"Find me and follow me through corridors, refectories and files You must follow, leave this academic factory"
Franz Ferdinand - The Dark of the Matinee
C'était une matinée plutôt calme à l'université. Sélène avait décidé d'aller y travailler aujourd'hui plutôt que de rester enfermée chez elle. De plus, un des professeurs qu'elle avait eu en cours pendant ses années de master lui avait demandé si elle pouvait renseigner un étudiant en journalisme, sur un sujet donc il ne lui avait pas donné la teneur. La jeune femme se doutait que cela devait avoir un rapport avec l'Histoire, probablement l'Histoire européenne du XIXe siècle étant donné que c'était son sujet de prédilection. Ça et les chameaux. Mais étant donné que ledit professeur ne savait pas que Sélène s'y connaissait en chameaux, elle penchait plutôt pour la 1ère option.
Elle avait même été autorisée à emmener Nathan à l'université, tant qu'elle faisait en sorte de sortir s'il devenait bruyant, etc. Mais en l'occurrence, le nourrisson était endormi dans son couffin, qu'elle avait posé sur une des tables vides de la salle d'étude des doctorants en lettres et sciences humaines de l'université. Celle-ci était presque vide aujourd'hui, ce que Sélène trouvait assez agréable. Au moins, il n'y avait pas trop de monde pour porter sur elle un regard empli de jugement.
Il devait être près de onze heure, et la jeune femme était en train d'éplucher un article sur les intellectuels hongrois et la société mondaine du Budapest à partir des années 1850 lorsque M. Johnson, le professeur qui lui avait demandé se venir aujourd'hui à la fac, entra dans la pièce, suivi par un jeune homme châtain aux yeux bleus, plutôt mignon, propre sur lui, et semblant assez assuré.
Sélène salua le professeur en souriant. Celui-ci lui répondit, comme à son habitude, d'un ton bourru, quoi qu'il soit une personne fort sympathique par ailleurs.
-Melle Wiszniewski, je vous présente M. Hazard-Perry, dont je vous avais dit qu'il aurait besoin de quelques indications pour un article... Voilà.
-Enchantée, répondit l'étudiante en tendant la main vers son camarade. Son visage lui disait quelque chose, elle avait dû le croiser un jour dans les couloirs de l'université ou autre.
-Bon, bon, très bien. Jeunes gens, je vous laisse, reprit M. Johnson, j'ai un cours qui commence dans quinze minutes et je n'en ai pas fini avec mes polycopiés.
Il salua les deux étudiants d'un signe de tête, et sortit de la salle, grommelant quelque chose d'incompréhensible contre la photocopieuse et les syndicats d'enseignants. Sélène eut un petit sourire en coin, car le sexagénaire l'amusait toujours, puis reporta son attention sur le jeune homme, souriant toujours, à son attention cette fois-ci, et lui dit d'un ton qu'elle voulait engageant : -Alors, qu'est-ce qui t'amène au département d'histoire ? Au fait, tu peux m'appeler Sélène.
Entre étudiants, c'était bien normal, et elle espérait qu'il allait aussi lui donner son prénom, car cela lui ferait bizarre d'appeler un garçon de son âge ou presque par son nom de famille.
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Sélène & Charlie
« Tu pourras passer chercher Oliver à la sortie de l’école s’il te plait Charlie ? » me demandait Théodora alors que nous arrivions aux abords de l’université. Voilà un moment que je n’avais pas fait ce trajet là en compagnie de ma petite sœur, pas depuis que j’étais en stage chez ABC Radio du moins. Pas facile la vie lorsque, à l’instar de Théo, on choisissait de mener de front ses études (de médecine qui plus est), la vie sociale d’une étudiante lambda de 22 ans et rôle de maman presque poule. Heureusement pour ma sœur, elle avait deux frères totalement dévoués à sa cause et à celle de son fils, que nous considérions presque comme le notre. Pour rien au monde, je ne troquerai cette vie un peu bancale, où je devais m’occuper de mon neveu, aller le chercher à l’école, l’emmener à des gouters d’anniversaire, jouer au foot et aux pirates, et toute autre occupation qui fascinait les enfants de 4 ans comme lui. Bien sûr, cela n’avait rien de simple et nos emplois du temps à tous étaient en général réglés comme une horloge afin de permettre à Oliver de n’être jamais seul et le moins possible en présence de sa nourrice (bien qu’incroyablement gentille). J’appréciais souvent ce chemin que nous faisions tous les deux à pieds pour nous rendre à l’université, un des rares moments de la journée où je pouvais profiter seul de ma petite sœur, sans qu’Ollie soit autour de nous. Nous pouvions alors retrouver notre complicité et parler de tout et de rien. « Bien sûr oui. » répondis-je alors en hochant doucement la tête. « Au fait, tes partiels, ça se passe bien ? » lui demandais-je avec curiosité. Je ne me faisais pas trop de soucis pour elle, elle était très intelligente mais je savais également que les partiels de médecine étaient en général assez ardus et que maintenant que Oliver allait à l’école, Théodora pouvait reprendre le cours de ses études et qu’elle ne voulait pas avoir plus d’années de retard qu’elle n’en avait déjà. « Oh bah tu sais, difficile de se prononcer. Mais j’ai quand même un bon pressentiment. » avait-elle répondu. Je passais un bras autour des épaules de ma sœur pour l’attirer à moi et planter un bisou sur sa tempe. « File » avais-je ensuite lâché alors que moi-même je prenais la direction du département des lettres alors qu’elle s’avançait en direction du département de médecine.
Bien que je sois actuellement en stage chez ABC Radio, à l’instar de ma promotion, certains de nos professeurs continuaient de nous demander quelques travaux qui finaliseraient notre formation et nous permettraient d’obtenir le diplôme tant convoité. J’avais donc reçu de la part d’un de mes professeurs le devoir de rédiger un article sur l’émancipation des femmes en Europe au cours des deux derniers siècles. Si j’étais avant tout passionné de géopolitique et que je m’y connaissais un peu en histoire des pays orientaux et asiatique, j’étais assez peu documenté en revanche sur ce qu’il s’était passé en Europe, notamment pour tout ce qui concernait le 19ème siècle. J’étais aussitôt allé trouver par mail un professeur, Monsieur Johnson, qui nous avait enseigné l’histoire au cours de ma formation à l’université de Brisbane et je comptais sur lui pour m’aiguiller davantage sur les ouvrages à consulter pour pouvoir rédiger un tel article. Il m’avait aussitôt répondu de le rejoindre aujourd’hui même à l’université et qu’il avait trouvé la personne qui saurait répondre à mes questions sans peine. Parcourant rapidement les quelques couloirs et escaliers qui me séparaient de son bureau, je venais toquer rapidement avant d’ouvrir la porte. « Bonjour » dis-je avec un petit sourire. « Ah Monsieur Hazard-Perry ! » s’exclamait le professeur en se levant rapidement. « Suivez-moi. Je n’ai pas le temps de vous aider moi-même, mais Mademoiselle Wiszniewski saura répondre à vos questions » dit-il un peu brusquement, mais j’avais suffisamment eu cours avec ce prof pour savoir qu’il était parfaitement sympathique. Il m’amena aussitôt vers une salle que je savais réservée aux doctorants. Une jeune femme, dont la silhouette me disait vaguement quelque chose se trouvait là, plongée dans un livre et lorsque nous faisions irruption dans la salle elle salua aussitôt le professeur. « Melle Wiszniewski, je vous présente M. Hazard-Perry, dont je vous avais dit qu'il aurait besoin de quelques indications pour un article... Voilà. » dit-il, de son habituel ton bourru. « Enchantée » répondit-elle et je venais aussitôt serrer la main qu’elle me tendait « Egalement » répondis-je tout bas. « Bon, bon, très bien. Jeunes gens, je vous laisse, j'ai un cours qui commence dans quinze minutes et je n'en ai pas fini avec mes polycopiés. » et le professeur disparu aussitôt, nous laissant seuls dans la pièce. Un instant de silence s’installait brièvement entre nous et c’est à cet instant précis que je remarquais le nourrisson installé sur une des tables. Mais rapidement Sélène brisait le silence et coupait court à mes pensées : « Alors, qu'est-ce qui t'amène au département d'histoire ? Au fait, tu peux m'appeler Sélène. » « J’aurai besoin d’un renseignement de quelqu’un qui s’y connait un peu mieux que moi. Je cherche à faire un article sur l’émancipation des femmes en Europe du 19ème à nos jours. J’ai un peu de mal à savoir vers quels bouquins m’orienter pour trouver des réponses concernant le 19ème surtout. » dis-je alors avec un petit sourire. « Et moi c’est Charlie ! » ajoutais-je.
