Il roulait. Vite. Peut-être un peu trop vite. Un coup d'oeil au tableau de bord. Il était encore temps. Il était encore temps de rejoindre l'endroit où il voulait être. Andrew avait de la chance. Parce qu'il n'y avait pas trop de circulation. Enfin, un peu quand même. Mais ça irait. "Allez ... Bouge ..." avait-il pesté à l'encontre d'un camion qui était en plein milieu de la route et qui bouchonnait un peu tout le monde. Le médecin arriva, tout de même, à passer sur la file d'à côté. S'il n'arrivait pas à l'heure, il s'en voudrait toute sa vie. Ce qu'il voulait faire ? Et pourquoi s'y rendait-il ?
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Une vingtaine de minutes plus tôt. C'était sa pause repas. Et il avait eu dans l'idée d'aller faire un petit coucou à Malia. Il était toujours inquiet. Par rapport à ce qu'elle avait pu lui dire quand ... Et bien, quand ils s'étaient retrouvés tous les deux sur la plage. Sur le fait qu'elle avait envie de partir. Oui, il était inquiet. Oui, il avait peur qu'elle s'en aille. Oui, il avait envie qu'elle reste. Qu'elle reste dans les parages. Seulement, il avait l'impression de se montrer égoïste. De vouloir la retenir ... il était ... perturbé à l'idée de la voir partir. Mais également perturbé de lui demander de rester. Enfin, il ne savait pas s'il allait le faire. S'il allait lui dire ce qu'il pouvait ressentir. Et qu'il n'avait pas envie de la voir partir. En tout cas, il avait dans l'idée de oui ... D'aller kidnapper Malia, en quelque sorte. Et de l'emmener déjeuner quelque part. Il pensait que c'était une bonne idée et que ça pourrait lui faire plaisir. Alors, il s'était pointé. A la galerie où Malia travaillait. Il ne lui fallut guère de temps pour rejoindre le bâtiment et pénétrer dans ce dernier. Coup d'oeil à droite. Coup d'oeil à gauche. Pas de Malia. C'était étrange. C'était étonnant. Alors, il chercha un employé. Peut-être qu'on pourrait lui dire où était la blonde. Une femme s'était rapprochée de lui. Une brune. "Bonjour. Je peux vous aider ?" Il eut un hochement de la tête. "Oui, en effet. Je cherche Malia. Vous savez où je pourrais la trouver ?" L'employée prit un air déçu. "Vous n'êtes pas au courant ?" Andrew leva un sourcil interrogateur. De quoi devrait-il être au courant ?
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Voilà comment il s'était retrouvé dans sa voiture. Voilà comment il avait dû faire un excès de vitesse ou deux. Il recevrait la douloureuse à la maison si jamais il s'était fait flashé. C'était le risque. Mais il était prêt à prendre ce risque. Prêt à arriver à l'aéroport avant qu'elle ne s'en aille. Pour discuter avec elle. Et savoir pourquoi surtout. Savoir pourquoi. Il gara sa voiture sur le parking. Et il s'était précipité à l'intérieur. Non, sa vie n'en dépendait pas. Mais il était très accroché à Malia. Et il voulait la retrouver. Avant qu'elle ne s'en aille. Pour avoir une chance. Une chance de lui dire qu'il ne voulait pas qu'elle parte. Le hic, c'était que pour avoir une chance de la trouver, il devait ... avoir un billet pour passer les portes et être dans la salle d'attente, avec tous les autres. "Donnez-moi un billet pour Sydney, ça fera l'affaire." Tant que ça lui permettait de passer les portes, c'était tout ce qu'il voulait. Tant pis si c'était de l'argent gaspillé. Il pouvait bien faire ça pour elle. Billet fourré dans sa poche, le voilà donc avec les autres passagers qui attendaient que leur vol soit annoncé. Il n'avait plus qu'à se mettre à la recherche de la jolie Malia.
'Cause all my life I felt this way But I could never find the words to say Stay, stay.
Une matinée de plus que Malia pensait ordinaire. Elle venait travailler à sa galerie tous les jours, sans son dynamisme et sa joie de vivre d’antan. Tout était plus morose, plus gris, surtout ses pensées. Un jour elle allait bien, et le lendemain elle s’enfermait dans son bureau des heures juste pour pleurer. Le temps n’effaçait pas la douleur, et encore moins les peines. Plus d’une fois, elle avait annulé des rendez-vous, ses visites guidées, ce qui d’ailleurs en avait inquiété plus d’un. Mais ils ne savaient pas comment réagir, et Malia finissait toujours par leur dire qu’elle irait mieux un jour. Mais cette soirée était gravée dans sa mémoire, et pour le moment, elle n’arrivait pas à passer outre. Alors elle vivait au jour le jour, et ses employés s’étaient peu à peu habitué à prendre les reines de la galerie. Car oui, l’ancienne Malia n’aurait jamais laissé faire ça, aimant tout « contrôler » et travaillant matin et soir pour obtenir toujours le meilleur. Au lieu de ça, elle devenait parfois un zombie, et devenait une figurante dans sa propre galerie. Sauf que ce matin là, tout allait changer. Sa vie allait basculer suite à une rencontre de son passé. Une rencontre imprévue, qui lui donnerait finalement les clefs pour avoir une chance de redevenir la Malia d’avant.
