La veille j’avais eu un coup de fil d’un client pour lequel nous avions bossé quasiment au début de mon arrivée à Brisbane. Je m’en souviens bien c’était mon premier vrai dossier et j’étais très intimidée déjà par le client qui était un ami de Monsieur Chandler, mais aussi parce que je devais faire mes preuves avec ce client la. Quand je l’avais rencontré j’avais été surprise j’avais cru à un homme bourru froid et en fait c’était tout l’inverse, il était grand barbu et surtout c’était un vrai nounours de gentillesse. Enfin bref ce client m’a rappelé m’indiquant qu’il venait de sortir un nouvelle collection de lingerie fine mais de luxe et qu’il voulait monter une campagne de pub autour de cela mais il avait une exigence : pouvoir travailler avec le mannequin que j’avais choisi il y a 5 ans. J’avais prévenue le client que je devais d’abord lui en parler pour savoir si elle serait ou non partante. J’avais donc appelé Svetlana afin qu’elle me retrouve au plus vite à mon bureau. Cela faisait quelques mois que nous ne nous étions pas vu d’une parce que je n’avais pas eu de client nécessitant un mannequin tel qu’elle et de deux parce qu’en dehors du travail nous n’avions pas de raison de nous croiser. Ayant eu son répondeur j’avais laissé un message et elle avait fini par me rappeler pour me dire qu’elle passerait le lendemain matin à mon bureau. Donc ce matin je m’attendais à la voir arriver. Tout le monde la connaissait même sans avoir travaillé avec elle pour savoir qu’elle avait du caractère et pas toujours bon. J’étais en train de peaufiner une étude de marché sur un panel bien précis quand Chelsea me téléphona. “Votre rendez-vous vient d’arriver.” “Très bien Chelsea vous pouvez la faire rentrer.” Quelques secondes à peine après la porte s’ouvre sur la grande brune élancée. Elle n’a pas changé, la même beauté et le même visage fermé. Je me lève lui tends la main qu’elle serre. “Bonjour Svetlana. Merci d’être venue. J’espère que tout va bien pour vous.” Je lui fis signe de prendre un siège et j’allais m’installer derrière mon bureau puis sur mon ordi j’affichais le dossier concernant le client en question. Les formalités d’usage dites, je décidais de rentrer dans le vif du sujet. “Si je vous ai demandé de venir c’est que j’ai peut être un travail pour vous et je voulais savoir si vous étiez disponible pour un nouveau contrat ?”
Svetlana avait de plus en plus de mal à supporter l'atmosphère électrique et tendue qu'il y avait au bureau. La tête penchée sur le dossier d'une patiente, le téléphone coincé contre l'oreille pour prendre le rendez-vous d'une autre, elle était littéralement débordée. Noyée sous le travail qu'elle avait à faire. Ça ne changeait pas franchement d'avec Esteban Miller ; lui aussi était un professionnel reconnu, qui avait beaucoup à faire. Des journées chargées, des clients exigeants, et des requêtes parfois difficiles à satisfaire. Mais il assurait. Sur tous les fronts, contrairement à son cher remplaçant, que Svetlana n'avait jamais pu supporter. Martin David-Lenny, dont elle ne doutait pas de l'efficacité, avait une différence majeure avec Esteban Miller : il était exécrable. Tout le temps. Tous les jours. Sans raison apparente. Il l'avait prise en grippe d'emblée, et elle lui avait dignement rendu la monnaie de sa pièce : hors de question qu'elle se laisse marcher sur les pieds par ce petit nouveau. Il était peut-être son boss, mais cela ne justifiait pas tout ; son caractère bien trempé ne lui autorisait pas d'être malmenée. Quand elle était attaquée, la Russe répliquait : ministre, médecin, ou simple homme dans la rue, elle ne se laissait jamais faire. Elle sursauta en entendant une patiente se râcler bruyament la gorge, afin de lui indiquer sa présence. Svetlana releva les yeux vers elle, et s'excusa d'un regard – à défaut de pouvoir faire mieux. Puisqu'elle était occupée, l'autre attendrait.
