Cette retraite à l'hôtel ? Ce petit week-end ? Casey n'irait pas jusqu'à dire que c'était la plus grosse erreur de sa vie. Mais il y avait quelque chose à laquelle elle ne s'était pas attendue. C'était de croiser Noah. Pour une surprise, c'était une sacrée surprise. Elle avait discuté quelque peu avec Pryam. Avec les autres qu'elle connaissait. Et elle ne pouvait pas faire exprès d'ignorer Noah. Quand bien même elle était fâchée contre lui, quand bien même elle lui en voulait d'être partie sans rien dire, de les avoir abandonnés son fils et elle, Casey ne pouvait pas lui en vouloir éternellement. Viendrait le jour où elle devrait le pardonner. Où elle devrait tourner la page. Et c'était peut-être aujourd'hui. Peut-être qu'elle devait aller le voir. Peut-être qu'elle devait aller discuter de tout cela ensemble. Ils devaient en parler à nouveau. Pour sûr. Et puis, c'était pas plus mal qu'elle essaie d'arranger les choses avec lui. Elle n'avait rien à se pardonner. C'était pas elle qui était partie à l'autre bout de la terre, façon de parler, pour les éviter.
Une main dans ses cheveux, Casey avait poussé un soupir. Elle ne savait pas quoi faire. Devait-elle aller toquer à cette maudite porte ? Devait-elle le déranger ? Et tenter de voir s'ils pouvaient reprendre une vie normale sans se disputer ? Si elle le faisait, c'était pour son fils. Parce qu'il voulait connaître son père. La blonde ne lui avait pas parlé de sa rencontre à l'hôpital. De peur de lui donner de faux espoirs. Surtout qu'elle ne savait pas s'ils allaient se revoir après cela. Elle devait faire des efforts. Pour Lewis. C'était pas facile. Elle allait sûrement s'en mordre les doigts. Il y aurait certainement des hauts et des bas, des discussions animées, d'autres plus calmes. Mais ils devaient en passer par là. C'était pas comme si elle s'en foutait. Si c'était le cas, nul doute qu'elle s'en ficherait comme de l'an quarante et que ça ne l'atteindrait pas de cette manière. Mais là, oui, il se passait encore quelque chose en elle quand elle pensait à Noah. Ca l'avait perturbée. Et ça continuerait, sans doute.
"Allez ma grande ... Tu vas pas restez cent sept ans devant cette porte." Ouais. Et puis, dans un élan, animée par un entrain, la blonde avait fini par toquer contre la porte. Tout de suite, ou presque, elle le regretta. Elle n'était plus si sûre que cela qu'elle prenait la bonne décision. Mais peut-être ... Oh, elle allait laisser faire les choses. S'il n'était pas là, c'était un signe du destin qu'il fallait sans doute retarder le plus possible ce nouvel affrontement. S'il était là, c'était le signe qu'elle devait essayer de discuter avec lui de tout cela. Et de tenter ... d'arranger les choses. Pas facile. Mais elle tenterait.
Voilà quelques heures que j’étais là, dans cette espèce de réunions des alcooliques anonymes mais pour les gens qui ont le cœur brisé. Qu’est-ce que je foutais là ? Sérieusement ? C’est à cause de mon frère si je suis ici. Il m’a forcé à y aller, soi-disant que ça me ferait le plus grand bien et que j’en avais besoin. Pourquoi ? Parce que ma vie sentimentale est chaotique ? Parce que depuis que j’ai quitté Casey, je n’arrive plus à rien dans ma vie privée ? Peut-être. Mais à la base, je n’étais pas vraiment chaud pour y aller. Mais mon frère est un malin, il a réussi à me vendre le truc, ses arguments étaient même pas mal.
J’avais donc passé la journée à trainer par-ci par-là, à rencontrer des gens qui étaient plus ou moins dans le même cas que moi. Et je l’avais vue, elle. Ici. Je l’avais aperçue de temps en temps, comment j’aurais pu ne pas la voir ? Je la reconnaitrais entre mille, et puis, elle a toujours son fauteuil. La dernière fois qu’on s’est vu, c’était à l’hôpital. Ça ne s’était pas trop mal passé, enfin, je pense. On n’en est pas venu aux mains donc tout va bien. Pendant longtemps, j’avais imaginé ces retrouvailles. De plusieurs manières différentes. Et finalement, on s’aperçoit que la réalité n’a strictement rien à voir avec ce qu’on s’imagine.