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Sa valise dans une main, son sac à mains et ses papiers prêt à dégainer dans l’autre, Malia faisait rouler sa valise entre les gens afin d’atteindre son comptoir d’enregistrement. Elle avait acheté son billet la veille sur internet pour éviter de le faire aujourd’hui même. Il lui fallait enregistrer sa plus grosse des valises, passer la sécurité et enfin prendre son avion. Tout s’était fait très vite, et sa valise ne contenait surement que la moitié des choses qu’elle devrait emmener. Mais qu’importe. Dans quelques heures, elle serait à l’autre bout d’ici, loin de ses fantômes et de ses peurs, mais aussi loin d’Andrew. A plusieurs reprises elle s’était demandée que faire à son sujet, mais c’était resté au stade de réflexion. Et à présent, elle regrettait de ne pas l’avoir au moins prévenu. Mais c’était trop tard. Son avion décollerait, et elle couperait téléphone, ordi et tout ça, le temps de son voyage. Arrivé au comptoir d’enregistrement, une jolie brunette l’accueilli. Malia soupira doucement, encore sous le choc de ce qu’elle faisait. Tout quitter sans rien dire. Sans se retourner. Comme avant. « Bon voyage madame » La blondinette sortit de ses pensées, et la remercia avant de repartir. Elle passa la sécurité en déposant toutes ses affaires dans un bac où tout serait analysé en un temps record. Puis après avoir tout récupéré, elle chercha des yeux l’horaire de son vol. Elle décollerait dans 1h35. Il ne lui restait plus qu’à patienter et attendre gentiment l’heure d’embarquement.
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Inspectant une toile qu’elle venait de recevoir par un transporteur, Malia avait revêtu ses lunettes, cherchant la moindre égratignure possible. Pas question d’accepter un tableau avec une égratignure ne serait-ce que minime. Elle fut tirée de ses pensées lorsqu’une de ses employées vint la trouver. « Malia, on vous cherche. Un certain Monsieur Parker je crois. Je lui dis de repasser ? » Malia fut intrigué d’apprendre que ce monsieur la cherchait. La dernière fois qu’elle avait côtoyé Jack c’était quelque part au milieu d’un désert égyptien. Piqué par la curiosité, elle passa du côté de la galerie, juste pour vérifier que tout ceci n’était pas une blague. « Jack Parker, dans ma galerie ! Mais que faites-vous ici ? Vous n’êtes pas en train d’enseigner, de chercher des vieilles momies ou je ne sais quoi encore ? » Cet homme était sans aucun doute une personne qu’elle admirait. Âgé d’environ 65 ans, elle avait été une de ses plus fidèles étudiantes, et ils avaient gardé contact par mail quelques années, avant de ne plus correspondre. « Ma douce Malia, votre galerie est épatante ! Je n’en croyais pas mes oreilles quand j’ai appris que vous étiez à présent posé ici-même à Brisbane. Je suis actuellement la conférence sur l’art antique qui a lieu en ville, et j’avais envie de venir vous voir. Avez-vous le temps de prendre un café avec moi ? J’ai quelque chose d’important à voir avec vous. En plus j’ai hâte d’entendre vos dernières découvertes. » Malia le suivit donc vers le café le plus proche, sans savoir que sa proposition changerait la donne, et surtout lui donnerait envie de tout plaquer.
