I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il y a des personnes mal avisées qui se plaisent à semer le doute dans la vie des autres, injectant le peu d’informations qu’ils possèdent et qui laissent envenimer les événements en appréciant le spectacle de près comme de loin. Il y en a d’autres qui ne le disent que par erreur. Un peu d’inattention, ou le fait de ne pas arriver à se taire. Certains pensent qu’il est préférable d’être honnête envers soi-même et envers les autres. La vérité peut faire mal, mais elle ne doit pas rester dissimuler à leurs yeux. Le problème, c’était qu’il n’est pas toujours possible de distinguer de quelle groupe appartient de parfaits inconnus. Joanne n’aimait pas se confier, encore moins annoncer de mauvaises choses. Annoncer un divorce, une fausse-couche, un avortement, une démission. Ca ne la rendait pas moins triste. Mais là, elle avait fait une autre découverte, elle ne savait pas vraiment comment réagir. Elle allait en parler à Jamie bien évidemment, et ce sera à lui de prendre la décision la plus juste. Ce n’était pas une mauvaise nouvelle dans le fond, mais elle savait que ça allait le toucher. Ca aurait le seul événement singulier du jour. Ca aurait pu l’être. Jamie devait rentrer très tard ce soir-là. Et Joanne avait beaucoup à faire avec la fondation, c’est pourquoi elle avait confié Daniel à ses parents juste pour une nuit; elle le récupérerait le lendemain matin aussi tôt qu’elle le pourrait. Oui, ça aurait pu être une soirée classique, mais bien appréciée. Joanne finissait de préparer le dîner. Mais elle avait les idées ailleurs. Muette comme une tombe, ses yeux étaient largement injectés de sang. Sa bouche était sèche, et ses mains tremblaient. Elle essayait de prétendre, faire comme si de rien n’était en se concentrant sur ce qu’elle, mais rien n’y fait. Non, tout revenait vers ça. Elle tentait de se persuader que ce n’était qu’un mensonge, une fourberie. Mais non, tout était bien trop réel, et cohérent. Les faits étaient là. Elle ne dit qu’un très faible bonsoir lorsque son fiancé franchit la porte d’entrée. Comme à son habitude, il retira sa veste de costume et sa cravate avant de s’approcher d’elle pour l’embrasser. Sauf que la jeune femme tourna le visage pour que ça ne se fasse pas. Les yeux baissés, elle imposa un silence qui était extrêmement lourd. Lorsqu’il put enfin voir ses iris bleus, ils étaient toujours aussi rouges, humides. Joanne était bien plus que blessée, heurtée ou même tourmentée. De sa voix tremblante, elle parvint à lui dire. “Tu m’as mentie.” De grosses larmes venaient border ses yeux tout seuls. Ses mains étaient moites, incroyablement glaciales. “Tu m’a mentie, et je t’ai cru.” Elle était sur le point de pleurer, elle faisait ce qu’elle pouvait pour pouvoir se contenir, mais cela relevait de l’impossible. “Je suis tellement bête. Tellement stupide d’y avoir cru.” Les larmes finirent par couler d’elles-mêmes. Si Jamie tournait un peu les yeux, il comprendrait vite de quoi il s’agit. Joanne avait à nouveau été la réceptrice d’une grande enveloppe brune, écrite de la même main que la dernière fois, avec tout un lot de documents qu’elle avait eu le plaisir de regarder et lire toute la journée. Un nombre incroyable de photos commentés sur leur dos, trois magazine people qui faisaient la une avec cette information. Et une clé USB. Non seulement, Hannah et Jamie avaient été largement photographiés, mais leur conversation avait aussi été intégralement enregistré. Et dieu, que ces mots avaient brisés Joanne. En mille morceaux. La petite poupée de porcelaine n’était que poussière, rien de plus. “ Tu m’avais dit que tu étais à moi. Tu m’en avais même convaincue pour de bon à la maison de campagne. Mais c’était juste que je n’en parle plus, c’est ça ? Que je te laisse tranquille avec ça ?” La voix de Joanne commençait à s’élever, entre la colère et une peine profonde. Elle avait l’impression d’avoir son coeur coincé dans un étau, la douleur était à peine supportable, la belle blonde avait l’impression de suffoquer. “C’est encore pour me rendre la monnaie de ma pièce, c’est ça ?” Elle essuyait ses larmes avec ses mains, mais il y en avait d’autres qui apparaissaient aussitôt. “Comment tu lui as dit ça, déjà ? Penses-tu qu’il est possible d’aimer deux femmes aussi fort et aussi différemment ?” C’était la première chose qu’il avait répondu à Hannah. L’inconnu des lettres avait même pris le soin de légender chaque photo prise, disant à quel moment correspondait à quelle parole. Le regard qu’il lançait à la mannequin était sans appel. “Tu n’as jamais été vraiment à moi, pas depuis tout ce qu’il s’est passé. A la naissance de Daniel, tu ne m’as pas tout pardonné.” Joanne maintenait une certaine distance avec son fiancé. Ce n’était pas par méfiance, c’était qu’elle ne pouvait pas. “Il y aura toujours une partie de ta tête, de ton coeur, de ta chair et de ton âme qui seront à jamais à elle. Tu ne pas te passer d’elle, je le sais bien.” reconnut-elle. “C’est certainement mérité. Non, en fait, ça l’est. Tu aurais pu me le dire, je ne t’en aurais pas voulu.” Elle en aurait simplement subi les conséquences, c’était une chose qu’elle savait très bien faire. “J’aurais préféré que d’entendre et de voir par les yeux et les oreilles de quelqu’un tout ce qui a été dit.” Entendre la voix de Jamie dire tous ces mots, avec une facilité qui dépasse l’entendement, l’avait achevé. Si c’était ce qu’il attendait, il avait bien réussi. “Les phrases sont sortis toutes seules de ta bouche, Jamie. Tu lui as fait part de tes sentiments sans difficulté, tu reconnais que tu n’es pas vraiment toi sans elle. Quand vous vous aimiez si subtilement. Quand tu pouvais être toi avec elle.” Joanne se sentait bête de penser que tout pouvait redevenir comme avant, que tout était passé, pardonné, et qu’ils pouvaient penser à leur mariage sans encombre. Mais l’univers les rattrappait tout le temps, de bien des manières. Malheureusement, les faits étaient là. Jamie aimait une autre femme et il ne pouvait pas s’en passer. “C’est vrai, tout doit être plus simple avec elle. Vous êtes du même monde, vous vous comprenez et communiquez sans soucis. Vous appréciez les mêmes choses avec la même légèreté. Tout le monde le dit, que vous iriez parfaitement ensemble.” Du moins, sa mère pensait pareil, et les magazines fournis avec les autres documents étaient d’accord sur ce point. Ce qui était dit sur Joanne n’était pas franchement positif, mettant en avant son ignorance et son extrême naïveté. Rien qui puisse aider la jeune femme, bien qu’elle savait que ce n’était que de la presse pour distraire les plus curieux et gourmands de rumeurs. “J’aurais préféré l’avoir su par toi. Même si ça fait horriblement mal.” Le mot était faible, il était impossible de décrire une telle souffrance. Son coeur était comme déchiqueté, elle avait l’impression d’avoir perdu tout élan vital. Elle croisa ses bras, la tête baissée. Joanne était nerveuse sans trop savoir pourquoi. Même si les larmes coulaient, même si la voix tremblait, elle contenait la plus grande partie de ses émotions. Si ça ne tenait qu'à elle, elle hurlerait. La jeune femme avait encore beaucoup de choses à dire, mais rien ne venait sur le coup. Sans dire mot, elle se dirigea vers les escaliers, ayant l'impression d'avoir un poids sur sa cage thoracique. Son médicament était à l'étage. "Je sais que c'est tout de ma faute. Que j'en suis responsable. Mais je pense qu'il y avait un rapprochement avant d'avoir rendu la bague." Elle ne faisait que partager son avis, sa façon de percevoir les choses. Elle était tellement en colère, mais ne savait absolument pas comment l'extérioriser. Elle se torturait douloureusement les doigts alors qu'elle était à deux doigts d'exploser de l'intérieur. "Il faut que je monte." dit-elle, à bout de souffle. Elle se précipita sur les tiroirs de la salle de bain pour avaler un de ses cachets. Elle tentait encore et toujours de se contenir, de maintenir cette colère, cette rage. Mais elle continuait de l'aimer tout autant. D'apparence, elle semblait avoir retrouvé son calme. Elle fit quelques pas dans la pièce, fermant à clé la porte d'où elle venait d'entrer, sans penser à fermer la deuxième. Joanne fit quelques pas, prenant de profondes inspirations, mais elle n'en pouvait plus. Elle hurlait de douleur, de toutes ses forces, s'appuyant sur le rebord de la baignoire, d'une main. Elle se recroquevilla, tenant à peine sur ses jambes. Lorsque Joanne se redressa, elle vit son reflet dans l'un des miroirs de la salle de bain. Et elle haïssait tout ce qu'elle y vit. Aveuglée par absolument tout, la jeune femme utilisa ses deux mains pour les enfoncer violemment dans la glace, qui se brisa en mille morceaux. Elle s'appuya contre le mur juste à côté, où elle se laissa glisser jusqu'à arriver par terre, toute recroquevillée, et les mains ensanglantées.
