Il avait hésité de longs jours où il n'avait pas réussi à trouver le sommeil. Depuis sa dernière discussion avec Elio, il avait été tiraillé pas mal de temps entre son envie de fuir et de repartir aux États-Unis, chez lui. Et son envie de tout dévoiler, de tout mettre à plat et d'arrêter cette mascarade. Il en avait assez de se taire, de faire comme si de rien n'était. Surtout en voyant que cela protégeait son paternel d'une certaine façon. Il était temps pour lui qu'il assume ces choix. Alors il avait décidé de tout dire. De tout lâcher et de mettre un terme à la double vie de ce connard qui était dans sa vie depuis bien trop longtemps maintenant. Il avait reçu une invitation pour aller à un gala de charité. Sa boite faisait partie des donateurs et il avait demandé un pass pour pouvoir s'y rendre parce qu'il savait qu'il allait être là, lui et sûrement Elio. Quoi de mieux qu'un gala de charité pour donner une bonne image de sa famille ? L'image d'une famille parfait, prise en photo sous tous les angles. Et son géniteur semblait apprécier ce genre de choses. Alors qu'à la maison, il ne voulait jamais se mettre sur les clichés ou alors très rarement. Maintenant il comprenait pourquoi. Il était devant le miroir de la salle de bain. Il observait son reflet. Il venait d'enfiler une veste. Et il cherchait à présent des yeux, sa montre. Il était nerveux. Il ne savait pas comment aller se passer cette soirée. Il ne voulait pas foirer les choses. Il voulait le faire à sa façon. Il quitta son appartement sous les coups de vingt-et-une heure. Il avait décidé de s'y rendre à pieds. La marche n'allait que lui faire du bien. Il allait pouvoir essayer de se détendre un peu. Quoique c'était plus que difficile vu les circonstances. Il aurait aimé trouvé Elio avant ça pour pouvoir lui parler. Mais il ne savait pas où il vivait. Et puis, à quoi bon. Il n'avait pas envie qu'il ne cherche à le faire changer d'avis. Parce que peut-être qu'il était au courant. Peut-être qu'il savait que son géniteur n'était pas un modèle de fidélité. Alors il s'était décidé à le confronter à la réalité à sa façon. C'était à dire le prendre au dépourvu. A un moment où il pense avoir la maitrise sur ce qui se passe autour de lui. Quand il pensait pouvoir donner la meilleure image de lui. Oui, c'était sûrement le meilleur moment pour le confronter à cette comédie qu'il joue depuis des années maintenant. En arpentant les rues animés de Brisbane, il pensait à sa mère, au choc que ça allait lui faire. Il pensait à ses sœurs qui malgré tout, restaient ses filles et avaient encore besoin de leur père. Même si ce dernier jouait les hôtesses de l'air depuis bien longtemps. Lui, il avait fait un trait sur cet homme qui ne méritait même pas son respect. Mais pour ses sœurs c'était différent. Pour sa mère également. Elle était belle et avait encore du succès auprès de la gente masculine mais elle refusait la moindre invitation parce que son cœur était pris par cet homme volage qui lui avait volé de belles années. Des années pendant lesquelles elle aurait pu rencontrer un homme qui la méritait vraiment. Kael ne pouvait pas dire qu'il regrettait la rencontre de ses parents. Parce que sinon, il n'y aurait pas eu de Kiara, de Klea, de Katty. Sa sœur et lui ne seraient pas nés non plus... Mais la réalité, c'était une famille dispersée, une famille oubliée dans un coin. Une femme bien trop amoureuse peut-être pour se rendre compte de la situation. Bien trop amoureuse aussi pour croire que l'homme qui partage sa vie depuis vingt-sept ans et un menteur invétéré. C'était ça que Kael avait le plus de mal à accepter. La tromperie. Rencontre une femme, lui plaire, lui faire un enfant... ça peut arriver. Il était déjà tombé amoureux et il savait que c'était possible. Mais faire ça en étant déjà marié, jouer la comédie, faire d'autres enfants, mentir sur la durée, ça il ne pouvait pas le concevoir, l'admettre et surtout pas le pardonner. Ce soir, les pendules allaient être remises à l'heure. Peu importait ce qui allait en découler par la suite. Il savait maintenant qu'il était temps que cette comédie se termine.
