I've forgotten how it felt before the world fell at our feet.
La lettre tomba de ses mains. Se posant silencieusement sur le sol de son bureau. Il faillit perdre l'équilibre en voyant la signature inscrite sur le bout de papier. Irène… Ce prénom lui brisa le cœur et le peu d'humanité qu'il avait retrouvé durant ces derniers mois. Un mélange de colère et de chagrin s'engouffra au plus profond de son âme. Cette femme… Celle qui avait fait de lui ce dragon que tout le monde connaissait. Celle qui lui avait comprendre ce qu'était la trahison, l'abandon ou une peine de cœur… Il s'était forgé une carapace que le monde entier connaissait maintenant. Celle de ce dragon à la fois talentueux, extravagant et coureur de jupons. Ce bourreau du travail se cachait derrière cette passion qui le consumait totalement. Cette passion qu'était la mode pour oublier cette histoire. Sans qu'il veuille l'assumer, Irène était certainement responsable de cette mélancolie qui faisait de lui ce styliste de renom. Mais Jonathan était bien trop fier et blessé pour le reconnaître. Il y a dix ans de cela, Jon était qu'un artiste anonyme que personne ne connaissait. Cherchant à rentrer par tous les moyens dans les défilés des stylistes du moment. C'est lors de l'une de ces soirées que son regard se posa sur la jolie brune. Il fut immédiatement attiré par l'élégance et le charme qui émanait de cette femme. Jon compris à cet instant la définition du coup de foudre. À partir de cet instant, le jeune homme qu'il était chercha par tous les moyens d'impressionner cette aristocrate anglaise de bonne famille. Il savait qu'il n'était qu'un roturier, mais après tout, nous étions plus au XVII siècle. Mais Jon était encore à cet âge qu'un éternel utopique. Irène brisa tous ses espoirs en le laissant attendre sur cette fameuse plage. Il voyait les heures passer. N'osant pas s'avouer la douloureuse vérité. Irène n'allait pas s'enfuir avec lui… En repensant à tout cela, la gorge du brun se noua. Son premier amour venait de réapparaître à l'improviste. Un miracle auquel l'homme qu'il était devenu ne croyait plus. Jonathan avait tiré un trait plus que douloureux sur cette histoire. Il se demandait ce qu'elle faisait en ville, en Australie. Lady Delaney lui demandait de la rejoindre au restaurant à l'Esquire. Il ne savait pas quoi faire. Jonathan marchait nerveusement avant de serrer des poings et de frapper contre son bureau. Elle n'avait même pas le courage de lui donner en main propre cette lettre. Préférant venir dans son atelier, dans son antre sans prévenir. Le brun lui en voulait, plus qu'il voulait se l'avouer. Toujours les poings sur le meuble, Jon releva la tête vers l'horloge. Il restait peu de temps avant l'heure de ce fameux rendez-vous. Le dragon rêvait de la laisser attendre encore et encore… Lui rendre la monnaie de sa pièce. Lui faire comprendre qu'elle n'était plus rien à ses yeux mis à part un lointain souvenir. Mais Jon n'avait pas assez de force pour la repousser de la sorte. Il voulait avoir des réponses aux questions qu'il se posait depuis bientôt plus d'une décennie. Jon grommela et attrapa son manteau d'un coup avant de sortir de son bureau. « Annulez tous mes rendez-vous de ce soir, je dois partir… » Il prit à peine le temps de lancer un regard à Lisandre qui pas loin de Maggy. « L'Esquire, au plus vite ! » Il était déjà en retard, mais qu'importe, Jon devait y aller. Plus le trajet le rapprochait de sa destination, plus il y réfléchissait posément. Après tout, Jonathan n'avait rien à se reprocher. C'était elle la coupable de tout. Une fois arrivé, Jonathan entra dans le restaurant en s'annonçant. « Veuillez me suivre, je vous pris... » Il lança un sourire crispé avant de suivre le serveur. Ce dernier l'accompagna jusqu'à la table où se trouvait Irène. Elle était de face. Il la transperça du regard sans un sourire. On pouvait voir une profonde amertume dans ses yeux bleus azure. Elle allait certainement le trouver changer voire vieillit... Pourtant Jon avait toujours l'impression de voir son Irène devant ses yeux. Ce qui le déstabilisa durant quelques secondes. « Monsieur Deauclaire…» L'homme lui indiqua sa chaise avant de s'en aller. « Bonjour Irène… » Il déboutonna sa veste avant de s’asseoir. « Désolé pour mon retard, je n'ai eu ta lettre il y a à peine une heure… J'étais en rendez-vous à l'extérieur... » Le dragon dévisageait la femme qui se trouvait devant ses yeux. « Après tout, tu me dois bien cela pour toutes ces heures passées à t'attendre sur cette maudite plage. » Son sourire était sarcastique. Jonathan était brisé plus que jamais. Sentant sa colère l'envahir, il n'arrivait pas à lui dire le moindre mot plaisant. Voulant se montrer aussi pinçant qu'il avait été blessé. « Alors Lady Delanay ne prend pas la peine de donner signe de vie pendant près de dix ans et elle réapparaît sans crier garde en laissant une simple lettre à mon assistante… » Il repensa à Lisandre à cet instant. Cette dernière allait certainement lui demander quelques comptes après cette disparition inexpliquée. « Que fais-tu ici Irène… ? »
Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix Et quand il croit serrer son bonheur il le broie Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Assise droite sur sa chaise, le regard perdu dans le vide, Irene se concentrait sur les aiguilles de sa montre, n'arrivant pas à décider si le temps passait trop vite ou trop lentement. Le supplice de l'attente, sans doute. Ses mains étaient maladroitement posées sur ses genoux, un peu tremblants, et ses doigts jouaient machinalement avec le tissu bleu de sa robe.
Son coeur déraillait, l'empêchant de respirer correctement, perturbant ses pensées, l'étouffant doucement. Tu as besoin de te calmer. Elle pinça les lèvres, agacée par l’écho de sa propre voix dansant dans son esprit. Oui, elle devait se détendre. Changeant de position, elle en profita pour respirer, dénouant le noeud qu'elle avait à l'estomac. Après tout, c’était elle qui avait provoqué tout cela. Elle était là parce-qu'elle le voulait. Elle était là parce-qu'elle le devait.
Et s’il ne venait pas ? L’angoisse s'infiltra en elle comme un poison, qu'elle essayait vainement de combattre. Combien de fois s'était-il posé cette question, dans la situation inverse, sur la plage ? Leur plage... Sa gorge se serra. Ce n’était pas un bon souvenir, et ce n’était pas le moment d’y penser. Ni à ce jour affreux, où, la mort dans l’âme et le coeur anéanti elle avait pris la décision de s'éloigner de Jonathan. Puis, l’atterrissage à Londres, et une douleur sourde en découvrant que le monde ne s’était pas arrêté en même temps qu'elle. Pire que tout, son réveil le lendemain, dans sa vie terne, comme si elle émergeait d’un mauvais cauchemar ou d’un rêve merveilleux. Avec, brûlante, la pleine conscience d’avoir fait le mauvais choix.
