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Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION | Amos Taylor
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| Rechercher dans: mémoire du passé Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION Dim 10 Déc 2023 - 0:25 | BONE OF CONTENTION Je me sens diminué, peu à ma place et mal dans mes baskets. Mon sentiment d’inutilité est jumelé à une forme d’ennui dont j’ai particulièrement honte. Elle creuse un trou dans mon estomac, un fossé qui est rempli par de l’angoisse qui, paradoxalement, me pousserait jusqu’à mon lit pour m’endormir, longtemps, jusqu’à ce que toute cette merde soit derrière moi. En soi, cette journée ajoute de l’eau à ce moulin déjà bien chargé en grain. Si j’y plonge ma main pour n’en sortir qu’un, j’expliquerais combien je ne supporte pas de voir Raelyn se préparer et quitter cette porte pour aller bosser au casino. Alors, oui, ne pas être pris au sérieux dans mon envie d’avoir un enfant est un souci complémentaire. Mes reins s’alourdissent et, dans les faits, si je n’étais pas de ces hommes bâtis pour garder au fond de mes tripes mes émotions, je pourrais m’effondrer sans pudeur avec l’espoir d’être lavés de toutes celles qui s’érigent plus haut qu’une tour de Babel. C’est impossible cependant. Je ne suis pas taillé dans ce bois-là. Alors, j’ignore ou je m’y efforce. Je fais bonne figure quand mon enfant est là. Je fais mine que tout va bien lorsque je reçois de la visite. Face à Raelyn, en revanche, je crache du fiel et du venin. Je me venge de crimes qu’elle n’a pas commis et dont elle n’est pas responsable ou pas tout à fait. Elle devient le récipiendaire de ma colère. Je lui cherche des noises et, évidemment, j’en trouve en me moquant bien de trouver ou non du soulagement à ce que nous nous faisions la guerre. Au départ, j’en avais besoin : j’étais convaincu que j’insistais parce qu’elle s’opposait à entrer en conflit avec moi. A présent qu’elle a hurlé en retour, Rae. Qu’elle s’est ébroué pour défendre son bout de gras, qu’elle m’a fait taire, qu’elle m’a poussé à grimper à l’étage pour la serrer dans mes bras et l’entourer de toute la tendresse que j’ai en stock, pourquoi ne suis-je pas réellement soulager ? Pourquoi est-elle toujours là, sourde en mon sein, cette putain de colère qui semble ne jamais vouloir me quitter ? Pourquoi est-ce que je réussis à peine à l’endormir ? Ô bien sûr, je m’en réjouis. Alors que notre fille est couchée et que je descends auprès de ma dulcinée, je suis ravi d’être capable de parler sans hausser le ton ou sans qu’il n’y traîne des élans de railleries, de mauvaise foi ou d’une amertume quelconque. Il y en a pourtant. Dans le menu du restaurant de mes frustrations, un intitulé implique que, si j’ai décidé d’être enfermé, je n’avais à disposition aucune autre solution. Je ne réclame pas une statue pour honorer un quelconque sacrifice : il n’en existe aucun. En revanche, je l’ai mauvaise qu’il soit considéré que je suis seul responsable de cette incarcération, qu’elle soit à domicile aujourd’hui ou en établissement d’antan. Au moins suis-je en mesure d’en faire abstraction. Porté par l’affection de ma princesse, adouci par la démonstration de détresse de Raelyn dans la salle de bain, enchanté par la tendresse qui a versé du miel sur mon coeur, je fume une cigarette aux côtés de Raelyn en partageant mon expérience avec Micah. Elle n’a rien d’inédit pour la maman. Elle a toutefois la classe de ne pas souligner que j’ai raté quelques pans de son évolution pendant que je croupissais dans une cellule avec un codétenu à gerber. «Presque autant que son père quand il a envie d’emmerder son monde. Tu peux le dire, je t’en voudrai pas.» ai-je lancé, un sourire étiré sur les lèvres et un regard de biais en direction de ma dulcinée. A la lueur de la lune, je la trouve magnifique. Je le tais au profit d’explications autrement plus importantes que ces bagatelles. Plus tard, je le lui confierai comme s’il s’agissait de la première fois. Sur l’heure, je retrace les tenants de mon histoire, je rapporte les aboutissants de mon expérience. Mon épouse, je la détrompe et l’avalise tout à la fois selon ce qui s’échange, ce qui se confie, ce qui s’est invité à la table de notre conversation. Je ne veux pas être trop dur. Si je le suis, je ne le réalise pas avant qu’elle ne se justifie. Elle me coupe le sifflet : je ne sais quoi ajouter pour soulager ce qui pourrait s’approcher, en elle, du mal être. Je prends donc dans mes bras, je serre contre moi, j’embrasse son cou ou le dos de sa main. Je ne voulais ni la froisser ni l'embarrasser, pas cette fois et je rassemble des trésors d’éloquence pour alléger l’atmosphère. «Je sais que tu voulais pas comparer. Je sais que oui, on était dans le même bateau. J’étais loin et, donc, pas avec vous. Je dis juste qu’être là n’a pas changé grand-chose à ça… à part physiquement.» Comprendrait-elle que, oui, parfois, il me semblait plus évident d’être loin d’elle, non pas parce que leur absence m’était tolérable - elle me rendait fou au quotidien - mais parce que je n’étais pas le témoin privilégié de ce que je suis un pion, celui que l’on sacrifie au jeu de dame ou d’échec ? Que je suis celui qui ne sert plus à rien ? Que le monde tourne bien sans moi et en particulier le leur ? Ne serait-ce pas le discours de l’égoïste ? «Je ne doute pas que tu m’aimes, Raelyn. Je ne peux pas douter de ça… Je…»Est-ce que j’ai simplement le droit de déclarer : “Sans toi, mon monde se serait écroulé” ? Est-ce que cela reviendrait à lui reprocher ce qu’elle a fait de mieux : tenir le pot droit ? Ne l’aurais-je pas fait moi aussi ? Se pourrait-il que je sois en colère sur des suppositions ? «Mais je vis mal ton indifférence ou ce qui y ressemble. Je suis plus embêté à l’idée que tu perdes en respect pour moi parce que… parce que c’est difficile d’en avoir pour quelqu’un dans ma situation. Ce n’est pas moi normalement.» Un mec avec un bracelet électronique autour de la cheville. «Mais il semblerait que c’est ce que je sois devenu.» Je n’en tire aucune fierté. Alors, bien entendu, ma confiance en moi s’érode comme un caillou s’abîme à cause du sel d’un océan violent. Elle ne tend qu’à se rebooster quand cette femme, grandiose, à laquelle je finis par chuchoter tout «Ce que tu es belle.» alors que ça n’a plus vocation à la toucher m’enlace, me serre contre elle et me réclame à l’oreille plus d’amour physique que de promesses d’un ailleurs en catamaran. Elle veut me suivre jusqu’aux confins du ciel des amoureux où le plaisir règne en maître et je signe à deux mains. Je me fiche que minuit ne soit pas passé, que je n’ai pas consacré ma journée à pleurer ma fille. ça, j’y penserai demain quand je réaliserai que la peine est toujours là, que Sofia vit toujours avec moi, mais que le jour n’a plus d’importance puisque mon présent il est là, entre les bras de ma conjointe qui s’abandonne à mes caresses, qui se laisse conduire au gré de nos envies sexuelles au sommet des monts de la jouissance.
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| Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION | Amos Taylor
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| Rechercher dans: mémoire du passé Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION Ven 1 Déc 2023 - 14:45 | BONE OF CONTENTION J’ai poussé la porte de la salle de bain avec une pointe d’inquiétude au fond des tripes. Je me suis mal comporté, invalidant mes désirs - s’ils en sont, ce que j’ai du mal à déterminer - et les transformant en lubies au regard de Raelyn. Je suis convaincu qu’à ses yeux, je profite d’une nouvelle occasion de lui chercher des poux. Peut-être s’imagine-t-elle qu’offrir une petite sœur ou un petit frère à Micah est un prétexte de plus à nous disputer et je ne peux pas lui en vouloir, c’est l’impression que je donne depuis mon retour de prison. Vouloir en découdre à tout prix avec pour arme des prétextes fallacieux. Dans ces conditions, je ne peux qu’avancer vers elle à tâtons afin de me prémunir d’un accueil trop brusque. Il ne l’est pas. Au contraire, elle accepte autant ma présence que mes timides attentions. Elle s’accorde également à m’écouter tandis que je lui partage mes remords et mes promesses. Je suis en tort et je l’admets. Je vais essayer de corriger le tir pour ne plus alourdir l’ambiance de cet appartement où nous ne sommes pas franchement à l’aise. Les bouleversements dans notre quotidien auraient exigé plus de délicatesse et moins d’égoïsme de ma part. Heurté par cette vérité, je resserre mes bras jusqu’alors enroulé autour de sa taille. J’ai l’espoir que ce geste, si anodin soit-il, trahisse chez ma complice cette déception dirigée contre moi, celle qui s’amplifie tandis que je suis giflé, non pas physiquement, mais psychologiquement par une remarque, une seule, une constatation qui m’éclaire davantage sur l’impact de mon attitude. Je ne me suis pas contenté de brosser le portrait du gars aigri et belliqueux, j’ai sous-entendu que j’étais mieux “derrière les barreaux” avec pour compagnon de galère un sale type avec lequel je me suis battu et qui n’a récolté que mon mépris. Je crois que mes traits se sont aussitôt assombris. «Je ne me sens vraiment bien que là où tu es.» Chez moi, c’est près d’elle. Hier, aujourd’hui, demain, ce sera toujours vrai et qu’elle puisse en doute me déchire le coeur. «Je suis simplement en perte de vitesse.» ai-je expliqué à demi-mot. Le plus juste ne concerne pas la célérité, mais la confiance. Un bracelet autour de la cheville, incapable d’organiser une quelconque sortie agréable pour briser le cercle vicieux de la routine, je perds en estime pour moi. Sauf que ce n’est pas le devoir de mon épouse de ramasser les brisures des vases qui tombent à mes pieds. Plus à l’écoute, je nous aurais évité l’épreuve de ce conflit : la date du jour ne s’y prêtait pas. Le malaise point et, assailli par un besoin de douceur, par la folle envie de réparer mes erreurs en nous trempant dans un bain de tendresse, je l’ai guidée jusqu’à notre lit. Je l’ai enlacée et embrassée avec la sagesse et la candeur de jeunes adolescents qui affrontent leurs premiers émois amoureux.
