| it's alright, stay by my side (brody) |
| | (#)Sam 23 Avr 2016 - 13:46 | |
| « Aller, Brody, aujourd’hui tu lui dis. » Debra se regardait dans le miroir de la salle de bain. Elle avait des cernes qui commençaient à creuser grandement ses yeux, ce qui lui donnait une mine plus triste qu’à l’accoutumé. En même temps, elle avait de quoi être fatiguée. Le petit pois qui poussait en elle - et qui avait bien grandit - lui prenait la majorité de ses forces, et elle refusait de changer ses habitudes de vie pour le petit pois. Alors elle était doublement fatiguée, ayant parfois du mal à tenir une journée entière. Et parfois, elle en voulait à cet être qui grandissait en elle et qui n’avait rien demandé. Elle s’en voulait à elle même aussi d’avoir été aussi naïve. Elle aurait du faire plus attention.Sa mère l’avait plusieurs fois prévenu que ça finirait par arriver, une chose pareille. Mais elle n’avait pas voulu la croire. Elle avait préféré rester innocente et idiote. Soupirant, elle baissa de nouveau son sweat très ample sur son ventre avant de descendre les escaliers. Elle était chez son frère, Benjamin, chez qui elle restait le temps qu’elle ait le courage de lui avouer la deuxième raison qui l’avait fait fuir Dublin et ses parents. Et jusqu’à temps, par la même occasion, qu’elle accouche pour qu’elle puisse se débarrasser du bébé et trouver un job décent dans le coin - car avec un ventre rond comme le sien, il n’y avait pas beaucoup de patron qui étaient prêts à lui faire signer un contrat. Elle n’avait emporté avec elle que ses maigres économies et ne pouvait pas se permettre pour le moment de prendre un appartement seule, dans son coin. Elle savait en arrivant ici que Ben ne l’aurait pas mise à la porte, mais elle avait quand même eu de la chance qu’il n’ait pas tant changé que ça depuis la dernière fois qu’elle l’avait vu. Il restait toujours son grand frère protecteur, qui ne voulait que le bien de sa soeur. Debra arriva rapidement dans le salon, fronçant les sourcils elle se tourna vers son frère assis sur le canapé. « Loan n’est pas là Ben ? » La femme de son frère. La femme qu’elle n’avait jamais rencontré avant de mettre les pieds sur le sol australien il y a à peine quelques mois. Cette femme qui avait disparu pendant deux mois avant de revenir miraculeusement à la maison. Debra avait suivi cette histoire auprès de Ben, le soutenant dans le désespoir qui avait envahi son frère à cette nouvelle. C’était d’ailleurs officiellement pour ça qu’elle l’avait rejoint, pour le soutenir dans cette épreuve. Il s’était avéré qu’elle avait atterri le jour où Loan avait de nouveau frappé à la porte de sa propre maison. Bien sûr, Debra avait été soulagée de savoir que sa belle-soeur était de retour à la maison, mais elle savait que maintenant tôt ou tard Benjamin allait lui demander pourquoi elle ne rentrait pas en Irlande. Elle ne voulait pas que ce moment là arrive. Elle était bien, ici, loin de ses parents et presque loin de tous ses soucis, dans cette nouvelle ville pleine de promesses et d’un avenir heureux qui se traçait presque sous ses yeux. La jeune femme finit par venir s’asseoir sur le fauteuil qui se tenait en face de l’assise de son frère, se mettant de façon à ce que son ventre ne se voit pas - elle arrivait toujours à trouver un moyen pour cacher cette colline grandissant de jours en jours. Elle jouait nerveusement avec le bout de la manche de son sweat. Car si Loan n’était pas là, c’était le moment de parler sérieusement avec Ben et ça la faisait flipper. Elle espérait qu’il n’allait pas la prendre pour une folle, une idiote - même si c’était le cas - et surtout elle espérait qu’il la soutiendrait dans cette merde qu’était devenue sa vie. « Ben ? » C’était parti, pas question de se défiler cette fois ou de faire demi-tour. |
| | | | (#)Sam 30 Avr 2016 - 19:16 | |
| « Une carapace bleue ? Sérieusement ?! Eh merde ! » Mon kart fait trois tours sur lui-même, je perds le contrôle et termine dans le mauvais sens. La poisse. Vite, je reprends les choses en main, je remets mes roues dans la bonne direction, et hop, Yoshi et moi sommes de retour dans la course. Je dépasse un, deux trois karts avec facilité. Les autres sont plus ardus. J'ai saigné Mario Kart. Je crois pouvoir dire, avec une vantardise assumée, que je suis imbattable. Tout comme à Guitar Hero. Lointains, je devine les pas de Debra dans l'escalier jusqu'à ce qu'elle arrive dans le salon. « Hein, quoi ? » Trop absorbé, il me faut quelques secondes avant que sa question n'arrive jusqu'à mon cerveau. Loan, là ? « Euh, non. Je sais pas où elle est passée. » Comme d'habitude en ce moment me direz-vous. Ma femme est devenue bien plus secrète qu'avant, et même si elle m'a promis de m'en dire plus sur ses investigations concernant ses ravisseurs et la raison pour laquelle ils s'en sont pris à elle, je n'ai droit à mon briefing qu'en fin de journée, autour d'un dîner. Elle doit sûrement gambader du côté de Brisbane, je n'en sais fichtrement rien, et pour éviter de m'en préoccuper et de mourir d'angoisse pour elle, rien ne vaut une bonne partie de Mario Kart. Particulièrement concentré sur ma course dans le manoir hanté, aux coudes à coudes avec Bowser, je n'accorde pas un regard à ma jeune sœur qui s'installe dans le fauteuil à côté de la télévision. Les gamers ont une capacité incroyable d'abstraction totale du monde qui les entoure jusqu'à la fin de leur partie. Et il est hors de question que je termine celle-ci en troisième position. Juré, le travelo en robe rose va se prendre une carapace monumentale dans la tronche juste avant la ligne d'arrivée, et ma vengeance sera pleine et parfaite. Debra m'appelle pour attirer mon attention, mais non, ce n'est pas le moment. « Attends juste une seconde, je fais bouffer la poussière à Peach. Elle va finir avec du macadam entre les dents la princesse, regardes ça ! » D'habitude, Deby est toujours la première à s'asseoir à côté de moi, chopper une manette pour rejoindre la partie ou juste m'encourager quand je fais du pâté de zombie en croûte. Là, je n'ai pas l'impression qu'elle soit plus captivée que ça par mes prouesses en karting et en humiliation de cupcake à roulettes. Je garde ma carapace jusqu'à la fin, la lance pile au moment parfait, fonce à toute allure… et glisse sur une banane, donnant aux autres joueurs l'occasion de me doubler à deux mètres de la ligne d'arrivée. Je termine sixième. Honteux. Blasé, je balance la manette sur le canapé en soupirant, puis j'attrape ma bière pour en prendre une gorgée. Enfin mon regard se pose sur Debra. Elle a la mine sévère, grave. « Alors choupette, c'est quoi cette tragédie qui te donne l'air si triste ? » je demande avec un petit sourire, prêt à entendre n'importe quel petit malheur de jeune demoiselle ou une crise de blues hormonale. Avec deux sœurs, on finit par s'y connaître en montagnes russes émotionnelles mensuelles. |