Il arrivait enfin au lieu de réception. La marche ne l'avait pas détendu, contrairement à ce qu'il espérait. Quand il donna son carton à l'hôtesse d'accueil, il jeta un œil aux environs. Il n'aimait pas venir à ce genre de soirée guindée. C'était le genre de truc qu'il fuyait, même pour la bonne cause. Il préférait faire un don, donner un chèque, plutôt que pavoiser autour d'illustres inconnus. Il s'avançait ensuite vers la salle où se déroulait le gala. Il n'avait pas fait trop de chichi pour s'habiller. Il portait un jean noir, et une veste de la même couleur, portée sur un t-shirt. Il n'allait pas envie de s'habiller comme un pingouin, surtout qu'il ne comptait pas s'éterniser. Mais il remarqua que son géniteur et sa parfaite famille n'était pas encore là. Il prit alors une coupe de champagne que lui offrait une jolie hôtesse. Il but une gorgée avant de vider le verre d'un trait. Il reposa la coupe sur l'un des buffets. Après quelques minutes à marcher de long en large, il décidait d'aller prendre l'air sur l'une des terrasses.
« Elio c’est important pour ton père. » Levant les yeux au ciel j’avais reposé ma main sur la table en arrêtant de manger. « Est-ce qu’on va vraiment parler de ça toute la soirée, je te l’ai dit, je ne tiens pas à être là. » Les galas de charité de mon père, je les connais par cœur – ces faux sourires qu’il faut afficher sur son visage, ses poignées de main moites, ses mensonges à deux balles. « Elio… » Le regard suppliant elle me fixe et je sais bien qu’elle aura raison de moi. De toute façon Erin a toujours gain de cause et encore plus depuis cette histoire un peu malsaine avec Kyrah. Je n’ose plus rien lui refuser. Quand je quitte sa maison elle m’a fixé un rendez vous, a promis de me faire parvenir un smoking en temps et en heure. Il faut dire que je n’en ai qu’un dans mon armoire et que mon père va criser si je mets encore le même.
Le soirée du gala arrive rapidement, et comme promis je reçois les habits en conséquence avec un petit mot de remerciement de la part d’Erin. Ca me fait sourire car je sais bien que jamais mon père ne ferait ça pour moi – il n’a même jamais daigné vernir me voir jouer. Je quitte la maison avec un peu d’avance pour retrouver mon père et Erin chez eux. J’ai le droit aux habituelles remontrances du paternel que je n’écoute que d’une oreille – suppliant pour que cette soirée passe au plus vite ou que je puisse m’éclipser. Quand nous pénétrons dans la bâtisse il y a déjà beaucoup de beau monde – tous ont sorti les beaux habits et sirotent la traditionnelle coupe de champagne. Cette surexposition de leur richesse dégoûte un peu mais j’imagine qu’il faut bien montrer qu’on est riche quand on vient à ce genre de soirée. C’est à qui à la plus grosse. Des rivalités gamines qui m’ont toujours semblé très futiles mais auxquelles mon père aime se prêter. Après une première photo de famille « heureuse », j’attrape une coupe de champagne et m’éclipse sur le balcon. Je respire un grand coup l’air frais avant de vidé la moitié de mon verre. Puis mon regard se pose sur une silhouette connue, quelqu’un qui semble d’ailleurs m’observer. « Kael c’est juste ? » Je m’approche de lui et lui tend une poignée de main amicale. Je me souviens très bien de notre duo endiablé la dernière fois que je l’ai vu. Bien qu’il ai coupé court après cet échange et ne soit plus revenu. J’ai trouvé son attitude étrange mais qui suis-je pour juger. « Tu n’es pas revenu au bar depuis longtemps ! » Lui qui était pourtant presque devenu un habitué. « J’espère que ce n’est pas ma musique qui t’a fait fuir je ne me pensais pas si mauvais. » Je rigole un peu en émettant tout de même une certaine réserve. Son attitude après notre duo ayant été plus qu’étrange. D’ailleurs il semble une fois de plus agir un peu étrangement. « Je ne pensais pas te croiser ici. » Et c’est sans doute réciproque. Je ne viendrais pas à ce genre de gala de mon propre chef. « Tu… vas bien ? » Je commence sérieusement à en douter mais c’est peut-être moi qui divague. Ou le champagne qui est bien plus fort que ce que je ne l’imaginais.