La conversation avec Hannah qui a eu lieu quelques jours plus tôt m’a laissé secoué et vidé. Y songer me déprime profondément. Je n’ai pas vraiment le sourire depuis lors. J’attends que le temps fasse son affaire, s’il le peut. J’ai été piqué et ces mots demeurent comme du venin qui file dans mes veines. Il laissera sûrement des séquelles. Je distrait mon esprit du mieux que je peux. Ce prénom quitte mes pensées quand je suis en compagnie de ma fiancée et de mon fils. Plus d’heures supplémentaires, comme promis. Je rentre aussi tôt que possible dans l’espoir de réussir à donner son biberon du soir à Daniel, ou au moins le mettre au lit. Un rituel qui met du baume au coeur et égaye les journées parfois longues et intenses. Un rituel auquel je dois manquer ce soir, forcé de gérer une de ces situations de crise quotidiennes dans une rédaction. J’avais quasiment un pied dehors lorsqu’on est venu me chercher. C’est déçu que j’ai envoyé un message à Joanne pour lui dire que je rentrerai tard. Elle n’y a pas répondu. Ni à celui que je lui ai écrit pour la prévenir de mon retour imminent à la maison. Néanmoins, mon instinct me fait sentir que quelque chose cloche. Je ne sais pas quoi, mais une boule de nerfs s’est logée dans mon estomac, l’appréhension me gagne au fur et à mesure que j’approche de la rue où nous vivons. Ne pas savoir pourquoi est particulièrement insupportable. La maison est plongée dans un silence de mort lorsque j’en passe la porte. Les chiens, calmes et silencieux, viennent réclamer quelques caresses de bonsoir avant que je ne puisse me défaire de ma veste et de ma cravate pour me sentir plus à l’aise. Me permettant de perturber la concentration de ma fiancée sur le dîner, en cuisine, je m’approche ensuite d’elle pour l’embrasser. Rarement un refus a été aussi glacial de sa part. A peine rentré du travail, pas un signe de tendresse, seulement des accusations. Une pluie d’accusations qui me tombe dessus sans que je ne puisse rien dire. A vrai dire, sur le moment, je reste penaud, sans comprendre ce qu’il se passe. Perdu, je le suis encore plus quand elle me répète mot pour mot ce que j’ai dit à Hannah sur le pont. Mon coeur fille à toute allure, le fil de mes pensées tourbillonne au même rythme, me donnant une légère sensation de vertige. Je ne peux rien articuler, et de toute manière, cela ne servirait à rien. Joanne sait déjà tout. Elle a tiré ses conclusions. Elle souffre énormément et cela est une torture à voir. Elle suffoque légèrement. Finalement, elle disparaît à l’étage, me laissant seul avec tout ce désastre à assimiler. Je passe une main par mes cheveux, regarde autour de moi, comme pour m’assurer que je suis bien -malheureusement- dans la réalité. Mes jambes faiblardes m’avancent dans le salon, je trouve là l’enveloppe qui contient l’objet de la rage de la jeune femme. Une histoire au goût trop prononcé de déjà vu. Plus mon regard glisse sur les photos et les annotations, plus je serre les dents à m’en fissurer la mâchoire. Un vent glacial me traverse alors que je bous de l’intérieur. Je m’efforce de respirer profondément, mais il est difficile de garder son calme devant pareille malveillance. Je n’ai pas la moindre idée de la manière dont je devrais réagir. J’aimerais juste trouver la personne qui a envoyé ça et la détruire de toutes les façons possibles. D’ailleurs, je compte bien mettre la main dessus, et ça ne sera pas beau à voir. La seule pensée cohérente que j’ai pour le moment me pousse à prendre mon téléphone pour appeler un détective privé que je connais bien et qui est souvent utile aux journalistes de mon équipe. Je laisse un message sur son répondeur, lui demandant de me rappeler demain matin à la première heure. Je range mes idées petit à petit dans des cases qui me permettent de ne pas perdre mes moyens. Joanne est montée, ses médicaments sont dans la salle de bains. La douche aussi. J’attends un instant au pied de l’escalier, à l’affût de la moindre goutte d’eau froide qui serait en train de tomber sur ma fiancée. Mais dans le silence, la seule chose qui résonne soudainement est un cri lointain. Une partie de moi veut prendre ses jambes à son cou, retourner à la radio, y passer la nuit, et revenir demain soir une fois que les esprits seront moins échauffés. L’autre sait que je ne peux pas la laisser dans cet état. Sauf que je ne sais toujours pas quoi faire. C’est sans faire de bruit que je vais à l’étage, longe le couloir, et tente d’ouvrir la porte de la salle de bains. Fermée. En passant par la chambre, je tente l’autre porte. De l’autre côté, je vois Joanne recroquevillée par terre non loin d’éclats de miroir dont je ne serais pas étonné de trouver de petites miettes sous la peau de ses phalanges rouges. Une vision qui brise le coeur. Sachant qu’elle ne voudrait pas que j’approche, je m’assied de l’autre côté de la pièce, à même le sol, adossé contre un mur. “Tu es en colère contre les mauvaises personnes.” dis-je au bout d’un moment. Elle me haït, elle doit probablement s’en vouloir aussi. Nous ne sommes pas plus blanc l’un que l’autre pour autant, mais il y a mieux à faire que se déchirer à cet instant. “Je ne dis pas ça pour essayer de me défiler. D’ailleurs, tout ce que je répondrai à ce sujet, c’est que je ne pense pas avoir la moindre obligation de te rapporter tout ce qui ne concerne que Hannah et moi.” Notre conversation était privée. Notre relation ne regarde personne tant qu’elle ne remet pas en question mes sentiments pour ma fiancée, ni notre famille ou notre mariage. Tout cela est uniquement entre elle et moi. Elle est un peu une partie de mon jardin secret. “Nous pourrons en reparler plus tard, si tu veux. Quand tu seras calmée.” Ce qui doit sonner comme un véritablement comble de ma part. Et puis, je ne m’attends pas à ce que Joanne comprenne ce que je ressens vis à vis de la comédienne. Si elle pense que cela est simple pour moi, que les mots sont venus tout seuls, alors elle se trompe grandement. Il est particulièrement difficile d’assumer pareils sentiments que ni Joanne ni Hannah ne semblent comprendre. Je n’aurai jamais pu lui en parler sans que le résultat soit aussi désastreux que ce soir. C’est se voiler la face de prétendre qu’elle ne m’en aurait pas voulu. Elle ne l’aurait jamais digéré, d’une manière ou d’une autre. Elle n’est pas le genre de personne qui peut juste accepter ça sans avoir envie de hurler de désespoir. Et je serais pareil dans son cas. Nous sommes ainsi. “Te voir comme ça est très dur pour moi, et si je m’énerve à mon tour, ça n’ira nulle part.” j’explique, mon corps n’étant qu’une boule de nerfs aux muscles pris de petits spasmes, ce qui se devine à travers mon doigt bagué qui tapote contre ma cuisse. Non, si je perds ce semblant de contrôle, même si j’ai l’impression que mon cerveau fond sous cette pression, la situation empirera et pourrait avoir une issue regrettable. “Tu ne te demandes pas qui a envoyé ça? Ni pourquoi? Qu’est-ce qu’il nous veut?” Moi oui. C’est la seule chose à laquelle je pense. Trouver celui qui se croit avoir le droit d’influencer nos vies de cette manière et qui cherche à nous briser, pour mieux lui rendre la monnaie de sa pièce avec les intérêts. “Il y a quelqu’un qui s’acharne sur nous, c’est évident, pour des raisons qui m’échappent complètement. Quelqu’un qui sait où nous vivons, quand te trouver ici, qui me suit, et qui s’est mis en tête de nous faire du mal à la première occasion. Tu dois sûrement le prendre pour un justicier qui a la bonté de te révéler des choses que tu ne saurais peut-être pas autrement.Moi je vois une personne qui a déformé la réalité par le passé pour nous atteindre, et qui a voulu frapper plus fort cette fois. Et on ne sait pas à quel moment cela peut devenir plus menaçant, voir dangereux pour toi ou moi, ou même pour Daniel.” Et après son enlèvement, il n’est pas question que je laisse planer la moindre nouvelle menace sur ma famille. Joanne est sûrement trop obnubilée par le contenu de la lettre plus que par son expéditeur et ce que je lui dit lui importe peu je suppose, mais à mes yeux il est important qu’elle prenne ce facteur en compte. “C’est vers cette personne que tu devrais être en colère.”
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Toute recroquevillée sur elle-même, au milieu des débris de glace, Joanne voyait ses mains trembler. Pleines de sang, il y avait ça et là quelques particules qui s'étaient logées dans sa chair. La douleur était bien présente, mais complètement occultés par tout le reste. Jamie avait fini par rentré dans la même pièce. Elle s'en voulut, de ne pas avoir pensé à fermé la deuxième porte. Elle ne l'aurait pas laissé approché. Il s'installa alors de l'autre côté de la pièce. Elle ne lui adressait pas un seul regard. Elle prit un certain temps avant de lui rétorquer. "En colère contre les mauvaises personnes, toujours prendre les mauvaises décisions, toujours avoir un mauvais préavis sur les choses. C'est toujours mauvais, mauvais, mauvais." dit-elle tout bas, d'un ton presque dédaigneux, mais avec une voix encore affaiblie par son chagrin. Mais elle n'en pensait pas moins, c'était bien la première pensée qui lui avait traversé l'esprit en entendant sa phrase. Que méritait-elle au final ? Joanne aurait pu exploser lorsque Jamie dit qu'il n'avait pas à se justifier quant à ce qu'elle a pu voir et écouter de ce que l'on lui avait envoyé. Donc il ne lui avouera jamais les sentiments qu'il pouvait éprouver pour la mannequin. Ca ne regardait pas sa fiancée, oh que non. Il fallait en parler quand la belle blonde sera calmée, Joanne aurait pu en rire. C'était l'hôpital qui se foutait de la charité et sur l'instant, tout ce qu'elle pouvait ressentir pour lui n'était que de la haine. Enervée au possible, et cherchant à serrer quelque chose de toutes ses forces entre ses doigts, elle brit l'un des débris de glace qu'elle enferma fermement dans sa paume, et qui allait certainement laissé des marques. "Mais toi, tu ne voudras pas en parler." dit-elle sèchement. "Tu viens juste de le dire, tu ne penses avoir la moindre fichue obligaton de me rapporter quoi que ce soit sur ta relation avec elle." Joanne avait l'impression qu'il se fichait d'elle, totalement. Jamie avait certainement raison de pointer du doigt ce qui clochait vraiment, mais elle était encore trop aveuglée par tout le reste pour mettre en avant cette problématique. Deux fois qu'on lui envoyait des photos, des documents divers. Que cherchait donc à faire cet inconnu, quel était son but ? Elle l'écoutait quand même, les yeux baissés. "Je ne le prends pour rien du tout." Elle n'en avait rien à faire pour le moment, de qui était l'expéditeur. Jamie voulait qu'elle réoriente toute sa haine avec cet inconnu. Un beau moyen de se défiler. Elle resta longuement silencieuse, serrant toujours de toutes ses forces ce bout de glace. "Donc selon, je n'aurai jamais du savoir toute cette histoire ? J'aurais du te croire dès le début que ce n'était qu'une amitié,une simple et banale amitié." Ca l'exaspérait. "Mais tout le monde fait pareil, personne ne manque à la règle, à ce que je vois. Cachons tout ce que nous pouvons à Joanne, tout ce qui est trop dur pour elle, tout ce qu'elle pourrait mal interpréter, histoire de ne pas la retrouver en miette ou prise au piège. Elle est beaucoup trop naïve pour ça, elle a beaucoup trop d'imagination, autant ne pas lui laisser d'indices avant que ça ne parte en vrille. Laissons la dans sa belle ignorance et dans le mensonge, et tout se passera très bien. Faisons-la croire ce qu'elle a envie d'entendre." Pourtant, Joanne avait horreur du mensonge. Elle préférait une vérité qui fait mal plutôt qu'un mesonge doux et délicat, qui ne heurtera personne. Juliet et Reever lui ont fait le coup, à peu près tout le monde, à vrai dire. Elle pensait que Jamie sortait du lot, que tout irait mieux depuis qu'ils désiraient tous les deux s'ouvrir à l'autre, voilà que ça se résumait en un véritable échec. Elle avait le sentiment d'être dans une énorme inégalité. Elle n'avait pas de telles choses à lui cacher, elle n'avait plus rien à lui dissimuler. Joanne n'avait plus de jardin secret depuis un moment déjà, alors que ce lui de son fiancé semblait être énorme. Dieu sait tout ce qu'il pouvait encore intentionnellement lui cacher. Les larmes étaient toujours fréquentes, sa bouche était sèche. La chose était simple, elle avait le coeur brisé. Et pourtant, sa bague était toujours à son doigt. On pouvait peut-être dire qu'elle l'aimait autant qu'elle le haïssait. Elle souffrait, elle souffrait énormément. Ce n'était pas le genre de douleur que l'on parvenait facilement à quantifier. Il n'avait pas idée à quel point il lui faisait mal. Une nouvelle fois, Joanne imposa son silence. Elle ne savait même pas ce qui pouvait encore être dit. Pour le peu de force qui lui restait, elle l'utilisa à pleurer de plus belle une nouvelle fois.
