Je cours jusqu’à en perdre haleine. J’ai l’impression que mon coeur va sortir de ma poitrine, je souffle, j’inspire, j’expire pour échapper au pire. Je me faufile dans une allée, mes tempes battant à tout rompre. J’essaye de me faire discrète. Puis le trou noir. Je tourne la tête, reprends mes esprits. Je suis dans un bar, la musique est assourdissante. Et puis je me prends une claque mémorable. Je rouvre les yeux, je suis allongée, dans un lit d’hôpital. Mes parents sont là et mon père pose délicatement sa main sur mon visage tuméfié. Mes yeux s’écarquillent et je m’évanouis une nouvelle fois. Nouveau trou noir. Sauf que là, je me réveille, pour de bon. Je suis en sueur, assise sur mon lit, le soleil perçant à travers les rideaux. Je passe mes mains sur mon visage, me palpe, me pince pour savoir si je ne suis pas encore en train de rêver. Je pose ensuite mon regard sur mon radio-réveil. Neuf heures. Je me lève, encore sonnée de ce rêve intense et file sous ma douche en repensant à toutes ces images. Il ne m’arrive pas souvent de faire des cauchemars, mais je dois dire que lorsque ça arrive, c’est assez flippant. Je ressors de la douche après cinq bonnes minutes et me nourris d’un semblant de petit-déjeuner: un kiwi, un verre de lait et une barre de muesli. Il n’y a pas un chat à l’appartement, je crois qu’ils sont tous partis en weekend. Quel jour sommes-nous, déjà? Je jette un rapide coup d’oeil au calendrier mural: samedi. Je crois que Taylor a un cours de peinture, Kyeran travaille, Joey doit surement être chez une fille et Joy… j’en sais rien. Elle est peut-être partie garder Kenzo, le petit dont elle s’occupe presque tout le temps. Je hausse les épaules et retourne dans ma chambre. Je me dis alors que la seule solution pour me vider l’esprit serait d’aller courir. Réellement. Et pas pour échapper à quelqu’un ou quelque chose. Juste courir, me sentir libre, exacerber toutes ces ondes négatives. J’enfile un mini-short moulant et un débardeur de sport ainsi que mes chaussures et attache mes longs cheveux blonds en une queue-de-cheval maitrisée. J’attrape ensuite une bouteille d’eau, mon iPod et sors en trombe de l’appartement. Je commence par de petites foulées, un échauffement standard, puis je cours, je ponctue par quelques sprints et je boucle ma course après huit kilomètres. Il n’y a toujours pas l’ombre d’un chat lorsque je pénètre à dans l’appartement. Tant mieux pour moi, ça me fera un peu de tranquilité. Je retarde le moment d’aller me doucher à nouveau et allume la télévision pour avoir un semblant de compagnie. Je me dirige ensuite vers l’évier de la cuisine pour remplir ma bouteille d’eau et remarque soudainement une fuite en dessous du meuble de cuisine. L’eau semble filtrer au travers et commence à former une flaque à mes pieds. Je referme aussitôt le robinet en maudissant cette foutue plomberie. Sans attendre une seconde, j’attrape mon téléphone, recherche le plombier le plus proche sur Google et l’appelle. Après trois sonneries, un homme décroche. Je me lance: « Euh oui, bonjour… Je vous appelle parce que j’ai une fuite dans ma cuisine et je ne sais pas quoi faire… » Je danse sur mes pieds en regardant la flaque d’eau d’un air perplexe.
Six heure du matin et la musique résonnait déjà. Les murs vibraient comme le corps en transe du jeune musicien, debout sur son canapé à chanter et danser sur le rythme de la chanson. En peignoir blanc, Priam avait déjà fumé quelques joints pour ''bien se réveiller, et fêter l'occasion d'un nouveau jour''. Chaque jour, il y avait une nouvelle chose à fêter. Que ce soit un nouvel insecte dans sa maison, un soleil bien plus haut que d'ordinaire, une visite, une assiette de casser ou autre … tout était une excuse à se fumer quelques joints sur son canapé, à écouter du Miles Davis et danser comme un fou furieux. Après tout, il pouvait se le permettre : il vivait seul comme un vieux trentenaire mis au placard. Et dieu seul sais, que cette idée est affreuse pour la conscience du Livingstone.
Deux heures plus tard, le voilà effondrer de fatigue sur son canapé à entamer une sieste. Sieste qui, il le savait, se transformerai rapidement en nuit. Son sommeil était lourd et non-reposant, du aux effets de ces quelques joints précieux. Mais cela ne dérangeais aucunement le brun, il faisait pratiquement cela tous les matins alors autant dire qu'après plusieurs années à entamer cette tradition, au bout d'un certain temps, les effets sont quasiment nul.
A huit heures trente, son portable sonna. Passant une main sur son visage et tapotant sur sa table basse pour trouver son cellulaire, il tomba, à l'autre bout du fil, sur un de ses amis et aussi, membre de son groupe de musique. Ce dernier lui criait qu'il allait devoir se mettre au travail et lui trouver une belle chanson. Parole et mélodie comprise. Priam lui raccrocha au nez sans même lui demander comment allait-il, car de toute façon, comme il avait interrompu son sommeil, Priam n'en avait plus rien à foutre de lui. On ne dérange pas un homme dans son sommeil.
