Une bonne petite semaine en perspective, c’était ce qui m’attendait. La salle tournait plutôt à bon régime et les adhérents se font de plus en plus nombreux ce qui me fait réellement plaisir. En revanche une chose qui m’étonne, c’est qu’aujourd’hui je suis convié à aller manger dans un restaurant typique espagnol en compagnie de Cleo la jeune femme ayant sauvé la vie de Thomas la dernière fois. Elle est comme qui dirait critique culinaire et donc elle a décidé de tester ce restaurant et puisqu’il est à base de nourriture espagnole, elle a décidé de me convier. Bien entendu cela me fait plaisir qu’elle ait pensé à moi, mais je me demande pourquoi en fait car nous avons très peu parlé. Alors oui suffisamment pour que nous échangeons nos numéros de téléphone mais cela n’empêche que je ne comprends pas. Seulement cela fait longtemps que je n’ai pas mangé un repas typiquement de chez moi de A à Z donc c’est avec plaisir que j’ai accepté son invitation.
Elle m’a demandé de venir pour midi ou midi et demie dans le restaurant et j’y serais. Je lui ai bien entendu expliqué que la demie m’arrangeait plus car je ferme la salle de sport à midi pile avant de l’ouvrir un peu plus tard dans la journée comme 14 heures. Elle m’a répondu qu’il n’y avait aucun souci et qu’elle serait là et qu’elle avait hâte de partager ce moment avec moi. Je me demande dans un premier temps qui d’autre il y aura, si elle a invité son copain Antoine ou son petit ami du nom de Soren il me semble si je me souviens bien. Je vais totalement dans l’inconnu, mais si cela me permet de passer un bon moment alors je suis totalement pour.
Il est midi d’ailleurs lorsque je ferme à clés la salle et que je me dirige vers ce fameux restaurant. Mon ventre cri famine et je n’ai qu’une envie : manger une paella en espérant qu’elle soit digne de celle que j’avais l’habitude de manger à Séville. Bien entendu j’ai pris le soin de me laver et de m’habiller de manière relativement chic car ça la fou mal si je viens en short, t-shirt ainsi que tout transpirant. Je rentre alors dans ce fameux restaurant ou l’on m’accueille plutôt bien tout en parlant en espagnol et lorsque je lève la tête, je vois la petite brune déjà assise à une table en m’attendant. Je jette un coup d’œil à ma montre pour voir qu’il n’est pas encore la demie et que je suis en avance. Je m’approche d’elle en souriant timidement et je lui parle tout en lui montrant ma montre qui affiche 12h25
-Salut Cleo. C’est moi qui suit en retard ou toi qui est largement en avance ?
Avec tout ce qui se passait dans ma vie ces derniers jours j’avais mis un peu mon travail de côté et ce n’était pas bon. Déjà parce que j’avais à coeur de me développer en faisant des vidéos en devenant plus intéractive avec mes lecteurs mais aussi parce que c’était surement le meilleur moyen de me changer les idées. J’avais diner avec Isabelle mais dans un restaurant que je connaissais donc je n’avais pas fait de papier dessus. La j’avais envie d’exotisme bon tout est relatif dans les plats que je voulais tester pas d’épices orientales, pas d’ananas dans des plats salés, mais une culture culinaire propre à un pays du Soleil. N’étant pas une experte et même si j’avais techniquement une bonne connaissance des plats de ce pays, quoi de mieux pour juger en toute honnêteté qu’un ancien habitant de l’espagne, un originaire de ce pays ibérique. Cela tombait plutôt bien vu que lors du ramassage et du nettoyage de la plage et malgré les tragiques épisodes que nous avions vécu j’avais rencontré Alejandro, espagnol de son état et depuis peu de temps à Brisbane. Je l’avais donc appelé lui demandant s’il serait disponible un midi pour aller déjeuner tout les deux dans un restaurant à la cuisine caliente afin qu’il me donne son avis le plus objectivement du monde. Il avait été hésitant avant d’accepter ma demande et de pouvoir par la suite me retrouver au dit restaurant. Le jour en question je m’étais préparée, j’avais laissé ma fille à ma soeur trop contente de pouvoir jouer au tata gateau et j’étais partie en lui indiquant que je ne serai pas longue le temps d’un déjeuner pour le travail. Elle m’avait dit de prendre tout mon temps vu qu’elle pouvait passer des heures avec sa nièce sans s’en rendre compte. J’embrasse ma soeur et ma fille et part vers le restaurant en question. J’avais reservé depuis deux jours et quand j’y arrivais j’étais la première. Rien d’étonnant j’avais l’habitude de toujours être à l’heure ou en avance adorant la ponctualité. La serveuse m’apporte de l’eau et me donne la carte que j’examine en attendant qu’Alejandro ne me rejoigne. Quand il arrive et qu’il me salue me montrant sa montre je me mets à rire. “Non tu n’es pas en retard il n’est pas encore la demi mais j’ai l’habitude d’être en avance.” Je le laisse prendre place, la serveuse revient pour lui donner à son tour la carte avant de nous laisser choisir. “J’espère que tu n’as pas eu trop de mal pour trouver.” Je regarde pour commencer la carte au niveau des apéritifs sans savoir trop quoi prendre jusqu’à ce que la serveuse s’approche pour nous demander si nous désirons des apéritifs. “Pour ma part je vais prendre une sangria”. Je ne boirais surement pas de vin pendant le repas, conduisant après mais un verre de sangria à l’apéritif ne serait pas trop dérangeant et surtout cela permettrait de voir si le restaurant était capable de faire une bonne spécialité du pays. Alejandro commande à son tour et la serveuse nous quitte. “En tout cas je te remercie d’avoir accepter mon invitation.”
Je ne suis pas l’homme le plus observateur ou regardeur en ce qui questionne la décoration, mais allez savoir pourquoi, lorsque je rentre dans ce restaurant je me surprends à regarder tous les recoins afin de voir si la décoration colle bien au pays et si elle n’est pas trop kitch. Je trouve honnêtement qu’il y a pas mal d’effort, mais c’est différent. Il n’y pas l’âme des restaurants espagnols que j’ai eu l’habitude de connaitre, mais c’est respectable bien qu’il y ait plus ce côté tendance et chic comme il y a dans les restaurants plutôt parisiens. Je vois Cleo et me dirige donc vers elle sans faire trop de vague en la questionnant sur mon arrivée car si je suis en retard il faudra que je règle ma montre puisqu’elle n’indique pas encore la demie. Elle me confirme que je ne suis pas en retard mais en avance et qu’en ce qui la concerne c’est normal puisqu’elle aime arriver en avance. J’hoche la tête doucement tout en prenant place tranquillement
-Oh je vois donc je ne suis pas cantonné au bucher alors
Je rigole doucement alors que la serveuse arrive pour nous donner dans un premier temps la carte du restaurant avant de repartir et de nous laisser tranquille. Alors que je mets le nez dans la carte, j’entends la voix de Cleo me demander si j’ai eu du mal à trouver
-Non honnêtement ça va. Ils sont plutôt bien placé je trouve et c’est un bon point
La serveuse revient quelques minutes plus tard pour nous prendre cette fois le début de la commande. La jeune femme commande une sangria et je souris car elle connait bien son métier en prenant des spécialités du pays afin de pouvoir réellement juger. Pour ma part je vais partir du même principe -Ce sera une autre sangria pour moi aussi. Mais je prendrais aussi des tapas s’il vous plait
C’est vrai que les tapas à l’apéritif c’est la base des bases. La serveuse hoche la tête en notant sur son calepin les commandes pour l’apéritif et part en direction de ce qui doit être la cuisine afin de passer la commande au chef. Je souris doucement à Cleo et cette dernière me remercie de ma venue -Oh non c’est moi qui te remercie de m’avoir proposé de venir. C’est un honneur d’être là. D’ailleurs j’ai hâte de gouter à leurs tapas.