En mode flip ... Il était en mode flip. Parce qu'il avait peur. Peur que Malia ne soit déjà partie. Peur qu'il ne l'ait loupée. Ou bien qu'elle ait déjà embarqué. Mais oui, il avait la trouille. Il se disait qu'il avait peut-être loupé sa chance avec la blonde. Qu'il aurait mieux fait de lui parler quand il en avait le temps. C'était trop tard maintenant. Enfin, peut-être, il n'en savait rien. Prendre ce billet, c'était la seule solution pour lui permettre de passer les portes. Et pour avoir une chance, une petite chance de ... Et bien, de lui parler. Peut-être qu'il n'arriverait pas à la faire changer d'avis. Mais au moins, il voulait essayer. Il tentait sa chance. Peut-être que ça n'allait pas fonctionner. Peut-être qu'il allait arriver trop tard. Il n'en savait rien. Le mec qui lui fit passer le portique, enfin, le détecteur de métaux, le regarda avec un drôle. "Vous n'avez pas de bagages ?" Andrew secoua la tête. "Non. J'essaie de retrouver une amie avant qu'elle ne prenne son vol." Il n'avait pas envie de lui donner tous les détails. Parce que ... Et bien, parce qu'il allait le prendre pour un psychopathe. Ou quelque chose dans le genre. Donc, moins il en disait, mieux ça serait à dire vrai. On le laissa passer, puisqu'il n'avait rien de métallique. Enfin, à part ses clés. Et la boucle de sa ceinture. Mais il n'avait pas d'armes. Donc, pas vraiment de raison pour qu'on l'empêche de passer. Andrew espérait ne pas arriver trop tard. Il espérait que ça ne soit pas tard et qu'il ne l'ait pas loupée. Au fond, il priait. Oui, il priait qu'elle soit encore dans les parages. Et s'il avait fait le déplacement pour rien ? Ca lui foutrait un coup au moral, c'était certain. Mais peut-être ... qu'elle était encore là. Alors, maintenant, il la cherchait, dans la salle d'attente. Il leva le nez en direction du panneau géant qui lui permettait de savoir à l'heure à laquelle les avions décollaient. "Alors ... alors ..." A quelle heure elle partait ? Quand son avion allait-il décoller ? Il scrutait le panneau lumineux. Et hop, un avion qui venait de disparaître parce qu'il venait de s'envoler. Il en restait encore plein. Celui de Malia ? Une bonne heure et demie ... S'il en croyait ce qu'il lisait. Un peu moins en fait. Il devait se bouger. Elle devait être là. Sauf si elle avait du retard et qu'elle n'était pas encore arrivée. Il avait pris son téléphone. Mais il était tombé directement sur la messagerie. Peut-être qu'elle l'avait éteint. Sans doute. "Merde ..." Ouais ... flûte ... Le téléphone, ça aurait pu l'aider. Il lui aurait demandé où elle était et il l'aurait rejoint. A croire que sur ce coup là, le destin n'avait pas envie de l'aider. Il mit quoi ? Peut-être une bonne vingtaine de minutes. A courir dans tous les sens. Et à la chercher. Et c'est là ... Alors qu'il était sur le point d'abandonner qu'il remarqua sa chevelure blonde. Bon, ça pouvait être une blonde comme une autre. Il s'était approché. C'était bien elle. "Oh bon sang ... Si tu savais comme j'suis content ..." avait-il dit dans un soupir. Ouais, il était content. Elle était là. Finalement.
'Cause all my life I felt this way But I could never find the words to say Stay, stay.
Assise patiemment sur son siège, Malia éteignit son téléphone sans regret. Elle le rallumerait surement pendant son séjour, enfin… peut-être. Il n’était pas rare qu’elle ne donne aucune nouvelle, sa famille et ses amis en avaient l’habitude. Ce voyage allait être bénéfique, et lui permettrait d’aller de l’avant, tout en se fixant une nouvelle épreuve : celle d’enseigner et de chapoter une nouvelle fois un projet de fouilles. Ce n’était pas prévu dans sa vie, mais elle n’avait pas dit non, bien au contraire. Elle avait pris ça comme un signe, le signe qu’elle pouvait partir avec un nouveau projet, et essayer de se reconstruire, loin de tout. Regardant passer les gens à côté d’elle, ses mains tremblaient légèrement et ses jambes avaient tendance à danser toute seule. Le stress. Pour la première fois, elle appréhendait ce départ, et ses conséquences. Avant elle partait sans se retourner, mais là c’était différent. C’était à nouveau un départ pour du travail, pendant un mois, un mois et demi, et c’était son premier depuis maintenant cinq ans, depuis le jour où elle avait posé ses valises de manière permanente à Brisbane. Et si elle faisait une erreur ?
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Jack et Malia s’étaient installés tranquillement à la terrasse d’un café pour discuter. Le sexagénaire prit un thé, alors que Malia opta pour un café, sa boisson favorite. « Ma douce Malia. Je ne suis pas là par hasard pour tout vous avouer. J’avais une autre idée en tête lorsque j’ai franchis votre pas de porte. Et j’espère sincèrement que ma visite sera positive. Je n’en attends pas moins de votre part ma chère. » Malia écouta attentivement durant de longues minutes. Elle hochait la tête, signe qu’elle comprenait chacune de ses paroles. Cependant, au fur et à mesure, la situation dévia sur tout autre chose, qu’elle crut en réalité s’inventer. « Excusez-moi, je vous coupe un instant, mais je ne suis pas sure de vous suivre. On parle d’un emploi ou je m’invente une histoire ? » Le sexagénaire s’était réinstallé sur sa chaise, et posa sa tasse de thé. « Tout à fait. Malia, je vous propose un poste d’enseignante à l’université de Cusco, et je vous laisserai également superviser le chantier de fouilles à proximité. Leur professeur actuel est souffrant, et il me faut quelqu’un en urgence sur place. Et j’ai pensé à vous, vous êtes la personne idéale. Je sais que vous ne me laisserez pas tomber. » Effectivement, il y a quelques années, elle aurait foncé sans réfléchir. Sauf que là, elle devait avant tout faire le point avant de prendre une décision. « J’ai besoin de quelqu’un sur place dans trois jours. Il y a un vol pour le Pérou pour après-demain. Faites moi savoir rapidement si je vous réserve une place sur ce vol. » C’est sur ces paroles que Jake Parker laissa Malia, seule à la terrasse de ce café, les cartes en main.
