Après des semaines d’hésitation, aujourd’hui, j’ai osé me lancer. J’ai pris mon téléphone pas du tout sûr de ce que je fais et j’écris un message. ‘’salut Amelia, c’est Kenneth Wheeler. Je voulais savoir si tu accepterais de diner avec moi, ce soir, à l’Esquire pour te remercier de m’avoir ramené la facture la dernière fois.’’ J’envoie le message, mais je regrette déjà de l’avoir envoyé. L’inviter au restaurant pour m’avoir ramené la facture, elle ne va jamais avaler ça. Je pense juste que j’ai envie de la revoir et je ne sais pas comment lui dire. Je ne suis pas très doué pour inviter une fille à sortir et surtout que la dernière fois que je l’ai fait, elle m’a posé un lapin tellement humiliant que j’ai pris la route jusqu’à Brisbane. J’ai donc peur que la jeune femme fasse la même chose, bien qu’elle l’air d’être une très gentille personne qui ne ferai pas ça. Mon téléphone, posé sur le bureau à côté de moi se mets à vibrer pour me dire que j’ai eu une réponse et je flippe assez. J’attrape mon téléphone, presque tremblotant et je lis d’une traite son message. « Super ! » m’écris-je, après avoir lu son message qui confirme qu’elle viendra ce soir. Je lui réponds une nouvelle fois pour la remercier et lui dire que je viendrais la chercher pour vingt heures. J’appelle ensuite le restaurant afin de réserver une de leur table et ne pas être recalé ce soir, car se serait complet. Une fois fait, je m’allonge dans mon lit et je ne peux m’empêcher de sourire comme un idiot. Elle a accepté.
Il est vingt heures. Je suis devant chez elle. Je ne veux pas passer pour un sale type, je m’abstiens donc de klaxonner, mais je ne veux pas passer pour un mec trop lourd non plus, du coup je ne sors pas de la voiture non plus pour aller sonner. Je préfère alors lui envoyer un message pour lui dire que je suis arrivée. Elle me dit alors qu’elle arrive. Je regarde l’état de ma voiture et je suis assez honteux de venir la chercher avec mon pick-up très pourri. J’ai quand même essayé de nettoyer l’intérieur, mais bon, les fissures réparées avec du gros scotch, ma radio qui ne fonctionne plus, enfin bref, heureusement on ne mange pas dans ma voiture. J’ai tout de même essayé de bien m’habiller sans trop en faire. Une belle chemise blanche avec un pantalon noir classique. J’ai fait bien plus d’effort que d’habitude et même que mon t-shirt Iron Man me manque assez. Je la vois sortir de chez elle et là, j’ai le souffle coupé. Elle est magnifique dans cette tenue. Pas qu’elle serait moche dans une autre tenue, mais la dernière fois que je l’ai vu, elle était en tenue de boulot, assez simple. Alors que là, on voit qu’elle a pris son temps pour se préparer. Je sors de la voiture et je fais le tour pour lui ouvrir la porte, avec un grand sourire. « Tu es très jolie. » Je ne sais pas quoi lui dire de plus, je suis assez stressé. J’espère vraiment que la jeune femme ne va pas le remarquer, même si mes doigts sont déjà moites. Je ferme la porte derrière elle et refait le tour de ma voiture pour me mettre en route. Lorsque je démarre le moteur, on a l'impression que la voiture va exploser, mais pourtant c'est normal. « Désolé de t'emmener dans cette décharge. » Bien que j'adore ma voiture et que je ne veux pas m'en séparer, j'ai un peu honte d'elle ce soir.
« Salut Amelia, c’est Kenneth Wheeler. Je voulais savoir si tu accepterais de diner avec moi, ce soir, à l’Esquire pour te remercier de m’avoir ramené la facture la dernière fois. » Non elle ne rêvait pas. Il venait bel et bien de l’inviter à sortir. Ça Amelia n’en revenait pas. Pas que la dernière fois ce soit mal passé, au contraire. Enfin le début fut étrange. Elle s’était rendue chez lui pour rendre sa facture et en la voyant, Kenneth lui claqua la porte au nez. Mais pas pour les raisons qu’elle pensait. Le jeune homme avait fini par lui avouer que s’il avait agi bizarrement, c’était tout simplement parce qu’Amelia ressemblait à l’un des personnages d’un jeu-vidéo. Ça l’avait fait rire, parce qu’elle s’était attendue à tout sauf à ça. Ça ne lui déplaisait pas même. Et puis le voir mal à l’aise, troublée par la ressemblance, c’était d’autant plus drôle. Alors après quelques minutes pour ne pas faire celle qui était accrochée à son téléphone et surtout après avoir demandé à Gwen si elle pouvait garder Lily ce soir, Amelia finit par accepter. Elle termina même un peu plus tôt pour se trouver une tenue appropriée. Parce que ouais, short, jeans ou leggings, ce n’était pas trop le top pour un premier rencard. Elle fit plusieurs magasins avant de trouver la bonne robe.