Quelques minutes plus tard, il se retrouvait assis sur une chaise en bois qui était nullement confortable, devant plusieurs feuilles blanches. La peur extrême de la feuille blanche, voir même, le supplice de la feuille blanche. Il avait déjà écrit quelques lignes mais rien n'avait aboutit -en même temps, ces quelques lignes se résumaient à « J'ai mal aux culs à cause de cette chaise, je devrais en racheter une plus confortable » et autant dire que cette chanson ne rentrerais pas dans les charts. Alors, il continuait à regarder ses feuilles, parfois il s'amusait à compter le nombres de secondes qu'il pouvait tenir sans respirer, ou encore mesurer la taille de ses mains à l'aide d'un fil retirer de son peignoir. Autant dire que la vie de Priam était très productif.
Son moment de travail fut perturbé par un coup de téléphone. Se ruant vers lui pour décrocher, il colla le combiner contre son oreille pour écouter pleinement la personne au bout du fil. Une personne passera chez lui aujourd'hui ? On lui proposera de sortir ? Faire quelques choses ? Lui changer les idées ? « Euh oui, bonjour… Je vous appelle parce que j’ai une fuite dans ma cuisine et je ne sais pas quoi faire… » ah. C'était donc ça, cet appel. Une simple femme qui s'était trompé de numéro et le prenait pour un plombier. Il ne pu retenir son souffle déçut que cet appel ne soit pas si important et alors, Priam répondit d'un ton calme et monotone : « Et bien, écoutez madame ce que je peux vous conseiller c'est d’appeler un vrai plombier. » mais dès que ces paroles furent sortit de sa bouche, Priam s'en voulu immédiatement. Il avait là, l'occasion de sortir et rencontrer le monde extérieur. « Attendez ! Raccrochez pas ! » la situation de stress et de panique dans laquelle il s'était mis lui-même l'avait fait sauter sur son canapé en criant pour lui-même. Allait-il réussir à sortir de chez lui et affronter la civilisation ? Lui qui vivait la nuit et dormait la journée, allait-il réussir à faire l'inverse ? « Je m'y connais pas mal en plomberie et en … fuite de cuisine. Je peux vous réparer ça gratuitement et si je foire, c'est moi qui paye votre plombier. Qu'est-ce que vous en pensez ? Je veux dire, ce que vous pensez de ma proposition. Pas de moi. Car je sais déjà que vous vous dite que je ne suis qu'un pauvre con qui essaye de s'incruster chez une femme qu'il ne connaît même pas. Mais je suis gentil. Du moins, ma voisine m'a dit ça quand je l'ai aidé à sortir ses courses de son coffre. Je parle peut-être un peu trop, pas vrai ? Passons. Oui ou non ? »
Et voilà qu'il s'était remit à parler un peu trop vite et un peu trop. Mais l'envie le transperçait. Il avait une bonne raison pour sortir dehors car il n'était pas comme ces personnes célibataires et seul qui pensait que, en allant se balader dans un parc vers quatorze heure, ils allaient trouver la femme de leur vie. Tous le monde sais très bien que pour trouver la femme parfaite aujourd'hui, il faut sortir dans des bars, dans des boîtes de nuits ou autre. Ah, la jeunesse de nos jours.
Je vais vraiment finir par croire que je n’ai pas de chance sur cette Terre. Pourquoi faut-il qu’à chaque fois qu’il y ait un problème à l’appart’ j’y sois liée? Non, franchement, j’en ai marre. C’est toujours moi la pauvre âme qui doit démarcher tous les corps de métier, toujours moi qui doit appeler le propriétaire d’un air désespéré pour lui expliquer ce qu’il s’est passé… Et comme par hasard, je suis seule quand la tuile du siècle arrive. C’est quand même incroyable. Je soupire de désespoir en composant le numéro du plombier trouvé sur Google. Je lui explique en deux-trois mots le noeud du problème et il réplique: « Et bien, écoutez madame ce que je peux vous conseiller c'est d’appeler un vrai plombier. » J’écarquille les yeux, toujours fixés sur la flaque d’eau. Et merde. « Ah… J-je.. désolée, j’ai du me tromper de numéro » Je balbutie et retire mon téléphone de mon oreille pour appuyer sur le petit bouton rouge lorsque j’entends crier le supposé plombier. « Attendez ! Raccrochez pas ! » Je ramène le téléphone à mon oreille et murmure un: « Oui? » presque imperceptible. J’espère intérieurement qu’il va m’annoncer que tout ceci n’est qu’une blague et qu’il pourra se déplacer en vitesse pour régler le problème. « Je m'y connais pas mal en plomberie et en … fuite de cuisine. Je peux vous réparer ça gratuitement et si je foire, c'est moi qui paye votre plombier. Qu'est-ce que vous en pensez ? Je veux dire, ce que vous pensez de ma proposition. Pas de moi. Car je sais déjà que vous vous dite que je ne suis qu'un pauvre con qui essaye de s'incruster chez une femme qu'il ne connaît même pas. Mais je suis gentil. Du moins, ma voisine m'a dit ça quand je l'ai aidé à sortir ses courses de son coffre. Je parle peut-être un peu trop, pas vrai ? Passons. Oui ou non ? » Je ne peux m’empêcher d’échapper un rire face au monologue de l’homme. Mais qu’est-ce qui lui prend? Il doit surement être fou… Je réfléchis, reprends toutes ses idées dans ma tête et finis par me résoudre. S’il fait ça gratuitement, pourquoi pas? Je vais quand même aller chercher la batte de baseball dans la chambre de Joey, au cas-où j’ai affaire à un psychopathe. « Mmmh… C’est vrai que ça pourrait être pas mal. J’pense pas qu’un plombier pourrait se déplacer dans la minute, surtout un samedi… Donc d’accord. Pourquoi pas. J'espère sérieusement que vous n'êtes pas un serial killer... » Je lui communique ensuite mon adresse et le prie de venir au plus vite. Je raccroche ensuite et pose mon téléphone sur la table de la salle à manger, avant d’aller chercher la batte de baseball de Joey. Oui, je suis on ne peut plus sérieuse. Je suis seule dans un grand appartement et je m’apprête à faire rentrer un inconnu chez moi… Alors il faut prendre les précautions nécessaires. Je me poste ensuite dans le salon en attendant le mystérieux homme à tout-faire. Je suis véritablement happée dans un épisode de télé-réalité quand la sonnette m’interrompt. Je me lève d’un bond et appuie sur le bouton de l’interphone pour faire pénétrer l’homme dans l’immeuble. « 2ème étage, porte 206 » je lui indique avant d’attraper la batte de baseball et de la poser en équilibre contre le mur, non loin de la porte d’entrée. La sonnette principale retentit après quelques minutes et j’ouvre fébrilement la porte, toujours vêtue de mes habits de sport. Et là… je dois dire que je suis scotchée. Faut vraiment que je me pince plus fort, je dois encore être dans un rêve là. L’homme est grand, châtain, il a un regard perçant et me lance un grand sourire. Je ne manque de m’évanouir face à tant de charme. Sérieusement, c’est lui mon plombier? « Je-je… Bonjour. Encore. Je m'ap-appelle Janis, enchantée. » Je perds mes mots, évidemment. Je lui tends la main et essaye de recouvrer la confiance qui me caractérise d’habitude. « Venez, entrez. » Je l’invite alors à me suivre et referme la porte après qu’il en ait passé le pas. Nous marchons jusque dans la cuisine et je lui montre la flaque d’eau. « Voilà. Je vous donne tout ce que vous voulez si vous réussissez à réparer ce truc… » Bon, tout sauf de l’argent bien entendu. Il n’est pas un vrai plombier après tout.
L'attente était insupportable, il pesait sur le petit être de Priam tout entier, comme si cette décision était la plus importante de toute sa vie. Il était toujours là, debout sur son canapé, dans un vieux peignoir blanc à attendre la réponse d'une femme quant à son aide. Pendant ce silence, Priam avait le temps de réfléchir et se dire qu'il était réellement taré. Quelle idée d'avoir dit à cette femme qu'il était bon en plomberie ? Oui, c'était bien la seule chose qui semblait le choquer. Se ramener chez des personnes qu'il ne connaît aucunement ? Non, ça ce n'était pas grave. Mais mentir quant au fait qu'il s'y connaît en plomberie. Il est tombé bien bas. « Mmmh… C’est vrai que ça pourrait être pas mal. J’pense pas qu’un plombier pourrait se déplacer dans la minute, surtout un samedi… Donc d’accord. Pourquoi pas. J'espère sérieusement que vous n'êtes pas un serial killer... » il se retient de crier le plus fort possible, obligé de s'enfoncer la tête dans le premier coussin qu'il trouva pour ne pas péter un plomb. Il allait sortir de chez lui en journée. Quand la jeune femme finit par lui communiquer son adresse, Priam laissa échapper un faible « Merci beaucoup, j'arrive tout de suite ! » avant de raccrocher et pouvoir sauter et s'exciter comme un petit gamin, le matin de noël.
Sa toilette fut finit en un temps record. Il s'était dit qu'il devrait correctement se présenter -après tout, la femme au téléphone pouvait être séduisant et célibataire- pour faire bonne impression. Enfilant son plus beau t-shirt blanc et simple, son plus beau jean légèrement déchiré et sa veste, le voilà parer pour jouer les plombiers. Juste avant de partir, Priam s'était renseigner quant aux ''fuites de cuisines'' en tapant simplement dans la barre de rechercher ''fuite de cuisine solution''. Il était paré, sa boîte à outil sous le bras. Arrivé devant un immeuble plus ou moins impressionnant, Priam sonna d'abord à la mauvaise porte avant de trouver la bonne entrée. Il entendit la même femme qu'il avait eut plus tôt au téléphone, lui communiquer l'étage et le chemin à suivre. Tout en montant les escaliers, Priam fumait sa cigarette tranquillement avant qu'une vieille femme ne vienne lui crier après car « les jeunes d'aujourd'hui, ce n'est plus ce que c'était avant et que le respect n'était plus ! » ce que Priam enchaîna avec un lancé de cigarette sur son caniche-ramasse-poussière et une montée d'escalier fulgurante.