“Si j’ai dit qu’on pourra en parler, c’est qu’on pourra en parler.” dis-je avec autant de calme que je le peux alors que je n’ai qu’une envie, c’est de coller une immense baffe sur les deux joues rouges et humides de Joanne depuis qu’elle a saisi le morceau de verre entre ses mains pour le serrer. Et dire que c’est moi qui consulte. Bien sûr, elle se fiche bien de ce que je lui dit. Même l'éventualité que la personne qui a pris les clichés puisse s’approcher de Daniel ne lui fait pas le moindre effet. Je serre les dents, croise les bras, et me retiens toujours du mieux que je peux d’agir d’une manière que je pourrais regretter. Mais quelle lâche ce fichu bout de glace. “Tu n’es pas idiote, tu sais très bien et tu as toujours su que ça n’est pas qu’une amitié banale.” je réponds cash, sans hésitation, froid au possible. Elle sait comment je suis avec mes amis, ou juste en compagnie, en société, et cela n’a rien à voir avec ce qui me lie à Hannah. Me liait. Nous n’aurions jamais franchi la ligne jaune si Joanne ne nous y avait pas poussé. Nous serions restés ces amis à l’amour platonique adorant refaire le monde. Elle seule à ouvert la porte à tout ce qui a eu lieu. Je l’admets rarement sans y mettre les rondeurs, mais elle est la seule à blâmer. “Arrête ton cinéma.” dis-je sèchement après sa tirade supposée en faire la grande victime d’une machination mondiale contre elle. “C’est pathétique.” Je me lève et m’assois devant elle. Finalement, me fichant bien de lui faire mal puisqu’elle se fiche de s’en faire toute seule, j’attrape ses mains pour lui arracher le miroir d’entre les doigts, quitte à me couper aussi, et je garde fermement ses poignets serrés et mon regard dans le sien. “Tu t'apitoies sur ton pauvre sort comme une gosse. Alors que tu le dis toi-même, tu as conscience de trop penser, de mal penser, de tout voir en noir, de tout interpréter de manière biaisée. Tu le sais, que tu te fais du mal, que tu te montes des scénarios qui sont faux. Tu crois que le monde entier est contre toi et cherche à te nuire, tu vois la moindre difficulté comme une montagne, et les plus petites erreurs deviennent des drames. Tu te sens agressée quoi qu’on fasse, tu te sens misérable quoi qu’on dise, et il suffit d’un mot, UN MOT de travers pour foutre en l’air des jours, des semaines, des mois d’efforts. La franchise ne mène à jamais rien de bon avec toi, alors ne t’étonne pas que personne ne veuille te parler en toute honnêteté.” Puisqu’elle ne veut pas être ménagée, alors elle ne le sera pas. Trop c’est trop. “Tu crois que c’est facile pour les autres, pour moi, de peser le moindre mot prononcé, d’avoir constamment peur que tu te fasses tomber en dépression toute seule et de passer son temps à te protéger contre toi-même? Tu mets une épée de Damoclès au dessus de la tête de tout le monde en menaçant de finir au trente sixième dessous dès que quelque chose ne te plaît pas. Tu es faible, ou en tout cas tu agis et réagis comme tel, alors ne vient pas cracher sur ceux qui font absolument tout pour t’aider et te garder la tête hors de l’eau.” Mon ton est de plus en plus fort et dur. Ma voix résonne dans toute la salle de bain et le léger écho ne lui donne que plus d’ampleur. “Tu veux que ça change? Alors commence par te changer, toi. C’est trop facile d’exiger du changement lorsque l’on est pas prêt à y mettre du sien, Joanne. Tu es la propre cause de ta condition.” Dieu sait que je m’y connais en changements. Elle n’a aucune excuse pour ne pas se donner du mal. Moi qui pensait que, justement, elle le voulait. Elle peut gigoter autant qu’elle le veut, je ne la lâche pas. Et je me fiche qu’elle ait peur, qu’elle soit blessée, qu’elle pleure. “J’aime Hannah d’une toute autre manière que je ne t’aime toi, et qui ne change absolument rien aux sentiments que j’ai pour toi. Elle me ressemble, elle me comprend sur bien des sujets, elle est drôle, cultivée, et c’est une très, très belle femme. Mais la dernière fois que je suis allé à Sydney, je suis revenu fiancé à celle que j’aime, et devines quoi, ça n’était pas elle. Ca n’était pas Hannah. Elle m’a haït pour ça, elle me hait toujours pour ça, et elle ne veut plus me voir. Mais ça tu le sais déjà, n’est-ce pas? Alors arrête ton cinéma, Joanne. Si tu es dans cet état c’est parce que tu sais l’importance qu’elle a pour moi, pourtant je l’ai sûrement perdu pour toujours pour toi. Est-ce que tu es aveugle et égoïste au point que tout ça n’ait pas d’importance pour toi?”
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Jamie se leva subitement pour s'installer en face d'elle, afin de retirer d'une force certaine le morceau de glace que sa fiancée tenait encore plus fermement à ce moment là. Suite à quoi, il prit brusquement ses poignets, qu'il serrait fort, et ça faisait mal, tout en prenant d'assaut les yeux rouges de la jeune femme. Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, elle n'eut aucun mal à le défier du regard. Il n'y avait là que de la haine, de la colère. C'était de là d'où venaient encore ces larmes qui continuaient de couler. Oui, il était sec, oui, il était glacial, et ses mots étaient loin d'être agréable, mais elle encaissait tout, sans même cligner des yeux. Elle l'écoutait sans brancher, sans se laisser faillir. "Oui, je suis faible. Oui, je suis pathétique, et aveugle, et méfiante." dit-elle au bout d'un moment, d'un ton tout aussi, mais bien moins fort que lui. Elle n'aimait pas lorsqu'il lui hurlait dessus de la sorte, mais un rapport de force s'était subitement créé entre eux deux, et Joanne ne voulait pas se laisser marcher sur les pieds. "Oui, peut-être que je ne suis bonne qu'à être internée." Jamais elle ne quitta son regard, comme si elle le défiait. "Si je suis un fardeau pour absolument tout le monde, si je les emmerde d'autant que tu puisses le dire, qu'est-ce que tu attends pour signer des papiers pour demander à m'interner, Jamie, hein ? Plus d'épée de Damoclès sur la tête de qui que ce soit, plus la peine de peser ses mots ou de faire tellement d'efforts pour devoir me supporter quotidiennement." Ce serait une solution de simplicité. Mais qui rappellerait certainement trop de devoir signer les mêmes papiers qu'il avait fait pour sa mère. "Plus personne n'aura une petite blonde dépressive et parano dans les pattes, ça devrait tous vous convenir." Elle savait qu'elle n'était pas saine d'esprit, qu'elle aurait peut-être aussi besoin d'aide, dans le fond. Mais pour une personne qui était totalement réfractaire aux psychologues, la route semblait déjà barrée d'avance. Mais il fallait avouer que le fait que Jamie ait dit qu'il aimait Hannah l'avait beaucoup heurté. "J'ai voulu que ça change, Jamie. La semaine dernière, je me suis ouverte à toi comme je n'ai jamais pu le faire, comme je n'aurai jamais osé imaginer le faire un jour. L'alcool y a aidé, je le sais, mais j'étais encore suffisamment saine d'esprit pour savoir ce que j'étais prête à te dire. Et j'étais prête à continuer sur cette voie, à ce que tu deviennes mon confident. A avoir enfin quelqu'un à qui parler de tout ça, parce que je n'avais plus personne à qui en parler. Et ne viens pas dire que je n'y ai jamais mis du sien, parce que j'ai toujours fait ce que j'ai pu pour faire en sorte que nous soyons une famille. J'ai fait des erreurs, oui, j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir de réparer, qu'importe la suite des événements, qu'importe que tu me haïsses pendant des mois avant que ça ne s'estompe un tout petit. Tu m'as frappée, j'ai rendu la bague. On a tous fait des conneries plus immenses les unes que les autres. Alors oui, je n'ai qu'à m'en prendre à moi-même, puisque j'ai déclenché votre amour idyllique à tous les deux." Sa voix à elle s'élevait également, mais beaucoup plus en crescendo. "Oui, c'est à cause de moi que tu te l'aies tapé je ne sais combien de fois, que tu as pu l'admirer sous toutes les coutures. Et crois-moi, j'en ai fait les frais. Mets-toi juste une demi-seconde à ma place, Jamie. Comment tu réagirais si j'avais une telle relation avec un homme, hein ? Comment tu réagirais si on t'enverrait aussi des clichés et un enregistrement pareil ? Tu serais là oh, mais non, c'est purement amical, je n'ai rien à craindre. Tu serais peut-être plutôt parti mettre à tabac l'homme en question et ne jamais me le pardonner. J'ai pas raison ?" Les circonstances auraient été différentes, certes, mais dans le fond, la tableau serait très similaire à celui-ci. "Et ne viens pas me parler de sacrifice. J'ai coupé les ponts avec mon frère pour toi, mais aussi avec James." Un de ses rares amis. "Alors oui, c'est une belle preuve d'amour, mais comme tu me le dis là, ça sonne franchement comme des regrets, la plus grosse erreur de ta vie. Mais je peux comprendre, la vie est tellement plus facile avec une femme si belle avec qui tu adores passer du temps qu'une qui n'est qu'une folle à lier, tout juste bonne pour être internée." Essoufflée, elle reprit un peu sa respiration, sans pour autant baisser sa garde ou grimacer par la douleur au niveau de ses mains et des poignets. Elle maintenait son regard sans difficulté. "Tu veux me l'entendre dire ? Oui, je me tue de jalousie que tu puisses t'entendre aussi bien avec une autre femme, que tu la trouves magnifiques à tes yeux et avec qui tu adores passer tes soirées et tes galas parce que ta pathétique fiancée est incapable de gérer son stresse. Oui, c'est insupportable de savoir que tu puisses autant tenir à quelqu'un et l'aimer, qu'importe la forme d'amour que cela puisse être, et dont tu serais prêt à tout pour avoir un peu de son attention à nouveau. Oui, ça me ronge de l'intérieur que tu ne puisses pas me parler de tout ce dont tu voudrais parce que je ne comprendrais pas, parce que je ne suis pas de ton monde et que je ne comprends rien à ses subtilités. Donc oui , cette jalousie là me rend aveugle Jamie." Ce n'était pas évident de reconnaître tout ça, de lâcher tout ce qu'elle avait sur le coeur. "Mais ça, tu peux pas comprendre ce que je ressens parce que la situation ne s'est jamais inversée." Ce n'était pas volontaire, ça aurait très bien pu arrivé, que Joanne se trouve quelqu'un d'autre qui lui convienne. Qu'elle se sente aussi bien avec lui que Jamie avec Hannah. C'était une chose qui Jamie ne comprendrait jamais. "Et non, je ne savais pas qu'elle ne voulait plus te voir." admit-elle. Ils n'avaient parlé d'elle que dans leur relation intime, mais jamais de l'après. Peu à peu, Joanne se fragilisait. Epuisée par les hurlements, les cris et les larmes, elle baissait sa garde. Elle ne s'était pas débattue, elle n'avait pas lutté pour qu'il la libère de son emprise. Son coeur était en miettes. A vrai dire, il n'y avait plus vraiment de Joanne. Juste une petite poupée brisée de partout qui n'attendait qu'à s'endormir sous une bonne douche froide. "Laisse-moi, s'il te plaît." dit-elle bien plus calmement. Mais il semblait ne pas vouloir bouger. "Laisse-moi seule !" répéta-t-elle alors d'un ton bien plus fort, reprenant ses sanglots de plus belle.