Sauf qu’à trop traîner, Amy allait finir par être en retard. Elle fila direct dans la salle de bain prendre une douche et se préparer, avant d’en ressortir et demander l’avis de Gwen et sa fille. Toutes les deux levèrent le pouce en signe d’approbation. Pas le temps de discuter, elle reçut un message de Kenneth qui lui prévenait qu’il était en bas. Elle lui renvoya un sms pour lui dire qu’elle arrivait. Elle embrassa sa coloc’ et fit un énorme câlin à sa fille lui faisant promettre d’être sage avec Gwen et Kris qui allaient la garder ce soir. Elle l’embrassa une dernière fois et fila en dehors de l’immeuble. Elle le vit sortir de sa voiture et sourit automatiquement. « Tu es très jolie. » « Merci, je dois avouer que tu n’es pas mal non plus. » Et c’était le cas. Ça la changeait de le voir ainsi et non avec un tee-shirt de comics. La première fois qu’elle l’avait vu au garage il portait Iron Man. La deuxième fois chez lui, c’était celui de Superman. Non pas que ça la gênait parce que niveau fringue ce n’était pas une experte. Mais bon, ça le changeait. Il faisait plus homme. Elle s’installa côté passager tandis qu’il ferma la portière avant de monter de son côté. Même si elle ne le montrait pas, elle était stressée. Les premiers rendez-vous n’étaient jamais évidents. Surtout que ça faisait longtemps que ça ne lui était pas arrivé. « Désolé de t'emmener dans cette décharge. » Elle rit, regardant autour d’elle, l’intérieur de la voiture. « Ne t’en fais pas, si tu verrais la mienne.. Ta voiture à côté c’est du luxe. » Bon peut-être pas, mais elle ne voulait pas le vexer. Ils finirent par arriver au restaurant et entrèrent à l’intérieur avant de se faire conduire à leur table. Le serveur apporta la carte pour qu’ils commencent à choisir. « Ça me fait plaisir de te revoir. Vraiment. Ton invitation m’a quand même étonnée. » Elle sourit. « Dans le bon sens du terme. » Ses yeux se replongèrent sur la carte. « Tu as fait ton choix ? »
Ce n’est pas la première fois que j’ai un rendez-vous, mais c’est d’autant bizarre. La première fois, c’était un rendez-vous arrangé avec une jeune femme avec qui j’ai passé un bon moment, bien qu’on fût aussi gêné l’un que l’autre, parce que bon faut dire que les rendez-vous arrangés, c’est un peu la loose. Mais c’est la première que j’invite une femme et qu’elle accepte. Donc pour moi, c’est un peu comme un premier rendez-vous. Je ne sais donc pas tout ce qui faut faire pour que cela se passe bien, mais Amelia est une femme très sympathique et différente des femmes que j’ai pu observer. Bien que je fusse assez impressionnée par sa forte ressemblance avec l’une des princesses de l’un de mes jeux, j’ai pu me rendre compte qu’elle reste une femme très agréable à regarder et surtout qui semble être quelqu’un de très gentille. Après tout, je lui ai quand même fermé la porte au nez lorsqu’elle est venue me ramener la facture que j’ai oublié au garage. Faut dire aussi, que j’étais vraiment très nerveux à ce moment-là. Et elle ne m’en a pas tenue rigueur, ce qui est adorable. Comme le fait qu’elle accepte mon invitation, alors que je m’attendais quand même à un refus de sa part. C’est pourquoi j’ai essayé de m’habiller un peu plus convenablement même si je n’y connais rien à la tenue qu’on porte à ce genre de rendez-vous et que je sais encore moins de quoi on parle lors d’un premier rendez-vous également. Lorsqu’elle sort de sa voiture, je me rassure en disant que je n’ai aucun problème de myopie, Amelia est aussi belle que la première fois que je l’ai rencontré. Je deviens quand même de nouveau assez nerveux, mais j’essaye de me contrôler quand même. Manquerait pas que je lui claque une deuxième fois la porte au nez la pauvre. Je m’excuse pour l’état de ma voiture et elle m’explique que la sienne est sûrement encore pire. Je ne la crois pas une seconde, car pire que ma voiture c’est impossible. Ou alors sa voiture ne roule pas, car je pense qu’on ne peut pas faire pire. « C’est difficile de croire une femme qui travaille dans un garage. » J’essaye de faire de l’humour pour me rassurer, mais en conduisant, je me rends compte que mes mains sont moites et que mon volant est trempé. C’est pourquoi une fois arrivée au restaurant, lorsque je sors de la voiture, j’essaye de frotter mes mains discrètement sur mon pantalon. Lorsqu’on pénètre dans le restaurant, on est tout de suite accueilli par l’un des serveurs, je lui