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"Tempora mori, tempora mundis recorda. Voilà. Eh bien ça, par exemple, ça veut absolument rien dire, mais l’effet reste le même, et pourtant j’ai jamais foutu les pieds dans une salle de classe attention !"
Kaamelott - Alexandre Astier
L'émancipation des femmes en Europe à partir du XIXe siècle. Un sujet passionnant. Les yeux de Sélène s'illuminèrent aux paroles de son camarade, et elle sourit malgré elle. Bien que son sujet de doctorat fut les intellectuels au XIXe siècle, elle était très intéressée par la cause féminine, surtout dans ses débuts, au moment où tout était encore à faire. Les suffragettes, celles qui s'étaient battues pour le droit à l'avortement et bien d'autres encore, elle les admirait énormément. Elles avaient eu tellement de courage, elles avaient tant risqué...
La jeune femme secoua la tête comme pour se dire "cessons de divaguer", et regarda l'autre étudiant dans les yeux, déclarant :
-Oh, génial, c'est vraiment un sujet passionnant, enfin, je trouve. Bref, normalement,le XIXeme, c'est mon rayon, j'ai déjà quelques idées d'ouvrages et d'articles qui pourraient t'aider. Tu travailles sur l'Europe en général ou sur certains pays en particulier ?
D'un coup d’œil, elle vérifia que Nathan était toujours en train de dormir, et fit signe au jeune homme de la suivre vers son PC pour regarder sur le catalogue en ligne de la bibliothèque quels documents étaient disponibles. -Alors voilà, je te conseille en priorité les travaux de Jones & Nakata, deux chercheuses de l'Université Johns Hopkins de Washington, ce sont vraiment des pointures en la matière. Sinon comme australienne Horton est vraiment pas mal. Au sujet des suffragettes l'ouvrage de John Yard est très bien, quoi que les articles de Beverley Tyler sont très bien aussi. Eux ce sont des anglais. Il y en a beaucoup d'autres, mais tu vas écrire un article, pas une thèse, dit-elle en riant
Elle se tourna vers son camarade, qui venait de lui donner son prénom, Charlie. C'était vraiment mignon comme prénom, elle y avait pensé lorsqu'elle en cherchait un pour Nathan, mais au final ce prénom lui rappelait trop une chanson, et elle adorait vraiment celui qu'elle avait choisi au final. -Ok Charlie ! Alors, voilà ce qu'il y a comme auteurs anglophones, ce sont les principaux. Sinon il y a des français et des allemands comme Genevilliers ou Müller qui ont aussi écrit des choses super à ce sujet, mais je ne sais pas si tous leurs ouvrages sont traduits. Je vais chercher ça. Je te donnerai de toute façon les intitulés des articles, et s'ils t'intéressent vraiment je pourrais essayer de te les traduire, mais s'il s'agit d'un livre entier je n'aurais malheureusement pas le temps. En tous cas n'hésites pas à me dire si tu veux aborder certains sujets en particulier, que je puisse t'orienter plus précisément.
Sélène avait conscience d'avoir beaucoup parlé, et Charlie l'avait peut-être trouvée bavarde mais c'était nécessaire. Elle espérait pouvoir l'aider au mieux. Se redressant, elle remarqua que son bébé avait ouvert les yeux et observait silencieusement ce qui l'entourait.
-Coucou toi ! dit doucement la jeune maman en agitant ses doigts devant le visage du nourrisson.
L'enfant regarda sa mère faire la débile avec une certaine fascination, et se contenta de faire des bulles, consciencieusement. La jeune femme reporta son attention sur son camarade, attendant qu'il lui dise s'il avait des requêtes particulières avant de lui proposer d'aller chercher les ouvrages en question à la bibliothèque.