Quelques minutes plus tard, la serveuse revient avec nos commandes en nous souhaitant un début de bon appétit avant de s’éclipser de nouveau. Je saisis mon verre et Cleo fit de même avant que nous trinquons ensemble -Et bien à ce repas ensemble
J’apporte le verre à ma bouche pour gouter cette fameuse sangria qui est plutôt de bonne qualité ce qui a le don de me faire légèrement sourire. Je repose mon verre par la suite après avoir pris une toute petite gorgée -Dis-moi Cleo, tu as quoi de nouveau dans ta vie depuis la dernière fois ? D’ailleurs je suis content de te revoir vraiment
Je n’ai que peu voyagé et encore moins à l’étranger et pourtant j’aurai aimé ou j’aimerai pouvoir un jour. A défaut je voyage grâce aux différentes cultures culinaires et en découvrant de nouveaux plats. Aujourd’hui c’est l’Espagne, de ce que j’en connais ils ont plusieurs spécialités et qu’elles sont synonymes de vacances et soleil pour les touristes. Bon ce n’est pas de mon avis, c’est ce que j’en ai lu et ce que j’ai pu glâner en informations. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que j’ai demandé à Alejandro de venir avec moi il sera surement plus pointu sur la ressemblance avec les vrais saveurs de son pays d’origine, car je peux trouver un plat bon parce que bien réalisé cela ne veut pas dire qu’il respectera les codes du plat en question. A son arrivée il s’inquiète d’être en retard mais je le rassure de suite. Je lui pose quelques questions et je prends mon calepin et mon crayon pour y mettre quelques notes afin de pouvoir appuyer mon futur papier. “ Ca ne t’ennuie pas si par moment je prends quelques informations et si je viens à te citer ? Je ne veux pas te paraitre irrespectueuse.” Il savait que notre déjeuner serait pour moi une source pour mon travail mais cela ne voulait pas dire que je devais être le nez entre mon plat et mon cahier. On commande tout les deux une sangria et il demande en plus des tapas qui d’après ce que j’en ai lu son des amuses gueules typiques de la bas. Les espagnoles sont très friands des apéritifs et en même temps qu’ils boivent un verre ils aiment grignoter ces fameux tapas. “Un honneur faut peut être pas abusé non ?” Je lui souris car je pense surtout que c’est aussi un bon moyen de se connaître. Quelques minutes plus tard on se retrouve tout les deux avec un verre et nous trinquons. “A ce déjeuner que j’espère fameux.” Je goute la boisson pour la première fois. Ce mélange entre le côté un peu rugueux du vin adoucit par le sucre des fruits frais est assez agréable en bouche et surtout très frais. “C’est pas mauvais. Tu en penses quoi ?” Je me pince les lèvres avant d’ajouter. “Tu te doutes que je risque de te demander souvent ton avis.” Je bois une nouvelle gorgée avant de répondre à sa question. “De nouveau ? Je me suis remise je pense pleinement de mes émotions, je suis allée voir Thomas à l’hôpital, j'ai vu aussi Martin pour ma cheville et je me suis remise au sport.” Avec Alejandro on avait pas tant partagé que cela lors de la journée plage et j’étais en train de me dire que ce repas serait un bon moyen d’en savoir un peu plus. “Et toi ? Tu es depuis combien de temps chez nous ? Le dépaysement entre l’Espagne et l’Australie n’a pas été trop difficile ?”
L’Espagne ? J’en garde un très bon souvenir c’est vrai et je serais ouvert pour y retourner un de ces quatre en été pour y passer les vacances. En revanche j’ai aussi eu mon lot de mauvais souvenirs et c’est pour ça que je n’idéalise pas trop ce pays chaleureux car bien que le pays en soit est phénoménal, certaines personnes ternissent la copie et pour ma part la marque de mon passage en Espagne est entaché par mon père. Seulement quand Cleo m’a proposé de venir et de redécouvrir les saveurs de ma jeunesse, je n’ai pas hésité une seule seconde et le lendemain de son appel, me voilà là dans ce bar à thématique et spécialité espagnole. En arrivant je ne sais pas trop si je suis à l’heure ou pas bien que ma montre m’indique que j’ai un peu d’avance, mais Cleo me rassure rapidement pour confirmer ce que je pensais. Je prends tranquillement place dans le siège et cette dernière sort un calepin ainsi qu’un stylo. Etant critique gastronome pour son propre blog, c’est tout à fait normal puisqu’elle note les points positifs et négatifs.
-Non ne t’en fais pas tu peux et c’est tout à fait normal. C’est ton métier Cleo, donc ne demande pas pour l’exercer
Je lui souris avant d’hocher la tête pour lui faire comprendre que réellement il n’y avait aucun problème à cela. Nous fîmes coupés par la venue de la serveuse qui se mit à prendre nos commandes respectives avant de s’éclipser de nouveau. J’ai l’eau à la bouche en pensant à ses tapas qui vont arriver d’une minute à l’autre. Les marseillais ont le Ricard et nous les tapas c’est kif kif et en plus ce n’est pas à consommer avec modération … quoique certaines fois si l’on en abuse trop on a plus faim pour la suite.
-Ok peut être pas un honneur, mais ça me fait vraiment plaisir d’être ici avec toi.
Ces politesses au fond me prenait un peu la tête mais elle me souriait alors je me voyais mal l’envoyer bouler alors qu’elle est toute douce avec moi. De plus je ne sais pas mais je me sens bizarre en sa compagnie. Habituellement je me sens dans l’obligation de faire du rentre dedans mais là rien du tout. Est-ce le fait que je sache qu’elle ait quelqu’un ? Non ça ne m’a jamais dérangé. Est-ce parce qu’elle a un enfant ? Peut-être oui mais je n’en sais trop rien. En revanche je me doute que ce repas est une occasion mise en place pour que l’on apprenne à se connaitre un peu plus. Et comment dire que je n’ai pas envie de lui parler de ma vie ou plutôt de mon passé. Enfin on verra comment ça se passera … Les verres arrivent et nous trinquons avant de boire
-C’est pas mal c’est vrai. Et oui c’est avec plaisir que je te répondrais. De toute manière je suis là pour ça
Après avoir bu ma gorgée je la questionne sur ce qui il y a de nouveau que j’ignore. Je me souviens bien de la plage et de sa petite crise de panique quant à sa culpabilité dans ce fameux coup de feu ayant fini sa course dans l’épaule de cet homme dont j’ignore toujours le nom en fait
-Ah ouais c’est tout un programme alors mais c’est bien tu bouges plutôt pas mal et ne reste pas trop en place. Tu t’en sors avec ton enfant ? C’est quoi son prénom d’ailleurs ?
