Bryan resta allongé au sol, tentant difficilement de reprendre sa respiration. « C’était… » commença-t-il en cherchant ses mots. « intense ? » rit-il doucement. Il n’était pas sûr que ce soit l’adjectif le plus approprié, mais c’était le seul qui lui était passé par l’esprit. Il tourna la tête vers Ida qui – calée contre lui – essayait elle aussi de se remettre de ses émotions. Étrangement, il ne voulait pas s’éloigner d’elle. Au contraire, il apprécia même quand elle commença à jouer avec une mèche de ses cheveux. Il reporta son attention sur le plafond, se concentrant sur le bruit de leurs respirations. Du bout des doigts, il caressait délicatement l’épaule de son amante… ce qui était plutôt étonnant, venant de lui. Silencieux, son cerveau n’était pas inactif. Des pensées arrivaient dans tous les sens, il avait du mal à les trier. Que venait-il de se passer ? Il n’en était pas sûr. Il ne savait pas non plus de quoi serait fait le futur. Allaient-ils se revoir ? Recommencer ? Ou allait-elle regretter et ne plus jamais lui adresser la parole ? Il ne pouvait pas prévoir comment elle allait se comporter, lui-même ne savait pas quoi en penser. Mais au fond, il n’avait pas envie d’en rester là. C’était curieux comme sensation, mais il avait presque besoin d’elle. Il frissonna quand son doigt traça un chemin sur son torse, vagabondant entre ses tatouages. « Gang de motards ? » Sa question le surprit. Il baissa les yeux pour voir de quoi il parlait. Puis il les tourna vers elle et comprit qu’elle savait de quoi elle parlait, ce n’était pas une question innocente. Alors il n’eut pas besoin de répondre à voix haute, puisqu’elle connaissait déjà la réponse. C’était plutôt à lui, de demander pourquoi elle était familière avec ça. Mais il ne le fit pas, réservant cette question pour une possible autre fois. Se contentant de penser que Ida était décidément une femme pleine de surprises. Finalement, elle fut la première à s’éloigner de lui pour commencer à se rhabiller. Il répondit avec plaisir au baiser qu’elle lui donna, avant de se redresser à son tour pour s’habiller. Il attrapa son jeans et son boxer qui avaient finis par valdinguer au court de leur partie de jambes en l’air et les enfila. Le silence régnait mais il n’était pas pesant, chacun était dans ses pensées et attendait de voir ce que l’autre allait dire. C’était une situation assez particulière, Ida était mariée depuis des années et Bryan n’avait encore jamais été avec une femme ayant des enfants. Il resta torse nu un moment, cherchant son t-shirt qui avait glissé sous une chaise. « On se reverra ? » osa-t-il finalement. Ce n’était pas son genre de jouer les timides, il n’allait pas commencer aujourd’hui. Et puis, après ce qu’il venait de se passer, Ida ne pouvait pas faire comme s’il la laissait indifférente. « Après tout, j’habite juste en face. J’pourrai toujours venir te donner un coup de main, pour monter un meuble, regarder la voiture, réparer un truc… » Il enfila son t-shirt puis se tourna vers elle. « … ou autre chose. » glissa-t-il à son oreille après s’être penché vers elle. Il ne regrettait absolument pas d’avoir craqué. C’est à ce moment qu’ils furent interrompus par des pleurs venant de l’étage. La petite était finalement réveillée, mais elle avait attendu le bon moment pour ne pas les déranger. « Je pense que j’vais y aller, j’ai des travaux à finir. » C’était ce qu’il faisait avant de venir la voir. Même si elle l’avait invité à dîner, il n’était plus sûr que ce soit raisonnable désormais. Après ce qu’ils venaient de faire, l’ambiance serait trop bizarre. Il était préférable qu’il la laisse seule, qu’elle puisse y repenser et mettre de l’ordre dans ses idées. « A bientôt. » dit-il quand même, en pressant une dernière fois ses lèvres contre celles d’Ida.