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Sélène & Charlie
« Oh, génial, c’est vraiment un sujet passionnant, enfin, je trouve. Bref, normalement, le XIXème, c’est mon rayon, j’ai déjà quelques idées d’ouvrages et d’articles qui pourraient t’aider. Tu travailles sur l’Europe en général ou sur certains pays en particulier ? » me demandait aussitôt Sélène après que j’ai à peine eu le temps de lui faire part du sujet de mon futur article. Sa motivation était impressionnante, la jeune femme semblait réellement passionnée par le sujet et m’avais l’air parfaitement callée sur la question. Je songeais alors que Monsieur Johnson ne s’était pas trompé en m’envoyant vers cette jeune femme qui semblait maîtriser le sujet. Si avec son aide à elle, je ne parvenais pas à rédiger quelque chose de concluant, pour sûr, la carrière de journaliste n’était pas faite pour moi. « Je trouve aussi que le sujet est intéressant mais je n’ai pas les connaissances nécessaires en histoire pour pouvoir réellement pondre un article pertinent. Je pensais travailler sur l’Europe en général, à moins que tu penses qu’il soit plus judicieux pour moi de me concentrer sur certains pays en particulier. » répondis-je alors que Sélène jetait un coup d’œil vers le bébé que j’avais remarqué quelques instants plus tôt. Alors, elle me faisait signe de la suivre alors qu’elle se dirigeait vers son ordinateur et je la suivais sans plus attendre. Rapidement nous nous installions face à son ordinateur et après avoir brièvement pianoté sur le clavier de celui-ci et parcouru le catalogue en ligne des ouvrages disponibles, Sélène reprenait son petit cours sur l’émancipation des femmes. « Alors voilà, je te conseille en priorité les travaux de Jones & Nakata, deux chercheuses de l’Université Johns Hopkins de Washington, ce sont vraiment des pointures en la matière. Sinon comme australienne Horton est vraiment pas mal. Au sujet des suffragettes l’ouvrage de John Yard est très bien, quoi que les articles de Berverley Tyler sont très bien aussi. Eux, ce soit des anglais. Il y en a beaucoup d’autres, mais tu vas écrire un article, pas une thèse » disait-elle en riant. Concentré, je notais rapidement sur un calepin les références qu’elle me donnait. J’étais impressionné par sa connaissance approfondie du sujet et aussitôt, je me demandais quel était le sujet de sa thèse, question que je ne tardais pas à poser. « C’est là-dessus que porte ta thèse ou c’est juste un sujet qui te passionne ? » D’ailleurs, je me décidais à lui donner mon prénom, afin de faciliter nos échanges. « Ok Charlie ! Alors, voilà ce qu’il y a comme auteurs anglophones, ce sont les principaux. Sinon il y a des français et des allemands comme Genevilliers ou Müller qui ont aussi écrit des choses super à ce sujet, mais je ne sais pas si tous leurs ouvrages sont traduits. Je vais chercher ça. Je te donnerai de toute façon les intitulés des articles, et s’ils t’intéressent vraiment je pourrais essayer de te les traduire, mais s’il s’agit d’un livre entier je n’aurais malheureusement pas le temps. En tous cas, n’hésites pas à me dire si tu veux aborder certains sujets en particulier, que je puisse t’orienter plus précisément. » ajoutait-elle à toute vitesse, ce qui me tirait un sourire amusé. Encore plus lorsqu’elle parlait de me traduire des articles. « Merci beaucoup de toutes les informations que tu me donnes là. Et merci encore plus de proposer de me traduire certains articles mais tant qu’ils sont en français, allemand, espagnol ou italien, je pourrais m’en sortir tout seul » répondis-je. « Je suis polyglotte » ajoutais-je dans un haussement d’épaules pour expliquer ma réponse. C’était un don dont je parlais très peu et ce n’était pas le genre de talents dont je me vantais. J’en profitais surtout pour lire bon nombre de livres dans leur version originale. Si je reprochais à mes parents leur éducation, c’était bien là le seul point où je n’avais rien à y redire, ayant passé toute mon enfance entourée de filles au pair étrangères ou dans des séjours linguistiques aux quatre coins du monde à apprendre différentes langues. « Tant que tu ne me sors pas du chinois, je devrais pouvoir m’en sortir » plaisantais-je alors dans un demi-sourire. Finalement, Sélène se redressait de sa chaise pour se diriger vers le bébé qui venait d’ouvrir les yeux. « Coucou toi ! » disait-elle et j’osais poser la question qui me brûlait les lèvres. « Dis-moi, je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais c’est ton enfant ? » lui demandais-je alors. Depuis que ma propre sœur avait mis au monde mon neveu, j’étais un peu obnubilé par les enfants et je m’étais découvert un très bon contact avec eux, contre toute attente.
"Your obsession gets you known throughout the school for being strange"
Belle & Sebastian - Expectations
Sélène écoutait avec intérêt Charlie, qui lui disait vouloir approfondir quelque peu ses connaissances en histoire. Il voulait travailler sur l'Europe en général, à moins qu'elle ne lui conseille un pays en particulier. Elle réfléchit un instant. Aller au plus précis était souvent ce que les professeurs de l'université conseillaient, mais Charlie n'allait pas écrire une thèse ou un essai, c'était un article de journal, les lecteurs n'en n'auraient certainement pas grand chose à faire si le papier était trop détaillé. Il fallait qu'il puisse donner un aperçu global.
-Je pense que parler un peu plus en détail des pays comme la France ou le Royaume Uni serait important, mais dans la mesure où tu écris un article, tu peux puiser des exemples dans toute l'Europe, j'imagine que les lecteurs aimeraient avoir une image d'ensemble... Enfin, ce n'est qu'une supposition, tu connais mieux le job que moi, tu verras comment tu le sens.
Le jeune homme prenait des notes, visiblement concentré, et Sélène espérait qu'elle n'était pas en train de le perdre avec tout son interminable blabla. Mais il n'avait pas l'air de lui reprocher son entrain, il semblait plutôt curieux. Il lui demanda d'ailleurs si le sujet était un hobby pour elle ou le sujet de sa thèse.
-L'histoire du droit des femmes m'intéresse beaucoup, mais ma thèse porte sur les intellectuels européens du XIXe siècle. Ça inclut quelques femmes, mais malheureusement pas tant que ça.
Elle adressa une moue déçue avec un haussement de sourcils l'air de dire "c'est triste mais comme ça" à son interlocuteur. Celui-ci se mit à lui expliquer qu'il était polyglotte, ce qui fit ouvrir de grands yeux à la jeune femme. Tiens, une autre personne qui partageait son intérêt pour les langues. C'était plutôt rare, à part au département des langues de la fac, bien entendu. Lui parlait plutôt des langues d'Europe centrale, tandis que Sélène, à part le français, s'était focalisée sur celles de l'est. En tous cas, le jeune homme n'avait pas l'air de se vanter, il avait aussi les épaules en disant ses mots, comme pour minimiser la chose. Elle rit à la blague de son camarade sur le chinois, qui était une très jolie langue par ailleurs, mais dont elle ne comprenait pas un traître mot non plus. A part "Ni hao". Puis elle déclara, dans la langue de Molière :
-Ah, tu parles français ? Moi aussi ! -elle reprit ensuite, en anglais- tu aimes les langues ?
Elle espérait ne pas se montrer trop curieuse envers Charlie, mais lorsque celui-ci lui demanda très poliment si Nathan était son enfant, elle dit qu'il avait l'air ouvert au dialogue, et qu'elle pouvait donc bien lui poser une question sur ses centres d'intérêt, tout de même. -Ne t'inquiètes pas, ce n'est pas un secret d'état, c'est bien mon bébé, en effet.
Elle sourit successivement en direction de Charlie, puis de son fils, et déclara : -Charlie, voici Nathan. Nathan, je te présente Charlie, sois bien sage pendant qu'on discute, hein.
Sélène était bien sûr au courant que son bébé n'avait pas encore l'âge de comprendre réellement ce qu'elle disait, mais elle ne se privait pas pour autant de raconter des tas de choses à l'enfant, car elle était persuadée que c'était important pour son éveil. Certes, elle était parfois un peu ridicule, mais ce n'était rien comparé au plaisir d'être un peu gâteuse, trouvait-elle.
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Sélène & Charlie
« Je pense que parler un peu plus en détail des pays comme la France ou le Royaume Uni serait important, mais dans la mesure où tu écris un article, tu peux puiser des exemples dans toute l'Europe, j'imagine que les lecteurs aimeraient avoir une image d'ensemble... Enfin, ce n'est qu'une supposition, tu connais mieux le job que moi, tu verras comment tu le sens. » racontait Sélène et je l’écoutais avec intérêt. Sa passion pour l’histoire et le sujet de l’émancipation des femmes était clairement communicative. Et si je n’envisageais pas de me reconvertir en historien, je me disais néanmoins que rédiger cet article se révélerait bien plus intéressant que je ne l’aurais cru de prime abord. « Je pense en effet qu’il ne faut pas trop que je me perde dans les détails parce que sinon je risque de perdre les lecteurs qui ne sont pas trop intéressés par le sujet. Mais, si je me contente d’énumérer des faits sans vraiment citer d’exemples ou faire d’études de cas, je pense que l’article sera vite creux. Tu penses que la France et le Royaume-Uni sont les pays les plus intéressants pour aller dans les détails ? » lui demandais-je alors, prenant en compte ses remarques, elle qui avait une vision d’ensemble sur la question, contrairement à moi. Au fur et à mesure que Sélène répondait à mes questions ou évoquait un nouveau point qui attirait mon attention, je prenais soin de les noter sur mon petit calepin. « L'histoire du droit des femmes m'intéresse beaucoup, mais ma thèse porte sur les intellectuels européens du XIXe siècle. Ça inclut quelques femmes, mais malheureusement pas tant que ça. » répondait Sélène lorsque je lui demandais si le sujet faisait partie de sa thèse ou non. « Les intellectuels européens, ça m’a l’air pas mal intéressant comme sujet. Ca avance bien ? Tu sais quand est-ce que tu prévois de soutenir ? » lui demandais-je alors, par pure curiosité.