Irene tourna la tête, comme pour chasser ces souvenirs. Se concentrer sur l’instant présent. Il viendrait, elle le savait. Peut-être aurait-elle préféré qu’il la laisse attendre des heures devant une assiette vide et un verre plein. Ç’aurait été plus juste. Ils auraient été quittes, continuant sur leurs chemins de vie respectifs sans que jamais plus ils ne viennent à se croiser.
Il viendrait, elle l’avait toujours su. Elle ne pouvait pas croire qu'il l'ait oubliée, elle ne pouvait pas croire qu'il l'avait enterrée.
Dehors, la nuit était tombée, recouvrant le ciel australien d’une épaisse obscurité masquant les étoiles. Irene aurait aimé se fondre dans cette noirceur, ombre parmi les ombres, s'effacer comme si elle n'avait jamais existé. Mais les sensations qui l’entouraient, bien que délicates, l’assaillaient sans cesse, lui rappelant son devoir. Et elle était là, assise dans l'un des restaurants les plus réputés de la ville, sauvant les apparences pour la soirée à défaut de pouvoir sauver son coeur. Elle ne savait même pas ce qu'elle cherchait. Etait-ce une erreur ? Sa rédemption ?
Irene avait dix mille questions sur le bout des lèvres, mais elle n’était même pas sure de pouvoir articuler un mot. Elle, la lady à qui rien ne résistait, se sentait sur le point de tomber en ruines, de s'effondrer comme une poupée de chiffon. Mais elle devrait être courageuse, pour une fois.
Et pourquoi n'avait-il jamais écrit ? Cette question l'obsédait plus que les autres. Le temps passant, elle avait cru qu’il avait brûlé, jeté, dispersé aux quatre vents la lettre qu’elle lui avait écrite en vitesse, pleine de désespoir, d'amour, de promesses et un d’un pacte. Ecris-moi, et je reviendrai. Aucune réponse ne lui vint. Dix ans d’attente devant une boîte aux lettres cruellement vide, sans se douter une seconde que la fameuse lettre n’avait jamais eu la moindre chance d’atteindre son destinataire. Effectivement dissoute dans l’océan, sacrifice d’un père pour sa fille, dernier coup de poignard du bourreau à sa victime.
Ses pensées se dispersèrent, et Irene releva la tête, seulement pour l'apercevoir pénétrer dans la pièce. Son coeur rata un battement. Jonathan… Son prénom mourut sur ses lèvres. Au fur et à mesure qu’il approchait, ses yeux soudains éveillés le détaillaient. Sa démarche était assurée assurée, celle d'un homme qui a le triomphe serain et la confiance des rois. Et les rides naissantes sur son visage importaient peu : derrière son expression glaciale, malgré le regard d'acier qu’il lui adressa, elle distinguait parfaitement le fantôme de celui qui avait donné un sens à sa vie il y a si longtemps.
Irene s’était souvent dit qu’elle ne l’aimait plus. Que ce n’était juste pas possible de rester amoureuse dix ans de la même personne sans l’avoir revue. Que c’était idiot. Irrationnel. Et qu’un jour, elle l’oublierait enfin et qu’elle aimerait à nouveau, redécouvrant le plaisir infini dans les bras d'un autre. Les battements de son cœur, complètement erratiques, lui prouvaient le contraire. Et, en cet instant précis, Irene eut deux certitudes absolues. Elle s'apprêtait à retrouver Jonathan Deauclaire, et elle l’aimait toujours. Le reste n’avait plus beaucoup d’importance.
Elle n’eut pas la force de se lever mais ajusta par réflexe un sourire timide sur son visage. Elle ne pouvait le quitter des yeux. « Bonjour Jonathan », répondit-elle doucement, savourant le privilège d'enfin prononcer son nom. Le premier coup ne se fit pas attendre, sans grande surprise. Irene baissa les yeux une seconde. Ce n’était pas une bataille, elle était mal placée pour jouer de son ego. Elle ne voulait pas que cette soirée tourne au règlement de compte. Pourtant, elle ne prit pas la peine de lui répondre. Après tout, que pouvait-elle bien dire ? Alors qu’il continuait à parler, elle trouva enfin le courage de le regarder dans les yeux.
« Alors Lady Delaney ne prend pas la peine de donner signe de vie pendant près de dix ans et elle réapparaît sans crier garde en laissant une simple lettre à mon assistante… Que fais-tu ici Irène… ? »
Elle se sentit frissonner, incapable de mettre un mot sur ses sentiments, mais elle ne se départit pas de son sourire faussement tranquille. « Tu as l’air d’aller bien. Je suis contente pour toi. Oui, je suis désolée… je sais que c’est un peu… indélicat, mais je me voyais mal prendre rendez-vous avec toi au téléphone, ou passer à l’improviste. Je me suis dit que… que si jamais tu décidais de ne pas venir, ça serait plus simple. Tu aurais juste pu jeter la lettre. Nous serions simplement passés l’un à côté de l’autre. » Un serveur s’approcha à ce moment-là, leur servit un vin qu’Irene avait commandé en arrivant. Elle allait probablement en avoir besoin. « Je suis ici pour raisons professionnelles. Je suis directrice commerciale des vignobles familiaux en Australie, et je devais me rendre à Brisbane. »
Les pensées se bousculaient dans sa tête, ses émotions prenaient dangereusement le dessus et elle n’était pas sûre d’arriver à penser rationnellement pour la suite.
« Je ne pouvais pas… ne pas tenter de te voir. Mais je comprendrais que tu ne partages pas ce sentiment. Je ne t'en voudrai pas si tu décides de partir. » Je me marie dans un peu plus d'un an, et j'ai besoin que tu me sauves de moi-même. Reste. Ne me laisse pas m'en aller.
Dernière édition par Irene Delaney le Sam 11 Juin 2016 - 18:48, édité 1 fois
I've forgotten how it felt before the world fell at our feet.
Jonathan ne pouvait s’empêcher de la dévisager. Le brun avait l’impression de faire face à un mirage. Jamais il s’était imaginé la revoir. Cette brune, pour qui son cœur s'était emballé à la première seconde où ses yeux ont croisé son regard. Elle avait su le faire vibrer comme aucune autre femme. Irène représentait tout ce qu'il aimait chez l'agente féminine. Élégance, grâce, intelligence, charme. Le poids des années n'avait laissé aucune trace sur son doux visage, l'anglais était toujours aussi belle. Jon s'était forcé durant des années à renoncer à Irène. À tout bonheur auprès d’elle. À la possibilité de la revoir. Se disant qu'elle était certainement partie en comprenant que cet homme ne pourrait pas lui offrir le train de vie qu'elle espérait. Non, Jonathan Deauclaire n'était pas un aristocrate ou le fils unique d'une riche famille. Il était né dans une famille plus que modeste. Il s'était battu toute sa vie pour arriver à atteindre ses rêves. Le styliste était fier de ce qu'il était devenu. On sentait l'insolence qu'il l'animait lorsqu'il marcha dans sa direction. Voulant montrer qu'il n'était plus ce petit jeune homme sans sou. Jonathan était devenu un dragon, se battant pour ses richesses et cette maison de hautes coutures qui lui tenait tant à cœur.