Pour lui, c'était le début de la fin. Le début de quelque chose d'autre. La fin d'une vie plus rangée, plus « calibrée ». La fin des rêves pour sa mère, pour ses sœurs aussi. Et tout cela le rendait malade. Il aurait finalement préférer ne rien voir de ce site internet. Il aurait du écouter sa sœur, lui disant de laisser tomber. Mais c'était plus fort que lui. Il ne pouvait pas faire comme s'il ne savait pas, comme s'il n'avait rien vu, comme si cette seconde famille n'existait pas. C'était impossible. Cela le bouffait de l'intérieur. Cela le minait depuis des mois. Depuis qu'il avait vu cette photographie. La pseudo comédie avait d'ailleurs un peu trop duré à son goût. Il avait envie de mettre les choses à plat. De mettre son géniteur devant la vérité, devant son hypocrisie. Il l le fallait. Sinon il savait que sa famille serait incapable d'aller de l'avant. Même si cela allait être dur. Même si sa mère allait en être anéanti, il ne pouvait pas continuer à rentrer dans le jeu de son paternel. Parce que même s'il n'était pas au courant depuis longtemps, ne rien dire c'était comme s'il jouait dans cette lugubre comédie. Et Kael n'en avait pas envie. Il n'était pas assez bon acteur pour ça. Et surtout, il était bien trop déçu, perturbé et blessé pour faire comme si de rien était. Comme s'il ne ressentait rien. C'était impossible. Il n'était pas comme ça. Il n'était pas comme lui. C'était ce qu'il était entrain de se répéter alors qu'il portait son regard sur le paysage qui s'offrait à lui. En plus il avait horreur de ces soirées de pingouins. Il avait fait un effort vestimentaire mais les cravates et nœuds papillon ce n'était pas pour lui. Et puis il n'était pas là pour parader. Il avait fait en sorte de ne pas être refoulé à l'entrer. Alors, la veste avait été de mise. Il était dans ses pensées quand il entendit une voix familière à son oreille. Il tourna son visage pour découvrir Elio. Enfin, elle s'était pointée, la famille parfaite. Il serra machinalement la main du fils Harrington tout en se levant du siège où il s'était installé. Il écoutait Elio qui parlait, parlait. Il était vêtu d'un smoking. Un fin sourire désabusé s'afficha sur les lèvres de l'américain. Le parfait fils. C'était peut-être pour ça que son géniteur n'avait jamais été présents avec eux. Sa mère était une pianiste. Elle n'était pas issue d'une famille riche. Ses sœurs n'étaient pas des snobinardes, adaptes du dernier Iphone. Lui-même, n'avait pas cherché à avoir un métier friqué. Juste un métier qu'il aimait. Et il se demandait si ce n'était pas ça qui finalement, les avait encore plus séparé. Il ne savait pas ce que c'était, d'être un père. Parce que le sien n'avait jamais été présent. Est-ce qu'il avait été plus cool avec Elio ? Parce qu'il était quand même un foutu barman. Il lui avait pris la tête avec ses études alors qu'Elio ne semblait pas non plus avoir choisi une voie toute tracée. Kael n'y comprenait rien. Mais il essayait de garder son sang froid. A la question d'Elio, il reposa ses yeux mordorés sur lui. Elio. Peut-être qu'ils se ressemblaient plus qu'il ne le pensait. Il ne savait pas. Et il ne pensait pas en apprendre plus sur lui, vu ce qu'il comptait faire dans les minutes qui allaient suivre. « Non, pas vraiment... » Elio avait été cool avec lui. Il lui devait la vérité, mais pas d'être mis devant le fait accompli. Mais il ne savait pas par où commencer. Il gardait un peu le silence, cherchant ses mots. « Je ne suis pas seulement venu pour le boulot. Je voulais retrouver quelqu'un. » Et il n'avait pas mis longtemps à trouver Elio. Avec internet, c'était plus facile de retrouver une personne. « Mais je ne m'attendais pas à ça... même passion, même tempérament, même goûts, même besoin de liberté. » Il reposa ses yeux sur Elio, ne sachant pas s'il comprenait bien ce qu'il disait. Il soupira un peu avant de faire quelques pas jusqu'au bord de la terrasse. « Tu ne vois donc pas la ressemblance ? » Lui demanda-t-il en l'observant. Quoi ? Il n'y avait que Kael qui avait été choqué par les ressemblances, autant au niveau du physique, que du caractère ? « Je m'appelle Kael. Kael Harrington. » Est-ce que c'était plus clair pour lui ?