Peu à peu la conversation dérivait lorsqu’après que Sélène ait proposé de me traduire certains articles, je lui avouais être polyglotte. Elle sembla d’abord étonnée à cette nouvelle avant de rire à ma blague sur le chinois et de me parler en français : « Ah, tu parles français ? Moi aussi ! » J’hochais la tête avant de lui répondre dans la même langue « Oui, depuis que je suis petit, c’est la deuxième langue que j’ai apprise. Mais je n’ai pas eu l’occasion de beaucoup la parler ces derniers temps » Et pour cause, dans mon entourage à Brisbane, peu savaient parler autant de langues que moi et encore moins le français. « Tu aimes les langues ? » demandait-elle ensuite. J’haussais vaguement les épaules, avant de répondre après un bref instant de silence : « Disons qu’au début, on ne m’a pas vraiment laissé le choix. Mes parents travaillaient beaucoup, du coup pendant les vacances, on était souvent envoyés en séjours linguistiques un peu partout dans le monde avec mes frères et sœurs. » De nouveau j’haussais les épaules avant de sourire un peu et d’ajouter : « Mais aujourd’hui, je m’en réjouis et j’apprécie l’idée que je peux communiquer avec presque tout le monde. Et toi, comment ça se fait que tu saches parler le français et tant d’autres langues ? » Et puisque l’heure semblait être aux confidences, je me risquais à demander à Sélène si le bébé qui était là était le sien, piqué par la curiosité. « Ne t'inquiètes pas, ce n'est pas un secret d'état, c'est bien mon bébé, en effet. » Elle m’adressa un sourire avant de faire les présentations : « Charlie, voici Nathan. Nathan, je te présente Charlie, sois bien sage pendant qu'on discute, hein. » Je m’approchais alors de l’enfant et lui donnait mon index qu’il venait à peine serrer au creux de sa petite menotte. « Il n’est pas bien vieux, 4,5 mois, peut-être 6 au maximum non ? » demandais-je alors à Sélène, essayant de comparer Nathan à Oliver, mais les enfants grandissaient tellement vite qu’il était difficile de savoir avec précision, encore aujourd’hui, j’avais du mal à me dire que mon neveu avait déjà atteint ses quatre ans.
"Tu sais tout tu sais rien c'est pareil c'est en vrac. C'est l'éternel scénar c'est l'éternel roman, c'est ce qu'on nous apprend dans l'ancien testament. Dans l'odyssée d'homère dans play-boy dans france-soir, dans les pièces de shakespeare les manuels d'histoire..."
Hubert-Félix Thiéfaine - Also Sprach Winnie l'Ourson
Charlie semblait être un bon journaliste. Il voulait capter l'attention de ses lecteurs, tout en évitant d'écrire un article superficiel, que qui était dur, mais certainement le meilleur choix à faire. Du moins, c'était ce qu'il semblait à Sélène, avec son peu de connaissance dans le domaine. Il lui demandait donc si elle pensait que la France et le Royaume-Uni étaient de bons pays dans lesquels piocher des exemples significatifs. La jeune femme réfléchit un instant. -Hm, oui je pense que c'est assez représentatif. Et puis comme ça, tu ne perdras pas les gens avec un pays inconnu d'Europe de l'est. Quoi que ce serait original de mentionner des cas Hongrois ou Tchèques, répondit-elle avec un sourire malicieux.
Puis le jeune homme s'intéressa à sa thèse de doctorat, qu'il semblait trouver intéressante. Il voulait savoir si elle avançait bien, et quand est-ce qu'elle estimait pouvoir soutenir. Toujours passionnée, et ravie de pouvoir parler de ce qui occupait ses journées, Sélène répondit avec enthousiasme :
-Intéressant mais vaste, j'essaie de recentrer un peu le propos sur leur place dans les grandes questions sociales de l'époque, mais je trouve que j'avance plutôt bien, surtout si on considère que je dois gérer la crevette ici présente -elle désigna Nathan du regard-. Je compte soutenir en Mai prochain, c'est l'objectif que je me suis fixé. Mais si ça me paraît trop juste je décalerai d'un semestre.
Elle avait dit cette dernière phrase sur un ton détendu mais en réalité, elle espérait bien pouvoir soutenir à la date prévue, car avec bébé sur les bras, il était bien temps qu'elle commence à gagner sa vie. La bourse qu'on avait fini par lui accorder n'allait pas durer éternellement, et concilier études et maternité n'était pas facile.
Lorsqu'elle parla au jeune homme en français, celui-ci lui répondit dans la même langue, pour son plus grand plaisir. Ce n'était pas tous les jours qu'on rencontrait des francophones dignes de ce nom. Il n'avait pas beaucoup d'accent, et sa grammaire était correcte. Cela s'expliquait certainement de par le fait qu'il avait commencé à l'étudier petit. Il lui expliqua que ses parents étaient des gens très occupés, ce qui les avaient amenés, lui et ses frères et sœurs, à faire beaucoup de séjours linguistiques. Il venait peut-être d'une famille riche. D'où le fait que ses parents n'aient pas eu tant de temps que ça à lui consacrer. Mais peu importait à Sélène.
Charlie lui demanda au passage d'où venait sa propre capacité à parler plusieurs langues. Elle répondit donc :
-On ne se rend pas toujours compte de la valeur de ce genre de choses étant enfant, mais au final, c'est passionnant les langues. Du moins, de mon point de vue. En fait je parle français parce que ma mère est française, et polonais parce que mes grands parents l'étaient. Après j'ai appris l'allemand et le tchèque au lycée et à l'université. Et puis j'ai décidé de me mettre au hongrois il y a environ un an.
Elle remarqua avec plaisir que le jeune homme avait un bon contact avec le bébé. Nathan avait attrapé son index, et faisait des bulles en regardant le nouveau venu avec fascination. Sélène lâcha un petit rire, et répondit à la question que le journaliste venait de lui poser sur l'âge du petit :
-Il va avoir quatre mois dans une semaine en effet. Tu en as un aussi ou tu es juste bon en estimation d'âge de bébés ?
Elle penchait plutôt pour la deuxième option, étant donné qu'il devait avoir à peu près son âge était était lui aussi encore étudiant. C'était plutôt rare d'être parent dans ces conditions.
