Gabriel était en dernière année de lycée. Il n'avait hâte que d'une seule chose, partir de cet endroit. Il détester les cours et en plus de ça, il n'avait aucune idée de ce qu'il allait pouvoir faire plus tard. Son père voulait qu'il fasse de grandes études mais il n'en avait pas le niveau et ni l'envie. Gabriel avait toujours été quelqu'un à part. Il ne s'intégrait pas au moule du lycée, aux classes sociales ce qui faisait de lui quelqu'un de pas très populaire. Il avait quelques amis, en autre Noa qui était un peu comme lui mais il était surtout le souffre douleur des grosses têtes de ce lycée. Rebecca et sa clique.

Tout ça lui importait peu mais dans le fond ça faisait mal. Alors qu'il était assit dans les gradins du stade entrains de dessiner sur un de ses cahiers, les membres de l'équipe s’entraînaient tandis que les pom-pom girls s'en donnaient à coeur joie. Il n'était pas là pour le spectacle mais c'était un endroit plutôt calme en dehors des rencontres sportives. Une camarade de cours, anglais plus précisément, une fervente admiratrice de Rebecca s'approcha de lui. Gabriel se mit à rougir immédiatement en redressant la tête.

« Hey, c'est toi Gabriel ? Rebecca te demande en bas et il ne faut jamais faire attendre la reine tu sais ! Alors lève toi et descend. »

Fronçant les sourcils, il baissa son regard pour apercevoir Rebecca en bas qui gloussait avec ses camarades. Gabriel n'avait pas vraiment le choix sinon elle ne le lâcherait pas de toute la semaine. Il referma son cahier où il avait gribouiller un superbe croquis au crayon de papier puis il descendit jusqu'à se retrouver face à Rebecca. Il n'avait jamais eu de vrais conversations avec elle et pourtant, il savait déjà beaucoup de choses sur elle, sûrement du vrai mélangeait à toutes sortes de rumeurs. Il prit une profonde inspiration soupirant légèrement.

- Qu'est ce que tu me veux Rebecca ?

Le bal de fin d'année arrivait à grand pas et je me devais de trouver le parfait cavalier. J'ai déjà quelques idées de garçons étant un assez bon parti. Bien sûr, les meilleurs partis ne sont pas dans ce lycée minable, j'aurais du aller dans ce lycée chic et privé mais mon père ce pauvre idiot n'a jamais eu les fonds nécessaires. Tant pis j'allais me contenter des meilleurs partis dans ce bas lycée pour montrer encore une fois que je sais choisir un partenaire et que je suis au dessus tout le monde. Mais avant, rien ne valait une bonne vieille blague. C'est fou comme depuis le début du lycée, je prend un mâlin plaisir à faire chier ce petit brun totalement banal et toujours plongé dans son carnet de je ne sais quoi, sûrement de pornographie, vu qu'il n'a vraiment aucun succès. En même il n'a rien pour lui, c'est tout à fait normal. Mais j'aime le lui rappeler sans arrêt. Et ça tombait bien, il était dans les gradins et mon idée fusa d'un coup. J'envoyais une de mes suivantes pour l'envoyer à moi. Les filles restèrent proche de moi mais je me décalais d'un simple pas, pour faire un peu plus sérieux, parce que je me devais de le convaincre de ma fausse sincérité. Il ne tarda pas à arriver. Ca se voyait son impatience et son indifférence, mais j'ai toujours su que je lui tapais dans l'oeil. Enfin, je tape dans l'oeil de tous les garçons du lycée, et il ne fait pas l'exception. J'ai une proposition à te faire. J'aimerais beaucoup que tu sois mon cavalier pour le bal de fin d'année. Lui demandais-je un peu comme un ordre, toujours avec ma froideur, me rendant compte alors que c'était bien trop froid. J'essayais alors de sourire un peu, mais j'entendis glousser ces idiotes d'oies derrière moi qui n'ont pas su se retenir. Je me retournais pour leur lancer un regard assassin et revenais vers ma proie Alors t'en dis quoi ? J'ai pas toute la journée.

Gabriel n'était pas très sûr de comprendre exactement ce que pouvait lui dire Rebecca. Il avait du mal à concevoir qu'elle puisse vouloir aller au bal avec lui à moins que c'était un peu plus pour l'humilier dedans ses camarades qui gloussaient derrière elle. D'ailleurs son regard se posa sur elles un instant, aucune de ses filles ne voudraient aller au bal avec lui alors pourquoi Rebecca ? Elle n'était pas leur reine ou quelque chose comme ça ? Serrant les dents, il ne savait pas quoi répondre même si cela allait le mener à quelque chose de sûrement horrible, s'il lui disait non, il allait le regretter encore plus.

- Au bal ? Avec moi ?

