Think about the lonely people, then think about the day she found you, or lie to yourself and see it all dissolve around you . She says she has no time for you now, she says she has no time. ☆☆☆
Ne plus avoir de voiture aurait pu pousser Hassan à rester enfermé chez lui dès que ses cours à l'université ne l'obligeaient pas à faire un effort et à mettre le nez dehors, mais il avait promis d'en faire, des efforts. Il l'avait promis à son nouveau psy tout d'abord, celui qu'il voyait depuis peu et avec qui le courant passait étonnamment mieux qu'avec la précédente. Mais il l'avait promis à Yasmine, aussi, et surtout il l'avait promis à Qasim et Hassan se sentait l'obligation de respecter les promesses qu'il faisait à son frère. Alors il sortait, il essayait de se tenir loin de l'ennui et de toujours avoir de quoi garder son esprit occupé, en attendant de trouver le moyen de régler son "problème" plus en profondeur. Il prenait le temps d'explorer plus en détails ce quartier qu'il comptait pourtant bientôt quitter, et quelques découvertes sympathiques ne suffiraient assurément pas à lui faire renoncer à sa décision de retourner s'installer à Logan City. Il avait pratiquement terminé ses cartons et entreposé le plus gros au garde-meuble, il ne lui restait maintenant plus qu'à trouver l'endroit dans lequel il s'installerait ensuite pour cette fois-ci, il l'espérait, repartir du bon pied. Il n'en était pas encore là ceci dit, chaque chose en son temps.
Bien que cela lui prenne plus de temps Hassan délaissait le métro pour le bus lorsqu'il s'agissait d'effectuer le trajet entre son quartier et l'université. Besoin d'air, encore une fois, et on se sentait moins oppressé à l'air libre que dans les couloirs du métro. Pour une fois cependant il était descendu à l'arrêt précédent, plutôt qu'à celui qui le déposait à deux pâtés de maison de son appartement, traversant la rue pour atterrir devant le Pearl Cafe. Il avait eu Ella au téléphone une fois ou deux depuis son "accident" mais n'avait pas encore pris le temps de passer la voir, sans doute parce qu'il avait préféré attendre que les stigmates les plus visibles de sa sortie de route se soient estompées un peu ; Extérieurement ne restait plus aujourd'hui que le bandage autour de son poignet gauche, l'entorse tardant un peu à se soigner. Et pour autant qu'en sache la jeune femme il ne s'agissait que de cela, un accident. Ses yeux se posant d'ailleurs sur elle à peine avait-il poussé la porte du café, il avait forcé un sourire moins faible qu'à l'accoutumée et avait profité qu'elle lui tourne le dos et soit occupée à passer un coup d'éponge sur une table pour piquer un baiser sur sa joue « J'ai entendu dire qu'on faisait les meilleurs muffins de la ville dans le coin. » S'adressant à elle avec candeur il l'avait laissée se tourner à son tour vers lui, et en avait profité pour attraper le journal abandonné sur la table d'à côté. « Je peux ? » Il n'avait pas eu le temps d'acheter le journal ce matin, et il aimait bien jeter un œil à l'actualité étrangère lorsque les chaînes d'informations ne développaient pas suffisamment à son goût. « A moins que ce soit bientôt l'heure de ta pause et que tu te joigne à moi ? » C'était une question qui espérait une réponse positive, et puisque le café était actuellement vide et qu'il en était le seul client potentiel Hassan avait un léger espoir. Lui n'avait en tout cas plus besoin de lui dire ce qu'il souhaitait, elle avait l'habitude, il prenait la même chose à chaque fois : un thé à la menthe, et un muffin à la banane.
Une journée comme une autre, pour Ella. Se lever, prendre un petit déjeuner rapide en prenant soin de préparer quelque chose pour son colocataire, se préparer pour le travail. Loin d’elle l’intention de se plaindre, mais il était vrai que sa vie était un peu monotone. En France, elle avait toujours de quoi s’occuper parce que l’endroit où elle travaillait appartenait à son mari et qu’ils le géraient ensemble. Elle avait un tas d’amis, et la famille de son cher époux qui l’avait adopté en un rien de temps avait toujours quelque chose en tête pour ses temps libres. Elle ne regrettait pas d’être rentré chez elle, à Brisbane. En dehors de sa belle-famille, les amitiés qu’elle avait nouées à Paris étaient des amis de son compagnon. En dehors de celui qui l’avait suivis ici, bien entendu. Il n’y avait rien qui l’avait retenue en France, et tout la rappelait à rentrer chez elle. Sa vraie maison, d’une certaine manière. Des amis, des connaissances, de la famille, elle avait tout ça ici, mais elle s’était faite plutôt discrète depuis son retour. Elle avait retrouvé Scarlett, une cliente de passage à Paris avec qui elle avait accroché, c’était quelque chose de positif. Tout comme retrouver d’autre de ses amis qu’elle avait laissé presque sans nouvelle pendant ses années d’exiles, ce qu’elle regrettait terriblement en voyant comment tout cela s’était terminé. Son patron était maintenant son ex de l’époque du lycée. Cela était un fait un peu moins positif, même encore aujourd’hui alors qu’ils avaient parlés et s’était mis d’accord sur la plupart des points qui faisait leur relation.
