« Sometimes you don't see that the best thing that's ever happened to you is sitting there, right under your nose. »

Elle s’en rappelait encore. Le stress, l’angoisse. Le coup de fil de trop. Elle avait passé toute sa journée à s’inquiéter de ne pas avoir de nouvelles et bien que Cataleya et Malika tentaient de la rassurer, elle sentait que quelque chose clochait. En général, il lui passait toujours un coup de fil pour lui dire que tout allait bien, qu’elle pouvait être tranquille. Même si Amy avait une confiance aveugle en Ezra, c’était toujours bon de savoir que tout se passait bien lorsqu’il gardait Lily-Rose. Surtout que cette fois-ci, le Beauregard avait décidé d’emmener la petite en croisière pour la journée. La nuit passa, toujours rien. Alors lorsque la brune reçut cet appel, lui disant de se rendre à l’hôpital, elle crut que son cœur allait s’arrêter. Dans l’action, elle était partie avec Cataleya qui attendait avec elle le retour des deux à l’appart’ d’Amy. Terrifiée, elle expliqua la situation à sa meilleure amie, dans l’attente de savoir s’ils allaient bien. Elles demandèrent rapidement des informations à l’accueil. Apparemment il n’était pas le seul blessé. Lily sauta dans les bras de sa mère en la voyant et cette dernière resserra son étreinte, ne voulant plus lâcher sa petite. Amelia regarda l’état général de sa blondie, elle allait bien. Mise à part la fatigue et le choc émotionnel de la journée. La petite dans les bras, elle tenta de se renseigner auprès des médecins ou infirmières concernant l’état de son meilleur ami. Problème, n’étant pas de la famille, elle ne pouvait rien savoir. Fuck. Au bout de la troisième personne qui lui demanda qui elle était par rapport au patient, elle finit par mentir, prétendant être sa femme. C’était une torture de ne pas savoir. Le médecin finit alors par lui répondre qu’il était encore au bloc op’ et que ça allait encore prendre du temps. Sur ce, Amy décida de repartir avec Lily-Rose et Cat’ pour que Lily se repose. Elle dormait déjà dans ses bras. Elle la coucha, restant auprès d’elle, puis Amy finit par demander à la colombienne si ça ne la gênait pas de rester là avec Lily, le temps qu’elle retourne prendre des nouvelles du jeune homme. Prétendant toujours être un membre de sa famille, on l’autorisa à entrer dans sa chambre et y passer la journée et même la nuit si elle le voulait. Amelia ne broncha pas. Il dormait, encore dans les vaps dû à l’anesthésie et la bonne dose de morphine qu’ils avaient  dû lui injecter. Amy s’installa alors au fauteuil à ses côtés, une main dans la sienne, attendant son réveil.

C’était encore frais, elle n’arrêtait pas d’y penser. Lui encore dans un lit d’hôpital. A croire qu’il aimait ça. Alors Amelia c’était décidée. Elle et Lily-Rose emménageaient chez lui le temps qu’il se rétablisse correctement. Même s’il avait bronché, Amelia ne lui laissa pas tellement le choix. Elle ne le voyait pas se débrouiller seul. Dormant dans la chambre d’ami avec la petite, les deux s’étaient levées de bonne heure pour emmener Lily à l’école. Amelia passa ensuite deux minutes au garage histoire de prendre un peu de boulot à faire à la maison pour ne pas trop être à la bourre. Rentrée chez lui, Ez’ n’était toujours pas levé. La Iver prépara alors de quoi lui faire un bon petit déjeuner pour qu’il prenne des forces. Cela ne faisait qu’un jour qu’il était rentré. Le plateau préparé, elle s’immisça dans sa chambre. « Debout marmotte. » Un sourire au visage, elle vient déposer le plateau sur la table de nuit et ouvrit les rideaux. « Le petit-déjeuner est servi. » Oui, elle préparer le repas, ça pouvait surprendre. Choquer même. Il se releva doucement, tandis qu’Amy s’installa à ses côtés, prenant sa place dans le lit. Elle déposa un tendre baiser sur sa joue. « Bien dormi ? » La situation était bizarre, surtout après ce qu’il venait de se passer. Ils n’en avaient toujours pas parlé et comme il y a eu l’accident, Amy faisait comme si de rien n’était, préférant s’occuper de son état de santé. « Tiens, prends ça. » Elle lui tendit ses médicaments avec un verre d’eau. Elle jouait les petites infirmières et il fallait avouer qu’elle aimait bien ça.    