Je dois avouer que quand elle m’a avoué avoir repris le sport ça m’a fait redescendre directement. Elle ne me doit rien c’est vrai mais j’aurais aimé qu’elle vienne me voir pour que je lui donne ne serait ce que des coups de pouces sur certains points, mais je ne lui laissais rien paraitre. Alors que je me pris le plat de tapas que je lui tendis pour qu’elle se serve, cette dernière me demanda ce qu’il en était pour moi
-Et bien dans la vie de tous les jours j’ai rien fait de bien spécial. Je donne mes cours à la salle ou à domicile depuis peu. Sinon je suis ici depuis un peu moins d’une dizaine d’année. J’ai eu mon diplôme ici. Mais tu sais le temps est moins lourd qu’à Séville mais en soit c’est pas totalement différent car il fait tout aussi beau ici
Nous sommes enfin installés et je meurs d’envie de découvrir les spécialités culinaires espagnoles en espérant qu’elles soient fidèles à ce qui est réellement préparé dans le pays européen. Par respect envers Alejandro je lui demande si je peux prendre des notes et il me rassure en me faisant savoir qu’il comprend parfaitement vu que critique culinaire est mon métier et qu’il faut bien que je l’exerce au mieux je lui souris pour le remercier. Bon je dois avouer que nous tâtonnons l’un l’autre et que nous ne savons pas forcément comment nous comporter. On ne se connait que peu ou pas et je ne veux pas être malpoli dérangeante. J’ai toujours eu peur de déranger les gens ou de les importuner, on dirait de moi que je suis trop gentille, trop à l’écoute des gens, peut être trop même ce qui fait que je peux me retrouver dans des situations assez étranges comme celle que l’on était en train de vivre avec l’espagnol en face de moi. Buvant la sangria que la serveuse m’avait apporté, je pense que cela peut peut-être me permettre de me dérider un peu ou tout du moins de mettre moins de distance avec Alejandro. Je lui demande alors son avis sur la boisson et je la note. “Attention je vais te croire sur parole” Je me mets à rire. S’il venait à me mentir sur le niveau de gamme d’un plat je ne le saurai surement pas. Ce qui me détend un peu plus c’est le fait que l’on se mette à parler de ce que nous avons fait depuis notre dernière enfin notre première rencontre. Je lui parle de mes visites auprès de différentes personnes vu à la plage et il est assez enthousiasme pour moi sur le fait que je suis quelqu’un de dynamique, mais son enthousiasme redescend et je le vois nettement à son visage si expressif d’ordinaire quand je lui annonce ma reprise du sport. C’est vrai il est coach sportif et j’ai pu le blesser sans le savoir. “Ma fille s’appelle Cami. J’arrive à gérer, le fait de travailler de chez moi est un avantage non négligeable pour pouvoir m’occuper pleinement d’elle et surtout de pouvoir vivre avec elle ses premiers mois voir par la suite ses premières années.” Même si parler de ma fille me remplit toujours de joie, je ne veux pas me retrouver avec des non-dits donc je préfère crever l’abcès de suite. “ Alejandro pour le sport si je ne t’ai pas demandé de conseils ce n’est pas parce que je ne pense pas que tu sois un bon coach.” Comment aurais je pu juger sans le savoir ? “J’ai demandé à Antoine qui est un ami, parce que j’avais besoin de me sentir pleinement en confiance pour me dévoiler physiquement et psychologiquement. Par contre quand je me sentirai prête c’est avec plaisir que je viendrai te voir pour renforcer la tonicité de mes muscles. La je fais surtout de l’endurance pour réveiller mon corps endormi” Je me mis à rire tout en buvant un peu et en espérant qu’il ne m’en tiendra pas rigueur. Il me tend alors l’assiette de tapas dans lequel je prends quelque chose de frit que je ne connais pas et que je trempe dans une sauce qui ressemble à une sauce épicée, j’écarquille les yeux. C’est épicé mais très bon. “Quoiqu’après ce que je vais manger je vais peut être devoir me dépenser.” je me mets à rire en imaginant tout les efforts ruinés en un seul repas. Il me raconte un peu sa semaine et je suis surprise je pensais qu’il ne donnait des cours qu’à sa salle. “Ah je ne savais pas que tu donnais des cours à domicile, ca pourrait m’être utile pour pouvoir veiller en même temps sur ma fille.” J’étais aussi je devais reconnaitre impressionné, le fait de quitter un pays de repartir de zero et de tout reconstruire comme il l’avait fait. “ En tout cas je te trouve vraiment courageux d’avoir trouver la force et la motivation de tout reprendre à zéro dans un pays si loin du tien et de ta culture. Même si je reconnais que le temps ne diffère pas trop au moins au niveau du taux d’ensoleillement.” Je terminais mon verre et fit signe à la serveuse de nous resservir. “Et depuis que tu es la tu as rencontré des gens ? Et ne me parle pas de la plage, j’ai rencontré les même que toi.” Je me mis à rire et lui laissa le temps de répondre.
Ce petit apéro était clairement ce qu’il me fallait pour me remettre d’aplombs et pouvoir reprendre la suite de la journée avec plein de peps et de motivation. Retrouver ces gouts perdus me faisait extrêmement de bien que ce soit au niveau des papilles gustatives ou au niveau de la tête. D’ailleurs lorsque je bois la Sangria, je retrouve toutes les saveurs dont je me souviens et je ne peux que dire du bien de la boisson servi à Cleo et celle-ci en prends note en me disant qu’elle va me croire sur parole et elle se met de plus à rire de cela. Je rigole aussi mais je vais rester très droit avec elle et ne pas lui raconter n’importe quoi car ça reste son métier avant tout et je ne vois pas l’intérêt de l’enterrer plus qu’autre chose en disant de grosse bêtise -Ne t’en fais pas je serais honnête
Je ne suis pas toujours droit, mais là sur ce point bien sûr que je le suis. Par la suite on parle de tout et de rien mais notamment de nous ou plutôt de ce que l’on a fait depuis la dernière fois que l’on s’est vu. Elle m’avoue avoir revu du monde de la plage ce qui n’est pas mon cas, et elle me confie avoir repris le sport. Je grimace intérieurement ou du moins c’est ce que je pensais avoir fait, mais au vu de ce que me répond Cleo je peux facilement deviner que l’expression de mon visage m’a trahi. Je m’en veux car je n’aime pas m’imposer ou alors forcer la main au gens et en faisant cela c’est en gros ce que je faisais. Elle avait répondu à ma question quant au nom de sa fille qui était Cami. Les C² je vais les appeler je pense. En tout cas quand elle me précise pourquoi elle n’est pas venu me voir moi pour le sport je me sens vraiment mal à l’aise et encore plus lorsqu’elle dit qu’elle va venir ensuite à la salle. J’aime gagner mes clients, mais pas de cette façon là -Non mais je t’en prie, ne te justifie pas, tu n’as aucun compte à me rendre et tu fais ce que tu veux Cleo.