Depuis que je connais Joanne, j'ai la conviction bien ancrée qu'elle cache quelque chose de plus fort que ce qu'elle montre et vit au quotidien, profondément en elle. Plus le temps passe, moins j'y crois. J'ai sûrement eu trop d'espoirs. Peut-être que Joanne ne se résume en effet qu'à cette petite poupée fragile qui se fissure au moindre choc. Entre les promesses pleines de bonne foi auxquelles elle ne croit pas et les grandes résolutions qui ne tiennent qu'une semaine avant que la jeune femme ne décrète que c'est un échec, je suis peu à peu résigné à l'idée que je peux rien faire. C'est insupportable. « Crois-moi, si je pensais que ça serait pour ton bien, je le ferais. » L'interner, comme ma mère, comme mon frère après chaque tentative de suicide. Il n'y a pas de hasard, non ? Mon monde perd les pédales, sûrement parce que je ne suis pas ce qu'il y a de plus saint d'esprit. Mais je veux réussir à aider Joanne. La sauver. J'ai besoin d'y arriver. Je n'y suis pas arrivé pour Oliver, alors je ne peux pas la laisser se noyer. Pas celle que j'aime tant et bien trop. Qu'elle n'arrête pas de parler d'internement me rend dingue. Je pourrais la frapper pour la faire taire, mais je fulmine plutôt en essayant de me contenir. « Arrête avec ça. » Ca n'est pas ce que je pense d'elle, et je ne le penserai jamais. Je pense qu'elle a besoin de plus d'aide que je ne peux lui en donner seul, mais elle n'est pas folle. Son seul problème est d'être incapable de s'aimer elle-même, et d'aimer une personne visiblement toxique pour elle. Je me dis que c'est moi qui la rend ainsi. C'est sûrement moi qui ait rendu tout le monde cinglé autour de moi. Soudainement lassée, Joanne m'ordonne de la laisser. « Non. » je réponds sèchement, la maintenant un peu plus fort. « J'ai dit non ! » je hurle, puisqu'elle hausse le ton aussi. « Non je ne vais pas te laisser seule avec tous les moyens possibles de te faire du mal. » Elle en a déjà bien assez fait. « Qu'est-ce que tu feras hein ? Tu resteras sous l'eau froide jusqu'à geler ? Tu vas serrer du miroir jusqu'à t'ouvrir les mains ? Ou tu vas juste laisser tes pensées te bouffer ? Ca ne fera pas disparaître le problème, et ça n'arrangera rien, au contraire. Ce que je ressens pour toi ou pour Hannah est à prendre ou à laisser. Elle a fait son choix. Mais ça n'est pas quelque chose que je peux contrôler. Alors c'est comme ça, Joanne. Et crois-moi, je sais que c'est dur. » Même si je ne le vis pas du même côté qu'elle, et j'espère que cela ne sera jamais le cas. Être dans cette position est un enfer pour moi. Je rêve qu'on me trouve un antidote pour être enfin tranquille, que tout redevienne parfaitement simple. Je voudrais remonter le temps pour changer les choses. Ne pas aller à ce gala où j'ai rencontré Hannah et revu Joanne. Ignorer son message. Ne plus jamais revoir la comédienne. Les deux femmes ne sont pas compatibles dans ma vie, pourtant j'ai besoin d'elles deux. Je n'arriver pas à combler le vide que l'absence de l'une ou l'autre laisse dans mon coeur. Mes mains lâchent les poignets de Joanne. Mes paumes sont coupées à cause du miroir et pleines de sang, la fine plaie brûle au contact de l'air. Mais je ne remarque pas tout cela. Mes mains saisissent donc fermement le visage de Joanne, mon regard toujours planté dans ses yeux bleus. « Mais je suis toujours à toi. Et tu es toujours à moi. » je murmure près de sa figure. Même si un bout de moi reste finalement sous l'emprise d'une autre femme, tout le reste de mon corps, mon âme et mon coeur appartiennent à ma fiancée. Celle que j'aime et aimerai toujours au point d'en perdre la raison. « Tu es à moi... » je répète tout bas. Mes doigts glissent entre les cheveux de la jeune femme pour les rabattre derrière ses oreilles et dégager son joli visage. Le sang forme des traces sur ses joues, et quelques tâches sur ses mèches blondes. Et je m'en fiche bien. « Je ne ferai pas que tabasser l'homme qui voudrait t'arracher à moi, non. Oh non... » Je le tuerai, je jure que je le tuerai sans hésitation. Je le sais, je n'ai pas de doutes à ce sujet. Rien que de songer à perdre Joanne me ferait perdre le contrôle. Je ne pourrai pas retenir mes coups. Je pourrais frapper jusqu'à épuisement. Je pourrai facilement m'en prendre à elle aussi dans ce genre de rage. Plutôt la voir morte qu'avec quelqu'un d'autre. Plutôt mourir que de supporter de savoir qu'un autre la rend heureuse. « Tu n'as pas idée... » D'ailleurs, j'espère avoir une de ces absences lorsque je mettrai la main sur la personne qui a envoyé ces lettres. Je préfère ne pas voir et éviter d'être spectateur de mon propre cauchemar.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie ne voulait pas la laisser seule. Il la connaissait trop bien qu'elle ne serait pas loin de se tuer si on la laissait isolée à un moment pareil, après une telle dispute. Joanne avait horreur de ces querelles, bien qu'elle les démarrait souvent. La confrontation ne faisait pas partie de ses points forts, et pourtant, elle était parvenue à soutenir le regard de son fiancé et à lui rétorquer sèchement des réponses sans beaucoup de mal. Il disait que c'était dur pour lui. Ca devait l'être, certainement, mais d'une bien autre façon que ça devait être pour sa fiancée. Il finit par lâcher les poignets de sa belle. Leurs mains étaient toute ensanglantées, celles de Joanne était plus déchiquetées que celle de Jamie. Aucun des deux n'avait les mains propres, sur tous les plans possibles. Ils étaient tous les deux fautifs. Malgré les doigts sales, il prit fermement son visage entre ses mains, afin de maintenir son contact avec le regard. Jamie ouvrit à peine la bouche que de nouvelles larmes se laissaient tomber sur les joues de la jeune femme. "Mais tu ne le seras jamais entièrement." rectifia la jeune femme, la voix tremblante. "Et tu peux pas savoir à quel point c'est frustrant de ne pas arriver à être en mesure de te comprendre sur tous les points. A cause de toutes ces différences." Joanne était bien plus bas dans l'échelle sociale que lui. Des moeurs, une éducation différente. Rien n'était propice à ce qu'ils se comprennent l'un l'autre. "Je sais que je ne suis pas capable de grand chose, mais c'est ce qui me blesse le plus. Ca fait tellement mal." Dans le fond, ce n'était pas tant Hannah le problème. Le fait que ce soit elle n'avait fait que décupler le phénomène. Mais c'était vraiment le fait qu'il ne pouvait pas se confier à elle sur certains parce qu'elle n'en comprendrait pas les subtilités, parce qu'elle ne savait pas comment ça fonctionnait, dans son monde. A ses yeux, c'était un manque qui lui empêchait d'accomplir son devoir conjugal, d'où ce sentiment d'incapacité. C'était dur de lui pardonner, mais surtout de se pardonner. Malgré tout, Joanne acquiesça d'un simple signe de tête lorsqu'il disait qu'elle était à lui. Ce fait ne changeait pas à ses yeux, coeur brisé ou non. La jeune femme déposa ses mains en sang sur les siennes et l'écoutait avec attention. "Tu tuerais ?" demanda-t-elle, en reniflant un peu. "Tu tuerais pour moi ?" Ce n'était pas des mots à prendre à la légère, surtout lorsque ça venait de Jamie Keynes. Au fond d'elle, Joanne connaissait déjà certainement la réponse. Mais elle voulait être sûre de ses suppositions. "Mais... qui te dit que celui ou celle qui m'a envoyée tout ça depuis le début compte m'arracher de toi ? Je ne veux pas te quitter, je veux me marier avec toi." Malgré le sang, l'état laborieux du sol, et un fond de colère qu'elle avait toujours à son égard, Joanne l'aimait toujours autant. C'était incroyable à quel point ce sentiment pour l'autre était impossible à détériorer. Ca restait une évidence. "Qui te dit que ce n'est pas plutôt quelqu'un qui cherche à m'évincer parce qu'il ou elle pense que tu seras bien mieux avec Hannah ?" C'était cette théorie, ou celle émise par Jamie, il n'y avait pas d'autres choix. Mais elle se demandait pourquoi Jamie s'aiguiller plus sur une option que sur l'autre. Joanne sanglotait toujours, un peu plus silencieusement. Jusqu'à ce qu'elle prenne l'une de ses mains pour l'embrasser, qu'importe si du sang venait rougir ses lèvres. Qu'importe si quelques gouttes venait pénétrer sa bouche. Joanne se focalisa alors sur la main de Jamie, le caressant du bout des doigts, prenant soin d'éviter ses blessures. Ses mains à elle étaient dans un piteux état. Lui qui les aimait tellement, il n'allait certainement plus autant les chérir vu leur été. Joanne ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Pendant cette période de flottement, elle était complètement ailleurs. La seule chose qui la rattachait à la réalité était les mains de Jamie, qu'elle continuait de caresser et de contempler. C'était étrange, elle ne pensait à rien. Elle ne se laissait pas ronger par quoi que ce soit. Sa tête était vide et il y avait un lourd poids en moins. C'était apaisant. Malgré le désastre autour d'eux, Joanne se sentait étrangement apaisée, perdue dans ses rêveries vidées de toute pensée.
