Une alliance dangereuse ➶ Blake & Jameson

UNE ALLIANCE DANGEREUSE ➶ blake & jameson

Rester concentrée sur les propos de Mark Thompson devenait une tâche de plus en plus ardue. Nous avions commencé la réunion au petit matin, et ça faisait maintenant trois heures que je l’écoutais tergiverser sur les résultats et l’image d’Ashburn Rose, le cabinet d’avocats dans lequel nous étions tous deux associés. Nous étions en tout un peu moins d’une dizaine à subir les propos qui semblaient tant passionner mon collègue. Donald Ashburn et Lowen Rose, les deux fondateurs, s’en sortaient le mieux, avec des hochements de tête si bien placés qu’on pouvait presque croire qu’ils buvaient ses paroles. Les autres se noyaient dans leurs tasses de café pour tenter de garder les yeux ouverts. Quant à moi, j’avais tout simplement décroché. Mes pensées allaient du pigeon qui s’évertuait à construire un nid – je croyais – au niveau de la fenêtre derrière Thompson, aux dossiers sur lesquels je devrais être en train de travailler. Il me pardonnerait. Il savait que la direction marketing de notre cabinet était loin d’être mon domaine et me l'excusait largement, puisque j’étais de loin l’avocate qui ramenait le plus gros chiffre d'affaires, et ce malgré ma journée de travail bénévole hebdomadaire. Mon absence de vie privée me donnait un avantage non négligeable sur nos compères, tous mariés et pères de famille. Après un moment qui me sembla interminable, ma montre a indiqué midi, et je me suis levée, sous les yeux offusqués de mes collègues.

- Un problème Jameson ?, me demanda froidement Donald. Il y a peut-être une autre réunion plus importante que tu dois honorer de ta présence ?

Ce vieux con n’allait décidément pas me lâcher. Depuis que j’avais merdé avec Adriel West (une erreur de parcours que j’avais corrigée depuis des semaines), il se sentait en position de critiquer mes moindres faits et gestes. J’avais bien envie de l’envoyer se faire foutre, en lui rappelant les chiffres merdiques qu’il avait généré le dernier semestre et les trois procès qu’il avait perdu, au lieu de quoi je me suis mordu la langue. Don’ était à baffer, mais les privilèges qui découlaient de mon job étaient assez conséquents pour que je puisse supporter son attitude mesquine.

- J’ai un déjeuner avec une potentielle cliente, répondis-je entre mes dents. Étant donné que c’est programmé depuis une semaine et que j’ai appris l’existence de cette réunion hier, il était hors de question que j’annule.

Ça lui en bouchait un coin. Il a plissé le nez et les lèvres, comme à chaque fois qu’il cherchait quelque chose de bien emmerdant à répliquer. Balance du con. J’étais prête : les joutes verbales, c’était ma spécialité. Surtout quand j’étais persuadée d’être dans mon bon droit – c’est-à-dire souvent. Thompson a dû sentir venir le truc, parce qu’il s’est empressé de s’interposer.

- Une cliente très importante !, s’extasia-t-il en m’ouvrant la porte. Une occasion qu’elle ne pouvait pas laisser passer. Question d’image, 'savez.

Concert de « oh » et de « ah ». Mark avait balancé la carte relations publiques. Ce truc obscur qui le passionnait et qui nous dépassait tous. Mais on avait entendu dire que c’était important, et que c’était comme ça que Lloyd & Sons nous avait piqué la première place dans la liste des cabinets d’affaires de Brisbane au dernier classement. On n’en savait pas plus, mais depuis ce résultat, le budget communication de Thompson avait explosé et tous lui offraient une confiance aveugle assez risible. Lui, jouissait de ses nouvelles fonctions, radieux. En fait, il me semblait bien plus taillé pour ce job de représentation que pour celui d’avocat. Je le remerciai d’un sourire en passant la porte, et il me fit un clin d’œil complice.

- Profites bien de ton chéri, me glissa-t-il à l’oreille.

J’ai haussé les sourcils, surprise. Mais je ne l’ai pas corrigé. Depuis quelques semaines, Thompson s’était mis en tête que je voyais quelqu’un – parce que je déjeunais à l’extérieur et quittait parfois le bureau plus tôt. Dans le fond, il n’avait pas tort, je rencontrais bien une personne : une amie, du nom de Robin. Depuis que la petite artiste avait croisé mon chemin, je commençais à douter de certains de mes choix, et notamment de la place de mon travail dans ma vie. Je me fichais un peu des scénarios qui échauffaient l’esprit de Mark. J’avais pas particulièrement envie de partager ma vie privée avec lui. Tout ce que je savais, c’est que depuis qu’il en était venu à cette conclusion, les célibataires bedonnants de notre étage semblaient avoir enfin abandonné l’idée de me faire la cour. Et ça, c’était un réel soulagement. Un sourire amusé aux lèvres, j’ai pris le volant de ma Tesla en direction d’un petit café à l’ambiance un peu rock au nord de la ville et garé ma voiture dans la rue.