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Sélène & Charlie
Avec l’aide de Sélène, cet article dans lequel je m’étais lancé me semblait tout à coup beaucoup moins flou. C’était un sujet tellement vaste à traiter et je n’y connais que peu de choses, ce qui ne me permettait pas du tout d’avoir une vue d’ensemble contrairement à Sélène. Sa vision des choses était précise, passionnée et agréable à écouter. Je me laissais porter par les récits qu’elle me livrait et écoutait avec attention ces conseils et suggestions. Tout à coup, grâce à elle, j’avais soudainement un axe sur lequel me focaliser : le sort du Royaume-Uni et de la France. « Hm, oui je pense que c'est assez représentatif. Et puis comme ça, tu ne perdras pas les gens avec un pays inconnu d'Europe de l'est. Quoi que ce serait original de mentionner des cas Hongrois ou Tchèques, répondit-elle avec un sourire malicieux. » répondait-elle lorsque je lui demandais si ces deux exemples suffiraient à donner une vision globale des conditions de la femme à cette époque. Je souriais un peu lorsqu’elle plaisantait sur quelques pays de l’est : « Je pense que je ne vais pas trop jouer la carte de l’originalité. Du moins pas cette fois-ci, mais qui sait ? Peut-être qu’un autre article suivra si je me prend tout à coup de goût pour le sujet. »
Finalement j’abordais le sujet de sa thèse, curieux concernant le sujet de celle-ci et la façon dont la jeune femme gérait la montagne de travail que cela devait représenter. « Intéressant mais vaste, j'essaie de recentrer un peu le propos sur leur place dans les grandes questions sociales de l'époque, mais je trouve que j'avance plutôt bien, surtout si on considère que je dois gérer la crevette ici présente. Je compte soutenir en Mai prochain, c'est l'objectif que je me suis fixé. Mais si ça me paraît trop juste je décalerai d'un semestre. » J’hochais la tête. « Ca te laisse encore pas mal de temps, en tous les cas, j’espère que tu arriveras à soutenir à temps. J’imagine que ça ne doit pas être facile de concilier thèse et bébé » Je songeais à la façon dont mon neveu avait perturbé notre vie à tous, surtout les premiers mois et encore plus la vie de Théo qui avait dû mettre ses études entre parenthèse pour se consacrer à son rôle de mère, un choix que tout le monde ne pouvait pas nécessairement se permettre.
Au fur et à mesure que la discussion évoluait entre Sélène et moi, nous nous découvrions une passion commune : l’apprentissage des langues. Après un bref échange en français (j’avais un peu perdu mes réflexes puisque je ne l’avais pas parlé depuis quelques temps), je ne tardais pas à m’intéresser à la raison qui l’avait poussé à apprendre le français. « On ne se rend pas toujours compte de la valeur de ce genre de choses étant enfant, mais au final, c'est passionnant les langues. Du moins, de mon point de vue. En fait je parle français parce que ma mère est française, et polonais parce que mes grands parents l'étaient. Après j'ai appris l'allemand et le tchèque au lycée et à l'université. Et puis j'ai décidé de me mettre au hongrois il y a environ un an. » racontait-elle. « Tu as la nationalité française du coup ? » lui demandais-je, un peu piqué dans ma curiosité face à un tel mélange de langues et d’origines chez mon interlocutrice. « Et à ton fils, tu comptes lui parler toutes ces langues ? Il pourrait devenir excellent plus tard » mentionnais-je, en songeant aux nombreuses filles au pair qui s’étaient occupés de nous pendant mon enfance et qui m’avaient bercé avec leurs langues maternelles.
D’ailleurs, rapidement mon attention était tout focalisée sur ce petit bout de chou qui se trouvait dans la pièce. Je n’aurais jamais cru avoir un bon contact avec les enfants, mais depuis que j’avais Oliver dans ma vie, j’étais automatiquement attiré par eux. « Il va avoir quatre mois dans une semaine en effet. Tu en as un aussi ou tu es juste bon en estimation d'âge de bébés ? » confirmait Sélène lorsque je lui demandais l’âge de son fils. Je riais un peu à sa remarque et secouais négativement la tête. « Non, ma petite sœur est tombée enceinte à seulement 18 ans. Bref, ça a été un peu compliqué pour notre famille en général. Et maintenant, je l’aide à élever son fils, avec notre grand frère, pour ne pas la laisser seule. Du coup, avec le temps, j’ai fini par apprendre » Je regardais le petit bébé, me souvenant exactement de ce que je ressentais à l’époque où Oliver avait cette taille. « A cet âge-là, ça grandit tellement vite. C’est impressionnant. J’ai encore du mal à me dire que mon neveu a déjà 4 ans » Je riais un petit peu avant de relever les yeux vers Sélène. Je reconnaissais un peu Théodora au final. Le fait que Sélène emmène son enfant avec elle à l’université me laissait supposer que le père n’était pas disponible pour le garder pendant ce temps, comme ça avait été le cas de Théodora. Néanmoins, je gardais bien de mentionner tout ceci à voix haute, ne souhaitant pas m’introduire dans l’intimité de celle qui m’était d’une aide précieuse.
"Le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants, et les mistrals gagnants"
Renaud - Mistral Gagnant
Charlie préférait rester sur quelque chose de plus classique pour cet article, ce qui était tout à fait compréhensible. Il n'avait certainement pas envie de perdre ses lecteurs, et puis il n'en était qu'au début de sa carrière, il était stagiaire, donc chaque chose en son temps. Même pour son propre confort de rédaction. Il aurait tout le temps de prendre des risques plus tard. Sélène comprenait parfaitement sa décision. Elle hocha la tête en souriant et répondit :
-Oui je comprends, c'est plus prudent. -Elle rit légèrement- J'ai hâte de voir ça, tu me diras si j'ai réussi à éveiller une passion chez toi.
Ils revinrent ensuite au sujet de sa thèse. Charlie se montra gentil et compréhensif. Il lui souhaita de réussir à soutenir à temps, et à concilier bébé et études. La jeune femme sourit :
-J'espère aussi. Je crois que j'ai fini par trouer un bon rythme entre le bébé et la thèse, enfin en tous cas j'essaie d'être confiante et de positiver. C'est probablement le mieux que je puisse faire. Et toi, tu en es où exactement de tes études ?
Puis son interlocuteur s'intéressa aux langues qu'elle parlait. Il était vrai que c'était assez inhabituel. Les anglophones natifs ont tendance à moins se soucier de parler d'autres langues que la leur, étant donné la popularité de celle-ci. Le journaliste lui demanda si elle avait la nationalité français :
-Oui, répondit-elle, même si je ne lui fais pas vraiment honneur, je ne suis allée à Paris qu'une fois étant petite.
Charlie lui demanda également si elle comptait parler toutes ces langues à son fils.
-Le français et le polonais oui, et l'anglais bien sûr, parce que ce sont des langues que je maîtrise vraiment, bien que j'adore le tchèque l'allemand et le hongrois, je ne pense pas que c'est une bonne idée de les lui parler, dans le sens où je ne suis pas cent pour cent bilingue.