dis donc que j’ai réservé et il nous ramène très vite à notre table. On nous pose la carte et on y jette des coups d’œil à la recherche du plat qu’on va déguster ce soir. Je jette un petit coup d’œil au prix et je me dis que j’ai bien fait de travailler pour Sid pendant un court laps de temps, les prix ne sont vraiment pas donnés ici. « Ça me fait plaisir de te revoir. Vraiment. Ton invitation m’a quand même étonnée. » Je lève la tête vers elle et elle ajoute : « Dans le bon sens du terme. » ce qui me fait plaisir à entendre et un sourire idiot se dessine sur mes lèvres. « Je suis très content que tu es acceptée … Je m’attendais à ce que tu refuses mon invitation à vrai dire. » lui avoué ça me provoque une certaine gêne et je rattrape mon tic qui est de passer ma main dans mes cheveux. Heureusement on bifurque sur le choix des plats. Je regarde une énième fois la carte et mon choix s’arrête rapidement. « Je vais prendre les noix de Saint Jacques. » A vrai dire, je ne sais pas de quoi il s’agit, mais je veux faire bon genre devant Amelia et prendre un plat qui me semble haut de gamme. De toute façon, ça ne peut pas être quelques choses d’horrible à manger. Je lève de nouveau la tête vers elle. « Et toi, tu as fait ton choix ? » Je gigote sur ma chaise, histoire de trouver le bon emplacement, car me connaissant, je peux faire une chute à tout moment et je n’ai aucune envie de me ridiculiser devant Amelia. Ce soir, je dois faire bonne impression coûte que coûte.
Elle était stressée. Cela faisait longtemps qu’Amelia n’avait pas eu de rendez-vous galant et il fallait avouer que sous ses airs de femme confiante, elle n’était pas bien. Ça non. Mais elle le cachait. Elle voulait que tout se passe bien parce que mine de rien, il lui faisait bonne impression. Kenneth semblait différent de tous ceux qu’elle avait connu auparavant. Sous ses airs enfantins se cachait un homme plutôt drôle et gentil. En plus d’être beau, fallait le reconnaître. On va dire que ça la changeait des connards de base qu’elle côtoyait la plupart du temps. « C’est difficile de croire une femme qui travaille dans un garage. » Bon okay elle s’était fait griller. Il était vrai qu’Ezra faisait ses contrôles chaque année et puis dès qu’il lui arrivait une tuile, Amelia pouvait compter sur ses collègues pour remédier à tout ça. Que ça soit Ez’, Noa ou un autre, elle savait que sa petite voiture était entre de bonnes mains. Et puis pour la réputation du garage, valait mieux pas qu’elle se pointe avec une voiture qui fonctionnait à peine. Mais bref. Les voilà au restaurant et Amelia finit par lui confier qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’il l’appelle. Elle lui avait donné son numéro de téléphone la dernière fois en partant de chez lui, mais la rune pensait qu’il n’y toucherait pas. Qu’il l’aurait paumé ou bien jeté. Après tout ils ne se connaissaient pas plus que ça, mais en quelques heures leur relation avait évolué. D’étranger qu’il lui ferme la porte au nez, il apparaissait comme quelqu’un de sympathique, un peu geek sur les bords, mais adorable.
« Je suis très content que tu es acceptée … Je m’attendais à ce que tu refuses mon invitation à vrai dire. » Et pourtant elle n’avait pas hésité une seconde. La jeune femme savait que si elle acceptait le rencard, ils passeraient une bonne soirée. « Ah bon, pourquoi ? » Demanda-t-elle assez curieuse. Elle espérait ne pas lui avoir donné une mauvaise impression la première fois. Du moins dans le sens où elle était restée chez lui par politesse et que dès que l’occasion se présenterait, elle prendrait la poudre d’escampette. Ce n’était pas du tout ça. Et puis elle avait fait le premier pas, ce n’était pas rien. Elle s’était ramenée chez lui sans y être invitée. Il avait fait son choix. Noix de Saint Jacques. Amy regarda la carte une dernière fois avant de se décider. « Humm je pense que je vais prendre le magret de canard. » Le serveur arriva quelques instants après et prit leurs commandes. « Alors.. Tu as avancé dans la mission ‘sauvetage’ de ma princesse ? » Elle sourit, tentant de lancer un sujet de conversation pour ne pas que le silence règne. Elle serait trop gênée sinon. Et puis le jeu-vidéo était ce qui les avait rapproché, donc bon. « Et ça va ta sœur n’a pas trop pété un plomb sur toi après que je sois partie ? » Sa sœur était arrivée en furie, le petit frère n’ayant pas accompli ses tâches ménagères.