Son travail était à la fois un bonheur et un moyen de se changer les idées. Quand elle était en cuisine, elle ne pensait à rien d’autre qu'à ses recettes. Quand elle était en salle, le contact avec la clientèle, les commandes, le service ne lui laissaient pas le temps de penser à autre chose, d’être nostalgique. Le rush était passé depuis un bon moment, l’équipe était descendue à deux deux employés. Un aux arrières et un, Ella, en salle. Chacun nettoyait son côté et se tenait prêt pour servir les clients qui pouvaient encore passer la porte. Le dos à celle-ci, Ella su qu’un client venait d’entrer grâce à la clochette au dessus qui sonnait dès qu’on entrait ou sortait du café. Donnant le temps à la ou les personnes de choisir une table, Ella en profita pour finir de nettoyer la table sur laquelle elle était penché, non pas sans saluer le client, le sourire s’entendant dans sa voix. Elle eut un léger sursaut quand elle sentit une présence proche d’elle, avant de recevoir un baiser sur la joue. Prête à appeler son collègue tout en se défendant elle même, elle réalisa que ce ne serait pas utile. Du coin de l’oeil, elle reconnu le visage d’Hassan. Abandonnant son éponge et la table, elle se tourna vers lui alors qu’il lançait une plaisanterie. « J’ai bien peur que l’affirmation vienne de quelqu’un de partial. » Souriante, elle hocha la tête quand il demanda s’il pouvait emprunter le journal poser sur une autre table. Ella n’avait aucune idée si un client l’avait oublié ou si un des employés l’avait amené, mais dans tous les cas elle le laisserait le lire. Hassan mentionna une pause, ne faisant pas la fermeture ce soir elle n’avait plus que quelques heures avant d’avoir terminé pour la journée mais pas de pause officielle, Ella jeta un coup d’oeil autour d’elle avant de lui répondre. « J’aurais adoré, mais comme tu peux le voir nous sommes débordés. » Ella rigola et désigna le journal entre les mains de son ami avant de reprendre. « Installe-toi et informe-toi, je vais nous préparer du thé. Et je ramène ton muffin, banane tu n’as pas changé ? » Elle récupéra son éponge et son torchon avant de partir en direction du comptoir, avant d’y être elle se retourna vers le jeune homme. « Ça me fait vraiment plaisir de te voir, étranger ! » Elle ne lui en voulait pas de ne pas passer plus souvent au café, ou chez elle après tout elle ne faisait pas mieux. Mais elle appréciait qu’il lui fasse une sorte de surprise aujourd’hui. Hassan et Ella, ça remontait à longtemps, l’époque du lycée. Plusieurs fois, il aurait été possible pour eux d’arrêter leur amitié, mais ils n’avaient jamais abandonnés. Ella était vraiment reconnaissante d’avoir Hassan dans sa vie, et elle se fit la promesse à cet instant de le voir plus souvent, de le harceler d’appels, textos. Qu’importe, mais elle ne laisserait pas le temps se mettre entre eux. Mais pour l'instant, il était là installé à une table et elle avait une commande à préparer.
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Le paradoxe résidait principalement dans le fait que si voir du monde était supposé aider Hassan à aller mieux, dans les faits il avait surtout la sensation que se confronter à la bonne humeur d'autrui avait un effet plus négatif que positif sur lui. Ce n'était de la faute de personne au fond, ni de ceux qu'il tentait de côtoyer, ni de sa faute à lui, c'était simplement le timing qui était mauvais, et la situation qui n'était pas idéale ... Tout était affreusement fouillis dans son esprit. Et il ne parvenait pas toujours à donner le change, à "faire comme si" ... ses talents de comédiens avaient des limites, déjà bien plus élevées qu'Hassan lui-même ne l'aurait pensé lorsqu'il avait commencé à s'empêtrer dans ses mensonges supposément bien intentionnés. Il n'avait eu cesse de se répéter qu'en faisant croire qu'il allait bien, mieux, il finirait par s'en persuader lui-même et en faire une réalité. Mais la vérité c'est que pour commencer à aller bien il devait d'abord attendre le déclic qui lui en donnerait envie. Vraiment envie. Est-ce qu'il l'avait eu ? Il n'était pas encore certain. Mais ce qui jusqu'à présent lui apparaissait d'un gris maussade avait un gris un peu plus clair, un peu plus léger ... c'était un début, se disait-il.