| | | | (#)Ven 13 Mai 2016 - 19:18 | |
| Son frère semblait absorbé dans sa partie de Mario Kart, ce qui soulagea quelque peu la jeune femme. Enfin. S’il gagnait, il serait peut-être de meilleure humeur à accueillir la nouvelle qu’elle allait lui mettre sous le nez. Ben lui confirma que Loan n’était pas là, et c’était tant mieux. Faire face à la réaction de son frère, elle saurait peut-être gérer. La réaction de Loan, femme qu’elle ne connaissait qu’à peine au final, ça risquait de mal tourner. Accepter des remarques de son frère, oui, mais des personnes qui lui étaient inconnues, ce n’était pas dans les habitudes de la jeune femme. « Attends juste une seconde, je fais bouffer la poussière à Peach. Elle va finir avec du macadam entre les dents la princesse, regardes ça ! » « D’accord… » Elle avait répondu à voix très basse, comme un murmure, elle était presque sûre que son frère n’avait pas pu l’entendre d’où il était et vu son niveau de concentration sur le jeu. Si elle n’avait pas été dans cette mauvaise passe, il aurait été fort probable que Debra le rejoigne pour faire une partie avec lui. Elle avait toujours apprécié partager ce genre de petits moments avec son frère, surtout que c’étaient des moments que sa soeur ne partageait jamais avec lui puisqu’elle n’aimait pas les jeux vidéos. Depuis qu’elle était petite, Debra avait toujours tout faire mieux que sa soeur ainée, ne supportant pas qu’elle soit la préférée des parents. Aujourd’hui, elle avait bien une chose qu’elle n’avait pas: un enfant en route. Et pourtant, ce n’était pas le genre d’événement qui allait lui faire gagner des points auprès des parents. Remontant ses genoux contre elle, elle attendait patiemment que son frère finisse sa partie - et vu comment il jeta la manette sur le canapé,ça ne voulait pas dire qu’il avait gagné. Dommage, ça aurait été une bonne nouvelle avant celle que Debra allait lui annoncer. « Alors choupette, c'est quoi cette tragédie qui te donne l'air si triste ? » Elle devait lui annoncer maintenant. Elle avait lancé la conversation, elle ne pouvait pas repartir comme si de rien n’était. Mais maintenant qu’elle avait l’occasion de lui annoncer, c’était comme si les mots refusaient de sortir de sa bouche, comme si elle était soudainement devenue muette. Elle prit lors une bonne inspiration, tentant de se donner du courage. « Je… » suis enceinte. La fin de sa phrase ne sortait pas. Le dire à Ben, ça revenait à rendre les choses bien réelles - et ça la faisait flipper à mort. Elle n’osait même pas remonter le regard vers son frère, de peur qu’il la prenne pour une folle. Se levant, son ample sweat venant couvrir les moindre traces de son ventre arrondi, elle trouva enfin une phrase à peu près censée à lui décrocher. « Je veux juste pas que tu m’en veuilles, d’accord ? S’il te plait Ben, ne m’en veux pas… » Et alors que sa voix mourrait à petit feu en finissant sa phrase, elle vint, les mains tremblantes, soulever son sweat, exposant son ventre portant un bébé de cinq mois aux yeux de son frère. Et mêmes si elle n’avait jamais été croyante ou toutes ces choses là, elle se surprit à prier qu’il n’allait pas péter un câble. Qu’il allait simplement la soutenir. Etre à ses côtés. C’était beaucoup espérer, elle le savait, mais elle devait se raccrocher à cette idée sinon elle allait s’effondrer littéralement sur place. |
| | | | (#)Dim 29 Mai 2016 - 17:09 | |
| Rarement ai-je vu ma petite sœur aussi blasée, arborant une moue de six pieds de long. Son sent bien que le locomotive fume dans son crâne et que les engrenages de son cerveau tournent à plein régime, alors qu'elle reste muette, cherchant des mots qui mettent bien du temps à passer de sa tête à sa gorge puis à ses lèvres. Elle respire un grand coup, comme quelqu'un qui a une grande annonce à faire, et je m'attends à remercier le ciel d'être déjà assis, mais rien. Elle n'articule finalement rien. « Tu… ? » je reprends pour insister. On a pas toute la journée, ça ne peut pas être si terrible que ça, elle peut bien me le dire. Debra sait bien que je ne suis pas du genre à péter un câble, tout envoyer valser. Je suis un type qui intériorise pas mal, malgré mon brin de sensibilité. Et je n'aime pas être en colère. Néanmoin, j'ai beau savoir faire preuve de patience, ma sœur tire sur la corde à cet instant. Son silence gagne en longueur, et plus ça va, plus je me dis qu'il y a finalement des chances pour que j'ai matière à m'inquiéter – à moins qu'elle ne soit en train de me jouer un sale tour, ça serait bien son genre, de me faire flipper et après se tordre de rire en se foutant de ma tronche de grand frère qui commence à se faire un sang d'encre. Elle se lève, le regard toujours aussi bas ; je l'observe, sourcils froncés, yeux plissés. Ca sent le truc sérieux, et surtout, le truc que je ne vais pas aimer -en tout cas, c'est ce qu'elle pense pour qu'elle me demande de ne pas lui en vouloir. « T'en vouloir de quoi, Deb' ? » L'instant drama queen super mystérieuse qui fait durer le suspens, ça va deux minutes. Maintenant qu'elle accouche. D'ailleurs, on ne saurait mieux dire. Car ce qui m'attend sous le gros sweat de ma petite sœur, c'est un ventre bien rond. Oh non, pas le genre à la peau bien tendue comme après un bon dîner. Le genre bien bas et lourd, le genre qui couve