I'm staring out into the night, trying to hide the pain. I'm going to the place where love and feeling good don't ever cost a thing, and the pain you feel's a different kind of pain. Well I'm going home, back to the place where I belong, and where your love has always been enough for me. ☆☆☆
Il avait jeté un coup d’œil circulaire au salon, aux meubles vides et aux cartons empilés dans un coin et s'ajoutant à tous ceux qui s'entassaient dans la supposée chambre d'amis. Elle aurait du être à la fois une chambre d'amis agréable et un bureau, mais en réalité elle n'avait jamais été rien d'autre qu'un débarras dans lequel Hassan avait tenté de faire un peu de place pour son frère lorsqu'il était là. C'était la preuve la plus parlante au fait que le brun ne s'était jamais senti à l'aise dans cet appartement, qu'il ne s'y était jamais senti chez lui ... Peut-être parce qu'au fond il savait. Que quelque chose clochait, que les choses n'iraient pas indéfiniment dans le sens de cette nouvelle vie qu'il essayait de reconstruire avant même d'avoir cherché à lui donner un sens. Il n'avait pas la prétention de penser que les choses étaient différentes maintenant, il se cherchait toujours, mais peut-être ... peut-être que cette bêtise qu'il avait commis lui avait mis plus de plomb dans la tête qu'il le pensait. Plus de plomb dans la tête que Qasim, Yasmine ou Sohan ne le croyaient en tout cas, et là-dessus Hassan ne pouvait pas véritablement leur jeter la pierre. C'était l'une des raisons pour lesquelles il n'avait pas fait appel à l'un ou l'autre des Khadji cet après-midi, pour leur prouver à eux et à Qasim qu'il était capable de se prendre en main tout seul et qu'il n'attendait pas simplement qu'ils aient le dos tourné pour tenter de faire une connerie à nouveau. Il mentirait en disant qu'il n'y pensait jamais, mais il y pensait moins et il avait envie de croire que ce n'était pas uniquement la faute des anti-dépresseurs mais également celle de sa propre volonté.
Il avait fait appel à Kenneth. Parce qu'on ne pouvait décemment pas être de mauvaise humeur quand on avait Kenneth dans son champ de vision, parce qu'il avait un moyen infaillible de le convaincre, et parce que Kenneth avait une voiture. Chose que Hassan, lui, n'avait plus depuis qu'il avait envoyé la sienne dans le décor. Sans compter que son permis avait provisoirement été suspendu, comme le confirmait le courrier reçu quelques jours après son accident. Zappant distraitement entre les chaînes d'informations à la télévision, le brun attendait donc l'arrivée de Kenneth, avec l'espoir qu'un voyage suffise à transporter les cartons qui attendaient dans l'entrée jusqu'au garde-meuble. Une partie des cartons s'y trouvait déjà, Hassan les avait transporté lui-même avant d'envoyer sa voiture dans le décor, et lorsque Kenneth et lui auraient terminé il ne resterait plus dans cet appartement que le strict nécessaire, de quoi vivre en attendant de trouver un autre endroit où s'installer, dans le quartier de Logan City où il avait vécu presque toute sa vie et qui lui manquait finalement bien trop. Spike s'était redressé pour aboyer en entendant sonner à la porte, et Hassan lui avait lancé un « آرام باش » machinal avant d'aller ouvrir, l'animal suivant derrière lui avec curiosité. « Ta soeur t'as encore foutu dehors ? » avait-il alors questionné d'un ton légèrement amusé, et sans grand sérieux. Bien que si tel était le cas ce ne serait pas là première fois que Kenneth se faisait houspiller parce qu'il squattait trop la télévision, ou oubliait son tour de ménage ou de vaisselle. Il avait vraiment tout du type qui avait oublié de quitter l'adolescence. Et aujourd'hui il était un peu en avance, d'où sa question. « Viens entre. » Attrapant Spike par son collier pour lui empêcher de sauter sur Kenneth pour l'accueillir, l'animal ayant parfois trop peu conscience de sa force, il avait intercepté le regard du jeune homme sur le bandage qui entourait toujours son poignet gauche et sur les dernières stygmates que portaient son visage « Ouais non, je déconnais pas quand je disais que j'avais eu quelques soucis avec ma voiture. » Et ce n'était pas un mensonge au fond, simplement une manière de voir les choses, et de les dire. Hassan avait appris à distiller uniquement les vérités qu'il souhaitait.
Refermant la porte derrière lui il avait secoué la tête comme pour changer de sujet, et attrapé le boîtier de jeu vidéo abandonné sur le meuble le plus proche. Probablement que Kenneth aurait accepté de venir malgré tout, mais Hassan lui avait donné une motivation supplémentaire en l'appatant avec ça « Tiens. » Le jeune homme avait toujours l'air d'un môme au pied du sapin de Noël dès qu'il était question de jeux vidéos, Hassan en était presque attendri « Mais tu le gardes pour toi jusqu'à la sortie officielle, sinon on nous tordra le cou à tous les deux. » Sans rire, pour le peu qu'il ait entendu de la part de Sohan concernant son boss, elle serait sans doute capable de venir les étrangler elle-même si l'une de ses créations fuit ait en avance. Sohan laissait de temps à autre à Hassan la primeur de certains jeux supposés ne sortir que plusieurs semaines plus tard, raison pour laquelle celui que Kenneth tenait entre les mains n'était pas encore commercialisé. « Tu veux boire un truc avant qu'on s'occupe de ça ? » Ça désignant les cartons qu'ils avaient tous les deux du contourner « Café, thé ? Ou autre chose. » Spike lui avait reniflé un instant la main du nouveau venu, comme pour le jauger, avant de finalement aller se rouler en boule dans son panier près du canapé.