S'il lui avait donc fallu rassembler un peu de courage pour pousser la porte du Pearl Cafe, poser les yeux sur la silhouette occupée d'Ella lui avait mis un peu de baume au coeur et c'est finalement avec un sourire qui, s'il n'était pas aussi appuyé que parfois, n'en était pas moins sincère qu'il s'était approché. « J’ai bien peur que l’affirmation vienne de quelqu’un de partial. » Sa mine boudeuse n'avait duré que le temps qu'il attrape le journal du jour qui traînait sur la table, avant de hausser les épaules « Je ne vois absolument pas pourquoi tu dis ça. » et de se renseigner sur l'éventualité que la jeune femme lâche son chiffon et son éponge pour se joindre à lui. Il n'était que moyennement surpris du peu de clientèle, c'était souvent le cas à cette heure-ci, et pour peu qu'il fasse assez beau dehors pour que les gens ne cherchent pas à tout prix un refuge contre la pluie ou le froid. « J’aurais adoré, mais comme tu peux le voir nous sommes débordés. » Elle avait accompli l'exploit de faire apparaître sur le visage du brun un sourire franc, et tandis qu'elle ajoutait « Installe-toi et informe-toi, je vais nous préparer du thé. Et je ramène ton muffin, banane tu n’as pas changé ? » il s'exécutait sans se faire prier plus et s'installait à table, dépliant le journal devant lui à la page internationale « On ne change pas les bonnes habitudes. » Et un muffin à la banane, ça n'était peut-être qu'un grain de sable sur la plage de son humeur, mais c'était toujours un grain de sable positif et il n'allait pas cracher dessus. Son estomac non plus, d'ailleurs.
S'installant à table et feuilletant les pages du journal d'un air absent, sa main bandée posée sur sa cuisse sous la table, il posait parfois un œil sur le comptoir derrière lequel Ella s'affairait mais n'avait véritablement reporté son attention sur elle que lorsqu'elle avait repris « Ça me fait vraiment plaisir de te voir, étranger ! » Léger sourire, à nouveau, un peu pensif tandis qu'il essayait de se rappeler à quand remontait la dernière fois qu'il s'était arrêté au Pearl Cafe. Avant son accident, c'était déjà certain, mais avant ça ... ? Il ne savait plus vraiment, trop longtemps pour prétendre au fait d'être un ami digne de ce nom en tout cas. « T'es bien sûre que c'est moi l'étranger ? Je ne suis pas celui de nous deux qui s'est expatrié pendant une éternité au pays des mangeurs de grenouilles, pourtant ... » lui avait-il alors lancé d'un ton taquin, tout en sachant pourtant pertinemment que ce n'était pas ce qu'elle sous-entendait. Refermant finalement le journal il avait repris « Ça me fait plaisir à moi aussi. » Et c'était la vérité, en dépit du peu de nouvelles qu'il donnait ces derniers temps, et en dépit de son humeur en dents de scie. Se confronter aux personnes qui comptaient pour lui pouvait lui filer un peu le moral en vrac depuis le savon que lui avait passé Qasim, mais tout au fond Hassan restait ce type terrifié par la solitude et dépendant des personnes qui l'entouraient. « Tu fais quelque chose, ce soir ? » Et par ce soir il entendait, après la fin de son service. « Viens manger à la maison ... ça fait une éternité que je n'ai pas pris le temps de cuisiner, ça me fera du bien. Et ça sera pour tous les muffins que j'ai englouti ici. » Sans compter que ce serait probablement l'une des dernières fois où il profiterait de cette cuisine, maintenant qu'il avait rédigé le courrier censé mettre fin à son bail. Il ne l'avait pas encore envoyé, certes, mais ça ne saurait tarder.
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Au sourire d’Hassan, Ella ne pu s’empêcher de ressentir de la joie et de la sérénité. C’était comme ça entre eux, il lui apportait quelque chose avec un simple sourire et elle.. elle lui apportait ses muffins à la banane ! Bien entendu qu’il y avait plus que ça, mais ce jour, à cet instant précis, c’était tout ce dont ils avaient besoin.
Oui, Elle était celle qui avait mis le plus de distance entre eux, à une époque. De la distance, littéralement, puisqu’elle était partie à des kilomètres de lui, de sa vie. Elle sourit tendrement à son ami alors qu’il lui confirmait être également content de la voir. « Je suis revenue, non ? » Ce n’était pas vraiment une question, et Hassan n’avait connaissance que des grandes lignes sur les raisons de son retour mais l’important était qu’elle était là.