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Regardant sa montre pour la énième fois, celle-ci indiquait à présent une petite heure à attendre avant son vol. De plus en plus de personnes prenaient place à ses côtés, direction Auckland, puis Lima et enfin Cusco. Ça lui en ferait des heures de vols, mais qu’importe. Elle avait l’habitude de l’avion, et n’avait pas du tout d’appréhension quant aux crashs, ou tout autre chose. Son siège serait côté hublot, et ainsi, elle aurait une belle vue sur les environs à chaque décollage, et à chaque atterrissage. Revérifiant une dernière fois les papiers qui lui seraient nécessaires à l’embarquement, elle fut surprise en voyant Andrew s’avancer vers elle. Que faisait-il ici ? Allait-il lui aussi prendre un avion ? Pourtant aucun bagage avec lui ? Malia se releva de son siège, et sur un ton un peu inquiet et un peu surprise elle réussit à bafouiller quelque chose. « Andrew ? Mais que ce que tu fais ici ? Tu prends l’avion toi aussi ? » Elle n’avait pas prévue de le voir à l’aéroport, de devoir lui expliquer qu’elle partait, qu’elle allait tout quitter sans prévenir ses proches, ni même encore lui. Honteuse, oui elle l’était. Mais elle n’avait pas eu le courage de lui dire, et puis finalement, leur relation n’était qu’au stade amical, alors pourquoi elle aurait pris la peine de le prévenir lui plutôt que quelqu’un d’autre ? Pourtant elle se sentait affreusement mal de l’avoir, là, devant elle. Peut-être était-il venu pour elle ? NOOON impossible. Qui ferait ça pour une simple femme que l’on voit de temps à autre ? Il ne fallait pas trop s’emballer, il y avait surement une explication à tout ça. Sauf qu’en attendant, elle devrait lui expliquer les raisons de sa présence à l’aéroport, et elle n’avait aucune échappatoire possible, son vol décollant dans une heure.
Il n'avait qu'une idée en tête. La chercher. Et la trouver. Avant qu'elle ne s'en aille. Avoir une petite chance de pouvoir lui dire ce qu'il pouvait ressentir pour elle. Avoir une petite chance de s'expliquer avec elle. Et de savoir pourquoi elle s'en aller. De savoir pourquoi elle faisait ça. Peut-être d'avoir une petite chance de la raisonner. Qu'elle reste. Oh, il n'était pas certain qu'il arriverait à la convaincre. Parce que si elle s'en allait, c'était qu'elle avait une idée derrière la tête. Et que ça devait être une décision qu'elle avait mûrement réfléchi. Ou pas. Il n'en savait rien. Mais Andrew finirait par le savoir. Le savoir assez rapidement. Parce qu'il avait fini par trouver cette blonde qui faisait battre son coeur. Et qui allait lui briser le coeur, en même temps. Tout au long de l'année dernière, ils s'étaient vus. De temps à autre. Ils avaient pas mal rigolé ensemble. Ils s'étaient bien amusés. Un bon début d'amitié. Et Andrew avait pensé que ça se transformerait en autre chose. Un début de relation. C'était mort dans l'oeuf, en quelque sorte. Ca ne se produirait pas. En tout cas, il s'était présenté à elle ... un peu essoufflé à dire vrai. Oui, qu'on se le dise. Il avait fait le bâtiment de long en large afin de ... Et bien, afin de la trouver. Afin d'avoir une chance de lui parler. Il avait repris son souffle, lentement. Parce que ça serait con de tomber par terre parce qu'il ne respirait plus, non ? Surtout qu'il venait de toucher au but et qu'il était enfin là, devant elle. Il secoua la tête à sa question, tout en ravalant sa salive. "Non, j'suis pas vraiment là pour prendre l'avion." Mais alors, pas du tout. "J'suis là parce que ... Parce que j'comptais t'inviter à déjeuner. Et que j'suis passé à la galerie. Et qu'on m'a dit que tu prenais l'avion." Il parlait vite. Il espérait juste qu'elle ait réussi à le comprendre. Il secoua la tête. "Tu ... tu t'en vas ? J'ai pas tout compris ... Tes employés ont pas su réellement me dire." Non. Ils avaient des informations tronquées. Ou alors, ils avaient plus d'infos mais ils n'avaient pas voulu lui en parler, ce qui était possible après tout. "J'comprends pas ..." Non, il comprenait pas du tout. Et il voulait avoir une explication. Peut-être qu'il ne la méritait pas. Parce qu'après tout, l'un pour l'autre, ils n'étaient rien. Enfin, de bons amis. Mais ça n'avait pas été plus loin que ça à dire vrai. Mais oui, il voulait savoir pourquoi. Dans la mesure du possible. Pourquoi elle s'en allait aussi soudainement.