Dernière édition par Hassan Jaafari le Dim 2 Oct 2016 - 4:23, édité 1 fois
Je suis assis dans mon vieux pick-up qui vient de sortir du garage. C’est ma première voiture et la seule que j’ai toujours eu. Ma mère me l’a offerte lorsque j’ai atteint la majorité, elle s’excusait de pas pouvoir me payer une voiture neuve, mais elle a vite compris que j’étais le garçon le plus heureux du monde lorsque j’ai pu conduire ma voiture. D’après ma sœur, il serait maintenant temps que je change de voiture, car celle-ci se fait trop vieille et qu’elle me coûte trop d’argent pour ce qu’elle vaut, mais je pense que c’est bien plus une histoire de sentiment que d’argent. Cette voiture, c’est un peu mon passage dans la vie adulte et j’ai toujours passé de bon moment à la conduire. Alors oui, en effet, la radio ne fonctionne plus depuis un an et demi, j’ai dû changer le filtre à huile huit fois en un an et il arrive que la voiture cale lorsque je suis à un feu rouge, mais elle ne m’a jamais fait faux bond en fin de compte. Je règle pour la énième fois les rétroviseurs qui tiennent à l’aide de gros scotch puis je prends la route jusqu’à chez Hassan qui m’attend pour que je puisse l’aider à déménager quelques cartons. Il serait peut-être temps que moi aussi je pense à partir de chez Ellie, mais faut dire que j’aimerais bien lancer ma société avant et que tout est prêt, il me manque plus que d’en parler avec ma sœur. Elle n’est pas encore au courant et j’ai peur qu’elle ne soit pas d’accord. Il suffit qu’elle dise une parole négative pour que je laisse tout tomber, je me connais. C’est pourquoi j’ai d’abord demandé l’avis de tous mes amis avant d’avoir le sien.
J’arrive très rapidement chez Hassan, bien avant l’heure à laquelle on a convenu d’ailleurs. Je mets mon pick-up dans son allée et je sonne chez lui. J’entends son chien aboyer et ça m’effraie un peu, son chien saute sur tout ce qui bouge et avec mon peu de force, il risque de me faire dégringoler. Hassan m’ouvre rapidement la porte en me demandant si je me suis viré par ma sœur. Je souris, en me grattant la joue. Parce que c’est vrai que ça m’arrive souvent. Et lorsque ça m’arrive, parfois je viens chez Hassan pour me planquer. « Non, pas cette fois. J’ai dû récupérer ma voiture au garage, les freins m’ont encore lâché la semaine dernière » Il m’invite à entrer et je vois que son chien n’a qu’une envie me bondir dessus. Hassan le retient et je ne peux m’empêcher de faire une grimace à son animal de compagnie, avant de voir les nombreuses blessures de mon ami. Il a d’ailleurs remarqué ce que je regardais et il a pris la parole avant que je ne puisse dire quoi que ce soit. « Je vois ça … T’es passé en dessous de ta voiture pour être dans cet état-là. » Je ne pose cependant pas de question, car si Hassan veut m’en parler, il sait que je l’écouterais. Or, je ne veux pas le forcer à le faire. Par la suite, il me tend la boite de jeu tant attendu. J’attrape la boîte de jeu, un peu trop vivement et mes yeux brillent alors. J’aurais dû attendre des mois avant de l’avoir entre les mains, je suis presque ému. Il me demande de le garder pour moi jusqu’à la sortie officielle. « Promis juré. » Hassan me propose de boire quelques choses avant de commencer à déménager ses cartons. Je range la boite de jeu dans la poche de ma veste qui est assez large et j’accepte avec grand plaisir. « Si tu as du coca, ça serait sympa » C’est clair que j’ai intérêt de beaucoup boire avant de l’aider avec tout ce qu’on doit transporter, parce que je suis sûr que Hassan a dû charger les cartons. Je vais morfler.
Si sa fierté actuelle, combinée au mauvais caractère qui s'était développé chez lui après son divorce et l'affirmation de ses problèmes de santé, l'empêchaient de pouvoir faire le premier pas vers Yasmine et s'excuser des mots et du comportement qu'il avait eu à son égard, il n'en demeure pas moins qu'elle était actuellement l'une des raisons qui le poussaient à vouloir mettre un peu d'ordre dans sa vie, quand bien même cela ne passait pour l'instant que par le fait de mettre quelques cartons au garde-meuble. C'était important pour lui parce que cela faisait des semaines, pour ne pas dire des mois, qu'il remettait son déménagement à plus tard tout en ne sachant pas lutter contre la force invisible qui l'en empêchait. Les raisons de vouloir s'installer ailleurs ne manquaient pas pourtant, Spike grandissait et avait besoin d'un jardin, Hassan serait enfin débarrassé du grand malade qui lui servait de voisin, et il retrouverait Logan City, le quartier où il avait vécu pratiquement toute sa vie. S'il parvenait à faire cela alors il parviendrait peut-être à mettre de l'ordre dans sa vie, et c'était dans les moments où il arrivait à cette conclusion qu'il puisait de quoi ne pas rebasculer du mauvais côté lorsque son moral se faisait la malle. A ce sujet passer un peu de temps avec Kenneth ne pourrait lui faire que du bien également, tant il était difficile de ne pas céder à une certaine légèreté d'esprit face au comportement attendrissant qu'il pouvait avoir parfois. Un adolescent coincé dans un corps d'adulte presque trop grand pour lui, c'était l'effet que le jeune homme faisait sans doute au plus grand nombre.
Pas le moins du monde agacé à l'idée que cela puisse être lui, en avance, qui venait de sonner à la porte Hassan était allé ouvrir en tentant de cultiver une apparent enthousiasme. De quoi le persuader d'accueillir le jeune homme avec une boutade visant à rappeler ces fois où, agacée, sa sœur aînée les poussait lui et ses habitudes d'adulescent hors de son appartement. « Non, pas cette fois. J’ai dû récupérer ma voiture au garage, les freins m’ont encore lâché la semaine dernière. » Tenant fermement Spike par le collier Hassan avait refermé la porte derrière eux non sans adresser une grimace faussement méfiante à l'intention de son invité, et d'ironiser « Tu fais bien de me dire ça avant qu'on monte en voiture, je suis vachement rassuré tout d'un coup. » D'autant plus rassuré qu'il avait déjà eu son lot de mésaventures automobiles pour un petit moment, et que rajouter une épopée dans un vieux pick-up sans freins ne faisait assurément pas partie de la liste des choses qu'il rêvait d'accomplir. « Je vois ça … T’es passé en dessous de ta voiture pour être dans cet état-là. » Oh, pas besoin, avait-il presque eu envie de répondre. Mais les circonstances ayant amené sa voiture à terminer au garage et sa figure à arborer cet air cabossé n'étaient pas de celles dont on tenait à se vanter, et haussant les épaules Hassan s'était contenté d'assurer « J'ai la tête dure. » comme si cela répondait à la presque-question de Kenneth. La même excuse qu'à Yasmine, parce qu'il était encore persuadé de pouvoir prendre cela à la légère. Naïveté.