un petit être qui, ma foi, prend déjà pas mal de place. Je crois que mon coeur a raté une dizaine de battements, et que mes poumons ont oublié leur fonction première. Les yeux écarquillés, je porte une main à ma bouche, mais cela ne m'empêche pas du tout de lâcher un « oh putain » bien profane. C'est pas bon. Si Debra me l'annonce comme ça, c'est que ce n'est pas bon du tout. Mais pour le moment, mes neurones sont figés, et je ne sais plus combien font deux et deux. « Tu... » C'est à mon tour de ne pas savoir qui dire. Rien ne me vient. Je ne sais même pas ce que je ressens, je suis juste paumé. Je sais que je n'ai pas de raison d'être heureux pour elle, sinon ses jolis yeux ne seraient pas bordés de larmes. Pas de ce genre de larmes. Mon regard est incapable de s'arracher à son ventre pendant un long moment. C'est si réel. C'est ma petite sœur en cloque juste sous mes yeux. « Merde, Debie, qu'est-ce qu'il s'est passé ? » je demande finalement. Je pense déjà savoir quel genre de récit elle va me faire, il n'y a pas mille scénarios pour expliquer cette situation, mais j'ai besoin de l'entendre me l'expliquer pour que cela devienne vraiment vrai, pour que ses mots me foutent la claque dont j'ai besoin pour remettre mes pieds sur terre. « Je veux dire, pas besoin de me faire un cours d'éducation sexuelle, je sais comment ça marche, mais... » Le reste. Comment s'est arrivé, avec qui, pourquoi. Je pourrais la bombarder de questions pour savoir si le reste de la famille est au courant -sûrement pas-, pourquoi elle l'a gardé, ce qu'elle compte en faire. Mais tout ce que j'arrive à demander concrètement, c'est ; « T'es à combien de mois, là ? » Je connais ma sœur. Elle aurait pu se découvrir une fibre maternelle dans dix ans, mais c'est une jeune femme qui aime vivre pour elle et profiter de tout ce que la jeunesse a à proposer. Elle papillonne, elle n'est pas prête de se marier, de se poser. Je n'arrive pas à croire que je ne l'ai pas remarqué. Son ventre est énorme en comparaison à sa silhouette si frêle de d'habitude. Et ce n'est pas comme s'il était apparu comme par magie. C'était là depuis le début, depuis qu'elle est arrivée ici. Et je n'ai rien vu. |
| | | | (#)Sam 4 Juin 2016 - 17:53 | |
| Debra peut facilement sentir son frère la fixer depuis qu’elle a commencé à lui adresser la parole. Elle le sent comme si ses yeux étaient des lasers et qu’il était en train d’analyser le moindre fait et geste qu’elle avait à lui proposer. « T'en vouloir de quoi, Deb' ? » Elle ouvrit légèrement la bouche, comme si elle était presque prête à lui dire à haute voix. Mais elle se résigna et préféra continuer sur sa première lancée. Les gestes sauvaient quand les paroles n’étaient pas présentes. Alors quand elle souleva son sweat, elle put sentir le changement d’ambiance radical. Elle put sentir, même en ayant toujours la tête baissée, l’incompréhension de son frère. Comment pourrait-il en être autrement ? « oh putain » Elle savait que c’était plutôt naturel, ce genre de réflexe, elle savait qu’elle ne pouvait pas s’attendre à le voir sauter de joie. Surtout qu’elle ne l’était pas elle même. C’était ça le soucis de l’histoire, au fond. Ce qu’elle venait d’annoncer à son frère, elle n’aurait surement jamais voulu avoir à lui annoncer comme ça. Elle aurait voulu le faire sourire aux lèvres parce-que cet enfant aurait été voulu. Ce n’était pas le cas, et malgré toute la bonne volonté qu’elle tentait en vain de mettre dans cette situation, elle ne pourrait jamais être heureuse de ce qu’il lui arrivait en ce moment. « Tu... » Benjamin ne semblait pas réussir à trouver ses mots. Il fallait qu’il absorbe le choc de son côté maintenant, comme Debra l’avait fait bien des semaines plus tôt. Le silence était pesante, mais la jeune femme ne se voyait pas le briser. Ce n’était plus elle qui gérait la situation pour le moment, Ben était maitre de comment le reste de cette discussion allait se passer. « Merde, Debie, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je veux dire, pas besoin de me faire un cours d'éducation sexuelle, je sais comment ça marche, mais... » Les premières larmes que Debra ne put retenir plus longtemps coulèrent alors sur ses joues. Elle les essaya du revers de sa manche. Elle aurait voulu trouver les mots pur lui expliquer, mais elle restait muette. C’était trop dur. Surtout qu’elle sentait les larmes continuer de couler, signe que si elle commençait à verbaliser les faits, elle allait commencer à céder aux sanglots et tout ce qui s’en suivait. « C’était… » Premier sanglot. Fichues hormones. En tant normal, elle aurait été capable de tenir une conversation avec Ben sans avoir envie de sangloter comme une fillette toutes les trois secondes. Et là, regardez là, à retenir un nouveau hoquet. Elle finit par laisser retomber le bas de son sweat pour cacher de qu’elle appelait cette horreur. Elle n’arrivait toujours pas à reprendre la parole pour répondre à la première question de son frère qu’il en avait déjà une autre en bouche. « T'es à combien de mois, là ? » Elle renifla légèrement, comme pour se donner le courage de répondre sans sanglots. « Cinq mois… » Sa voix était mal assurée lorsqu’elle en parlait, c’était comme si tout était encore irréel. Levant légèrement les yeux vers son frère, elle put voir l’état incertain dans lequel elle venait de le mettre. Et ça, ça lui faisait mal au coeur plus qu’autre chose. Effaçant une nouvelle coulée de larmes, elle secoua la tête et finit par foncer tête baissée vers la cuisine. Attrapant son paquet de clopes qui trainait dans un coin, elle sortit par la porte de la cuisine. Elle avait besoin de prendre l’air, de faire quelque-chose qui allait la détendre un peu si elle voulait réellement raconter toute l’histoire à Ben - mais est-ce que l’histoire en valait vraiment la peine ? Elle savait que Ben n’allait pas tarder à la rejoindre alors Debra alluma sa clope et tira une bouffée dessus avant de se faire engueuler. Si elle elle n’en avait rien à faire de fumer en étant enceinte, Ben n’aimait pas la voir se faire du mal rien qu’en temps normal - alors là.