C’était Blake qui avait choisi le lieu. Evidemment. Un rapide coup d’œil à la ronde m’apprit qu’elle n’était pas encore arrivée. J’ai commandé un jus de carottes et me suis installée à une table près de la fenêtre, observant le décor. Je sentais qu’elle avait fait un effort pour trouver quelque chose d’un peu neutre, de plus mature que les bars crados dans lesquels nous avions l’habitude de nous croiser après les concerts de The Dirty Conviction, le groupe de musique qui nous reliait. J’étais un peu surprise qu’elle prenne cette précaution, compte tenu des after parties déjantées que nous avions fréquenté ensembles. Mais dans le fond, c’était un peu logique. Nous avions beau nous connaître depuis des années, nous avions rarement l’occasion d’échanger plus que des banalités lors de ces évènements. Je ne savais pas trop si cette « distance amicale » venait davantage de notre différence d’âge ou de ma position pompeuse d’avocate du groupe de son frère. Après tout, c’était bien pour ça que nous avions rendez-vous aujourd’hui. D’après ce qu’elle m’avait expliqué au téléphone, elle avait un léger souci juridique et un des gars lui avait conseillé de me contacter en lui filant ma carte. Quand elle m’a demandé si on pouvait se voir pour en parler, je n’ai pas hésité. Je suivais ces musicos depuis tellement longtemps que je me voyais mal refuser une faveur à la jumelle de Nick. Et puis il y avait autre chose. J’étais curieuse de rencontrer Blake hors du contexte habituel de nos échanges. D’apprendre à la connaître. Elle avait une certaine fraîcheur, une différence que je n’arrivais pas à expliquer, et qui m’avait toujours intriguée.

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Flashback : ON

« Vous savez ce qui m’énerve le plus? Tous ces contrats à la con. Je ne comprends rien à tous ces termes, tout ce que je veux, c’est jouer, tu comprends? Qu’ils m’engagent, qu’ils me filent quelques billets, et on en parle plus! » Blake peste contre la paperasse qu’elle doit lire, qu’elle signera de toute manière sans nécessairement comprendre dans quoi elle s’embarque. Ses copains se moquent d’elle, inventent des scénarios d’horreur auxquels ces contrats pourraient la lier. Elle se contente de les ignorer superbement, avant que Castiel l’aborde. « Tu devrais les faire lire à un avocat, c’est ce qu’on fait avec le groupe. Tu peux même appeler la nôtre, elle nous a permis d’échapper à quelques mauvais coups. Je te donnerai sa carte! »

Flashback : OFF

Blake possédait la carte d’affaires de Jameson Winters depuis quelques mois déjà, sans jamais l’avoir utilisée. Dire qu’elle connaissait l’avocate était un euphémisme : elles s’étaient certainement croisées à plusieurs reprises, avaient échangé quelques banalités au fil du temps, mais ça s’arrêtait là. Elle arrivait toutefois à mettre un visage au nom qui se trouvait sur cette carte, et d’une certaine manière, ça la rassurait. Jameson avait une prestance naturelle qui l’avait toujours impressionnée, peut-être même que si elle n’était pas si orgueilleuse, elle aurait pu dire qu’elle était intimidée par elle. Elle était à ses yeux un modèle de réussite. Quelques jours plus tôt, son agent l’avait contactée pour lui annoncer qu’elle venait de recevoir une offre – une grosse offre. Un rôle dans une nouvelle série qui serait diffusée à l’échelle du pays. Même si elle n’avait pas le rôle principal, son personnage serait tout de même assez important pour lui offrir une grande visibilité. Et en plus, le salaire était bon. Très bon. Le rêve absolu, quoi! C’était trop beau pour être vrai. C’est pourquoi elle avait contacté l’avocate, lui donnant rendez-vous au Pearl Cafe, cet endroit qu’elle affectionnait tout particulièrement.