Je rigole nerveusement à son commentaire mais non pas parce que je suis énervé ou autre mais plus parce que la gêne a pris le dessus. J’espère que l’on va vite changer de sujet car je n’aimais pas parler de ça ou du moins pas avec elle vu ce qu’il vient de se passer. Je cherche quoi faire et pour cela je ne trouve pas mieux que de lui tendre l’assiette de tapas afin qu’elle goute et qu’elle me dise ce qu’elle en pense. Je fais de même et je savoure à petite bouchée le tapas qui pourtant se mange habituellement en un coup de gueule seulement. Elle rigole de son commentaire quand à ce repas qui risque de ruiner ses efforts et je rigole à mon tour -On sera deux dans cet état là alors. Mais ça en vaut la peine.
Après cette parenthèse culinaire, je parle enfin à mon tour de ma semaine à la jeune femme qui semble surprise lorsque je lui énonce celle-ci et notamment que je donne des cours à domicile. Ce point l’interpelle et elle me dit que cela lui serait bien utile pour pouvoir garder un œil sur sa fille. Le malaise précédent refait de nouveau surface car je prends plus ça pour de la compensation et non pas de la réelle envie de travailler avec moi. Elle le fait par défaut puisque nous avons parlé de ça et je ne peux pas laisser ça ainsi car je n’aime pas cela et c’est de ma faute si l’on en est là
-C’est tout en ton honneur de vouloir faire du sport tout en surveillant ta fille, mais tu n’es pas obligée Cleo tu sais. Je veux dire j’ai passé l’âge de me prendre la tête parce que tu as fait du sport avec tel ou telle personne. Vraiment
Je lui souris pour pas qu’elle ne prenne ça comme une attaque car ça ne l’est pas bien au contraire, puis rapidement elle change de sujet et me félicite de mon choix de vie qui fut de quitter Séville pour venir ici à Brisbane. Je me mis à rire nerveusement tout en étant bien entendu touché par son compliment, mais ce qu’elle ne savait pas c’était la réelle raison de ma venue qui fut en fait une simple obligation mais elle ne devait rien en savoir -Merci c’est gentil, mais je ne regrette pas et ça n’a pas été très difficile comme décision à prendre. Plus rien ne me retenait en Espagne et puis le taux de chômage est très élevé là bas donc j’ai préféré prendre la meilleure décision qui fut celle-ci. Et puis je ne suis pas dépaysé.
Je fini de boire mon verre et Cleo de même puis cette dernière demande à la serveuse de la resservir. Je fais signe à la jeune femme que moi aussi mais uniquement un fond afin que je puisse juste savourer une dernière gorgée avant de tourner à l’eau. Lorsque la jeune femme s’exécute nous la remercions.
-Oui j’ai rencontré du monde. En 10 ans j’espère bien et il vaut mieux mais c’est vrai que je ne suis pas l’homme le plus ouvert donc très régulièrement je fais de simple rencontre mais je ne donne pas de suite à cela parce que je n’aime pas être dépendant de quelqu’un et toi ?
Quand il m’annonce qu’il saura être honnête je me mets à rire. “Je n’en doute pas et au contraire plus tu le seras mieux se sera.” Par contre pour ma part mon honnêteté à j’ai l’impression quelque peu froissé Alejandro. J’ai repris le sport mais étant complexée par mon corps après ma grossesse j’avais besoin de quelqu’un en qui j’avais pleine confiance et la personne dans mon entourage pour cela était Antoine. J’aurai pu demander à Soren bien sur mais on a pas forcément envie de se montrer toute dégoulinante auprès de son conjoint surtout quand on essaie d’être plus attrayante. “Je sais que je fais ce que je veux.” Je tente un sourire maladroit. “Mais sache que ce n’est pas du tout ni contre toi ni contre tes compétences, je ne me permettrais pas.” Ce qui permet de détendre l’atmosphère après cet échange des plus maladroits ce sont les tapas qui même si elles semblent délicieuses et que mon palais apprécie, les calories ingurgitées risquent de finir sur mes hanches et réduire à néant tous mes efforts. “Bah oui ca en vaut la peine” Alors que j’ai du mal à fermer la bouge et qu’une petite goutte de friture coule sur mon menton et que j’essuie rapidement d’une serviette, ce qui me fait bien rire. Je lui propose quelque chose mais il a l’impression que je me sens obligé surement suite à ce que j’ai dit plus haut et je préfère de suite le détromper. “Non loin de moi l’idée de te donner l’impression de vouloir me faire pardonner, vu que je n’ai rien à me faire pardonner.” Je me mets à rire pour lui montrer que je prends tout cela simplement. “Mon ami m’aide à reprendre le rythme mais je pense que pour tout ce qui est renforcement physique. Après ce n’est pas simple de faire du sport au stade donc si pour le renforcement tu avais du temps pour passer à la maison et donc me coacher ca me ferait très plaisir sincèrement.” Je le laisse y réfléchir après il prendra la décision qu’il voudra. Il me parle de lui et des raisons qui l’ont fait venir ici, même si je me doute qu’il ne me dit pas tout, on ne peut pas se livrer ainsi à quelqu’un que l’on connait à peine mais quand il me fait part du fait qu’il n’est pas homme à trop se lier pour ne pas dépendre j’esquisse un petit sourire du coin de la bouche. “Je comprends. J’ai des amis sincères et fidèles depuis longtemps et d’autres qui sont plus récents mais tout aussi cher à mon coeur.” La serveuse revient à ce moment la et je décide de commander LE plat espagnol par excellence : la paëlla. Une fois partit je continue sur ce que j’avais commencé à lui dire. “Après j’en ai perdu un enfin j’ai cru l’avoir perdu, vu qu’il est revenu sans que personne ne s’y attende.” Je ne pouvais oublier que Matt avant d’être mon amour, fut d’abord mon ami, tout comme Soren d’ailleurs. Aujourd’hui je risquais d’en perdre un suite à mes actions et cela me chagrinait au plus haut point. Par contre pour ce qui était de dépendre des autres c’était mon cas et je m’étais rendu compte qu’à trop m’appuyer sur les gens que j’aimais, je me recroquvillais sur moi même et toutes les actions que je menais depuis le retour de Matt était pour essayer d’être plus autonome même si j’aimais et j’aime toujours me faire dorloter. “Enfin si on parle de relations, on va dire que les miennes sont plus impressionnantes que les montagnes russes.” C’était le moins que l’on puisse dire...