Svetlana avait été surprise de recevoir l'appel d'Ashley Buchanon. Si ses souvenirs étaient bons, elle n'avait travaillé avec elle qu'une seule fois, lors d'une campagne publicitaire pour une célèbre marque de montres suisses. Elle avait néanmoins gardé son numéro de téléphone en réserve – sait-on jamais, elle pourrait un jour faire appel à elle, si elle décidait de reprendre son activité principale. Elle écouta avec attention le message vocal qu'Ashley lui avait laissé, et qui lui demandait de venir la trouver à son bureau dès qu'elle aurait une minute. Svetlana, décidée à éclaircir ce mystère, ne mit guère longtemps : le soir même, elle était à l'agence d'Ashley. Une dénommée Chelsea la conduisit jusqu'aux bureaux qu'occupait Ashley, et s'éclipsa en fermant la porte après qu'elle soit rentrée. « Bonjour Ashley. » Dit-elle en s'avançant vers la blonde, avant de serrer la main qu'elle lui avait amicalement tendu. « Pas de souci. » Assura-t-elle en prenant place dans un fauteuil confortable, face au bureau d'Ashley. « Je ne suis plus dans le milieu, Ashley. » Fit remarquer Svetlana, un peu abasourdie. Elle aimait son franc parler, et sa volonté de ne pas tourner autour du pot. Seulement, elle était un peu surprise de voir que l'agent n'était pas au courant de son changement brutal de carrière.
C’était rare qu’un client après avoir fait silence radio pendant plusieurs années, se réveille et revienne nous voir en nous demandant quelque chose plus que précis d’ailleurs quand on voyait ce qu’il voulait. Il voulait travailler avec le même mannequin. Pourquoi pas en soit, mais cinq ans après ? J’étais assez dubitative surtout qu’une carrière de mannequin peut rapidement être éphémère. J’avais cependant fait des recherches et tenté de savoir ou je pourrai trouver Svetlana. Quand je lui laisse le message je n’ai pas grand espoir de la voir arriver mais quand Chelsea me previent le soir même qu’elle est la je suis contente et surprise à la fois. Bon je ne vais pas me plaindre au moins nous pourrons statuer rapidement sur la situation. Elle entre dans le bureau, nous nous saluons et elle prend place dans le fauteuil de l’autre côté de mon bureau. Je n’ai pas le temps de lui dire pourquoi je voulais la voir qu’elle me lâche cette bombe aussi facilement qu’elle aurait commandé un soda dans un bar. Au moins je pouvais lui reconnaitre de ne pas tourner autour du pot et de m’annoncer cash la couleur. Je pourrai à mon tour lui répondre : Bon bah merci et au revoir. Sauf que je pense que si elle est ici c’est que sa curiosité a été piqué au vif sinon elle aurait pu juste m’appeler pour m’apprendre la nouvelle qu’elle avait arrêté le mannequinat. Dans tout les cas, j’avais une carte à jouer. “Ah je ne savais pas, je pense que si vous avez pris cette décision c’était murement réfléchis.” C’était une supposition mais dans le cas contraire si elle l’avait fait sur un coup de tête elle pourrait peut être revenir dessus. “En fait si je vous ai appelé c’est pour un client que nous avons eu il y a cinq ans qui avait fait une campagne de pub avec vous. Aujourd’hui il vient de sortir une ligne de lingerie fine de luxe et il vous voudrait comme égérie.” Je lui laissais le temps de digérer l’information avant de poursuivre. “Mais comme vous avez arrêté, je pense que je vais l’appeler pour le lui faire savoir et orienter nos recherches vers un autre mannequin.” En fait je naviguais totalement en eaux troubles et je ne savais pas si son arrêt du mannequinat était définitif ou si elle l’avait fait pour des raisons très voir trop personnel.