Pour tout dire, il ne comptait pas vraiment aller au bal, déjà parce qu'il n'était pas en dernière année et surtout parce qu'il n'avait personne avec qui y aller. Il se moquait de savoir qui serait élu « Reine » et « Roi » et surtout il préférait rester chez lui s'occupait de ses frères et sœurs. C'était sûrement un peu bizarre mais il prenait son rôle d’aîné, très au sérieux. Rebecca se remit à parler le sortant brièvement de ses pensées. Qu'allait-il bien pouvoir lui dire sans qu'elle ne le tue sur place ? Pas grand-chose sans devoir lui tenir tête. Le problème c'est que ce n'était pas dans ses projets, d'ici la fin de l'année qui approchait d'ailleurs à grand pas, il ne la verrait plus peut-être plus jamais alors à quoi bon ouvrir les hostilités ? Il était plutôt pacifiste et ça lui passerait après le lycée, c'était sûrement ce qui arrivait à force de trop prendre sur soi. Elle était certes très jolie mais pas indispensable à sa vie.

- Je ne sais pas… Je ne comptais pas y aller en fait.

Est-ce qu’il y avait une chance pour qu’il me dise non ? Non, bien évidemment. Personne ne me dit non. Et celui qui m’accompagnera réellement au bal, si jamais j’en trouve un assez digne, ne me dira pas non. Alors pourquoi Gabriel me dirait non, franchement. Je ne voyais aucune raison. Je le fixais alors, sérieusement, espérant qu’il se prenne au jeu, ne pensant pas une seule seconde qu’il hésiterait et encore moins qu’il refuserait. Son incompréhension, mes mots qu’il répétait débilement, je ne préférais même pas en tenir rigueur, je préférais insister, commençant déjà à perdre patience. Il aurait simplement du me dire oui, et se barrer hors de mon cercle vital. Mais au lieu de ça, il me répondait qu’il ne savait pas. J’aurais voulu le mitrailler sur place, mais la surprise fit place en premier. Et je me contrôlais pour rester surprise, et surtout pour essayer de transparaître un peu de tristesse. Allez Becca, tu sais jouer la comédie, je crois en toi, en moi. Mais … mais même si c’est avec moi, ça ne te tenterais pas ? Lui demandais en chuchotant, histoire que les filles arrêtent de glousser, déjà qu’elles avaient bien failli foutre mon plan en l’air. Pour sûr que j’allais leur faire la fête une fois cette histoire résolue. Pour sûr également que si cet idiot de Gabriel continue à douter et me refuse même cette proposition, je me ferais une joie d’empirer son quotidien au lycée, tellement qu’il ne voudra plus jamais y remettre les pieds, et qu’il sera obligé de prendre des cours à domicile. Quel dommage ce serait ! Il faudrait que je me trouve un autre souffre-douleur. Et faut dire, que j’aime bien torturer Gabriel. J’espérais donc de tout cœur qu’il accepte enfin cette proposition.

Rebecca lui faisait peur. Bon, Gabriel n'avait pas peur qu'elle le frappe mais disons qu'elle était vraiment intimidante et il ne savait vraiment pas comment lui parler ou même la regarder. A croire qu'elle aimait ça car plus il faisait abstraction, plus elle revenait à la charge. C'était un peu étrange, d'être autant obstiner envers une personne, envers lui. Lorsqu'elle se mit à parler de nouveau, Gabriel capta dans son regard que s'il disait « non », il ne s'en sortirait jamais. Après tout, qu'est ce que cela pouvait bien changer ? Même si elle voulait l'humilier pendant le bal, peut-être en se moquant de lui au moins il irait au bal. Pour le moment cela lui était presque égal et le bal était dans trois semaines. Il fit une légère moue tout en répondant doucement.

- Bon d'accord. Je viendrais avec toi au bal. Il faut que je vienne te chercher ?

Ce que Gabriel ignorait c'est quand acceptant cette invitation sa mère en serait ravi et en ferait tout une histoire. Mais Gabriel ne pouvait pas garder ça secret puisqu'il lui fallait au moins un costume, qu'il n'avait pas. Il décala sa tête sur le coté pour voir les filles derrière Rebecca, elles aussi se moquaient de lui, c'était un peu blessant à force. Son attention se reporta sur Rebecca.

- Je peux y aller ?

Il n'avait qu'une envie, partir loin d'elles pour ne plus entendre leurs rires, pour ne plus les entendre glousser comme des pintades. D'ici trois semaines, Rebecca aurait le temps de changer d'avis même si cette idée d'aller au bal n'était plus si aussi déplaisante maintenant.