Dernière édition par Debra Brody le Ven 12 Aoû 2016 - 2:55, édité 1 fois |
| | | | (#)Sam 2 Juil 2016 - 16:40 | |
| Dieu merci ma soeur finit par rebaisser son sweat sur son ventre rond. Je crois que j’aurais eu du mal à me concentrer en l’ayant plus longtemps sous le nez. C’est tellement étrange de voir une femme de sa famille avec le corps aussi transformé, encore plus sa propre petite soeur, la plus jeune, mon trésor. C’est perturbant, de se dire que derrière les couches de peau et la chair, il y a un modèle réduit d’être humain qui est en train de grandir. Un bébé avec qui je partage un lien de sang. Mon neveu ou ma nièce, oui. Juste là, devant moi. je n’y étais absolument pas préparé, et Debby non plus. Non, à voir le torrent qui s’écoule sur ses joues, elle y un drame, une tragédie. Elle est incapable de m’expliquer comment cela est arrivé. Je pourrais la bombarder de questions pour comprendre comment elle a pu laisser une grosse non-désirée arriver à ce stade plutôt que d’y mettre fin le plus tôt possible, ou même la sermonner d’avoir fait n’importe quoi avec sa sexualité au point de finir en cloque sans que cela ne soit son choix. Je ressemblerais à papa et maman, en train de la mettre au pied au mur et de la gronder comme une gosse. “Bordel, Deb…” je soupire en passant une main sur mon visage. Je ferme les yeux et m’attends sans grande conviction à me réveiller d’un mauvais rêve, mais derrière mes paupières, la réalité est toujours la même, et elle se résume à voir ma soeur en larmes fuir le salon, fuir la bombe qu’elle a déposé. Bien sûr, je la suis. Je traverse la cuisine et passe par la porte de derrière qui donne sur le jardin. Je ne voulais pas me montrer autoritaire, mais lorsque je la vois porter la flamme de son briquet au bout de sa cigarette, je me retiens de lui coller une correction en bonne et due forme. “Tu te fous de moi ?!” J’arrache la barrette de tabac de ses lèvres. Même si je comprends complètement à quel point elle doit avoir besoin de ça pour décompresser, je ne peux pas la laisser faire. Ca ne serait pas bien. Lorsqu’il ne s’agissait que d’elle, elle était libre de faire tout ce qu’elle voulait. Désormais, l’égoïsme, c’est fini. “T’es enceinte et tu t’allumes une clope, comme ça, sérieusement ?” Debra a été en cours de biologie, non ? Elle sait parfaitement que la cigarette est nocive pour le bébé. D’ailleurs, pendant une seconde je me dis que c’est bien parce qu’elle le sait qu’elle s’en fume une, dans l’espoir idéaliste de s’en débarrasser. “Putain, toutes les fois où on est allés s’en griller une et tu…” J’ai été complice malgré moi du mal qu’elle infligeait à son gamin. Je ne m’en veux qu’un peu plus de n’avoir rien vu avant. Après tout, quel genre de Dublinoise met des sweats à longueur de temps alors qu’il fait rarement moins de vingt degrés en Australie? “Je veux bien que tu n’aies aucune envie d’avoir ce bébé, mais ça ne te dispense pas de respecter sa vie plus que ça. Maintenant qu’il est là et qu’il est trop tard pour y faire quoi que ce soit, eh bah, t’as plus qu’à faire avec et te comporter en bonne mère.” Ou au moins, comme quelqu’un qui en a quelque chose à foutre de la vie d’un tiers aussi fragile, ce qui signifie, dans le fond, être humain, doté de jugeote et de compassion. Même Debra est capable de ça. “Est-ce que tu sais qui est le père ? Est-ce qu’il sait que ce gosse existe ?” La question est plutôt, bordel, qu’est-ce qu’elle va en faire ? Mais je suppose qu’elle n’en a pas la moindre idée. |
| | | | (#)Ven 12 Aoû 2016 - 3:12 | |
| « Tu te fous de moi ?! » Bingo, elle aurait pu parier qu’elle aurait gagné. Ce n’est pas tant les mots qu’a choisi son frère en la voyant allumer sa cigarette, ce fut plutôt l’intonation avec laquelle il les avait prononcé qui lui indiquait qu’il n’était absolument pas d’accord avec ce geste. Il vint d’ailleurs rapidement lui retirer des lèvres le tube blanchâtre, ce qui la fit soupirer bruyamment. « T’es enceinte et tu t’allumes une clope, comme ça, sérieusement ? » « Qu’est-ce que ça peut te foutre de toutes façons ? » « Putain, toutes les fois où on est allés s’en griller une et tu…» Elle effaça rapidement les dernières larmes qui traînaient encore sur ses joues. Elle savait très bien qu’il n’en avait rien à faire, mais elle ne pouvait pas retenir ce caractère qu’elle trainait depuis des années, à ne pas aimer se faire sermonner par qui que ce soit. « T’en veux pas, tu savais pas. » Et c’était purement sa faute à elle, elle avait voulu garder ça pour elle le plus longtemps possible, garder l’illusion du mauvais cauchemar duquel elle allait forcément finir par se réveiller. Quelques secondes de silence s’installèrent, qui commencèrent à mettre mal à l’aise la jeune femme. Fumer sa clope lui aurait au moins occupé les mains, maintenant elle n’avait plus que son esprit et son mal à mettre en patience en attendant que son frère lui pose les questions qui lui brulaient les lèvres - elle en était persuadée. « Je veux bien que tu n’aies aucune envie d’avoir ce bébé, mais ça ne te dispense pas de respecter sa vie plus que ça. Maintenant qu’il est là et qu’il est trop tard pour y faire quoi que ce soit, eh bah, t’as plus qu’à faire avec et te comporter en bonne mère. » Un petit rire nerveux s’échappa furtivement d’entre ses lèvres. « En bonne mère… Tu m’as bien regardé ou quoi Benjamin ? » Elle n’appelait que rarement son frère par son prénom complet, ils n’avaient pas besoin de ça, normalement. Elle était cependant beaucoup trop perdue dans tous ses sentiments et émotions qui la parcourraient qu’elle sentait le besoin de se confronter clairement à son frère comme pour avoir quelque-chose de réel en face d’elle, quelque-chose malgré tout de rassurant. Comme la sale gosse perdue qu’elle pouvait être parfois. « Est-ce que tu sais qui est le père ? Est-ce qu’il sait que ce gosse existe ? » Cette question a au moins le don de lui clouer le bec pendant quelques instants. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il commence par celle-là, et elle n’avait pas préparé de réponse. Et puis surtout, sa réponse n’était même pas quelque-chose de sur à cent-pour-cent. « Je pense. Enfin… Par rapport à la date où… Il est arrivé là. » Elle indiqua d’un mouvement de tête son ventre rond, caché de nouveau par ce sweat qu’elle avait hâte de pouvoir brûler. Donner un indicatif de sexe ou de quelque-chose qui rendait réel cet être grandissant en elle lui donnait de sales frissons à l’échine. « Je pense savoir qui c’est. Un mec sans importance. Et non, il sait pas lui. J’suis même pas sûre qu’il sache mon prénom, alors qu’il va avoir un gosse… Arh. » Nouveau frisson qui lui dit se frictionner machinalement les bras, comme si ça pouvait la réchauffer et la réconforter. « Et les parents sont pas au courant alors courir tout Dublin pour le retrouver lui et lui annoncer cette nouvelle macabre… Sans façons, merci. » Debra savait que c’était vache de parler de cet événement qui devrait être heureux de cette façon, mais même face à son frère qui semblait déjà plus raisonné qu’elle sur la question, son état d’esprit à l’arrivée de cet enfant ne changeait pas. Pour elle, l’arrivée de ce gosse marquait la fin de sa vie. Elle n’excluait - presque - pas l’éventualité de tomber amoureuse de son enfant une fois qu’elle le verrait dans ses bras, né, mais pour le moment, c’était hors de portée de pensées. Elle finit par lever un regard déterminé et presque froid vers son frère - déjà qu’elle avait des tendances aux sautes d’humeur avant, c’était encore pire avec les hormones. « Je sais que tu veux me poser d’autres questions, alors vas-y. J’ai été garce de pas avoir les couilles de t’en parler avant et de toutes façons je pleure pour un rien alors ça pourra pas être pire si toi t’es franc avec moi. Aller, assis toi. » Elle lui indiqua de la tête la deuxième chaise du salon de jardin qui se tenait à ses cotés. Quitte à passer à la casserole, autant que ça se passe d’un coup, comme un vieux pansement qu’on arrache rapidement. |
| | | | (#)Dim 9 Oct 2016 - 3:18 | |
| Je ne me suis jamais défini comme un type facile à énerver, bien au contraire. Non pas de la patience, j'ai un flegme et un je-m'en-foutisme à toute épreuve qui me permet d'être calme dans à peu près toutes les situations. Sauf quand cela me touche d'aussi près. Ma femme, ma sœur, ma famille de manière générale. Dans ces moments-là, il n'est pas étonnant que mon sang irlandais ne fasse qu'un tour et me donne envie de dégommer tout ce qui bouge à coups de chopes de bière. Et sur le moment, même si cela serait une réaction exagéré, c'est bien ce que je voudrais faire lorsque je vois Deb allumer une cigarette. L'assommer pour qu'elle cesse de mettre le bordel dans sa vie. Il y a des pots cassés que j'ai pu nettoyer derrière elle sans m'en plaindre. Sauf que cette fois, j'avoue me sentir complètement démuni et impuissant. A part secouer ma sœur comme un prunier, je sais pas quoi faire. « Oui, en bonne mère, Deb. Sinon je botte ton cul jusqu'à Dublin où t'iras te comporter comme une imbécile ailleurs que sous mon toit. » je vocifère plus férocement qu'elle ne l'aurait voulu. Mes nerfs sont à vif désormais et ce n'est plus le moment de jouer la crise d'adolescence à rallonge. Tout ça, c'est terminé. Elle est mère maintenant, qu'importe si elle a l'air d'une gosse paumée. Elle a intérêt à se reprendre en main et faire de son mieux. Bien sûr, évidement, le père ne pouvait être qu'un foutu coup d'un soir qui ne pourra jamais l'aider à assumer ce gosse. Quelle brillante manœuvre. Egalement sans surprise, Debra n'a pas annoncé l'heureux événement aux Brody seniors. « J'imagine que ne pas en dire un mot aux parents a été la décision la plus intelligente que t'aies prise jusqu'à présent. » Macabre ? Ca l'est. Je n'ai jamais mis ma sœur dans la catégorie des gens capables de prendre soin d'eux. Alors d'un bébé, imaginez le cauchemar. Je l'aime, plus que tout, elle est ma petite princesse, mais elle est un être humain avec ses qualités et ses défauts. Et oui, je lui en veux de ne pas m'avoir appelé immédiatement en se sachant dans la panade, d'avoir juste débarqué comme ça en attendant que sa grossesse ne puisse plus être dissimulable pour m'en parler. « Je veux pas m'asseoir avec toi Deb et simplement parler alors que tu m'as pris pour un con. » dis-je sèchement, restant bien debout, les droits croisés, et mon regard bleu la transperçant de part en part. « C'est pour ça que t'es là, hein ?! Ca n'est pas pour moi ou parce que Loan est portée