∞∞∞∞∞ L’heure de coucher Micah a sonné, elle m’a réclamée et je suis monté la border et, supposément, lui lire une histoire. Tourné vers mon enfant, je n’ai toutefois pas oublié la maman. Comment va-t-elle ? Les présages décrivaient la fin d’après-midi et le début de soirée anormalement houleux. Je les ai contredit à force de délicatesse. Est-elle plus calme à présent ? Nourrit-elle à mon égard un soupçon de frustration ? Lorsque notre petite fille sera lassé de ma présence, pourrais-je approcher Raelyn ? Aura-t-elle envie que nous terminions cette journée en invoquant de toutes nos forces la sérénité ? Est-ce possible ? Lui restera-t-il au contraire un brin de nervosité au fond de l’estomac ? Mon anxiété est persistante. Avoir mis le doigt sur la cause de ces angoisses est rassurant, c’est vrai. J’y vois plus clair maintenant que j’ai réalisé malgré moi que mes conditions de vie érodent ma confiance en moi. Ce n’est pas sans conséquence cependant. Ma parenthèse avec ma merveille n’y change rien : une fois libéré de son exigence, j’ignore comment aborder ma conjointe enfermée sur le balcon. S’y est-elle confinée pour y trouver de la solitude et de quiétude ? Puis-je l’y débusquer ? Vais-je perturbé le processus de signature d’une accalmie ? Je suis paumé, c’est indéniable. Néanmoins, je me fie à mon instinct. Je foule le carrelage extérieur, m’adosse à la rambarde et me grille une cigarette. «Oui. Parce que, c’est fatigant de lire des histoires. Je ne peux plus lire. Elle pointe les images et c’est elle qui raconte. Tu savais ? » Évidemment. Elle n’a pas été enfermée, Rae.
Elle était là durant ses derniers mois de progrès. Elle y a assisté et m’en a rapporté dès que ça lui était possible. C’est à moi de composer avec mon chagrin. Je ne peux pas systématiquement tourner en boucle comme un disque rayé parce que mon passé m’a traumatisé et qu’il a tapissé ma vie de regrets vis-à-vis de Sofia. Ce sujet, nous en avons discuté encore et encore. Nous l’avons usé et c’est désormais mon problème si j’en souffre encore. Ainsi me suis-je tu au profit d’un hochement de tête. Elle va mieux, j’en suis ravi et, quoique je ne sois pas agacé par Raelyn relativisant mes angoisses, je dénie ses observations. «On est tous conscients que quelque chose n’est pas normal et j’aurais voulu que Micah ne traverse jamais ça. Mais crois-moi, je suis tout seul sur mon bateau.» ai-je affirmé en me justifiant de mes émotions, de ses projets auxquels j’ai aspiré, qui m’ont aidé à tenir quand j’étais loin d’elle et pour lesquels je suis empêché d’agir. « Tu sais ce que c’est de se sentir prisonnier d’une substance.» Nous partageons cette réalité : nous avons chacun été addict à un produit. D’une certaine manière, nous sommes en sursis. «Mais, te lever le matin et savoir que tu ne pourras pas sortir. Regarder celui avec qui tu as tout construit s’occuper de tout, toute seule. Voir quelqu’un te prendre ta gosse des bras pour une balade quotidienne alors que tu es là et que tu aimes ça en plus. ne pas trouver de bonnes raisons de t’habiller, de te préparer, de te lever en fait. Même pour prendre le courrier, je dois montrer patte blanche. Et ça, je l’ai déjà expliqué ? « Et je sais qu’on le fera et je comprends que quand je parle comme ça tu aies l’impression que je me préférais là-bas. C’est pas ça. C’est juste une question de réalité, il n’y a pas d’incohérence en prison. Tu sais ce qui t’attend. Tu sais pourquoi tu te lèves. Personne ne te dit : tu mangeras pas au resto. Tu le sais. Tu ne te poses même pas la question de savoir comment tu vas occuper ta journée.» Ne pas devenir fou est une dépense d’énergie. ça occupe et pas un peu. «Tu ne peux que deviner en fait. Sauf s’il me manque des infos et, dans ce cas, je retire ce que j’ai dit.» Cette fois, je tire ma dulcinée contre moi et mon menton posé sur son épaule, je nous berce. «Mais ça veut pas dire que je suis pas content d’être là avec toi. C’est ce qui me facilite la vie. être avec vous, ça m’empêche de devenir complètement fou.» Pensif, j’ai observé un long silence avant de reprendre d’une question qui, comme souvent, paraît tomber de nulle part : «Tu voudras aller où ? Pour commencer ? Tu es passé voir le catamaran récemment ? »
| Sujet: ≈ midas sterling | Midas Sterling
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| Rechercher dans: moodboards Sujet: ≈ midas sterling Ven 1 Déc 2023 - 11:44 | NaNoWriMo 2023
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| Sujet: ≈ megan williams | Megan Williams
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| Sujet: ≈ raelyn blackwell | Raelyn Blackwell
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| Rechercher dans: moodboards Sujet: ≈ raelyn blackwell Ven 1 Déc 2023 - 0:01 | NaNoWriMo 2023
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| Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION | Amos Taylor
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| Rechercher dans: mémoire du passé Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION Dim 19 Nov 2023 - 15:19 | BONE OF CONTENTION Des mots de Raelyn, je tire la désagréable conclusion qu’il s’agit moins d’accusations que de constat. Pourtant, j’aimerais hausser le ton à mon tour pour assumer qu’elle exagère, qu’elle brosse de moi un portrait qui ne me ressemble pas. Mais qu’y gagnerais-je à part accéder au rang peu enviable du malhonnête ? Je n’ai pas envie de devenir le menteur de l’histoire, le type sciemment de mauvaise foi. Moi, je ne me défends pas ou à peine. Certes, je précise que j’ai besoin de ma famille autour de moi, mais je n’annoblis d’aucune façon mon comportement détestable. Pas d’excuses peu convaincantes pour expliquer ma mauvaise humeur. Pas de circonstances atténuantes pour justifier mes déclarations de guerre. A peine une vaine tentative de rétablir une vérité : je n’ai pas ressenti comme une envie de pisser celle de dégager la vieille peau de nounou qui empoisonne l’air que je respire, cette volonté à court terme relevait de la nécessité de renouer avec cette enfant dont le système m’a privé. J’avais besoin que d’aucune ne me l’arrache des bras pour la nourrir ou l’habiller. Je suis tout à fait capable de gérer mon bébé. La seule activité qui m’est proscrite, ce sont les balades au parc ou aux jardins d’enfants. Du reste, je suis un papa attentif et compétent. De même que je suis plus souvent un mari aimant qu’une crapule de va-t-en-guerre. Dommage que je n’ai pas davantage fait l’étalage de mes plus beaux côtés. Je ne me sens pas légitime de protester ou de l’inciter d’un éclat de voix à la faire taire. je suis juste bon à entendre, à juger de ce qui m’est réellement reprochable - à peu près tout - et à encaisser sans trop broncher. Je ne voudrais pas être giflé comme à et à encaisser sans trop broncher. Je m’y colle non sans amertume : personne n’aime être pris en défaut et, plus encore, de n’avoir la moindre corde à son arc pour se dérober à ses responsabilités. C’est triste, finalement, mais même à l’uppercut verbal qui m’inculpe d’être incapable de profiter de ma chance d’être de retour auprès des miens. Face à cette vérité à laquelle je n’avais prêté attention, je soupire de consternation et m’enfonce dans un silence de circonstances. Ce que j’ai à dire n’est en rien plus beau que le silence, aussi convient-il surtout de me taire et, normalement, de baisser la tête si d’aventure j’étais doté du sens de l’abnégation. Au lieu de ça, j’affronte le regard sombre de la Raelyn flouée par ma connerie. Pour sûr, je n’ai pas fait semblant d’être idiot. Alors, je me fais tout petit devant ma conjointe parce que j’entends sa détresse. Je perçois tout son malaise et j’ai honte de ma bassesse puisqu’elle ne l'a pas méritée, ma complice. Elle s’accroche à son courage pour mieux ignorer ses peines et ses blessures. Quand penaud je l’ai observée grimper les escaliers jusqu’à, je le suppose, la chambre parentale, je me suis demandé s’il était à propos de la rejoindre. Je me suis posé bien d’autres questions auxquelles une cigarette n’a pas aidé à trouver réponses. Faire le pied de grue devant la porte vitrée du balcon ne m’apportera ni secours ni assistance.