Le métier de Cleo je trouve cela relativement traitre en fait dans le sens ou c’est vrai que l’on peut découvrir de nouvelles cuisines et gouter des plats qu’on aurait jamais cru pouvoir manger, mais d’un autre on prend rapidement du poids si l’on mange copieusement et si l’on fait ça souvent. Je me doute qu’elle aime cela car sinon elle ne ferait pas ce métier là et c’est pour cela que je ne compte pas lui mentir sur la qualité des plats. Elle rigole avant de me dire qu’elle me croit et que c’est mieux que je le sois. Ma seule et unique réponse à cela fut un grand sourire signifiant qu’elle n’avait pas grand-chose à craindre de moi. Seulement par la suite alors que l’on parle un peu de ce que l’on a fait ces derniers temps, lorsqu’elle m’avoue avoir repris le sport cela me fait comme un électrochoc et depuis elle ne cesse de se justifier de son choix d’avoir repris cette activité avec son ami Antoine alors que ‘elle ne me doit aucun compte et je le lui signale bien entendu. -Je sais très bien que ce n’est pas contre moi donc ne te casse pas la tête avec ça
Heureusement que mes amis les tapas sont là pour nous faire changer les idées sur ce sujet car je ne suis pas venu ici pour me prendre la tête ou pour que Cleo s’excuse à moitié parce qu’elle a fait quelque chose. C’est peut être mais déjà étant quelqu’un qui tient que très peu ses nerfs, je ne veux pas que l’on parle de ça plus longtemps car je suis persuadé que ça va me faire sortir de mes gonds. Mais pour le moment tout va bien et je profite de ces tapas qui sont juste un régal
-Ouais carrément et ils sont vraiment bon. Pour le moment la qualité des produits de ce restaurant sont à la hauteur de ce que j’ai l’habitude de manger en Espagne
N’oubliant pas qu’avant un rendez vous entre deux personnes autour d’une table, ceci est surtout un rendez vous professionnel, je n’oublie pas de lui donner mon avis alors que cette dernière se laisse aller au plaisir charnel de cet amuse gueule en laissant dégouliner une petite goute de graisse qui a le don de la faire rire et de me faire rire à mon tour ensuite, ce qui bien entendu détend encore plus l’ambiance, mais ce n’est sans compter sur le retour du sujet tabou : le sport. Elle m’explique qu’elle veut vraiment venir ou plutôt que je vienne chez elle lui donner des cours et qu’elle n’a rien à se faire pardonner donc qu’elle me le demande car elle le désire
-Dans ce cas si c’est ça je suis d’accord et tu as mon numéro donc tu sais quoi faire pour cela
Juste après cela je décide à mon tour de lui parler de moi pour qu’elle me cerne un peu mieux bien que je ne lui dis pas tout par question d’obligation en fait. Dans un premier temps je la connais que très peu et dans un second, je suis pas du genre très bavard à ce propos puisque personne hormis ma mère, mon père, le service de police espagnole, les familles d’accueils dans lesquelles je suis allé et moi ne le sait
-Je ne dis pas que je n’aime pas me faire des amis, mais je préfère faire des connaissances, les apprécier mais ne pas aller plus loin que ça car je n’aime pas me sentir vulnérable. C’est bête je le sais mais je suis comme ça …
Ou plutôt mon père m’a rendu comme ça mais encore une fois ça doit rester un détail dont elle n’aura pas l’information. Par la suite la serveuse revient et Cleo commande un plat typique de chez moi et de ma région carrément : la paella. Je ne peux que sourire et commander bien entendu la même chose et lorsque la serveuse repart, avant même qu’elle ne me dise quelque chose, je prends la parole
-Là tu me fais plaisir en prenant ce plat là.
Mais elle me parle de la perte d’un de ses amis qui finalement n’est pas si perdu que ça car c’est ce qu’elle pensait. Je me doute qu’il doit y avoir une sorte de quiproquo dans sa tête et je grimace doucement car je peux ressentir la douleur dans sa voix et son attitude
-Tu vois c’est exactement ça que je veux éviter … la souffrance et crois moi j’en ai assez eux dans ma vie. Une fois … pas deux
Elle m’avait parlé d’une chose qui lui tenait à cœur sans trop m’en dire non plus, mais par respect je me devais de lui partager le fait qu’avant j’étais comme elle et j’aimais les gens, j’avais un tas d’amis mais j’ai fait trop confiance à une personne et voilà le résultat aujourd’hui. Et ensuite elle parle de relations ce qui me fait sourire car hormis sexuellement parlant je n’ai pas de relations
-Moi mes relations sont très bizarre on va dire dans le sens ou je n’ai jamais ou très rarement une relation avec la même personne. Problème d’attachement comme tu le sais
Je n’avais pas honte de ce que je voulais ou ce que je faisais mais je me doute que cela risque de surprendre Cleo et de ne pas lui plaire elle qui aime tant les gens et être proche d’eux
Le début du repas était un peu tendu enfin pas tendu mais l’atmosphère n’était pas totalement fluide et légèrement surement du au fait que l’on se connaissait que peu voir trop peu et que même si nous étions tout les deux sociables nous devions nous apprivoiser pour savoir comment parler l’un à l’autre. Après le premier verre de sangria cela se dérida nettement et encore plus avec la présence des tapas et du fait que tout ce que nous allions manger risquait indubitablement de finir dans mes fesses, mes hanches et toutes parties de mon anatomie que je peinais à remettre en forme. Mais après avoir parlé avec Alejandro je savais que j’aurai un Coach à domicile pour m’aider à remodeler ce qui s’était laissé aller après ma grossesse. “Oui je m’organise et je t’appelerai pour te donner mes créneaux de dispo pour que tu viennes jouer les tyrans.” Je me mis à rire tout en prenant un tapas de plus. Je m’essuyais les doigts et je pris mon carnet pour noter tout ce que l’on avait dit sur la sangria ainsi que sur les tapas. Je voulais passer un agréable repas mais je ne devais pas non plus oublier la raison principale pour laquelle j’avais choisi ce restaurant et pas un autre. On se met alors à se parler pour se découvrir un peu plus et quand il me fait savoir qu’il se livre peu et s’attache peu pour ne pas être vulnérable j’hoche la tête. Je comprends totalement ce qu’il veut dire même si je sais que pour ma part ca ne serait pas possible. Je n’ai pas vraiment le temps de lui répondre que la serveuse revient que l’on commande le même plat principal et qui en plus est le plat qui fait plaisir à Alejandro. “Ce n’était pas intentionnel mais s’il est bon j’ai intérêt à aimer si je ne veux pas que tu me remontes les bretelles.” Je me mets à rire avant de décider à mon tour de lui parler vaguement de ce qu’il s’est passé pour Mattéo. “La souffrance je pense que j’ai eu mon lot aussi quand tu apprends que peu de temps avant ton mariage l’homme de ta vie est déclarer mort tu ne t’en remets pas comme cela.” En fait ce que j’avais découvert c’est que l’on finissait par vivre avec mais même en apprenant tu ne pouvais t’attendre à ce que cette douleur soit ravivée par le fait que cette même personne n’était en faite pas morte et la tu avais un mélange étrange entre tristesse, douleur, bonheur et soulagemment. Toutefois j’ai un petit sourire en coin quand il me fait partager le fait que ses relations sont assez libres qu’il n’en a pas de suivi. Je pense qu’il doit vivre au jour le jour et ca peut être aussi quelque chose de plus simple à gérer que ma vie actuelle. “Je ne dirai pas bizarre, tu profites et tu n’as peut être pour l’instant ni l’envie, ni la force de t’attacher à quelqu’un.” Je finis ma sangria me sert un verre d’eau et reprend. “Un jour quand tu te sentiras prêt ou que tu auras rencontré quelqu’un avec qui tu pourrais envie de plus, cela changera peut être.” Il avait un probème d’attachement et moi on me reprochait de m’être attachée après Mattéo comme quoi on était pas tous égaux. La serveuse arriva avec les plats et je déplais la serviette que je mis sur mes genoux. “Ca sent drôlement bon”. Je relève la tête vers mon compagnon de déjeuner. “Bon appétit.”