« Sometimes you don't see that the best thing that's ever happened to you is sitting there, right under your nose. »

« Amelia Iver… » Okay, ça n’envisageait rien de bon ça. Mais tant pis, Amelia continuait dans sa lancée, l’ignorant complètement. Elle déposa le petit-déjeuner avant de s’installer près de lui. Ezra ouvrait à peine les yeux, mais ça se voyait à sa tête qu’il n’était pas d’humeur. Et si ça marchait comme Amy, lorsqu’elle se faisait sauvagement réveiller, ses idées noires, plus sa mauvaise mine pouvait durer des heures. Voir la journée entière. Enfin là, la brune l’avait surtout réveillé pour qu’il prenne ses médicaments à la bonne heure. Surtout qu’il devait en avaler certains à jeun. Alors ses plaintes, ça passera au second plan. Il poussa sur son bras valide pour se relever et voyant le mal qu’il avait, elle soupira légèrement. Ça lui faisait de la peine de le voir dans cet état. Pas de la pitié, non. Amelia avait tellement eu peur lorsqu’on lui avait annoncé l’état de son Beauregard.. Bientôt elle pourrait lui prendre une carte d’abonnement pour l’hôpital. Surtout que ce n’était jamais pour des petits bobos qu’il venait. Oh non. Un accident de voiture qui l’entraîne dans un coma, une flèche à l’épaule. Tout va bien. Elle lui demanda s’il avait bien dormi. Elle savait qu’il avait eu peu d’heure de sommeil et comptait le laisser tranquille après la prise de médocs et qu’il ait mangé un bout histoire de prendre des forces. Mais Amy ne s’attendait pas à ce qu’il lui réponde de la sorte. Outch. Non il ne fallait pas qu’Ez joue à ce petit jeu avec la jeune femme sinon elle allait s’énerver à son tour et ne serait pas très gentille. Blessure ou pas, elle ne se gênerait pas pour le remettre sur le droit chemin. Mais pour le moment, Amy préféra se taire. Enfin elle lui donna ses médicaments pour que lui se taise.

Elle voyait la grimace qu’il laissait transparaitre sa douleur. Machinalement, elle grimaça à son tour. Ezra se contenta alors de prendre un par un ce que la brune lui tendait. Pas très malin de sa part aussi, fallait le reconnaître. En infirmière, elle ne pouvait pas être pire. Quoi que.. S’il ne s’empoisonnait pas en mangeant ses pancakes, ça serait un miracle. « Tu sais que je t’aime hein, que j’adore te voir, mais t’es pas obligé de rester Amelia, j’suis sur t’as bien d’autres choses à faire que de me surveiller… » Amy se releva, fronçant les sourcils. Elle se sentait mal parce qu’elle ne voulait pas non plus qu’il pense qu’elle se forçait à jouer les baby-sitters. Non, pas du tout. « T’as pas à me voir dans cet état… » Okay. Elle reposa le verre d’eau pour ne pas faire de gaffe. « Ez.. Je crois que j’ai pu te voir dans tous les états possibles qui soient. » Bon, ça par contre c’était mal placé. Surtout en vue des évènements récents. « Enfin.. Un bras en écharpe, je crois que j’ai vu pire. » Le voir vomir par exemple, ça c’était pire. Et pourtant elle l’avait déjà vu. Et elle n’en était pas morte. « Par contre ta mauvaise humeur, tu la remballes chéri. » Elle disait ça sous l’humour, ne voulant pas qu’il se braque et le prenne mal. « Parce que maintenant j’ai tous les pouvoirs ici. » Elle se tourna pour prendre un bout de pancake gluant avec la fourchette et la lui tendit à 2 centimètres de sa bouche. « Si je veux t’empoisonner, je peux. » Elle rit et finit par reposer la fourchette sur le plateau. « Et puis je n’ai rien d’autre à faire, surtout en sachant que tu n’es pas bien. » Elle posa sa main sur la sienne. « Et puis si je ne suis pas là, qui voudra bien te supporter pour s’occuper de toi ? »

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Oui il n’était pas bien. Cela ne faisait qu’un jour qu’Ezra était sorti de l’hôpital. Il lui fallait du repos et il ne saurait pas reprendre une parfaite autonomie tout de suite. Amy en était parfaitement consciente et pouvait comprendre cette mauvaise humeur, ce nuage noir au-dessus de sa tête. A sa place elle aurait été probablement pareille. Mais là, la jeune femme ne voyait que le côté positif. Il était en vie et enfin sorti de cet hôpital. La dernière fois, le Beauregard y était resté plus longtemps que ça. « Ce n’est pas une raison, j’ai pas forcément envie, même si t’as vu pire, que tu me vois là en ce moment. Crois moi, c’est horrible. » La Iver préféra se taire. Ça ne servait à rien de faire un débat là-dessus. Elle savait que ce n’était pas facile pour lui qu’elle le voit dans cet état, mais il le fallait. Amelia ne voulait pas, ne pouvait pas le laisser seul. Alors il pouvait bien n’en faire qu’à sa tête, la brune ne bougerait pas d’un poil, Ezra devrait faire avec. C’était peut-être pénible, mais en même temps, il ne saurait rien faire seul. La preuve, juste remonter dans son lit lui faisait un mal de chien. Elle lui fit juste une petite remarque sur sa mauvaise humeur, chose qu’il n’eut pas l’air de très bien prendre. A savoir si c’était qu’il se vexait parce qu’elle se moquait de son état ou si c’était le petit surnom qui était de trop. Elle préféra en rester là et choisit sa dernière arme, l’humour. Dans tous les cas elle savait que ses pancakes ne seraient pas fameux. Rien qu’à voir leurs têtes.. Mais Amy avait tenté. Elle voulait s’occuper de lui, en prendre soin. Elle y mettait du cœur même si ce n’était qu’un malheureux petit-déjeuner. Elle avait pris le temps de les faire alors que d’habitude, elle aurait sorti un bol, des céréales et ça aurait fait l’affaire. Mais bon, il fallait que la belle admette qu’elle risquait au final plus de l’empoisonner qu’autre chose. Amy le menaça donc avec un bout, mais rien n’y fit. Elle préféra arrêter avant de ne trop l’agacer. Parce que si Amelia continuait, il serait bien capable de lui foutre un comprimé de morphine dans son verre pendant qu’elle détournerait le regard rien que pour avoir la paix. Amy se tenta d’être à la place réconfortante, mais le résultat ne fut pas non plus concluant. Ezra retira sa main de la sienne, les yeux fermés, donnant l’impression qu’il ne voulait même plus la regarder. Okay. Là elle commençait à se vexer. Ce geste, cette attention était tout à fait naturel, automatique de sa part. Mais elle sentait le fossé se creuser davantage. Elle le fixait, déglutissant difficilement ce nouveau comportement. Parce que forcément, elle repensa à leur nuit, à ce moment intime, tendre qu’ils avaient partagé. Elle en faisait de suite le lien comme si ce geste n’était plus convenable depuis ce soir-là.