« Tous mes choix sont toujours très réfléchis. » Fit remarquer Svetlana, sur ses gardes. La Russe avait la réputation de ne pas être facile à vivre, et elle en jouait largement. Fière, elle frôlait parfois l'insolence pour le simple besoin d'entretenir les rumeurs qui courraient sur son compte. Dans le monde du mannequinat, mieux valait être un requin si on voulait s'en sortir, et espérer faire carrière. « Néanmoins, je peux parfois revenir sur mes décisions. » Et, bien sûr, cela dépendait des conditions. Svetlana n'était donc pas complètement fermée à la discussion même si, de prime abord, celle-ci semblait mal engagée. Elle écouta donc Ashley lui exposer le plan ; évidemment, dit comme cela, l'affaire paraissait intéressante. Mais la Russe avait besoin d'en apprendre davantage. « Voyons Ashley, vous comme moi savez très bien que j'ai besoin de plus de renseignements pour prendre une décision. » Déclara-t-elle tout en se redressant dans le fauteuil. Elle planta ses prunelles aciers dans celles bleutées de son interlocutrice, bien décidée à en découdre. Elle était venue, et ne comptait pas repartir aussi vite. Sa présence n'était pas anodine ; Svetlana ne se déplaçait plus de belle lurette – elle préférait envoyé son agent pour négocier. Mais aujourd'hui, piquée par la curiosité, elle avait décidé de se déplacer elle-même. « Quelles sont les conditions ? Y-a-t-il des impératifs à respecter ? » Demanda-t-elle, cette fois-ci sur un ton bien plus incisif. « Serais-je seule sur le coup, ou y-a-t-il quelqu'un d'autre ? Quelles sont les conditions financières ? »
La posture froide et distante ne me surprenait pas et ne m’intimidait pas. Déjà je n’avais pas de raison de l’être mais surtout j’en avais vu d’autres du même genre qui était insolent dans leur façon d’être et de se comporter en général avec les gens. Je passais outre je n’étais pas la pour m’occuper des égos des gens mais pour satisfaire un client. Comme je m’en doutais sa décision avait été réfléchie mais elle n’était pas contre une exception. Je me doutais que cela dépendrait de plusieurs point comme le client, le type de publicité et peut être voir surement la rémunération. J’étais assez fière de moi, car le fait qu’elle soit venue elle même montrait que j’avais piqué son intérêt et afin de rester sur cette ligne de conduite je lui donnais quelques billes mais sans tout dévoilé. Au contraire je la renvoyais dans sa décision d’arrêter afin de voir si vraiment elle pourrait se laisser tenter. C’est ce qui se produisit vu que d’elle même, elle me demanda plus d’information. Ce que je comprenais mais la j’avais vraiment toute son attention et cela promettait de voir une belle discussion. “Je veux bien vous donner plus d’informations, mais on ne peut pas toujours tout avoir.” Je m’installais à mon tour bien au fond de mon fauteuil et je pris le dossier dans mes mains. “Il a créé une collection de lingerie fine pour les femmes et une ligne pour les hommes. A savoir qu’il y aura une campagne que pour la ligne féminine, une que pour la masculine et une commune. Il va s’en dire que nous devrons faire en sorte que les deux mannequins soient capables de s’entendre et de travailler ensemble.” J’ouvre le dossier et prend le temps de le lire alors que je le connais par coeur. “Les deux mannequins auront un contrat d’un an pour être les égéries de la marque. La marque sera donc représentée par le visage des deux mannequins, cela veut dire pas de vagues pas d’esclandres, pas de photos de nus dans les tabloids. C’est un an à se tenir à carreaux à ne pas faire de frasques.” La dernière question était surement la plus intéressante. “Il y a un montant fixe par mois comprenant des campagnes de pubs, des présentations. Attention cette somme, si les ventes se passent bien peuvent être augmenté, tout comme si vous faites le moindre faux pas, vous être repris.”