'Cause all my life I felt this way But I could never find the words to say Stay, stay.
Son cœur s’était mis à battre excessivement vite lorsqu’elle avait vu Andrew dans cet aéroport. Des sentiments ? De l’étonnement ? Surement un mélange de plusieurs émotions qu’elle était incapable de nommer, et surtout de contrôler. Elle était aussi agacée par sa présence. Tout était si simple dans sa tête : elle quittait la ville pour le mois, sans prévenir personne, sans s’encombrer de téléphone ou de tout autre moyen de communication. Et même si elle savait pertinemment que ça allait en blesser certains, elle avait préféré cette option, pour éviter que quiconque ne la dissuade. Car personne n’était bête : tous ses amis et sa famille savaient très bien que si elle repartait, même pour un mois, la fibre du voyage, son envie d’évasion, de découvrir le monde allait remonter à la surface. Si Malia avait eu l’envie de se poser une fois, c’était bien l’unique fois. Et maintenant ? Maintenant elle allait repartir vers de nouveaux horizons, enseigner et découvrir surement des trésors qui lui donneraient l’envie de découvrir plus. Car c’était comme ça qu’elle fonctionnait : plus, toujours plus. Jamais pendant ses voyages, un petit mois de travail ne lui suffisait. Et pourtant ? Malia partait avec l’envie de faire le point, de s’éloigner, et d’oublier les évènements récents. Qui pouvait la blâmer pour ça ? Mais jamais en l’espace de ses deux petits jours, elle avait aspiré à plus. Dans sa tête, c’était un mois, et elle reviendrait ici. Pour sa famille, ses amis, Andrew aussi probablement. Mais avec la blondinette on ne savait jamais à quoi s’attendre. Et il était impensable pour sa famille, qu’elle reste aussi longtemps au même endroit. Pourtant elle l’avait fait : cinq ans ici, dans un foyer stable, avec un emploi –ou deux-. Et une envie de plus. Mariage, bébé ? Elle avait plusieurs rêves à ce sujet, avec la belle maison au portail blanc, au jardin avec balançoire, le chien courant après son fils ou sa fille, Malia dorlotant le ou la petite dernière, et son mari en train de jardiner ou de réparer la voiture familiale. Seulement à chaque fois elle se réveillait avant de pouvoir voir le visage de ce fameux mari. Et puis tout avait été balayé à la suite de sa prise de drogue à son insu. Elle avait pris conscience que le monde n’était pas si féérique, si beau et si merveilleux qu’elle avait pu le penser. Et à présent, ce voyage, ce remplacement, allait être le moyen de fuir le monde et de faire le point sur ses envies. La vie était bien trop courte pour ne pas faire ce qu’on a envie. Alors elle avait dit oui, un oui presque sans question.
Seulement elle était à présent devant Andrew, un Andrew pleins de questions, et presque confus de ses choix. Avait elle fait une belle erreur en acceptant ? Surement pas. Et pourtant elle avait un point dans le ventre qui ne cessait de s’aggraver au fur et à mesure où elle plantait ses yeux dans celui de son ami. Un déjeuner ? Il avait donc voulu déjeuner avec elle aujourd’hui ? Surement entre amis, comme à leur habitude. C’était gentil. Car oui leur relation était mignonne, gentille. Ils avaient passé des semaines à se voir, sans jamais tenter quoi que ce soit. Et si Malia n’avait rien ressentie à ce sujet au début, elle éprouvait le sentiment contraire à présent. Il n’avait rien tenté peut être car tout simplement, il n’éprouvait rien de plus à son égard ? En réalité, elle ne savait pas elle-même ce qu’elle éprouvait, mais jour après jour, elle avait l’impression que c’était plus que l’amitié. Elle l’invita à s’asseoir à côté d’elle, comme pour soulager ses jambes qui tremblaient. Elle aurait eu envie de lui prendre les mains à ce moment là, mais n’en fit rien. Ses mains étaient beaucoup trop tremblantes. « J’ai accepté un emploi. Un remplacement en réalité. D’un mois, ou deux en tant qu’enseignante. Je vais aussi superviser un chantier de fouilles avec mes étudiants. » Elle avait essayé de parler d’une voix claire et distincte, tout en fixant Andrew. Elle avait voulu essayer de décrypter ses expressions, sauf qu’elle n’était plus certaine de rien. C’était de la tristesse ? De la confusion ? Ou tout simplement il accusait le coup de ne pas avoir été prévenu de ce départ ? Elle devait néanmoins continuer ses explications. « Tout a été si soudain, que je n’ai prévenu personne. Seulement le musée et ma galerie, pour donner quelques directives. Je n’aime pas les adieux, ou les « on s’appelle ! » Alors j’ai fait mes valises, et je comptais prendre cet avion sans que personne ne me vois. Sauf que tu es là … » Au fur et à mesure qu’elle parlait, elle s’aperçut qu’elle ne savait toujours pas ce qu’il faisait là, devant elle, sans bagage, juste lui et sa bouille si confuse. « D’ailleurs, qu’est ce que tu fais là ? Enfin… si mes employés t’ont dit où j’étais, pourquoi être venu jusqu’ici alors qu’ils avaient les réponses ? » Perturbée par la future réponse, Malia se leva de son siège, et se posta devant les grandes vitres où l’on pouvait déjà apercevoir son avion. Elle se retourna vers lui, une main tripotant machinalement son collier. « Si c’est pour m’empêcher de partir, tu ne pourras pas... » Elle lui avait confié ça, le regard déterminé, et sa décision déjà bien ancrée dans sa tête. Si c’était pour la supplier ou lui dire de ne pas partir, il perdait son temps. Elle prendrait cet avion quoi qui arrive. Oui, quoi qui arrive.