« Amelia…Tu… Tu devrais prendre du temps pour Lily-Rose. Elle a du être traumatisée par toute cette… Aventure. » Ce fut les seuls mots difficiles qu’il réussit à lui sortir après tout ce temps de silence. Amelia devrait se vexer et d’ordinaire c’était ce qu’elle aurait fait. Mais elle savait que c’était la colère qui parlait. Elle n’avait pas à se justifier de son comportement envers lui. Elle était autant préoccupée par Lily que par lui. Sauf que sa fille était aujourd’hui à l’école, histoire de la remettre dans le bain. Qu’elle passe à autre chose. Chose qu’il devait faire aussi. Elle continuait à le regarder, plus fermement cette fois-ci. Elle se contenait, parce que si elle s’y mettait et entrait dans son jeu, ça n’allait pas bien se finir. « Je vais aller prendre une douche… » Elle soupira. « Ouais fais, donc. Peut-être que ça te remettra les idées en place. » C’était sorti tout seul et elle s’en voulut. Enfin, au moins il pouvait comprendre qu’il l’avait énervé, mais bon, ce n’était pas cool. Ezra se releva difficilement et elle ne put s’empêcher d’apporter son appui pour qu’il se mette debout. Le blond partit dans la salle de bain, elle le regardant comme une idiote. Mais elle ne devait pas se laisser démonter et se releva. Elle fit le lit et reprit le plateau pour l’apporter dans la cuisine. Ça ne servait à rien de lui laisser ça, il n’en toucherait pas une miette. Elle chercha alors le numéro d’un traiteur dans le coin, histoire qu’il se nourrisse quand même un peu. Amelia composa les chiffres sur son téléphone et commanda. Enfin, elle s’arrêta en plein milieu, entendant Ezra hurler, puis quelques secondes après un vacarme monstre. « Euh excusez-moi, je vous rappelle dans deux minutes.. » Elle raccrocha aussitôt et accourut à la salle de bain. La porte entre-ouverte, elle frappa avant de glisser sa tête à l’intérieur. « Ez.. ? » Son meilleur ami se tenait en face de l’évier, le haut de son pyjama à moitié retiré. Toutes les affaires qui traînaient à l’évier à présent sur le sol. Elle comprit de suite ce qu’il se passait. Amy entra à l’intérieur et se posta devant lui. Il était énervé. Il n’arrivait pas à retirer son tee-shirt et forcément il passa sa colère en balançant les brosses à dents et le reste par terre. Il voulut prononcer quelque chose, sans doute encore une fois une remarque comme quoi il n’avait pas besoin de son aide, mais Amy le coupa direct. « Juste.. Tais-toi. » Finit-elle par lâcher, le regardant dans les yeux. Elle n’avait pas peur de l’affronter, surtout qu’elle était encore fâchée après lui. La brune retira alors doucement l’attelle d’Ezra, prenant soin de ne pas lui faire mal. Elle la déposa puis l’aida ensuite à retirer son tee-shirt. Et même si ça la gêna, elle enchaîna avec son pantalon et son caleçon qu’elle baissa légèrement jusqu’à ce qu’ils glissent seuls et qu’il les retire en jouant avec ses jambes. Elle partit ensuite ouvrir l’eau dans la douche pour qu’il n’ait pas à attendre trop longtemps l’eau chaude. « Si t’as besoin d’aide pour ton dos ou après, tu m’appelles. » Amy ramassa son linge qui traînait et rangea les deux-trois broutilles sur le sol et le laissa tranquille.