« J'en ai bien conscience. » Acquiesça Svetlana, alors qu'Ashley mettait d'emblée un frein aux négociations en préservant ses arrières. Elle n'avait d'ailleurs pas tort de le faire ; elle avait déjà travaillé avec la Russe, et savait comment elle réagissait. Svetlana était du genre à tout rafler sur son passage, sans se soucier un seul instant de ceux qui l'entourait. Égoïste ? Sans nul doute. Mais cela lui permettait d'assurer ses arrières. « Plusieurs photoshoots au cours de l'année ? Ou un global ? » Demanda-t-elle, alors que l'agent lui exposait le plan prévu. Les deux options lui convenaient, mais elle préférait savoir à l'avance afin de s'arranger pour son travail – surtout si cette affaire l'amenait sur un autre continent. « Je veux aussi savoir qui sera l'autre mannequin avant d'éventuellement signer mon contrat. » Ajouta-t-elle. Là-dessus, elle serait intraitable ; elle ne voulait pas que la situation soit embarrassante ni pour elle, ni pour quiconque. Se retrouver à partager l'affiche avec un ex ou un gros con ? Non merci. Elle préférait anticiper pour éviter les mauvaises surprises. « Voyons Ashley, vous me connaissez. » Déclara-t-elle, haussant un sourcil devant les règles exposées par son interlocutrice. Svetlana n'avait aucune envie de partager sa vie privée avec la terre entière, et partait plutôt du principe que pour vivre heureux, mieux valait vivre caché. « Quand avez-vous vu une information personnelle filtrer sur mon compte ? » Pas dernièrement, c'était évident : depuis qu'elle s'était retirée du monde du mannequinat, elle avait fait profil bas. Oh, bien sûr, elle n'avait pas pu s'empêcher d'allumer la galerie avec quelques photos osées ou suggestives postées sur les réseaux sociaux ; après tout, on ne se refait pas. Néanmoins, Svetlana n'avait jamais dépassé les bornes. « Et puis ça passe vite, un an. » Fit-elle remarquer en haussant les épaules. Non, vraiment, cette condition ne l'inquiétait guère. « Qu'entendez-vous par présentation ? » Demanda-t-elle, les sourcils légèrement froncés. « Et à quelle hauteur se monte ma commission, et à partir de quel stade pourrais-je la toucher ? » Son image faisait vendre, elle le savait. Alors si on venait la chercher, elle, alors qu'elle était en stand-by depuis quelques temps, c'était bien dans l'idée de faire un gros coup, non ?
En général les discussions avec les personnes comme Svetlana n’étaient pas simple. Elle savait ce qu’elle voulait et surtout ce qu’elle ne voulait pas. Sauf que si elle me connaissait un peu elle saurait que je défendrai les envies de mon client sans pour autant plier devant des caprices d’un mannequin qui aujourd’hui ne faisait plus les gros titres. Pour moi on allait chipoter et surtout j’aurai le droit à des caprices de diva.”Il y aura deux photoshoots, un pour la présentation hiver et un pour la présentation été.” Ce qui était logique vu que si le client voulait pouvoir toucher à plusieurs reprises les acheteuses et acheteurs il fallait renouveler se campagne semestriellement.Quand elle me dit qu’elle veut savoir qui sera l’autre mannequin avant de signer je me mets à sourire, ca même sans me le dire je l’aurai deviner mais bon si elle pense à peut être pouvoir signer c’est que pour le moment elle n’est pas fermée à tout. “Il y a une liste de 5 noms.” Je prends la feuille et la lui montre. Bon il faut dire aussi que certains ont refusé tout net de s’associer à Svetlana pour travailler avec elle, comme quoi elle n’est pas la seule à avoir des conditions. Quand j’ose lui dire qu’elle devra se tenir à carreau, elle prend un air outré comme si j’avais dit une abomination. Son rôle de starlette ne me fait rien et comme je ne suis pas un homme, elle peut toujours essayer de se poser en victime ca ne fonctionne pas. “Il est vrai qu’en ce moment on entend plus parler de vous mais surement parce que vous avez choisi de ne plus être sous les flashs des photographes. Si cela reste ainsi même si vous revenez à la lumière alors tout ira bien.” Une petite précision qui ne payait pas de mine mais qui n’était pas dénuée de sens quand on connaissait l’ex mannequin. “Les présentations seront deux défilés car il cherche à ouvrir deux nouvelles boutiques, une à Paris et une à Sidney.” C’était justement pour cela qu’il avait fait appel à une agence australienne. Mais la on rentrait dans le nerfs de la guerre.”On partirait sur un montant de 15 000$ par mois avec deux primes de 10 000$ possible.” Je ne savais pas combien elle était rémunérée dans son nouveau travail mais je ne pense pas qu’elle touchait cette somme. “De plus les frais de déplacement seront pris en charge par la société et tu auras aussi le droit de garder les tenues que tu auras porté lors des shoot.” Je pensais avoir à peu près fait le tour de tout ce qu’elle pouvait me demander. “Ah oui C’est un montant fixe pour le mois, donc tu auras un planning sur les campagnes de pub quand il faudra aussi te présenter pour présenter la marque en accompagnant le styliste. Rassure toi ton mois ne sera pas archi plein. Cependant c’est une exclusivité pendant cette année la tu ne pourras pas faire d’autres campagnes de pub rémunérée ou non.”