disparue. C'est parce que tu pouvais pas rester à la maison avec un bide pareil. » Je le réalise, et cela me semble clair comme du cristal. Je me sens tellement idiot et abusé. Jamais je n'aurais pensé que ma sœur puisse avoir des secrets pareils pour moi, ou qu'elle soit capable de me poignarder dans le dos de cette manière. « T'as toujours été une foutue égoïste et c'est quelque chose que j'ai toujours pardonné parce que tu es ma sœur, mais là, merde, t'as dépassé les bornes. » Et qu'est-ce que tu vas faire, Ben, jeter ta cadette enceinte jusqu'au cou à la rue ? Lui payer un billet de retour pour Dublin ? L'engueuler encore et encore jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'une flaque de larmes te maudissant et te détestant ? Bon Dieu, je déteste me sentir aussi coincé. « Et là c'est moi qui passe pour le méchant qui engueule sa pauvre sœur en détresse. Je n'aime pas ça, Deborah ! » Du calme ; je prends une grande inspiration et passe mes mains sur mon visage, puis par mes cheveux. Je tourne le dos à la jeune femme un petit moment et fais quelques pas, fermant les yeux pour paradoxalement y voir plus clair dans mes pensées. Une fois certain que je ne vais pas lui hurler dessus plus que nécessaire et laisser cette contrariété être une porte ouverte à tout ce que j'aimerais crier depuis que Loan n'est plus là -Debby ne mérite pas ça- je m'assois bel et bien face à elle, au bord du fauteuil de jardin, les mains jointes. « Qu'est-ce que tu vas faire quand il sera né, hein ? Tu sais qu'il va pas disparaître en claquant des doigts ou parce que tu le caches sous des sweats. Il va arriver, que tu le veuilles ou non, et qu'est-ce que tu feras à ce moment-là ? Le faire adopter, le garder ? » |
| | | | (#)Jeu 29 Déc 2016 - 15:37 | |
| « J'imagine que ne pas en dire un mot aux parents a été la décision la plus intelligente que t'aies prise jusqu'à présent. » Un sourire légèrement levé, Debra fait un petit geste de côté avec sa tête, montrant qu’elle était d’accord avec son frère sur ce point. Si les parents Brody avaient été mis au courant de la situation, elle serait déjà probablement enfermée dans un couvent. Ce n’était pas ce qu’elle voulait, mais au moins elle n’aurait pas eu à avoir cette discussion avec son frère. Car à peine à t-elle fini de lui expliquer qu’il peut lui poser les questions qu’il veut, lui indiquant même de s’asseoir avec elle, qu’elle peut lire la déception dans son regard. Et elle sent déjà les larmes montées, comme prévenu, alors que son frère n’a pas encore ouvert la bouche. « Je veux pas m'asseoir avec toi Deb et simplement parler alors que tu m'as pris pour un con. » Rapidement, elle baissa le regard. Ce n’était pas parce-qu’elle avait donné à son frère le feu vert qu’elle était pour autant prête à entendre ses paroles. « C'est pour ça que t'es là, hein ?! Ca n'est pas pour moi ou parce que Loan est portée disparue. C'est parce que tu pouvais pas rester à la maison avec un bide pareil. T'as toujours été une foutue égoïste et c'est quelque chose que j'ai toujours pardonné parce que tu es ma sœur, mais là, merde, t'as dépassé les bornes. » Elle essaya la première larme coulée. « Pas que, Ben, je voulais déjà venir pour l’histoire avec Loan mais les parents m’ont dit que ça durerait pas et que j’allais venir pour rien, que tu irais mieux rapidement. Ca… C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, si on veut… Et t’es la personne en qui j’ai le plus confiance, j’allais pas aller ailleurs… » Debra était bien une égoïste. Ca, tout le monde le savait depuis un bon bout de temps. Elle même le savait, mais elle ne s’en rendait pas forcément compte sur le moment même et il fallait souvent que ce soit quelqu’un qui lui fasse remarquer son attitude pour qu’elle comprenne la connerie qu’elle venait de faire. Comme ici avec son frère. Elle ne mentait pas, elle avait été inquiète lorsqu’elle avait appris cette histoire avec Loan. Cependant, ça n’avait pas été assez pour qu’elle bouge son cul jusque Brisbane. Le fait d’être enceinte en revanche ne l’avait pas fait réfléchir à deux fois avant de faire sa valise et de rejoindre son frère. « Et là c'est moi qui passe pour le méchant qui engueule sa pauvre sœur en détresse. Je n'aime pas ça, Deborah ! » Le fait que son frère l'appelle par son prénom complet eut le don d’ouvrir les vannes de larmes. Elle n’avait jamais réellement aimé son prénom et dès le plus jeune âge, elle avait imposé à tout le monde qu’on l’appelle Debra. Plus court, plus simple, plus proche de son caractère un peu sauvage. Son père avait continué à l’appeler Deborah les jours où il n’en pouvait plus de sa fille, et seul Benjamin le faisait lorsqu’il fallait qu’elle se rende comptes de ses conneries. Et aujourd’hui, c’était con et pas significatif pour une autre tierce personne, mais le fait qu’il l’appelle comme ça lui faisait se rendre compte qu’elle avait été plus conne que ce qu’elle avait pensé pouvoir l’être. Les torrents de larmes couvraient désormais ses joues, qu’elle tentait d’essuyer aussi bien que mal du revers de sa manche. Son frère tentait de se contrôler, quand à lui, pour surement ne pas lui retourner une baffe mémorable - qu’elle aurait mérité. Il finit par se raisonner et s’asseoir en face d’elle, la jeune femme