D’une part poussé par le vent de la culpabilité, je me suis précipité à l’étage. D’autre part, frappé par le vide de la chambre, j’ai ralenti le pas, présumant qu’elle se cache dans la salle de bain et qu’elle n’a pas besoin d’y être débusquée comme un lapin. Pour éviter qu’elle ne sursaute, j’ouvre la porte en m’annonçant d’un “c’est moi” somme toute inutile : elle a déjà épinglé mes yeux de ses pupilles rougies par l’émotion. Quel pénible combat qu’est lutter contre ses larmes quand ce n’est pas capital. Elle n’a pas à se cacher de moi. Est-ce donc tout ce que j’ai induit en elle ? De la pudeur sur lit de vanité ? Ai-je érodé notre confiance mutuelle ? J’y pense et dans mon estomac enfle l’anxiété d’avoir peut-être gâché ce qui nous différencie des couples lambdas. Cette foi indéfectible que nous consacrons à la pérennité de notre relation. Inquiété, je me suis empressé de l’envelopper dans la douceur d’un baiser qui n’a qu’un objectif : déclamer en silence mon mea culpa. Il me sert d’impulsion à l’avouer même s’il n’affiche pas les couleurs attendues par ma partenaire. Je comprends à ses mots qu’elle espérait mieux, qu’elle aurait appréhendé avec soulagement que je lui jure de mes efforts à venir. Sauf que je n’oserais pas alourdir mon casier d’un délit d’escroquerie. «Oui. Je vais essayer, mais…c’est pas prémédité, c’est donc difficile à enrayer, tu comprends ? » Chaque vocable, c’est évident. En revanche, le processus lui paraîtra peut-être sybillin. J’entreprends donc de rendre compte des causes et des conséquences. Je m’y emploie et j’avance même des solutions pour l’en préserver. Je crèverais moins de retourner en prison que de persister à blesser la femme que j’aime. Elle, elle s’y refuse, tout bonnement et je suis pris d’une vague de reconnaissance qui se manifeste d’un acte simple : je l’ai enlacée. Je l’ai serrée tout contre moi, mes deux mains ceignant sa taille, mon visage enfoui dans son cou. « Je ferai mon maximum. Et ce n'est pas tout ce qui m’intéresse venant de toi. J’aime rien que ta présence à l’appart, même si je le montre mal, c’est vrai, sur ça tu as raison.» Intérieurement, je récite un serment pour moi-même, celui de donner mon maximum pour honorer enfin ma chance de ne plus être enfermé loin des essentielles de mon existence. Bien sûr, le sujet d’être parent d’un second enfant n’est pas réglé. A mon sens, il faudra en reparler, mais autrement et ça commence par un aveu banal à pleurer. « J’aurais dû t’aborder autrement parce que je voudrais comprendre. Pas t’avoir à l’usure. Juste comprendre.» Et elle le saisira quoique je n’aspire à rien pour ce soir. «Mais, pas maintenant. Viens…» Après l’avoir relâchée, j’ai saisi sa main et je l’ai guidée jusqu’à notre lit sans intention lubrique. J’ai juste besoin de m’allonger sagement à ses côtés, de la garder tout contre moi, d’embrasser ses lèvres, ses joues, ses paupières et le bout de son nez, de descendre jusqu’à son menton et poursuivre la course de ma bouche velours jusque dans son cou. A l'oreille, je lui ai chuchoté des mots d’amour. Puis, j’ai noué nos jambes pour réduire au maximum les espaces entre nous. Je nous ai incités à rester là, enfermés dans une bulle que seule Micah fera éclater lorsqu’elle se réveillera. J’ai bêtement l’intention de réparer une erreur dont on m’a tenu rigueur : je veux profiter de la joie simple d’être auprès de ma conjointe, de la chérir comme je choie notre merveille au quotidien.
Plus tard dans la soirée, alors que je revenais d’avoir bordé notre fille - c’est moi qu’elle a réclamé à l’heure du coucher - j’ai retrouvé Rae sur le balcon en train de fumer une cigarette. Moi aussi, j’en ai tiré une du paquet avant de m’adosser à la rambarde. « C’était effectivement pas le jour, pas vrai ? » Parce que je suis plus soupe au lait et que ma compagne, en conséquence, ne sait pas toujours comment m’aborder. « Comment tu te sens ? Mieux ?» Se sent-elle plus détendue ? Plus disposée à m’écouter bien que je ne traiterai pas de la question qui fâche, pas maintenant. «Tu sais, tu me disais tout à l’heure que je gâchais les moments où on est ensemble, mais je m’étais imaginé qu’en sortant de là, on pourrait partir quelques jours, qu’on pourrait aller se promener tous ensemble, partir plonger pendant que la petite est avec Ruth.» Pas d’insulte pour parler d’elle, preuve que j’ai entendu les reproches. «Je m’étais imaginé mieux, beaucoup mieux, et la frustration qui en découle est difficile à gérer.» J’ai haussé les épaules, j’ai tiré sur ma Marlboro une dernière fois et, avant de l’écraser dans le cendrier - je redeviens civilisé - j’ai ramené vers moi mon âme soeur, son dos contre mon torse et mon menton posé sur son épaule. Est-elle aussi bien que moi désormais ? Est-ce que je l'embarrasse parce qu’il lui demeure un soupçon de colère ? Je mise sur sa franchise pour m’avertir si elle avait besoin d’espace quoique cet anniversaire entrave la communication.
| Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION | Amos Taylor
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| Rechercher dans: mémoire du passé Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION Mer 15 Nov 2023 - 20:26 | BONE OF CONTENTION Heureusement, ai-je envie de lui hurler au visage. Heureusement qu’elle n’exige pas formellement que je me taise. Elle préfère le sous-entendre, ce qui a le mérite de laisser planer le bénéfice du doute. Je me dis que, peut-être, j’ai tort de lui prêter tant de froideur et d’indifférence. Je me fais la réflexion, mais ça ne dure jamais longtemps. Il suffit d’un regard neutre de sa part, d’une remarque scandée par une voix blanche et je glisse. Je glisse tout du long de la pente savonneuse qu’est la mauvaise foi. Je suis couvert de cette substance poisseuse qui, sur l’heure, m’embarrasse peu. J’en suis seulement à cet instant de stupidité nette où cracher son venin est salvateur. La cause ? Un regard de biais qui a versé sur mon âme des litres d’accusation. Rae, elle désapprouve l’entièreté de ce qui s’échappe de moi, moi qui irradie d’une telle colère qu’elle se répand jusque sur les murs. Pourtant, il y a du vrai dans ce que je ressens. Je ne peux pas tout avoir inventé sous prétexte que ma condition m’horripile et réveille sa vieille alliée. Dans nos pires querelles, j’ai parfois manqué d’impartialité. Pour ne pas endosser les pleines responsabilités d’un éclat de voix, je n’ai pas hésité à déformer la réalité dans l’espoir de faire entrer un rond dans un carré. Pas cet après-midi cependant. Celui-ci, je déficelle mon sac de billes et je les lance les unes après les autres vers ma complice. Je les tire dans sa direction avec l’espoir qu’elle y trouvera ma détresse et mes frustrations. J’espère qu’elle y lira l’étendue des émotions qui lestent mes épaules et, qu’ainsi, elle saisira quelles sont les causes de mes comportements déconcertants. Malheureusement, je fais chou-blanc. Pis, je n’attise en elle que le brasier d’une ire qui n’avait besoin que d’une étincelle pour s’enflammer, un boute-feu, ni plus, ni moins. C’est à mon tour d’être scandalisé, non pas qu’elle affiche l’air le plus revêche des expressions de son minois, mais de l’injure assumée de sa première phrase. «Non ! Ne fais pas ça. Ne m’insulte pas. C’est toi qui changes, pas moi.» Ce n’est pas moi qui devient un vieux con - j’en tremble d’y songer -, mais son coeur qui se durcit. Il ne s’amollit plus qu’au contact de sa fille.
Je jurerais que mon sort la laisse indifférente… à moins que je ne lui inspire plus que cette colère qui s’exprime trop aisément pour être spontanée. M’en veut-elle d’avoir fermé à clé la porte derrière moi le soir de mon arrestation ? Mes excuses n’étaient-elles pas suffisantes ? A priori, non, et n’est-ce pas là la preuve de ce que j’avance ? Je n’ai plus droit à l’erreur à présent. Je dois danser comme elle chante. Je dois avancer au rythme de sa baguette de chef d’orchestre, obéir au doigt et à l’oeil. Je dois m’écraser et je fulmine désormais. Je vois rouge cramoisi et, pourtant, je ne pipe plus un seul mot : j’écoute en serrant les poings. J’écoute pour n’être accusé d’avoir été l’égoïste qui entend, mais qui prête guère d’attention aux souffrances de l’autre. J’écoute avec pour objectif de me défendre au mieux, sauf qu’à mesure que les mots me percutent, au plus je prends la mesure de mes erreurs. «Pas un caprice, mais un besoin. J’avais besoin d’être avec elle et avec toi.» me suis-je écrié sans être pour autant certain d’avoir été entendu. La locomotive est lancée. Rien ne pourra plus l’arrêter à par les freins d’urgence, mais la manette, c’est Raelyn qui la détient, c’est elle qui choisira quand et comment s’achèvera cette conversation et, ça me va. ça me va parce que je l’ai attendue cette putain de dispute qui, à mon sens, fera diminuer un peu de cette tension résiduelle entre nous. Suis-je de nous deux celui qui l’installe ? Je présume. J’en doute un peu - un rien - compte tenu de la fluidité avec laquelle mon épouse assemble les perles de son analyse de la situation. Le résultat reste le même cependant : elle crie sur moi et, plutôt que d’en être horrifié, je me suis arrêté dans ma course avant de grimper à l’étage. Je me suis tourné vers elle et, sourcils froncés, j’ai encaissé ses jugements fallacieux comme ses justes interprétations de mon attitude. C’est vrai. Depuis mon retour, je cherche la dispute, mais est-ce réellement moi qui induit en elle l’envie de s’enfermer dans sa bulle ? D’être hermétique à mes tentatives d’être confronté parce que ça me rassurerait ? Lorsque j’étais enfermé ailleurs, elle me manquait terriblement. Le contact de sa peau au moment de m’endormir, sa respiration dans mon cou pour apaiser mes ruminations, ses caresses du bout des doigts lorsqu’au casino, nous sommes séparés par nos obligations, ses baisers lorsque nous avons tout le loisir de nous retrouver, ces habitudes dont nous ne nous lassons pas… ma désertion involontaire de ces terres de bonheur a creusé un vide au fond de moi. N’est-il pas évident que je m’emploie à le combler ? Qu’importe si je n’ai pas la manière ? Si je m’y prends comme un manche ou en frôlant l’ingratitude, j’essaie et d’aucuns ne pourront me le reprocher. Alors, quoique le désappointement de Raelyn me touche - je déteste être à l’origine d’une blessure -, je m’interroge : par quels vocables la soulager ? «J’ai compris.» me suis-je risqué vainement, pas assez fort, parce qu’une part de moi aimerait que ma jubilation et moi disparaissions : nous sommes indignes de l’aveu de faiblesse de ma conjointe. Une autre, en revanche, aimerait qu’elle se taise pour que je puisse la prendre dans mes bras et lui chuchoter à l’oreille que je suis désolée de rivaliser en tête de peloton avec connerie et ingratitude. J’ajouterais aussi que je ne veux pas retourner là-bas, non pas par confort personnel, mais parce que je refuse d’être de nouveau séparé d’elle. Je brûle d’agir en ce sens, mais je ne suis pas prêt à être débouté, pas de suite, pas alors que je n’ai pas encore pleinement digéré mes propres questions.