Évidemment, elle était en retard – la ponctualité n’était tout simplement pas programmée dans ses gènes. Elle aurait dû s’en vouloir d’être en retard à un rendez-vous si important pour elle, mais elle n’arrivait pas tout à fait à l’être : c’était un trait de personnalité qu’elle avait appris à assumer avec le temps. « Jameson! », lui lance-t-elle en guise de salutation, s’essayant face à elle, un large sourire aux lèvres. « À moins que je doive t’appeler madame Winters? Maître Winters? »C’est la nervosité qui la fait délirer ainsi, elle n’a pas l’habitude d’être confrontée à d’aussi sérieuses situations. Elle juge toutefois que le fait de s’être côtoyées de si nombreuses fois leur octroie une certaine complicité, et que Jameson ne lui en voudra pas. « Merci d’avoir accepté de me rencontrer. » Une serveuse s’approche de leur table, et elle commande un café au lait. La caféine n’aidera sans doute pas son système nerveux à se calmer, mais elle n’y peut rien : elle est carrément accro. « Je ne sais pas trop comment ça fonctionne, ce genre de rendez-vous… » J’aurais dû demander à Nick ou Castiel de m’accompagner. Le pire, c’est que plusieurs de ses potes le lui ont proposé, mais elle a refusé leur offre, par peur de paraître trop immature. Elle a vingt-six ans, elle devrait être capable de subir un rendez-vous professionnel sans l’aide de qui que ce soit. Avant de se lancer dans les détails, elle se demande ce que Jameson sait d’elle-même, outre le fait qu’elle est la jumelle de Nick. Sans doute très peu, aussi bien lui rafraîchir la mémoire. « Je suis actrice. Un peu trop méconnue, j’en ai peur. » Un petit rire nerveux franchit ses lèvres, alors qu’elle fouille dans son sac pour en extirper le fameux contrat qui l’angoisse tellement. Ça pourrait être la chance de sa vie, tout ça. « J’ai reçu une offre. Et j’aimerais bien pouvoir avoir un avis professionnel, je ne comprends rien à ce genre de contrat. J’ai vraiment, vraiment envie d’accepter. » Sans plus de préambules, elle tend la paperasse vers Jameson, remerciant d’un petit sourire la serveuse qui vient de lui apporter son café.

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J’étais perdue dans mes pensées lorsque j’ai entendu la voix de Blake appeler mon nom. J’ai relevé la tête de mon jus de carotte et l’ai regardée s’installer en face de moi avec un sourire qui s’élargit davantage lorsqu’elle proposa de m’appeler Maître Winters. J’ai faillis faire une blague salace mais me suis retenue in-extremis. Sortir des allusions SM à un rendez-vous semi-professionnel avec une fille que j’ai connue lorsqu’elle était à peine majeure ne me paraissait pas forcément être une excellente idée.

- Jameson sera parfait, j’ai répondu dans un rire. Le reste me donne l’impression d’être un fossile.

Elle m’a ensuite remerciée de la rencontrer et j’ai secoué la tête avec un froncement de sourcils, balayant l’air de ma main devant mon visage pour lui assurer que c’était tout naturel. Une serveuse est arrivée pour prendre notre commande : un café au lait pour Blake et une « super salade végétalienne » pour moi. Avec un titre aussi prometteur j’espérais me retrouver avec autre chose que deux feuilles de laitue et une tomate. J’ai regardé la serveuse s’éloigner et mon attention s’est reportée sur Blake. Elle était exactement conforme à mes souvenirs, bien que plus nerveuse qu’à l’ordinaire. Peut-être était-elle moins habituée à ce genre de contextes qu’aux soirées rock ‘n roll ou aux festivals. Elle confirma d’ailleurs mon impression, m’avouant qu’elle ne savait pas trop comment ce genre de rendez-vous fonctionnait.

- Je suis là pour t’écouter et te conseiller, lui dis-je avec un sourire chaleureux. Pour le reste, il n’y a pas de règles.

L’espace d’une seconde, je me suis demandé si elle s’était renseignée auprès des garçons pour savoir comment se passait leurs rencontres avec moi. Si c’était le cas, j’espérais qu’elle soit allée chercher ces informations auprès de Nick plutôt que de Castiel… car ils auraient certainement une réponse assez différente à lui fournir. Je me pinçai les lèvres pour retenir un rire et chassai cette pensée de mon esprit : ce n’était pas vraiment le moment.

- D’après ce que tu m’as dit au téléphone, tu as quelques questions juridiques concernant un contrat. Est-ce que tu l’as avec toi ?

Recentrer ma concentration sur Blake me semblait être une bonne idée, et j’espérais que parler d’elle la mette plus à l’aise. La jolie brune m’expliqua qu’elle était actrice, et qu’elle venait de recevoir une offre qui semblait sérieusement l’emballer. J’ai tendu la main pour attraper le dossier qu’elle me tendait et l’ai posé à côté de moi sur la table, feuilletant les premières pages. Ça ressemblait à un contrat pour une série d’une certaine ampleur sur la télévision Australienne. La chaîne en question était plutôt connue, ce qui était bon signe mais ne la mettait pas non plus totalement en garde contre des clauses abusives. J’ai refermé le dossier et me suis écartée de la table pour laisser la serveuse poser ma salade devant moi. Je l’ai remerciée, un sourire satisfait sur les lèvres. Patates douces, quinoa, avocat, kale, et goji berries. Voilà un plat qui méritait son nom. Je notais dans un coin de ma tête de revenir déjeuner à cette adresse plus souvent. Merci Miss Swan ! J’ai relevé les yeux vers Blake avec un petit sourire d’excuse.