Au comptoir, Ella s’affaira à leur préparer deux tasses de thé bouillant qu’elle déposa sur un plateau accompagné d’une assiette sur laquelle régnait un muffin à la banane tel un roi. Elle glissa quelques mots à son collègue et celui-ci la laissa s’installer à table sans remarque. « Bon appétit ! » La pâtissière glissa l’assiette vers son ami et déposa l’une des tasses devant lui, l’autre juste en face pour elle. Le plateau posé sur la table d’à côté, Ella s’installa enfin sur la chaise libre face à Hassan, lui donnant toute son attention. Les mains autour de sa tasse, comme pour se réchauffer, Ella considéra la question de son ami. Des plans ? Pour ce soir ou un autre soir, un autre moment, elle n’en avait pas. Jamais. En dehors du travail, des repas chez ses parents elle ne faisait pas grand chose de sa vie depuis son retour. Et encore, le job au café n’était qu’une extrême nécessité : elle y avait poussé par l’autre mangeur de grenouille et ses parents. Elle n’irait pas jusqu’à les remercier, mais elle devait avouer que cela avait était une bonne idée et que ça lui faisait du bien d’avoir son propre domicile et d’en sortir de temps en temps. Elle finit par sourire, l’idée de passer la soirée avec Hassan lui plaisait, mais qu’il cuisine ? C’était encore mieux ! « Et ça fait une éternité que je n’ai pas goûté à ta cuisiné, ça marche pour ce soir ! » Elle leva sa tasse pour en boire une gorgée, se donnant du temps pour trouver comment poser sa question. « Ça te fera du bien, hein ? Tu me le dirais si quelque chose n’allait pas ? Genre, vraiment pas.. » Ella n’était pas du genre à pousser les gens à parler quand il était clair qu’ils ne le désiraient pas, mais Hassan était son ami, son meilleur ami et elle refusait de rester là sans rien dire ou faire s’il quelque chose lui prenait la tête, ou baissait le moral.
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Hassan n'aurait pas vraiment osé l'espérer lorsque la jeune femme était revenue s'installer à Brisbane, que les choses puissent être à nouveau comme avant entre eux. Ne serait-ce que parce que lorsqu'elle avait quitté l'Australie pour la France ils sortaient tous les deux tout juste de l'adolescence, ils n'étaient pas encore véritablement des adultes et ça ils l'étaient devenus chacun de leur côté, en construisant leur propre route et leur propre cercle de connaissances, que des coups de téléphones et des conversations Skype ne compensaient pas toujours. Cela ne compensait pas par exemple le fait qu'Hassan n'ait rencontré qu'une seule fois l'homme qui avait partagé la vie d'Ella pendant plusieurs années, de la même manière que la jeune femme n'avait rencontré Joanne qu'une seule fois, à leurs mariages respectifs. C'était tout un pan de leur vie qu'ils avaient vécu chacun de leur côté, et vu s'effondrer chacun dans leur coin à une époque où les nouvelles se faisaient de moins en moins régulières ; Leurs divorces respectifs, la maladie d'Hassan, tant de détails qui n'en étaient pas et qu'ils avaient pourtant mis des mois à s'avouer. Et pourtant maintenant qu'Ella était de nouveau ici, à Brisbane, Hassan arrivait presque à se persuader que rien n'avait bougé d'un pouce entre eux, comme si les adolescents qu'ils avaient été n'avaient même pas besoin d'apprendre à apprivoiser les adultes qu'ils étaient devenus car les choses s'étaient faites d'elles-même, naturellement. Et quand enfin la jeune femme avait répondu à sa boutade par un « Je suis revenue, non ? » souriant mais non moins sérieux, Hassan avait esquissé un sourire calme et acquiescé doucement d'un signe de tête. Elle était revenue oui, et lui aussi dans un sens. Revenu d'entre les morts, pas une fois mais deux, revenu de son cancer et revenu de ce moment de faiblesse dont le bandage qui entourait son poignet gauche restait la seule et unique preuve visible.
Rien ne venait plus naturellement, ni les conversations triviales ni les initiatives qui autrefois lui semblaient couler de source, et bien qu'il continuait de douter de ceux qui lui assuraient que s'il laissait faire le temps cela reviendrait, il essayait de s'en convaincre autant que faire se peut. En attendant il se forçait un peu pour donner le change et tenter de provoquer les choses, et réalisait souvent assez vite que passé cet effort là le reste marchait comme sur des roulettes, et c'est ainsi qu'il s'était entendu proposer à Ella de venir dîner chez lui le soir. « Et ça fait une éternité que je n’ai pas goûté à ta cuisine, ça marche pour ce soir ! » Il avait esquissé un nouveau sourire, sa main indemne glissant pour laisser ses doigts s'enrouler autour de la tasse de thé que la jeune femme avait déposée devant lui. Laissant s'installer un silence de quelques secondes Ella avait pourtant repris « Ça te fera du bien, hein ? Tu me le dirais si quelque chose n’allait pas ? Genre, vraiment pas ... » et Hassan, lui, était resté interdit quelques instants. D'abord il s'était demandé s'il était si mauvais menteur que cela, et puis avait ensuite envisagé la possibilité que Qasim ait pu parler à Ella ... Mais non, cela n'avait aucun sens. Son frère était peut-être fâché après lui mais il ne serait pas allé crié cela sur tous les toits. « Oui ... je te le dirais. » Mais à l'incertitude qui transparessait tout à coup dans sa voix, il doutait qu'Ella gobe son mensonge. Pinçant ses lèvres l'une contre l'autre et reposant sa tasse sur la table, il avait soupiré « Je me suis disputé avec Yasmine. A propos d'un petit accident que j'ai eu. » Un accident, oui, c'était tellement plus simple de réduire la situation à ce mot qui voulait dire à la fois tout et rien « Mais rien de bien grave. Je crois. » Difficile de savoir s'il faisait référence au soi-disant accident ou à la situation avec Yasmine, mais dans un cas comme dans l'autre Hassan ne semblait pas franchement certain de ce qu'il avançait. Et en soit ce qu'avançait le brun n'était pas entièrement un mensonge, cela faisait bientôt deux semaines que Yasmine et lui ne s'étaient pas adressés la parole, et Ella connaissait Hassan depuis suffisamment longtemps pour savoir que jamais il ne s'était vraiment pris la tête avec Yasmine ; Après tout elle faisait pratiquement partie de sa famille.