Ne lâchant Spike qu'une fois certain que l'animal ne sauterait pas sur Kenny sans aucune retenue, il avait fait quelques pas pour attraper le boitier de jeu vidéo qu'il réservait au jeune homme. Il lui arrivait de garder certains jeux que Sohan lui filait pour lui en priorité, ou de ne les partager qu'après les avoir testé lui-même - Hassan était particulièrement friand des jeux d'infiltration et des jeux automobiles - mais celui-ci il n'y avait pas touché, Kenneth serait le premier à l'utiliser. Et parce que deux précautions valaient mieux qu'une seule il n'avait pas manqué de lui rappeler ce qui leur arriverait à tous les deux si ce jeu se retrouvait malencontreusement dans d'autres mains que les leurs. « Promis juré. » Il avait cette manière un peu juvénile de dire ça, on s'attendait presque à le voir rajouter "croix de bois, croix de fer" et alors même le « Si tu as du coca, ça serait sympa. » rajouté ensuite accentuant cette impression que Kenneth nageait toujours en pleine adolescence. Désignant son panier à Spike en arborant un air faussement sévère - que seul un chiot pouvait prendre au sérieux - il s'était dirigé vers le frigo pour en sortir une canette de coca avant d'attraper un verre dans un placard et de poser les deux sur la table. Il n'en buvait presque jamais, lui, mais de la même manière qu'il avait toujours une ou deux bières au frais malgré qu'il ne boive pas d'alcool, il avait toujours un ou deux sodas en réserve également, pour les jours où il avait de la visite. « Et un coca pour l'apprenti déménageur. » Il avait esquissé un léger sourire, et rempli sa bouilloire d'eau pour se faire un thé. Il ne buvait que cela, du thé, toujours du thé ... Il tenait cela de sa mère, semblait-t-il.
S'appuyant nonchalamment contre le plan de travail de la cuisine, bras croisés, il avait laissé ses yeux vagabonder d'un air pensif sur la pièce et sur le vide qui semblait se cogner sur chaque mur maintenant qu'il avait emballé et rangé toutes les petites choses qui faisaient d'un appartement un "chez-soi". Toutes ces babioles qui en temps normal auraient justement du l'aider à se sentir chez lui dans cet appartement, bien qu'il n'y soit jamais arrivé. Ce n'était pas chez lui, et il mentirait en affirmant qu'il regretterait cet endroit ; Il n'en serait rien. « C'est gentil de m'aider à embarquer tout ça. J'aurai pu louer une bagnole mais ... » En réalité non, il n'aurait pas pu, son permis de conduire était à deux doigts de la suspension et il risquerait bien plus que l'amende dont il devrait déjà s'acquitter s'il s'obstinait. « Bref, et j'ai prévu de te garder pour manger quand on aura fini, et sans vouloir me lancer des fleurs - ou juste un peu - n'importe lequel de mes proches pour lequel j'ai déjà cuisiné te dirait que tu fais une affaire. » Le ton oscillait entre sérieux et amusement, le regard aussi, mais au fond il y avait peu de choses dont Hassan se permettrait de se vanter ... La cuisine était simplement l'exception à la règle, il se savait bon cuisinier. « Regarde-moi ça ... » Il avait posé un regard circonspect sur le chien, à nouveau hors de son panier et venu s'asseoir à ses pieds avec l'air d'attendre quelque chose. « Il comprend pas l'anglais, en théorie. Mais je peux te dire que le mot "manger" c'est universel, pas besoin de traducteur. » Un véritable estomac sur pattes, l'animal. Ouvrant l'un de ses tiroirs pour en sortir un sachet de thé à la menthe, Hassan avait reposé les yeux sur Kenneth avant de décider de changer de sujet, toujours avide de parler des autres plutôt que de lui-même « Ça se passe bien, avec ta sœur ? » Il avait cru comprendre que la cohabitation n'était pas toujours aisée. C'était un peu paradoxal parce qu'Hassan ne connaissait pas bien la jeune femme, en fin de compte, et malgré qu'elle soit indirectement la raison de sa rencontre avec Kenneth. Le brun s'était simplement trouvé tout de suite plus d'atomes crochus avec le frère que la sœur, finalement.
Dernière édition par Hassan Jaafari le Dim 2 Oct 2016 - 4:23, édité 1 fois
J’aime rendre service à mes amis, surtout des amis comme Hassan. On s’entend bien et il a toujours été gentil avec moi, c’est pourquoi dès qu’il a eu besoin de moi, je n’ai pas hésité une seule seconde à dire oui. Bon, j’aurais peut-être dû réfléchir un peu plus en voyant l’état de ma voiture, mais une fois sorti du garage, elle est comme neuve ou presque, alors pas de quoi s’inquiéter. Hassan n’a pas l’air pourtant très rassuré quand je lui dis que mes freins m’ont lâché il y a peu, mais il n’y a vraiment aucun souci à se faire, après tout Ellie ne me laisserait pas prendre le volant dans un véhicule qui risquerait de me tuer. Elle m’aime trop pour ça. Au final, voyant son visage dans cet état, je comprends qu’il soit inquiet pour ma voiture, car apparemment il a déjà subi un accident qui lui a laissé quelques séquelles physiques. Je fais un peu d’humour sur la tête qu’il a, prenant tout de même un air un inquiet. Il me répond qu’il a la tête dure et je vois qu’il essaye de vite passer à autre chose. Je plisse les yeux un court instant pour essayer de deviner une expression qui le trahirait, mais rien, alors je fais comme lui et passe à autre chose, me disant qu’il finirait bien par me dire ce qui s’est passé pour lui. A vrai dire, je passe également à autre chose très facilement lorsqu’il m’offre la boîte du jeu, dont j’aurais la chance de jouer avant n’importe qui sur terre, ce n’est pas n’importe quoi. Même Hassan n’a pas eu le temps de le tester avant moi. Il me demande ensuite ce que je veux boire et je lui réponds un simple coca, parce qu’à part le soda, faut dire que je n’aime pas grand-chose. « Et un coca pour l'apprenti déménageur. » Lorsqu’il me dit ça, je lui tire la langue, avant de jeter des coups d’œil à son chien pour voir s’il ne prépare pas un mauvais coup prêt à me bondir dessus. Lorsqu’il pose le coca en face de moi, je souris à pleine dent. « Merci ! » J’ouvre la