« Ça me paraît logique. » Déclara Svetlana alors qu'Ashley lui indiquait le nombre de photoshoots qu'elle devrait faire. Un pour la campagne d'hiver, un pour la campagne d'été : quelques centaines de clichés, une poignée qui serait sélectionnée, et une parfaite qui serait placardée partout. Svetlana était venu ici pour en apprendre davantage, et elle était désormais sur le point de signer un contrat. En même temps, Ashley faisait tout pour la convaincre. Svetlana s'empara de la liste que lui tendait Ashley, et hocha la tête. « A priori, tous ceux-là me conviennent. » Son caprice n'était pas sans fondement : elle aurait probablement mal géré le fait de partager une campagne avec Kyeran, par exemple. La Russe craignait de retomber sur lui plus que sur quiconque ; par chance, le temps et le destin avaient visiblement décidé de s'associer et d’œuvrer en leur faveur. Elle n'avait jamais plus donné de nouvelles, et ils ne s'étaient jamais revus. Jusqu'à maintenant, en tout cas. « Ashley, personne n'a jamais rien su de mes histoires privées. » Déclara Svetlana. C'était bien simple : aux yeux du public, son passé importait peu. Elle n'en parlait pas, parce qu'il n'y avait rien à en dire. Mais c'était faux. La presse n'avait jamais eu vent de ses relations amoureuses, et elle ne comptait pas que cela change. « Serais-je sollicitée pour l'inauguration ? » Demanda-t-elle, consciente qu'il y avait là un moyen de négocier les conditions financières qu'on lui proposerait. « Vos prix sont intéressants. » Fit-elle remarquer, sans pour autant annoncer son accord ou non. Elle voulait se laisser un peu de temps pour réfléchir, pour envisager les choses. Elle voulait être capable de négocier certains termes du contrat, aussi. « Et vos conditions générales aussi. » Sauf la dernière, évidemment. Svetlana devrait se dévouer uniquement à cette marque, pendant un an. Et Svetlana n'aimait pas être limitée. « Pourquoi ? Le fait de cumuler les contrats ne fera pas de moi une mauvaise ambassadrice, bien au contraire. » Déclara-t-elle en haussant les épaules. Et puis, de manière générale, plus elle serait vue, plus ce serait avantageux pour la marque, non ? Chacune de ses apparitions serait l'occasion de rappeler son statut d'ambassadrice.