J’étais plutôt content de le voir par là. Content aussi de constater qu’il allait bien car son départ brusque et son absence depuis lors m’avaient quelque peu inquiété. Je n’en faisais pas toute une histoire pour autant il n’est pas le premier client à ne plus revenir. Mais moi qui pensais pouvoir réitérer notre petit duo sympathique je me suis trouvé attristé de sa disparition. Pour un fois qu’une personne un peu douée se joignait à moi. « Non, pas vraiment... » Au moins il me parle et me rend ma poignée de main, je devrais sans doute me rassurer. Mais quelque chose me stresse dans son attitude et je suis incapable de dire quoi. « Je ne suis pas seulement venu pour le boulot. Je voulais retrouver quelqu'un. » « Ha… ? » Regardant autour de moi je tente d’apercevoir quelqu’un venant dans sa direction. « Une fille ? » Le regard un peu taquin je me ravise pourtant assez rapidement en voyant que Kael ne semble pas être dans la même optique que moi. C’est peut-être une rencontre importante et je suis entrain de le gêner. Je pense d’ailleurs sérieusement à m’éclipser maintenant que j’ai senti le malaise mais après un léger silence Kael reprend la parole. « Mais je ne m'attendais pas à ça... même passion, même tempérament, même goûts, même besoin de liberté. » Je reste un peu bête sans trop comprendre où il veut en venir. Il a donc vraiment rencontré une fille c’est ça ? Ou alors je ne comprends pas. J’hésite un instant à lui demander si il a consommé de la drogue ou une autre substance mais il semble plutôt sûr de lui – comme si il savait exactement où il allait alors que moi je suis perdu. « Je suis pas sûr de comprendre. » Je suis même plutôt sûr de ne rien comprendre. « Tu ne vois donc pas la ressemblance ? » Ca devrait sans doute m’aider mes les choses deviennent de plus en plus floues pour moi. Je regard le jeune homme devant moi, qui c’est approché du bord de la terrasse comme pour fuir quelque chose. Je le regard sans trop comprendre attendant une suite qui se fait trop désirer à mon gout. Je sens une certaine pression en moi – mais je ne saurais dire d’où elle provient. « Je m'appelle Kael. Kael Harrington. » « Qu…Quoi ? » A mon tour de faire un pas vers lui. D’essayer de comprendre. Mais tout ce qu’il dit me semble tellement improbable. Est-ce qu’il parle de moi ? De nous ? de notre ressemblance. Puis pourquoi Kael a-t-il le même nom de famille que moi ? « Je suis désolé je… Ou tu veux en venir au juste ? » La vérité c’est que j’ai peur de comprendre. Peur d’entendre les mots – d’ailleurs je ne le laisse même pas me répondre avant d’enchainer. « Est-ce qu’on serait cousin ? Eloigné ? Un truc du genre ? » Mon père est fils unique et je vois mal comment il aurait pu me cacher l’existence de l’un de ses frères ou soeurs… Mais j’ai besoin d’y croire. Parce que les mots commencent à faire sense dans ma tête et que l’autre possibilité est bien pire qu’un cousin caché. « Qu… Qu’est ce que tu es venu faire ici exactement ? » La question est un peu rudement posée, alors que je le fixe. Mais d’un coup je me referme sur moi même. Une vraie huitre. Je fais d’ailleurs un pas vers l’arrière comme pour me protéger. Je n’aime pas cette situation… Pas du tout.