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Au final il y avait eu plus de peur que de mal. Enfin, façon de parler. Le bazar sur le sol soulignait la colère du jeune homme. Amelia ne savait pas comment s’y prendre avec lui. Il agissait comme un enfant, comme Lily lorsqu’elle n’obtenait pas ce qu’elle voulait de sa mère. La brune trouvait sa réaction excessive et même si elle voulait le sermonner, le raisonner, elle n’y arrivait pas. Amy lui demanda juste de se taire pour ne pas envenimer encore plus la situation. Et pendant que la Iver retira son attelle, elle vit ses larmes couler le long des joues. Outch. Ça lui fit terriblement mal au cœur. Elle voyait bien qu’Ezra ne faisait pas de la comédie. Il avait mal. Si elle pouvait trouver la solution miracle, qu’il ne souffre plus, que tout redevienne comme avant.. Si seulement. Elle se contentait de faire bonne figure, parce qu’au fond, il n’y avait que ça à faire. Être là pour lui, lui apporter son soutien et tant pis s’il ne l’appréciait pas. Amelia se chargea ensuite de retirer le reste de ses vêtements et d’allumer la douche. Elle se montrait prévenante, bienveillante. Si elle habitait chez lui en même temps, ce n’était pas pour enfiler des perles. Il lui fallait du temps, il fallait qu’elle se montre patiente, voilà tout. La jeune femme s’éclipsa ensuite pour le laisser en paix et reprendre ses affaires. Amelia rappela le traiteur en s’excusant et commanda plusieurs plats. Au moins il aurait du choix et ne se plaindra pas. Cataleya l’appela en suivant pour prendre des nouvelles du garçon et de Lily. Elle expliqua brièvement la situation à sa meilleure amie sans trop s’avancer sur le sujet. Cette dernière lui dit de ne pas se laisser démonter, il finirait par se reprendre. Il fallait se mettre à sa place après tout. Ça ne devait pas être évident pour lui d’être assisté sur ses moindres faits et gestes du jour au lendemain. Surtout lui, le mec le plus autonome et indépendant qu’elle connaissait.

La discussion terminée, Amelia regagna la chambre pour lui préparer des vêtements propres. Et comme ça faisait un peu trop longtemps à son goût qu’il se trouvait sous la douche, la belle préféra vérifier qu’il était encore en vie. Après tout, elle ne savait plus de quoi il pouvait être capable à présent. Amy entrouvrit la porte, doucement, trouvant qu’elle avait assez violé son intimité comme ça pour la journée. « Tu peux entrer… » La jeune femme s’exécuta, entrant timidement jusqu’à le rejoindre et s’adosser à la paroi de la douche. « Ça va ? » Demanda-t-elle, d’une petite voix. Mais il ne répondit pas. Ses yeux fixés le sol, attendant qu’il sorte de la douche et se recouvre d’une serviette. Elle finit par relever la tête et pendant qu’il s’assied, Amy ne put s’empêcher de poser ses yeux sur sa cicatrice. « Je… Je suis un sale con. » Oui, ça il pouvait le dire. Mais c’était justifié. Enfin, en quelque sorte. « J’ai besoin de temps aussi… Pour comprendre, surtout.» Amy haussa un sourcil. Enfin il s’exprimait. « Et tu n’as pas à subir ça avec moi. » Elle soupira. « Bien sûr que si. » Lâcha-t-elle, avant de venir devant, s’agenouillant pour se retrouver à sa hauteur. Amelia prit aussitôt son visage entre ses deux mains avant qu’il ne la fuit encore du regard. « Ez je.. » Elle bloqua. Le ‘je t’aime’ qu’elle voulait lui lancer aurait pu être de rigueur, mais surtout très mal placé compte tenu des événements récents. Elle l’aimait, c’était son meilleur ami et il n’y avait rien à y redire. Mais elle n’arrivait plus à le prononcer sans que ça ne prenne une autre tournure, un autre sens. Alors elle préféra se taire plutôt que s’aventurer sur une pente glissante. « Je suis là.. Je serais toujours là. Même si tu ne le veux pas, je pourrais pas m’empêcher d’être autrement que comme ça avec toi. Je sais que c’est dur, mais laisse-moi t’aider et arrête de te braquer.. » Elle caressa doucement sa joue. « Tu vas t’en remettre, laisse-toi du temps. » Amy passa ensuite une main dans ses cheveux blonds. « Tu sais.. J’ai parlé avec Jordan ce matin en passant au garage. Elle m’a dit comment tu t’étais occupé de Lily, comment tu as veillé sur elle là-bas.. » Du moins avant son accident. Et bizarrement, la blonde n’y était pas allée de main morte avec les compliments. « Je pourrais jamais assez te remercier pour ça. Tu es son héros, tu le sais ça ? » Elle laissa échapper un léger sourire, espérant retrouver le sien également.

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Elle aurait pu être vache et se montrer froide, mais en le voyant comment l’être ? Ses sentiments prenaient automatiquement le dessus et le voir aussi mal la toucha. Amy savait que ce n’était qu’un moment dur à passer et c’était d’ailleurs la raison de son squattage ici. Mais il fallait plus de temps à Ezra pour encaisser la situation qu’elle ne l’aurait pensé. Et la jeune femme voulait clairement lui faire comprendre qu’il ne se débarrasserait pas d’elle aussi facilement. La brune comptait bien rester et l’aider jusqu’à son rétablissement complet. Tant pis si son ego en prenait un coup. En même temps si elle le laissait, il se rendrait rapidement compte qu’il ne peut pas être seul. Il avait besoin d’aide. Et elle était la mieux placé pour supporter sa mauvaise humeur. Amelia tenta de lui faire comprendre une bonne fois pour toute que ça ne servait à rien de se battre, elle était là pour lui. Et puis la Iver tenta de lui faire décrocher un petit sourire en lui disant qu’il était de héros de sa fille. Parce qu’après tout c’était la vérité. Et puis depuis l’hôpital, elle n’avait pas tellement eu l’occasion de le remercier de s’être occupé de Lily comme il l’avait fait. Même si elle était sous sa surveillance, tout le monde n’aurait pas réagi pareil, la blondinette n’étant pas son enfant. Mais Ez avait protégé Lily-Rose comme un père l’aurait fait. Du moins de tout ce qu’elle avait pu entendre. Et au fond, ça la touchait. Amy ne pourrait jamais assez le remercier pour ça. Et au final s’occuper de lui à son tour était la moindre des choses qu’elle pouvait faire. Bien qu’en temps normal elle l’aurait quand même fait. « J’ai fait ce que j’avais à faire, elle avait tellement peur… Ne me remercies pas s’il te plait… » Amy comprit dans sa voix, sur l’expression de son visage qu’évoquer cet événement n’était pas la meilleure des choses à faire pour le moment. Sans doute trop difficile pour lui d’en parler. C’était trop frais. Elle pressa alors sa main dans la sienne et caressa le dos de sa main avec son pouce.