- Je suis sur ma pause déjeuner, expliquais-je. J’espère que ça ne te dérange pas si je mange en même temps.

Il fallait que je sois au bureau en début d’après-midi et que je rattrape le retard sur les dossiers que la réunion de ce matin m’avait fait prendre. Pour autant il n’était pas question pour moi de refuser mon aide à Blake. Je m’étais toujours promis de me jeter par la fenêtre du dernier étage d’Ashburn Rose le jour où pratiquer mon métier deviendrait davantage une question d’argent qu’un moyen d’aider l’environnement, les animaux ou les personnes. J’ai déplié ma serviette pour la poser sur mes genoux et désigné le contrat à mes côtés.

- Du peu que j’ai vu, ça m’a l’air foutrement prometteur, j’ai commenté avec un sourire. Un premier gros rôle qui pourrait te faire percer ?

La situation me rappelait mes premiers échanges avec The Dirty Conviction. Je revoyais leurs bouilles - de gosses, à l'époque - quand ils avaient déposé leur premier contrat devant moi. Un contrat que je leur avait conseillé de refuser, ce qui leur a permis de signer avec une major du disque quelques mois plus tard. Sauf que là, Miss Swan sortait l'artillerie lourde dès le premier rendez-vous.

- Quand es-tu censée renvoyer ce contrat avec ta signature ?

J’ai planté ma fourchette dans une patate douce pour calmer les cris de protestation que mon ventre me lançait depuis que j’avais passé commande, et écouté la réponse de Blake alors que je mastiquais. Ça m’apprendra à sauter le petit déjeuner….

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« Jameson sera parfait. Le reste me donne l’impression d’être un fossile. » Blake sourit, hoche brièvement de la tête pour montrer qu’elle a bien compris. Elle est bien heureuse que l’avocate lui offre la possibilité d’une telle familiarité : comme elles se connaissent depuis quelques années, ça lui aurait fait tout étrange de devoir l’appeler autrement que par son prénom. Mais bon, elle préférait demander, on ne sait jamais. « Je suis là pour t’écouter et te conseiller. Pour le reste, il n’y a pas de règles. » De nouveau, Blake hoche la tête, rendant à Jameson son sourire. Elle est toute intimidée en sa présence, comme si leur différence d’âge lui donnait l’impression d’être une gamine. Pourtant, même si elles n’ont jamais partagé de conversations particulièrement profondes, elles se connaissent depuis un sacré bail, et il n’est pas dans l’habitude de Blake d’être intimidée face à qui que ce soit. Il faut croire que l’avocate a une prestance particulière. Elle dégage une aura de réussite qui suffirait à clouer sur place le plus confiant des hommes.

Leurs commandes arrivent pendant que Jameson étudie son contrat, et Blake remercie la serveuse d’un signe de la tête, trempant un doigt dans la mousse de lait pour ensuite le porter à ses lèvres. Elle détaille du regard le plat de Jameson, se mord l’intérieur de la joue pour ne pas grimacer. Elle a les patates douces en horreur, et tout ce plat lui semble beaucoup trop hippie à son goût. Blake, elle aime la viande, les hamburgers bien gras, les frites. Difficile à croire lorsqu’on voit sa silhouette. Ajoutez un métabolisme rêvé à plusieurs joggings par semaine, vous comprendrez mieux. « Je suis sur ma pause déjeuner. J’espère que ça ne te dérange pas si je mange en même temps. » Blake se contente de secouer la tête, son regard se portant vers le contrat posé sur la table. Elle s’impatiente, assise au bout de sa chaise, son pied tapant sur le sol à une vitesse agaçante. « Du peu que j’ai vu, ça m’a l’air foutrement prometteur. » Ses yeux s’agrandissent légèrement, alors que son sourire s’élargit. Elle a presque l’air d’une gamine le jour de son anniversaire. « Un premier gros rôle qui pourrait te faire percer ? » Elle hoche la tête avec enthousiasme, sentant son cœur battre à toute vitesse. « Oh god. J’avais lu le contrat, mais tu sais, je ne comprends rien à tout ce jargon. J’avais tellement peur que tu me dises qu’il s’agissait d’un canular, ou je ne sais trop! » Elle pousse un long soupir de soulagement, s’affalant sur sa chaise, le dos bien appuyé contre le dossier. « Ça doit bien faire sept, huit ans que j’attends ce contrat… » Ces quelques feuilles de papier agrafées, c’est le rêve de toute actrice.