Chaque minute qui passait, lui faisait se poser mille questions. Il était déterminé à mettre un arrêt à toute cette mascarade. Mascarade qui durait depuis bien trop longtemps maintenant. Il était prêt à briser l'équilibre que sa mère avait trouvé au long de ces dernières années. Parce qu'il savait que c'était la bonne décision. Parce qu'il savait qu'elle ne pouvait pas vivre ainsi, dans le mensonge, dans la trahison. Kael savait que sa mère préférerai savoir, au lieu de partager l'homme qu'elle aimait avec une autre... Il n'empêche que cela ne rendait pas plus simple ce qui était entrain de se passer. Parce qu'elle n'était pas seule. Parce qu'il y avait cette autre famille. Parce qu'elle ne devait être au courant de rien également. En tout cas, c'était ce dont était persuadé Kael en venant à cette soirée. Il n'avait pas envie de jouer à ce petit jeu, qui au final n'en était pas un. Il était sur le point de déclencher un véritable ras de marée. Mais ce qui le préoccupait le plus, c'était sa mère, Klora et ses autres sœurs. Elles allaient souffrir de cette situation. Et le plus terrible pour le cadreur, était de savoir qu'il n'allait rien pouvoir faire pour remédier à tout ça. La douleur allait être là et pendant très longtemps. Alors forcément quand il voyait le visage interrogatif d'Elio face à lui, il se disait que lui aussi, allait en prendre plein la tronche. Comme lui, des semaines plus tôt quand il avait découvert par hasard cet article sur ce site web. A lui aussi, cela avait fait un choc. Et il n'en était pas encore sorti malgré ce qu'il pouvait dire à sa jumelle. Mais pour l'instant, ce n'était pas lui le plus important loin de là. Pourtant, Kael savait qu'Elio n'y était pour rien... enfin il l'espérait. Il ne pourrait pas être au courant et faire comme si de rien n'était. Ce n'était pas possible. Mais peut-être que c'était le cas. Après tout, il ne le connaissait pas. Malgré ces soirées au pub, il restait un étranger même s'ils partageaient le même sang. Il aurait pu lui aussi le mettre devant le fait accompli. Mais il se disait que ce n'était pas correct. Il lui devait au moins une explication s'ils étaient tous les deux dans la même galère. Il essayait de lui faire comprendre mais Elio semblait un peu perdu. Kael gardait ses yeux sur lui. Au fur et à mesure de ses paroles, il semblait enfin voir où il voulait en venir. Il le voyait reculer comme s'il n'avait pas envie de rester plus longtemps ici. Peut-être qu'il ressemblait à son père. Peut-être qu'il était lâche lui aussi, et incapable d'entendre la vérité quand elle ne sortait pas de sa bouche. Bizarrement, Kael reprenait un peu plus confiance en lui en voyant l'attitude d'Elio. Il serra les dents à sa dernière question un peu abrupte. « Je suis venu mettre un terme à une mascarade qui dure depuis trop longtemps. » Ouais c'était la meilleure solution. Même s'il savait qu'il allait s'en mordre les doigts et briser le cœur de sa mère et de ses petites sœurs. Il n'aurait même pas du avoir ce rôle. Si son géniteur s'était comporté comme un homme et non comme un lâche. Puis Kael reprit la parole, expliquant rapidement ce qu'il en était : « Nous avons le même géniteur. Seulement, cette famille qu'il a fait ailleurs, il ne l'a jamais vraiment assumé. Il nous a menti pendant tout ce temps. Ma mère a le droit de savoir. Elle est au courant de rien. » Il serra un peu plus la mâchoire à ces mots. « Elle a le droit à un minimum de respect. Et je suis là pour lui demander d'arrêter d'être un connard et de mettre un terme à tout ça. » Le cadreur posa la flute de champagne qu'il tenait en main sur une petite table avant de demander : « Est-ce que tu étais au courant ? » Il voulait savoir. Est-ce que leur géniteur avait menti des deux côtés ? C'était la question qu'il se posait depuis qu'il avait vu cette photographie. Il espérait que non. Mais il s'était déjà tellement trompé sur les gens... Et puis au final, qu'est-ce que cela allait changer ? Rien. Ils étaient dans la même galère.