Son air un peu soucieux se faisant plus marqué maintenant qu'il avait consenti à cracher le morceau sur l'une des raisons de ses contrariétés actuelles, le brun avait tenté de retrouver une contenance en se saisissant du muffin que lui avait apporté Ella et en mordant dedans avec un apparent appétit. En réalité il avait un appétit de moineau désormais, la plupart de ses organes avaient été tellement malmenés par la leucémie que beaucoup ne réagissaient plus de la même manière, et son estomac en était l'un des exemples flagrants ; Il n'avait que rarement faim, en définitive, et s'il se forçait à manger maintenant c'était surtout par nécessité. Ou par pure gourmandise, comme c'était le cas à cet instant.
Hassan avait été le meilleur amie d’Ella -pour ne pas dire le seul- pendant très longtemps. Ce qui faisait que jamais elle ne m’était sa parole en doute, pas sans avoir une bonne raison. Et parfois, quand le doute était là mais qu’aucun signe ne la confortait dans son idée, il lui suffisait d’observer silencieusement son ami et elle avait sa réponse. Hassan vendait la mèche, se trahissait peu importait l’expression, tout seul. Cette fois, le doute était présent avant même que celui-ci lui réponde. Et la réponse qu’il lui donnait ne la convaincrait pas, elle aurait forcément besoin de détail ou de preuve. Cet homme faisait partie de sa vie depuis tellement longtemps et elle ferait tout pour que ça reste ainsi aussi longtemps que possible. C’était comme s’ils faisaient partie l’un l’autre de leurs familles respectives. Cela était donc évident qu’elle ne voulait pas le voir souffrir d’une quelconque manière. Et aujourd’hui, bien qu’il soit souriant et présent dans le café, quelque chose ne semblait pas aller. C’est ainsi que les doutes avaient fait leur place dans l’esprit d’Ella et elle préférait en avoir le coeur net.
Elle n’avait pas eu besoin d’insister, cette fois, Hassan s’était dévoilé de lui-même. Il lui parla d’une dispute avec Yasmine, d’un accident. Elle baissa les yeux sur lui, cherchant la moindre égratignure. Hassan avait traversé bien des choses et un accident, petit ou pas, n’était pas quelque chose que la trentenaire acceptait sans broncher. Rien ni personne ne devait abimer son ami. « Tu crois ? J’aurais besoin de plus de conviction. » Elle laissa remonter son regard avant de s’installer plus confortablement sur sa chaise. « Très bien, raconte-moi. Votre dispute était à propos d’un petit accident, hein ? Si tu commençais par ça ? »
Ella ne voulait pas attendre, elle voulait savoir ce qu’il se passait dans la tête et la vie de son ami, parce que plus tôt elle le saurait plus vite elle pourrait essayer de l’aider. Elle ne se prenait pas pour WonderWoman ou n’importe quel super héros, mais juste qu’elle était une amie loyale et toujours prête à aider ses amis. Peut-être qu’elle ne pourrait rien faire pour Hassan, ou peut-être qu’il ne voudrait pas de son aide. Peut-être même qu’il n’en avait pas besoin, que les choses s’arrangeraient d’elles-même. Mais quel genre d’amie elle serait si elle ne se proposait pas de l’écouter ? C’était la moindre des choses. Lui était toujours là pour elle, si elle en avait besoin. Le silence avait prit place entre eux alors qu’Hassan se concentrer sur son muffin et Ella le brisa en précisant qu’il ne devait pas se sentir obligé de lui parler. « Ou on peut très bien parler d’autre chose et garder ça pour le dîner. Ou ne pas en parler. » Elle lui sourit presque timidement. « Tu ne semblais pas sûre de toi quand tu dis que ce n’est pas grave et je déteste te voir comme ça. J’ai pas toujours été là pour toi, les kilomètres et le décalage horaire n’a pas aidé, mais je suis revenue et je ne repartirais plus. C’est promis, je suis vraiment là pour tout ce que tu pourrais avoir besoin. Parler, rester silencieux, te faire des tonnes et des tonnes de muffins ! » Son sourire s'élargie jusqu'à finir en éclat de rire.