Ce besoin d'appartenir entièrement l'un à l'autre est finalement une belle utopie. Quand on y pense, si une partie de moi sera toujours un peu dédiée à Hannah, un bout de Joanne appartiendra toujours à son passé commun avec son ex-mari. Elle l'a aimé. Ca ne s'oublie pas, ça ne s'efface jamais complètement. « Toi non plus. » je réponds alors tout bas. Même si cela est difficile à accepter. Nous ne sommes pas le premier et seul amour de l'autre, mais nous pouvons espérer être le dernier. Qu'importe les différences. Je secoue négativement la tête. Toujours faire une montagne d'une taupinière. « Arrête, Joanne. On ne se comprend pas sur tout et ça n'est pas un drame. Aucun couple n'est parfait et sûrement pas le notre, mais c'est ainsi. » L'important, c'est d'être heureux ensemble. Mais à cet instant, je me garde bien d'ajouter ce détail. Ni elle ni moi ne transpirons le bonheur. Plus tard peut-être. Peut-être pas ce soir. Un soir sans. Joanne pose ses mains sur les miennes, demandant si je tuerais pour elle. « Bien sûr que je le ferais. » je réponds sans une once d'hésitation. N'importe qui approchant de trop près pour essayer d'atteindre son corps ou son coeur pourrait bien mal finir. Je protège ma famille et mon couple contre n'importe qui. Depuis le décès d'Edward, je me suis promis qu'aucune menace ne serait tolérée, et encore moins impunie. Et la personne qui a envoyé les clichés ce soir s'est fait un ennemi, peu importe les raisons de son geste. « Je n'en sais rien. Qu'importe ses motivations finalement. Si je le trouve, je le détruis. » Délicatement, j'attire Joanne dans mes bras. Je cale sa tête contre mon torse, et passe le bout de mes doigts sur ses cheveux déjà tâchés. Je me fiche complètement du sang. Il sera nettoyé plus tard. Je garde ainsi la jeune femme tout contre moi un long moment, les cris retombant dans un parfait silence. Impossible d'entendre la moindre pensée dans l'air. Les esprits sont vidés et fatigués. Je dépose parfois un baiser sur la tempe de ma fiancée. La rage a laissé place à de la tendresse sans vraiment de transition. « Je t'aime tellement. » je lui murmure tout bas, la berçant légèrement. Le visage un peu enfoui dans sa chevelure, j'inspire son parfum, assimile sa chaleur. Ma poupée est une coquille bien vide à cet instant. Alors je la manipule afin de l'asseoir sur le rebord de la baignoire, toujours avec la plus grande des délicatesses. Je prends un petit tabouret et m'installe devant elle avec un gant de toilette humide, du coton et de l'alcool. Lentement, tout doucement, je prends ses mains l'une après l'autre pour les nettoyer de la paume au bout des doigts. Je retire autant que possible la poussière de miroir enfouie dans les plaies, puis les désinfecte. Quel gâchis. Je poursuis jusqu'à ce qu'elle ne saigne plus. « Tu devrais prendre une douche. Tiède. Ce te fera du bien. » dis-je en faisant comprendre qu'elle n'a pas vraiment le choix. Elle toute barbouillée de traces rouges sur les joues. Avant qu'elle ne se déshabille, je ramasse autant de bouts de verre que possible sur le sol pour éviter qu'elle ne marche dessus. Mes mains sont passées rapidement sous l'eau. Un nettoyage plus en profondeur attendra plus tard. Essayant de faire confiance à Joanne, je la laisse seule pour sa douche. Mieux vaut être chacun un peu de son côté pendant un petit instant, le temps de se remettre de nos émotions. Pour ma part, je retourne dans le salon. Je récupère la lettre et son contenu, réunit le tout et le cache dans la sacoche qui m'accompagne au travail -celle que la jeune femme m'a offerte à Noël. Je donnerai le tout au détective privé dès que je le verrai. En remontant pour retourner dans la chambre, je passe par celle de Daniel. Le petit n'est pas là. Le berceau vide me serre le coeur. Je l'aurais volontiers pris dans mes bras pour profiter de son air apaisé. Lui qui ne connaît rien des tracas de la vie. Par moments, je me dis qu'il ressemble en effet à Oliver sur certains points. Je me rappelle que j'ai oublié d'appeler ma mère ce soir. Elle n'a pas droit à beaucoup de contacts avec l'extérieur, et normalement, les coups de fil sont interdits. Alors nous nous voyons furtivement sur Skype sous la surveillance du personnel à des moments précis. Le nom de famille permet bien des privilèges. Elle demande à chaque fois à voir Oliver. C'est un véritable crève coeur. Je regarde l'heure sur mon téléphone ; oui, il est bien trop tard, le rendez-vous est passé. Elle doit être déçue. Ou non. Je n'en sais trop rien. J'aime assez m'imaginer sa moue triste devant l'ordinateur, et l'appel qui n'arrive pas. Mais je pense qu'elle se fiche bien de me parler. Elle ne veut qu'Oliver. Assis sur le bord du lit de la chambre parentale, les pensées reviennent et retrouvent leur place dans mon crâne. Je dois absolument trouver qui a envoyé ces photos, le scénario ne peut pas recommencer encore une fois.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Pour lui, ce n'était peut-être un drame. Mais Joanne était quelqu'un qui avait beaucoup de mal à relativiser, surtout pour ce genre de choses. Et pour elle, c'était quelque chose de grave, ce n'était pas bien que ce soit ainsi. Oui, leur couple était gavé d'imperfection, beaucoup trouvait que ce n'était que malsain et purement lié au sexe. Personne ne prenait le temps de comprendre leur relation, ils ne savaient pas ce que c'était. Il était évident, et spontané, pour Jamie qu'il commettrait d'horribles choses si on venait à trop s'approcher de Joanne. Histoire de maintenir leur couple en place. Il y avait déjà bien assez de facteurs extérieurs et intérieurs qui les mettaient quotidiennement au défi. Une tendresse venue de nulle part s'instaura entre lui et elle. Jamie la laissa caresser ses mains avant de l'attirer très délicatement contre lui. Il semblait incroyablement déterminé à trouver celui qui tourmente sa belle depuis plusieurs mois maintenant. Il devait forcément savoir qu'elle était fragile, et que c'était facile de l'avoir ainsi. Jamie passait doucement ses doigts dans ses cheveux, il la berçait en se balançant légèrement. Elle entendait son coeur battre dans la poitrine. Ca, mêlé aux caresses et à sa chaleur corporelle auraient la faire s'endormir. Elle était tellement épuisée par ce qu'il venait de se passer. Au bout d'un moment, Jamie la manipula sans difficulté, et non sans délicatesse, afin de la faire asseoir sur le bord de la baignoire. Là, Jamie pansait méticuleusement ses nombreuses plaies. Il ôta tous les corps étrangers, nettoyait à l'eau, désinfecait. C'était douloureux, ça piquait, ça brûlait, mais elle ne réagissait pas, se laissant simplement faire. Il fallut un certain temps pour que ses coupures cessent de saigner, mais Jamie se montrait patient. Une fois que ses mains étaient sèches, il exigea d'elle qu'elle prenne une douche, en prenant le soin de préciser la température de l'eau. Toujours aussi vidée et lessivée, Joanne acquiesça d'un simple signe de tête. Une fois la consigne donnée, il dégagea le sol de la salle de bain des débris du miroir. Joanne restait assise, inerte, jusqu'à ce qu'il quitte la pièce pour qu'elle puisse se laver. Elle regardait ses mains meurtries, qui tremblaient. Elle finit enfin par se lever, se déshabiller et filer sous la douche. Elle laissait l'eau tomber sur elle, et elle regardait longuement le régulateur de température, bien tentée faire de le pivoter afin que l'eau devienne subitement glaciale. Non, se dit elle, Jamie a dit que la douche devait être tiède. Alors, elle n'y toucha pas, et finit par se laver. Parfois, elle contemplait longuement l'était de ses mains; c'était désastreux. En sortant de la douche, elle avait tout de même un peu froid. Elle se sécha succinctement, avant d'enfiler une chemise de nuit et son kimono par-dessus. Elle ne s'attendait pas à voir Jamie dans la chambre, assis de son côté de lui. Joanne pensait qu'il serait parti nager, ou se vider la tête à l'étage, dans son atelier. Elle hésitait à l'approcher, et finit par s'asseoir au bord du lit, de son côté. Ses yeux restaient rivés sur ses mains. Ses cheveux encore bien humides laissaient tomber des gouttes sur elle. Il y eut un long moment de silence. La tête toujours aussi vidée, Joanne