« Je vais continuer de me braquer, Amelia. Parce-que j’ai honte. Je n’arrive pas à en parler, et je vais être chiant, et… Je suis désolé d’avance, d’accord. Et j’ai pas l’habitude de devoir me laisser du temps, tu sais bien… » Sa poitrine se resserra en l’entendant dire tout ça. Ça la touchait davantage parce qu’elle n’était pas habituée à ce genre de confession venant de sa part. Tout ce qui était sentiments et compagnies, c’était très peu pour eux. « Je sais oui.. Mais là t’as pas le choix tu vas devoir.. On va y arriver, tu vas y arriver.. » Elle posa doucement sa main sur sa joue. « Tant pis, je supporterai ta mauvaise humeur et tes coups de gueule si au final t’arrives à t’en sortir. Je te lâcherai pas. » Ses yeux noisettes recroisèrent les siens et une part d’elle n’avait qu’une envie, l’embrasser. Son regard plongé dans le sien la ramenait à cette nuit et ses pensées s’égarèrent, lui donnant de mauvaises idées. Mais elle se retint. C’était loin d’être le moment approprié surtout qu’ils n’avaient toujours pas parlé de leur dérapage. « Est-ce que… Tu pourrais me donner de quoi m’habiller s’il te plait ? Je commence à voir un peu froid je dois avouer. Et un peu faim du coup… » Il la ramena à la réalité. Amy hocha la tête et se releva, allant récupérer dans la chambre les affaires qu’elle avait préparé un peu plus tôt. Ne préférant pas lui demander, la brune l’aida à l’habiller, n’oubliant pas de lui remettre son attelle à la fin. « J’ai appelé un traiteur, il devrait pas tarder à mon avis. » Dit-elle avec un petit sourire. En tout cas s’il voulait manger, c’était toujours mieux que de la voir elle en cuisine. Rien que les pancakes de ce matin pouvaient en dire long. Elle le laissa achever tranquillement tout seul et quelques minutes plus tard elle ouvrit au traiteur qui en avait pleins les mains. Okay, elle avait peut-être abusé avec la nourriture. Espérons qu’il ait vraiment faim. Elle le paya et installa tout sur la table. « Bon, au moins on peut dire que tu as le choix et que tu ne risques pas de mourir de faim. Ni de te faire empoisonner par ta meilleure amie qui est très douée derrière les fourneaux. » Lança-t-elle lorsqu’il finit par la rejoindre. Ils s’installèrent à table et elle le servit avant d’attaquer son assiette. Le repas se passa normalement, bien que son blond ait un peu de mal à utiliser sa fourchette de son autre main. Amelia lui proposa ensuite un film et les deux s’installèrent sur le canapé. Au moins il se reposerait. « Promis, c’est pas un film d’horreur. » Il en avait probablement vu assez comme ça pour le moment. Se plaçant à ses côtés, la brune ne savait pas trop comment se positionner sans créer un malaise. Mais plus le film avançait et la fatigue se faisant sentir, ce fut naturellement qu’elle vint poser sa tête contre son épaule –la bonne hein. Elle n’arrivait pas à rester distante aussi longtemps de lui. Tant pis s’il allait râler.

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Elle l’aida à se rhabiller avant d’ouvrir au traiteur. Amy ne cédait pas, elle ne voulait pas. Cette petite bataille, la jeune femme comptait bien la gagner. Elle savait que ça lui passerait, qu’il lui fallait simplement du temps pour s’en remettre. Amelia installa alors la nourriture sur la table, commençant à être pour sa part affamée. Se préoccupant plus de l’état de santé du Beauregard et de sa fille que d’elle, la brune n’avait pas avalé grand-chose depuis leur accident. « Un jour je t’apprendrai, promis. » Elle sourit, acquiesçant ses paroles, étonnée de ce nouveau Ezra qui se présentait à elle. Comme quoi, ce passage à la salle de bain aura eu du bon finalement. En tout cas, elle gardait sa promesse dans un petit coin de sa tête. Il était grand temps que la jeune femme sache cuisiner. Ne serait-ce que ses foutus pancakes qu’elle aimait tant préparer, mais qu’elle ratait à chaque fois. Depuis le temps pourtant, Amy devrait être une pro.. Mais malheureusement pour Lily et Ezra, ce n’était pas du tout le cas. Leo tenta une fois de lui donner un cours, mais c’était peine perdue. Ça l’énervait rapidement, il n’avait pas eu beaucoup de patience avec elle. Comme pour le reste en fait.. Mais bref. Les deux passèrent à table et dévorèrent une bonne partie des plats. Comme quoi, Amy avait bien fait de prendre pour dix. Elle voyait qu’il galérait un peu avec sa fourchette, mais elle le laissa faire. Amelia n’osa pas lui demander une fois de plus s’il voulait de l’aide. Pour aujourd’hui, s’en était assez. Si elle le nourrissait, ça aurait été peut-être de trop.