Jetant des regards aux alentours je tentais d’appréhender la situation. Je n’aimais pas la scène qui était entrain de se jouer devant moi, et j’étais persuadé que la suite n’allait pas plus me plaire bien au contraire. « Je suis venu mettre un terme à une mascarade qui dure depuis trop longtemps. » Une fois de plus je secouais la tête interloqué attendant plus de sa part que ces mots jetés à la mer et qui ne faisaient aucun sens pour moi. Il me donnait l’impression d’un justicier qui venait rétablir l’ordre alors qu’à mon sens il n’y avait rien à rétablir. Mais vie était à peine entrain de retrouver un équilibre ce n’était pas pour replonger aussi vite dans le chaos. « Mec, je comprends rien alors lâche le morceau. » Plutôt que de tourner autour du pot et tenter de me faire des devinettes stupides qui ne faisaient que d’accentuer mon malaise dans cette situation. Il était venu pour faire éclater la vérité ? Soit, qu’il le fasse. « Nous avons le même géniteur. Seulement, cette famille qu'il a fait ailleurs, il ne l'a jamais vraiment assumé. Il nous a menti pendant tout ce temps. Ma mère a le droit de savoir. Elle est au courant de rien. » « Qu-quoi ? » Les sourcils froncés je sentais mon cœur s’emballer dans ma poitrine, mon souffle devenir un peu plus court alors que Kael venait de me jeter la vérité à la figure avec une telle rage que j’avais l’impression moi-même d’être le coupable de cette mascarade qu’il décrivait. « Putain t’as pris quoi comme drogue ? » Je n’avais aucune envie de voir la vérité en face, d’écouter ces mots. Pourtant ça semblait tellement logique, je ne pouvais même pas prétendre que ça venait de nul part. J’avais toujours soupçonné mon père d’aller voir à droite à gauche, et je me doutais qu’Erin devait le savoir depuis de longue années elle aussi. Alors voir un frère caché pointer son nez n’était pas si étonnant, c’était le mot famille qui m’avait fait tiquer… Combien de gosses avait-il fait dans le dos d’Erin. Dans le mien sans que nous en soyons jamais au courant. « Qu’est ce que tu veux ? Du fric ? Si c’est la cas je vois pas pourquoi c’est à moi que tu viens en parler. » Kael semble outré que je puisse rien qu’imaginer cette hypothèse mais tout ça me dépasse tellement. Tellement que je voudrais revenir en arrière et ne rien savoir, rester dans cette insouciance volontaire dont j’ai fait preuve pendant des années. « Elle a le droit à un minimum de respect. Et je suis là pour lui demander d'arrêter d'être un connard et de mettre un terme à tout ça. » A tout ça quoi, qu’est ce qu’il attend ? Qu’est ce qu’il veut monter sur la scène et faire une annonce public ? Qu’il le fasse alors. « Pourquoi tu me dis tout ça à moi ? » La simple possibilité qu’il puisse ne pas vouloir me choquer ne me frôle même pas, parce qu’il est le messager il est dans une position de coupable que je n’arrive pas à lui enlever. Je sais que cette colère, cette rage que je sens en moi ne lui est pas destinée et pourtant il y a de grande chose qu’elle se reporte sur lui. « Est-ce que tu étais au courant ? » « Au courant de quoi ? Qu’il avait une maitresse et un fils caché de presque mon âge ? Non non je le savais pas ! Et je me portais très bien comme ça ! » Je n’ai jamais voulu savoir. C’était plus simple de fermer les yeux quand j’ignorais tout. « Tu le savais déjà quand t’es venu me voir au bar ? C’était quoi comme sorte de mascarade totalement tordue ? » J’essaye de me refaire la scène dans ma tête pour comprendre ce qui c’est joué. Comment j’ai fait pour ne rien comprendre. « Ah Elio nous t’attendons pour les… » Je relève la tête pour voir mon père alors que ce dernier arrête sa phrase en reconnaissant Kael me prouvant que le jeune homme n’est pas entrain de me raconter des cracks. « Surprise papa… T’es pas heureux de voir tes deux fils réunis. » Maintenant qu’il est là c’est sur lui que je crache mon venin. Sentant mes tripes me remonter dans la bouche tellement il me donne envie de vomir.