Une fois installé dans le restaurant, à la table réservée, j’essaye de me détendre un peu plus. On doit commander, mais faut dire que je ne connais pas très bien les plats et j’ai l’impression que je ne vais jamais savoir quoi prendre. C’est pourquoi, je fais un choix un peu au hasard. Espérant ne pas le regretter, je demande alors à Amelia ce qu’elle compte prendre et elle me dit qu’elle est tentée par le magret de canard. Je ne sais toujours pas de quoi il s’agit, mais je secoue la tête histoire de lui faire croire qu’elle a fait un bon choix, alors que je n’en sais strictement rien. Le serveur passe et prend rapidement nos commandes et dès qu’il repart, je me concentre de nouveau sur Amelia qui me demande pourquoi je pensais qu’elle n’allait pas accepter mon invitation. Du coup, je veux être franc avec elle, mais faut dire que j’ai beaucoup de gêne à lui dire. « Tu es une belle femme, je pensais que tu avais déjà un petit-ami ou que tu ne voudrais tout simplement pas sortir avec moi, parce que je suis … Moi ? » je me gratte la joue qui chauffe de plus en plus fort, je dois d’ailleurs être tout rouge. On en vient à parler ensuite d’un sujet dans lequel je suis plus calé : les jeux vidéo. Plus précisément le jeu qui nous lie un peu, car la princesse ressemble trait pour trait à Amelia, ce qui m’a beaucoup troublé la première fois. J’ai même encore du mal à m’y habituer parfois, j’ai l’impression d’être dans un monde parallèle où je parle avec la princesse, alors que pas du tout. « J’ai déjà fini le jeu trois fois en fait. » Bah oui, faut dire que lorsque j’achète un jeu, je n’aime pas lâcher la manette tant que je ne l’ai pas terminé. Même lorsque j’achète un jeu qui ne me plaît pas, j’ai un principe de toujours finir les jeux. « Je ne sais pas si tu as une console, mais la dernière fois tu t’en es bien sorti, je t’offrirais le jeu si tu veux. » Bah oui, à force d’y rejouer, je pense que je ne vais plus y jouer pendant un moment du coup au lieu de le laisser prendre la poussière je ferais mieux de l’offrir à Amelia qui avait l’air de bien aimé la dernière fois qu’on a joué ensemble. Elle me demande alors si ma sœur n’a pas pété les plombs après qu’elle soit parti, je réfléchis, mais faut dire que je ne me souviens plus. « Sûrement, mais pour tout te dire, je ne compte plus toutes les fois où elle me crie dessus. C’est devenu très habituel. » Je me concentre ensuite sur Amelia et je me dis que finalement, à part le fait qu’elle bosse au garage, je ne sais rien d’elle. Je me racle alors la gorge. « Et sinon, parle-moi de toi ? Qui est Amelia Iver en dehors de Mecanor ? » En effet, j’ai envie d’en savoir plus, des choses qu’on ne demande pas forcément à une femme, comme son âge, ce qu’elle aime faire dans la vie en dehors du boulot, peut-être même que je vais apprendre des choses auxquels je ne m’attends pas.
