La pause de déjeuner est ce que je préfère. Bon depuis le bureau de police à un café, ça fait légèrement loin. J'ai une heure trente de pause et fort heureusement, je ne mange pas beaucoup à cette heure-ci. Je fonce prendre le premier bus en direction de Logan City. J'abandonne mes talons louboutins pour des converses ; la parure de la clocharde, une jupe droite beige et des converses noires. Je garde mes lunettes sur le bout du nez et arrache mon élastique de mes cheveux. Une cascade brune descend raidement sur mes épaules. Je souffle. Je respire. J'ai hâte de manger quelque chose ; un bon macciato caramel, comme je les aime. Le bus s'arrêta à deux maisons du Starbucks. Cela ne fait pas longtemps que j'y suis allée, avec Tobbie où j'ai confessé mon approche pour les gouines. J'entre dans la petite boutique et fait la queue comme tout le monde. Devant le caissier que je reconnais aussitôt, je souris et commande mon macciato avec un beignet au sucre. Un jogging ce soir avec Tony me fera du bien ! Il me tendis ma commande et je lui glissais quelques pièces et billets sur le comptoir avant de courir dehors. Je ne regarde pas en face de moi -et c'est bien douloureux- puis, je me prend un coup dur sur le haut de la tête. Je vois noir. Je sens mon corps se raidir par-terre. Mon café a disparu. Je me réveille et je vois le plafond blanc du café. Je m'assois au sol froid. Je découvre une jolie femme brune et élancée avec une immense tâche brune sur son chemisier crème. Merde, merde ! Je me relève aussitôt et je me reçois un coup plein fouet ; la douleur du crâne jaillit et m'assomme d'une horrible migraine vertigineuse. Je secoue ma tête et regarde la jeune femme en époussetant le café chaud de son chemisier. « Mince, je suis désolé, madame. J'ai pas vu où j'allais et... » Je rencontre son regard en levant le mien à peu. Elle a un joli visage, de jolis yeux… PUTAIN JEAN ! C'est une femme ; tu hais les femmes, t'aime les hommes ! « Je vais payer pour le pressing. » Que je dis toute innocente, préparant un petit chéquier usé. Plus prolétaire, tu fais pas.

Mon ami de tête était tel un gong dans ma tête. C'est horrible mais je reste polie et je m’intéresse à la femme qui a subit mon karma de maladresse. Ma main partait de haut en bas sur cette tâche, le regard d'autrui m'importait peu dans ces moments-là. Je savais que nous deux, deux inconnues, nous étions un spectacle pour ces gens. Ce ne serait pas la première fois pour moi ; ma maladresse m'a offert un public plus d'une fois et puis, avec Rayan, j'attise des regards que je ne voudrais pas. La jeune femme semblait fâchée, il y a de quoi, son ventre gonflait comme sa respiration mais elle gardait un sens diplomatique qui me faisait presque peur ; sa colère doit être énorme pour la canaliser ainsi. « Vu la tâche autant en racheter un autre » Je me mordillais la lèvres et je mettais un un suivit de trois zéros. Je suis secrétaire à la police, oui, exact et d'où je sors mes zéros et mes louboutins ? La banque de mon beau-père juge, de ma mère qui bosse dans le média et mon petit-ami bourge. Ouais, je suis bien entouré mais je m'en fiche et je fais souvent profil bas sur ma situation ; les rangs sociaux ne devraient pas exister. Me voilà activiste comme Rayan ! Fait chier. « Vous, ça va ? » Je me redresse et recule d'un pas -énorme- de cette femme. Je hoche la tête en rougissant un peu ; là c'est pas le langage de mon utérus, c'est juste de la gêne vis à vis de la situation. « Je vais bien. C'est qu'une bosse de rien du tout ; j'ai connu pire. Vous savez, pour une maladroite, une bosse c'est rien. Une jambe cassée, c'est quelque chose. » Je rigolais, dans une gêne nerveuse. J'avais un peu honte de déballer ma vie ainsi ; surtout qu'elle en avait clairement rien à foute. « Euh. Tenez, je sais pas si ça suffira mais au moins ça paiera la moitié voir moins… » L'essentiel est que j'ai essayé de me racheter. Je lui tendis le chèque avec quelques petits zéros et je rangeais le chéquier dans mon sac. « Vous voulez un café ? J'allais m'en racheter un. Le mien est devenu un chemisier nouvelle génération... » La blague qui est posée par malaise. Je souriais et me dirigeais vers le barista pour recommander mon macciato. « Un latté ? » demandais-je à la demoiselle.