L’ambiance qui régnait dans le restaurant entre la jeune brune que je connaissais que depuis quelques semaines, était au début plutôt tendu ou du moins bizarre car il y avait cette impression d’inconnu ainsi que cette histoire de sport ou plutôt de remise en forme qui a jeté un petit froid, mais petit à petit tout allait de mieux en mieux et la bonne humeur était de nouveau la bienvenue et c’était mieux ainsi car bien que je ne la connaisse pas énormément, je sais que c’est une femme bien et généreuse donc ça me ferait chier de la mettre mal à l’aise ou de réussir à ne pas m’entendre avec elle. De plus parler de nourriture aidait à cela aussi car on ne croirait pas vu comme ça, mais j’aime bien manger. Je ne suis pas le genre de mec qui prend des prot pour se faire gonfler encore plus. Je préfère une bonne pizza à des tranches de blanc de poulet afin de se muscler davantage. Je me bute simplement au sport ensuite, voilà mon secret -Ouais pas de soucis. Toute manière ta fille va t’encourager ou me faire la morale si je suis trop méchant avec sa maman donc je ne vais pas risquer ma vie
Je me mis à rire avec elle à ce commentaire et puis de toute manière je ne suis pas quelqu’un de méchant dans mes paroles car je n’aime pas ce genre de façon de coacher et je ne vois pas l’intérêt de détruire la personne comme c’est le cas dans les séries américaines de l’extrême pour faire perdre du poids. Mais bon chacun à sa méthode bien qu’on ait tous le même objectif. Par la suite nous parlons un peu plus précisément de nous et je lui avoue ne pas m’attacher par simple protection alors qu’elle mange le dernier tapas que je lui laisse volontiers puis à peine l’assiette vide, la serveuse revient pour nous prendre notre commande qui est la même ce qui me fit rire et elle aussi.
-Je n’aurais pas besoin de te remonter les bretelles. Si c’est fait comme chez moi en Andalousie, tu ne pourras qu’aimer
Je lui souris puis elle se décide de se confier à moi sur la perte d’un être cher qui est l’homme de sa vie et qui est mort avant son mariage qui plus est, je me sens pour la première fois de ma vie désolé car ça ne doit pas être évident et si elle m’en parle c’est qu’elle doit en avoir marre de le garder pour elle et qu’elle a envie d’en parler et je suis là si elle le veut bien que je suppose qu’un homme comme Antoine est plus ce qu’elle recherche comme épaule sur qui pleurer. -Je me doute que ça ne doit pas être facile à vivre et je suis là si tu as besoin de parler ou autre …
Je pose ma main sur la sienne et j’hoche la tête en souriant doucement et timidement à cette dernière. Elle s’est livrée à moi encore plus que ce que je ne pouvais penser. Je ne lui parlerais malheureusement pas pour autant de ce que j’ai vécu par honte, pudeur -Tu sais je n’ai pas toujours été comme je suis aujourd’hui, mais quand tu es pas le bienvenu pour la personne en qui tu as le plus confiance, c’est difficile à vivre. Moins difficile que toi je le conçois
Est-ce que réellement c’est moins difficile à vivre lorsqu’on a toutes les données ? Je ne sais pas car c’est deux cas de figure différent, mais ça l’est plus que je ne lui laisse entendre, mais une chose est sûre c’est que la vie est faite pour nous faire souffrir d’une manière ou d’une autre. Si ce n’est pas en amour ou au travail, il y aura forcément autre chose et c’est pour cela qu’il faut profiter des plaisirs de la vie au lieu de se prendre la tête. Pour ma part j’ai décidé de vivre de cette façon car c’est la meilleure des choses pour ma tête et ça m’empêche de virer dans la folie. La réaction de Cleo me surprend car elle me comprend tout à fait bien qu’elle ait un mode de fonctionnement totalement différent, avant de me dire qu’un jour peut être je verrais les choses différemment
-Oui c’est ça et merci de me comprendre, mais je ne sais pas si j’ai le droit d’être heureux. C’est bête à dire mais en 27 ans d’existence je me demande si je suis pas voué à souffrir toute ma vie et finir seul.
Je me demande si un jour dans ma vie j’ai été heureux mais non je n’en trouve pas car ma vie à vite tournée au cauchemar par la faute de mon père notamment. Bien entendu pour le moment ce que j’appelle mon bonheur n’est rien d’autre qu’un échappatoire pour oublier. Enfin bref en revanche je ne vais pas et je ne veux pas oublier le gout de la paella qui arrive. L’assiette est bien chargé et j’hume l’odeur de ce plat
-Et ça ce n’est que le gout. En bouche c’est encore autre chose tu vas voir. Tu m’en donneras des nouvelles. Bon appétit à toi aussi et encore merci de m’avoir proposé de venir. C’est un plaisir de manger en ta compagnie et bien que je ne m’attache pas trop, je t’aime bien …
Je me mets à rire sans pouvoir m’arrêter quand il m’indique que ma fille pourra m’encourager. “Je pense que du haut de ses sept mois c’est pas gagner pour son soutien, mais au moins elle sera présente avec moi.” Après à la façon qu’est Alejandro ou du moins de ce que j’ai pu constater de lui je ne l’imagine pas en dictateur du sport fait à l’extrême, quoique je me dis qu’avec certaines filles il doit pratiquer le sport extrême mais seulement en privé. Petite pensée osée voir coquine qui me fait doucement rire. Après ce que j’ai vu au feu de camp on voyait de suite que c’était un séducteur. “Alors je croise les doigts pour qu’elle soit aussi bonne que tu me le dis.” Rien que d’évoquer la paella j’en avais l’eau à la bouche, j’en salivais d’avance. En attendant que nos plats arrivent on se parle on se livre un peu mais sans trop en dire, la gêne, la pudeur le fait de se connaitre si peu, mais le fait qu’il soit prêt à m’écouter si j’en ai besoin me touche encore plus avec sa main sur la mienne que je recouvre alors de la mienne tout en le regardant dans les yeux. “ Merci c’est adorable de ta part.” J’inspire profondément pour trouver les mots justes sans qu’ils les imaginent forcés. “Sache que comme toute personne tu as le droit d’être heureux et de vivre une vie apaisée. Je ne sais pas quels démons te rongent de l’intérieur, mais si un jour tu venais à avoir besoin de parler à quelqu’un qui saura ne pas te juger, je serai ravie d’être cette personne et tu pourras avoir pleinement confiance en moi.” Je lui fait un sourire en toute douceur et toute simplicité. A ce moment la le gaillard face à moi semble si fragile que j’aurai envie de lui faire un calin pour le réconforter car je ressens comme une profonde douleur ancrée bien plus lourde que celle que je vis. Comme si la serveuse avait deviné elle nous apporte les plats au moment ou nous avons besoin de quelques choses de plus léger pour changer l’ambiance du repas. Une fois l’assiette devant moi, je ferme les yeux et j’hume les différentes senteurs qui se dégagent du plat. Mes narines sont toutes émoustillées et je ne résiste pas de prendre ma fourchette pour la planter dans le riz. “Bon appétit.” Et je lui lance un sourire aussi bien avec ma bouche qu’avec mes yeux impatiente de gouter. La première bouchée est un délice et j’y retourne avec plaisir. Ne voulant toutefois pas laisser le silence s’imposer j’avale le riz et reprends la conversation. “Moi qui ne voyage qu’à travers le net ou les restaurants que je fais, pourrais tu me parler de l’espagne ? Comment y vit on ? Le rythme des grandes villes ? Ce qu’il y a visiter ?” J’étais curieuse de tout et d’autant plus qu’en décortiquant une crevette avec les doigts je me sentais plus espagnole que jamais.