cherchant son regard. Ca faisait mal d’en arriver à ce point là face à son frère, mais elle voulait comprendre ce qu’il se passait dans sa tête lorsqu’il lui parlait - et capter son regard était le meilleur moyen. « Qu'est-ce que tu vas faire quand il sera né, hein ? Tu sais qu'il va pas disparaître en claquant des doigts ou parce que tu le caches sous des sweats. Il va arriver, que tu le veuilles ou non, et qu'est-ce que tu feras à ce moment-là ? Le faire adopter, le garder ? » Un silence, seulement perturbé par un reniflement de la part de la jeune femme, prit possession des lieux pendant quelques instants. « C’est la question que je me pose depuis que je sais… Parce-que j’en sais rien, Ben. J’ai… Peur, en fait… » Un sanglot vint la couper dans son élan de paroles et elle se maudissait, elle et puis ses hormones aussi, d’arriver à se mettre dans un état pareil. « Tu me vois avec un gosse, sérieusement ? Je peux pas être mère, Ben, je risquerai de le tuer en tentant de lui donner à manger… » C’était le genre de phrase où un mais suivait généralement, sauf que celui qui devrait suivre, elle ne voulait même pas y penser. « J’ai pas de boulot, pas d’appart, pas de mari, j’ai rien du tout. Enfin si du coup, j’ai ça, c’est tout. » |
| | | | (#)Ven 20 Jan 2017 - 19:49 | |
| Cela n'a rien de facile d'être le spectateur des larmes de sa propre sœur, et tire encore, d'en être la cause. Il y a ce lien dans une fratrie, surtout lorsque l'on se sent aussi proche de son cadet que je le suis de Debra, qui donne la même consistance au sang, aux os, aux nerfs. Il se peut qu'elle bout comme je bous, qu'elle s'inquiète quand j'angoisse, que je sois heureux lorsqu'elle ressent de la joie, ou de la peine quand des larmes roulent sur ses joues. C'est un peu plus que de l'empathie, c'est ce que les jumeaux ressentent à l'infini. C'est ce qui me brise le coeur quand mon regard se pose sur ma petite sœur en détresse, impuissant, incapable de ne pas être énervé, contre elle ou contre moi-même. Cette position est délicate, mais n'ai-je pas le droit de me sentir trahi ? D'autant plus que jamais je n'aurais pensé que la jeune femme puisse avoir pour moi pareils secrets. Qu'elle pose ses valises par surprise sur le seuil de la porte en m’annonçant que, hé, au fait, Ben, j'suis enceinte, serait mieux passé que des semaines de cachotteries et des regrets tardifs. Hormis lui frapper dessus avec tous mes mots coléreux comme on se défoule sur un punching-ball, je ne sais pas quoi faire. L'information se digère mal, elle s'assimile doucement, mais elle me reste en travers de la gorge. Je fais appel au côté le plus rationnel de ma personnalité, à l'avocat et au père en moi, afin de faire mieux, d'être pour Debby le grand frère dont elle a besoin à cet instant. Néanmoins, malgré les mois de grossesse, elle semble percuter en même temps que moi la gravité et l'urgence de la situation, c'est à dire à l'instant. Même si elle y a sûrement réfléchi, la jeune femme ne semble pas s'être donné le coup de fouet nécessaire afin de prendre la moindre décision, se contentant de s’apitoyer sur son sort jusqu'à noircir le tableau d'une manière presque vexante. « Oh, merci pour ta considération. Tu squattes ma maison en me prenant pour un imbécile sans honte, mais non, c'est vrai, tu n'as rien. » je réponds durement. « Et que je sache, je ne t'ai pas vu te bouger le cul pour trouver un boulot et un appart, alors de quoi tu te plains ? » D'un autre côté, difficile de trouver un job si c'est pour le laisser tomber dans quelques mois, et mieux vaut qu'elle vive avec moi jusqu'à son accouchement histoire que quelqu'un veille sur elle, en plus de lui épargner la peine d'un emménagement -d'autant plus que la question du nombre de chambres reste entière. Je finis par m'accroupir devant ma sœur et prendre ses mains dans les miennes. Bordel, je déteste faire l'adulte, surtout avec elle. Nous sommes plus doués pour jouer à Mario Kart qu'au papa et à la maman responsables. Mais quand il faut y aller… « T'as vingt-huit ans, Deb. Vingt-huit. C'est toujours plus que l'âge que j'avais quand Adam m'est tombé dans les bras. T'es pas une petite chose perdue dans le vaste monde, t'es une femme adulte, et c'est le moment de te réveiller. Tu crois que j'étais prêt à être père ? Sûrement pas, et je ne le suis toujours pas. J’enchaîne les conneries et je sais que ce n'est que le début. C'est pas dans nos gènes d'être parents, on a pas cette fibre, on est pas faits pour être autre chose que des ados jusqu'à nos trente-cinq ans et encore moins pour assumer un humain miniature. On est déjà pas foutus de jeter un carton de pizza à la poubelle sans attendre que les mouches l'aient attaqué après une semaine à traîner sous le canapé. Mais c'est là, c'est concret, et il faut l'assumer. Je sais que c'est beaucoup demander, je sais que tu paniques. Ca ressemble à un désastre, c'est vrai, et tu te demandes comment une nouvelle qui est si bonne pour n'importe qui sonne comme la fin du monde pour toi. Tu ne vois que la montagne de sacrifices et de fatigue que ça sera, et tout ton avenir remis en question, et ça a l'air absolument insurmontable. Mais tu y arriveras, parce que tu n'as pas le choix. Et je suis là pour toi. Tu n'as pas rien, et tu n'es pas toute seule. Alors réfléchis à ce que tu veux faire du bébé, et on en reparlera. Qu'importe ta décision, je serai là. Tu peux compter là-dessus. » J'attire cette grande bécasse brune dans mes bras, loge son visage dans mon cou et caresse tendrement son dos et ses cheveux. Le col de mon t-shirt finit rapidement mouillé par les quelques larmes qui fuitent encore de ses yeux. « Je t'aime de toute manière, sis'. » je murmure en espérant la réconforter un peu, mais sans vraiment savoir moi-même quelle sera la suite des événements, ni si je saurai improviser et faire semblant d'en avoir la moindre idée. |