canette tout doucement, parce que me connaissant, je suis capable d’éclabousser la pièce tout entière et je regarde alors Hassan qui commence à se faire chauffer de l’eau. Je me mets alors à ricaner. « J’ai l’impression de voir ma sœur avec son thé qui empeste toute la cuisine. » Faut dire que c’est une vraie adepte de cette boisson, tandis que moi j’ai eu l’amère expérience d’en avoir bu une seule fois et d’avoir trouvé ça horriblement dégoutant. Portant la canette à ma bouche et buvant d’une manière pas très élégante, j’écoute Hassan me remercier de l’aider à déménager. Il me dit également qu’il aurait pu louer une voiture, mais s’interrompt aussitôt. Je fronce les sourcils, toujours cannette fixée sur les lèvres attendant peut-être une révélation de sa part. Pourtant, rien. Il ne me relève rien et il m’informe juste qu’il a pris la décision de me garder pour manger et qu’en plus, il paraît que c’est un excellent cuisiner. Reposant la canette devant moi, je dis un peu trop innocemment. « Ça me changera de la nourriture de Ellie. » Puis, je prends soudain un air inquiet, regardant derrière mon épaule, puis derrière Hassan, et je me mets à lui chuchoter. « Tu ne lui répètes surtout pas ce que je viens de dire. Sauf si tu veux dire adieu à ton vieux pote. » Je suis sûr qu’elle serait capable de m’étrangler jusqu’à ce que mort s’en suive, rien que l’idée de penser à cette scène me fait trembler de tout mon long. Puis on fixe alors son chien qui semble avoir compris de quoi Hassan était en train de parler. Je me remets à sourire. « Tu sais, je crois que je comprends le mot manger dans toutes les langues aussi » Il change complètement de sujet et me demande comment ça se passe avec ma sœur. Je hausse les épaules, restant très évasif sur cette question. « Bah ça va. Elle crie, elle rit, ainsi va la vie. » Et je préfère en sourire plutôt que de me dire que ça devient de plus en plus dur. Je me confie quand même à mon ami. « J’aimerais bien prendre mon indépendance, mais je ne sais pas comment elle le prendrait et puis … Faire de la colocation avec moi, c’est pas très simple. » C’est vrai que d’envisager de quitter ma sœur pour faire de la colocation, c’est risqué, surtout des personnes qui ne me connaissent pas forcément comme elle me connait.
Un autre jour le fait de réquisitionner l'aide de Kenneth aurait pu n'être qu'un prétexte pour obtenir un véhicule tout en se donnant bonne conscience quant au fait qu'il faisait les efforts de sociabilisation nécessaires à son état, mais aujourd'hui il n'avait pas eu besoin de prétexte. Il avait véritablement envie de voir un peu de monde, quelqu'un d'autre que son frère, qui ne l'avait pas quitté s'une semelle depuis sa sortie de l'hôpital et n'avait fait retour à Sydney que trois jours plus tôt, non sans rappeler à Hassan qu'il n'était pas débarrassé de lui pour autant puisqu'il reviendrait dans quinze jours passer les vacances ici avec femme et enfants. Et puis Kenneth ce n'était pas simplement "voir du monde", c'était l'assurance de passer un moment tranquille et sans prise de tête, car c'était tout le contraire de ce qu'était le jeune homme. Et justement parce qu'il ne l'avait pas invité uniquement pour cela, Hassan lui avait proposé de boire quelque chose avant de se mettre au boulot, s'amusant des goûts d'adolescent du jeune homme qui optait pour le soda, quand lui se préparait son thé habituel. « J’ai l’impression de voir ma sœur avec son thé qui empeste toute la cuisine. » Le brun avait laissé échapper un léger rire, avant de se tourner à nouveau vers son interlocuteur et de laisser la théière œuvrer. « Eh bien je suis au regret de t'annoncer que ta sœur a tout compris à la vie. » qu'il avait alors fait remarquer d'un ton gentiment narquois, sortant une tasse qu'il avait posé sur la table en prévision du moment où le thé serait prêt. « Et encore, tu aurais rencontré ma mère, j'crois qu'elle devait bien en boire deux litres par jour minimum. » Alors Hassan restait un petit joueur comparé à sa génitrice, il n'en était pas encore à ce stade ... Mais il n'avait que trente quatre-ans, alors il avait bien le temps d'aggraver son propre cas, hm.
Puisqu'il était question de la sœur de Kenneth en tout cas, elle était à nouveau venue sur le tapis lorsqu'Hassan avait invité le jeune homme à rester pour dîner - en réalité il ne lui avait pas vraiment laissé le choix, mais passons - lorsque l'invité avait fait savoir d'un ton trop innocent pour être honnête « Ça me changera de la nourriture de Ellie. Tu ne lui répètes surtout pas ce que je viens de dire. Sauf si tu veux dire adieu à ton vieux pote. » Amusé par les pitreries de son pote, Hassan avait fait mine de zipper ses lèvres et de jeter une clef imaginaire derrière son épaule, comme pour assurer qu'avec lui ce serait motus et bouche cousue. « Je suis pour la paix des ménages, quels qu'ils soient, alors je tiendrai ma langue. » Et ce même lorsque le ménage en question consistait en un frère et une sœur qui cohabitaient difficilement dans deux modes de vie totalement opposés. « Et puis si j'te dis adieu j'aurai plus personne à laminer à WRC, et ça ce n'est absolument pas envisageable. » Inutile de préciser que c'était bien la seule et unique licence sur laquelle Hassan soit en mesure de battre l'expert qu'était Kenneth. Mais pour WRC il avait probablement des heures et des heures d'avance en terme de compétition, fallait bien que de s'être livré une bataille acharnée avec son frère aîné à ce sujet pendant des années ait ses avantages. Beaucoup plus intéressé par l'évocation de la nourriture que par celle des jeux vidéos, Spike s'était levé avec intérêt et observait tour à tour les deux hommes dans l'espoir d'obtenir quelque chose à becqueter. Ah ça, l'animal était toujours prêt quand il était question de se remplir l'estomac « Tu sais, je crois que je comprends le mot manger dans toutes les langues aussi. » Est-ce qu'Hassan était étonné ? Non, pas le moins du monde.