prit la parole, d'une voix bien faible. "Ca fait un bout de temps que je me dis que je ledois. Etre une meilleure personne. Du moins, travailler sur moi, arrêter de trop penser, m'accepter comme je suis et accepter ce qu'on peut dire de moi." commença-t-elle. "Ca fait plusieurs semaines que je lis des articles sur le manque de confiance en soi, le pessimisme, les idées noires, ce genre de choses. Avec toujours une liste de conseils, en disant que ce n'est pas compliqué. Je trouve que c'est plus facile à dire et écrire qu'à faire. Ils disent qu'il faut avant tout s'accepter soi-même, mais ça, ils n'expliquent pas comment faire." Ses mains tremblaient toujours. "Ce doit être quelque chose qu'on doit trouver soi-même, je suppose. Pour les idées noires, beaucoup disent que le meilleur remède, ce sont les antidépresseurs, ce n'est pas très encourageant comme propos." Avoir directement recours à la médication l'effrayait, ça la terrorisait. "Et je me suis dit que je pouvais peut-être enfermer toutes ces idées là dans une petite boîte. Une toute petite boîte, je me suis dit que si je me l'imaginais petite, je l'oublierai facilement. Mais il suffit d'un rien pour la faire exploser et tout revienne d'un coup." Sa voix restait calme, assez neutre, mais tout ce qu'elle disait venait droit du coeur. "Mais je me dis qu'il faut que je regroupe tout ça et que j'arrive de nouveau à tout enfermer pour pouvoir envisager d'avancer. De devenir quelqu'un d'un peu moins faible. Ce serait utopique de dire que je pourrais devenir forte." dit-elle avec un sourire triste. "Ca me prend toujours beaucoup de temps de tout regrouper et tout enfermer de nouveau. J'essaie d'être plus rapide, mais je n'y arrive pas très bien." Elle s'en voulait un peu, de ne pas arriver à correctement gérer tout ceci. "Depuis que ça a été plus ou moins décidé, je m'étais fixée comme objectif d'avoir un minimum de résultat pour notre mariage. Pour que tu vois ne serait-ce qu'une toute petite différence, que tu sois un peu fier de moi, et que je ne paraisse pas aussi inapte que ce que l'on peut penser maintenant." Elle ne comptait pas lui en parler, mais Joanne était à nouveau dans une de ces phases où elle ne contrôlait pas tout ce qu'elle disait. Il fallait juste que ça sorte. "C'est pour ça que je me suis mise à acheter un peu plus régulièrement de la lingerie. Parce que tu as ce regard là qui dit tout d'un coup. Que je suis belle, que tu n'en demandes jamais plus. A ce moment, la petite boîte devient tout aussi solide que de l'acier, elle me semble impénétrable et il n'y plus rien qui puisse ruiner ce moment là. J'aime bien faire parfois plus attention à moi, pour toi. Parce que j'espère que tu me regarderais de nouveau comme ça, et ça me fait tout de suite sentir mieux. Et à ce moment là, je me demande pourquoi en dehors de ça, je reste tellement bornée, à ne pas vouloir me voir dans un miroir ou ne pas m'assumer et ne pas accepter que je puisse plaire. Même s'il n'y a que ton regard qui compte. Pendant ces moments, j'ai l'impression que tout devienne plus simple et qu'il n'y a finalement pas lieu de se tracasser autant." Mais à chaque fois, il y avait un couac. Son ex-femme, par exemple. Ou des dires qui la mettaient aussitôt mal à l'aise. "Je sais que c'est un départ des plus laborieux parce que quelqu'un s'acharne contre nous, mais je me dis que je pourrais peut-être encore y arriver. Il me reste encore un peu de temps."
Une fois sortie de la douche, Joanne s’installe à côté de moi. Le silence règne un instant, elle dans ses pensées, moi dans les miennes. Jusqu’à ce qu’elle prenne la parole pour vider un sac bien trop plein. J’écoute sans jamais interrompre, et sans chercher son regard. Je jette de temps en temps un coup d’oeil à ses mains bien abîmées et légèrement tremblantes. Finalement, lorsqu’elle termine, je m’autorise à poser une main protectrice sur les siennes. “Tu as tout ton temps.” dis-je tout bas. Je relève un peu la tête pour déposer mes lèvres sur son épaule, les yeux fermés pour m’imprégner de sa chaleur. “Et je serai toujours là. Je peux aider à rassembler les morceaux.” j’ajoute dans un souffle. Je ne compte pas aller où que ce soit ou la laisser avec ses démons. Je suis prisonnier de son coeur, un écrin dont je dois prendre soin. “Tu n’as pas besoin d’antidépresseurs. Tu peux te raccrocher à ta plus grande réussite. Tu as Daniel.” Son trésor, son chef-d’oeuvre, son miracle. Il tient tout d’elle. “Tu nous a donnés le fils le plus beau qui soit. Il est doux et tendre, comme toi. Il est heureux et il s’épanouit de jour en jour grâce à toi.” Comme elle le dit toujours, il est la preuve qu’elle peut faire quelque chose de beau. “Il te rappelle à quel point je t’aime et à quel point je suis fier de toi.” Faisant délicatement tourner son visage, je dépose un baiser sur son front. “Nous serons toujours là pour t’aimer comme tu es. Tu n’est pas parfaite, rien ne l’est, et rien ne le sera jamais. Tu n’as pas besoin de t’imposer de grandes exigences inateignables envers toi-même. Tu peux te concentrer sur ce que tu aimes chez toi, changer ce qui doit être changé à tes yeux, et apprendre à accepter ce qui ne peut pas l’être.” Je sais bien que je n’arriverai pas à complètement la résonner en un soir. Et même si je réussis à tirer quelque chose de cette soirée, si elle en retient quoi que ce soit, je sais qu’il sera difficile de lui faire tenir la barre. Mais de toute manière je ne peux rien faire d’autre qu’essayer encore et encore, même si je ne sais pas vraiment comment m’y prendre. Je ne suis pas psychologue, ni télépathe, et je me bats déjà avec moi-même. Sauf que pour le moment je suis la seule aide qu’elle accepte plus ou moins. Je réfléchis quelques secondes puis invite Joanne à se lever et me suivre dans le dressing, où je nous poste devant le grand miroir qui s’y trouve. “Viens. Regardes. Quand je me vois dans le miroir, je peux dire que j’aime assez mes yeux, mes épaules, la taille que je fais.” Personne ne se déteste des pieds à la tête, et commencer par se trouver des points positifs physiques est un bon début pour avoir confiance en soi. “Je me dis que je devrais trouver le temps d’aller plus souvent au sport, je me relâche un peu trop et je dois changer ça. J’ai toujours trouvé mon visage trop émacié, mes traits durs, et j’ai l’impression de faire dix ans de plus que mon âge, mais c’est ma particularité, et de toute manière je ne peux rien y changer, alors j’ai appris à l’apprécier.” De toute manière, je ne serai jamais quelque chose que ce que le miroir reflète, alors il ne sert à rien de me plaindre de ce que j’ai. Après tout, j’ai deux bras, deux jambes, une tête qui fonctionne. Je suis au goût de celle que j’aime. C’est suffisant. “Je vois quelqu’un qui a le droit de se dire généreux, tenace, et fiable, et d’en être fier.” Parce qu’il n’y a aucune honte à se trouver des qualités et d’être fier de soi. Tout le monde a droit a sa part d’ego. “Je vois aussi quelqu’un qui vit constamment sur le fil du rasoir, instable, potentiellement dangereux pour lui-même et pour son entourage. Mais je travaille là-dessus, même si c’est difficile, et je vais réussir à m’améliorer. Je le dois.” Pour moi, pour Joanne, pour Daniel. Je n’ai pas le choix, et ne pas y parvenir n’est pas une option. “C’est à peu près tout ce dont je peux être fier me concernant, le reste…” J’ai été trop souvent et trop longtemps piétiné pour l’aimer. Lorsque l’on répète à une personne dès l’enfance qu’elle n’est bonne à rien et que tout ce qui la constitue est mauvais, il devient impossible d’inverser cette image qui s’est forgée. On se méprise soi-même. J’hausse les épaules. “Le reste n’a pas d’importance. Ceux qui ne m’acceptent pas ainsi n’ont pas de place dans ma vie, je n’ai pas de temps pour eux. Je n’ai pas non plus le temps de m'apitoyer et m’en vouloir d’être ainsi, parce que c’est mon caractère et je ne le changerai pas. Je sais que tu m’aimes tel quel, c’est tout ce qui compte.” Alors je ne me pose pas plus de questions. Tant qu’elle m’aime, je peux m’accepter tout entier. Je prends ses frêles épaules et la fait passer devant moi, face au miroir. “A ton tour.” dis-je après avoir déposé un baiser furtif au creux de son cou.