| | | | (#)Jeu 2 Fév 2017 - 0:35 | |
| « Oh, merci pour ta considération. Tu squattes ma maison en me prenant pour un imbécile sans honte, mais non, c'est vrai, tu n'as rien. Et que je sache, je ne t'ai pas vu te bouger le cul pour trouver un boulot et un appart, alors de quoi tu te plains ? » Elle qui cherchait le regard de son frère pour pouvoir savoir ce qu’il pensait encore quelques dizaines de secondes plus tôt, Debra avait rapidement abandonné cet exercice. Même si elle savait que Ben disait la vérité, elle se rendait comptes qu’elle ne voulait pas l’affronter. Le choix n’était pas sien, mais en tant que bonne têtue elle garderait toujours l’idée en tête, jusqu’au bout, qu’elle pouvait en sortir saine et sauve de cette situation. Sauf que ce n’était pas possible. Alors, grimaçant pour ne pas laisser la nouvelle vague de larmes couler, elle se concentra sur la vision des mains de son frère venant prendre les siennes en leur sein, tendrement. « T'as vingt-huit ans, Deb. Vingt-huit. C'est toujours plus que l'âge que j'avais quand Adam m'est tombé dans les bras. T'es pas une petite chose perdue dans le vaste monde, t'es une femme adulte, et c'est le moment de te réveiller. Tu crois que j'étais prêt à être père ? Sûrement pas, et je ne le suis toujours pas. J’enchaîne les conneries et je sais que ce n'est que le début. C'est pas dans nos gènes d'être parents, on a pas cette fibre, on est pas faits pour être autre chose que des ados jusqu'à nos trente-cinq ans et encore moins pour assumer un humain miniature. On est déjà pas foutus de jeter un carton de pizza à la poubelle sans attendre que les mouches l'aient attaqué après une semaine à traîner sous le canapé. Mais c'est là, c'est concret, et il faut l'assumer. Je sais que c'est beaucoup demander, je sais que tu paniques. Ca ressemble à un désastre, c'est vrai, et tu te demandes comment une nouvelle qui est si bonne pour n'importe qui sonne comme la fin du monde pour toi. Tu ne vois que la montagne de sacrifices et de fatigue que ça sera, et tout ton avenir remis en question, et ça a l'air absolument insurmontable. Mais tu y arriveras, parce que tu n'as pas le choix. Et je suis là pour toi. Tu n'as pas rien, et tu n'es pas toute seule. Alors réfléchis à ce que tu veux faire du bébé, et on en reparlera. Qu'importe ta décision, je serai là. Tu peux compter là-dessus. » Les mots sont durs à entendre, mais les mots sont doux, prononcés pour toucher juste là où il faut. Le cerveau de Debra en prend un sacré coup par la même occasion, les paroles de sont frère remettant la moitié de ses idées en question. Alors oui, elle était plus que d’accord avec lui, ils n’étaient pas les enfants idéaux pour donner une descendance décente à leurs parents. Seule leur soeur pouvait faire quelque-chose de bien dans sa vie avec des gosses. Mais Benjamin avait raison, énormément raison sur un autre point: il s’en était - presque - bien sorti, lui. Et pourtant, sa situation n’était pas très éloignée de celle de la jeune femme. Si ce n’était qu’elle avait eu plusieurs mois pour se préparer à cet évènement et que lui avait reçu un enfant directement dans ses bras, déjà né, prêt à être élevé. « J’suis désolée Ben, j’suis désolée, j’suis désolée… » Une voix toute petite, des mots murmurés. Se rendre compte qu’on n’était plus capitaine de son propre navire, ça chamboulait, ça remuait et Debra n’était pas le genre de femme à pouvoir s’habituer à ces choses là. Son frère finit par l’attirer vers lui, elle se laissa simplement aller. Son geste de tendresse était plus que bienvenu, elle l’avait attendu depuis le début de leur conversation. Même si elle s’était préparée au fait de se faire engueuler comme jamais, elle avait - et elle ne l’avouerait pas - besoin de réconfort. Les semaines à venir n’allaient pas être faciles mais, de ce qu’il venait de lui dire, Ben serait à ses côtés. Et jusqu’à maintenant, hormis Charlie a qui elle avait révélé la nature de son arrivée à Brisbane rapidement, personne n’avait pu être là pour l’aider. Elle avait repoussé tout le monde et malgré tout, son frère revenait quand même vers elle. « Je t'aime de toute manière, sis’. » De nouvelles larmes, plus proches de celles des crocodiles désormais, plus apaisée, vinrent noyer le col de Benjamin. « Je t’aime Ben. Et je suis désolée, si tu savais… » Parce-qu’autant elle avait mis longtemps avant de devoir mettre son frère devant le fait accompli, autant maintenant elle allait s’en vouloir pendant des semaines et des semaines de ne pas lui voir dit plus tôt. Fierté de merde. |
| | | | | | | | it's alright, stay by my side (brody) |
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