Je l’entends rigoler lorsque je lui parle de sa fille et du soutien qu’elle peut lui apporter et elle me fait part de sa réticence sur le fait qu’à cet âge là son soutien risque d’être minime voir même inexistant et je ne peux m’empêcher de sourire en la regardant -Détrompe toi Cleo. Son soutien apparaitra de manière différente. Certes elle ne va pas t’encourager, mais inconsciemment elle va t’aider à te surpasser plus que tu ne peux le penser.
Je ne connais pas le lien qui la lie à sa fille et à quel point il peut être passionnel mais c’est tout simplement logique. Toute mère se bat pour sa fille et inversement la fille donne du courage à sa mère. Je n’ai pas eu la chance de vivre cela étant plus jeune faute d’avoir des parents fou alliés mais je sais que ça se passe ainsi. En tout cas j’essaye de la rassurer sur ma façon de coacher sans lui dire comment je m’y prends, mais je sens qu’elle comprend très vite que je ne vais pas la tuer et crier sur elle et encore moins alors qu’il y a un pauvre bébé de 7 mois à peine dans les parages. -Oui j’espère aussi parce que ça fait bien longtemps que je n’ai plus mangé de paella.
Bien que ça fasse pas mal de temps que j’habite ici à Brisbane, je n’ai jamais eu l’occasion ni la présence d’esprit d’aller dans un restaurant espagnol par peur d’être déçu et de perdre l’authenticité des plats de mon enfance que j’ai tant aimé. En parlant d’authenticité, c’est ce dont je preuve auprès de Cleo en parlant de mes démons à demi mot après que celle-ci m’ait parlé des siens. Je la console comme je peux tout en rajoutant un certain contact physique et cette dernière l’accepte volontiers en mettant sa seconde main au dessus de la mienne en me remerciant puis m’expliquant un tas de chose qui malgré mon cœur de pierre sont relativement touchante je dois l’avouer -Merci c’est gentil et je ne l’oublierai pas dans ce cas …
Je lui souris aussi ne trouvant pas quoi lui dire de plus … problème d’ouverture on va dire. Cette dernière me sourit aussi et je m’apaise un peu et en me laissant aller. Je me laisse même un peu trop aller et c’est pour cela qu’alors que la serveuse arrive je remets ma garde en place ainsi que ma carapace. Elle m’avait attendrit et j’avais beaucoup parler et même un peu trop à mon gout donc je dois me ressaisir. L’arrivée des plats se cale parfaitement et je regarde l’assiette blindée avec ce riz bien jauni, des moules, des crevettes, des morceaux de poulets, du chorizo … enfin bref tout ce qui est nécessaire pour une bonne paella -Bon appétit à toi aussi.
Je prends une bouchée et là c’est l’explosion de saveur. Je ferme les yeux en profitant de ce moment et me concentrant uniquement sur ce qu’il y a dans ma bouche. Je lâche un petit cri du genre « Hmmm » pour signaler à quel point c’est délicieux, et lorsque je les ouvre, je vois Cleo manger elle aussi et prendre du plaisir ce qui me fait sourire.
-L’Espagne ? Et bien c’est vraiment un beau pays je trouve dans son ensemble de part le temps mais il faut savoir choisir sa destination. La première chose à laquelle on pense c’est Madrid mais comme c’est une ville en altitude, le temps n’est pas top là bas et il fait souvent gris. Après Barcelone c’est pas mal oui mais je pense qu’il y a mieux car hormis le stade il n’y a pas grand-chose. De plus il y a beaucoup trop de touristes là bas comme c’est pas très loin de la frontière. Après il est vrai qu’à Séville là ou j’habitais c’est beaucoup plus bas, mais en revanche tout est parfait. Il y a des stands de paëlla partout, de la bonne ambiance dans les rues. Il y a la cathédrale à visiter, la Giralda, la Place d’Espagne aussi, Alcazar de Séville, le Parc Marc Luisa, la tour de l’Or et la place de l’Amérique. Il y a beaucoup de chose à voir et puis ce n’est pas une ville morte, bien au contraire il y a toujours une petite soirée à faire pour s’amuser et pour tout âge. Vraiment c’est super. Si tu veux je t’amènerai en Espagne et je serais ton guide. Tu reviendras avec des souvenirs pleins les yeux et la tête.
Je lui souris et quand j’en parle j’ai les yeux qui brillent limites car bien qu’il y ait pas mal de conneries pour touristes ça n’empêche que c’est vraiment beau à voir et ça fait partie de notre patrimoine à nous Sévillans. -Désolé je me suis un peu emporté là mais bon il y a tellement à dire que je n’ai pas su m’arrêter plus tôt.