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Hassan pouvait bien faire tous les efforts qu'il voulait et tenter de faire comme si de rien n'était, mais sans grande surprise sa brouille avec Yasmine l'atteignait bien plus qu'il ne voulait l'admettre. Et c'était entièrement de sa faute si les choses s'enlisaient au fond, c'était lui qui l'avait chassée et c'était donc à lui de faire le premier pas s'il tenait à ce que les choses s'arrangent ... mais la vérité c'est qu'il était encore un peu en colère. Pas contre elle, sa colère envers Yasmine était redescendue aussi vite qu'elle était arrivée, mais contre la situation en elle-même ... et contre lui-même, aussi, pour être à nouveau une source d'inquiétude pour son frère et pour les Khadji, comme s'ils n'en avaient pas assez bavé lorsqu'il était hospitalisé. Et puis comme tout à chacun Hassan avait un peu de fierté mal placée, il savait qu'il était en tort face à Yasmine mais il n'avait pas envie de l'avouer, bien conscience que lorsqu'il s'excuserait il devrait le faire dans les règles de l'art. Mais d'une manière ou d'une autre cela finirait par s'arranger ... Cela devait finir par s'arranger. « Tu crois ? J’aurais besoin de plus de conviction. » Mais il n'en avait pas plus à offrir, l'ennui était bien là, parce que dans le capharnaüm de son état actuel il n'y avait plus de convictions qui vaillent, et de certitudes qui tiennent la route. « Très bien, raconte-moi. Votre dispute était à propos d’un petit accident, hein ? Si tu commençais par ça ? » Hassan avait avalé avec difficulté le morceau de muffin qu'il avait dans la bouche, ses yeux se baissant et l'air subitement absorbé par le contenu de sa tasse de thé (vide).
Il avait envie de laisser cet épisode derrière lui, pas parce qu'il tentait de le renier mais parce qu'il souhaitait à tout prix ne plus se laisser descendre aussi bas. Et il n'avait pas non plus envie de voir dans le regard d'Ella la même déception qu'il avait vu chez Qasim, chez Yasmine, ce regard qui en disait bien plus long que n'importe quelle phrase sur ce qui les animait l'un et l'autre ; La peur d'avoir failli le perdre, mais aussi la colère devant le fait qu'il n'ait rien dit avant et préféré garder son mal-être pour lui seul. La déception aussi, parce qu'attenter à sa propre vie était contraire à leurs croyances communes. « Ou on peut très bien parler d’autre chose et garder ça pour le dîner. Ou ne pas en parler. » avait-elle finalement repris, voyant qu'il gardait le silence. « Tu ne semblais pas sûre de toi quand tu dis que ce n’est pas grave et je déteste te voir comme ça. J’ai pas toujours été là pour toi, les kilomètres et le décalage horaire n’a pas aidé, mais je suis revenue et je ne repartirais plus. C’est promis, je suis vraiment là pour tout ce que tu pourrais avoir besoin. Parler, rester silencieux, te faire des tonnes et des tonnes de muffins ! » Elle avait éclaté d'un rire sincère qui avait mis un peu de baume au cœur d'Hassan, et chassé le goût amer que ses questions précédentes lui avaient amené dans la bouche, gâchant presque la saveur du muffin qu'il n'avait pas tout à fait terminé. « Tu peux essayer, mais si j'en mange des tonnes j'ai bien peur que tu doive me faire rouler pour me faire sortir d'ici ensuite. » L'air amusé à son tour, il avait terminé sa tasse de thé et son muffin sans rien dire de plus, laissant le silence se réinstaller sans cette fois-ci qu'Ella ne cherche à l'en empêcher.
Et c'était peut-être ça, d'avoir écouté le silence pendant plusieurs minutes, qui sans qu'il ne sache très bien pourquoi l'avait amené à lâcher de but en blanc « J'ai crashé ma voiture. Volontairement. » Ou plutôt sciemment, aurait-il du dire, car s'il avait eu conscience de son acte il s'était agi bien plus d'une impulsion que de quelque chose de réfléchi. Déglutissant avec difficulté il avait évité le regard d'Ella, n'ayant pas le courage de lire dans son regard le genre de réaction que son aveu allait provoquer. « Peu importe, on m'a déjà fait la leçon. » Inutile donc qu'elle se sente obligée d'en remettre une couche, il n'avait pas plus de réponses à lui fournir à elle qu'il n'en avait eu pour les Khadji ou pour son frère. Il ne savait pas pourquoi, il ne savait pas comment il en était arrivé là, et il ne savait pas non plus ce qui lui manquait pour aller mieux. Outre les cachetons colorés dont il devait se gaver matin et soir pour limiter de nouveaux dégâts. « Depuis que mon frère a déménagé c'est Yasmine, la personne a prévenir en cas d'urgence dans mon dossier médical. J'ai été odieux avec elle, et je lui ai demandé de foutre le camp. Je l'ai pas revue depuis. » Il avait omis de mentionner que pris dans sa colère c'était lui-même qui avait demandé à ce qu'elle ne soit plus autorisée à rentrer dans sa chambre, sans quoi peut-être serait-elle revenue le lendemain, ou plus tard ... ou peut-être pas, au fond. « Alors tu comprendras que je préfère discuter de muffins et songer à ce que je vais nous préparer à manger ce soir. » Tout pour ne pas penser à cet épisode qui aurait pu se finir bien plus mal et dont ne subsistait plus que la douleur dans ses côtes - presque aussi invisible que la douleur psychologique - et le bandage qui entourait son poignet gauche.