Elle ne savait pas si ce qu'elle disait était très clair, mais elle espérait tout de même que Charlie comprendrait. Il avait l'air intelligent, il arriverait peut-être à la décrypter. En tous cas elle était contente qu'il pense que son petit bout pourrait être très doué, même si c'était une remarque totalement subjective étant donné que pour le moment, il n'était qu'une petite chose à la peau vaguement dorée dans un transat. Le principal au fond, c'était qu'elle en fasse quelqu'un d'heureux.
Lorsque Sélène avait demandé au jeune homme s'il s'y connaissait en enfants, elle ne s'était pas du tout attendue à la réponse qu'il s'apprêtait à lui fournir. Sa sœur était tombée enceinte à 18 ans, et ça avait été compliqué. La jeune femme ressentit immédiatement beaucoup de compassion pour cette fille qu'elle ne connaissait pas, ainsi que pour son frère. Charlie avait donc plus ou moins élevé son neveu. Les yeux de Sélène était remplis d'étoiles à présent, parce que c'était une belle histoire. Elle regarda l'autre étudiant et dit :
-Oh. Je peux comprendre un peu ce que vous avez pu vivre. Enfin, je ne connais pas votre histoire, à ta fratrie et toi, mais ça n'a pas été facile pour moi non plus au début. Est-ce que ça se passe bien maintenant ? Ça grandit vite, c'est vrai, je ne vois pas le temps passer... mais ça doit être adorable à quatre ans. Tu as une photo de ton neveu ?
Les enfants rendaient l'étudiante particulièrement enthousiaste depuis qu'elle était maman, elle se sentait très de tous les autres parents. Et puis, le fait que la sœur de Charlie ait eu une histoire un peu compliquée lui procurait une agréable sensation de proximité, et de l'espoir.
Comme Nathan commençait à s'exciter tout seul dans son cosy, visiblement tout à fait, réveillé, elle le prit dans ses bras et le laissa jouer avec les lacets de son sweat en souriant béatement. Ce n'était pas facile, mais elle aimait tellement son petit garçon qu'elle ne regrettait pas grand chose, au final.
Study as if you were going to live forever ; live as if you were going to die tomorrow. Δ
Sélène & Charlie
Rapidement après avoir évoqué le sujet de mon article à proprement parlé, la discussion avait dérivé. Et c’était finalement la thèse de Sélène qui atterrissait sur le tapis. Je l’interrogeais un peu à ce propos, curieux de savoir ce que ça faisait de se lancer dans une thèse et tout le travail et l’investissement personnel que ça représentait. Parfois je me laissais tenter par l’idée de moi aussi faire une thèse à mon tour, forcément dirigée vers la géopolitique du Moyen-Orient qui était mon sujet de prédilection. Néanmoins, ça m’impressionnait souvent beaucoup trop pour vraiment adopter cette idée, sans oublier le fait que je n’étais pas certain que Gauthier accepterait encore longtemps de nous loger avec Théodora. C’était peut-être notre grand frère mais notre occupation et notre intrusion constante dans sa vie devaient tout de même freiner sa vie personnelle (bien que le sujet ne soit jamais abordé). « J'espère aussi. Je crois que j'ai fini par trouver un bon rythme entre le bébé et la thèse, enfin en tous cas j'essaie d'être confiante et de positiver. C'est probablement le mieux que je puisse faire. Et toi, tu en es où exactement de tes études ? » Je souriais doucement en entendant la réponse de Sélène, ne pouvant m’empêcher de faire le parallèle avec Théo qui venait tout juste de reprendre ses études de médecine et qui peinait encore à trouver un équilibre entre ça et son rôle de maman, malgré notre aide avec Gauthier. « Je suis en stage chez ABC. Mon stage touche à sa fin bientôt mais je compte poursuivre encore un peu après. Sinon je suis actuellement en train de me spécialiser en géopolitique du Moyen-Orient, je devrais avoir mon master d’ici l’année prochaine si tout va bien ! Et après, je t’avoue que je ne sais pas encore exactement ce que je veux faire. J’aime beaucoup écrire mais j’ai découvert chez ABC que le milieu de la radio et de la télé étaient très intéressants. Donc je verrais un peu où le vent me portera » Je riais un peu.
De nouveau la conversation dérivait et il était maintenant question des langues que nous parlions. Rapidement nous avions tous les deux découverts que nous avions le français en commun. « Oui, même si je ne lui fais pas vraiment honneur, je ne suis allée à Paris qu'une fois étant petite. » répondait-elle à ma question. « Tu devrais y retourner. Même si ça fait mal à ma fierté de Londonien de l’avouer, Paris est une très belle ville. C’est un peu moins bien pour sortir que Londres à mon sens, mais c’est très beau. Ca pourrait être un voyage à planifier quand ton fils sera en âge » lui suggérais-je. Je posais finalement la question qui titillait ma curiosité à Sélène, curieux de savoir si elle comptait parler toutes ses langues à son fils. « Le français et le polonais oui, et l'anglais bien sûr, parce que ce sont des langues que je maîtrise vraiment, bien que j'adore le tchèque l'allemand et le hongrois, je ne pense pas que c'est une bonne idée de les lui parler, dans le sens où je ne suis pas cent pour cent bilingue. » répondait-elle. « Trilingue avant d’entrer à l’école c’est déjà un bon score » plaisantais-je. Néanmoins je parlais en connaissance de cause, Oliver, mon neveu, parlait évidemment l’anglais mais nous faisions également l’effort de lui parler parfois en espagnol ou en français. C’était l’espagnol qu’il maîtrisait le mieux et sans trop savoir si c’était lié, je trouvais Ollie vraiment mature pour son âge.
Et à tourner autour du pot depuis le début, c’était finalement le sujet des enfants qui étaient mis sur le tapis. Sujet incontournable puisque nous étions tous les deux parents de jeunes enfants (ou plus ou moins). Je racontais un peu sommairement notre situation, pas trop sûr de vouloir rentrer dans les détails et encore moins sûr que cela intéresse la jeune femme. Néanmoins, je remarquais rapidement que Sélène écoutait réellement ce que je lui disais et il ne faisait de doute que l’histoire de Théo faisait écho à la sienne. « Oh. Je peux comprendre un peu ce que vous avez pu vivre. Enfin, je ne connais pas votre histoire, à ta fratrie et toi, mais ça n'a pas été facile pour moi non plus au début. Est-ce que ça se passe bien maintenant ? » Je ne pouvais m’empêcher de lui adresser un petit sourire désolé, me doutant bien que ça ne devait pas être facile de faire ça seule (ou avec seulement le père du bébé) alors qu’elle poursuivait encore ses études. « Ca se passe dirons-nous. C’est un bonheur quotidien, mais c’est épuisant un enfant. Encore plus une fois qu’ils apprennent à parler, ça ne s’arrête plus » Je riais un peu. « Je dois avouer que ce n’est pas tous les jours facile. Il faut dire qu’on a tous les trois fait le choix de poursuivre nos études/carrières respectives tout en laissant Oliver seul le moins souvent possible. On tient vraiment à être là avec lui à tous les moments. Ca demande une organisation presque militaire. » poursuivis-je. « Ça grandit vite, c'est vrai, je ne vois pas le temps passer... mais ça doit être adorable à quatre ans. Tu as une photo de ton neveu ? » demandait-elle visiblement curieuse et j’hochais doucement la tête. J’attrapais mon téléphone dans la poche arrière de mon jean pour lui montrer une photo de nous 4, un selfie, où Oliver tenait la place centrale. « Il est juste ici. Sur la droite c’est ma sœur et derrière c’est mon grand-frère. » lui expliquais-je en désignant sur l’écran chacun à tour de rôle. « Et toi tu es seule pour faire face à tout ça ? » me risquais-je. Me doutant bien que si elle amenait son fils avec elle, elle ne devait pas avoir beaucoup d’alternatives. « Je ne voudrais pas être indiscret hein. » précisais-je conscient qu’après tout j’abordais un sujet plutôt personnel avec quelqu’un que je venais à peine de rencontrer.