Je radotais ma vie ; ma maladresse légendaire qui me fait face depuis ma naissance. Première fois fut à mes cinq ans ; quand je me suis faite agresser par un membre de la mafia italienne -en Italie- et qu'un flic s'est prit une balle pour moi. C'était de la maladresse, malchance, pour moi. Qu'est-ce qu'une gamine e cinq ans foutait seule dehors ? Maman était dans une épicerie et m'avait sagement demandé de l'attendre dehors ; je l'ai fait et voilà. « Ah, parce que ça vous arrive souvent d’offrir des douches au café à des inconnus ? » Je déglutis. En fait, non pas vraiment mais ouais, d'autre type de liquide. La femme avait vraiment l'air de mauvais poil et je ne pouvais que la comprendre ; je serais pareil si cela avait été moi. « Pas vraiment... » Fais-je dans un petit rire nerveux. Elle avait de la prestance et a vu de son accoutrement ; elle avait de la liasse à revendre. Manquait plus que ça ; j'ai contrariée une bourgeoise. J'ai assez donné avec les parents de Tony personnellement. Les snobinards, ils me courent sur le haricot à présent. Elle n'avait pas vraiment le choix que d'accepter mes offres ; en même temps, dans des cas comme celui-ci, je parle et je parle plus vite que le moulin ne tourne. Du Tobbie quoi. Je me commande mon macciato et elle se commandait son café ; un risotto bianco quoi ? J'ai rien compris mais soit. Je sors des billets verts et les dépose sur le comptoir. Je suis italienne mais je ne comprend rien au café, sauf un ice coffee et un macciato. Je vais loin dans la vie, voyez. « Merci pour le café » Je soulevais mon gobelet en guise de "pas de quoi" avec un sourire de chez signal white white now. Nous nous dirigeâmes vers la table qui nous laissait libre court à nos doses de sucre et autre; Je prenais la cannelle en poudre et en saupoudra sur la mousse. « Vous êtes sûre que ça va ? » Je retourne vivement ma tête vers elle. La poudre tomba sur ma main et sur la table. Merde, je peux pas faire gaffe à mes gestes ? Elle va me prendre pour une clocharde de bon à rien. Je ramasse la poudre sur la table, la balayant avec ma main vers l'autre main en coupe. Puis, je jetais cela à la poubelle ; quel gâchis. « Ouais ça va. Vous en faites pas, madame. » Je souriais toujours et essuya ma main sur ma jupe. Prolétaire, salut. Je lui tendis une main manucurée après ce mouvement : « Je m'appelle Jean Carter. » Je prononçais mon prénom en mode « Gin » ou en mode jean sans s, autant vous le dire. « Vous avez encore un peu de temps devant vous pour s'asseoir un instant ? » J'empochais mon beignet au sucre qui fut par-terre durant l'accident ; par grave c'est propre.

Ma maladresse n'aura donc jamais de fin ? Le coup du café sur l'inconnue et maintenant ma cannelle ! Je soupirais face à cela et je décidais de rompre la brise de confidentialité. Je me présentais, tendant ma main vers elle avec mon plus gai des sourires. Elle s'en empara délicatement et je la serrais légèrement à mon tour. « Rosalie Blake » C'était-elle alors présentée face à moi. Quel doux prénom ; j'adore. J'adore simplement et purement les prénom comme celui-ci. C'est vrai qu'avec le mien ; c'est facile d'aimer un autre prénom. Ma mère est italienne et elle a voulu me prénommer comme le pantalon qu'elle aime tant ; le jeans. Elle aurait pas pu me prénommer d'un prénom italien, comme ma soeur cadette -demi-soeur- Jemima ? Je l'invitais à s'asseoir un peu sur la terrasse si elle avait le temps et elle semblait d'accord, sauf que, son téléphone sonna et elle décrocha ce dernier. « Oui ?... je suis encore à l’intérieur… je vois oui… j’arrive » Je l'observais et je savais qu'il était temps pour nous deux de faire chemin à part. Elle avait de la prestance et puis... un chauffeur ? Quelle classe. Bon, Tony en disposait d'un aussi parfois ; le chauffeur familial qu'il l'appelait alors que son prénom était Yoann. « Mon chauffeur est là, je dois malheureusement décliner votre invitation » Au moins, elle semblait plus désolée que fâchée par la tâche de café, elle commença à s'éloigner et je lui criait un vif : « Je vous en prie, au revoir. » Avant qu'elle ne claque la porte de la boutique. Je restais là. Trottinant sur mes deux pieds, cherchant quoi faire et je décidais d'aller m'asseoir à la terrasse lorsque sa voiture passait en face de moi. Je m'assieds et déguste mon beignet avec mon macciato caramel/cannelle ; ouais, du sport ce soir ne me fera pas de mal !