Intense était le mot. J’avais eu du mal à reprendre un souffle normal, c’était comme courir au Marathon sans s’y être préparé. Si je n’avais pas d’enfants, nous aurions pu continuer, encore et encore jusqu’à épuisement. J’avais eu du mal à quitter ses bras. Il n’avait pas répondu à ma question, mais je n’insistais pas. J’en saurais plus la prochaine fois. Ma mère avait un faible pour les petites brutes, elle n’avait pas fréquenté que Kyte dans la meute. Il y’avait eu David, Kenzo et Jack qu’on appelait Coco dans le coin. Tous avait pour passion commune de passer la journée sur le Harley en trafiquant dans le coin. Elle en était fan et souvent je m’inquiétais pour elle. Ses choix n’avaient rien de bons. Certains la battait et d’autre lui refilait de la coke en échange d’une petite pipe, voire plus. Je m’étais jurée de ne jamais finir comme elle et je me retrouvais dans les bras d’un de ces semblables. Pourtant Bryan n’avait rien de méchant, ni de dangereux. Son physique était certes imposant, il n’avait pas le sourire facile, mais je n’avais pas peur de lui. Au contraire, j’étais attirée par ce mystérieux beau blond. Je me sentais bien à ses côtés et j’aimais la façon dont il me dévorait des yeux. Il n’étais pas communicatif mais ses gestes étaient trop tendre pour une brut. Je m’étais donnée à lui, sans réellement le connaitre mais parce qu’il dégageait quelque chose qui me rassurait.
Je fus la première a attrapé son t-shirt, que je lui lançais. Je ne répondis pas à sa question à mon tour, me contentant de lui offrir un large sourire. Bien évidemment que je voulais le revoir. Nous ne pouvions pas nous arrêter en si bon chemin. Je mouillais à l’idée qu’il puisse y avoir une prochaine fois et dans le fond j’étais heureuse de savoir que cette petite partie de jambe en l’air ne l’avait pas laissé indifférent. J’avais également enfilé mon t-shirt, abandonnant l’idée d’enfiler mon soutien gorge en premier. Au mieux, Thomas devinerait que je n’en portes pas. Ce n’était pas comme si mon ex-mari pouvait encore être attiré par moi. Il connaissait tout de mon corps mais préférait bander sur celui de Myrddin. J’en étais très vexée d’ailleurs. Je n’avais rien vu venir, ne remarquant même plus que nous ne faisions plus rien au lit. J’avais pensé que c’était à cause de l’accouchement, et que mon mari pourrait ensuite me retoucher. Mais rien. Jusqu’au jour où j’appris qu’il préférait aller voir ailleurs.
Je rougis d’excitation lorsque le souffle de Bryan caressa mes oreilles. Décidément, cet homme me faisait beaucoup d’effet. J’avais vraiment l’air d’une gamine en ne contrôlant pas mes émotions. J’acquis d’un signe de tête ce qu’il venait de sursurrer. Je ne voulais pas qu’il parte, je voulais qu’il reste encore un peu. Je voulais faire durer encore ce moment, mais Clara s’était mise à pleurer à l’étage. « Volontier. » lui dis-je d’un français moyennement maitrisé, alors qu’il s’apprêtait à partir. Dieu sait s’il a compris. Il avait collé ses lèvres aux miennes, j’avais savouré ce dernier baiser, ne sachant pas si c’était le dernier de la soirée ou si je n’allais plus jamais re-goûter à ses lèvres. Je l’accompagnais jusqu’à la porte, malgré les pleurs de Clara : « Passe quand tu veux. » lui dis-je me permettant même de lui mettre une petite tape aux fesses pour ne pas avoir l’air trop sérieuse. Toutefois j’espérais qu’il comprenne de lui même que je voulais le revoir, que je voulais apprendre à le connaitre aussi.
Clara s’était arrêté de pleurer au moment même où j’avais refermé la porte derrière Bryan. Elle essayait d’escalader les barreaux de son lit sans trop de succès. Depuis qu’elle avait commencé à apprendre à se tenir debout, elle essayait de jouer les intrépides. Et vu l’odeur qui régnait dans la pièce, je compris que la cause de ce petit boucan était sa couche. Je détestais la changer, lorsque Thomas était encore à la maison, on se relayait cette corvée. Je m’y collais une nouvelle fois, bouchant mon nez en évitant d’inhaler l’odeur de la soupe au carotte digérée. Pourtant, j’étais plus sereine, et même plus motivée à la tache. Je pensais à Bryan, Bryan, Bryaaan. J’avais une centaine de question en tête qui se bousculait, je me demandais si j’allais le revoir, s’il avait apprécié ma compagnie. Je ne m’étais pas sentie aussi bien depuis des mois et des mois. Ma journée s’était achevée d’une manière inattendue. J’avais fais l’amour avec un autre homme que Thomas et je me sentais libérée, heureuse et épanouie. Lorsqu’une dizaine de minutes plus tard on sonna à la porte, je crus que c’était Bryan, qui avait oublié quelque chose. Je dévalais les escaliers à une vitesse monstre. Que fût ma tête en voyant Thomas. Je récupérais mon bout de chou, saluant de loin son père et adressant un regard à la maison voisine. Bryan me manquait déjà.
Please calm my heart and take away my anxiety (Bryda)
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