Arrivé sur le pas de la porte, le trentenaire passa une main sur ses vêtements pour les lisser légèrement avant d'appuyer sur la sonnette. Est-ce que, les personnes le jour, sont les mêmes que le soir ? Légèrement tendu face à ce moment de sociabilisation, il ne fut aucunement déçut. La porte s'ouvrit sur une magnifique jeune femme, blonde, grande, aux courbes parfaites et à la tenue adéquate pour faire chavirer le cerveau du jeune Livingstone. Sans réfléchir, un grand sourire illumina son visage, ne se gênant aucunement pour toiser la blonde en face de lui. « Je-je… Bonjour. Encore. Je m'ap-appelle Janis, enchantée. » parfait, son physique avait du faire effet vue le regard qu'elle lançait sur sa personne. Il ne pu s'empêcher de lâcher un léger rire avant de venir serrer la main que la blonde lui tendait. « Enchanté Janis, ravie de vous connaître et de venir en aide à votre fuite de cuisine. Je m'appelle Priam. » suivit d'un doux sourire et un de ses regards charmeur et ténébreux qu'il savait tant faire pour draguer la gent féminine en toute discrétion. Suivant la blonde comme elle l’incitait à faire, le trentenaire observa avec plaisir les courbes du corps de cette déesse sur pattes. Comment trouver mieux ? Au final, il sortira peut-être un peu plus de chez lui le jour.
« Voilà. Je vous donne tout ce que vous voulez si vous réussissez à réparer ce truc… » Priam suivit son regard pour se poser sur la flaque d'eau et le placard ouvert qui montrait parfaitement où la fuite ce situait. Tout en posant sa caisse à outil, il retira sa veste et s’accroupit au sol pour regarder cette fuite d'eau de plus près. « Vous auriez appelé un plombier pour ça ? Même moi qui n'y connaît rien en plomberie, je sais réparer ça. Sans offense, bien évidemment. » déclara le brun, levant le visage vers la blonde qui était dorénavant bien plus grande que lui. Priam lui tendit sa veste pour qu'elle la pose quelques parts, tandis que lui remontait les manches courtes de son t-shirt et s’affairait à la tâche. Il n'avait qu'à resserrer le joint et le tour sera jouer. Sortant donc une clé, n'importe laquelle, Priam revissa le joint. De ses mains expertes, il avait finit la tâche en deux temps, trois mouvements.
Le brun se releva, essuya ses mains mouillés sur son t-shirt blanc et se tourna vers la blonde avec un fin sourire. De sa poche arrière, il sortit son paquet de cigarette, enfonçant l'une d'elle entre ses lèvres avant de tendre le paquet vers la blonde. « Une cigarette Janis ? » s'il n'aurait pas jouer de sa voix, cela n'aurait pas été Priam. Enchaînant avec un doux sourire, le jeune homme rangea par la suite son paquet de cigarette dans sa poche droite et dans la gauche, sortit un briquet. « Maintenant que j'ai réparé cette fuite j'aur- » il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il entendit un petit 'clic' raisonner dans sa boîte crânienne. Dans une vitesse éclaire, Priam reposa ses genoux à terre pour coller ses deux mains contre le tuyau qui s'était remis à couler de plus belle. Priam jura une fois, puis une deuxième fois sur le fait qu'il était complètement con et la troisième fois parce que son t-shirt commençait à être sérieusement imbibé d'eau. « Vous inquiétez pas, j'ai la situation en main ! » déclara Priam avant que le tuyau ne pète entre ses mains. Toute l'eau continuait à se déferler à une vitesse impressionnante. C'est là que Priam compris qu'il avait merdé.
Peu à peu, l'eau arrêta de couler. L'eau arrêta de couler quand elle avait finit par inonder toute la cuisine d'un centimètres d'eau. « Faut voir le côté positif des choses. Ça peux pas être pire. » le tuyau toujours entre ses mains, sa cigarette éteinte à cause de l'eau et le visage trempé, il posa son regard sur la blonde en lui souriant de façon à dire « vraiment désolé d'avoir merder pour réparer ta tuyauterie ».