Sa théière se manifestant enfin Hassan l'avait retirée du feu et avait versé la boisson dans sa tasse, la remplissant aux trois-quarts tandis que les effluves d'orange et de cannelle s'en échappaient. Il ne pouvait s'empêcher de se demander s'il n'y avait pas un fond de vérité dans les plaisanteries de Kenneth au sujet de sa sœur aînée, et prenant enfin la peine de s'installer à table avec lui il avait posé sur sa cuisse sa main gauche toujours bandée, tandis que les doigts de sa main droite s'enroulaient autour de sa tasse fumante, il avait tenté d'en savoir plus au sujet de la cohabitation des Wheeler. « Bah ça va. Elle crie, elle rit, ainsi va la vie. » Son interlocuteur avait haussé vaguement les épaules, avant d'ajouter plus pensif « J’aimerais bien prendre mon indépendance, mais je ne sais pas comment elle le prendrait et puis … Faire de la colocation avec moi, c’est pas très simple. » Ça, si Hassan avait développé vis-à-vis de Kenneth une affection certaine il ne pouvait pas nier que l'avoir comme colocataire ne devait pas être une partie de rigolade tous les jours, particulièrement si l'on militait pour un partage équitable des tâches ménagères. « T'as déjà essayé de lui en parler, pour voir ? » Mais c'était certes un peu délicat, particulièrement si l'on souhaitait comme Kenneth - et comme Hassan - arrondir les angles en permanence quitte à garder pour soi ses états-d'âme. « C'est qu'une question de timing, à mon avis ... faut juste trouver LA personne compatible. » Celle dont le mode de fonctionnement complétait celui de Kenneth, une sorte de ying et de yang de la colocation en somme. « Pas forcément qu'en terme de colocation, d'ailleurs. » Un sourire amusé s'était étiré sur les lèvres d'Hassan tandis qu'il fixait son pote d'un air entendu. Car oui, il ne doutait pas que Kenneth avait très bien compris à quoi il faisait référence ... Plutôt que de chercher un colocataire autant chercher directement la personne avec qui partager non seulement son appartement mais aussi son gel douche, son plumard, et la dernière mousse au chocolat du frigo.
Dernière édition par Hassan Jaafari le Dim 2 Oct 2016 - 4:23, édité 1 fois
JJe ne m’ennuie jamais lorsque je suis avec Hassan, faut dire qu’il a toujours le petit mot pour rire et aussi un hobby similaire au mien : les jeux-vidéos. Je ne peux que m’entendre avec les gens qui aiment les jeux-vidéos. C’est pourquoi lorsqu’il m’a demandé de venir l’aider déménager en échange d’un jeu inédit, je ne pouvais pas refuser, chose que je n’aurais pas fait de toute manière, car on m’a rendu tellement de service depuis que je suis ici, je suis un peu redevable à tout le monde et puis ce n’est jamais une corvée que de rendre des services à un ami proche. Je ne dirais certainement pas la même chose concernant ma sœur, car lorsqu’elle me demande des services, je suis plutôt du genre à soupirer plusieurs fois de suite et à traîner les pieds, jusqu’à faire prendre patience à ma sœur qui se rendra service à elle-même. C’est méchant, mais parfois elle abuse un peu trop. D’ailleurs lorsqu’elle a su que j’allais me rendre chez Hassan afin de l’aider à son déménagement, elle n’a pu s’empêcher de me dire que je suis toujours le premier pour rendre service aux autres, mais lorsqu’il s’agit d’elle, y a plus personne. C’est un peu ça, mais bon, elle ne va pas m’en vouloir bien longtemps. C’est donc face à mon ami que je déguste un bon soda frais qui va me mettre en condition pour sûrement porter des trucs lourds. Je me dis qu’il n’a pas dû prendre des trucs trop lourds non plus ou il aurait plutôt fait appel à quelqu’un avec un tant soit peu de muscle, ce qui n’est vraiment pas mon gars. Je dois être encore plus fin que Hassan qui est déjà bien gringalet. D’ailleurs, je ne sais pas comment il fait pour boire du thé, c’est vraiment une boisson que je ne supporte pas et puis c’est pour les filles, ma sœur en boit pratiquement tous les jours, après chaque repas ou le matin dès son réveil. Hassan me dit qu’elle a tout compris à la vie, c’est donc accoudé à sa table de cuisine, que je lève les yeux au ciel en rigolant ; c’était sûr qu’il lui donnerait raison. Il m’explique que sa mère était sûrement bien pire que lui en ce qui concerne le thé. « Tu m’avoues donc que c’est une boisson de fille et de vieille ? » Je réfléchis à ce que je viens de dire et j’ai envie de me taper la tête d’avoir répondu du tac au tac. « Sans manquer de respect à ta mère bien sûr. » Je ne sais absolument plus où me mettre et je préfère plonger ma bouche sur la canette au lieu de dire encore une connerie qui chiffonnera Hassan. Ma sœur aurait été là, elle m’aurait giflé l’arrière de la tête en me faisant des gros yeux, tout en pensant être discrète, ce qui est loin d’être le cas, surtout que généralement je pousse un petit cri de douleur suite à son coup.