"On va toujours seul sur la route, je continue coûte que coûte."
La Rue Ketanou - Où je vais
Charlie lui parla donc de ses propres études. Il était en stage chez ABC, ce qui semblait plutôt prometteur. Le groupe médiatique était très important dans le pays, et même si on ne lui proposait peut-être pas des tâches très passionnantes, ça ferait toujours bien dans son CV. Mais cela ne semblait pas être le cas, vu qu'il voulait prolonger l'expérience, et après tout, il était là dans l'optique d'écrire un article, cela montrait bien dire qu'il ne faisait pas (que) le café et les photocopies. Le jeune homme semblait même avoir découvert un intérêt pour d'autres médias à travers son stage.
En tous cas, à part se spécialiser dans la géopolitique du Moyen-Orient, le britannique ne savait pas encore exactement ce qu'il allait faire de sa vie, ils étaient un peu dans le même bateau. Normal, à leur âge. Sélène sourit et répondit avec enthousiasme :
-ABC c'est vraiment une bonne opportunité de stage, non ? En tous cas ce que tu fais a l'air intéressant. Et se spécialiser dans la géopolitique du Moyen-Orient est une super idée ! C'est un sujet tellement vaste et complexe. Et tellement utile pour décrypter l'actualité de nos jours... J'en aurais bien besoin aussi.
Elle rit et continua :
-En tous cas je comprends ton indécision, c'est dur de se décider pour un plan de carrière... En tous cas je te souhaite toute la réussite possible pour la tienne !
Puis le jeune homme lui avait parlé de Paris. Malgré son statut de british pur jus, il semblait avoir de l'affection pour la capitale française, et lui conseillait d'y retourner. Avec son fils, plus tard.
-Tu as bien raison. Ça m'avait déjà traversé l'esprit, mais c'est difficile de s'imaginer qu'il va savoir parler et marcher un jour, dit-elle en souriant et en pointant Nathan du menton. Il faut que je note cette idée de voyage dans un coin de ma tête. En tous cas c'est sûr que s'il est trilingue d'emblée ce sera un avantage pour lui. Et je serai fière. Et ton neveu ? Vous comptez en faire un polyglotte aussi ?
Elle sourit avec malice avant de songer un instant que si le petit avait aussi été élevé par son père, il aurait également pu parler coréen. Elle ne le mentionna évidemment pas, et ne s'attarda pas sur cette pensée.
Comme elle avait encouragé l'étudiant à parler de son neveu, il lui expliqua que les choses "se passaient", que c'était à la fois un bonheur mais aussi une grande source d'épuisement. Ce qui était compréhensible. Mais la réponse de Charlie dénotait clairement que tout n'avait pas toujours été rose, et c'était loin de surprendre la jeune femme. En tous cas, elle était impressionnée que la fratrie se soit organisée de telle sorte à ce qu'aucun d'entre eux n'arrête ses études tout en s'occupant du petit garçon. C'était tout bonnement génial.
-Wow. Je vous admire, vous avez l'air vraiment solidaires les uns des autres. Donc vous vivez tous ensemble ?
Il lui montra une photo du petit Oliver, comme elle le lui avait demandé. Charlie, ainsi que son frère et sa sœur, étaient également présents sur cet adorable selfie. Il était amusant de voir qu'ils avaient tous ce même air de famille, et le petit garçon aussi. Elle sourit.
-Il est tout beau. Il ressemble surtout à ta sœur, bien sûr, mais vous avez tous un air de famille, c'est trop mignon.
Nathan essaya d'en profiter pour poser ses petits doigts potelés sur l'écran du smartphone de Charlie, mais elle l'en empêcha juste à temps, ce qui dessina une moue déconfite sur la figure du bébé. Cela la fit sourire d'amusement. Son interlocuteur lui demanda alors, un peu gêné, de peur que cela soit indiscret, si elle était seule pour faire face à sa nouvelle condition de mère. Sélène se mordilla la lèvre inférieure. Cela ne la dérangeait pas de dire la vérité, mais elle ne voulait pas sembler misérable, ou trop apitoyée sur son sort.
Elle secoua la tête :
-Non non tu n'es pas indiscret, ne t'en fais pas... Eh bien, comme le père est parti et que mes parents ne veulent plus entendre parler de moi, au début mon meilleur ami et sa copine m'ont beaucoup soutenue, puis ils ont déménagé, donc on peut dire que je suis plus ou moins toute seule, oui... Mais ça va hein, je ne suis pas malheureuse et je ne me plains pas.
Elle termina sa phrase par un grand sourire, réalisant que son rejeton avait kidnappé son index gauche afin de baver allègrement dessus. Il n'allait pas tarder à avoir faim.