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Dernière édition par Jamie Keynes le Mer 11 Mai 2016 - 0:13, édité 1 fois
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne ne comprendra jamais à quel point son fiancé parvenait à autant rester autant accroché à elle. Quelques minutes avant, il lui hurlait dessus en lui balançant tous ses défauts. Autant d'arguments pour l'inciter à s'éloigner d'elle, et de ses idées noires. Et pourtant, il était là, il voulait encore et toujours l'aider, inépuisable. Elle gardait ses yeux rivés sur la main de Jamie, qui s'était déposée sur les siennes. Sa chaleur était agréable, réconfortante. A ses yeux, elle n'avait pas besoin d'antidépresseurs, ou même d'une autre médication. Elle ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il mentionna Daniel. Elle l'aimait tellement, elle était tellement fière de son épanouissement. Le discours continuait de s'inverser par rapport à leur dispute. Elle était un poids pour tout le monde, mais voilà qu'ils continuaient de l'aimer telle qu'elle est. Tout ceci n'avait plus de sens, Joanne était un peu perdue. "Tu disais des choses bien différentes tout à l'heure." constata-t-elle en baissant les yeux, tristement. Oui, c'était dit à cause de la colère, mais il ne l'aurait pas dit s'il ne le pensait pas. Et Joanne ne se résumait qu'à être un fardeau pour les quelques personnes qui lui étaient proches. Oui, il fallait s'accepter. Mais parvenir à cette étape était comme un parcourd du combattant pour elle, l'objectif lui semblait encore tellement lointain. Jamie finit par l'entraîner dans leur dressing, face au grand miroir. Là, il commença à énumérer tout ce qu'il pouvait apprécier chez lui, d'un point de vue physique et psychologique, mais aussi quelques défauts qu'il ne pourrait pas changer. A la fin, sans qu'elle ne s'y attende, Jamie la plaça face au miroir, et il l'embrassa au creux de son cou en restant bien derrière elle. C'est difficile pour Joanne d'être confrontée à son propre reflet, elle baissa immédiatement ses yeux sur ses mains qui se torturaient l'une l'autre, nerveusement. "J'ai cassé le miroir tout à l'heure parce que je n'aimais pas ce que j'y voyais." finit-elle par avouer. En quoi serait-ce différent cette fois-ci. "J'y avais vu quelqu'un d'extrêmement jaloux, possessif, incapable d'accepter les choses telles qu'elles sont, et de méfiant aussi. Quelqu'un qui a beaucoup de mal à faire confiance et à croire toutes les choses de bien qu'on pourrait lui dire. Dépressive, un penchant paranoïaque certainement, des idées noires à gogo. Et aucune force." Elle marqua une longue pause, toujours incapable de se regarder dans le miroir. "Quelqu'un qui pense bien faire mais qui ne commet que des erreurs. Un bon à rien." A ces mots, Joanne sentait les larmes monter, ses mains tremblaient, mais son regard se levait doucement et timidement. Elle aurait préféré admirer le reflet de Jamie. "Et qui a pour seules lumières son fiancé, qu'elle n'arrêter pas de heurter, et son fils." Joanne prit une grande inspiration. "Je me dis que peut-être, je me débrouille assez bien dans le rôle de maman, un peu moins dans celui de la fiancée." Joanne se cherchait des points positifs, vraiment, mais ça lui prenait un certain temps. "Quand je vois Daniel sourire et faire de nouvelles découvertes, je me dis que c'est un peu grâce à moi." Elle prit une profonde inspiration, et se regarda enfin dans les yeux. "Je pense que j'aime bien mes yeux, et ma peau, même si tout le monde me trouve bien trop pâle et me dit que je devrais prendre plus le soleil. Je trouve que ça me va bien de porter des robes, même si je suis très petite." Elle était toujours nerveuse, comme si elle avait peur de dire quelque chose de faux. "Mon sourire aussi. Ma grand-mère me dit toujours que j'ai le plus beau des sourires." Joanne n'était pas très à l'aise à l'idée de se complimenter. Elle plaça nerveusement une mèche de cheveux derrière son oreille. "Et si je dois être belle, je ne voudrais l'être que pour toi."
Toutes les paroles que j'ai prononcé pendant notre dispute étaient pensées et gardées pour moi depuis bien longtemps. Je ne les regrette pas, il était temps que ça sorte, même si cela n'était agréable ni à entendre ni à dire. Mais même si je pense tout cela, je n'aime pas moins Joanne. “Non. Je n’ai jamais dit que je ne t’aimais plus ou que je te laisserai tomber.” je lui réponds. Au contraire. Je suis toujours là malgré tout. Dans le dressing, je m'attendais bien au genre de discours que la jeune femme tient. Je la laisse faire sans interrompre ni réagir, cela ne servirair à rien. Le sac a besoin d'être vidé. Bien évidemment les défauts fusent. Toujours aussi dure avec elle-même, longtemps incapable de se trouver des bons côtés. Mais en se forçant un peu, elle y parvient, alors je lui adresse un sourire encourageant à travers le miroir. “Tu es déjà la plus belle à mes yeux. La meilleure des mamans, et la seule fiancée que je veux avoir.” Tendrement, je me penche un peu vers elle, le menton posé sur son épaule, et la prend dans mes bras. Avec de la chance, un peu de ce que je dis passe les barrières dans son esprit, ou les passeront plus tard. “Je vois aussi une jeune femme douce, tendre, intelligente, gracieuse et qui inspire de la bonté. Tu peux être fière du dévouement que tu mets dans chaque chose que tu fais, de la bienveillance dont tu sais faire preuve en toutes circonstances.” Pour moi la liste de ses qualités pourrait se poursuivre longtemps, mais elle n'en croirait rien, et lui faire avaler les quelques uns que je lui ai mentionnés, même s'ils sont irréfutables, serait déjà un bon point. “Tu es naïve, pessimiste, tu manques de confiance en toi et dans les autres, mais tu as la volonté de travailler là-dessus, et tu réussiras à t’améliorer.” dis-je avec assez de fermeté pour faire comprendre qu'il n'est pas question que je l'entende dire ou penser le contraire, et ainsi laisser son pessimisme prendre le dessus, gagnant sans le moindre effort la première bataille. Elle y arrivera. Si elle doute dès le départ, alors ça sera forcément un faux départ, et elle retombera. “Le reste n’a pas d’importance.” je reprends. Oui, elle a des défauts, dont tous ceux que j'ai cité dans la salle de bains. Mais cela ne change rien. Je la sais ainsi depuis le début, ça ne m'a pas empêché d'avoir envie de l'épouser. “Tu dois juste accepter que ça existe et que ça fait partie de toi. Sans quoi, tu ne serais pas vraiment toi.” Mais je sais bien quil est difficile de s'accepter comme un tout imparfait dont nous n'avons pas le contrôle sur certaines facettes. Mon regard croise celui de Joanne dans le miroir. “Tu as un bébé, une famille qui compte sur toi, et même un tas de familles désormais, alors tu as mieux à faire que de t'apitoyer ou subir une dépression. Tu as bien mieux à faire.” Le temps ne fait que passer et ne nous est jamais rendu, il est ce qu'il y a de plus précieux. Laisser les idées noires prendre le dessus, c'est perdre son temps, perdre sa vie. Je fais doucement tourner Joanne sur elle-même afin qu'elle me fasse face. “Je t’aime comme tu es, sans conditions, c’est tout ce qui compte.” dis-je avec un tout petit sourire. Je l'embrasse sur le front, tendrement, et la laisse se blottir dans mes bras si elle le souhaite. Tout ce que j'espère c'est de réussir à l'aider un peu.
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Dernière édition par Jamie Keynes le Mer 11 Mai 2016 - 0:11, édité 1 fois
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Non, il n'avait pas dit qu'il ne l'aimait ou qu'il ne voulait plus d'elle, mais Jamie lui avait fait clairement comprendre qu'elle était pesante pour tout le monde, et que l'on n'était jamais honnête avec elle pour des raisons qui lui sembleraient légitimes. Ils avaient certainement raison, mais dans le fond, tout le monde lui cachait plein de choses, et ce n'était pas une situation qui l'incitait à leur faire plus confiance, même concernant Jamie. Lui et l'immensité de son jardin secret. Jamie semblait apprécier que sa belle se trouve enfin quelques atouts, il lui souriait légèrement. Ce n'était pas un exercice qui la mettait à l'aise. Elle sourit également lorsqu'il commençait sa vague de flatteries et de compliments. Gênée, elle baissa les yeux. "La meilleure des mamans, c'est vraiment chouette, comme titre." dit-elle en riant nerveusement. Ca comptait beaucoup pour elle que Jamie apprécie sa manière de faire auprès de Daniel. Peut-être qu'il y aura quelques conflits quand il sera plus grand, mais jusqu'ici, il lui vouait une entière confiance concernant l'éducation de leur enfants. Une chose qui la mettait beaucoup en valeur. Et même dans les défauts qu'il lui énumérait, il y trouvait du bon, convaincu qu'elle parviendra à surmonter ses défauts, à faire avec. Jamie la fit tourner sur elle-même, pour qu'elle lui fasse face. Il l'embrassa tendrement sur le front, elle fermait les yeux pour profiter de son amour. Elle se serra tout contre lui, passant ses bras autour de sa taille. Sa chaleur, sa présence l'apaisait. "Je t'aime, Jamie." lui dit-elle tout bas. Sa tête était collée contre son torse. "Je ne comprendrais jamais pourquoi des personnes peuvent être aussi méchantes et mauvaises avec nous. On ne leur a rien fait." dit-elle au bout d'un moment, sans avoir changé de position. "Qu'ils nous laissent tranquilles." soupira-t-elle, lassée de ces histoires. "Qu'ils me laissent t'aimer sans essayer de me faire douter. Qu'ils me laissent t'épouser." Peut-être que c'était ça qui manquait à Joanne, qui faisait qu'elle était encore toute décomposée, toute décousue. Peut-être qu'elle avait besoin d'être marié à un homme, d'être officiellement à lui pour qu'elle se sente à nouveau elle-même, et complète. Ce n'est que depuis son divorce que ses idées noires allaient bon train,c 'était l'événement déclencheur. Joanne avait déjà beaucoup d'imagination avant, mais elle ne l'utilisait pas pour suspecter les moindres faits et gestes de celui qu'il aimait. "Qu'ils me laissent devenir ta femme." Joanne n'attendait que ça. Et le prochain bébé aussi, mais c'était autre chose. "L'autre jour, j'ai du aller à l'atelier pour faire les premiers réajustements de ma robe de mariée." Les stylistes et couturiers se montraient particulièrement minutieux, pour les détails. Ils avaient eu vent du tout récent titre de la jeune femme, à la tête d'une fondation. "Et quand je me suis vue dedans, quand je me suis vue dans le miroir, je n'ai pas eu envie de le casser ou d'échapper à mon reflet." expliqua-t-elle, en restant bien calée contre lui. "Je me suis sentie... vraiment belle. Je me disais que je le méritais, que j'avais aussi droit à ce bonheur. Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire. Je me disais que c'était dans cette robe-là que j'allais me marier avec toi, que j'allais être à toi aux yeux de tous. Je me disais que j'espérais que tu l'aimes aussi, et que tu trouverais qu'elle m'irait parce que je l'aime beaucoup. Dès que j'étais dedans pour la première fois, j'avais su que c'était celle-là. Je me suis sentie être ta femme quand je l'avais sur moi. Je veux dire, plus que d'habitude. Et j'étais bien." Elle n'arrivait pas trop à décrire son ressenti, le bien-être qu'elle avait à ce moment-là. "La petite boîte était indestructible. A vrai dire, je n'y pensais même plus." Joanne se redressa pour croier son regard vert et lui sourit tendrement. "J'ai envie de croire que tout ira mieux. Qu'on a traversé le plus dur. Dès le mois prochain, on aura une situation financière plus stable, peut-être plus qu'on ne puisse le concevoir maintenant. Tu auras plus de temps avec Daniel, mais aussi avec moi, et tout rentrera dans l'ordre, tout ira mieux."