« Quand es-tu censée renvoyer ce contrat avec ta signature ? » La jeune femme se redresse légèrement, attrapant son portable pour regarder le message envoyé par son agent quelques jours plus tôt. « Dans une semaine. » Si elle le pouvait, si elle était certaine que ce contrat ne l’engageait à rien de compromettant, elle enverrait sa réponse cet après-midi même. « Je t’avouerais cependant qu’il y a quelque chose qui m’agace… J’ai cru comprendre qu’ils désiraient une certaine exclusivité? C’est normal, ce genre de truc? » Il y a bien quelque chose dans son contrat qui exige qu’elle se consacre entièrement à la série pendant plusieurs mois, ce qui lui fait peur. Et s’ils décidaient d’annuler son rôle, devrait-elle quand même fidélité aux producteurs? Et qu’en était-il du théâtre? Si Blake rêvait d’être à l’affiche des plus grands blockbusters, elle ne voulait pas non plus renoncer à la scène. « Je voudrais vraiment avoir ton avis sincère… Je devrais accepter? C’est sans doute mon plus grand rêve, mais je ne sais pas, ça fait peur tout ça… » Elle a certaines connaissances dans le milieu qui se sont retrouvées carrément coincées par leurs contrats : interdiction de se couper ou se teindre les cheveux, surveillance accrue du poids, forcées de faire semblant d’être en couple avec leurs collègues afin d’attirer la sympathie du public… Blake est prête à beaucoup de choses pour réaliser son rêve, mais n’a pas non plus envie de renoncer à ce qu’elle est fondamentalement.

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J’ai senti mon sourire s’élargir face à l’enthousiasme de Blake. Elle avait très clairement ce projet à cœur et je pouvais la comprendre. Pour une actrice, débuter sa carrière avec une série télévisée sur une chaîne nationale était presque aussi bien que de décrocher un second rôle dans un gros blockbuster. Blake avait un physique de rêve et un joli tempérament, aussi je n’avais aucun doute quant au fait que quel que soit le personnage qu’elle incarne, elle saurait capturer le cœur du publique. En revanche, une clause du contrat semblait la contrarier. J’ai froncé les sourcils et hoché la tête alors qu’elle m’expliquait plus en détail la demande d’exclusivité inscrite à son contrat.

- Honnêtement, ça ne me surprends pas. Il n’est pas rare de voir ce genre de clauses dans les contrats pour les premiers rôles dans une série télévisée. Ce que les producteurs veulent, c’est surtout s’assurer que tu seras bien disponible chaque année durant les mois définis par le contrat pour filmer les épisodes et que tu ne t’engageras pas dans d’autres projets au même moment. En d’autres termes tu peux signer avec qui tu veux, du moment que ça ne vient pas perturber le tournage de la série, qui doit rester ton ancrage principal. J’ai incliné la tête, un petit sourire aux lèvres. En général ils ajoutent aussi une clause concernant ton look. Une interdiction de te couper les cheveux, de changer de morphologie ou de te tatouer à des endroits trop visibles sans leur accord. Le but n’est pas de te fliquer mais de rester cohérent, puisque tout changement impactera la façon dont tu incarneras ton personnage. Parfois, ça peut causer des tensions, mais la plupart du temps, les producteurs savent être flexibles.

J’ai ouvert le contrat sur mes genoux pendant que je complétais ma réponse, à la recherche de cette fameuse clause d’exclusivité. Je l’ai parcourue en diagonale, à l'affut d'une information qui me sauterait particulièrement aux yeux. N’en trouvant pas, je me suis redressée et j’ai accroché le regard de Blake, qui semblait assez perturbée par cette éventualité. Quelque part, je la comprenais. Je détestais me sentir pieds et poings liés par un texte juridique – le comble, pour une avocate. Signer mon contrat d’embauche chez Ashburn Rose, et plus tard celui qui me statuait associée m’avait donné des sueurs froides.

- Tout dépend de ce que tu souhaites Blake, j’ai répondu avec empathie. Si ton personnage dans cette série prometteuse ainsi que son concept te font rêver et que tu souhaites une progression de carrière rapide, alors signes sans hésiter. En revanche, si tu préfères creuser ton propre chemin avec des petits rôles indépendants que tu choisis soigneusement quand ils se présentent, tu risques de te sentir enfermée par une clause d’exclusivité qui te monopolise six mois chaque année. J’ai replié le contrat et l’ai reposé sur la table et soupiré avec un sourire. C’est une décision que personne ne pourra prendre pour toi. La seule chose dont il faut d’assurer est que leur clause d’exclusivité n’est pas abusive.

Et j’en avais vu passer. Des boites de productions qui empêchaient de jeunes acteurs ou musiciens de réaliser un autre projet avec un concurrent, leur coupant la possibilité de nombreux projets qui auraient pu bénéficier à leur carrière. Des agents qui se servaient très – trop – gracieusement sur les revenus des artistes qu’ils disaient aider. Des séries télévisées qui se prolongeaient sur des décennies, enfermant les jeunes acteurs dans une routine digne d’une usine à travers un rôle dont ils ne parvenaient jamais à se détacher par la suite. Comme tout lorsqu’il s’agit de faire du fric, le show-business était un monde rude. Là où il surpassait les autres en termes de cruauté, c’est qu’il s’en prenait aux rêveurs, aux artistes. A des jeunes qui étaient prêts à s’arracher le cœur et à le planter sur la table pour courir après leurs rêves. Des jeunes qui comme Blake, ne comprenaient pas grand-chose au jargon juridique et n’avaient d’autre choix que de faire confiance à ceux qui disaient pouvoir les faire percer.