Son souffle se coupa lorsque sa voix retentit dans toute la pièce. Une infime partie de lui désirait la serrer dans ses bras, la tenir contre lui afin de sentir l’odeur de son parfum qui le faisait chavirer lorsqu’il était plus jeune. Mais l’homme resta de glace, répondant par un sourire des plus froids. Il voulait lui montrer qu’elle n’était plus rien à ses yeux, mais Jon avait conscience que tout cela n’était qu’illusion. Si Jonathan ne tenait plus à cette femme, jamais il serait venu jusqu’ici. Prenant le risque de mettre Lisandre folle de rage, ce qui était certainement déjà le cas. Les vibrations répétitives de son portable lui firent comprendre qu’il avait vu juste. Son assistante allait lui passer un sacré savon. Le dragon sorti les griffes. Lançant une remarque à Irène tout en la transperçant du regard. Il avait cette capacité de vous fusiller tout en vous faisant comprendre le fond de ses pensées. Irène ne connaissait pas encore ce côté obscur. Mais l'homme qu'elle avait connu avait bien changé…
Les quelques infimes signes de gêne qu’il vit dans ses yeux le brisèrent un instant. S’en voulait-elle ? Jon tentait de la déchiffrer. De comprendre ce qu’elle pouvait bien cacher derrière ce visage de porcelaine si parfait. Il connaissait le don de la jeune femme pour ne rien laisser paraître. De faire toujours bonne figure face au monde. Irène serait une divine actrice. Don commun à toute l’aristocratie anglaise. Jon se demandait ce qu’elle avait bien pu faire durant toutes ces années. Était-elle mariée ? Ses yeux se déposèrent sur ses mains. Aucune alliance… Étrangement, cette idée le rassura. Mais le brun finit par lui demander ce qu’elle faisait en Australie. D’appuyer sur le fait que l’Anglaise avait disparu du jour au lendemain sans donner la moindre nouvelle. Ne s'excusant même pas de l'avoir abandonné si soudainement… Il attendait une réaction de sa part. De voir ce fameux masque tomber. Jon la dévisageait tout en attendant sa réponse. Ses premières paroles le pincèrent quelque peu. Elle était là, toujours à jouer la femme parfaite, ce masque qu’elle s’était dessiné sur le visage de façon indélébile. Le dragon se mordit les lèvres, signes qu’il commençait à perdre patience. La suite le fit rugir intérieurement. Son visage se crispa un peu plus. Jouant nerveusement avec ses doigts sur la table. Il avait une brûlante envie de lui hurler dessus. Bien sûr, comme s'il avait pu jeter cette lettre et faire comme si de rien était. Cette idée le fit rire. Continuer sa vie sans se demander tout le reste de sa vie ce qu'elle voulait lui dire. Jonathan aurait aimé avoir assez de courage pour agir de la sorte, mais c'était loin d'être le cas. Le dragon était perdu. Il remercia d'un signe de tête le serveur. En même temps, Jon aperçut une table de femmes qui le regardait. Jon fit lança un sourire des plus charmeurs dans leur direction. Il était amusé de voir le comportement de certaines femmes envers. Et les voir glousser face à sa réaction le fit doucement rire. Le brun se retourna vers sa voisine pour l'écouter. Cette dernière était en ville pour affaire. Jonathan paraissait surpris en entendant la nouvelle. « Oh, je vois, toutes mes félicitations ! » Il leva son verre et bu une gorgée. Le vin était un vrai délice, Irène devait s'y connaître… Ce n'était pas qu'une simple fille à papa qu'on avait placé en tant que directrice par simple caprice. Il remua délicatement son verre. Tout en regardant le vin à la couleur pourpre. Les dires d'Irène le stoppèrent net.
Pensait-elle vraiment qu'il s'était juste déplacé ce qu'elle disait ? « Irène… » Il se passa les mains sur le visage afin de se calmer. « Pour être franc avec toi, j'étais déchiré entre l'idée de jeter ta fichue lettre et de continuer ma paisible, de me délecter à l'idée de te savoir là, seule à m'attendre durant des heures sans que je ne vienne… » Son regard perçait le sien. Il pensait sincèrement ce qu'il disait. Au plus profond de son âme. Jon était devenu ainsi. L'homme resta un moment sans rien dire avant de continuer. « Et celle de te rejoindre, de savoir ce que tu me voulais… Ce que tu faisais en ville… D'avoir une chance de comprendre et de te pardonner tes agissements… » Son ton était encore plus grave que d'habitude. « Je ne suis plus l'homme que tu as connu Irène… »
Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix Et quand il croit serrer son bonheur il le broie Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Elle avait l'impression de vivre un moment volé, un moment rêvé. Quelque chose qui n'était pas vraiment réel, qui se confondait avec ses fantasmes - une situation trop souvent espérée pour finalement être vraie. (Une seconde chance.) Après toutes ces années, ils provoquaient enfin une autre rencontre, et elle ne pouvait pas laisser cela passer. Ses yeux s'accrochaient aux moindres détails du visage de Jonathan, en ayant l'impression que son coeur entier brûlait du fait de le revoir.
Elle mourrait d'envie de le toucher. De lui prendre la main, délicatement, ou lui caresser la joue. Retrouver ce contact, sa chaleur, sa douceur. Rétablir leur lien, comme par magie, comme si un seul toucher pouvait tout effacer. Mais Irene restait là, droite sur sa chaise, mains croisées sur les genoux, poings serrés - elle avait l'impression qu'un seul geste de sa part la briserait en mille morceaux. Elle accepta les félicitations de Jonathan avec un haussement de sourcils. Ça n'avait pas d'importance. Ce n'était pas comme si elle avait vraiment travaillé pour... Encore une fois, elle le couva du regard. Elle n'éprouvait aucune animosité envers lui. Juste... juste une profonde nostalgie, une immense tendresse et un grand désarroi.
Irene n'avait pas l'intention de venir tout briser dans la vie de Jonathan. Elle voulait seulement une deuxième chance... Ses doigts se posèrent à l'emplacement, vide, de sa bague de fiançailles. Elle ne la portait plus depuis son atterrissage à Brisbane, la réservait seulement aux grandes occasions. Devait-elle lui en parler ? Ça lui paraissait assez indélicat d'amener le sujet maintenant. Elle attendrait, alors.
Elle l'écouta patiemment lorsqu'il se remit à parler, faisant son possible pour rester impassible. Mais, elle le savait, elle ne pouvait empêcher le tressaillement de ses lèvres, le tremblement de ses mains, les battements de son coeur ou le trouble de se lire dans ses yeux. Néanmoins, sa dernière remarque lui arracha un petit sourire, et elle saisit l'occasion pour respirer, adoptant une posture plus décontractée.
« Je ne suis plus l'homme que tu as connu Irène… » (Non?) Selon elle, les gens ne changeaient pas, pas vraiment. Ils évoluaient, sans doute, mais Irene concevait difficilement que l'on puisse se transformer complètement. Jonathan et elle avaient vécu dix ans loin de l'autre et s'étaient reconstruits malgré une plaie béante. Évidemment qu'ils n'étaient plus les mêmes, et heureusement. Mais elle refusait de croire que son Jonathan n'existait plus.