Je ne sais pas vraiment si les conditions du contrat pourront convenir à Svetlana mais j’espère pas qu’elle imagine que parce qu’elle fera des caprices nous céderons. Même si le client la veut, il nous a choisit nous surtout pour notre faculté à gérer une campagne de publicité et à ne pas nous laisser dicter notre conduite pour des désidératas puérils et sans valeur ajouté pour le produit concerné. Même si Svetlana était venue par curiosité je savais que j’avais réussi à faire en sorte qu’elle reste pour autre chose que cette même curiosité surtout que je savais entre autre avec qui elle ne voulait pas travailler et que la liste de ses pendants masculins pour la campagne ne pouvait que lui convenir, ce qu’elle me confirma. “Si vos histoires continues d’être privées cela ne pourra que ravir aussi bien notre client que nous.” De toute façon si elle était mêlée de près ou de loin d’un scandale médiatique cela rendrait caduque son contrat donc pendant un an ca ne serait pas dans son intérêt de faire parler d’elle. “Vous ne serez pas sollicité vous y serez car les défilés se feront dans les boutiques. Je pense que vous n’imaginez pas la taille de la boutique. Donc forcément les deux inaugurations iront avec les deux ouvertures car ils les ouvrent à six mois d’intervalle pour que cela colle parfaitement avec la campagne été et hiver.” Au début il avait suggéré d’ouvrir les deux en même temps et je lui avais déconseillé, ouvrir en décaler lui permettrait d’impacter un peu plus le monde de la mode et surtout de garder un intérêt pour son évolution et son implantation sur le marché. Il en avait parlé avec ses conseillers qui avaient validé mon point de vue. Comme quoi j’étais peut être nulle dans mes relations avec ma soeur pour trouver des solutions quand à notre situation, mais j’étais bigrement douée pour répondre aux attentes clients. On ne peut pas tout avoir, j’avais la réussite professionnelle, par contre à côté. Il ne fallait pas que j’y pense ce n’était ni le lieu ni l’endroit et je devais rester concentrée sur mon rendez-vous ou plutôt sur la visite qui se transformait au fur et à mesure en rendez-vous professionnel. “La dernière condition sera non négligeable.” Sentant que Svetlana n’était pas en accord et apparemment ne comprenait pas pourquoi j’inspirai profondément avant de me caler profondément dans mon fauteuil. Ce qui me surprenait le plus c'est pourquoi vouloir être libre alors qu'elle disait avoir quitté le milieu. “Nous n’avons pas dit que la représentante de la marque” je restais très évasive sur le fait que se serait elle ou non.” Ne ferait pas une bonne égérie si elle cumulait les contrats mais simplement qu’elle pourrait être associée en même temps à différents produits. Ce qui n’est pas concevable.” On avait déjà vu des mannequins être l’égérie d’une marque de parfum et à côté faire une pub pour une banque. A trop voir un visage on finit par ne plus savoir à quoi l’associer et la pendant un an, nous voulions que le mannequin ne fasse penser qu’à une chose, lingerie, haute couture, sexy. Que toute personne voyant le visage ou le corps de la jeune mannequin fasse de suite le rapprochement avec la marque en question.
« Elles le resteront. » Assura Svetlana d'une voix ferme et décidée. Comme elle l'avait affirmé et répété à Ashley, la Russe n'aimait guère être au centre de l'attention quant il s'agissait de sa vie privée. Elle voulait pouvoir être libre de ses choix, de ses amitiés, de ses amours. Elle ne voulait pas qu'une tierce personne puisse s'interposer entre elle et ses envies, et jugeait, à tort ou à raison, qu'elle devait donc faire profil bas pour éviter de se mettre dans une situation compromettante. Bien sûr, il y avait toujours quelques couacs – une photo volée ou une personne de son entourage avec la langue un peu trop pendue – mais Svetlana laissait, la plupart du temps, la rumeur virevolter sans réagir. Ainsi, elle disparaissait d'elle-même. « D'accord. Deux défilés pour deux ouvertures de magasin. Ça me semble être correct. » Déclara-t-elle en hochant légèrement la tête. Dans la mesure où le mannequinat n'était plus l'activité principale de Svetlana, elle devait veiller à ce que ça ne soit pas incompatible avec sa profession actuelle. Oh, bien sûr, Martin aurait sans doute une attaque s'il apprenait que sa secrétaire faisait à nouveau la une des magasines. Elle eut un petit sourire, à la simple idée de le voir recracher son café en la découvrant, en maillot de bain, dans les pages de l'un de ses magasines. « Dernière condition non négociable ? Je ne prends pas, dans ce cas. » Déclara la Russe en secouant la tête, refusant de revenir sur sa première idée. Pourquoi devrait-elle se dispenser d'autres contrats éventuels, alors qu'elle n'avait plus aucune obligation ? Pourquoi devait-elle se lier, pendant un an, à une marque – aussi prestigieuse soit-elle ? « Votre offre est alléchante, mais je tiens à garder un minimum d'indépendance. » Et aussi, foncièrement, elle n'avait pas besoin d'argent. Elle avait très, très bien gagné sa vie par le passé. Elle avait fait les plus grandes unes, les plus grands magazines, elle avait défilé sur les podiums les plus convoités. « Je suis prête à l'accepter si, de mon côté, je peux accepter d'autres offres qui n'entreraient pas en concurrence directe avec les intérêts de votre client. » Autrement dit, elle n'accepterait pas d'autre contrat, pendant un an, pour de la lingerie fine. Mais elle voulait être en mesure d'accepter un contrat avec un joaillier, par exemple. Elle avait pu combiner, par le passé, ses envies. Pourquoi ne pourrait-elle plus le faire aujourd'hui ? « Et si votre client tient tellement à cette exclusivité, dites-lui que les tarifs vont être nettement plus salés. » En principe, ce genre d'arguments, ça fait réfléchir.