Le but de la plaisanterie d’Ella avait été de détendre l’atmosphère, proposer sa présence à son meilleur ami si c’était là tout ce dont il avait besoin. Elle lui donnerait son temps, son attention, ses conseils s’il lui demandait. S’il ne demandait rien, elle lui donnerait sa présence parce que c’était le minimum qu’elle pouvait faire pour lui. Leur amitié remontait à une autre époque, parfois cela semblait même être une autre vie pour Ella, mais ni le temps ni la distance ne changerait l’important de cette amitié, ni l’important d’Hassan pour la trentenaire. Qu’il réponde à sa plaisanterie était un premier pas et c’était déjà bien. Peut-être qu’il l’avait fait pour éviter de répondre aux autres questions d’Ella, peut-être qu’il l’avait fait parce que c’était plus facile d’ignorer le reste ou peut-être parce que c’était sa façon de lui faire comprendre qu’il ne voulait pas en parler. Peu importait la raison, Ella acceptait cela et laissa le silence s’installait. Ce n’était ni pesant ni gênant, c’était même agréable : ils en avaient passé des moments, minutes et heures, à ne rien dire ou faire, juste être ensemble et rester silencieux leur suffisait dans leur adolescence. Pourquoi cela devrait-il avoir changé juste parce qu’il y avait eu de la distance et des moment de silence-radio dans leur relation ? Aucune raison pour que cela ne soit, alors Ella se contenta de sourire sans chercher à briser ce silence.
Si elle avait utiliser cette pause dans leur conversation pour y réfléchir, Ella devrait avouer qu’elle ne s’attendait honnêtement pas à ce genre de révélation. Un accident, par définition ce n’est pas volontaire. Le mot volontairement remettait donc en cause ce qu’Hassan lui avait dit à propos de la dispute. Et Ella était prête à lui dire cela lorsqu’il reprit la parole. Lui faire la leçon ? Non, Ella ne serait pas allé jusque là. Oui, elle en avait des questions à lui poser, pourquoi ? Quand ? Comment ? POURQUOI ? Même s’il était facile d’imaginer des raisons à cette seule question, le pourquoi qui lui trottait en tête n’attendait pas qu’il lui fasse une liste de raisons crédibles -ou pas, d’ailleurs. Ce qu’elle se demandait le plus était pourquoi n’avait-il pas cherché à la joindre ? Avant même d’avoir cette idée de crashé sa voiture mais également pourquoi elle n’en entendait parler que maintenant ? Elle était en colère, mais pas contre lui pour ne pas l’avoir appelé avant ni même après mais pour ne pas avoir été assez présente pour Hassan, ce qui faisait qu’elle n’avait pas pu voir que son meilleur ami allait mal. Elle ne se culpabilisait pas, elle savait pertinemment qu’elle n’y était pour rien et que sa présence à Brisbane aurait pu ne rien changer à la situation. Mais elle était en colère contre elle même d’avoir été aussi égocentrique pour vivre sa vie de son côté, presque persuadée que son ami n’avait pas besoin d’elle puisqu’il ne l’exprimait pas à haute voix. Lui faire la leçon sur son accident non, mais sur la façon dont il avait traité Yasmine pour parler d’une dispute, comme si ce n’était pas grand chose, ça c’était autre chose. « Je comprends, oui.. » Ella était plutôt du genre ouverte d’esprit, compréhensible, jugeant rarement les gens autour d’elle -inconnus ou proches- mais elle pouvait aussi être rentre dedans. Appuyer là où ça fait mal peut être bénéfique, parfois. « Je ne forcerais jamais à parler d’un sujet que tu refuses d’aborder, alors pour l’instant je vais rester sur ce que tu as dit tout à l’heure : un petit accident, rien de bien grave.. » Elle lui sourit prouvant qu’elle mettait le sujet de côté.. « Par contre, Yasmine ? J’ai bien compris que c’était lié, mais on ne peut pas parler un peu d’elle ? » Elle arqua les sourcils avant de détourner le regard de son meilleur ami, comme si elle ne voyait pas réellement le lien entre la voiture crashé et leur dispute. « J’dirais que te connaissant toi et après t’avoir écouté, lu parlé d’elle… c’est plus qu’odieux que tu as dû être pour que ça en arrive là.. » Elle avait reprit un air sérieux, bien évidemment elle ne voulait pas le pousser à parler de Yasmine plus que de son accident volontaire, mais elle devait bien tenté le coup, non ? Ne serait-ce que pour qu’il sache qu’elle avait bien entendu ce qu’il avait dit et que tout cela cogiterait dans sa tête jusqu’à ce qu’il décide d’en parler avec elle. « Et tu as une idée ? Pour ce soir, je veux dire… » Et ça, c’était pour lui montrer qu’elle pourrait faire comme demandé : se concentrer sur un autre sujet de conversation si c’était bien là ce dont il avait besoin.