Avait-il le droit à une explication ? Il avait fait tout le chemin jusqu'ici. Pour avoir une chance de comprendre. De lui parler. Peut-être de la raison. Ou de comprendre pourquoi elle faisait cela. Est-ce parce qu'il avait dit quelque chose ? Ou bien fait quelque chose ? Ou tout le contraire ? Parce qu'il n'avait rien dit ou rien fait ? Andrew n'en savait rien. Il n'irait pas jusqu'à dire que son monde était en train de s'écrouler. Mais presque. Il ne comprenait pas pourquoi elle décidait de partir. Comme ça. Du jour au lendemain. Sans explication. Quelque chose se brisait et il voulait savoir pourquoi. Pourquoi elle s'éloignait. Pourquoi elle s'en allait. Malia avait fini par s'asseoir. Enjoignant le brun à en faire de même. Ainsi donc, le voilà assis, à ses côtés. A chercher à comprendre. A connaître les raisons de la trentaine. Un travail. C'était le travail qui l'envoyait au loin. Un mois. Peut-être deux. Elle n'en savait rien. Un mois ... Ca lui semblait long. Alors deux mois ... Au moins, c'était pas à cause de lui qu'elle partait. Elle avait une opportunité. Elle la saisissait. C'était comme ça qu'il fallait le comprendre. Sauf qu'il n'avait peut-être pas envie de le comprendre comme ça, lui. Lui, il voyait là une sorte d'abandon. Elle s'en allait et ça faisait mal. Andrew restait perplexe. Rassuré d'une certaine manière qu'elle ne partait pas à cause de lui. Mais déçu qu'elle s'en aille quand même. Peut-être avait-il encore une chance de la convaincre ... peut-être qu'il arriverait à la faire rester. Il devait essayer. Parce que s'il n'essayait pas, il s'en voudrait toute sa vie. De ne pas avoir dit les choses qu'il devrait lui dire. Lui qui avait l'impression d'être sur la même longueur d'ondes qu'elle ... fallait croire que c'était pas le cas. "En venant jusqu'ici, j'ai pas arrêté de me poser des questions. Sur le comment du pourquoi tu partais." Il eut un léger hochement de la tête. "J'ai dû me concentrer principalement sur de mauvaises raisons parce que j'ai pas pensé à un moment que c'était pour le boulot que tu partais." Andrew aurait eu une opportunité, est-ce qu'il l'aurait saisi ? Ou bien est-ce qu'il l'aurait laissé passer ? Honnêtement, il n'en savait rien. Il n'était pas à la place de Malia. Il n'avait pas le même vécu qu'elle. Et peut-être pas la même vision des choses sur leur relation, enfin, si on pouvait parler de relation. Malia lui avoua que c'était soudain, imprévu. Et que tout c'était fait plus ou moins dans la précipitation. Qu'elle avait décidé de partir, sans forcément prévenir les gens. Et elle restait étonnée. Étonnée qu'il soit là, face à elle. Étonnée de le voir ici. Et elle n'hésita pas à le lui dire d'ailleurs. Il aurait presque pu sentir ... une pointe de réprimande dans sa voix. Comme si elle ne voulait pas de lui ici. Si elle ne l'avait pas prévenu, c'était sans doute pour éviter ce genre de confrontation. Andrew rassemblait ses idées. Essayant de puiser au fond de lui les mots. Il allait lui répondre quand elle se leva. Et qu'elle en vint à lui dire qu'il ne l'empêcherait pas de partir. Il avait même pas essayé qu'elle brisait déjà ses rêves. Son envie. "Honnêtement ? J'crois que ... que j'voulais ... une explication. Et peut-être une chance ... d'arriver à te convaincre de ne pas partir." Il passa une main derrière sa nuque, avec un petit sourire gêné. Au fond de lui, c'était un grand moment de vide. Un grand moment de solitude. Il aurait été émotif et pas un gros dur, sans doute qu'il aurait pleuré. Mais c'était pas son genre. "Mais j'crois que j'aurais pas cette chance comme tu viens de me le dire." Ses espoirs étaient brisés.