« Tu vas me dire ce qu’on regarde ou tu vas faire comme d’habitude à tenter de me faire deviner ? » Il s’installa dans le canapé, tandis qu’elle mettait le film en route. Elle lui rassura que ce n’était pas un film d’horreur. Au moins une chose qu’elle pouvait lui garantir avant de le rejoindre. Elle ne voulait pas non plus d’un film d’amour qui les mettrait dans l’embarras. Le genre de romance où un homme et une femme, amis depuis longtemps finissent par tomber amoureux l’un de l’autre, avec les histoires compliquées qui s’enchaînaient derrière. Du style My best friend’s wedding ou Love, Rosie. No way. A la place, elle se contenta de choisir Inception. Le genre où il fallait rester concentrer pour suivre l’histoire ou bien s’endormir rapidement si on n’était pas dedans. Et ce fut ce qu’il se passa pour les deux. Ezra se plongea dedans, tandis qu’Amy se laissait porter vers les bras de Morphée. Elle posa sa tête contre l’épaule de son meilleur ami et contre toute attente, il finit par resserrer son étreinte, passant son bras autour d’elle. « Préviens moi juste quand tu voudras bouger, parce-que t’es prisonnière de mon étreinte jusque nouvel ordre. » Elle sourit à ses mots. Ça lui faisait du bien de le voir comme ça avec elle. « C’est promis. » Dit-elle doucement, passant doucement ses bras autour de sa taille. Elle ferma les yeux, retrouvant cette sérénité, blottit dans ses bras. Mais ce fut de courte durée.. « Dis, Amelia… » La brune leva les yeux vers son blond, espérant au plus profond d’elle qu’il n’évoquerait pas un certain sujet. Parce que quand il commençait comme ça, ça n’envisageait jamais rien de très bon. « Par rapport au dernier soir, avant que je parte en… Excursion avec ta fille ? » En plein dedans. Fuck. « Et ben quoi..? » Un vrai boulet. Jouer la carte de l’innocente, pas sûr que ça marche vraiment. Mais ce fut plus fort qu’elle. Amy n’osait pas en parler, lui avouer au fond ce qu’elle ressentait à propos de cette nuit. Avouer ce qu’elle ressentait pour lui tout court. « Je sais.. Je m’excuse encore d’avoir débarqué comme ça à l’improviste dans cet état.. T’avais mieux à faire que de me retrouver comme ça.. » Minable. Elle s’enfonçait de plus en plus à jouer la carte de l’idiote. Comme si cette nuit-là, le plus important était l’état dans lequel il l’avait retrouvé. C’était peut-être plus le fait qu’elle soit partie à l’aube comme une voleuse qui importait. Et ce qu’il tentait d’évoquer avec des pincettes. Mais elle avait tellement peur.. Elle ne savait pas ce qu’Ez pensait de tout ça et elle craignait le pire. Des sentiments non partagés. Parce que oui, cette petite tête blonde la faisait littéralement craquer. Et ça devenait compliqué. Parce que plus les jours avançaient, plus ce qu’elle ressentait se confirmait. Bon okay, il pouvait parfois être le roi des idiots à se comporter comme il l'avait fait un peu plus tôt, mais bon.. Rien que le fait de le savoir à l’hôpital avait failli la tuer. Savoir que le pire aurait pu lui arriver.. L’angoisse. Alors pour l’instant elle se contentait de rester l’amie dévouée, mais s’il évoquait le sujet.. Pas sûre qu’elle arrive à rester de marbre.      

« Sometimes you don't see that the best thing that's ever happened to you is sitting there, right under your nose. »