Que me dit-elle ? Que je dois m’en retourner d’où je viens ? Invite-t-elle seulement à la table de notre dispute ce qui lui est devenu insoutenable ? Que suis-je supposé faire maintenant que j’ai été pris à mon propre piège ? Elle est montée, Raelyn. Elle prévoit sans doute de panser ses blessures dans sa chambre, seul endroit de cette maison où nous nous sentons plus ou moins en sécurité, peut-être parce que ce sont les seules pièces que nous avons aménagées selon “nos” goûts. Qu’importe ! Je ne sais pas exactement dans quel état d’esprit je suis, mais je sais qu’il n’est pas un monde où, après avoir fumé une cigarette supplémentaire, j’accorde à ma mesquinerie le loisir d’effectuer un travail de sape sur le moral de la mère de ma fille. Elle a trop donné. Alors, je suis monté jusqu’à la chambre et, bien que je n’alimente aucune envie de la brusquer, j’ai avancé dans sa direction, non pas pour l’agresser de nouveau par mon ingratitude, mais pour serrer entre mes mains en coupe ses joues rougies de colère. Mes yeux, je les ai plantés dans les siens et, au terme d’un baiser que j’ai rêvé apaisant par rapport à mes intentions, j’ai murmuré un «Je suis désolé. Encore. J’ai peut-être bien tout mélangé.» Mes sentiments, mon besoin de perfection, les difficultés liées à l’addiction et ma colère. Le tout à contribué à interpréter les comportements de ma femme de la pire des façons qui soit. «Et j’aimerais bien te dire que ça n’arrivera plus, mais je peux pas te le promettre parce que c’est vrai que je suis en colère, mais pas contre toi, tu sais. Et tu ne devrais pas payer pour ça. Tu sais que si cette colère t’étouffe, on a qu’un coup de fil à passer et je t’en libère. Je détesterais, mais je comprendrais. Je comprends parce que je sais pas si j’arriverai à l’éteindre tant que j’aurai ce fichu truc à la cheville qui me donne juste l’impression d’être un chien….» Un putain de clébard qui aboierait trop et auquel on fixe un collier infra-rouge à la gorge, un chien méchant que l’on garderait dans un enclos à barbelés electrifiés, pas un cabot qu’on aime de tout son coeur, malheureusement.
| Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION | Amos Taylor
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| Rechercher dans: mémoire du passé Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION Mar 14 Nov 2023 - 22:30 | BONE OF CONTENTION Micah n’a pas besoin d’être entourée d’enfants de son âge. Raelyn le pense, l’affirme et, moi, je retiens quelques horreurs enrobées d’ironie. Dans ma tête, je construis des remarques comme :”Dans ce cas, que peut bien valoir mon opinion ? Mon ressenti ? Mes envies ? A quoi riment-elles, ces dernières ? Ont-elles seulement un sens à tes yeux ou même le droit d’exister ? N’ont-elles une voix que si, et seulement si, elles rencontrent des désirs ?” Mon esprit est empoisonné par ces questions, lourdes d’accusations, qui ne se matérialisent pas par les mots puisque je sais la façon dont elles seraient reçues. D’abord sera pointé du doigts mes difficultés à gérer la frustration. Ensuite seront rappelées mes tendances à décider seul pour nous deux. Et, blessé dans mon ego, pas totalement sûr non plus de comprendre ce qui m’est reproché, je la provoquerai ou je me tairai en fonction de mon état d’esprit. Quel est-il quand je m’efforce de lutter contre les douleurs résiduelles liées à la mort de Sofia ? Qu’y-a-t-il de bon à tirer de moi quand j’ai renoncé à des rites parce que j’ai mal pris le jugement qui traduit comme coupable de comparaison entre mon enfant bien vivant et l’aînée qui m’a quittée ? A-t-elle conscience, mon épouse, quand soulignant ce travers, elle m’a confronté à la possibilité d’un échec ? En apprenant que j’étais le futur papa d’une autre petite fille, j’ai eu peur de reproduire des erreurs d’hier, mais j’ai aussi été tétanisé à l’idée de chercher dans le regard de ma merveille, les expressions de mon moineau. J’ai redouté qu’elle puisse se ressembler physiquement allant jusqu’à prier pour que Micah ait les yeux verts de sa mère. Avant même sa naissance, je me suis promis d’être un papa aimant, présent, qui ne raterait rien des moments les plus importants de son apprentissage à cause de son travail. Est-ce ma faute si elle a été installée chez mes parents ? Si j’ai été enfermé ? Si le mode de vie que Raelyn et moi avons choisi implique que je m’épuise en analogie faute à la peur ? Non ! Je ne méritais pas d’être ainsi diffamé par la femme que j’aime à peine avais-je été repoussé par notre progéniture. Dès lors, oui, j’opère des sacrifices vis-à-vis du souvenir de Sofia et, rien que pour cet effort, j’estime que ma position aurait pu être entendue. J’estime que d’aucuns, pas même mon épouse - surtout pas elle qui connaît nombre de mes us - n’était en droit d’interdire comme si j’étais un enfant dont il convient de faire l’éducation. « Je ne joue avec rien du tout. A quel moment c’est logique que, quand je prends une décision que je trouve la meilleure pour nous deux, je dois t’écrire un argument avec trois arguments probants, un contre argument, intro et conclusion, mais quand toi tu en prends une, je dois juste fermer ma gueule ? » ai-je lancé, plus tendu que je ne l’aurais souhaité. Me servir un premier verre d’eau que j’ai avalé cul sec ne m’a en rien calmé. Le second a tenu lieu de figurants. J’ai beau essayer d’imaginer que ma colère le transforme en vin par une action divine - l’auto-persuasion ? - c’est inutile, évidemment. Toutes ces conneries de développement personnel, de loi de l’attraction, d’énergie que l’on renvoie et que l’on reçoit au centuple, c’est vain face à une addiction contre laquelle on lutte, tous les jours et que nous sommes forcés, à cause de situation difficile à vivre, de déployer des trésors de force et de résilience pour ne pas succomber. Autant dire que je me serais volontiers passé de cette discussion de laquelle semble transpirer de vieilles insatisfactions que nous aurions rangés dans un placard qui s’est brisé, subitement, répandant ses cadavres à nos pieds. « A l’usure… putain, mais qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre.» ai-je lancé en posant dans l’évier mon verre vide.
J’ai brusquement quitté mon plan de travail, mur de soutènement à toute ma contrariété. Que faire, à présent ? Micah est à sa sieste. Ma complice m'insupporte de mauvaise foi. Je ne peux pas m’enfuir et tout est passablement rangé. A part fumer une cigarette sur le balcon, je n’ai pas de porte de sortie, si bien que j’en tire une du paquet déposé sur un meuble entre la cuisine et le salon. Dieu que je déteste cet appartement. Je hais la couleur de ses murs et le découpage des volumes. Je n’apprécie que le plaisir de n’avoir qu’une baie vitrée à ouvrir - je ne la referme pas derrière moi - et n’être qu’à deux secondes de celles où j’allume mon briquet et tire sur ma Marlboro. « Ce sont tes seules options. Et arrête de dire que je mélange tout. Arrête ça.» Moi, j’entends : tu es stupide, Amos. Je perçois presque du mépris dans le fond de son timbre lorsqu’elle se défend en supposant que je suis celui qui crée le problème, que je le suis… tout simplement. «Arrête de faire comme si j’étais complètement con.» Jusqu’ici, je maintenais une voix blanche. Elle se teinte d’agacement désormais. Mes mains tremblent de cette rage mal contenue dont Rae n’est pas l’entière responsable. Us et coutumes annihilés n’y changent rien : le seize novembre, je suis à fleur de peau, peut-être incapable de tenir une discussion cohérente. Alors, pourquoi je m’obstine ? Pourquoi ne pas simplement prendre mon épouse dans mes bras et la serrer contre mon cœur ? Pourquoi ne pas lui dire que je comprends et qu'on ne le fera pas cet enfant ? Est-ce parce que je tiens à agrandir notre famille ? Ai-je l’impression que cette bataille est celle qui sauvera le peu d’honneur qu’il me reste ? Je ne détiens pas d’explications cohérentes. Ce que je sais, c’est que j’ai été blessé et qu’à défaut de lever le heaume assez haut pour protéger mon coeur, j’ai dégainé un glaive dont j’ai provisoirement perdu le fourreau. «Qui est-ce que tu respectes assez, Raelyn ? Parce que le Amos qui se dénonce aux flics, c’est pas celui qui convient. Celui qui veut d’un enfant, ce n'est pas le bon non plus. Le père qui est triste parce que sa fille ne le regarde pas, c’est pas ça. Celui qui ne voulait pas de la nounou quand il est rentré de prison pour essayer de se débarrasser de l’impression qu’il a tout rater, ça convenait pas non plus. Celui compare ces deux gamines, ça marche pas. Le mec qui fout rien à la baraque parce qu’il digère mal d’avoir un putain de bracelet au pied, c’est un pauvre type. Quoi ? C’est quoi que tu respectes au juste ? Et c’est à cause de quel type que tu es pas en état de discuter toi ? Est-ce qu’il y a encore un morceau de moi que tu arrives à aimer assez pour te disputer justement ? » Elle se comporte avec moi comme si j’étais l’un de ses subalternes, autrement dit, elle ne dévoile plus rien de ce qu’elle ressent, elle se cache derrière des attitudes que je juge froide - le sont-elles ? Ai-je simplement besoin d’un peu plus ? - pour me dérober le contenu de son coeur, si tant est qu’il soit rempli d’autres émotions que l’amour qu’elle nourrit pour sa fille. « Je veux qu’on me rende ma femme.» ai-je renchéri, bien plus calme en jetant mon mégot par-dessus la rambarde du balcon. «Je veux retrouver celle qui écoutait, qui se laissait si pas convaincre, qui s’amusait de mon entêtement. Je veux pas de cette féminste qui s’imagine qu’elle est méprisée quand son mari suggère qu’il veut un autre enfant. Je veux pas de celle qui s’adresse à moi comme si j’étais son client ou comme si je représentais une menace. Je veux retrouver la femme qui me faisasit assez confiance pour me laisser seul avec gamine aussi longtemps que je l’ai décidé sans avoir un chaperon parce que ce chaperon m’emmerde. Je veux celle qui me reprochait pas d’être ce que je suis et qui n’avait pas peur de se disputer avec moi non plus, parce que ce qu’on avait, ça comptait assez pour qu’elle ait envie de se battre. Je veux retrouver celle qui ne me regardait pas comme si j’étais devenu un objet inutile dans cet appart. Le mec inutile, il avait des choses à te proposer. Le mec inutile, il est peut-être fatigué d’avoir l’impression qu’on lui a coupé les couilles et qu’il n’a plus son mot à dire sur rien. Le mec inutile, il aurait peut-être juste envie de pouvoir dire : “pourquoi tu ne veux pas d’un autre enfant avec moi” sans avoir l’impression d’avoir craché un “va te faire foutre.” Maintenant, si tu veux bien, j’ai des choses à faire.» Rien qui n’était pas supposé être reporté à demain, mais auquel je trouve soudainement un caractère urgent.
| Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION | Amos Taylor
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| Rechercher dans: mémoire du passé Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION Ven 10 Nov 2023 - 20:22 | BONE OF CONTENTION Les jeux de dupe qui consistent à prétendre plutôt que déclarer, les ronds de jambe histoire de ne pas être débouté avant d’avoir formulé la moindre requête, les sous-entendus qui suggèrent sans annoncer pour planter une graine dans un esprit avec l’espoir qu’elle fertilise, ce n’est pas pour moi. Je n’ai ni la patience ni le don pour cet art annexe de la communication. C’est l’atout majeur de mon épouse, ça. Moi, en la matière, je ne suis qu’un apprenant, un apprenti qu’il est facile de piéger. Rae, elle retourne tous mes arguments contre moi. Grandir dans une famille nombreuse avec tout un éventail de frères et/ou de soeurs ? Uniquement utile pour celui qui en ressentirait le besoin et, à ce stade, nous ne pouvons capitaliser sur quelle sera la nécessité de notre enfant. En tant que parents, nous ne serons pas éternels et, somme toute, nous ne serons pas toujours les piliers de l’existence de Micah ? Elle l’admet, mais elle ajoute à la déclaration des réserves presque trop altruistes au regard de son égoïsme latent. Suis-je donc le seul à mal appréhender le jour où Micah se détournera de nous ? D’abord piqué, ma partenaire a fini par m’achever en rendant caduque ma plus efficiente justification. «Non. La garderie, c’était hors de question. Et ça l’est toujours. «Je n’ai pas dit qu’elle avait besoin d’avoir autour d’elle n’importe quel enfant.» Mes efforts sont dévoués à un seul projet : agrandir notre clan. Pourtant, je suis presque forcé de me justifier sur ce que je suis et c’est dérangeant. C’est dérangeant d’ajouter : «Je n’ai pas de problème avec la frustration.» C’est à peine vrai. Parfois, j’arrive à la dompter, mais après avoir épuisé toutes les options pour obtenir mon dû ou mon gain, selon le cas. Aussi, irrité, ai-je mis un terme à mon numéro de naïf qui demande sans en avoir l’air d’y toucher. Je ne leurre personne. Raelyn me connaît trop bien pour ajouter de l’eau à mon moulin. Chacun de ses mots déjoue mon projet. Les miens se transfigurent en vaines tentatives. Je me fais l’impression d’être un nageur avec une crampe qui se débat pour ne pas mourir noyé. Je m’en trouve pathétique si bien que je change mon fusil d’épaule.
Je quitte le rôle du gars partageant le fruit de ses recherches sur l’éducation d’un enfant pour le mari soucieux de comprendre ce qui pousse ma conjointe à refuser tout net jusqu’à l’hypothèse d'avoir un autre enfant. Même en discuter semble proscrit. La preuve étant, l’ambiance s’alourdit d’une trentaine de kilos : dix pour ma frustration, une dizaine de plus pour la mauvaise humeur de ma complice et les derniers à la faveur de mon incompréhension. Qu’ai-je dit, exactement ? En quoi est-ce mal de vouloir démêler des faits afin qu’ils m’échappent moins ? N’est-il pas clair que je n’ai pas digéré ma culpabilité d’hier, parce que je ne me rappelle pas avoir présenté de véritables excuses d’avoir été un futur absent ? Pourquoi ne ressent-elle pas la bienveillance dissimulée derrière la question ? Pourquoi vit-elle cette question comme une agression ? «Quoi ? » ai-je répliqué, perplexe, cherchant un rapport entre ce qu’elle est et mes envies. « Je fais rien du tout.» Rien d’insultant. Selon mon point de vue, néant. Dès lors, quoique je déteste les longues discussions destinées à approfondir d’éventuels désaccords - je ne crains pas les conflits, sauf ceux que je ne maîtrise pas -, je suis prêt à discuter à bâtons rompus. Or, Micah s’y oppose fermement. Certes, elle est venue à bout de son casse-tête. Du reste, je la soupçonne tout de même d’avoir perçu la pesanteur de l’atmosphère. Je l’imagine capable de l’avoir soupesée et compte tenu qu’elle déteste être ailleurs qu’au centre de notre attention, elle s’arrange pour la gagner au détriment de nos mises au point. Elle se moque de ces dernières, notre petite fille. Elle ne saisit ni l’impact ni les enjeux. Tout ce qu’elle veut, c’est recevoir des félicitations et s’entendre répéter ô combien elle est formidable et, moi, qui ne suis qu’un pion qu’elle manipule à sa guise, je suis ébahi. J’entre dans ce jeu après avoir sauté dans la mare à pieds joints. Je la soulève du sol, je l’embrasse, je la conduis même jusqu’à la cuisine qui embaume de mes préparations. Cuisiner à le mérite de me détendre. Dresser la table, bien que j’aime beaucoup moins, a aujourd’hui celui de tromper mes pensées. Plusieurs regards de biais sur ma dulcinée m'indiquent qu’elle est contrariée, qu’elle attend son heure pour bondir et régler le problème qui nous divise. Prendra-t-elle sur elle pour ne pas me sauter à la gorge comme si j’étais coupable d’une grave infraction au code du mariage ? Le fera-t-elle parce que nous sommes un jour de novembre ? La question me travaille durant le repas sans que ça ne m’empêche de donner le change - encore - sur mes peines nées d’antan et toujours actuelles. Je fais mine de ne pas regretter mes burgers. Je masque mon chagrin de sourires pas tout à fait de façades - j’aime ce moment en famille - mais qui n’aurait rien de si éclatant en d’autres circonstances. Il n’y a que cette fierté qui se dégage de moi lorsque je suis confronté aux progrès de mon enfant.
C’est un souvenir que je chéris déjà, un qui à l’avenir amenuira ma douleur, à condition d’y effacer l’amorce de Raelyn. Micah à la sieste, je m’étais attendu à une approche différente, une bien plus tendre que cette remarque aux allures de règlement de compte. «Si je peux.» ai-je rétorqué, veillant à préserver mon calme alors que je sens la nervosité s’agiter au fond de ma tripe. Elle s’ébroue lentement, sûrement. Elle est encore domptable, mais combien de temps ? Pendant combien de temps vais-je réussir à ne pas verser dans le désagréable alors que la situation me semble déjà injuste ? «Si, je peux. Je peux essayer. Je ne peux pas toujours réussir mais rien ne m’empêche d’essayer. C’est ce qu’on appelle un échange. C’est pas ce que tu veux en général ? Échanger ?» Avec, pour but, éviter de garder sur l’estomac l’impression d’être toujours celui qui cède ? « J’essaie jusqu’à ce que tu dises que tu ne le désires pas.» Je suis en mesure de l’entendre, pourquoi doute-t-elle ? Parce que je n’assimilerai pas d’emblée ? « Et après, j’essaie encore pour être sûr et pour comprendre. Et, comme toi, j’ai jamais caché qui j'étais. » Dois-je poursuivre ? Refermer le lave-vaisselle est-il l’allégorie du sort réservé à cette conversation ? Le regard levé à présent relevé vers Rae, je me demande un instant s’il convient de renchérir ou non. J’hésite le temps de me tourner dans sa direction, de m’appuyer contre le plan de travail et, un verre d’eau à la main pour les occuper et ainsi cacher que je suis désormais fébrile, je finis par me lancer: «Et ça, ça va devenir un problème en effet.» Pas tant qu’elle veuille ou non un autre enfant, mais qu’elle m’empêche d’exprimer mes désirs, qu’ils soient réels ou utopiques, de la façon dont je le souhaite. «C’est un problème aussi si toi tu peux décider de quand on discute, de quand on ne discute pas, de ce que je pourrais vouloir et de ce que je ne dois surtout pas faire. Tu ne peux pas décider de ce que je vais dire ou non ou ce que je vais faire ou pas. Je l’accepte pour pleins de choses parce que j’ai plus vraiment le choix. Mais ce dont j’ai envie ou non, tu n’as pas de prise et je peux pas faire semblant que ça n’existe pas parce que c’est plus confortable pour toi. On peut en discuter si tu veux. Maintenant ou jamais, c’est comme tu veux.» Et, pour cause, je ne suis pas le type trop faible qu’il faut ménager à tout prix même si c’est vrai que mes pieds battent la mesure de mon agacement sur le sol, que mes doigts pianotent le plan de travail, que deux autres jouent avec mon alliance parce que j’ai ce sentiment inopportun d’avoir été piégé dans ce que ma fierté m’empêche de dénier toute conversation alors que je ne suis pas en état d’en avoir. Alors, dans ces cas-là, je n’ai qu’une envie : boire. Boire jusqu’à m’endormir pour que demain arrive vite.
| Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION | Amos Taylor
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| Rechercher dans: mémoire du passé Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION Mar 7 Nov 2023 - 23:38 | BONE OF CONTENTION Je ne me fais pas grande illusion sur ce que Raelyn a remarqué mes efforts pour survoler cette journée d’anniversaire, tout funeste soit-il. Je prévois de dépenser toute ma jauge d’énergie pour ne pas dévoiler qu’elle m’est toutefois pénible, qu’elle l’est autant que l’année précédente, voire plus finalement. Pour ne pas être accusé d’être dans la comparaison, je renonce à tous mes rituels. Je discute même si aligner des phrases complètes sans culpabiliser m’est compliqué. Je souris à mon épouse et je joue avec ma fille, ignorant savamment un désagréable pincement au cœur. Combien de fois ai-je inventé des voix aux personnages en peluche de Sofia ? Peu souvent alors que c’est régulier pour sa cadette et si j’admets par logique que les circonstances sont différentes, la sensation d’être meilleur pour l’une que je ne l’aurais été pour l’autre existe bel et bien. C’est affligeant, mais je maintiens sous cloche toutes mes émotions. J’ai conclu un pacte avec moi-même : je pleurerai Sofia demain quand je serai seul. J’irai sur sa tombe lui demander pardon dès que je serai libre. Je me suis promis de me rattraper de n’avoir su l’honorer comme il se doit en ce 16 novembre, dussé-je avalé entier son gâteau préféré le jour dit de sa naissance. Oui, je me rachèterai une conduite dans le plus grand des secrets puisque la tristesse du deuil est assimilée à un manque de distinction de ma part. J’avoue, je l’ai en travers de la gorge quoique je n’en tienne rigueur à mon épouse. Je n’ai pas joué d’hypocrisie tandis qu’elle s’endormait dans mes bras. J’ai embrassé son front avec la douceur de l’homme amoureux et je l’ai porté jusqu’à notre lit pour ensuite l’enlacer plus par besoin que par habitude. Ceci étant, je concède à son manque d’indulgence ce jugement hâtif. C’est ardu d’achever un deuil quand la mort a fauché violemment le fruit de nos entrailles. Mais, est-ce insultant de surprotéger le suivant ? De craindre systématiquement de ne pas être à la hauteur ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. J’ai donc argué que pour dissiper les doutes il convient de remettre le couvert. Je n’etais ni tout à fait sérieux ni totalement l’inverse quand, allongé dans un jacuzzi avec ma dulcinée, j’ai suggéré d’agrandir notre famille.
Dans mon souvenir, Raelyn m’a semblé réfractaire, sauf qu’à défaut de dénier l’information, je me consacre à l’exercice de la faire changer d’avis. Aussi ai-je avancé mes premiers pions avec la discrétion d’une araignée de la taille d’une pièce sur un mur blanc, de l’homoncule raté d’un alchimiste. La subtilité est un mot dont la définition m’échappe puisque mon frère a raison, dans le fond, nous ne sommes que des ânes harnachés comme des chevaux. Ma conjointe m’ayant étudié, en plus d’être dotée de la finesse des brahmanes indiens, doit flairer l’animal de loin. Déjà elle tente, en douceur, de me contredire. «Je n’ai pas oublié Liam, mais tu vois, tu en parles à l’imparfait. Moi, pas.» Je charge la mule de ses évidences : appartenir à une fratrie l’empêchait de s’épanouir. Est-ce que cela veut dire que je suis mieux armé qu’elle pour appréhender le sens du mot famille et le plaisir d’être né “plusieurs” d’une même couche ? Non. Cette question relève moins de l’expérience que du tempérament. Je fais cependant fi de cette vérité à la faveur de ma mauvaise foi. «Et Micah est le centre de l’attention parce qu’on est encore là pour la regarder, mais c’est pas éternel. Comment elle va faire, plus tard ? » Comment s’y prendra-t-elle, ma fille, pour combler cette nécessité d’être un soleil pour les gens qui l’entourent ? Comment réagira-t-elle lorsqu’elle réalisera qu’elle n’est qu’une personne lambda dans un monde grouillant de ses semblables dont certains auront plus d’influence ? Comment gèrera-t-elle son insignifiance puisque c’est ce que nous sommes destinés à “être” et “à devenir” selon nos aspirations ? J’aime la mère de Micah. Je l’adore au point de lui offrir mon coeur. Je lui confierais aussi ma vie sans craindre de mourir. Il n’empêche qu’elle n’est pas Cléopâtre, elle n’a pas changé la face du monde, elle n’a modifié que le court du mien. « Sur le net, il y a des articles de spécialistes qui disent qu’il faut apprendre très tôt aux enfants la frustration.» Auquel cas, il risque de finir comme moi : s'offusquer dès qu’ils reçoivent un non bien que cela dépende davantage de mon caractère que de mon éducation. «Je me dis qu’on ferait pas mal de lui apprendre à partager. Regarde-la.» Observe bien notre merveille qui s'esbaudit lorsqu’elle entend son prénom et que nous lui adressons en retour d’une œillade un éclatant sourire. « Tu sais le syndrome de l’enfant unique, c’est pas une légende.» Cette phrase, je l’ai regrettée aussitôt libérée du rempart de mes lèvres. Certes, je ne prétendrais pas mes intentions toujours dissimulées derrière des parpaings de faux-semblants. Mais, s’il demeurait une chance d’avoir été discret, j’ai de quoi m’en vouloir de m’être moi-même démasqué et je m’en suis mordu l’intérieur de la joue.
Est-il bon de lancer un autre sujet à présent ? De détourner l’attention de mes discours pour la reporter sur une Micah toujours concentrée sur son casse-tête ? Surveiller le feu sous les casseroles m’apparaît comme une excuse plus à propos et, pourtant, je ne me lève pas. Je reste là, à terre, assis en tailleur, surveillant les progrès de ma merveille. La fuite ne serait pas la bienvenue. Jouer aux cons non plus, d’ailleurs. Envisager de ce que le statut de cette journée l’empêchera de me rabrouer est le parfait exemple de mon culot puisque j’ose tout. Je me risque même à plus de franchise. «Tu as détesté à ce point-là ? » Porter la vie, s’ébahir de ressentir un coup de pied de notre bébé à l’intérieur de nous, s’émerveiller de l’intelligence de la nature, s’impatienter de rencontrer celui que l’on a porté, être plus sensible à tout ce qui nous entoure. En bref, tout ce qui différencie réellement l’homme de son pendant féminin, tout ce qui lui est refusé parce qu’il n’est pas assez noble ni assez fort pour porter sur ses épaules le poids de la survie de l’espèce. «C’est à cause de moi ? Parce que j’ai pas toujours fait ce qu’il fallait ?» Au départ de sa grossesse, je n’ai pas réussi à endormir mes peurs et j’ai brillé par mon absence. En garde-t-elle un si mauvais souvenir ? Est-ce que je tombe dans le misérabilisme en me qualifiant de “trouble-fête”, en pensant plus simplement que c’est l’un de ces moments de partage que je suis parvenu à gâcher ? Est-ce que l’envie de “mieux faire” contribue à mon envie ? Est-ce une lubie ? Sera-t-elle qualifié de tel par Raelyn puisque j’ai bien l’intention d’insister dans l’espoir de renouer avec ce bonheur qui m’a étreint et qui semble décidé à me quitter ? «J’étais là pourtant. Pas forcément de façon traditionnelle, mais j’étais là et ce serait différent.» A croire que l’univers conspire à m’avertir que ce n’est pas le bon moment pour en parler puisque Micah a enfin résolu son problème d’enfant. Elle s’est levée d’un bond avec son jouet entre les mains, jouet qu’elle agite sous notre nez. Nul doute qu’elle cherche à recueillir des félicitations que nous distribuons à tour de bras. Je vais jusqu’à la serrer dans mes bras, la soulever du sol et embrasser sa joue maintenant que, les joues nues, elle n’a plus à se plaindre d’inconfort. Elle, elle rit aux éclats. Elle conquit mon coeur de papa et si une part de moi me souffle qu’elle suffit, main dans la main avec sa mère, à ce que je sois pleinement heureux, je ne l’entends pas. Je n’ai pas parlé assez fort.
| Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION | Amos Taylor
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| Rechercher dans: mémoire du passé Sujet: (Amelyn #92) ► BONE OF CONTENTION Lun 6 Nov 2023 - 1:41 | BONE OF CONTENTION Elle est restée, ma complice. Tout à cette fierté parfois déplacée, je ne le lui ai pas demandé ouvertement. Je ne lui ai pas non plus exprimé ma gratitude de m’avoir tenu compagnie pendant que je taillais cette barbe trop négligée et incommodante pour notre petite fille. Mon geste suspendu dans le temps, de ma main pendant mon rasoir, je l’ai détaillée et me suis d’emblée inquiétée pour elle. Est-ce de cette fatigue dont il était question alors qu’elle déclarait, me froissant au passage, que je ne suis pas le seul à souffrir de ma situation ? A quel moment ai-je oublié qu’elle n’apprécie pas plus que moi nos séparations, somme toute rares, mais non pas inexistantes tout au long de notre histoire ? Comment ai-je pu négliger que je ne suis pas le seul à détester m’endormir sans elle ? Des lustres que Morphée se garde de nous lorsque nous sommes séparés. Il n’a plus de compassion que pour notre couple et moi, reprenant mon ouvrage sans plus parvenir à me concentrer - je me suis coupé par deux fois - j’ai essayé d’amener un peu de légèreté à cette fin de soirée. J’ai proposé que nous nous allongions ensemble dans le fauteuil de la terrasse, elle reposant contre moi qui l’entourerais de mes bras. Quoique nous soyons peu sensible au romantisme des films de série, je nous couvrirais tout de même d’une couverture pour nous protéger de la fraîcheur de la nuit. Puis, je l’inviterai à me raconter de quelles couleurs sont peints ses rêves pour “l’après”, l’après cet emprisonnement dans une cage dorée. Qu’espère-t-elle ? Des vacances au bout du monde ? S’imagine-t-elle en Europe ou simplement à Fraser Island parce que cette île est terre de réconciliation ? Envisage-t-elle plutôt des sorties plus anodines, ici, à Brisbane, comme un tour dans un parc d’attraction avec Micah, une plongée sous-marine en tête à tête, des balades en bateau en famille ou un tête à tête dans un restaurant ? Curieux, je boirai ses mots comme l’homme assoiffé du désert à peine retrouvé. Je les enregistrerai pour réaliser chacun de ses vœux dès que l’occasion m’en sera donnée. En attendant de la convier à ses tendres et rassurantes réjouissances, ce qui inclut pour moi d’ignorer mes frustrations, je l’ai serrée dans mes bras, sans crier gare, au milieu de la pièce d’eau, parce que je n’ai pas besoin d’autorisation pour ça. Je n’ai besoin que d’elle, sereine et en bonne santé. J’ai aussi besoin de moi, beaucoup moins idiot et égocentré, quoique je le comprendrai plus tard. Sur l’heure, j’ai tenté de la réparer par bienveillance. Mes vexations, elles, elles m'ont rattrapé durant les quelques jours qui ont suivi à cause de la solitude, de l’omniprésence de Ruth, de l’affection renouvelée de ma petite fille et, le plus désolant, de cette date au calendrier où je prépare normalement des burgers. Normalement, c’est vrai, mais pas cette fois.