hassan & ella ❧ Think about the lonely people, then think about the day she found you, or lie to yourself and see it all dissolve around you . She says she has no time for you now, she says she has no time. ☆☆☆
Hassan n'était pas venu au Pearl dans l'optique de vider son sac, au contraire, bien que ce ne soit pas la façon la plus courageuse de faire face il se contentait pour le moment d'ignorer l'éléphant dans la pièce, de tenter de se convaincre que ce qui s'était passé une quinzaine de jours plus tôt n'était qu'un mauvais rêve, quelque chose auquel il n'avait pas besoin de penser. Et ce n'était probablement qu'un relent de culpabilité qui l'avait poussé à cracher le morceau, à avouer la vérité de but en blanc à Ella plutôt que de continuer à tourner autour du pot en s'enfonçant dans le mensonge. Il attendait la colère, comme avec Yasmine, ou la leçon de morale comme avec Qasim, sachant qu'il la méritait mais incapable de l'entendre à nouveau sans y trouver un côté presque infantilisant, humiliant. Mais Ella était restée silencieuse, Hassan l'observant sans savoir ce que l'expression sur son visage pouvait témoigner de ce qui se disait dans sa tête. Probablement un peu plus que ce qu'elle s'était résolue à dire, se contentant d'un « Je comprends, oui ... » calme qui avait laissé Hassan silencieux quelques instants, comme s'il s'attendait à une suite ou à un "mais". La blonde avait d'ailleurs repris « Je ne forcerais jamais à parler d’un sujet que tu refuses d’aborder, alors pour l’instant je vais rester sur ce que tu as dit tout à l’heure : un petit accident, rien de bien grave ... » Bien que tiquant un peu sur le "pour l'instant" et tenté de répondre que le sujet était définitivement clos, Hassan avait préféré ne pas trop tirer sur la corde, et s'était donc contenté d'un « Merci ... » presque timide.
Et il espérait presque s'en tirer à si bon compte, au final, mais pas non plus disposée à laisser le sujet entièrement clos Ella avait changé son fusil d'épaule et sans doute décrété que si elle lui accordait de ne pas épiloguer sur son geste désespéré, il lui devrait donc au moins honnêteté concernant son autre tracas et sa dispute avec Yasmine. « Par contre, Yasmine ? J’ai bien compris que c’était lié, mais on ne peut pas parler un peu d’elle ? J’dirais que te connaissant toi et après t’avoir écouté, lu parlé d’elle … c’est plus qu’odieux que tu as dû être pour que ça en arrive là ... » Il n'était pas allé jusqu'à mesurer le degré de méchanceté dont il avait ou non fait preuve, et au fond le résultat était le même : il s'était montré suffisamment odieux pour qu'elle ne revienne pas. Et lui était encore trop honteux mais aussi trop en colère pour envisager de faire le premier pas. « Je me rappelle pas tellement ... » avait-il alors avoué dans un demi-mensonge « J'étais pas vraiment dans mon état normal. » Et probablement pas uniquement à cause de ce que l'infirmière lui avait donné pour qu'il se tienne un peu tranquille. « J'avais besoin qu'elle signe un papier pour que je puisse sortir de l'hôpital, vu que j'étais - paraît-il - pas en état de décider tout seul, mais elle a refusé en disant qu'elle me faisait pas confiance et j'ai ... pas très bien réagi. » Ou plutôt disons qu'il avait réagi à la hauteur de l'angoisse que lui provoquait l'idée d'être hospitalisé à nouveau, quand on savait que sa précédente hospitalisation avait finalement duré presque six mois. « Mais j'étais en colère, je pensais qu'elle prendrait tout ce que j'ai dit pour argent comptant. » Qu'Hassan ne s'énerve pas souvent ne signifiait pas qu'il le faisait intelligemment lorsque cela arrivait. Et Yasmine le connaissait suffisamment pour le savoir. Du moins c'était ce qu'il croyait.
Conscient de toute manière que se morfondre à ce sujet ne résoudrait pas son problème, et que ce n'était pas non plus Ella qui en possédait la solution, le brun avait préféré en rester là, et avalé un peu machinalement les dernières miettes de son muffin. « Et tu as une idée ? Pour ce soir, je veux dire … » Malgré les quelques secondes nécessaires à Hassan pour remettre de quoi elle parlait maintenant, il avait fini par secouer la tête de manière dubitative « Je comptais un peu sur toi pour me donner une idée ... » Il avait esquissé un vague sourire « Je ne suis pas au top de mon inspiration, là. Et choisi bien, parce que tu me connais je vais encore en faire dix fois trop et tu seras obligée d'en rapporter chez toi pour ne pas encombrer entièrement mon frigo. » Et c'était tout de même assez ironique, qu'Hassan ait si peu d'appétit ces derniers temps mais ne soit malgré tout toujours pas capable de cuisiner dans des quantités logiques et raisonnables ... Sa mère et celle de Yasmine avaient définitivement déteint sur lui, à ce sujet.