Elle a beau vouloir me rassurer sur le fait que toute sa vie et ses histoires personnelles resteront privées, je sais qu’il faudrait toutefois que je me méfie. Je ne fais pas confiance à tout le monde même si j’ai une tendance à vouloir croire les gens en général, mais je connais ce genre de mannequin et vous leur donner un doigt ils chercheront à vous bouffer le bras. Et c’est bien le cas quand je l’entends me parler par la suite de l’offre que nous sommes prêts à faire avec mon client. J’esquisse un petit sourire. Elle trouve notre proposition intéressante mais ne se sent pas prête à céder une once de terrain sur le fait d’avoir pendant une année une seule année de mannequinat. Pour preuve elle m’indique que si c’est non négociable elle ne prend pas. Toutefois elle prend la peine de m’expliquer que elle veut pouvoir à côté faire d’autres séances de mannequinat pour des marques ne concurrençant pas celle de mon client ou que s’il veut la totale exclusivité, il devra raquer. Je m’enfonce un peu plus dans le fauteuil un sourire aux lèvres. Elle cherche la négociation elle me connait mal. Oui le client à demander après elle, mais parce qu’il se souvenait d’elle, aujourd’hui il y a d’autres mannequins tout aussi jolie et surtout nettement plus jeune et qui serait moins intransigeante sur les questions d’exclusivité. “Soit vous ne voulez pas. Je comprends que mon enfin notre offre ne convienne pas, j’en suis navrée.” Je me lève pour lui faire savoir que nous n’avons alors plus grand chose à nous dire. Nous sommes arrivés à un niveau ou tout le monde peut bluffer à voir qui alors à la meilleure main pour faire tapis. “Je pense que je vais prospecter pour trouver d’autres modèles surement slaves vu que c’est ce qui plait à mon client et quitte à prendre peut être moins connu mais qui accepteront mes conditions.” Je m’avance et je fais le tour du bureau avant de poursuivre. “En tout cas je ne doute pas que votre vie et votre travail actuel vous conviennent parfaitement.” Je ne connaissais pas les raisons de son arrêt volontaire du mannequinat mais si elle l’avait décidé c’est qu’elle devait y trouver son compte et que donc elle n’avait pas besoin du contrat que je lui proposais.