« Nous avons tous les deux évolué, Jonathan. Je ne t'en voudrai pas d'avoir vécu depuis. » Elle osait à peine l'appeler Jon, mais fit un effort pour lui sourire. Elle jeta un regard aux femmes qui, quelques minutes auparavant, avaient dévisagé son invité comme s'il était un prix à gagner, ou un morceau de gâteau appétissant. Irene n'était pas une femme jalouse. Après tout, qu'a-t-elle à jalouser ? Mais l'insistance des regards, et Jonathan qui se prend au jeu, cela la gêne, et elle ne saurait dire pourquoi. « Je suis contente que tu veuilles comprendre et que tu envisages de me pardonner. C'est un soulagement, en toute honnêteté. Et si tu cherches des réponses, je peux te les donner. Je ne sais pas trop par où commencer, mais avant cela, il y a quelque chose que je voudrais savoir... Elle soupire, le regarde dans les yeux. Pourquoi ne m'as-tu jamais écrit ? Je ne l'ai jamais compris. Je sais que j'ai écrit dans la précipitation et que j'ai été vague sur certains points, notamment la raison de mon départ, mais je suis sûre d'avoir été explicite dans le contenu de ma lettre. À propos de mes intentions, je veux dire. »
En effet, avant de prendre l'avion, pendant les quelques heures qui lui étaient accordées entre sa décision et son départ, Irene avait écrit une lettre pour Jonathan, et l'avait confiée à son père - le seul restant sur place, en lui faisant jurer de la lui faire remettre. Lord Delaney n'en avait jamais rien fait, laissant la lettre se faire emporter et détruire par l'océan, et Irene n'en avait jamais rien su. Dix ans après, elle se souvient encore de ces mots tracés à la hâte... « Ecris-moi, et je reviendrai. Dans un an, ou deux peut-être, le temps de régler ces histoires. Mais je te reviendrai, si tu m'écris, et si tu m'aimes. »
Irene n'eut pas besoin de continuer. La surprise sur le visage de Jonathan, l'incompréhension qui commençait à se dessiner sur ses traits était trop évidente pour être feinte. Elle le coupa avant même qu'il ne puisse parler, un sourire triste sur les lèvres et une amertume mal dissimulée dans la voix, terrible constat. « Oh. Tu ne l'as jamais reçue. Elle leva les yeux au ciel, vaincue. C'était un scénario auquel elle avait obstinément refusé d'adhérer, ne pouvant admettre cette trahison pire que toutes les autres. Je suppose que ça n'a plus d'importance maintenant. Pardonne-moi, Jonathan. Je n'ai jamais eu l'intention de te faire souffrir. »
Elle n'en dit pas plus, incapable de se distraire de la colère qui nait en elle. Quant à s'excuser... il le mérite, elle en a besoin. Irene ne cherche pas à revenir en arrière, pas vraiment, mais elle espère qu'il comprendra.
I've forgotten how it felt before the world fell at our feet.
Cette femme venait à nouveau chambouler toute sa vie. Lui qui était devenu l'homme qu'il avait toujours rêvé d'être. Scellant son cœur à tout jamais. Se promettant de ne plus jamais retomber amoureux. Jon avait beau jouer l'homme froid et détaché de tout sentiment, il n'en restait pas moins une personne fragilisée par son passé. Peu de monde voyait clair dans son petit jeu. Le brun ne savait pas si Irène allait voir à travers ce masque qui ne ressemblait pas au Jon qu'elle avait connu. Jonathan observa l'Anglaise qui avait l'air nerveuse. Ses lèvres qui tressaillaient, ses mains, la confusion qu'on pouvait lire dans ses yeux. Cette femme était certainement celle qu'il avait le plus aimée durant sa vie. Une partie de lui aimerait croire que tout était encore possible. Que le destin les avait une fois de plus réunis afin de leur donner une deuxième chance. Mais le brun n'était pas du genre à croire à ces signes. Le styliste savait pertinemment que ses paroles allaient la blesser. À vrai dire, c'est ce qu'il recherchait. La déstabiliser, faire resurgir en elle la jeune femme qu'il avait aimée il y a dix ans de cela. Briser ses chaînes d'aristocrates qui ne faisaient qu'un peu plus l'emprisonner.
Jonathan avoua n'être plus que l'ombre de l'homme qu'Irène avait connu. Son petit sourire le laissa plus que perplexe. Oui, le brun avait bien vécu depuis son départ. Il y a dix de cela, Jon n'était qu'un homme sans aucune situation. Vivant de petit boulot en petit boulot. C'était encore moins un noble venait d'une famille richissime, il 'était tout l'inverse. Jon était le parfait exemple que tout le monde pouvait réussir avec un peu de volonté. Jon essaya d'oublier Irène en collectionnant les conquêtes d'un soir ou deux. Mais il pensait tout le temps à elle. À cette femme qui lui manquait plus que jamais. Plus le temps passait, plus Irène était le fantôme de son passé. Cet amour inachevé qui resterait sans réponse pour toujours, du moins, c'est ce qu'il pensait jusqu'à maintenant. Elle continua de lui parler. Irène avait l'air soulagé de savoir que Jonathan envisageait de lui pardonner. Comment Jon pouvait lui en vouloir ? Il aurait aimé la détester à tout jamais. Ne ressentir que de la haine envers elle, les choses seraient bien plus faciles… Mais ce n'était pas le cas. Irène avait été l'amour de sa vie et personne ne peut détester une personne ayant tant compté à ses yeux. Jon était bien trop fier pour lui avouer cela. Le brun n'aimait pas divulguer ses sentiments, encore moins lorsqu'une personne l'avait profondément blessé.