La petite blonde logée dans mes bras, l'ambiance semble enfin définitivement apaisée. Je ne sais pas si je sis arrivé à quoi que ce soit ce soir pour relever la tête de Joanne hors de l'eau, mais je dirais que je m'en suis fort bien sorti pour éluder le sujet d'Hannah. De toute manière, comme je le lui ai dit dès le départ, je ne me serai pas excusé ou justifié à cause des photos prises en traître qui lui ont été envoyées. Cela ne regarde personne. Joanne ne semble plus y penser à cet instant, et j'espère que cela restera ainsi. Du moins, qu'aucune nouvelle crise à ce sujet n'est à redouter. De toute manière, cela ne servirait à rien. La comédienne ne veut clairement plus de moi dans sa vie. Elle ne fait plus partie de la mienne. Chapitre clos. Je dois tourner cette page. Je dois appliquer son plan à la lettre ; être heureux avec Joanne, l'épouser, prendre soin de ma famille. De toute manière, je n'en demande pas plus. « Je t'aime aussi. » je murmure en déposant un baiser sur le haut du crâne de ma belle. Je la serre un peu lus fort et la garde bien blottie contre moi. La tendresse a bien trop manqué ce soir, nous en faisons le plein au corps à corps. Un peu dans mes pensées, j'écoute Joanne d'une oreille un peu distraite. Ne partie de moi fulmine toujours contre celui ou celle qui a envoyé l'enveloppe ici. Je ne vois pas l'intérêt de me suivre, de nous faire ça. Je ne suis personne. Nous ne sommes personne. Nous ne demandons rien à personne. Cette histoire n'a pas de sens. Pour le moment en tout cas. Mais je compte bien comprendre ce qu'il se passe et y mettre un point final. « Ne t'en fais pas. Une fois que j'aurai retrouvé qui a envoyé ça, nous serons tranquilles. » Nous pourrons simplement nous marier, et de là, plus rien ne pourra le changer. Joanne sera mienne, et si elle se tient à ce qu'elle m'a dit l'autre jour au sujet de sa vision du mariage, elle le sera pour toujours. Personne ne pourra rien y faire. La jeune femme me raconte être allée faire faire des ajustements sur sa robe. Déjà, me dis-je, le temps file à une vitesse. Je dois trouver mon costume. Et il y a tant à faire. Plus que six mois. J'essaye de me faire pleinement attentif, mais mes pensées divaguent toujours. Néanmoins, je souris en coin en entendant Joanne m'expliquer les sensations qu'elle avait dans sa robe. La perspective de c mariage semble faire du bien à son moral et j'en suis heureux. Soulagé également. Son enthousiasme n'a pas été entaché par la dispute de ce soir. Cette dispute ressemble peu à peu à une simple parenthèse. Preuve que nous sommes plus forts que ce genre de venin que l'on tente de nous injecter. « Tu seras magnifique, je n'en doute pas. » dis-je tout bas. J'essaye parfois de m'imaginer quel genre de modèle de robe Joanne a pu choisir, mais je n'en ai vraiment pas la moindre idée. Elle me surprend tellement par moments. Je l'imagine radieuse dedans, parfaite. J'ai de plus en plus hâte d'y être. La jeune femme relève la tête, alors je baisse mon regard sur elle pour croiser le sien. Elle semble plus sereine. Son sourire est de retour. Je me dis que nous pouvons difficilement vivre pire que les épreuves déjà surmontées, alors oui, le pire est derrière nous. L'argent n'a pas vraiment d'importance. « Tout ira mieux. » je répète avec un sourire en coin, caressant tendrement le visage de Joanne. Je me penche un peu plus pour atteindre ses lèvres et enfin l'embrasser. Je n'en ai pas eu le droit de toute la soirée, alors je garde ses lèvres un long moment pour les chérir avec autant d'amour et d'application que possible. Puisque le monde tourne toujours, la vie doit reprendre son cours normal. Toutes ces émotions m'ont épuisé. Je file sous la douche et en profite pour retirer le reste de poussière de miroir qui s'est logé dans ma peau. Changé, je me glisse sous la couette. Je garde Joanne tout contre moi, allongé sur le dos, les yeux rivés sur le plafond en attendant que mes paupières se fassent de plus en plus lourdes. « Pourquoi est-ce que Daniel n'est pas à la maison, au fait ? » je demande par curiosité. Je suppose qu'elle l'a confié à ses parents, mais je ne sais pas pourquoi. Peut-être l'ont-ils réclamé, à moins qu'elle les ai appelé après avoir reçu les photos, et sachant la scène qui allait avoir lieu dans le foyer, elle a préféré éloigner le petit. « Il me manque. » j'ajoute en faisant une petite moue. Il manque quasiment tout le temps à vrai dire. Sa bouille sur mon téléphone me donne toujours envie de l'avoir dans mes bras pour le câliner. Je n'ai pas pu le voir ce soir, lui dire bonne nuit, ou juste admirer sa frimousse paisible au fond de son petit lit, faisant de beaux rêves avec son ours en peluche. Et je ne le verrai pas non plus avant de partir au travail demain. Il me manquera d'autant plus.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Ce n'était pas une simple dispute, ça ne le sera jamais. Peut-être tout s'était apaisé relativement rapidement, mais beaucoup de choses avaient été dites et n'étaient pas prêtes de se faire oublier. Joanne était vidée parce qu'elle était épuisée, il y avait un tout. Mais que Jamie ne vienne pas espérer que tout vienne se résoudre en un claquement de doigt, et que sa belle arrêtera de penser dès le lendemain. Parce qu'elle sera à nouveau seule, et que personne ne pourra l'en empêcher. Alors tout ce qui avait été dit lui reviendra en pleine figure. Elle y réfléchira, y pensera, retournera le tout. C'état inévitable. Elle se demandera combien de choses Jamie lui cachait encore volontairement, peut-être même si ce mariage avait un sens, étant donné qu'il avait énuméré bien plus de défauts que de qualités. Elle se dira juste après que non, ils s'aimaient plus que tout, et que c'était pour cela qu'ils voulaient s'unir pour la vie. Ses pensées iraient bon train sans qui que ce soit ne puisse l'arrêter. Jamie comptait bien trouver le responsable, qui, selon, n'était que l'émetteur de ce mystérieux courrier. Il l'avait dit, en aucun cas il ne jugeait nécessaire de se justifier auprès de sa fiancée. Ca aussi, elle l'avait bien retenu, et elle se dirait qu'elle lui ferait exactement le même coup, un jour. La jeune femme se mit à parler de son ressenti, lorsqu'elle avait enfilé sa robe de mariée, ayant le besoin de partager ce si beau moment. Jamie ne semblait pas en avoir compris le sens, il lui disait qu'il n'avait juste aucun doute qu'elle lui irait à merveille. Elle ne fit pas d'autres commentaires et passait à un autre sujet de conversation. Jamie finit par filer sous la douche. Joanne restait quelques secondes dans le dressing, elle soupira un bon coup, ne sachant que trop penser de tout ceci. Elle finit par filer sous la couette, à attendre son fiancé. Il finit par arriver, et s'allongea sur le dos. Joanne s'approcha immédiatement de lui, et cala sa tête sur son épaule. "Je dois me lever tôt demain, j'ai rendez-vous avec le Dr. Winters. Et je ne voulais pas le réveiller pour ça, pour subir les bruits incessants de l'hôpital, il dort chez mes parents et je le récupérerai juste après." expliqua-t-elle. "C'est bien mieux qu'il n'ait pas été là." dit-elle au bout d'un moment, songeuse. Il se serait certainement réveillé à cause des cris, des bruits qu'il ne connaissait pas. Daniel aurait pris peur et il aurait fallu un certain temps avant de le consoler et de lui assurer que tout allait bien, alors que ce n'était pas le cas. C'était peut-être voiler la face de son petit, mais infliger pareille chose à un bébé de quelques mois n'était pas humain, selon la jeune femme. On peut dire que c'était assez bien tombé. "Il sera tout à toi demain soir." lui assura-t-elle. Joanne se redressa pour le regarder, et elle lui caressa tendrement le visage. "Endors-toi, mon amour." Il n'avait qu'à fermer les yeux, et il sera parti toute la nuit. Plus vite il sera dans les bras de Morphée, plus vite il pourra être auprès de son fils. Joanne, quant à elle, prit bien plus de temps à s'endormir, comme d'habitude. Mais sa tête était encore vide, elle se sentait toujours lessivée, abasourdie par tout ce qui venait de se passer. Elle le regardait dormir paisiblement, continuait de lui caresser le visage, ou le torse. Jusqu'à ce que sa tête devienne également lourde et qu'elle finisse par la reposer. Mais ses yeux restaient encore longuement ouverts.