- Il ne m’a pas semblé que ce soit le cas, mais ça mériterait une étude plus approfondie pour en être sûre. Si tu le souhaites, je peux emporter ton contrat avec moi et le lire en détail ce soir pour m’en assurer... et pourquoi pas passer quelques coups de fils à des collègues qui ont déjà travaillé avec cette chaîne. Qu’en penses-tu ?

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Blake écoute les paroles de l’avocate, hochant la tête, prenant mentalement des notes sur tout ce qu’elle lui explique. Elle pourrait très bien vivre avec le fait de ne pouvoir changer son look sans l’accord des producteurs. Après tout, elle garde sa chevelure longue depuis des années, et n’a pas l’intention de couper ses cheveux. Peu importe ce qu’elle mange, elle conserve toujours le même poids à quelques kilos près, ainsi il n’y a pas non plus de problème de ce côté. Et les tatouages… Même si elle les trouve incroyablement sexy chez la gent masculine – il n’y a qu’à la voir contempler les nombreux tatouages de Zekh pour comprendre à quel point ça lui fait de l’effet – elle n’a jamais vraiment éprouvé l’envie d’en avoir elle-même. Et puis, si elle en croit Jameson, la clause d’exclusivité n’est pas si pire. Elle pourra toujours participer à des projets plus indépendants en dehors des moments prévus pour le tournage, ce qui lui semble être le meilleur des mondes. La jeune femme pousse un long soupir de soulagement, un sourire ravi aux lèvres alors qu’elle prend une gorgée de café. « Tu sais… J’ai vraiment envie d’accepter. C’est certain que j’aime davantage jouer dans des films expérimentaux, ou fouler les planches de théâtre. Mais ce rôle… C’est ce qui pourrait me permettre de vraiment vivre de mon art, tu comprends? » Ce n’est pas qu’elle n’aime pas sa vie actuelle : ses petits rôles ça et là lui permettent d’exercer ce qui la passionne, et son emploi au Canvas lui permet de payer ses factures. Mais elle ne pourra pas garder ce train de vie indéfiniment. Plus elle vieillira, plus les nuits se feront rudes au bar. Les pourboires se feront moins généreux aussi, parce qu’avouons le, c’est lorsqu’on est jeune et sexy qu’on se fait le plus d’argent dans le métier de serveuse. Elle a envie d’être une artiste à part entière, de pouvoir s’endormir le soir sans avoir peur de ce quoi sera fait le lendemain. Elle veut être connue et apprécie, elle a besoin d’être enfin reconnue dans ce milieu trop sélect. « Mais une fois que c’est signé… Il y a moyen de rompre le contrat, éventuellement? Si je réalise que ça ne correspond plus à mes attentes, ou je ne sais trop quoi..? Avec une avocate aussi douée que toi, j’imagine que je pourrais le faire sans problème! » Elle ricane, adressant un clin d’œil complice à Jameson. Aujourd’hui, elle peut avoir envie de dire oui à cette série, mais si celle-ci se prolonge indéfiniment et que d’autres options plus intéressantes s’offrent à elle, elle ne souhaite pas se retrouver coincée par un contrat signé lorsqu’elle était novice.

Lorsque Jameson lui propose de ramener son contrat pour l’étudier plus attentivement, Blake hausse les sourcils, ravie de cette offre. Mais elle hésite. « Je ne veux pas paraître avare mais… Ça me coûtera combien, tout ça? C’est que… Je ne roule pas sur l’or, tu dois bien t’en douter. » Elle ricane un peu, se gratte la nuque, visiblement nerveuse. Elle déteste discuter d’argent, surtout avec une femme qui est à ses yeux un modèle de réussite. Elle est certaine que Jameson a un compte en banque extrêmement bien garni et qu’elle peut se permettre des petites folies autant qu’elle le souhaite, alors que pour Blake, chaque dépense se doit d’être raisonnable. « Je pourrais toujours emprunter à Nick, mais je ne sais pas, à mon âge, ça fait un peu pathétique de devoir quémander auprès de son frère. Est-ce que tu me ferais assez confiance pour qu’on prenne une entente? Que je paie tes honoraires une fois que j’aurai commencé la série, un truc du genre? » Elle ignore si elle a le droit de demander une telle chose, à dire vrai, elle n’a jamais été confrontée à une situation similaire. Jameson doit la trouver carrément pathétique, elle qui doit fréquenter des clients pleins aux as qui se foutent complètement des montants à payer, tant qu’ils gagnent leur cause. « Et si je promets aussi de t’inviter à toutes mes premières, jusqu’à la fin des temps? » C’est la nervosité qui la fait délirer ainsi, elle pince les lèvres en grimaçant un sourire d’excuse. Elle a l’impression d’avoir la maturité d’une gamine de dix ans.