Une lettre ? Jon commença à se demander de quoi Irène pouvait bien parler. De quelle réponse pouvait-elle bien parler ? Ses yeux s'écarquillèrent. Il regarda la brune droit dans les yeux, sans rien dire. Complètement abasourdis. Oui, il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre de quoi il s'agissait et les paroles de la jeune femme firent que confirmer ce qu'il pensait. Son cœur se serra un peu plus. Il prit une grande respiration avant de fermer les yeux et de poser son poing contre ses lèvres. Alors voilà le fin mot de l'histoire, Irène n'était pas coupable dans l'histoire. Il ne savait pas quoi dire, ni quoi faire. « Irène je… » Jonathan avait le souffle coupé. Il prit une gorgée avant de continuer. Il la regarda pour la première fois avec tendresse. On pouvait voir encore une pointe de rage face à cette injustice. « Tu n'as pas à t'excuser… » Jon avait envie de hurler. « Je me sens complètement idiot maintenant… » Alors c'était vraiment le destin qui était conte eux. Les amants dévoués ne pourraient donc jamais connaître le bonheur. « Je suis en partie responsable... » Jon attrapa sa main contre la sienne tout en plongeant ses yeux dans son regard brun. « J'ai pensé à te chercher, même à venir en Angleterre afin de te faire comprendre que tu faisais la plus grosse erreur de ta vie en m'abandonnant. » C'était difficile à avouer, mais c'était vrai. « Mais je me suis convaincu qu'une femme de ton rang ne pouvait suivre l'homme pauvre que j'étais… Que je n'étais pas assez bien pour toi. » Il s'en voulait d'avoir cru cela. S'il avait suivi Irène en Angleterre les choses ne seraient pas ce quelles sont… Que s'était-il bien passé pour que cette lettre n'arrive jamais jusqu'à lui. « Tu te souviens à quelle adresse tu as envoyé cette fameuse lettre ? »
I know that I can’t have it all But without you I am afraid I’ll fall I know I’m playing with your heart
It isn’t fair and it isn’t right To lead you on like it’s all alright
And I could treat you better but I’m not that smart You still mean everything to me (✢)
Irene descend l’escalier, la démarche chancelante, le pas lent, et ses doigts s’agrippent à la rampe si fort que ses ongles pourraient y laisser une marque. Elle ne s’est pas changée, ne s’est occupée de rien : les aiguilles de l’horloge tournent, tournent, et il lui a fallu prendre une décision. Elle n’a pas le temps de réfléchir, elle se sent mise au pied du mur. Si elle avait un peu plus confiance en elle, si elle était un peu plus courageuse, elle aurait dit non et l’aurait persuadé de céder. Mais Irene a tout juste vingt-quatre et la confiance dont elle irradie habituellement est apprise, pas gagnée. Imitée, pas construite. Comment tenir tête à la figure d’autorité qu’elle respecte plus que tout ? Elle pourrait, évidemment, elle pourrait, et le sang bat à ses tempes. Irene n’est pas courageuse et elle se laisse emporter par une cruelle impuissance, persuadée de l’inéluctable défaite. Il n’y a qu’une seule issue : sa reddition. Elle sait que ce n’est peut-être pas vrai, et qu’elle pourrait retourner le destin, faire un coup d’éclat et ensuite tout réparer. Mais le temps presse, elle ne réfléchit pas correctement ; c’est une grande décision pour une fille comme elle et elle pense qu’elle est trop bête, pas assez forte pour ça. L’est-elle ? Peut-être. On ne saura jamais.
Son père la toise, le regard dur et elle tente tant bien que mal de cacher ses larmes et sa rage et son désespoir derrière une figure hautaine et un ton cassant. « Je suppose qu’il est l’heure, dit-elle sans oser toutefois lever les yeux vers lui. De la poche de son manteau, elle sort une petite enveloppe, qui contient son ultime espoir. Je ne le vous pardonnerai jamais, papa. Il acquiesce en silence, et les petites mains d’Irene tremblent en tenant l’enveloppe. Après quelques secondes, elle la lui tend. Donnez-la lui. En personne. Vous saurez où le trouver, je n’en doute pas. Vous me devez bien ça. Enfin, elle trouve la force de le regarder. Pitié. Si vous m’aimez, si vous voulez que je sois heureuse, donnez-lui cette lettre. C’est la dernière chose que je vous demanderai jamais. » Lord Delaney saisit la lettre mais sans lui accorder d’attention. Il est tellement révolté, tellement abasourdi par les plans de sa fille qu’il ne promet rien à haute voix, car il sait déjà qu’il manquera à sa parole. Cruel ? Oui, mais pour lui, rien ne serait pire que de laisser sa princesse espérer que ce jeune homme aura encore une place dans sa vie. Peut-être que s’ils n’entendent plus jamais parler l’un de l’autre, ils s’oublieront, ne se reverront jamais, et trouveront leur bonheur ailleurs. Malheureusement, Irene méprend son silence pour une approbation muette – après tout, le proverbe ne dit-il pas "qui ne dit mot consent" ?
« Au revoir, papa ». Il l’embrasse sur le front, lui répond de prendre soin d’elle et de faire un bon voyage, mais déjà son cœur brisé a reporté son attention sur Jonathan, et tous leur souvenirs. Tellement de bonheur qu’elle en a la nausée, comment tout cela a-t-il pu basculer en une journée ? Et malgré sa colère à l’égard de son père, elle pense qu’il tiendra parole parce-qu’après tout, c’est un homme d’honneur non ? Enfin, c’est ce que tout le monde lui a toujours répété. Lord Delaney est un homme de confiance, il tient parole et il serait prêt à tout pour sa famille. Naïve, naïve, Irene n’est pas encore prête à affronter le monde réel. C’est aujourd’hui que, sans le savoir, elle expérience pour la première fois la douleur de la trahison, et ses conséquences.
Maintenant, elle est assise en face de Jonathan, et constate la réalité. Et quelque chose de rare s’agite en elle et commence à bouillir. La colère. C’est une émotion à laquelle elle est plutôt étrangère, car après tout elle n’a rien à reprocher au monde – rien qui ne vaille la peine de se traduire par autre chose qu’une réprimande, du mépris ou une ignorance délibérée. Mais là… Là, c’est comme enfin sentir la lame du poignard dans son dos, lui caresser doucement la nuque puis la transpercer de part en part. Elle se giflerait bien, elle-même, et son image passée, pour avoir été si… ordinaire. Si passive, si admirative devant son père que malgré son ultimatum elle avait encore cru pouvoir lui faire confiance. Elle le giflerait bien lui aussi, mais maintenant Lord Delaney est malade et vieux ; et nul doute que le fantôme de sa trahison ne pèse pas lourd dans sa mémoire, convaincu qu’il aura fait le meilleur choix, dans un esprit purement anglais et aristocratique. Ça ne vaut pas la peine d’être en colère contre lui, elle n’y gagnerait rien. Non, non, c’est à elle qu’elle en veut, et d’autant plus en entendant la dernière question de Jonathan.
Son Jonathan, dix ans plus tard – est-il encore son Jonathan après tout ? Il lui attrape la main et sa voix douce énonce des excuses qu’elle n’entend pas tant son cœur bat fort. Au début, elle ne bouge pas, certaine que l’impossible ne peut pas se produire – mais l’évidence est là devant ses yeux : il l’a touchée, et elle a respiré. Ses mots, sa détresse, parviennent à ses oreilles et elle maîtrise à grand-peine les larmes qui menacent d’envahir ses joues.
Ce serait si simple de mentir, de prétendre qu’elle s’est trompée d’adresse. Pas de coupable, et peut-être la perspective d’une réconciliation : sans fautif, c’est plus facile de partager le fardeau. Mais ce ne serait pas juste. Irene n’a pas fait tout ce voyage pour mentir en face de la seule personne à qui elle se soit entièrement dévouée, corps et âme. Oh, elle sait qu’il lui en voudra. Qu’il la blâmera, qu’il haïra son père. Mais c’est déjà le cas après tout, et ça ne peut pas être pire que tout ce qu'elle l'a injustement laissé imaginer pendant une décennie. Elle ne peut pas le laisser croire qu’elle est innocente alors qu’elle porte l’entière responsabilité de leur malheur sur ses frêles épaules.
Elle repense à ce que Jamie lui a dit, lui qui a tellement peur que cette nouvelle rencontre la brise encore. Mais elle a passé tellement de temps à fuir son ombre et sa propre lâcheté, n’est-il pas temps de prendre un risque ? Et si ça ne passe pas, alors ça cassera, et elle recollera les morceaux en silence, comme elle l’a toujours fait.