« Tu es une belle femme, je pensais que tu avais déjà un petit-ami ou que tu ne voudrais tout simplement pas sortir avec moi, parce que je suis … Moi ? » Elle rit légèrement, voyant apparaître un teint rosée sur ses joues. Il fallait croire que la beauté ne faisait pas tout. Sa vie était trop bancale, trop compliqué pour qu’un petit-ami soit dans le tableau. Et puis ce qui arrivait souvent, était que les hommes fuyaient dès qu’Amy avouait qu’elle avait une fille âgée de six ans. Cela en repoussait certains, bien qu’ils ne veuillent pas l’admettre. Assumer l’enfant d’un autre, c’était souvent un problème et ça, Amelia pouvait parfaitement le comprendre. Mais bon, il fallait déjà connaître Lily-Rose avant de s’enfuir. Parce que oui, une fois qu’on la connaissait, il était difficile de ne pas craquer et la repousser. Mais pour rencontrer sa fille, il fallait déjà que ça soit sérieux. Elle ne laissait pas n’importe qui l’approcher et entrer dans sa vie. Sa maison n’était pas un moulin et elle souhaitait faire régner un certain équilibre dans leurs vies. « Et c’est quoi Toi, exactement ? » Dit-elle pour plaisanter. Amelia enchaîna ensuite sur les jeux-vidéos. Et en particulier celui auquel ils avaient joués la dernière fois. Kenneth lui confia qu’en réalité il avait déjà fini le jeu en question trois fois. Amy était impressionnée, elle qui n’arrivait jamais à en finir un. Elle restait toujours bloquée à un certain niveau et à force de ne pas y arriver, elle abandonne. La patience et Amelia, ça faisait deux. « Je ne sais pas si tu as une console, mais la dernière fois tu t’en es bien sorti, je t’offrirais le jeu si tu veux. » Elle sourit. « Oui j’en ai une, ma.. Ma coloc’ adore y jouer alors.. Merci c’est gentil. » Au lieu de dire coloc’, elle s’apprêtait à lui parler de sa fille. Mais elle bloqua et fit intervenir Gwen à la place.
« Sûrement, mais pour tout te dire, je ne compte plus toutes les fois où elle me crie dessus. C’est devenu très habituel. » Ah les relations frère et sœur. Elle savait ce que c’était. Entre Alexander et Amber, Amelia avait eu son compte. D’ailleurs, elle ne parlait toujours pas à ce dernier, mais ça c’est une autre histoire. Kenneth lui demanda alors de lui parler d’elle. Ah ça, ça ne lui avait pas manqué dans les rendez-vous. Devoir se vendre, parler de soi pour mieux apprendre à se connaître. Elle n’était plus habituée à ce genre de chose et Amy ne savait pas par quoi commencer. « Et bien.. Je m’appelle Amelia, j’ai trente ans. » Elle rit en voyant la tête qu’il faisait et continua dans sa lancée. « Je suis originaire de Brisbane. J’ai un frère et une sœur. Je travaille à Mecanor comme tu as pu le constater, pour mon meilleur ami Ezra d’ailleurs. Euh.. Je vie en coloc’ avec une vieille amie et ma fille aussi. Oui, j’ai une fille âgée de six ans, Lily-Rose. Ah et j’adore les chats. » Finit-elle tout en légèreté. Elle ne savait pas comment aborder le sujet sans lui faire peur, alors autant le faire dans ‘l’humour’. « Et toi alors, qui est ce mystérieux Kenneth, qui adore fermer la porte au nez des filles ? » Elle sourit, tentant à son tour d’en savoir un peu plus sur le jeune homme.
Les premiers instants de ce rendez-vous se déroule comme je l’espérais. Amelia est très gentille et semble être aussi ravie que moi d’être là. Je lui explique que je suis surpris qu’elle ait accepté mon invitation et me demande pourquoi, je lui explique donc que je pensais qu’elle était déjà avec quelqu’un ou que même elle n’accepterais pas, parce que je suis un garçon pas comme les autres. J’ai ni les muscles ni la virilité de la plupart des hommes que recherche une femme, c’est d’ailleurs pour ça que je suis seul depuis autant d’années. Ça et le fait que j’avais une peur bleue des femmes, ce qui n’aide pas non plus. Elle me demande alors, ce que j’entends par ‘’Moi’’. Je souris, un peu gêné de devoir lui exprimer clairement le fond de ma pensée, c’est des choses que je fais rarement avec une personne que je connais à peine. « Faut dire que je ne suis pas un garçon qui a l’habitude sortir avec une femme … Je ne suis pas doué, quoi ! » Le rouge me monte à une telle vitesse aux joues, que j’ai l’impression que je vais exploser d’une minute à l’autre. Heureusement, on parle d’un sujet où je suis un vrai connaisseur : Les jeux-vidéos. Avec ce sujet-là, faut dire que je suis plus du tout intimidé. Je lui propose de lui offrir le jeu auquel on jouait la dernière