Il ne savait plus vraiment ce qu'il était censé faire. Il avait songé des dizaines et des dizaines de fois à cette entrevue. A chaque fois, il l'avait imaginé dans sa tête, de « A » à « Z » sans temps mort. Il savait quoi faire. Il savait quoi dire. Sauf que finalement, quand il se retrouvait face à ce pan de sa vie qu'il ne voulait pas, il avait tendance à vouloir dire ce que les autres avaient envie d'entendre. Mais ce n'était pas une solution. Parce que cela ne le mettait pas plus à l'aise. Il avait envie de partir d'ici, le plus vite possible. Seulement il avait quelque chose à faire et il n'allait pas partir avant ça. Même si ça déplaisait à certains. Il s'était brouillé avec sa jumelle à cause de ça. Il ne pouvait pas revenir en arrière et il ne le voulait pas. Cela avait déjà trop duré. Seulement, Elio semblait avoir du mal à comprendre où il voulait en venir. Ou plutôt il ne voulait pas comprendre. Il refusait d'entendre la vérité. Il fuyait ce que Kael avait à lui dire. Il ne voulait rien entendre. Finalement, il était comme lui. Il était comme ce type qui l'avait élevé. Un lâche. Il fallait bien que l'un des deux soit comme lui. Kael avait reprit un peu de contenance. Cela faisait du bien de parler, de lâcher ce poids qu'il avait depuis trop longtemps sur les épaules. Et qu'il n'aurait même pas du porter. Ce n'était pas son fardeau. Son géniteur était assez grand pour prendre ses responsabilités. Et il avait clairement agi de telle sorte que le cadreur ne voulait même pas lui faciliter les choses. Oh non pas du tout. Qu'il assume pour une fois. Aux paroles d'Elio, il reporta son attention sur lui. « Je ne veux rien de vous et surtout pas de votre putain de fric. » Il avait toujours bossé pour avoir de l'argent. Il n'avait jamais demandé quoique ce soit, ni à sa mère, ni à ce type qui se prétendait père. Kael ne pensait pas que l'argent était primordial pour être heureux. Il en avait juste assez pour vivre et faire ses voyages et pour lui, c'était le principal. Si eux, voulaient vivre dans ce luxe, à boire champagne et à manger du caviar sur des toast, c'était leur décision. « T'es vraiment comme lui... tu crois que tout s'achète. Que l'argent est la solution à tout. » Ajoutait Kael, d'un ton amère. Alors c'était ça c'était famille ? Lui qui s'était posé des tas de questions. Qui avait pensé à elle, à ce qu'elle faisait là-bas. Il était déçu. En même temps, il savait depuis le départ que ça allait se finir comme ça. Kara avait raison. Cette famille n'en valait pas la peine. Il se sentait beaucoup mieux en comprenant ça. En se rendant compte qu'il ne perdait rien. Au contraire. Aux mots suivants d'Elio, un fin sourire s'afficha sur les lèvres du cadreur. Qu'est-ce qu'il avait été con. C'était son fils. Il l'avait élevé. Normal qu'il lui ressemble. « La mascarade a commencé il y a trente ans. Je n'étais même pas encore né. Mais t'en fais pas. Je ne suis pas là pour faire une esclandre. Ni pour faire une annonce publique. Je ne vais pas bousculer ton petit monde. T'as raison de fermer les yeux si ça te permet de continuer à faire tout ce que tu as envie de faire. » Lui, n'avait pas envie de prendre part plus longtemps à ce cinéma. Kael allait ajouter autre chose quand une fois familière l'interrompait. Il porta ses yeux mordorés sur son géniteur. La raison de tout ce bordel. Le lâche qui avait préféré le mensonge à la vérité. Il semblait surpris de voir Kael ici, ça se lisait sur son visage. Où était sa belle prestance ? Kael soupira légèrement au paroles d'Elio. Il n'avait franchement pas envie d'une autre scène de ménage. Il s'avança vers le père d'Elio. « Tu pensais quand même pas que la vérité n'allait jamais être découverte ?... Kara et moi sommes les seuls au courant. Maman ne sait rien, ni les filles. » Il serra les dents, le poing qui le démangeait sévèrement. « T'as une semaine pour te pointer à Chicago et tout lui dire. Je te laisserai pas une journée de plus. Sinon je raconte tout à ta femme. Ton petit jeu a assez duré. » La seconde suivante, le poing de Kael se fracassait sur la mâchoire de son géniteur. Ce dernier chancela et se rattrapa au muret près de lui. « Et ça, c'est pour elles. » Kael se redressa et jeta un coup d’œil à Elio avant de quitter la terrasse.