« Ne pense jamais ça. Plus jamais. Je me fichais de mon rang si ça pouvait signifier que j’avais la moindre chance de rester avec toi. Et tu es-étais à mes yeux une richesse plus grande que ce que mon monde avait à m’offrir. (Je ne me suis pas trompée) Tu étais plus que bien pour moi. » Elle le pense. Ce n’est pas un échange de politesse, c’est son cœur qui se libère, doucement, douloureusement. C’était tellement plus facile de mettre son esprit à nu devant Jamie… Elle a l’impression d’être une pâle copie d’elle-même, maintenant.
« J’ai fait la plus grosse erreur de ma vie en t’abandonnant. Tu n’avais pas à venir me chercher. Elle l’avait rêvé, pourtant – son prince charmant venu de l’autre bout du monde pour vaincre les dragons, la récupérer et l’emmener sur son grand cheval blanc. Mais ils n’étaient que deux enfants avec le sort contre eux. L’impuissance était le choix par défaut. Et le temps passe, et on perd espoir. C’est moi qui aurait dû revenir, qui n’aurait pas dû partir. »
Elle serre sa main, puis la relâche, et la dégage. « Et je… ta seule faute est d’avoir eu confiance en moi. Tu as raison, ça aurait été tellement plus simple si j’avais envoyé la lettre, et ça aurait tout changé. Son sourire reflète une nostalgie infinie. Elle ferme les yeux un bref instant, tente de contenir la colère et la tristesse qui s’accumulent. Il devait venir à ta rencontre, te la donner, t’expliquer. Prendre sa part de responsabilité dans le chaos créé… mais je suppose que c’était trop difficile pour lui de mettre son honneur de côté. Jon… je n’ai pas envoyé la lettre. Je l’ai donné à mon père, à la place. »
Elle essaye si fort de ne pas pleurer que ça en devient douloureux. C’est trop, beaucoup trop pour ce soir, et elle n’est absolument pas prête. « Je suppose que j'ai eu tort de lui faire confiance. »
Spoiler:
PAVÉÉÉÉ (désolée je me suis *un peu* laissée emportée)
I've forgotten how it felt before the world fell at our feet.
C'était complètement insensé. Il avait l'impression d'avoir vécu dans le mensonge durant des années. Oui, il s'était demandé pourquoi la femme de sa vie avait quitté le pays sans prévenir. Pourquoi on lui avait enlevé sa seule chance d'être vraiment heureux… Savoir qu'Irène lui avait été arrachée par un coup du sort le mis dans tous ses états. On pouvait facilement discerner sa colère à travers son visage replié sur lui-même, cette raideur dont-il faisait preuve tout d'un coup… Plus il y repensait, plus sa mâchoire se crispait, sentant ses dents grincer les unes contre les autres. Jonathan s'était toujours dit qu'il n'était pas né sous une bonne étoile. Tout le monde pourrait et pensait le contraire en voyant sa réussite professionnelle. Mais sans comprendre pourquoi, Jon ne s'était jamais trouvé chanceux. Ce qu'il avait édifié, il l'avait fait seul, sans l'aide de personne et encore moins de forces occultes. Il avait l'impression d'avoir mal jugé Irène. Se sentant coupable de l'avoir tenue comme entière responsable de son malheur. Jon eut un petit sourire lorsque la brune lui demanda de ne plus jamais penser cela. La suite de son discours lui serra le cœur. Le rendant à la fois plus lourd, mais bien plus chaud. Sa façon de parler à la fois au passé et au présent le déstabilisa quelque peu. Irène était-elle là, en Australie pour le retrouver ? Avait-elle encore des sentiments pour lui. D'un coup, Jon commençait à avoir honte de l'homme qu'il était devenu. Ce coureur de jupons, briseur de cœurs et de couples… Irène serait bien déçue d'apprendre tout ce qu'il avait commis. Il était conscient que s'ouvrir était une chose difficile pour la brune, chose qu'ils avaient en commun. Ce n'étaient pas des expansives. Ils s'aimaient en tout intimité, tout en sachant ce que l'un ressentait pour l'autre. Il y a des années de cela, Jonathan et Irène étaient dans l'obligation de s'aimer ainsi. C'était leur jardin secret. « Irène…» La jeune femme s'en voulait, remettant toutes les fautes sur ses frêles épaules. « Nous étions jeunes… » Il continuait à caresser sa main du bout des doigts. « J'étais bien conscient que ton père te faisait pression… » Le styliste eut un petit rire nerveux en repensant à cet homme. « Disons qu'il ne me portait pas vraiment dans son cœur et que s'il avait eut le pouvoir de me faire disparaître de ce bas monde pour m'amener directement en enfer, il l'aurait fait avec joie. » C'était un peu près cela. « Il faut dire que voir sa chère fille s'enticher d'un roturier tel que moi n'était point une chose difficile à digérer… » Sa main se serra autour de la sienne. « Tu n'étais pas encore apte à faire face à cet homme, même pour moi, pour nous. » Mais Jon se posait une question, comment cette fameuse lettre avait put se perdre ? Le brun n'avait à l'époque qu'une seule adresse, celle de ce piteux studio dont il arrivait à peine à payer le loyer. Le Dragon sentit Irène échapper à son emprise, sa main se dérobant de la sienne. Ce contact était peut-être trop dur pour la jeune femme. Jon essaya de ne montrer aucun signe de frustration face à son geste. Les premières paroles d'Irène le laissèrent perplexe, ne comprenant pas pourquoi la jeune rejetait encore la faute sur elle. Il lui avait toujours fait confiance, même encore aujourd'hui, malgré tout. Irène n'avait aucune once de méchanceté. Elle aimait se cacher derrière cette beauté froide qui lui allait si bien. C'est ce qu'il avait toujours aimé chez la brune. Être le seul à pouvoir lire entre les lignes de cette mystérieuse femme. De savoir décrypter le moindre de ses gestes… Il la regarda fermer les yeux, comme si elle avait besoin de trouver assez de force pour lui parler. Ce il, c'était son père, bien évidemment. Jonathan posa son dos contre le dossier de sa chaise. Il ne savait pas quoi lui dire. Passant nerveusement l'une de ses mains sur sa bouche. Sa voix si fébrile le rendit tout autant fragile. « Oui, tu as eu tort… » C'était une évidence dite sans la moindre amertume. « Tu lui faisais confiance, comment t'en vouloir de faire confiance à ton propre père… » Irène était à l'époque une femme naïve sortant pour la première fois de sa forteresse dorée, c'était tout à fait normal que la jeune agisse de la sorte. « Je suis désolé que tu apprennes de la sorte la trahison de ton père… » Il s'imaginait que ça devait pas être chose facile de se sentir trahis par le premier homme de sa vie. « D'un côté, je préfère ce dénouement… » Il plongea ses yeux dans les siens. « Le destin n'était pas contre nous, mais juste ton père… » Oui, la lettre ne s'était pas perdue dans Brisbane, elle n'était jamais partie… « On devait peut-être passer par là… Devenir ce que nous sommes… Vivre chacun de notre côté. » C'était triste, mais c'était ainsi. « De toutes les manières, on ne pourra jamais réécrire le passé… » Il regardait Irène, le sourire timidement aux lèvres. Cette situation était difficile à vivre pour eux. « Ne sois pas trop sévère envers toi-même Irène, surtout… » Son regard était chaleureux, ayant effacé toute la rancune qu'il avait envers elle. Son téléphone sonna. « Excuse-moi… » Jon attrapa l'appareil qui se trouvait dans sa poche et le place au niveau de son oreille. Il s'agissait de son chauffeur qui le prévenait de ce qu'il se passait à l'extérieur du restaurant. Jonathan avait l'air agacé, mais c'était de coutume. Le styliste raccrocha et reposa son attention sur la brune. « Irène, il va falloir que nous partions… » L'Australien n'avait pas envie de mettre un terme à cette soirée. On pouvait voir de la frustration dans son regard. « Des paparazzis son à la porte du restaurant et ils attendent qu'une chose, c'est que je sorte pour nous mitrailler de flash. » Jon voulait la protéger, il savait que ce ne serait pas une chose pour elle d'être à la première page des tabloïds. De plus, Lisandre serait encore plus furax contre lui. « Le chauffeur nous attend derrière les cuisines, je vais te raccompagner chez toi.» C'était aussi un bon moyen pour savoir aussi où la jeune femme était logée. « Monsieur Deauclaire, votre chauffeur est là, veuillez me suivre. » Le personnel du restaurant avait l'habitude de faire sortir des célébrités dans une ruelle un peu plus loin. Jon se leva et prit la main d'Irène afin qu'elle le suive. S'il y a bien une personne qu'il voulait protéger de ce monde de fous, c'était bien sa chère Irène.