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Mine de rien, le temps filait à vive allure. Les regards, les paroles, et déjà une quinzaine de minutes qui s’était écoulé. Malia était partagé entre sa culpabilité de partir et de le laisser tout seul à l’aéroport, et son envie de décoller, rapidement, très rapidement pour couper court à toute cette discussion. Ce n’était pas dans ses habitudes de fuir les disputes ou d’éviter les obstacles, mais là elle ne voyait plus quoi faire. Son départ allait se faire, c’était trop tard pour faire demi-tour. Ce voyage était essentiel à sa vie, essentiel à sa reconstruction, et surtout à son futur. Un futur avec lui peut-être ? Mais même si elle envisageait cette possibilité, c’était toujours avec l’idée de guérir avant. De passer à autre chose, de commencer une nouvelle ère. Et elle en était désolé, coupable, affreusement mal que ça soit en quittant tout le monde ici, à Wellington. On aurait pu croire que sa décision était égoïste, mais pas pour Malia. Toutes les personnes de son entourage, connaissent la Malia aventurière, et indépendante. Et peut-être s’était elle reposé un peu trop sur Andrew, lui donnant une impression de fragilité. Elle fut surprise par les paroles de celui-ci. A quelle raison avait-il pensé ? Une fuite vers un autre pays ? Une envie de dire bye bye à tout le monde ? Faire souffrir du monde juste pour le plaisir ? C’était mal la connaitre. Et elle voulait connaitre les raisons de cette pensée. « J’aurai pris la décision de partir pour fuir d’après toi ? Tu pensais que c’était pour quelle raison ? Je sais que j’avais déjà évoqué l’idée de partir devant toi, et puis j’ai rencontré une ancienne connaissance, qui m’a proposé ce job, et j’ai dit oui. Oui car j’ai besoin de ça pour avancer. Tu me l’as dit toi-même, je dois remonter la pente. Et c’est ce que je compte faire. Je ne veux pas me cacher toute ma vie dans ma maison, en me demandant ce qui va m’arriver dans dix minutes, une heure, à la fin de journée. Je ne suis pas comme ça. Je suis quelqu’un qui a besoin de se sentir épanouie pour être épanouie avec les autres. Et là je sens que je fiche tout en l’air. La galerie, ma cousine qui se sent coupable et à qui je n’arrive pas à dire qu’elle n’y est pour rien. Toi. » Elle marqua un arrêt, comme pour montrer l’importance de ce point. « Oui toi. Je passe ma vie à pleurer devant toi, à me demander quand tu vas te dire que tu en as assez. Je ne me supporte plus moi-même, comment les gens sont censés me supporter ? » Ses explications lui faisaient finalement un bien fou. Elle se dévoilait, tout en se gardant bien de lui dire qu’elle aurait préféré qu’il ne vienne pas. Bien que ses phrases pouvaient parfois sembler pleines de reproches. De toute façon, dans quelques minutes, elle pourrait embarquer dans son avion, et elle n’aurait plus à se dévoiler autant. Il était impossible pour lui de la convaincre de rester, c’était un choix rationnel qu’elle avait fait, pas un choix sur un coup de tête. « Je suis sincèrement désolé de te dire tout ça, mais oui, je vais partir. J’ai besoin de ce moment loin de tout, j’ai besoin de faire le point, et de revenir avec pleins de nouveaux projets. Je ne vais pas te mentir en te disant que j’hésite à partir. Ce n’est pas le cas. Je ne fais jamais rien sur un coup de tête. Je suis une fille réfléchie et rationnelle. Et je vais monter à bord de cet avion. Mais dès que je reviens, je te recontacte, et si jamais tu veux toujours être … mon ami, je serai là, plus en forme que jamais. » Elle avait eu une petite hésitation sur le terme, mais c’est finalement le mot « ami » qui était venu à son esprit. « Embarquement immédiat pour le vol n° 0083 à destination de Auckland. Les passagers peuvent dès à présent embarquer porte 52. Porte 52 à destination d’Auckland. » Et voilà, le moment fatidique était arrivé. Il était à présent temps de partir. De quitter Andrew. Mais comment lui dire au revoir ? Comment le laisser ? Juste en lui disant « Bon bah allez salut ! C’était sympa de te connaitre ? » Quel moment gênant en tout cas. Elle l’observa un long moment, dans un silence pesant. Les gens s’activaient autour d’eau, voulant prendre eux même l’avion en question. Malia détacha difficilement son regard d’Andrew pour récupérer son sac à main et son autre petit bagage. C’était le moment de dire au revoir, le moment de quitter Andrew pour un long mois, peut-être même deux. Elle s’approcha lentement, ses yeux déjà légèrement embués. « Je… C’est mon avion. Je vais devoir y aller. Je suis désolé de ne rien t’avoir dit, et j’espère que tu comprendras mon choix et que tu accepteras de me revoir à mon retour. Je suis sincèrement désolé… » Elle baissa la tête, honteuse et surtout, parce que les larmes coulaient le long de son visage. Elle leva finalement les yeux vers lui, et dans un dernier élan, l’embrassa sur la joue. C’était un trop plein d’émotions, et beaucoup trop de sentiments à la fois. Elle aurait aimé se blottir dans ses bras, ne pas partir et juste rester dans ses bras. Elle se détacha de lui, continuant de fixer ses si beaux yeux. Et dans un élan de folie, ou d’envie plutôt, posa ses lèvres sur les siennes. Un baiser pour lui faire comprendre à quel point c’était un déchirement de le laisser là.