Elle se sentait bête de lui répondre ça. Le fait qu’elle débarque chez lui au beau milieu de la nuit, alors qu’au fond, Amy savait parfaitement où il voulait en venir. Avec ça, soit Ezra allait entrer dans son jeu et faire l’amnésique à son tour, soit elle le mettait encore plus dans l’embarras à devoir se lancer le premier. A croire qu’à chaque fois que quelque chose allait se passer entre eux –si jamais cela se reproduit un jour, elle ne ferait jamais le premier pas, n’osant pas parler de ce qu’elle ressentait. La faute à Emilio, que voulez-vous.. Son prétexte préféré, même si dans un sens c’était vrai. Depuis sa relation avec le français, la Iver c’était créé une carapace, n’arrivant jamais à dévoiler ses sentiments, sa joie comme sa peine, de peur d’être brisée à nouveau. Amy avait eu du mal à s’en remettre, chose qu’elle ne voulait plus éprouver. Alors elle détournait le sujet comme elle le pouvait. Mais avec lui, ça ne marche pas bien longtemps. « Tu sais très bien que je me fiche dans l’état duquel tu peux te trouver, tu pourras toujours te pointer chez moi si tu as besoin. Et puis après aujourd’hui… Tu ne pourras plus jamais faire pire que moi, tu sais. » Sur ce point, il n’avait pas tort. Il pouvait bien lui pardonner le fait qu’elle débarque sans prévenir à n’importe quel moment, même s’il avait de la compagnie dans son lit, ou ailleurs –de préférence. Mais même si c’était vrai, Amy ne lui en tiendrait pas rigueur. Il l’avait énervé sur le moment, mais à présent c’était oublié. Elle était dans ses bras, ils étaient bien et une part d’elle ne pouvait pas lui en vouloir. Surtout après tout ce qu’il avait vécu ces derniers jours. Et puis, ce n’était pas comme si Ez n’en avait pas pris conscience.

« Non, je parlais plutôt de tout ce qui s’est passé après. Quand on a franchi les limites… Que j’ai franchi les limites ? » Amelia aurait aimé qu’il ne dise plus rien, qu’ils retournent gentiment à leur petit film. Mais non. Ça aurait été bien trop facile. « Quand on a franchi les limites.. » Reprit-elle doucement. Parce qu’à preuve du contraire, ils étaient bien deux à agir ce soir-là. Ezra ne l’avait forcé en rien, il n’avait pas abusé d’elle. Amy était bien consentante. Et la légère trace encore apparente du suçon dans le cou du jeune homme le prouvait bien. « Attends, je me décale.. » La brune se défit doucement de son étreinte. Bien qu’elle était bien calée contre lui, elle ne se sentait pas de rester dans ses bras suivant comment les choses allaient tourner. « Cette nuit avec toi était… Tout autant perturbante qu’enivrante, à vrai dire. Je n’avais pas planifier d’avoir cette envie de coucher avec toi sur ce moment là, mais c’était bien plaisant. » Amy ne put s’empêcher de sourire tout aussi bêtement que lui. En parler, la ramenait à cette nuit, des frissons parcourant son corps. Au fond cela lui faisait plaisir de l’entendre dire ça. Elle n’était pas la seule et c’était un bon commencement. Ils étaient amis depuis tellement longtemps.. Et le fait d’avoir couché ensemble la préoccupait sur le fait que plus rien ne pouvait être comme avant. Enfin peut-être pas. « Mais je ne sais pas si c’est ce que tu voulais entendre, si j’suis tout seul dans mon délire on aura qu’à dire que j’ai rien dit et retourner à regarder notre film ni vu ni connu… » Elle ne savait pas quoi dire. Ses yeux qui cherchaient à regarder ailleurs, finirent par se retourner vers son blond. Lui faire croire qu’il était seul dans son délire aurait été la chose la plus facile à faire. Mais pas la meilleure. Et ça, elle ne le voulait pas. Alors d’instinct, Amelia approcha son visage du sien et l’embrassa. Un simple baiser, à la fois doux et timide. Juste pour confirmer ses dires. La Iver caressa ensuite sa joue, dessinant avec son doigt sa fossette, se reculant doucement.  Un léger sourire aux lèvres, elle soupira avant de s’exprimer à son tour. « Je crois pas que je peux te laisser seul dans ton délire.. » Elle rit légèrement. « Cette nuit c’était.. wouha je crois pas qu’il y ait de mot pour la qualifier en fait.. » Elle haussa les épaules, reprenant sa place initiale. « Personne ne l’avait planifié, mais c’est pourtant arrivé.. Je sais pas si au final ça signifie quelque chose pour toi ou pas ? Je ne m’attends pas à ce que tu dises un truc du genre ‘je peux plus me passer de toi, t’es la femme de ma vie, blablabla’ même si au fond je le comprendrais. » Elle prit une grosse voix en tentant de l’imiter, tentant de jouer sur l'humour. « Mais j’espère juste que ça ne va rien changer entre nous. Enfin du fait qu’on soit ami et tout le reste.. » Elle se mordilla la lèvre. « Même si ça ne serait que de moi, je t’arracherai tes vêtements, là tout de suite maintenant. » Au moins, elle y allait direct. « Mais si pour toi tout ça n’était qu’une erreur, juste l’histoire d’un soir, je comprendrais aussi. » Enfin pas tellement, mais bon..