fois, puisque de toutes manières je l’ai fini plusieurs fois et je lui demande si elle a une console et elle m’explique que sa colocataire adore y jouer. Je souris de plus belle à ce propos et lui en demande plus alors sur elle, car apprendre information après information au compte-goutte, je préfère savoir tout ce qui se cache derrière Amelia Iver. Elle se présente alors de manière très solennelle, en me redonnant son nom et son âge, ce qui me fait rire. Elle a de l’humour la petite. Et là, alors qu’elle m’explique qu’elle est originaire de cette ville, qu’elle a un frère et une sœur et puis là, une information me crispe. Elle est maman ? Je n’ai jamais entendu parler d’un enfant dans sa vie, je suis à la fois choqué et abasourdi, tellement que je ne sais pas quoi dire sur le coup. J’attrape soudain très chaud, tirant sur mon col de chemise. Heureusement pour moi, c’est à ce moment-là que le serveur décide de ramener les plats, j’en profite pour attraper mon verre d’eau et de le boire cul sec comme pour digérer plus facilement cette information qui n’est pas si anodine. Un enfant ? Qu’est-ce que je pense réellement des enfants ? Pas grand-chose à vrai dire, j’adore ma nièce et je suis toujours le premier à la couvrir dès qu’elle fait une connerie ou même à l’inciter à faire la bêtise en question, mais ce n’est pas pareil. C’est la fille à ma sœur quoi, pas à la fille que je convoite ce soir. A vrai dire, je ne sais pas du tout quoi en penser. Heureusement pour moi, lorsque le serveur s’en va, Amelia me retourne la question, ce qui ne me m’oblige pas à réagir à son annonce qui a fait l’effet d’une bombe. « Euh … Je suis Kenneth, j’ai trente-trois ans. » Je ne sais pas trop quoi lui dire sur moi, parce qu’en vérité, je ne suis pas grand-chose et je ne fais surtout pas grand-chose. « Je vis chez ma sœur comme tu le sais déjà … » J’ai l’impression de m’enfoncer de plus en plus, ça en devient très gênant. « Je ne travaille pas pour l’instant … Mais j’étais informaticien avant à Melbourne … Je suis à Brisbane depuis deux ans … Et je n’aime pas trop les animaux. » Je baisse ma tête, honteux d’être aussi pitoyable. Je donne un coup de fourchette dans mon plat, qui n’a pas l’air appétissant pour le coup … C’est ça des noix de saint jacques ? Juste des stupides coquillages ? Finalement ce rendez-vous ne se passe pas aussi bien que je l’aurais pensé.
« Faut dire que je ne suis pas un garçon qui a l’habitude sortir avec une femme … Je ne suis pas doué, quoi ! » Elle sourit à sa réponse. C’est sûr que s’il devait fermer la porte au nez de toutes ses prétendantes, il ne devait pas faire grands succès. « Oh je vois, tu es plus du genre à avoir des conquêtes alors ? » Il devait probablement faire partie de ces nombreux charmeurs qui ne recherchaient pas de relations sérieuses. Hormis son côté maladroit il avait tout pour faire chavirer les cœurs des filles et en briser quelques-uns au passage. Mais la conversation dériva sur les jeux-vidéos et en particulier sur celui qui les avait rapprochés. Amelia bloqua quand elle commença à évoquer Lily-Rose. Ce n’était jamais évident de parler à un premier rendez-vous qu’elle avait déjà une petite fille de six ans. Mais finalement, la brune prit son courage à deux mains et parla de sa blondinette lorsqu’il lui en demanda un peu plus sur elle. Ce n’était jamais chose facile, mais elle n’avait pas envie de lui mentir. A quoi ça servait après tout ? Parce que s’ils se revoyaient, elle ne saurait lui cacher bien longtemps. Et puis si Kenneth n’était pas prêt à gérer la situation, tant pis. Ça ne ferait qu’un de plus dans la liste. Le serveur arriva pile poil après la bombe que la Iver venait de lâcher. Elle examina le jeune homme qui avait l’air d’encaisser difficilement la nouvelle. Enfin il ne disait rien, mais Amy pouvait très bien voir sur son visage que ça n’allait pas. Le serveur s’éclipsa les laissant à nouveau seul. Amelia lui retourna alors la question pour passer à autre chose. Elle ne voulait pas en parler toute la soirée. « Euh … Je suis Kenneth, j’ai trente-trois ans. Je vis chez ma sœur comme tu le sais déjà … Je ne travaille pas pour l’instant … Mais j’étais informaticien avant à Melbourne … Je suis à Brisbane depuis deux ans … Et je n’aime pas trop les animaux. » Voilà qui était clair pour sa part. Amy le pensait plus jeune. Elle le voyait bien travailler dans l’informatique, ça lui allait bien, ça correspondait bien au personnage. « Et tu es originaire de Melbourne ? » Elle goûta une première bouchée de son canard. Mais finalement, une question la rongée et elle ne put s’empêcher de la lui poser. « Et hormis les animaux, tu aimes bien les enfants ? »