On en vient justement à parler de ma sœur et faut dire que je me crispe en avouant à Hassan que sa nourriture me changera de celle de ma frangine, sauf qu’il n’y a aucune raison, elle ne va pas sortir de sous la table pour s’en prendre à moi à cause de mes propos. Pas qu’elle cuisine mal, mais disons qu’avec ses horaires à l’hôpital, elle se contente de cuisiner le minimum syndical et que je ne peux rien faire pour l’aider, sinon je risquerais de mettre le feu à la cuisine. Je sais que Hassan n’ira pas souffler cette confidence à l’oreille de Ellie, mais je préfère lui demander de ne rien dire pour être sûr. Il accepte, prétextant être pour la paix des ménages et un long soupir de soulagement s’échappe de ma bouche jusqu’à ce qu’il décide de me provoquer en parlant du seul jeu où il arrive vaillamment à me battre. Faut dire que même si je suis un touche à touche, les jeux de courses automobiles sont ceux auxquels je joue le moins, du coup je me fais assez facilement battre par Hassan qui semble s’être beaucoup entraîné sur cette licence. « Je me suis fait coaché par une vraie championne de ce jeu, je vais finir par te battre tu sais ? » Je pense à Tori qui est une vraie fana de ce genre de jeu et avec qui je passe de plus en plus de temps Et même si elle me bat à chaque fois, faut dire que j’arrive de plus en plus à l’égaler. Alors que je continue de siroter mon soda, le sujet de ma sœur revient sur le tapis. J’explique à Hassan une chose que je n’ai osé dire à personne jusqu’à maintenant, mon envie d’indépendance et surtout de laisser respirer ma sœur. Car certes, j’ai besoin de m’éloigner d’elle pour pouvoir respirer un peu, mais je pense que c’est pareil pour elle. Elle a vécu presque dix ans à Brisbane, faisant sa vie de son côté et voilà que la tornade que je suis est venu s’ajouter à sa vie pendant plus de deux ans. Elle a besoin de retrouver son propre chez soi, c’est ce que je pense. Hassan me demande si j’ai essayé de lui en parler et je lève la tête vers lui, en me pinçant les lèvres et secouant la tête de gauche à droite. Je n’ai même pas osé faire l’allusion à un quelconque déménagement. Il me dit qu’il faut que je trouve la bonne personne et rajoute d’ailleurs que ce n’est pas qu’une histoire de colocation et là, je sens mes joues virer au rouge. Je sais très bien où il veut en venir. Je préfère alors regarder en haut, la tâche sur le plafond, puis à travers la fenêtre sur la droite, partout sauf mon ami. « Y fait chaud ici un peu, tu ne penses pas ? » lui dis-je, fronçant légèrement les yeux, tout en essayant de prendre un air sérieux. Comment échapper à une conversation gênante en douze étapes.
Hassan venait d'une famille de buveurs de thé, c'était sans doute une question de culture et d'éducation. Son frère et lui en buvaient beaucoup et pratiquement depuis toujours, et cette habitude leur venait sans aucun doute de leurs parents, tous les deux grands consommateurs. Mais l'indétrônable en la matière restait la mère d'Hassan, le souvenir d'elle en train de préparer le thé c'était l'un de ses souvenirs que l'habitude et la répétition avaient rendu plus vivaces que les autres. « Tu m’avoues donc que c’est une boisson de fille et de vieille ? Sans manquer de respect à ta mère bien sûr. » Sorti de sa rêverie par la réflexion du jeune homme, Hassan l'avait regardé tenter de se cacher derrière sa cannette de coca et avait esquissé un sourire vaguement amusé « J'espère que tu as de meilleurs arguments pour qualifier ta propre mère ... Si tu lui dis "vieille" pour la fête des mères, je ne garantie pas que tu trouves quelque chose pour toi au pied du sapin à Noël. » Il se moquait gentiment, sans doute aussi parce qu'un peu désireux de retirer cet air circonspect du visage de Kenneth.
D'humeur badine le jeune homme s'était d'ailleurs attaqué juste après aux talents culinaires de sa soeur, qu'Hassan n'était ni en mesure de confirmer ni en mesure d'infirmer, pour n'avoir jalais eu lui-même l'occasion d'y goûter. Il faut dire aussi que le métier excercé par la soeur Wheeler faisait d'elle un véritable courant d'air, et Hassan avait déjà bien assez de devoir s'adapter aux horaires de courant d'air de Yasmine ... du moins lorsqu'ils s'adressaient encore la parole. Cette pensée lui faisant un instant perdre son sourire, il avait secoué la tête comme pour penser à autre chose, Kenneth lui en donnant l'occasion tandis qu'il vantait ses récents progrès à WRC « Je me suis fait coaché par une vraie championne de ce jeu, je vais finir par te battre tu sais ? » Arquant un sourcil d'un air faussement méfiant, parce qu'il oubliait visiblement un peu vite la raclée qui lui avait infligée la fois passée, le Kenny, il avait demandé « Et tu comptes me la présenter cette championne, qu'on voit un peu si c'est une vraie championne ? J'voudrais pas que tu me prives du peu d'honneur qu'il me reste face à toi en terme de jeux vidéos. » Du très peu d'honneur même, parce que se faire battre à plate couture à tous les jeux sauf un, ce n'était pour ainsi dire pas bien glorieux. Une chance pour eux deux qu'Hassan soit l'opposé de mauvais perdant.
Trempant ses lèvres sans se presser dans sa tasse de thé, le brun avait écouté Kenneth conter la colocation pas tout à fait idyllique entre sa soeur et lui, sans doute aidée par le fait que, habituée peut-être à vivre seule, Ellie avait du mal à conjuguer avec d'autres habitudes que les siennes désormais. Lorsqu'Hassan et son frère avaient vécu en colocation la question ne s'était pas posée, mais la situation n'était pas équivalente. Ils n'avaient pas eu le choix, Hassan n'avait que quinze ans à la mort de leurs parents, trop jeune pour vivre seul, pas qu'il en aurait véritablement eu envie de toute façon ... et puis finalement ils s'étaient trouvé une certaine routine, aidée par le fait qu'ils avaient toujours été très proches. Cela avait duré jusqu'à ce que chcacun d'entre eux décide d'un commun accord de s'installer avec leur copine de l'époque, celle d'Hassan n'étant rien de moins que la jeune femme qu'il épouserait quelques temps plus tard. C'était une autre option qui s'offrait à Kenneth, dont la simple mention venait de le faire rougir jusqu'aux oreilles « Y fait chaud ici un peu, tu ne penses pas ? » Hassan avait laissé échapper un rire, sanq doute aussi parce qu'il s'amusait de voir que Kenny se faisait parfois vraiment l'effet d'un adolescent qui un beau jour se serait retrouvé coincé dans le corps d'un adulte dont il n'avait aucune idée de quoi faire. « Ça, je mets ma main à couper que ça veut dire que tu penses à quelqu'un en particulier, j'ai raison ? » Ce n'était pas parce que la vie sentimentale d'Hassan était devenu un désert aride - dont il se satisfaisait totalement, ceci dit - qu'il ne pouvait pas s'enthousiasmer des béguins de ses potes.