I don’t even know you anymore But I think you know What you mean to me
Things will never be the way They were before I guess you can’t count on anything (✢)
On pouvait trouver beaucoup de défauts dans le caractère d'Irene Delaney. La Lady pouvait se montrer égoïste, précieuse, obstinée, insouciante, naïve, lâche. Mais elle était aussi honnête, douce, généreuse et loyale, et ces sentiments se décuplaient lorsqu’il s’agissait de sa relation avec Jonathan. Et l’entendre prendre sa défense ainsi… Elle avait échafaudé mille scénarios au cours des années, créé des explications pour combler le vide et la terrible absence de réponse. Elle avait imaginé leurs retrouvailles, ayant refusé d’accepter une séparation éternelle. Et dans ses cauchemars, elle le décevait. Ou il lui en voulait, lui annonçait qu’il avait refait sa vie. Il ne la pardonnait pas, et la repoussait.
Sa compréhension et sa compassion la submergeaient, pansaient comme par magie les plaies ouvertes et mal cicatrisées. Elle se fichait bien de ce que pouvait réserver l’avenir. En un sens, elle aurait très bien pu mourir maintenant : savoir que Jonathan la pardonnait pour son inconscience et sa faiblesse était la meilleure chose qu’elle ait pu espérer. Un formidable souffle de vie dans son existence ternie, la promesse d’un ciel un peu plus lumineux pour elle. Irene était toujours très confuse sur ses sentiments, mais maintenant qu’ils se retrouvaient, elle ne pouvait pas abandonner. Elle n'oubliait pas qu'il n'avait pas seulement été un amant, mais un ami. Un point fixe dans sa vie, une ancre, sa bouée de sauvetage.
La tendresse dans sa voix, la caresse de ses doigts sur sa main, et ses mots… C’était presque trop beau pour être vrai. Elle voyait la colère poindre sous les traits de son visage mais il s’arrangeait pour ne pas la laisser exploser. Encore une chose qu’ils partageaient.
Elle médita ses paroles un instant. Il avait raison, et tort à la fois. Lord Delaney avait largement dépassé les bornes, il y a dix ans. Certes, les Delaney étaient l’une des dernières familles réellement aristocrates d’Angleterre, avec une persistance de sang bleu dans les veines, et de la parenté dans les cercles de la famille royale. Ils avaient tous été élevés dans une bulle, échappant à la ruine de l’aristocratie et à son effondrement progressif. Certains avaient embrassé le vrai monde, mais Arthur Delaney était incapable de concilier ses paradigmes et la réalité. Une partie de lui refusait de laisser sa famille sombrer dans l’ordinaire, et commettre, comme il les appelait en privé, des mésalliances. De toute évidence, Jon était une mésalliance. Le père d’Irene n’avait pas pris la peine d’essayer de le connaître, campé sur ses préjugés. Et entendre Jon se qualifier de roturier, prendre la défense de la jeune fille qu’elle était alors était insupportable à entendre. Réconfortant, mais terrible. Parce-qu’il n’était pas un roturier, pas pour elle, et elle lui aurait donné son royaume et sa couronne si elle avait pu. Et quoiqu’il puisse dire sur son comportement, elle aurait dû. Elle aurait dû se montrer plus ferme, faire étalage de tout le mépris et la colère dont elle était capable. À moins qu’elle n’ait pas ça en elle, pas vraiment ? Pas contre son propre père ? D’un côté, elle savait qu’il ne recherchait que le meilleur pour elle. Il avait juste échoué toute sa vie à voir qu’elle se fichait de ce qu’il idolâtrait.
« Le destin n'était pas contre nous, mais juste ton père… — Oui, juste mon père. Et mon frère, mon mentor, une partie de mes fréquentations en Australie et probablement l’entièreté de ma famille à Londres », dit-elle à voix basse, une légère amertume dans la voix. Elle admirait Jonathan pour sa capacité à pardonner. Elle n’était pas sûre qu’elle y arriverait un jour. Ça ne lui ressemblait pas d’avoir une rancœur, et elle ne comptait pas revenir sur le sujet, mais elle doutait un jour de pouvoir se pardonner à elle-même et à sa famille.
« On devait peut-être passer par là… Devenir ce que nous sommes… Vivre chacun de notre côté. De toutes les manières, on ne pourra jamais réécrire le passé… » Elle baissa le regard, une boule dans la gorge. Timidement, elle avança sa main à nouveau. Cela semblait plus facile maintenant qu’il savait. Et, pour la première fois depuis le début de leur rencontre, elle sourit. C’était un sourire triste, mais un sourire quand même. (Tu n’as pas changé tant que ça, Jon. Tu es toujours un ange.) « Non, je suppose que tu as raison, mais… » Elle fut coupée par la sonnerie de son téléphone, et attendit patiemment la fin de la conversation, plongeant dans ses pensées, se remémorant sa dernière phrase. Vivre chacun de notre côté ? C’est à dire, se séparer encore ? Alors qu’elle venait juste de le retrouver ? non, non. Impossible. Irene se persuadait encore qu’elle était venue sur des principes honorables : retrouver son premier amour et écrire la fin de leur histoire, pour recommencer quelque chose ailleurs, avec quelqu’un d’autre. Elle s’était convaincue qu’elle ne reviendrait pas dans sa vie, qu’elle ne chercherait pas à le récupérer, qu’elle ne bouleverserait pas tout pour son propre égoïsme, persuadée qu’elle était qu’elle ne pourrait jamais être heureuse avec un autre homme que lui. Mais au fond d’elle-même, tout au fond, elle savait que c’était faux. Que si leur première rencontre se passait bien, alors elle ferait tout pour ne pas le laisser disparaître à nouveau. Elle refusait de sortir de sa vie, encore. Peut-être avaient-ils encore une chance ? Ça prendrait du temps, et ce serait compliqué, mais… l’espoir insensé se logeait peu à peu dans son esprit. Elle ignorait tout de l’homme qu’il était devenu, lisant à son sujet dans les médias, peinant à croire que le portait du Dragon correspondait à son Jonathan. Refusant toujours d'accepter qu'il avait réellement changé et que peut-être elle s'accrochait à un souvenir. Après tout, ce soir, il n'était pas différent de celui à qui elle avait offert son coeur. Elle chercha quelque chose à dire, mais il la prit de vitesse et lui annonça la mauvaise nouvelle.