Alors que Amelia me demande pourquoi je suis surpris qu’elle ait accepté mon rendez-vous, je lui réponds que je ne suis simplement pas habitué à sortir avec une femme. Sauf qu’elle n’a pas l’air de comprendre où je veux en venir et pense que je suis du genre à enchaîner les nuits accompagnées de filles différentes, sans m’attacher. Je secoue les mains devant mon visage, face à son incompréhension. « Non, non pas du tout … C’est plutôt le contraire. » Je me racle la gorge, pas très fier de lui avouer que je n’ai aucune expérience en matière de femme. « Je n’ai jamais eu de relation amoureuse à vrai dire. » Au moins comme ça, c’est dit, elle ne sera pas surprise par ma maladresse. « Je suis quand même surpris que tu penses que je sois un … Séducteur ? » Je ne sais même pas comment on appelle ce genre de type qui profite des femmes et qui enchaîne les conquêtes. C’est là que j’apprends que Amelia est maman d’une petite fille et on peut lire sur mon visage mon désarroi. Faut dire que j’ai tellement l’habitude qu’on me traite d’enfant que ça m’effraie assez l’idée de sortir avec une vraie maman. Heureusement on passe à autre chose, elle me demande de me présenter et finalement, je trouve l’idée aussi embarrassante. Faut dire que je n’ai pas tellement l’habitude et que ça me gêne de tout dire sur moi, surtout que ma vie n’est pas des plus passionnantes et je risque plus de l’endormir qu’autre chose. Du coup j’essaye de donner les informations principales, parce que je ne vois pas trop quoi lui dire de plus. Pourtant, ça avait l’air de l’intéressé, puisqu’elle me demande si je suis originaire de Melbourne. Je fais bouger ma fourchette dans mon assiette, ne trouvant pas les coquilles saint jacques très appétissante. « Oui je suis née à Melbourne et j’y ai toujours vécu. Mais je pense que ma vie est maintenant à Brisbane, je n’arriverais jamais à quitter cette ville. » Oui, je pense que Melbourne était bien trop une grande ville pour moi et je n’ai jamais réussi à bien m’adapter à son côté trop actif. Sauf qu’elle refait basculer le sujet sur les enfants et j’avale ma salive péniblement. Je sais pas trop ce que je dois répondre pour ne pas la fâcher ou lui mentir. « J’aime bien ma nièce, mais je n’ai pas l’habitude des enfants. Faut dire que ma sœur pense que j’en suis encore un. » Est-ce que c’est quelques choses qu’on dit dans ce genre de rendez-vous ? Je ne pense pas, mais après tout je suis déjà pas doué avec les filles, alors les rendez-vous galants c’est bien pire. « C’est bon ton plat ? » Changer de sujet, notre spécialité à tous les deux apparemment.
Alors qu’Amelia le pensait Don Juan d’après ses propos, en réalité, c’était tout l’inverse. Ce qui la surprenait assez il fallait dire. Okay son côté maladroit pouvait être un point négatif pour certains, mais Amy trouvait que ça faisait partie de son charme. « Non, non pas du tout … C’est plutôt le contraire. Je n’ai jamais eu de relation amoureuse à vrai dire. Je suis quand même surpris que tu penses que je sois un … Séducteur ? » Elle en restait bouche bée. Apparemment il n’a jamais eu de petite-amie. « Jamais ? » Ne put-t-elle s’empêcher de renchérir face à sa révélation. Ça l’étonnait assez, mais bon elle le croyait. Kenneth n’avait pas l’air du genre à mentir pour s’en tirer facilement et en tirer profit. « Oui quand tu me dis que tu n’as pas l’habitude de sortir avec des femmes, j’avais plutôt tendance à penser que tu n’avais que des aventures d’une nuit. Mais apparemment pas.. » Elle ne voulait pas créer encore plus de malaise entre eux. Mais c’était loupé. Lui sans expérience amoureuse et elle avec une petite fille de six ans, ils faisaient un beau duo.. Et pour un peu changer de sujet, les deux se présentèrent à leur tour. Les questions fusèrent et elle avait peur que le fait d’avoir annoncé qu’elle était maman, cela trotte dans la tête de Kenneth toute la soirée. « Oui je suis née à Melbourne et j’y ai toujours vécu. Mais je pense que ma vie est maintenant à Brisbane, je n’arriverais jamais à quitter cette ville. » Elle sourit. « On est deux dans ce cas alors. » La vie de la Iver est et a toujours été à Brisbane. Et bien qu’elle a toujours rêvé de grands voyages, elle