Je ne sais pas ce qu’il me prend à vrai dire. Je me sens pousser des ailes, ou que sais-je… Mais en temps normal je n’aurais JAMAIS fait rentrer un inconnu chez moi, encore moins pour le laisser empiéter sur un terrain commun, un endroit indispensable à une bonne vie commune comme la cuisine. Non, je ne sais pas ce qu’il me prend. Peut-être que sa voix au téléphone m’a tout simplement convaincue, ou peut-être bien que le fait qu’il me propose ses services gratuitement joue en sa faveur. Quoiqu’il en soit, je ne regrette absolument pas mon choix lorsque j’ouvre la porte d’entrée. L’homme est grand, beau, presque sorti d’un mirage. Je m’attendais à un look un peu plus… désespéré. Parce qu’il doit quand même avoir sacrément besoin de compagnie pour proposer de se déplacer pour une telle raison. Mais non, il me sort son plus beau sourire et se frotte légèrement la barbe. Une belle barbe de trois jours, taillée parfaitement à son allure générale: négligé mais terriblement sexy. J’invite le pseudo-plombier à rentrer et bégaye quelques mots pour me présenter, avant de reprendre ma respiration et d’essayer de paraître un peu plus confiante. « Enchanté Janis, ravie de vous connaître et de venir en aide à votre fuite de cuisine. Je m'appelle Priam. » Nous nous contentons d’échanger un long regard assez… intense, avant que je ne l’invite à me suivre dans la cuisine. Je lui montre alors l’étendue des dégâts et lui promets de lui donner n’importe quoi s’il arrive à trouver l’origine de cette fuite d’eau inopinée. « Vous auriez appelé un plombier pour ça ? Même moi qui n'y connaît rien en plomberie, je sais réparer ça. Sans offense, bien évidemment. » Je lève les yeux au ciel malgré moi. « La plomberie ne fait pas partie de mes nombreux talents, malheureusement. » Un léger sourire en coin, je m’éloigne quelque peu pour le regarder faire. Il s’abaisse, chipote quelques secondes avec l’un de ses outils et se relève rapidement. Il sort ensuite un paquet de sa poche arrière et me fixe d’un air évocateur. « Une cigarette Janis ? » Comme hypnotisée par sa voix et son regard, je tends mon pouce et mon index pour attraper l’une des précieuses doses de nicotine. « Merci. » Il me tend ensuite son briquet en s’exclamant: « Maintenant que j'ai réparé cette fuite j'aur- » Un bruit attire notre attention, et l’évier semble une nouvelle fois vouloir jouer des siennes. « Vous inquiétez pas, j'ai la situation en main ! » Un léger clic retentit et l’eau jaillit une nouvelle fois, s’éparpillant sur le tee-shirt blanc du jeune homme. Je m’agite alors et m’approche de lui. « Mon dieu, qu’est-ce que vous avez fait? » Impuissante, je regarde l’eau se déverser, encore et encore, jusqu’à inonder la cuisine d’un bon centimètre. Priam finit par se relever, l’air penaud. « Faut voir le côté positif des choses. Ça peut pas être pire. » Je lève les yeux dans sa direction et lui lance un regard noir. « C’est facile pour vous de dire ça. » Ma voix est froide. Je le toise avant d’ouvrir une armoire pour y attraper des torchons. « Aidez-moi au moins à nettoyer votre bordel! » Je lui lance l’un des torchons et commence à éponger le sol, même si cela ne s’avère pas forcément concluant.
Jusqu'à cette fuite d'eau désastreuse, Priam avait été heureux de sortir. Prendre le soleil, redécouvrir tout un paysage qu'il n'avait vu que dans son habit nocturne, se rendre compte qu'il y a des personnes vivantes la journée et bien plus différentes que les jeunes filles bourrées traînant dans les rues tard le soir, et les vieux paumés. La journée et la nuit sont deux cas totalement différents, deux espaces si différents pour une seule et même journée. Il ne pouvait que remercier cette fameuse Janis pour s'être trompée de numéro et l'avoir fait sortir de chez lui. Malheureusement, cette rencontre n'était pas des plus parfaites.
« Mon dieu, qu’est-ce que vous avez fait? » avait-elle dit en voyant le désastre que Priam avait causé. Comment dire à cette blonde qu'il n'était qu'un musicien, bon à chanter, jouer de la guitare et se rouler des joints ? Il pensait attendre quelques instants avant de lui avouer la triste vérité. Après tout, ne devait-il pas s'y connaître en fuite ? Visiblement, faire une recherche n'était pas suffisante pour en réparer une. Mais il y a bien un début à tout, n'est-ce pas ? Alors qu'il essayait de faire balancer les choses de son côté en avouant que ce n'était pas aussi désastreux que cela paraissait, il se reçut un regard noir et un ton qu'il n'appréciait guère « C’est facile pour vous de dire ça ». Ses sourcils de haussèrent à l'unisson en la toisant de haut en bas.
Cette gamine osait lui parler sur ce ton ? Sans réfléchir, son naturellement mesquin ressortit : « En effet c'était plutôt facile à dire. Vous voulez peut-être l'entendre à nouveau ? Faut voir le côté positif des choses, ça peux pas être pire ; répéta t-il avec une petite voix de gamin comme pour se moquer de lui-même. Je vais le payer votre plombier, faut se détendre, ma p'tite. ». Posant les tuyaux qu'il avait dans les mains sur le plan de travail, Priam lâcha un petit soupir. Certes, il n'aurait pas du lui répondre sur un ton assez mesquin, mais il ne faut pas voler le miel de l'abeille et se plaindre de se faire piquer -vieux dicton qu'il adorait réciter à chaque fois qu'il frappait un gamin, lorsqu'il était plus jeune.
« Aidez-moi au moins à nettoyer votre bordel! » toujours dans la même amabilité que cette phrase, le brun se reçut un torchon, lancé de manière très agréable. Elle s'amusait à lui donner des ordres ? Cette fois-ci, Priam préféra garder sa bouche fermer et marmonner dans son coin, plutôt que de monter sur ses grands chevaux et lui faire une nouvelle réflexion. Bougonnant dans son coin tel un vieux sur son rocking-chair à se plaindre de tout, Priam s'activait à éponger l'eau. D'abord tremper son torchon dans l'eau, puis le vider dans un sceau qu'il avait trouvé sous l'évier.