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J’ai hoché la tête avec un sourire. Je comprenais totalement ce que Blake voulait dire. Elle était à un moment de sa vie où elle avait pu se faire la main à travers des petits rôles passionnants mais qui n’avaient jusqu’alors pu lui permettre de subvenir à ses besoins. Je n’aurais pas été surprise d’apprendre qu’elle avait un second job pour lui permettre de joindre les deux bouts. Certains artistes continuaient dans cette voie toute leur vie, en attendant le moment où ils seraient enfin repérés. Et là, elle avait cette opportunité. C’était le genre de trucs qui ne se produisaient qu’une fois dans sa vie, et il fallait savoir prendre sa chance. Mais ce n’était pas toujours facile, parce que faire un choix, c’est aussi renoncer à un autre. Et d’ailleurs Blake me demanda si ce contrat était résiliable, me complimentant allègrement au passage. J’eus un sourire sincère et secouai négativement la tête.

- Je suis flattée que tu ais tellement confiance en mes capacités, j’ai répondu avec une pointe d’amusement, mais malheureusement ce n’est pas aussi simple que ça. Pour tout te dire, ça fait partie des points que je voulais regarder ce soir. Quitter une série télévisée n’est jamais simple quand tu es au générique donc les contrats sont assez blindés. Ça emmerde les producteurs parce qu’ils n’ont d’autres choix que de tuer ton personnage ou lui inventer un voyage prolongé à l’étranger.

J’ai repris le contrat de Blake pour revenir aux premières pages, où il me semblait avoir vu une notion de la durée. Après avoir parcouru le texte, j’ai fini par retrouver le passage.

- Là, ils te proposent un contrat sur quatre ans, en supposant que la série soit renouvelée aussi longtemps. J’ai relevé les yeux vers elle. Si ça te semble trop long, je peux prendre contact avec la production pour essayer de réduire cette durée à deux ans. A moins bien sûr que tu ne préfères passer par ton agent ?

J’ignorais si elle en avait un, mais si ce n’était pas le cas, mon prochain conseil serait d’en trouver rapidement. Et un bon. Parce que dès que sa série arriverait sur les ondes, elle allait devoir gérer un flux de demandes d’interviews, de partenariats en tous genre et de scénarios pour des rôles potentiels. Avec une bouille pareille, les marques de cosmétiques allaient se l’arracher. Mais Blake ne semblait pas préoccupée par ça outre mesure. Elle semblait davantage perturbée par l’état de ses finances. J’ai froncés les sourcils, sans réaliser que ça pourrait me donner un air d’avocate pingre et outrée qu’on refuse de lui signer un chèque sur le champ. En fait, j’étais surtout surprise que Nick et Zekh ne lui aient pas précisé que je n’étais pas du genre à détrousser les jeunes artistes. J’aurais pu balayer ses craintes dès le début en la rassurant, mais j’ai décidé de l’écouter jusqu’au bout. Peut-être parce que j’étais curieuse de voir quelles avantages en nature elle allait me proposer, mais surtout parce que la nervosité rendait son débit tellement rapide que j’aurais eu du mal à en placer une si je l’avais voulu. Quand elle termina en me proposant de m’inviter à toutes ses premières, je ne pus retenir un éclat de rire sincère.

- My dear, quand tu seras riche et célèbre, contentes toi de m’arranger un rencart avec Johnny Depp et toutes tes dettes seront effacées !

J’ai senti un large sourire étirer mes lèvres. J’étais dingue de cet acteur quand j’étais ado. Je ne savais pas ce que j’adorais le plus entre ses films (surtout ceux avec Tim Burton), son côté amérindien (qui me rappelait mes propres origines) ou sa gueule (ce qui se passait de commentaires). Et j’avais appris qu’il était devenu végétarien il y a quelques temps, ce qui ne faisait que renforcer mon crush lointain. J’ai secoué la tête en levant une main pour indiquer que je plaisantais et j’ai repris plus sérieusement :

- Ne t’en fais pas pour ce genre de choses, tu ne me dois rien du tout. Les membres de The Dirty Conviction n’ont jamais eu à me payer quoi que ce soit avant de signer leur premier gros contrat alors je ne vois pas pourquoi je t’appliquerais une règle différente. Puis j’ai ajouté avec un clin d’œil et un sourire : bien sûr, si tu es satisfaite de mes services et que tu souhaites continuer à en bénéficier quand tu seras bien lancée dans ta carrière, on reparlera d’honoraires à ce moment-là.