ne saurait quitter bien longtemps ville natale. Tous les gens qu’elle aimait se trouvaient ici, alors pourquoi partir ? « J’aime bien ma nièce, mais je n’ai pas l’habitude des enfants. Faut dire que ma sœur pense que j’en suis encore un. » Et le sujet reparti sur les enfants. Amelia le lança, parce que finalement, ça la rongeait. Elle ne préférait pas s’aventurer plus loin si l’idée d’approcher l’enfant d’un autre le répugnait. La jeune femme rit nerveusement à ses dernières paroles. Il est vrai que la seule fois où elle avait aperçu sa sœur, elle l’avait traité comme un enfant. « Je vois.. » Elle termina son repas en silence, avant que le garçon ne lui demande si son plat était bon. Surement pour relancer la conversation. « Oui ça va. Et toi ? Tu n’as pas l’air de trop l’aimer. » Il jouait encore avec ses crustacés ce qui était assez drôle à voir. Ils finirent leur repas, puis décidèrent de prendre congé du restaurant. Ils regagnèrent la voiture de Kenneth dans le silence. Et quelques minutes plus tard, les voilà devant l’entrée de l’immeuble d’Amy. « Merci j’ai passé une bonne soirée.. » Oui malgré les gènes, cette soirée en sa compagnie avait été agréable. Elle chercha ses clefs. « Tu veux entrer cinq minutes boire un dernier verre ? »
Le rendez-vous se passe à la fois bien et à la fois d’une manière très gênante. Je pense par exemple à ce malentendu entre Amelia et moi. Elle pense que je suis un homme à femme. Et faut dire que c’est loin d’être la vérité. Je lui avoue qu’elle se trompe, que je ne suis qu’un garçon sans expérience qui n’a jamais eu la moindre relation amoureuse. Elle a l’air surprise de l’apprendre, comme à chaque fois que je l’avoue à quelqu’un. Faut dire que ça surprend qu’un grand gaillard comme moi n’a pas connu l’amour, mais faut dire que pour ma part, je me suis habitué. Elle me demande d’ailleurs confirmation. « Non, jamais. » Elle semble me croire, mais ne pas s’en remettre. De quoi me rendre encore plus mal à l’aise. J’ai l’impression de passer pour un véritable looser et c’est peut-être ce que je suis, mais c’est toujours dur de le réaliser dans un rendez-vous avec une fille. Heureusement les sujets s’enchaînent et je lui parle de mon attachement à Brisbane, qui n’est pas ma ville natale, mais qui restera sûrement ma ville où je compte vivre pour le restant de ma vie. On a quand même trouvé un point commun avec Amelia, puisqu’elle aussi compte faire sa vie ici et sûrement nulle part ailleurs. Je souris en apprenant ce nouveau détail sur elle. Elle a aussi vraiment envie de savoir ce que je pense des enfants et j’essaye d’être le plus sincère possible, car moi-même je ne sais pas vraiment ce que j’en pense. Sa réponse à elle est vague, mais j’arrive encore une fois à dévier la conversation en lui demandant comment est son plat. Elle me dit que c’est bon pour elle, mais elle remarque direct que je n’aime pas les coquilles saint jacques que j’ai commandé ; je fixe mon assiette avec un certain air de dégout. « J’ai pris ça un peu au hasard, j’aurais dû regarder un peu mieux. » Je me dis que ce n’est pas grave, je prendrais un meilleur dessert ou j’aurais droit à un autre repas de la part de Ellie en rentrant.
Le repas se termine par la suite, j’ai passé un bon moment avec la jeune femme. Elle est toujours aussi charmante et amusante, je crois que les quelques malaises entre nous se sont dissipés. Je décide de raccompagner la jeune femme chez elle, à bord de ma voiture pas forcément dernier cri. Heureusement pour nous, la voiture nous conduit jusqu’au domicile de Amelia. Elle me remercie pour la soirée tout en cherchant les clés de sa demeure. « Merci, moi aussi j’ai passé une très bonne soirée. » Elle me pose alors une question qui me déroute. Si je monte chez elle, est-ce que je risque de tomber sur sa fille ? Et puis, qu’est ce qui va se passer là-haut ? Si on se base sur les films, monter chez la fille le premier soir ce n’est pas forcément pour simplement boire un verre. Pris de panique, je réfléchis pendant une dizaine de secondes, je vois son regard se poser longuement sur moi, attendant une réponse. « Je ne préfère pas, je vais rentrer chez moi. » Je souris maladroitement, avant de me pencher vers elle pour déposer un baiser sur sa joue. « Passe une bonne soirée, Amelia. » Et mon sourire devient beaucoup plus sincère. J’attends qu’elle soit bien rentrée chez elle avant de disparaître dans la nuit, pour retourner chez ma sœur.