Pourquoi diable hésitait-il ? C’est agaçant à la fin. Il va bien me donner une réponse au lieu de faire le pauvre simplet, qu’il doit bien être au fond très certainement. Peu importe, au final, il me répondit enfin clairement. Il viendrait au bal avec moi et j’allais devoir jouer la comédie jusqu’au bout, je le sentais, et c’était loin de me déplaire, enfin un peu d’action. Je souriais de mon plus beau sourire, toute satisfaite et me tournais vers les filles pour leur envoyer un clin d’œil complice. Elles se mirent à glousser une nouvelle fois, mais à présent qu’il avait accepté je m’en fichais bien, il ne pouvait plus se rétracter de toute façon, ça ne se fait pas, pas avec moi. Je répondais alors à Gabriel en reprenant un peu plus mon sérieux Tu viendras me chercher à 19h00. Et pas une minute de retard. Lui disais-je bien plus froidement cette fois-ci. S’il y a bien quelque chose que je ne supporte pas, c’est les retards, malgré le fait que je vais humilier ce « pauvre » Gabriel. Quelle joie ! Il ne me restait plus qu’à lui concocter encore la meilleure des humiliations. J’hésite encore un peu. Peut-être que mes idiotes d’autruches auront enfin une bonne idée, qui sait. J’entendais alors encore la voix de ce petit naïf, me demandant de disposer Oui oui ! Lui répondais-je presque agacée, en lui indiquant de la main de déguerpir fissa. J’en oubliais presque que je devais jouer la comédie, j’avais déjà fait bien trop d’effort. Maintenant, le jour J ne tarderait pas à arriver et j’allais mettre à exécution mon petit plan machiavélique. J’avais mis l’une de ces robes les plus jolies, celle qui nous fait ressembler à de superbes sirènes, surtout moi, qui moule parfaitement mon corps, d'un rouge pétard. Personne ne saura ou ne verra heureusement qu’elle ne m’a pas couté bien chère. D’ailleurs, je ne voulais absolument pas que mon père me voit dans cette tenue. Avec ma sœur, on attendait patiemment que nos cavaliers daignent arriver. Il était presque l’heure.

Les jours passèrent trop rapidement au goût de Gabriel. La rumeur s'était rependu comme une traînée de poudre au sein du lycée et son petit frère n'avait pas tarder à rapporter les faits à sa mère. Gabriel irait au bal avec une jeune fille et donc elle était tout à fait emballer. Elle lui avait trouvé un élégant costume et même une rose rouge que sa cavalière pourrait passé autours de son poignet. Gabriel avait trouvé tout ça ridicule et il avait souvent eu envie de dire qu'il n'irait pas mais sa mère lui répétait à chaque fois que cela ne se faisait pas. Ce que sa mère ignorait c'est tout ce que Rebecca lui faisait subir au quotidien et que sûrement cette soirée n'était pas totalement sans arrière pensées pour elle. Mais passons, il s'était engagé alors il prit sur lui. Rebecca n'habitait pas très loin de chez lui, dans un quartier familial où presque la plus part des lycéens habitaient.

- Oui, maman je sais. Je dois être un parfait gentleman ce soir.

Gabriel roula des yeux et se dirigea vers la porte avec la rose dans les mains. Prenant une profonde inspiration il se mit en marche. Durant ces dix minutes pour se rendre chez elle, son esprit se mit à la dérive et il se mit à imaginer pour la première fois que cette soirée pourrait être bien et que c'était alors une façon pour Rebecca de se faire pardonner pour toutes ses méchancetés. Pourtant, il avait du mal à imaginer qu'elle puisse rompre avec son petit ami ou alors juste ne pas passer la soirée avec lui. Alors qu'il était à deux doigts de faire demi-tour, il se retrouva sur le pallier de la porte d'entrée de la grande maison de Rebecca où il sonna, restant à sa place sans bouger.  

Le cavalier de ma sœur était venu en avance, évidemment. Et j’étais persuadée que mon demeuré de cavalier allait arriver en retard. Mais ce dont il ignorait, c’est que j’avais enfin trouvé la perle rare. Celui avec qui j’allais réellement au bal, et qui me rejoindrait là-bas, le temps que je me débarrasse de mon boulet. Je trépignais d’impatience et finalement il sonna à la porte. Heureusement mon père n’était pas passé, et je n’avais pas arrêté de stresser, pendant ces quelques minutes qui m’ont semblaient interminables, à l’idée qu’il puisse me voir ainsi. Il ne m’aurait jamais permis de sortir. Et je remerciais ma sœur de lui avoir fait une grande distraction pour qu’il ne sorte pas de sa chambre. Si elle n’avait pas voulu, moi j’aurais fait en sorte qu’il ne quitte pas les toilettes durant des heures. Mais en sachant ça, elle avait préféré s’en occuper. Soit. Elle le voit toujours comme un bon père. Mais il n’allait certainement pas me gâcher la soirée. J’ouvrais rapidement la porte d’entrée, sortais et refermais aussi rapidement la porte derrière moi, lançant à Gabriel sans vraiment prendre le temps de le regarder Allons-y, t’es presque en retard. Lui disais-je alors d’un ton froid. Oui je suis un peu à cran, cette maison me rend à cran, vivement que je me casse d’ici et loin de ce monstre. Où est ta voiture ? Demandais-je à mon bouffon du soir alors que je trépignais d’impatience à l’idée de faire ma petite blague et retrouver mon nouveau petit ami au bal pour mettre une salle honte à ce Gabriel. Au final, je n’avais même pas eu besoin de me trouver un sbire de la haute totalement inintéressant pour mettre en place cette honte qui allait marquer son esprit à vie.