J’y ai renoncé parce que je suis soumis à de nouvelles obsessions comme prouver que je ne confonds pas ma première née de la seconde. De tout ce que nous avons échangé, outre cet éreintement qui m’a sauté aux yeux et qui a crucifié mon égoïsme, c’est de loin la constatation qui m’a le plus blessée. Pour cause, elle s’approche de la réalité, sauf que je refuse de l’accepter. Je refuse de me confronter à ce postulat si bien que j’ai consacré mes heures vides à m’inventer des histoires pour me convaincre que Rae se trompe. La première ? Relire toutes ces fois après l’annonce de la grossesse de Raelyn où je me suis discipliné pour accepter que je serais père d’une seconde petite fille. La seconde a consisté à dresser la liste de tout ce qui transforme ma fillette en véritable merveille, toutes ces qualités qui n’appartiennent qu’à elle puisqu’elle est tout bonnement unique. La troisième exigeait de trouver une solution plus pragmatique pour attester de ma bonne foi et ne pas nourrir Micah de steak haché m’a semblé plutôt correct. Correct, mais pas assez. J’ai fait fi de toute ma tristesse. J’ai feins qu’elle n’existait pas quand Raelyn, pour me soutenir sans mot dire - avec le temps, j’ai appris qu’elle ne m’abandonnerait pas et moins encore en ce triste jour - est demeurée à nos côtés toute la journée et non pas uniquement durant la soirée. Bien sûr, je me suis fait violence, mais n’ai-je pas assuré mes arrières en me fabriquant une béquille solide ? N’est-il pas des jours, désormais, que j’entrevois viable l’hypothèse d’un second enfant ? S’il s’agit du fruit de ces nouvelles obsessions citées plus tôt, je me complais dans le déni. Sur l’heure, tandis que l’homme au foyer feignant d’être à l’aise dans ce rôle remplit les assiettes de lasagne - plat à l’opposé du préféré de sa défunte enfant -, je prépare le terrain de ce qui pourrait être une mauvaise idée si je n’avais pas dévoué des jours à me persuader qu’agrandir la famille naît d’un désir nourri depuis de longs mois. Sous quel prétexte ? Je l’ai évoqué sur le ton de la blague. J’ai été contrarié de recevoir un refus, si bien que je l’ai dépourvu de sa caractéristique principale. Aujourd’hui, je n’ai pas jugé bon, par bon sens - il s’est fait la malle - de l’en nourrir à nouveau. Non. J’ai préféré jouer au père et au mari parfait, à des kilomètres de sa vie d’hier, à des lieues de son deuil mal ou pas terminé. J’ai tenu bon la barre de mon rôle même si mes tripes se consument sous le feu du chagrin, sous ce que je traduirai plus comme du désaveu, sous mes efforts considérables pour me mentir. Je n’ai pas atteint ce niveau de conscience et, émerveillé par un temps de jeu avec Micah, j’ai lancé avec une pseudo-subtilité en priant pour que la mémoire de ma complice lui fasse défaut puisque, l’amorce à venir n’était autre que mon argument en son temps : «Tu te sentais seule quand tu étais petite ? J’aurais pas aimé l’être, moi. J’ai aimé avoir des frères.» Micah est concentrée sur un casse-tête destiné aux enfants de son âge. Elle est obstinée, comme ses parents, elle ne nous accordera pas d’attention avant un moment. «Je me suis même ajouté une soeur. Enfin, je l’avais fait, mais elle n’a plus l’air de se sentir concernée par ce qui nous arrive. Je suppose que ce sont les limites de l’amitié.»
| Sujet: ∆ NaNoWriMo 2023 : 30Y edition | Raelyn Blackwell
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| Rechercher dans: les clubs Sujet: ∆ NaNoWriMo 2023 : 30Y edition Mer 1 Nov 2023 - 0:05 | NaNoWriMo 2023
liste des rp Raelyn Blackwell Megan Williams Midas Sterling
total général ≈ 83 133 mots (93 réponses)Raelyn : 56 rps, 44 601 mots. Megan : 16 rps, 14 282 mots. Midas : 21 rps, 24 250 mots. challenge principal : terminé ✓
| Sujet: (raelyn) never learned to raise my hand, was too busy raising hell | Raelyn Blackwell
Réponses: 14 Vues: 15021
| Rechercher dans: tisser des liens Sujet: (raelyn) never learned to raise my hand, was too busy raising hell Ven 29 Avr 2022 - 19:00 | | Sujet: (auden) ho un manuale d'istruzioni dove "distruzioni" è scritto attaccato | Auden Williams
Réponses: 27 Vues: 8346
| Rechercher dans: tisser des liens Sujet: (auden) ho un manuale d'istruzioni dove "distruzioni" è scritto attaccato Sam 20 Fév 2021 - 6:00 | Répertoire des sujets (2/2)décembre 2020 213. repas famille #2 ≈ ginny (#92), damon (#1), savannah (#5), anastasia (#5), cade (#3), saül (#14), elise (#5), giovanni (#1) 221. so i showed up at your party ≈ ezra #6 222. man on the moon ≈ chloe #2 224. kids falling in love ≈ ginny #98 226. another shade of us ≈ ginny #100 228. those days should last ≈ bennett #2 232. we always walked a very thin line ≈ damon #3 233. it's all about being good neighbors ≈ thomas #2
novembre 2020 212. i've read between the lines ≈ damon #2 214. a storm is threatening ≈ ginny #93 216. people should fall in love with their eyes closed ≈ chloe cohen 217. for what it's worth ≈ anastasia #6 218. the things we left unsaid ≈ helena #5 219. raging ≈ giovanni #2 220. ohana means family ≈ caterina medici
octobre 2020 203. l'heure du diable ≈ river shears 207. and there is yours, and there is mine ≈ ginny #88 210. the hurricanes & the earthquakes ≈ ginny #90
septembre 2020 197. these strangers ≈ matt (#7) & bailey (#13) 198. quand le chat n'est pas là ≈ dalina #2 199. l'enfer du décor ≈ dimitri horowitz 200. but with the beast inside, there's nowhere we can hide ≈ rudy gutiérrez 201. and the wind began to howl ≈ marius #3
août 2020 146. i've heard there was a secret chord ≈ ariane #8 148. misguided old mule ≈ simon #2 150. cosmic bites ≈ ginny (#70) & sage calhoun 151. you shake my nerves and you rattle my brain ≈ dalina mora 153. felt the healing in her fingertips ≈ matt #6 154. better than a spa session ≈ anastasia (#2) & ginny (#71) 155. no time to wallow in the mire ≈ théa gilbert 156. where's the truth in the written word if no one reads it ≈ brianna watkins 160. calling home ≈ margot dubois 161. there were voices down the corridor ≈ ellie epstein 162. hold back the river ≈ ginny (#73) & bailey (#8) 164. shortline ≈ ginny #74 174. kindly unspoken ≈ bailey #11 175. grosse frayeur ≈ jax collins 176. pourquoi je fais ça déjà ≈ ludmila rappaz 177. oops i did it again ≈ noa jacobs #2 178. acting like grown-ups ≈ elise #4 183. lost in translation ≈ ginny #80 184. all i see ≈ ginny (#81), bailey (#12) & jill (#11) 185. nightrain ≈ dylane #7 188. give and take ≈ anastasia #3 & saül #13 189. timey wimey stuff ≈ noa #3 193. an ocean of violets in bloom ≈ violet burton 195. i've a heart of gold in the smallest size ≈ novella bettinelli 196. lo sai che ci sono anch'io ≈ anastasia #4
juillet 2020 136. a miserable affair ≈ clyde wakefield 139. oh the vision i had could not compare ≈ ginny #64 141. panem et circenses ≈ ginny (#67), elise (#3), saül (#9), cosimo (#2), savannah (#5), cade (#2) & ana (#1)
juin 2020 134. family portrait ≈ jack (#2) & saül (#8)
mai 2020 96. the sweet escape ≈ jordan fisher 97. dancing on broken glass ≈ willow myers 98. when icarus fell ≈ noah d'aremberg 99. just like a moth drawn to a flame ≈ loris baumann 105. together we're alone ≈ heïana (#1) & ginny (#47) 106. don't bleed on my floor ≈ ezra #3 107. le parrainage vert [event] ≈ ginny #48 108. exposition wrighlin ≈ grace (#2), lola (#6) & ginny (#49) 109. smoke on the water ≈ may glitters #3 110. in the jungle you must wait ≈ ginny #50 111. 'til the dice read five or eight ≈ saül #6 112. drapeau blanc ≈ ginny (#51) & lola (#7) 113. i can poison the skies ≈ leo barton 116. silhouettes dancing till the curtains drop ≈ harley cole 118. an outspoken soliloquy of dreams ≈ ginny #53 120. if you need me i'll be in space ≈ mia mckullan 121. as you walk to the toll of the bell ≈ simon adams 122. poi sei arrivato tu e tutto si è fermato ≈ ginny #55 123. hand over hand ≈ saül (#7) & ariane (#7) 124. it wasn't me ≈ itziar #2 127. i'm not breaking down i'm breaking out ≈ ginny #58 128. we're running with blood on our knees ≈ ginny #59 129. reason to paint ≈ cosimo williams #1 130. le parrainage vert ≈ ginny (#60), helena (#2) & heïana (#2) 131. like chess moves, you the queen, i'm protectin' you ≈ helena #3
avril 2020 84. oh hi mark ≈ matt mcgrath #5 85. les jeux ≈ lola (#5), jill (#10), grace (#1) & ginny (#39) 86. like a living stone ≈ ginny mcgrath #41 87. damnatio memoriae ≈ ginny mcgrath #42 89. get it over ≈ halsey blackwell 91. blackbird singing in the dead of night ≈ ginny mcgrath #44 92. bitter are the wars between brothers ≈ saül williams #3 93. à trois mesures ≈ ginny (#45) & sebastian