Svetlana n'avait jamais été du genre à se laisser faire. À partir du moment où elle avait eu la chance de s'échapper de sa cage dorée, elle avait mis un point d'honneur à ne jamais retomber dans des travers qu'elle jugeait trop... Restrictifs. L'innocence avait fait place à la méfiance et à une volonté farouche de vivre libre, et l'inverse était désormais inenvisageable. Ainsi, lorsque l'agent publicitaire lui indiqua qu'elle était navrée que sa proposition reste sans suite, la Russe n'y vit aucun problème. « Il ne faut pas l'être. » Déclara la Russe d'une voix posée. Elle décroisa les jambes, et se releva pour faire face à Ashley. Cette offre, si elle restait en l'état, n'était tout simplement pas faite pour elle. Ce n'était pas la première fois qu'elle refuserait un contrat – et probablement pas la dernière. Bien sûr, si son agent l'apprenait, il risquait de lui passer un savon ; elle, en revanche, tenait trop à sa liberté pour se laisser enchaîner. « Il y en aura. » Assura Svetlana en hochant la tête. Le mannequin n'était pas dupe : il y en avait des plus jeunes, des plus belles, et des moins difficiles en affaire. « La campagne ne fonctionnera sans doute pas comme escompté, mais vous trouverez votre bonheur. » Ashley penserait sans doute qu'elle était profondément narcissique, et elle n'aurait pas tort. Cependant, Svetlana était aussi très réaliste : elle savait très bien ce qu'elle valait sur le marché, et quelle influence elle pouvait avoir. Cette dernière ne se construisait d'ailleurs pas en quelques semaines ; elle la travaillait depuis des années. Les deux femmes se retrouvèrent maintenant côte à côte, et Svetlana esquissa un pas en direction de la sortie. « Serait-ce une pointe... D'ironie ? » Demanda Svetlana, quelque peu suspicieuse. Elle fronça les sourcils ; sa bonne humeur l'avait soudainement quittée. Svetlana n'aimait guère que l'on émette des hypothèses sur son compte. Elle n'aimait pas les intrusions, mêmes indirectes, dans sa vie privée. « Effectivement. » Finit-elle par répondre, un peu sèchement. Si sa vie actuelle ne lui convenait pas, elle pouvait parfaitement décider de tout plaquer du jour au lendemain. « Bon courage dans votre recherche, Ashley. » Ajouta-t-elle, avant d'actionner la poignée pour sortir. Son sac à main sur l'épaule, elle enfila des lunettes de soleil et s'éloigna. Une fois de plus, elle tournait le dos à sa vie de mannequin, au profit d'une vie plus saine. Mais pour combien de temps encore ?
Je me doutais que ca ne serait pas simple. Connaissant un peu le mannequin il y avait fort à parier qu’elle voudrait que je n’aille que dans ses conditions sans accepter les notre. Sauf que même s’il y avait des choses sur lesquelles nous étions prêts à discuter, il y en avait une pour laquelle le client ne voulait pas faire de compromis c’était pour l’exclusivité et que c’était bien ce qui posait problème à la jeune femme. Je me levai rapidement suivit par Svetlana qui l’assurait que ce n’était pas grave qu’elles n’aient pas pu trouver de terrain d’entente mais autant l’une que l’autre n’était pas prête à céder une once de terrain. Par contre, je me mis à tiquer quand elle annonça que la campagne ne fonctionnerait surement pas comme nous le souhaiterions vu qu’elle ne serait pas la représentante. “C’est vous qui dites cela, mais le monde de la mode et de la publicité fonctionne toujours aussi bien que se soit avec vous ou non dans le paysage du mannequinat. Mais ne vous en faites pas pour nous, j’ai toujours sur retomber sur mes pattes et je suis sûre de faire la compagne de publicité idéal pour mon client même sans nous être offert vos services.” Comme aurait dit ma mère, personne n’est irremplacable. Des indispensables il y en a plein les cimetières. Je lui souhaite quand même bonne chance dans la nouvelle vie qu’elle s’est choisie en toute bonne foi et cette dernière pense que je me moque d’elle. C’est bien mal me connaitre. “Nullement, je suis sûre que votre décision était une chose dont vous aviez besoin et si vous êtes heureuse dans votre nouvel équilibre n’est ce pas l’essentiel ?” Je vis à son visage qu’elle n’était pas sure de ma sincérité mais honnêtement cela ne m’importait que peu. Elle ouvrit la porte pour en sortir et je la saluais tout en refermant derrière elle. Une fois installée derrière mon bureau je pris le combiné téléphonique pour prévenir mon client que cela n’avait pas fonctionné. Malheureux mais pas défaitiste, il me renouvela sa confiance afin que je lui propose d’autres mannequins prêts à satisfaire à ses demandes. C’est pleine d’entrain que je me remis au boulot en sachant que rapidement je trouverai mon bonheur.