S'arrêtant quelques minutes pour reprendre son souffle -bien que la tâche soit totalement non fatigante- Priam posa ses yeux bleus sur Janis qui semblait bien plus en galère que lui. Un dilemme à lui : soit essayer de se rattraper et lui proposer son aide, soit la laisser se débrouiller seule et partir à la vas-vite en changeant de numéro par la même occasion. Sa conscience lui criait de partir, mais visiblement, l'âme charitable du brun le poussait à essayer de se rattraper un minimum. « Eh, Janis ; souffla t-il pour avoir son attention. Laissez tomber, je vais finir. Allez … faire ce que vous voulez, ce que les jeunes femmes de votre âge font. Je vais tout nettoyer. » il ne pu s'empêcher de réaliser un de ses doux sourires, voir même trop doux pour être un sourire. Jouer de ses charmes à un moment pareil ? Quel homme pathétique était-il. Mais il ne pouvait s'empêcher de sourire devant ce corps merveilleux, ces fossettes éblouissantes, ce regard brillant et ses cheveux dorés. Pourquoi penser tout ça ? Peut-être que cette Janis était mariée, mère de deux enfants ou autre … après tout, il ne la connaissait pas. À part son prénom et une fuite d'eau, il pouvait faire un trait dessus. Ainsi, Priam se remit au travail. Éponger, essorer, éponger, essorer … quelle journée merveilleuse !
J’aurais peut-être préféré que mon sauveur du jour soit gros, ballonné, plein de pustules et puant la bière MAIS doué pour réparer un évier, plutôt que de me coltiner un bellâtre aussi maladroit, voire même incapable. Pourquoi m’a-t-il proposé ses services si c’était pour transformer ma cuisine en pataugeoire géante? Je soupire, me montre désagréable, je sors les crocs. Je suis comme ça: quand quelque chose m’énerve, ou quand rien ne se passe comme je l’aurais souhaité, je deviens exécrable. Pire même, je peux me montrer irrespectueuse. Du tout moi, “Janis et son sale caractère” comme disaient mes parents lorsque je refusais de jouer avec un autre enfant, ou lorsque je claquais la porte sans crier gare. Oui, j’ai appris à vivre avec ce côté – certes pénible – de ma personnalité. « En effet c'était plutôt facile à dire. Vous voulez peut-être l'entendre à nouveau ? Faut voir le côté positif des choses, ça peut pas être pire. Je vais le payer votre plombier, faut se détendre, ma p'tite. » Mes yeux s’écarquillent. Il ne manque pas de culot celui-là. Il est même vachement détendu pour un gars qui vient de merder toute ma tuyauterie. « Y a intérêt. » Je bougonne et ouvre bruyamment l’une des armoires pour en attraper quelques torchons. J’en profite également pour chuchoter assez fort pour qu’il entende: « Et j’suis pas votre petite » avant de lui lancer l’un des torchons d’un geste sec et de le sommer de m’aider à nettoyer son tsunami inopiné. Il ne répond pas, il se décide à ne pas me rentrer dans le lard pour une fois, et se contente juste de commencer à éponger sa bêtise. Je l’entends marmonner comme un vieux sénile et m’amuse de son comportement, un sourire au coin des lèvres. Mais mon sourire finit vite par s’estomper quand je remarque que mes efforts pour nettoyer ce massacre sont quasiment vains. Il finit par me regarder à son tour et me lance: « Eh, Janis. Laissez tomber, je vais finir. Allez … faire ce que vous voulez, ce que les jeunes femmes de votre âge font. Je vais tout nettoyer. » Je le fixe avec insistance avant de soupirer bruyamment face à un nouveau sourire charmeur de sa part. « Non mais là ça suffit. » Je me relève pour m’approcher de lui, alors qu’il frotte à nouveau le sol pour y faire disparaître la moindre trace d’eau. « Vous allez arrêter de me prendre pour un gosse à la fin?! » Susceptible, moi? Je ne le quitte pas des yeux et, se sentant surement trop dominé, il se décide à se relever pour me surplomber. Même pas peur. « J’comprends que tout ça partait d’une bonne intention. C’est gentil de votre part, vraiment, mais si c’est pour jouer le macho ou le donneur de leçon, vous pouvez rentrer chez vous honnêtement. » Je lui tiens tête quelques secondes avant d’être une nouvelle fois déstabilisée par son sourire en coin, un sourire indéchiffrable, entre un sourire moqueur et un sourire rempli de bon sentiments. Non, je n’arrive pas à le cerner. Je me retourne, attrape la cigarette qu’il m’avait donné quelques minutes auparavant et l’allume avec le briquet qu’il avait déposé après que l’évier se soit mis à jaillir de toutes parts. Je tire une longue bouffée et la souffle presque aussitôt. J’en ai bien besoin, sinon je sens que la batte de baseball pourrait être finalement de bon usage.
Priam avait deux sœurs, une plus grande d'un an et demi et une plus petite de deux ans. Étant entouré de deux filles dans l'échelle de la fratrie, la gent féminine et Priam, ça ne fais qu'un. De plus, c'est d'ici que vient son passe-temps favoris : embêter les femmes par des réflexions qu'il sait énervante. Grâce à ses deux sœurs, il expérimentait toute sorte de taquinerie et celle qui les énervaient le plus était le fait de les traiter comme des gamines ou bien comme des femmes inférieurs à lui. Et encore ici, il en avait la preuve même : toute les femmes sont pareilles.