Le ton est entrain de monter je le sens bien, et les positions de défenses que nos deux corps prennent en est la preuve. Nos sommes comme deux chiens prêt à se battre pour un bout d’os, sauf que dans cette métaphore je ne suis pas sur de savoir que représente ce bout d’os que nous avons à gagner. Il semble plutôt que nous avons tout à perdre. J’observe aujourd’hui Kael sous un nouveau jour et nos ressemblances me frappent d’un coup, tellement fort que je m’en retrouve quelques secondes déstabilisé. Ce mec à le même sang que mon père et en partie que moi. Il a le même que Leah et même si c’est pour le moment bien difficile de l’accepter pour moi. Il est mon demi frère. « Je ne veux rien de vous et surtout pas de votre putain de fric. » Je fronce les sourcils. Je n’ai aucun fric, je n’ai jamais rien demandé à mon père. Pas même quand j’ai du recueillir les jumeaux chez moi. Je n’ai pas voulu de cet argent sale qu’il ne me proposait de toute façon que contre quelque chose que je ne lui aurais jamais cédé. Ma liberté – celle aussi de le détester. Parce que c’est le cas, je déteste mon père et les mots de Kael ne font que de renforcer mon jugement à son égard. « T'es vraiment comme lui... tu crois que tout s'achète. Que l'argent est la solution à tout. » Cette fois je sens la colère monter en moi. « Je crois juste que beaucoup de gens sont trop avide d’argent ! » Et je commence à douter que ça soit son cas, mais je n’arrive pas à comprendre ce qu’il fait là alors. « Et puis ferme ta gueule merde… Tu me connais depuis deux secondes et tu me juges ! Ne va pas croire que tu es meilleur que moi dans ce cas… » Ce mec ne connaît rien de ma vie, de mes relations avec mon père. Qu’est ce qu’il sait de moi ? Que je travail dans un bar ? Que j’aime la musique ? Et éventuellement que je suis la ce soir ce qui doit lui laisser penser que je suis avide d’argent et de pouvoir moi aussi. Il juge bien vite et je déteste ça. Je déteste qu’on me compare à mon géniteur comme si j’avais de quoi tenir de lui – ne serait-ce qu’un peu. C’est sans doute une des pires insultes que l’on peut me faire. « La mascarade a commencé il y a trente ans. Je n'étais même pas encore né. Mais t'en fais pas. Je ne suis pas là pour faire une esclandre. Ni pour faire une annonce publique. Je ne vais pas bousculer ton petit monde. T'as raison de fermer les yeux si ça te permet de continuer à faire tout ce que tu as envie de faire. » Je m’étais pris les mots comme une claque en plein figure. En sachant qu’il avait en parti raison. Pendant longtemps j’avais préféré ne pas voir, prétendre que je m’en foutais, que ça n’avait pas d’importance, mais Kael était aujourd’hui la preuve que j’avais eu tord. Que j’étais passé à côté de quelque chose. « Ne fait pas comme si tu connaissais quoi que ce soit sur ma vie. » Je siffle entre mes dents, avec l’envie folle de lui en coller une. Mais c’est mon père qui me coupe et d’un coup toute ma colère est retournée sur lui. Le vrai coupable de cette histoire. Je vois sa mine étonnée, son regard qui fait le ping-pong entre Kael et moi en espérant sans doute rêver. Mais non il est bien là… Ce deuxième fils. Ou peut-être que c’est moi le deuxième fils, je ne sais plus, je suis perdu. « Tu pensais quand même pas que la vérité n'allait jamais être découverte ?... Kara et moi sommes les seuls au courant. Maman ne sait rien, ni les filles. » Je sens mes jambes vaciller, il y a en a d’autres, plusieurs même. Des filles, des sœurs qu’il m’a caché et qui ne savent rien de cette double vie. « T'as une semaine pour te pointer à Chicago et tout lui dire. Je te laisserai pas une journée de plus. Sinon je raconte tout à ta femme. Ton petit jeu a assez duré. » Sa femme ? Est ce qu’il parle d’Erin ? Ou de sa mère ? Je reste suspendu à ses lèvres attendant plus avec le désir de comprendre tout ce qui se trame mais de toute évidence Kael en a fini avec lui. Avec nous. Son poing va se figer dans la mâchoire de notre père avec violence, attirant le regard des gens autour de nous. « Et ça, c'est pour elles. » Il ‘sen va et je reste là les poings serré moi aussi le sang qui tape dans ma tête. Je pourrais lui courir après, j’ai tant de questions, mais je ne le fais pas parce qu’une partie de moi le déteste d’être venu ici même si je sais qu’il a sans doute eu le courage que je n’ai pas de mettre mon père face à ses responsabilités. « Elio écoute, ce garçon est fou… » Il n’a pas le temps de continuer que c’est à mon tour de lui mettre mon poings dans la figure. Cette fois il tombe au sol me regardant sans comprendre. « T’es vraiment une belle enflure, je veux plus entendre parler de toi… » Je passe dans la salle, Erin me jette un regard plein d’incompréhension mais je le fuis. Elle a sans doute le droit de savoir la vérité elle aussi, mais je sais le mal que ça va lui faire et je ne peux pas être à nouveau celui qui lui en fait… Il sera bientôt à mon tour de confronter mon père je m’en rends compte… Mais pas ce soir… Pour le moment il faut juste que je quitte cette stupide soirée avant que ma tête n’explose.
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