« Sometimes you don't see that the best thing that's ever happened to you is sitting there, right under your nose. »

Elle en avait marre de fuir. Ils étaient restés trop longtemps comme ça, dans le flou. Les jours passaient et aucun des deux n’avaient pris la peine d’y faire allusion. Comme si tout était revenu à la normale, malgré qu’au fond, ils savaient que quelque chose avait changé. Bon il était vrai qu’ils n’en avaient pas tellement eu l’occasion après l’accident sur l’île et que ce n’était jamais le bon moment entre l’hôpital et la mauvaise humeur du Beauregard. Mais voilà, maintenant que le sujet était lancé, elle ne pouvait plus reculer. Amelia n’arrivait pas à le voir comme un simple coup d’un soir, une personne que l’on pouvait oublier le lendemain après avoir pris la fuite comme elle l’avait fait. Forcément, elle était amené à le revoir tous les jours et même à vivre avec maintenant. De quoi compliquer encore plus la situation. Surtout si cette conversation ne se finissait pas bien. Parce que dans tous les cas, même s’ils en venaient à un désaccord, elle ne se voyait pas prendre ses affaires et partir. Le laisser, l’abandonner dans sa douleur.. Amy l’estimait trop pour faire ça. Après que la jeune femme ait fini de prendre la parole et dire ce qu’elle avait plus ou moins sur le cœur, il vint prendre sa main. Amy le regardait faire, entremêlant ses doigts dans les siens, avant qu’il ne vienne y déposer une baiser. Elle ne savait pas trop à quoi s’attendre avec lui. Elle voulait juste savoir si pour Ez’ il s’agissait d’une erreur ou pas. Ce ne l’était pas pour elle, mais pour lui ? « C’est un peu plus compliqué que ça… » Mais encore ? Elle fronça les sourcils, ne comprenant pas trop où il voulait en venir. C’était soit une erreur, soit ça ne l’était pas.. Mais compliqué ? Comme lui, la brune regardait leurs mains et sa poitrine se resserra. Il laissait trop planer le suspense, pour qu’Amelia en vienne à se poser quarante-six milles questions dans sa petite tête. « C’était pas une erreur. C’était pas prévu comme t’as dit mais c’était pas une erreur. Et t’es ma meilleure amie Amelia, ça ça changera jamais, mais… » Il venait de la rassurer. Pour lui non plus ce n’était pas une erreur et quoi qu’il se soit passé, leur relation restait au beau fixe. Enfin.. Son petit ‘mais’ à la fin la replongea dans le doute. Ezra se leva du canapé et partit directement dans la cuisine. Elle le regardait faire, impuissante. Ses yeux le suivirent jusqu’à la cuisine, ne sachant pas ce qu’elle devait faire, se demandant pourquoi il partait aussi rapidement.

« C’est tellement compliqué de mettre des mots sur la situation, ça semblait plus clair dans ma tête… D’un côté, tu as raison, t’es la femme de ma vie. Mais pas comme une femme dans un mariage ou autre… Mais malgré tout je n’ai pas ce genre de sentiments pour toi, Amy. Même si tu es toujours aussi désirable, ce n’est pas le cas… » Ses premiers mots la firent sourire. Le fait qu’elle disait ça sur le ton de l’humour un peu plus tôt et que maintenant il lui avouait qu’elle avait raison sur ce point. Mais elle déchanta vite lorsqu’il termina sa phrase. Amy l’écoutait depuis le salon, alors qu’il était encore dans la cuisine. Comme s’il n’arrivait pas à lui dire en face, il préférait être dans une autre pièce pour le lui avouer. Et ça faisait mal. Vraiment. Au fond d’elle, la Iver le savait. Depuis le début. Mais que son blond le lui dise à haute voix, qu’elle l’entende de sa propre bouche, ça sonnait différemment. Et pas dans le bon sens. Elle éprouvait des sentiments pour lui, non partagés. Au final ce n’était pas nouveau, il fallait juste qu’Amy se fasse une raison. Parce qu’il y aurait toujours elle dans son champ de vision. Même après toutes ces années, c’était d’elle dont il était toujours amoureux. Et apparemment pour Amy, c’était perdu d’avance. Son cœur se resserra, à la limite des larmes au bord des yeux. Heureusement qu’il n’était pas à ses côtés finalement. C’était plus simple, pour tous les deux. Ça lui permettait d’encaisser ce qu’il venait de dire sans en plus qu’il n’ait à la dévisager pour voir sa réaction. C’était peut-être bête et ridicule, mais elle sentait son cœur se briser. Elle ne savait pas quoi lui répondre, pas comment réagir. Si elle devait tout exploser ou faire comme si ça ne la touchait en aucun cas. Elle était prête à se mettre à nue pour lui, quitte à tout avouer, mais à quoi cela servait si dans tous les cas il devait la refouler ? A par les mettre encore plus dans l’embarras, cela n’apporterait rien d’autre. Elle l’avait compris. Amelia se releva donc, voulant couper ce silence. Elle passa une main sur son visage pour masquer le fait que quelques larmes sont tombées. La brune vint se poser contre l’encadrement de la porte, croisant les bras, tentant de ne pas fuir le regard de son meilleur ami. « Parce qu’il n’y aura qu’elle, c’est ça ? Quoi que moi ou bien une autre pourront faire, tu seras toujours amoureux d’elle, pas vrai.. ? » Sa voix se brisait légèrement en admettant la vérité. Parce qu’elle connaissait déjà la réponse. « Ginny est mariée Ez’.. Je sais que c’est peut-être dur à encaisser parce que ça devait être elle la femme de ta vie, mais il va falloir que tu l’acceptes et.. que tu tournes la page une bonne fois pour toute. » Elle ne le lâchait pas du regard. Elle ne voulait pas le vexer ou quoi que ce soit. Mais juste qu’il prenne conscience que Ginny était avec un autre pendant que lui était toujours en train de l’attendre, désespérément. Et que dans l’histoire, il n’y avait pas que lui qui en souffrait..