Il avait bien entendu sa petite remarque, comme quoi elle n'était pas sa « petite » mais par chance, il avait préféré ne rien dire et se morfondre dans cette mare d'eau. Comme ce boulot l'énervait au plus au point -qui trouverai passionnant d'essuyer de l'eau?- il avait donc eut l'idée de proposer à Janis d'aller voir ailleurs et le laisser finir le boulot. Tout cela partait d'une bonne intention, mais quand la blonde ouvrit la bouche, Priam ne pu que se mettre à sourire car le « Non mais là ça suffit. » il devait l'avoir entendu une bonne centaine de fois de toute sa vie.
Les clapotis de la blonde jusqu'à lui se fit entendre, mais ce n'est pas pour autant qu'il laissa tomber son torchon. Ce ne fut que lorsqu'elle ouvrit la bouche, qu'il décida de relever la tête. « Vous allez arrêter de me prendre pour un gosse à la fin?! » sans pouvoir se contrôler, il garda son sourire sur ses lèvres et décida de se relever pour écouter le long monologue qui allait probablement suivre. Si Janis n'aurait pas été une inconnue à quatre-vint-quinze pour cent, il lui aurait balancé qu'elle était mignonne en colère. Il se contentera de le penser pour le moment.
« J’comprends que tout ça partait d’une bonne intention. C’est gentil de votre part, vraiment, mais si c’est pour jouer le macho ou le donneur de leçon, vous pouvez rentrer chez vous honnêtement. » durant tout son petit speech, Priam en avait profiter pour s'adosser à l'évier, croiser ses bras contre son torse et regarder la blonde, un fin sourire aux lèvres et la tête légèrement penché sur le côté gauche. Il remarquait ses petites fossettes qui se creusaient à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche, cette petite mèche de cheveux qui pendait sur son front sans que cela ne la gêne parfaitement. Il adorait observer les belles choses, qu'importes quelles soient, et Janis en était une.
Le pire dans un dialogue plutôt mouvementé avec une femme, serai de ne pas répondre. Sauf que dans ce cas présent, Priam ne savait pas quoi répondre. Alors il se contenta de continuer à la regarder prendre sa cigarette de manière énervée, laisser la vapeur quitter ses lèvres minutieuses. Sur un coup de tête, il l'aurait bien embrasser et céder au plaisir, mais étant donné qu'il était totalement maître de ses mouvements, il se contenta de simplement ouvrir la bouche.
« J'ai jamais vue quelqu'un en colère et réussir à rester aussi adorable que vous. Ne me pensez pas macho car je vous ai fait une ou deux remarques, je voulais simplement bien faire en vous proposant de me laisser finir le travail. Mes paroles ne se voulaient aucunement blessante. » il n'avait pas réussit à se retenir bien longtemps et fut obligé de lui dire à quel point il trouvait sa tête charmante. Qui ne trouverais pas cette jeune blonde adorable ? Le même sourire qui avait accompagné ses lèvres tout le long ne pouvait désormais plus le quitter. Décroisant les bras, il vient chercher sa cigarette dans le fond de sa poche arrière pour venir la coincer entre ses lèvres et prendre le briquet tantôt pris par Janis. « Même si c'est irritable à dire, je suis désolée pour tout ça. » Priam qui s'excusait ? Cette date devait être marquée au fer rouge sur tous les calendriers de Brisbane. Reposant le briquet, il tira une longue bouffée sur sa cigarette, ne décrochant pour rien au monde son regard de la blonde. Il devrait arrêter de la regarder et sourire comme il était entrain de faire mais … c'était fichtrement impossible.