Je rigole doucement en la regardant dans les yeux alors que prend une autre bouchée de riz avec du poulet et surtout du chorizo ce qui me fait penser à cette spécialité espagnole aussi -Le chorizo aussi ça m’avait manqué. A Séville je connais des coins parfait pour gouter un paquet de chorizo. Si tu aimes bien, dis le moi et j’essayerai de t’en faire provenir de là bas directement. Je suis parti mais j’ai gardé mes contacts en Espagne. Et puis ça me ferait plaisir de te faire partager ma culture
La sangria et les tapas m’ont mis en appétit et j’attends avec impatience de gouter cette fameuse paëlla qui me fait déjà saliver rien qu’en voyant et en entendant Alejandro en parler. Je sais de quoi c’est constitué je sais aussi comment s’est cuisiné même si bien sur je ne sais pas la réaliser mais une bonne paëlla de ce que j’ai compris prend des heures à cuire pour que toutes les saveurs des différents produits s’harmonisent que les sucs des viandes et des crustacés soient complémentaires et non prenant le pas les uns sur les autres. “Ca ne te manque pas un peu de ne pas pouvoir profiter des produits de ta culture ?” Pour moi si j’avais été habitué à manger des plats aussi divers et variés que les habitants des pays européens je pense que j’aurai du mal à me couper totalement des mets de ma jeunesse. Après cet aparté sur la cuisine bien que normalement cela devrait être notre centre d’intérêt principal vu que nous sommes venus ici pour déjeuner on se découvre et vu les blessures qu’il a l’air de porter je lui fais part que si un jour il venait à avoir besoin de quelqu’un sur qui s’appuyer je saurai être cette personne et qu’il pourrait me faire totalement confiance ce qui à l’air de lui faire plaisir et de le toucher au vu de sa réaction. Nous ne restons pas la dessus, voulant profiter de la belle journée et surtout du plat délicieusement odorant que la serveuse nous dépose chacun devant nous. Les assiettes sont largement garnies et je ne sais pas si je serai capable de tout manger mais rien n’est impossible surtout quand cela me fait saliver rien qu’en voyant de quoi est composé ma paella. “Merci”. Et le merci est totalement approprié c’est réellement délicieux, on sent les produits, les épices et entre autre le safran tout est savamment dosé et j’espère que cela correspond aux souvenirs d’Alejandro sinon je serai déçue d’avoir gouter cela et que se soit loin de la paella traditionnelle. Cependant plutôt que de parler de cuisine je lui demande de m’évoquer son pays et tout en mangeant je m’imagine dans les lieux qu’il me décrit et je me vois voyager entre les senteurs et les gouts. Je reconnais que le chrorizo est épicé mais cela relève parfaitement le plat. “ La carte postale que tu me dépeins me donne envie de partir la bas et de découvrir toutes ces merveilles dont tu mes parles et que tu e fais partager ce midi.” A sa proposition de le suivre en espagne je souris. “Si un jour je pars en Espagne j’aimerai que se soit d’abord pour faire un tour de l’Europe : l’Espagne, l’Italie, la France, l’Angleterre.” Et la je me mets réellement à rêver avant de revenir sur terre. “En tout cas ca donne envie et tu as raison de t’emporter ainsi en voulant me faire découvrir tes racines.” Il me parle alors de Chorizo et du fait qu’il peut peut être m’en avoir. “Entre Antoine qui a un réseau pour du vin francais et toi pour de la charcuterie espagnole je vais pouvoir bien manger et bien boire.” Je me mets à rire avant de me rendre compte que je ne pourrai jamais finir mon assiette. “Je suis gavée mais un bon gavage. Et je te confirme que je vais avoir besoin de toi après ce repas.” Je laisse mon assiette et prends le rince doigts afin de me nettoyer les mains après avoir décortiquer les crevettes et ne pas avoir une odeur de crustacés me suivant toute la journée.
Il est vrai que je n’ai pas eu une enfance heureuse, mais j’ai eu une chance immense d’être né en Espagne et de pouvoir avoir des produits de terroir fort et tellement bon. Quand je pense que certains n’ont rien, je me dis que pour ma part j’ai eu au moins un peu de soleil dans ma courte vie. Bien entendu en quittant l’Espagne, j’ai quitté cela, mais maintenant avec l’ouverture du marché mondiale, il y a beaucoup de délocalisation et pour preuve en Australie nous sommes en train de manger de la nourriture typiquement espagnole. Le monde évolue et donc petit à petit je retrouve ma culture, mon chez moi. D’ailleurs ce fut l’une des questions de Cleo
-Au début oui ce fut compliqué un peu, mais maintenant avec le marché mondiale, je retrouve une part de mon enfance
La meilleure partie même de mon enfance et c’est mieux ainsi. Justement en parlant de mon enfance, je me livre un peu à elle en lui expliquant deux trois choses à propos de moi et elle fait de même de son côté. Nous nous soutenons l’un et l’autre si jamais il y a besoin et je trouve cela super touchant, mais je ne vais pas pleurer pour autant car je dois rester fort. Heureusement pour cela, le repas arrive. Cleo me souhaite un bon appétit et moi de même avant que celle-ci ne me remercie. Alors que nous étions en train de manger, afin de ne pas laisser un certain blanc entre nous, elle me demande de parler de l’Espagne et de la vie là bas. Je vois qu’elle s’intéresse à moi mais aussi et surtout à ce pays en fait et je vais faire de mon mieux pour le lui présenter comme dans mes souvenirs. Comme souhaité, je lui parle de mon pays avec le cœur et notamment de ma région car ça me tient à cœur et j’ai envie de lui faire partager cela. Lorsqu’elle me dit qu’au vu de ce que je lui raconte, elle aimerait venir pour voir ça, je ne peux m’empêcher de sourire car cela veut dire que j’ai réussi à lui donner envie et que je présente plutôt bien les choses. Je lui montre quasiment toutes mes dents en lui souriant, puis elle me dit qu’elle aimerait bien venir en Espagne effectivement mais faire aussi le tour des pays européens -Avec ce tour d’Europe c’est une certitude que tu auras besoin d’un coach sportif
J’explose de rire en me l’imaginant revenir avec le double de son poids actuel, mais bien entendu ce n’est en aucun méchant ou une attaque personnelle. Je voulais juste rigoler un peu et je me doute qu’elle va le prendre ainsi aussi -C’est quelque chose oui. Et toi en Australie il se passe des choses ou vraiment pas ? Parce qu’en 10 ans de vie ici je ne sais pas trop sur quel pied dansé au niveau culture.
Je lui souris doucement avant de lui proposer de ramener du chorizo de toutes sortes afin qu’elle puisse y gouter, et elle rigole en me disant qu’entre son ami Antoine qui était là lors du ramassage, qui lui ramène du vin français et moi de la charcuterie espagnole, elle risque de ne pas être à cours de bons petits plaisirs. Je ne peux m’empêcher de sourire -Si je peux t’être utile en quelque chose c’est avec plaisir, et puis ce n’est pas ici que tu risques de trouver du vrai chorizo comme on les fait en Espagne.
Je parle, je parle mais je ne mange pas trop, alors au lieu de parler, nous commençons à manger, et alors que Cleo ne mange pas tout, pour ma part l’assiette est vide et toute propre quasiment prête à l’emploi. Quand je vous dis que les apparences sont trompeuses et que je suis un bon mangeur.
-Oui ça cale bien la paella, mais j’espère que tu as quand même une petite place pour des churros. Quitte à avoir besoin de moi, autant que ça soit pour quelque chose tu ne penses pas ?
Je rigole et alors que la serveuse reviens prendre nos assiettes, je sers un verre d’eau à la jeune femme et je m’en sers un aussi que je bois assez rapidement pour faire passer tranquillement la totalité de mon repas ainsi que pour me rafraichir la bouche. La serveuse revient ensuite pour prendre la commande et je fais un clin d’œil à Cleo signifiant qu’il faut qu’elle me fasse confiance et pour ma part j’opte pour des churros. La jeune femme repart après que la petite maman ait choisi elle aussi son dessert. -Au fait je t’ai pas demandé, mais tu n’as rien de prévu après ? Parce que si tu veux je peux te donner un cours ou du moins te donner un programme à suivre et pratique à faire chez soi