Dernière édition par Hassan Jaafari le Dim 2 Oct 2016 - 4:23, édité 1 fois
Je ne me rends pas compte de ma bourde en insultant malgré moi la mère de Hassan. C’est vrai que le terme ‘’vieille’’ se montre assez péjoratif, mais faut dire qu’on est déjà trentenaire et que nos mamans ne sont donc plus jeunes, que ce soit la mienne ou la sienne. Heureusement, mon ami ne le prend pas mal, bien au contraire, il prend ça à la rigolade. Appeler ma mère vieille ? C’est vrai que la connaissant, elle et son caractère, j’hériterais d’un bon coup de pied aux fesses. « Tu connais Ellie, donc imagine simplement ma mère avec un caractère encore plus explosif. » Oui, les deux femmes qui m’ont élevé était des espèces de cinglés hystérique, faut dire que je suis le seul à avoir eu le droit à un caractère bien différent, pour le coup, je ressemble un peu plus à mon oncle. Il est tellement posé et calme, on se demande d’ailleurs parfois s’il fait véritablement partie de la famille Wheeler. « Mais ne t’inquiètes pas, malgré le sale gosse que je suis, ma mère continue de m’offrir pleins de cadeaux inutiles. Genre des chaussettes, des nouveaux t-shirts. » Bref, tous ce que je trouve inintéressant, mais elle s’est promis de ne plus m’offrir de jeux-vidéo jusqu’à ce que je trouve une copine.
On parle ensuite du seul jeu où Hassan arrive à me battre. Faut dire qu’il peut en être fier, parce que je passe tellement de temps face à la console, que c’est presque impossible de gagner contre moi. Sauf que ce fameux jeu, j’y joue très rarement n’étant pas forcément un fan de course automobile, préférant plutôt les jeux de guerre ou d’action. Cependant, Tori adore jouer à ce jeu et on a passé de longues heures à y jouer, j’ai même eu l’impression de m’améliorer et comme Hassan n’a pas autant de temps que moi pour s’amuser devant sa console, je vais peut-être finir par le battre. Il me demande alors de lui présenter cette fameuse championne et je me mets à rougir. Présenter Tori à mes amis ? Est-ce que ça se fait ? J’aurais peur qu’elle se fasse des idées -des idées certes peut être vrai au fond- du coup j’essaye de ne pas paraître gêné face à Hassan, même si mon visage a tendance à trahir mes émotions. « Oui, oui … Mais j’ai peur qu’elle ne fasse qu’une bouchée de toi et que tu n’arrives pas à t’en remettre. » En voilà une bonne excuse qui ne me fera pas passé pour un trouillard. Sauf que la conversation dérive sur un sujet qui me mets toujours un malaise : une potentielle copine. Bien sûr mes premières pensées se tournent vers Tori, mais pas seulement. Amelia y apparaît aussi un instant et puis Elie -pas ma sœur bien heureusement- et je rougis de plus belle lorsqu’il me dit que je pense à quelqu’un en particulier. S’il savait, je pense à trois filles en même temps et je me demande comment c’est possible. C’était beaucoup plus facile avant, lorsqu’aucune femme ne s’intéressait à moi et que je ne tombais pas amoureux de toutes celle qui croisé mon chemin. Je me gratte la tête en faisant une espèce de grimace idiote. « Tu as tort en fait. » Je chuchote presque par rapport à ses propos, préférant regarder ailleurs et je tourne la tête vers les cartons. « Bon, on va commencer à charger la voiture ? » Comment changer de sujet sans la moindre discrétion ? Faire exactement comme moi.
Les souvenirs qu'avait Hassan de sa propre mère n'étaient pas emprunts d'une immense fiabilité, et sans doute ses souvenirs d'enfant et d'adolescent arrangeaient-ils un peu la réalité, car au fond il avait vécu plus de temps sans elle qu'avec elle, désormais. Mais Shahra n'était pas une femme de caractère, elle avait vécu presque toute sa vie dans un pays où la femme n'avait jamais voix au chapitre, et les souvenirs du brun la dépeignaient toujours avec ce sourire calme, et cette tendance à tourner la tête vers son mari pour qu'il réponde à sa place, lorsqu'une question lui était adressée. Et Hassan avait bien conscience qu'en Australie sa mère ne représentait pas la norme, au contraire, aussi s'était-il simplement amusé lorsque Kenneth avait expliqué « Tu connais Ellie, donc imagine simplement ma mère avec un caractère encore plus explosif. » Laissant échapper un léger rire, Ellie disposant déjà, semble-t-il, d'un caractère bien trempé, Hassan avait acquiescé « Mais ne t’inquiètes pas, malgré le sale gosse que je suis, ma mère continue de m’offrir pleins de cadeaux inutiles. Genre des chaussettes, des nouveaux t-shirts. » C'est sûr que ça n'était pas le dernier jeu de zombies à la mode, mais Hassan avait protesté gentiment « C'est une maman, gros malin. Tout ce qu'elle y voit elle, c'est que tu penseras à elle chaque fois que tu enfileras cette paire de chaussettes. » Alors qu'en dégommant des zombies ou en tentant de conquérir dieu sait quelle contrée imaginaire, on ne pensait pas tant à la personne qui avait offert le jeu qu'au jeu en lui-même.
Mais puisqu'ils en étaient venus au sujet de conversation favoris de Kenny, il semblerait à ce propos qu'Hassan soit susceptible de perdre son avantage sur le seul et unique jeu sur lequel il parvenait jusqu'à présent à garder l'ascendant sur son pote. Du moins c'est ce que sous-entendait le jeune homme, mais qu'on se le dise Hassan ne croyait que ce qu'il voyait et pour le moment il n'avait que la parole d'un Kenneth dont le rouge qui lui montait aux oreilles laissait à douter sur sa totale objectivité tandis qu'il assurait « Oui, oui … Mais j’ai peur qu’elle ne fasse qu’une bouchée de toi et que tu n’arrives pas à t’en remettre. » Hassan avait terminé sa tasse de thé, non sans secouer la tête avec amusement « Je vois, c'est très gentil à toi de me préserver. » Cachant à peine le ton gentiment moqueur qu'il avait employé, le brun avait néanmoins trouvé une brèche dans laquelle s'engager à propos de cette fille, certain qu'il y avait anguille sous roche. Mais en réalité il agissait ainsi bien plus pour titiller Kenny que par réel désir de se montrer curieux « Tu as tort en fait. » avait pourtant marmonné le jeune homme, soudainement intéressé par ce qui se passait par terre ou derrière lui plutôt qu'à table « Bon, on va commencer à charger la voiture ? » Récupérant sa tasse, Hassan s'était levé pour aller la poser dans l'évier, laissant échapper l'air de rien « Le changement subtil de conversation, je vois. » avant de se tourner à nouveau vers son invité. Dont le teint risquait de virer cramoisi si Hassan continuait sur sa lancée, à l'évidence « Ça va, ça va, je blague. Et oui, on va commencer à charger la voiture. » Pas sûr que Kenneth soit toujours aussi motivé par ces cartons quand il en aurait porté quelques uns et sollicité des muscles dont il ignorait encore jusqu'à l'existence.