mars 2020 62. hearts that break the night ≈ ginny (#19) & jill (#6) 64. time like this ≈ ginny mcgrath #21 65. rivers running ≈ ginny (#22) & yelahiah 66. joyeux anniversaire ginny ≈ ginny (#24), amis & famille mcgrath 67. fix things up ≈ ginny (#25), jill (#7) & bailey (#3) 68. oh lying in secret to myself ≈ léo (#9), ginny (#36) & yelahiah (#2) 70. i'll meet you in the underground ≈ ginny mcgrath #27 72. all the colors ≈ ginny (#28), jill (#8), lola (#4) 73. two worlds ≈ ginny (#30), jill (#9), bailey (#4) 74. see how deep the bullet lies ≈ ginny mcgrath #31 75. the hand that calls you forward ≈ ginny mcgrath #32 77. i'm fallin' again ≈ ginny (#34) & bailey (#5) 78. the planet of nerver-ending dreams ≈ elise williams 79. we live through scars this time ≈ bailey fitzgerald #6 80. i've got a thousand butterflies ≈ ginny mcgrath #35 82. make the rules up on my own ≈ ginny (#38), matt (#4) & lily 83. the world's a little blurry ≈ ginny mcgrath #40
février 2020 56. whellcome ≈ matt (#3), jill (#5), ginny (#16) & lola (#2) 57. as long as ≈ ginny (#17) & lola (#3) 59. in nomine patris et filliii ≈ daniel williams (#1) 60. mariage avec robin-hope ≈ robin-hope (#3), ginny (#17) 61. it's a quiet and starry place ≈ ginny mcgrath #18
janvier 2020 45. sarcasm isn't an attitude ≈ clément (#1) & ginny (#23) 47. golden fingers ≈ sinead ells 48. brotherhood ≈ saül williams #1 51. you tell me ≈ léo ivywreath #8 142. somewhere between the ceiling and the wall ≈ ginny #68 158. what we wrote ≈ ginny #72 179. born to run ≈ ginny #76
décembre 2019 37. how much of you is real (...) ≈ ginny (#11) & léo (#7) 38. we'll get nostalgic for disaster ≈ rosalie lovegood #2 40. bending dreams ≈ léo ivywreath #6 42. and then there were none ≈ bailey (#2), jillian (#4) & ginny (#12) 43. blew in from the storm you lost your way ≈ ginny (#13) & isaac (#4) 44. christmapocalypse ≈ everyone 46. not on my watch, old man ≈ clément (#2) & allan (#3) 49. every night is like a daze ≈ ginny mcgrath #14 50. l'éléphant dans la pièce ≈ lola wright #1 58. and if i had to crawl ≈ savannah williams (#3)
novembre 2019 25. put on your war paint ≈ allan winchester #2 30. mariés au premier regard (casting) ≈ may glitters #1 31. and then it went all black ≈ jack (#1), isaac (#3), léo (#5) 32. on trees and birds and fire ≈ ginny (#8), isaac (#2) & robin-hope (#2) 35. breaking not so bad ≈ andy rivera #2 54. i went to hell last night ≈ jeremiah & ariane (#6)
octobre 2019 24. happy moment ≈ savannah williams #1 26. can't help thinkin' that i love it still ≈ léo ivywreath #3 29. young as the morning, old as the sea ≈ jillian mcgrath (#3), ariane parker (#5), bailey fitzgerald (#1), ginny mcgrath (#7), isaac jensen (#1), matt mcgrath (#1), allie oakheart (#1), levi mcgrath (#3) 34. got nothing left (...) ≈ ginny mcgrath #10 - novembre 2019. 157. no time for losers ≈ noa jacobs #1
septembre 2019 18. everytime the sun comes up ≈ jillian (#2), ariane (#3) & levi (#2) 19. maybe i just want to bother you ≈ archibald ford 20. la plus belle femme de brisbane ≈ allan winchester 21. are you drinking tonight ≈ asher (#1), kane (#1) & ariane (#4)
août 2019 17. le passé (...) ≈ lukà (#2), jillian (#1), ariane (#2) & levi (#1)
juillet 2019 12. how cold the tear can feel (...) ≈ terrence oliver & ginny mcgrath (#5) 14. sans toi (...) ≈ thomas owens-beauregard 15. i flew up to your arms ≈ léo ivywreath #2 16. the artist ... or almost ≈ lukà petterson (#1) & ginny mcgrath (#4)
juin 2019 1. calls for an alarm ≈ ginny mcgrath #1 4. n'étudiez le beau qu'à genoux ≈ léo ivywreath #1 5. comme dirait JFK, faut pas se laisser abattre ≈ sid bauer 6. new beginning ≈ itziar cortes de aguilar #1 8. go to heaven for the climate and hell for the company ≈ harvey hartwell 9. pizza !! pizza ? pas pizza ≈ joseph keegan & raelyn blackwell (#3) 10. even when (...) ≈ ginny mcgrath (#2) & raelyn blackwell (#4) 11. papa-paparazzi ≈ andy rivera & itziar cortes de aguilar (#2)
décembre 2018 182. ho preso appunti per tutte le volte ≈ ginny #79 187. wasted acres ≈ ginny #83
2018 209. it's just a light ≈ ginny (#89), olivia (#1) & jacob (#2) 215. night in bloom ≈ ginny #94 223. forget the dream away ≈ ginny #97
mars 2018 3. darklands ≈ ariane parker #1
2017 33. i heard she was asking (...) ≈ ginny mcgrath #9
2016 7. rebels and mutineers running wild and running free ≈ raelyn blackwell #2 55. ukiyo ≈ ginny mcgrath #15 125. our lives get painted in scars ≈ ginny #56 190. keep me in a daydream ≈ jesse gibson #1 227. speed of dark ≈ ginny #101 & bennett 235. things were all good yesterday ≈ ginny #103 330. the mists had all solemnly risen now ≈ cristina weatherton
2015 22. we have nothing to lose (...) ≈ rosalie lovegood #1 173. non believer ≈ bailey #9 186. pretend the world has ended ≈ ginny #82
2013 117. les histoires d'amour finissent mal ≈ helena horowitz
2012 145. when the evening falls ≈ helena #4 240. far-close ≈ bennett #3
2010 28. i'm sure i'll find it ≈ ginny mcgrath #6 114. you shot and leavin' me raw ≈ alec strange 137. built on glass ≈ ginny #63 138. nothing nowhere ≈ ginny #65 143. between the lines ≈ ginny (#69), jill (#11) & pete 147. use your hands and my spare time ≈ bailey #7 173. stay awake with me ≈ bailey #10
2009 53. let hop burn in your eyes ≈ ezra beauregard #1 70. quiet and alone ≈ ginny (#26) & jillian (#8)
2008 41. it's darkest hour before dawn ≈ matt mcgrath #2 88. watching from afar ≈ ginny mcgrath #43 95. i've seen the world, done it all ≈ marius #2 115. locking up the sun ≈ ginny #52 119. they hear the beat but they don't know the words ≈ ginny #54 135. come down from the clouds ≈ ginny #62 140. i will try to fix you ≈ ginny #66 149. kiss and not tell ≈ ginny (#69), jill (#12) & liam (#2)
2007 71. ocean eyes ≈ ginny (#29) & saül (#4) 76. apri la porta e raccogli il mio cuore ≈ ginny mcgrath #33 100. needle and the thread ≈ ginny #46 165. paint it red ≈ ginny (#75) & raphael 181. ci saranno lividi di cui andare fiero ≈ ginny #78 211. flying to the moon ≈ ginny #91 225. my mind filled in the blanks ≈ ginny #99
2006 63. above these troubled waters ≈ ginny mcgrath #20 81. here comes the fall ≈ ginny mcgrath #37 126. don't stop me ≈ ginny (#57) & liam taylor 133. while you are young ≈ ginny #61
2005 2. draw me like one of your french girls ≈ raelyn blackwell #1 36. i'm not afraid of burning bridges ≈ marius warren #1 192. hope and expectations ≈ elizabeth warren
2003 104. marche ou rêve ≈ jacob copeland
2000 23. i don't give a damn about my bad reputation ≈ robin-hope berry 101. i let my guard down and then you pulled the rug ≈ elise #2
1999 271. young and innocent ≈ eliana ferragni #1
1998 52. i bet my life ≈ saül williams #2 103. high as a kite ≈ saül #5 144. take me to church ≈ saül #10 180. il cuore consumato ≈ ginny #77
1997 102. paradise syndrome ≈ bella williams
1989 163. freakin' out the interstate ≈ saül #12
autres dimensions 90. what comes after ≈ raelyn blackwell #4 - zombies 166. warzone ≈ dylane bradford #1 - zombies 167. die die you zombie bastard ≈ dylane bradford #2 - zombies 168. aboard the mission ≈ dylane bradford #3 - zombies 169. youngblood ≈ dylane bradford #4 - zombies 172. in that latticework ≈ jamie keynes - fantômes 191. zombieee ≈ dylane #8 - zombies 202. première plaie d'égypte ≈ ginny #84 - momie 204. seconde plaie d'égypte ≈ ginny #85 - momie 205. troisième plaie d'égypte ≈ ginny #86 - momie 206. cinquième plaie d'égypte ≈ ginny (#87), saül (#14) & ariane (#9) - momie 264. shadow specters ≈ james #2 - slasher 267. i don't like your little games ≈ damon #8
univers alternatifs 13. won't let you go ≈ ginny mcgrath #3 - juillet 2019. 27. i'd give up a hundred thousand loves (...) ≈ léo ivywreath #4 - 2023 94. hit me baby one more time ≈ ezra (#2) &co - 2009 152. heaven is a place on earth with you ≈ ezra #4 159. what we had ≈ saül #11 170. you're yesterday's child to me ≈ dylane #5 171. le léopard te va si bien ≈ dylane #6 192. stalkage ≈ dylane #9 194. la solitude fait des ravages ≈ noa #4 208. souviens toi que je t'aime ≈ ezra #5 292. scooby-doo bidou, where are you ? ≈ ezra #11 302. vivian #2 (bunyip) 334. olive (gothique) 335. siham (gothique) 336. james #14 (gothique) 337. ruben (slasher) 338. ruben #2 (slasher) 354. james #19 (fantômes) 360. james #23 (fantômes) | | |
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