Elle acquiesça immédiatement. Pas besoin de se donner en spectacle. « Je comprends. Je loge chez Frank Ferguson pour le moment, je donnerai son adresse à ton chauffeur. Merci de me raccompagner. Mais… » Elle serra la main qu’il lui tendait, et ne put dissimuler l’inquiétude sur son visage. Se rapprocha un peu et leva les yeux vers lui. Leur proximité la troublait profondément, et sa voix ne fut qu’un murmure emprunt de tendresse. « Je t’en supplie, Jon, ne me rejette pas. Je n’attends rien de toi, je n’attends rien de nous, mais… (je ne supporterais pas de te perdre à nouveau alors que je viens à peine de te retrouver.) ... ne me laisse pas. »
I've forgotten how it felt before the world fell at our feet.
Le nouveau Jonathan n'était pas du genre à facilement pardonner, loin de là. Mais tout lui paraissait possible quand le pardon avait le doux visage d'Irène. Le dragon qui était en lui voulait trouver la force de lui en vouloir, mais qu'importe, a cet instant, l'ancien Jon était plus fort que jamais. Il était soulagé de savoir que sa tendre aimée ne l'avait pas rejeté pour l'homme qu'il avait été. Oui c'était injuste, du temps perdu à essayer de se reconstruire après un chagrin causé par son paternel qui voulait mieux pour sa fille, mieux que lui. Il prit un temps pour réfléchir à tout cela. Se demandant pourquoi donc on lui avait ramené à cet instant son Irène. Lui qui était sur le point de refaire sa vie avec Lisandre, de tourner la page. Était-ce un signe pour lui dire qu'il faisait fausse route ? Ou tout simplement un geste lui permettant de clore son histoire avec la jolie brune ? De lui donner une seconde chance avec elle ? Une seule chose était sûre, Jonathan était complètement perdu. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres en entendant Irène énoncer toutes les personnes qui étaient contre eux. « Oui bon, d'accord, c'était loin d'être gagné pour que notre amour soit accepté par ta famille, je le consens. » Le styliste était persuadé que les deux amants devaient passer par là afin de mieux se retrouver. Ça servait à rien de refaire le passé, de mettre des ''Si'' au commencement de chaque phrase. C'était ainsi. Son sourire s'agrandit en voyant Irène en faire de même. Il sentait une profonde amertume dans ses yeux. Jon avait envie de la prendre dans ses bras, de la réconforter. De lui dire que tout cela était de l'histoire ancienne. Il sentait ses sentiments le submerger à nouveau, comme il y a dix ans lorsque la brune posait son regard sur lui. Cet homme avait aimé cette femme comme jamais et comme personne. L'idée qu'elle puisse appartenir à un autre le rendait malade. La sonnerie de son téléphone les coupa dans leur discussion. En voyant le nom de son chauffeur s'afficher, Jonathan devina de quoi il s'agissait. Des paparazzis encore et toujours. Il faut dire que ses dernières frasques amoureuses n'avaient fait que de les assoiffer, enclins à prendre la photo qui ferait scandale. Qui ruinera encore plus sa réputation ou qu'enflammer celle qui fait de lui ce coureur de jupons légendaire. L'idée de quitter Irène de cette façon lui laissa un goût amer, mais ce n'était pas comme s'il avait le choix. S'il y avait bien une personne à protéger, c'était bien elle. Jon ne voulait pas que l'Anglaise se retrouve dans ses frasques ou prise pour une femme qu'elle n'était pas. Même si d’apparence, Irène avait tout de la femme ravissante et élégante qu'elle était. Mais Jonathan était bien placé pour savoir de quoi étaient capables les journalistes lorsqu'il s'agissait de faire la une. Un serveur vint à leur rencontre afin de les faire sortir par la porte des cuisines. Le brun attrapa la main de la jeune femme afin qu'il la suive de près. Jonathan n'avait plus qu'une idée en tête, partir d'ici au plus vite. Près de la porte de sortie, Jon écouta Irène lui disant où elle logeait, chez un certain Franck. Son nom lui disait quelque chose, mais il ne savait plus très bien de qui il s'agissait. Le styliste ne préféra ne pas trop y penser, espérant tout de même qu'il ne s'agissait pas de son fiancé. Jon se retourna vers elle en sentant sa main qu'il tenait se crisper. La jeune femme avait l'air complètement paniquée. Ce soudain rapprochement le déstabilisa quelque peu. Ses supplications le fit frémir. Il l'écouta en la regardant avec tout l'amour qu'il ressentait pour elle. Jon lâcha sain main afin de poser les siennes autour de son visage. Caressant ses joues du bout des doigts. « Irène ça fait dix ans que je ne cesse de penser à toi, à nous… » On pouvait contempler toute sa sincérité à travers son regard. Ses yeux plongèrent dans les siens, trop envoûté pour trouver la force de tourner le regard. « J'ai tout sauf envie de te laisser, crois-moi… » Jonathan sentait son cœur au fond sa poitrine s'embraser dangereusement. Il était resté silencieux durant longtemps, bien trop longtemps. Le serveur qui les avait accompagnés jusqu'ici s'en alla sans faire le moindre bruit afin de les laisser seul. Sachant très bien que Deauclaire lui en tiendrait aucune rigueur. « Je ne sais pas ce qu'il nous attend… Tu arrives à un moment de ma vie assez… Compliqué disons. » Il lui sourit tendrement. « Tout ce que je sais, c'est que tu as fait de moi l'homme le plus heureux qui soit en réapparaissant dans ma vie. » Irène venait aussi de tout compliquer, mais ça n'avait aucune importance à ses yeux. Jon déposa timidement un baiser au coin de ses lèvres. Il aurait aimé l'embrasser, la prendre dans ses bras et ne plus jamais la quitter, mais une part de lui sentait qu'il était encore trop tôt. Alors Jon ne laissa pas son impulsivité, trop respectueux envers elle pour se comporter de la sorte. Jonathan lui attrapa à nouveau la main et ouvrit la porte donnant vers la sortie. « Il est temps d'y aller mon Irène… Mais ce ne sont que des aurevoirs ce soir et rien d'autre. Nous nous reverrons bientôt, le plus vite possible.»
« Il y a des destinées qui peuvent ne se rencontrer jamais, mais qui, dès qu'elles se rencontrent, ne doivent plus se séparer.»