Il avait été stupide ... stupide de se poser toutes ces questions pendant qu'il était en train de conduire jusqu'à l'aéroport. Stupide d'être venu jusque là. Parce que ... Il avait l'impression qu'elle lui reprochait d'être là. Qu'elle n'avait pas envie qu'il soit là. En même temps, elle devait être déterminée. Elle avait choisi de partir. Et maintenant qu'il était là, il pouvait tout remettre en question. Andrew en avait conscience. Mais sans doute qu'il était là pour ça, justement. Sans doute qu'il avait fait exprès de venir. Il aurait pu rester dans son coin. Il aurait pu ruminer ce départ. Et ne pas connaître les raisons de son départ. Mais qu'il le savait, il se sentait idiot. Stupide. Et surtout, il se disait qu'il n'avait peut-être pas le droit. Parce qu'ils n'étaient pas ensemble. Il ne s'était rien passé entre eux. Si ce n'était quelques rendez-vous par-ci, par-là. Parce qu'il n'avait pas voulu se précipiter. Et maintenant, il la perdait. Sans doute qu'il n'aurait pas dû écouter sa raison. Sans doute qu'il aurait dû ... lui dire les choses avant cela. Maintenant, ça sonnerait comme un acte désespéré. Pour tenter de la retenir. Et bien qu'il voulait qu'elle reste, ne serait-ce pas là se montrer égoïste ? Malia lui avait exposé sa vision des choses. Elle avait parlé. Beaucoup parlé. Que pouvait-il répondre à cela ? Que pouvait-il lui dire ? Pas grand chose. Toutes les choses qu'il avait pu imaginer, les différents mots qu'il avait eu dans sa tête pour lui parler une fois qu'il l'aurait trouvée, tout ça, ça s'était envolé. Il était ... désemparé. Peut-être meurtri également au fond de lui. Malia marqua un petit temps de pause. Avant de reprendre. Elle partait. Il n'y pouvait rien. Qu'importe ce qu'il dise, qu'importe ce qu'il fasse. Elle s'en allait. Et ça ne serait pas autrement. Il n'y avait pas d'hésitation. C'était mûrement réfléchi. Elle reviendrait. Elle reprendrait contact avec lui. Est-ce qu'il voudrait être encore ami avec elle après ça ? Il n'en savait rien. Il avait envie d'être plus que son ami. Mais il avait peut-être loupé sa chance. "J'aurais peut-être voulu ... être plus que ton ami." C'était sorti. Parce qu'elle devait quand même savoir. Mais après ça, il ne savait plus ce qui pourrait se passer. Peut-être plus rien. Peut-être que c'était terminé avant même que ... Et bien, avant même que ça ne soit commencé. Malia allait embarquer. Elle s'excusait encore. Sur son départ. Sur comment les choses venaient de se dérouler. Il ne répondit rien à cela. Ca lui ferait plus mal qu'autre chose. Il avait fait un pas en arrière. Prêt à s'en aller, lui aussi. Il n'allait pas rester là alors qu'elle allait embarquer, non ? Malia prit soin, néanmoins, de déposer un baiser sur sa joue. Et quand elle en vint à l'embrasser, ou plutôt, à presser ses lèvres sur celles d'Andrew, ça aurait pu ... lui faire chaud au coeur. Mais il ne savait plus quoi penser de tout cela. Parce que quoi qu'il arrivait, elle s'en allait. Et lui, il resterait face à son échec. A croire que toutes celles pour qui il nourrissait des sentiments finissaient par s'en aller. D'abord sa meilleure amie qui était devenue son épouse et son ex femme. Ensuite, Celia. Et maintenant Malia. Il devait être maudit. "Bon voyage à toi." Peut-être qu'il avait été froid dans ses paroles. Mais en même temps, il ne voyait pas quoi lui dire d'autre. Il était blessé. Il était meurtri. Il avait fait un pas en arrière. A nouveau. Se détachant de Malia. Il n'aurait pas su dire quand il lui avait pris la main. Peut-être quand elle avait déposé son baiser sur la joue. Ou après ça. Mais il lui avait tenu la main. Un dernier contact. Et il était parti. Il lui avait tourné le dos et il était parti. Sans un mot de plus.