Contrairement à beaucoup de mes confrères, l’argent n’avait jamais été ma motivation pour me lancer dans ce métier. Il avait afflué sur mon compte parce que j’étais excellente à ce que je faisais, mais dans le fond, cette fortune m’était inutile. J’avais pas de gosse, pas de mari à entretenir, et une maison beaucoup trop grande pour ma chienne et moi. Cet argent aurait bien plus d'utilité sur le compte de Blake que sur le mien.

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follow in no footsteps listen for the true guides

The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.

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UNE ALLIANCE DANGEREUSE ➶ blake & jameson

Elle hoche la tête, sachant déjà ce que Jameson lui explique. Lorsqu’elle était adolescente, elle était elle-même était furieuse de voir des personnages foutre le camp d’une série avec une explication trop facile, sans se douter à l’époque que c’était bien souvent le choix de l’acteur. Maintenant qu’elle se trouve tout près de plonger dans cette réalité, elle comprend mieux le phénomène. Ce genre de rôle est parfait pour faire ses débuts dans la cour des grands, mais il y a toujours le risque de trop se faire associer à son personnage, de ne plus pouvoir évoluer ailleurs en tant qu’artiste. Mais c’est un risque à prendre, si elle veut enfin franchir la barrière. Et elle le souhaite, plus que tout au monde! Blake a bien un agent, c’est d’ailleurs grâce à lui qu’elle a décroché ce superbe contrat. Elle lui fait amplement confiance, mais préférait tout de même avoir les conseils d’une avocate qui saurait mieux décortiquer ce contrat, et lui avouer la vérité sans avoir peur qu’elle refuse de s’engager. Après tout, si elle refuse l’offre, son agent perdra un cachet intéressant, et même si elle a en lui une confiance inébranlable, mieux vaut vérifier ses arrières. « Mon agent pourra sans doute se charger des détails. En cas de besoin, je lui dirai de t’appeler. »

Lorsqu’elle se met à parler d’argent, elle remarque l’air un peu pincé de Jameson, et elle voudrait carrément disparaître. Elle s’apprête à ravaler ses propos, à lui faire un chèque sur le champ, prête à s’endetter s’il le faut. Tout, plutôt qu’attirer le mépris de l’avocate! Mais elle la surprend en éclatant de rire, lui proposant un marché incluant un rencard avec Johnny Depp. Blake se joint à son hilarité, avant de secouer la tête vigoureusement. « Pas question! J’ai le béguin pour lui depuis toujours, si je le rencontre, je le garde pour moi! », répond-elle à la blague, réalisant que la chose sera peut-être possible d’ici quelques mois, quelques années… Enfin, pas d’être avec Depp, évidemment. Mais d’appartenir à ce cercle très sélect. Ça lui donne le vertige, tout ça. Mieux vaut se concentrer sur le moment présent, sans trop réfléchir à tout ce que ça implique. « On pourra partager, peut-être? » Un compromis qui lui semble raisonnable.

Elle hoche la tête face au discours de Jaimie, surprise d’apprendre qu’elle ne demandait pas d’honoraires au groupe de son frère avant leur succès. Les avocats sont souvent perçus comme de vrais vautours, prêts à tout pour faire du fric. Il faut croire que certains sont bien différents. Elle adresse donc à Jaimie un large sourire, hochant la tête. « C’est très généreux de ta part. Sérieusement… merci. » Elle termine son café dans une longue gorgée, avant que la sonnerie de son portable se fasse entendre. Normalement, elle ignorerait l’appel, mais il s’agit de son patron au Canvas. « Désolée, je dois le prendre. », dit-elle en grimaçant un sourire d’excuse, répondant donc à l’appel. Comme souvent, un employé a appelé pour dire qu’il ne pourrait pas travailler, et son patron lui demande de venir plus tôt au bar pour couvrir pour le fautif. Elle déteste ce genre d’imprévu, mais ne peut pas vraiment dire non à quelques sous supplémentaires. Quand elle pense que dans quelques temps, elle aura enfin un revenu fixe grâce au contrat qui se trouve dans les mains de Jameson… Elle accepte donc, et raccroche en soupirant. « Je vais devoir quitter, je dois aller bosser. » Maintenant que son rêve semble si accessible, l’idée de passer plusieurs heures à servir des pintes de bière et à se faire lourdement draguer par des types ne lui tente pas du tout. Mais elle n’a pas le choix, pas tant que les choses sont officielles. « Je te laisse vérifier tout ça, et tu m’appelles pour régler les derniers détails? » Elle sort un billet de son porte-monnaie, assez pour payer leurs consommations aux deux. Si elle ne peut décemment payer l’avocate pour ses services, elle lui offrira au moins son repas, c’est la moindre des choses. « Sérieusement… Merci, pour tout. » Un dernier sourire empreint de reconnaissance, et elle attrape son sac pour aller au Canvas.

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