu de des paroles de Shane, soit elle avait mal entendu, soit elle était certaine que l’enfant n’était pas avec sa femme. Enfin, ce n’était pas ses histoires, même si elle avouait volontiers être curieuse d’en savoir plus sur ce point, les joies d’avoir une existence vide.
« Pas de problème et à ce soir alors »
Et elle raccrocha. Sa vie dans cette nouvelle maison promettait d’être intéressante.
Accueil
(