Avant cela il s'était éclipsé un instant à la salle de bain pour y avaler un cacheton ; Avec ça il ne sentirait - presque - plus son poignet d'ici cinq ou dix minutes, et il serait tranquille pour une heure, voir une heure et demi. Restait plus qu'à espérer que ce soit suffisant pour descendre le plus gros des cartons et les décharger une fois au garde-meubles. « Tu t'es échauffé j'espère ? » avait-il lancé d'un ton gentiment narquois, comme s'il s'apprêtait à lui faire courir un marathon. Alors qu'en réalité il avait de la chance que l'ascenseur soit dans un bonjour et semble fonctionner, sans quoi le tout aurait véritablement été sportif. « Les cartons avec du scotch noir sont les plus lourds, on va les descendre en premier. Les deux à gauche sont fragiles, c'est de la vaisselle. » Autrement dit il valait sans doute mieux qu'ils commencent par ceux-là, tant qu'ils étaient encore frais et motivés et qu'ils ne risquaient pas de les lâcher par inadvertance. « Je vais l'enfermer dans ma chambre, sinon il va traîner dans nos pattes. » avait-il par ailleurs rajouté en désignant Spike, retourné s'installer dans son panier. L'interpellant dans son autre langue Hassan avant attiré l'animal dans la pièce au bout du couloir et refermé la porte, ignorant les coups de griffes de l'autre côté de la porte, l'animal sans doute agacé de s'être fait ainsi berner. « C'est bon, on peut y aller ! » Attrapant l'un des cartons de vaisselle en ignorant la douleur encore présente dans son poignet ainsi que celle, plus latente, qui lui parcourait les côtes. « Elle ressemble à quoi ta voiture, d'ailleurs ? » Parce qu'il n'en savait absolument rien, en fait. Il savait uniquement qu'elle sortait du garage après que les freins aient failli lâcher, ce qui rappelons-le n'était pas ce qu'Hassan aurait préféré apprendre en premier concernant le véhicule.
Dernière édition par Hassan Jaafari le Dim 2 Oct 2016 - 4:23, édité 1 fois
Faut dire que je n’ai pas un très grand souvenir des cadeaux de ma mère, sauf peut-être le jour où elle m’a offert mon premier ordinateur. Elle a sûrement dû regretter par la suite lorsqu’elle ne m’a plus jamais vu décoller les yeux de cet appareil. Par la suite, ses cadeaux ne m’ont jamais paru totalement utile. Des lots de slip, de chaussettes, des dizaines de tasses avec mon nom inscrit dessus ou encore des t-shirts avec des inscriptions rigolotes qui lui ont fait pensés à moi dès qu’elle l’a vu, d’après ses termes. Et alors que je me perds dans mes pensées, Hassan s’insurge de ma réaction en me disant qu’après tout c’est une vraie maman et qu’elle préfère m’acheter ce genre de cadeau pour que je pense à elle à chaque fois que je les enfile. Je me mets à rire. « C’est clair que devoir choisir entre plus d’une cinquantaine de caleçons, je ne peux penser qu’à elle. » J’ai même l’impression que je vais bientôt devoir m’acheter une nouvelle armoire seulement pour entreposer les caleçons et chaussettes offerts gracieusement par ma maman. « Imagine, en plus, que mon oncle ne se concerte jamais avec ma mère et que j’ai souvent le droit à des chaussettes en double. » Damian, c’est surtout son souci avec le temps. Son emploi lui prend tellement de temps qu’il achète souvent les cadeaux à la dernière minute. Je hausse les épaules en riant de plus belle. « Pas grave, on les flanquera dans une maison de retraite pas trop chère. » Je plaisante bien entendu, façon vue comment ma mère est toujours en forme à son âge, c’est elle qui va devoir nous mettre en maison de retraite avec ma sœur.
Sauf que le sujet bascule dans une direction qui ne me plaît pas, puisqu’après avoir parlé du seul vidéo où Hassan arrive à me battre, on en vient à parler des filles qui me plaisent. Je ne suis pas tout à fait à l’aise sur ce sujet et même si je sais qu’en confiant des choses à Hassan, il gardera sa bouche close et n’ira rien raconter à personne. Je suis trop pudique pour me mettre à raconter mes histoires de cœur. Alors, je change de sujet. Pas d’une manière subtile, je préciserais même que j’ai fait ça d’une manière très grotesque. Si grotesque, que Hassan le remarque et ne peut s’empêcher de dire quelques choses. Je pense que j’ai dû devenir aussi rouge qu’une tomate, j’aurais préféré qu’on ne parle pas de ça et je pense qu’il l’a compris. Il accepte finalement de changer de sujet et je ne peux pas cacher ma joie, un sourire rassuré se dessine sur mes lèvres. Hassan disparait un instant, je ne sais pas trop pour quoi faire, mais je n’ai pas le temps de me poser plus de question, il réapparait en me demandant si je me suis échauffé. « Une dizaine de pompes ce matin, ça suffira j’espère ? » Je lève mon bras pour lui montrer un muscle inexistant, beaucoup plus détendu qu’il y a quelques minutes. Bien sûr, c’est faux. Ni échauffement, ni muscle. Il m’explique que les cartons avec du scotch noir sont lourd et que les deux autres sont fragiles et comportent de la vaisselle. Je pense que je ne vais pas toucher ses deux cartons là, je pense que Hassan va devoir manger dans de la vaisselle en plastique si on prend le risque. Sauf que justement, Hassan veut qu’on commence par ses fameux cartons. Je supplie donc intérieurement mon corps pour ne pas tout lâcher par inadvertance. J’attrape le second carton qui n’est pas forcément lourd, mais que j’agrippe quand même assez fort pour être sûr de ne pas le lâcher. Pendant qu’on se dirige vers l’extérieur pour pouvoir sortir les cartons, Hassan me demande à quoi ressemble ma voiture. « Un pick-up rouge. C’est ma première voiture, mon gros bébé à moi. » Faut dire que oui, je l’aime ma voiture, c’est pour ça que je préfère dépenser des sous dans sa réparation plutôt que d’investir dans une nouvelle voiture.