Le ton monte. Je n’aime pas la manière dont il me parle, ni même ses sourires qui ont l’air de dissimuler de la moquerie. Et en véritable impulsive que je suis, je ne me laisse pas faire. Je lui fais comprendre clairement qu’il n’a pas à me traiter comme un enfant. J’ai bientôt vingt-quatre ans, et je crois que j’ai appris assez de choses que pour être considérée comme une adulte responsable. Enfin, responsable, ça dépend des jours bien évidemment. Mais là, le pseudo-plombier ne semble pas en penser autant. Même si je dois dire qu’il a l’air soufflé de mon tempérament de feu, puisqu’il me fixe, faisant danser son regard sur toutes les parties de mon visage. Je le vois même le descendre un peu plus bas, avant de se raviser lorsque je hausse le ton un peu plus encore. Je finis par essayer de me détendre, en attrapant la cigarette que le jeune homme m’avait proposé un peu plus tôt. C’est bien la seule chose de bien qu’il avait fait aujourd’hui, tiens. « J'ai jamais vu quelqu'un en colère et réussir à rester aussi adorable que vous. Ne me pensez pas macho car je vous ai fait une ou deux remarques, je voulais simplement bien faire en vous proposant de me laisser finir le travail. Mes paroles ne se voulaient aucunement blessantes. » Tirant une nouvelle bouffée de ma cigarette, je le regarde avec de grands yeux. Mais pourquoi me parle-t-il comme ça tout à coup? Je suis sceptique. Je ne pense pas qu’il soit sincère, après tout il n’a pas arrêté de se moquer de moi. Je suis sûre que tout ça est une grosse blague, une parade pour m’éviter de lui refaire le portrait à coup de batte de baseball. J’envisage sérieusement l’idée en le regardant fourrer à son tour une cigarette entre ses lèvres. « Même si c'est irritable à dire, je suis désolé pour tout ça. » Je hausse un sourcil, est-il réellement en train de s’excuser? Ou bien m’a-t-il simplement droguée à mon insu en insérant des extraits de champignons hallucinogènes dans ma cigarette? Je n’y crois pas. Pas un traitre mot. « Vous pouvez être désolé, ça ne changera rien au fait que ma cuisine ressemble à une pataugeoire… » Je roule des yeux. « Enfin, heureusement que vous n’êtes pas venu pour un problème de toilettes. » Je laisse échapper un rictus et me ravise aussitôt en lui lançant un nouveau regard noir. « Vous pouvez partir, ne vous inquiétez pas pour moi. Je suis une grande fille, vraiment. » Je secoue la tête et tire une nouvelle fois sur ma cigarette. « Et j’appellerai un vrai plombier moi-même, merci. » Mon ton est sec, après tout j’ai bien vu que je ne pouvais pas lui faire confiance. Je me dirige vers la porte d’entrée et attends qu’il me suive. « Bonne journée. » Je lui ouvre la porte d’un geste théâtral et le regarde partir d’un air penaud.
Ses yeux continuaient de défiler sur les courbes majestueuse de la blonde, tandis qu'un doux regard laissait trahir son envie d'y toucher et, son cœur ne refermait que le silence du vide. Amoureux était dorénavant scientifiquement impossible pour l'être qu'il était devenue, il ne voyait qu'en ces femmes des bouts de chairs plus ou moins délicieuses au touché, plus ou moins satisfaisantes pour ses goûts devenue exquis aux fil des années. Donc Janis faisait partit de ces certaines femmes qui, pour Priam, était la palme d'or de ses envies. Un simple jouet à traîner de droite à gauche, à s'en servir lorsque l'ennui le gagne et à s'en débarrasser d'un coup de main pour avoir l'esprit plus grandit et sage. C'était peut-être cruel que de penser ainsi, mais il n'en avait rien à foutre. Il avait le goût des belles choses, minutieuses soient-elles, mais pas pour l'éternité. Il y aurait bien un jour où il s'en lasserai. Comme pour la cigarette, ce n'est qu'un passe-temps nocif et réducteur d'ennuis avant que la lassitude ne ronge ses os et laisse ces paquets dans un vieux tiroir.
Suite à son discours, agréable pour ses oreilles mais méfiants dans ceux de la blonde, Priam gardait ce sourire à regarder les membres de Janis bouger délicatement. L'envie de rester là diminuait, comme la cendre de sa cigarette qui s'envolait pour tomber quelques mètres plus bas dans l'eau. Il voulait rentrer, se reposer et ne plus jamais mettre les pieds dehors en pleine journée. Au diable le soleil, la nuit est bien plus passionnante à visiter.
« Vous pouvez être désolé, ça ne changera rien au fait que ma cuisine ressemble à une pataugeoire… Enfin, heureusement que vous n’êtes pas venu pour un problème de toilettes. » l'envie de rire à cette blague de mauvais goût ne lui effleura aucunement l'esprit et continuait simplement à l'écouter déblatérer toute sorte de chose et goûter à la nicotine destructrice qui parcourait un doux chemin jusqu'à ses poumons. « Vous pouvez partir, ne vous inquiétez pas pour moi. Je suis une grande fille, vraiment. » le regard noir qui accompagnait ses paroles le fit rire doucement, tandis qu'il se tournait vers l'évier pour écraser sagement sa cigarette dans le premier bol qu'il trouva.
Le reste, il s'en foutait légèrement. Elle allait payer son plombier, ainsi le porte-feuille de Priam pourra rester encore au chaud le temps de quelques semaines avant de craquer sur des achats inutiles, et, elle le foutait dehors. Encore trempé, son t-shirt et jean avait eut le temps de sécher légèrement, tandis que ses cheveux étaient encore trempé tout comme ses chaussures qui s'amusaient à faire un petit bruit de couinement à chaque nouveau pas. Ce bruit de succion avec l'eau était merveilleusement désagréable à ses oreilles. Sa veste sur une épaule, sa boîte à outil inutile dans son autre main, Priam suivait la demoiselle sans se gêner une nouvelle fois pour épouser ses formes du regard.
Arrivé à la porte, plus que quelques pas le séparait du couloir. « On se voit plus tard, ma p'tite. » ou, ''comment se faire détester en quelques mots''. Bien évidemment, dans l'esprit du trentenaire, cela n'était que provocation fulgurante et amusante. Il franchit le pas de la porte et pris le chemin du retour en sifflotant l'air d'une chanson populaire qui agaçait les trois quarts de la populations, et marchait rapidement pour rentrer chez lui. L'envie de dormir était dorénavant maître de son corps.