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Sélène & Charlie
Contre toute attente, la discussion avec Sélène se déroulait sans grand effort. Nous abordions différents sujets et parler avec elle était agréable. J’évoquais alors mon stage chez ABC et mes envies pour la suite pour répondre à ses questions. « ABC c'est vraiment une bonne opportunité de stage, non ? » demandait-elle et j’hochais aussitôt la tête en signe d’approbation. « Clairement oui. Il faut le temps de faire son trou et de faire ses preuves également, mais une fois que c’est le cas, il y a vraiment beaucoup de possibilités. » Les premières semaines avaient été moins agréables, mais maintenant, je m’y sentais réellement comme un poisson dans l’eau, à tel point que j’envisageais maintenant de me faire embaucher à l’issue de mes études pour poursuivre à leurs côtés. « En tous cas ce que tu fais a l'air intéressant. Et se spécialiser dans la géopolitique du Moyen-Orient est une super idée ! C'est un sujet tellement vaste et complexe. Et tellement utile pour décrypter l'actualité de nos jours... J'en aurais bien besoin aussi. » poursuivait-elle en riant et je ne pouvais qu’acquiescer. C’était justement toute la complexité et la richesse de cette thématique qui m’avait séduit et les cours que j’avais suivi et suivait encore dans le domaine n’avaient fait que confirmer mon intérêt pour tout ceci. « En tous cas je comprends ton indécision, c'est dur de se décider pour un plan de carrière... En tous cas je te souhaite toute la réussite possible pour la tienne ! » Je lui souriais doucement avant de lui rendre la pareille : « Eh bien de même, j’espère surtout que tu parviendras à soutenir dans les temps que tu t’es fixé » Et la conversation avait rapidement dévié sur le sujet des langues que nous maîtrisions, puis sur Paris. « Tu as bien raison. Ça m'avait déjà traversé l'esprit, mais c'est difficile de s'imaginer qu'il va savoir parler et marcher un jour. Il faut que je note cette idée de voyage dans un coin de ma tête. » avait-elle répondu lorsque je lui avais suggéré d’aller faire un tour là-bas d’ici quelques années avec son fils. « En tous cas c'est sûr que s'il est trilingue d'emblée ce sera un avantage pour lui. Et je serai fière. Et ton neveu ? Vous comptez en faire un polyglotte aussi ? » me demandait-elle finalement. « Clairement, je pense que oui, la tradition familiale ne s’éteindra pas avec lui. D’autant plus que nous sommes trois à être polyglotte à la maison. » En présence du petit Nathan avec nous dans la pièce rapidement, la conversation évoluait vers les enfants, surtout parce que je pouvais parler de ma propre expérience avec mon neveu. J’essayais tant bien que mal de lui expliquer notre organisation avec Gauthier et Théo pour nous assurer qu’Oliver grandisse bien, entouré et sans trop souffrir de ce schéma familial hors du commun. Et force était de constater que malgré les difficultés que cela impliquait, nous avions plutôt bien réussi à tenir nos engagements, du moins pour le moment. « Wow. Je vous admire, vous avez l'air vraiment solidaires les uns des autres. Donc vous vivez tous ensemble ? » s’exclamait alors Sélène, ce qui me tirait un petit sourire fier. Nous étions en tout cinq enfants et tous relativement soudés, conséquence directe de l’absence de nos parents dans nos vies. « Oui, c’est vrai qu’on est assez proches. Et oui, on habite chez mon grand-frère Gauthier qui a terminé ses études. » lui répondis-je avant de lui montrer un selfie que nous avions pris afin qu’elle voie notre petite famille. « Il est tout beau. Il ressemble surtout à ta sœur, bien sûr, mais vous avez tous un air de famille, c'est trop mignon. » commentait-elle et je ne pouvais réprimer un petit rire amusé. « Il paraitrait que c’est lié à la classe naturelle des Hazard-Perry » ajoutais-je alors que le bébé tentait de jouer à son tour avec mon téléphone. Et c’était à mon tour de lui demander ce qu’il en était de son organisation, à savoir si elle était seule pour élever cet enfant ou non. « Non non tu n'es pas indiscret, ne t'en fais pas... Eh bien, comme le père est parti et que mes parents ne veulent plus entendre parler de moi, au début mon meilleur ami et sa copine m'ont beaucoup soutenue, puis ils ont déménagé, donc on peut dire que je suis plus ou moins toute seule, oui... Mais ça va hein, je ne suis pas malheureuse et je ne me plains pas. » avait-elle répondu avec une sincérité qui m’avait un peu étonné. « Les parents sont parfois durs dans ces moments » commentais-je en songeant à mes propres parents qui ne valaient pas mieux que ceux de Sélène sur ce coup-là. « Ceci dit, parfois, peut-être vaut-il mieux être seule que mal accompagnée » lui citais-je alors un adage populaire en souriant un peu naïvement au petit Nathan qui nous observait avec ses yeux grands ouverts. En relevant la tête, je croisais la pendule qui était accrochée sur le mur et qui indiquait déjà midi moins le quart. « Purée… » soupirais-je avant de reporter mon attention sur Sélène. « Ecoute, il est tard et si je continue je serais en retard pour aller chercher Oliver à l’école et Théo va me tuer. Merci encore pour tes informations, vraiment. » lui dis-je en souriant, tout en commençant à ramasser mes affaires. « Au plaisir de vous recroiser » lui dis-je alors, en accordant un dernier sourire à Nathan et avant de faire volte-face et de quitter la pièce en quatrième vitesse.
:teamorange: GASMASK
Spoiler:
Et voilà Je te laisserai du coup au choix y répondre ou l'archiver dès que tu l'auras lu
"My words and smile are so easy now, yes it's easy now !"
Franz Ferdinand - The Dark of the Matinee
Le jeune homme lui parlait maintenant poliment de son stage chez ABC, en réponse à sa question précédente. Charlie lui avoua que les premiers temps n'avaient pas été faciles, mais qu'en effet, c'était un environnement riche en possibilités, probablement un must pour un jeune journaliste comme lui.
-Eh bien j'espère que tu y trouveras ce que tu cherches, répondit Sélène en souriant gentiment.
L'anglais lui retourna ses encouragement, lui déclarant espérer pour elle qu'elle pourrait terminer sa thèse et la soutenir dans les temps qu'elle s'était fixés. Cette phrase, bien que gentille, provoqua un petit coup de stress chez la jeune femme, qui se retint de grimacer tant bien que mal. C'était beaucoup de stress, cette thèse, surtout depuis que le bébé était là. Mais ce n'était ni le lieu ni le moment de confier ses craintes, Charlie la connaissait à peine, et il en était de même pour elle.
Sélène rit lorsque le jeune homme lui confirma que son neveu deviendrait un petit polyglotte. C'était vraiment adorable, cette façon qu'il avait d'avoir de l'ambition pour lui, de le chérir comme si c'était son propre enfant. Vu comme il parlait de sa fratrie, la jeune femme aurait bien aimé les rencontrer. -J'ai hâte de voir ce que va donner Oliver plus tard alors. En tous cas, je suis sûre que c'est un petit garçon heureux, entouré de ses super oncles et de sa maman ! De ce que j'en perçois, c'est vraiment une belle famille que vous formez.
De quoi rendre jalouse la fille unique qu'elle était, d'ailleurs. Heureusement que Sélène était une fille sympathique qui n'avait jamais eu de mal à se faire des amis, autrement son existence aurait été bien solitaire. Bon, comme beaucoup de ses amis avaient récemment déménagé, c'était un peu le cas en ce moment, mais Sél refusait de se laisser abattre.
Elle rit d'ailleurs à la remarque de son camarade sur la classe naturelle de sa famille. C'était vrai qu'ils étaient tous beaux. Charlie, son frère, sa sœur, et le petit Oliver.
-Ça va les chevilles ? plaisanta-t-elle alors. J'espère que ce n'est pas ce genre de valeurs que tu transmets à ton neveu.
Elle haussa les sourcils pour appuyer ses paroles, tout en souriant. C'était agréable de parler avec quelqu'un qui comprenait sa situation. Vu la réaction de son interlocuteur lorsqu'elle lui fit comprendre qu'elle n'avait plus de contact avec ses parents, lui et sa sœur, surtout, avaient du traverser des épreuves similaires. Elle lui sourit de nouveau, cette fois avec compassion. Sélène venait d'approuver le proverbe énoncé par l'étudiant d'un hochement de tête, légèrement déconcentrée par son fils qui commençait à s'agiter, lorsque Charlie réalisa soudain qu'ils avaient passé beaucoup de temps à discuter, et qu'il devait justement aller chercher Oliver à l'école.
-Oh, bien sûr, va, va ! Je t'en prie pour les informations, et n'hésite pas à me recontacter si tu as besoin de quoi que ce soit. A bientôt !
Elle griffonna son adresse mail sur un morceau de papier et tendit au garçon avant qu'il ne disparaisse en trombe de la salle de recherche. Nathan, avec un timing parfait, se mit alors à rouspéter. La faim, probablement. Adressant un sourire gêné aux autres doctorants, elle débarrassa à son tour le plancher afin d'aller nourrir son rejeton un peu plus loin.