Toujours est-il que je n’étais pas allé la déranger. A chaque fois que je la voyais de loin, elle discutait avec quelqu’un alors je ne voulais pas imposer ma présence et gâcher sa discussion. J’ai limite gâché sa vie, c’est suffisant. Alors, la journée avait passé. J’avais discuté à droite à gauche, j’avais même mangé des trucs bien sympas, des biscuits délicieux, des petits fours succulents, même les boissons sans alcool étaient pas mal. Mais bon, je n’avais pas le cœur à rire tout le long de la soirée, alors j’avais fini par regagner ma chambre, pour m’allonger sur mon lit, le regard rivé sur le plafond et des pensées plein la tête. J’ai vécu pendant 9 ans, sans avoir la moindre nouvelles, et maintenant que je l’ai revue, ça me fait drôle. Pas dans le sens négatif du terme, mais c’est assez étrange comme sensation. Cette femme ne m’a jamais laissé indifférent et des années après, c’est toujours le cas…
Mais alors que je me perdais dans mes réflexions, j’entendis qu’on toquait à ma porte. Je n’attends personne pourtant. Peut-être le service d’étage ou ce genre de chose ? Je me levais et me dirigeais vers la porte de ma chambre pour l’ouvrir. Et qu’elle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris Casey derrière, alors que je pensais justement à elle. Quelle coïncidence. « Salut. » Est-ce qu’elle est venue pour terminer notre conversation de la dernière fois ? Ou, est-ce qu’elle a besoin de quelque chose ? Mais dans tous les cas, je n’allais pas la laisser dans le couloir. Alors j’ouvrais la porte en grand en me poussant du passage. « Rentre, si tu veux. Ne reste pas dans le couloir. » J’attendais qu’elle entre pour refermer la porte derrière elle. « Tu veux quelque chose ? » Elle a peut-être besoin d’un truc ? Oui, mais quoi ? J’en sais rien.
Dernière édition par Noah Redfield le Ven 3 Avr 2015 - 23:51, édité 1 fois
Elle était prête ... Prête à faire demi-tour. Prête à retourner aux étages inférieures. A manger quelques petites choses agréables. A boire du jus de fruit pour profiter de la bonne vitamine que la boisson pouvait contenir. A discuter avec d'autres. Mais là, pour le coup, elle ne savait plus si c'était une bonne idée. Peut-être qu'elle ferait mieux de partir. Elle se pinça les lèvres. Casey était prête à le faire. A poser ses deux mains sur son fauteuil, enfin, plutôt sur les roues, afin de faire demi-tour. Et s'éloigner le plus rapidement possible de cette porte. Son coeur battait la chamade. Elle qui était si sûre d'elle il y avait de cela quelques minutes ... Elle avait l'impression d'être ... comment dire ... comme une adolescente à son premier rencard. Sans doute qu'elle se mettait trop de pression sur les épaules. Sans doute qu'il fallait qu'elle prenne cela d'une autre manière. Qu'elle soit plus détendue. Mais elle n'y arrivait pas. Le stress de la situation. Le stress de tout faire capoter. Le stress qu'il s'éloigne d'elle encore, à nouveau. Qu'il décide qu'il n'avait plus rien à faire avec elle. Peut-être ... Peut-être qu'elle avait envie de voir ... si quelque chose pouvait être construit entre eux, à nouveau. Longtemps, avant sa rencontre avec Spencer, elle avait pensé que les choses auraient pu s'arranger. Qu'ils auraient pu reformer ce couple. Et puis, il y avait eu Spencer. Elle avait oublié. Elle avait oublié oh combien elle avait pu être attachée à Noah. Elle avait oublié qu'elle tenait beaucoup à lui. Il n'était pas sa première relation très sérieuse. Mais il avait compté. Bien plus que les autres. Et elle voulait retrouver cela. Cette complicité. Cette proximité. Et voir ce qui pourrait se passer ensuite.
Prenant son courage à deux mains, elle avait fini par toquer à la porte. Et d'un seul coup, l'envie de partir, là, à nouveau. De fuir. De le fuir. Elle voulait ... Elle voulait voir si elle pouvait arranger les choses. Mais en même temps, elle ne voulait pas le faire. C'était compliqué dans sa tête. Trop. Avant qu'elle ait eu le temps de faire quoi que ce soit, la porte avait fini par s'ouvrir. "Salut." lui avait-elle répondu en retour. Ouais, c'était pas top. Oui, elle aurait pu répondre d'une autre manière. Mais bon. Il ouvrit grand la porte. Il la laissait rentrer. Si elle le voulait bien. Chose qu'elle fit, finalement. Si elle était là, c'était pour une raison. Et elle n'allait pas se défiler. "Merci." C'était la moindre des politesses. Mains sur son fauteuil, elle avait fini par rentrer. Noah en avait profité pour fermer derrière elle, tout en lui demandant ce qu'elle voulait. "On n'a pas terminé ... la discussion de la dernière fois." Elle passa sa main dans ses cheveux. "On a ... parlé de moi ... De tes raisons de pourquoi t'es parti ... Mais on n'a pas eu le temps de finir." La faute à ce coup de téléphone. En même temps, c'était mieux ainsi. Qu'il décroche pour s'éloigner d'elle avant que ça n'aille trop loin et qu'ils en vienne à dire des choses qu'ils ne pensaient pas.
"J'ai hésité ... Longtemps." Elle délaissa ses cheveux durant quelques instants. "J'étais pas certaine de vouloir savoir. Ou de prolonger cette discussion. Mais on ne peut pas non plus s'ignorer toute la vie." Elle aurait aimé. Ca aurait été tellement facile de ne pas faire attention à lui. De ne pas lui parler. De ne pas savoir qu'il était en ville. Mais il était là. Elle aurait fini par le recroiser. A un moment ou à un autre. Peut-être qu'elle aurait été en compagnie de son fils. Et qu'il lui aurait posé quelques questions sur cet individu. Alors, voilà pourquoi elle avait pensé que reprendre le contact, quand bien même elle n'en avait pas spécialement envie, avec lui était la meilleure des choses à faire. "T'es là. J'suis là. Donc voilà."
Je l’avais vue à plusieurs reprises pendant la journée. D’une certaine manière, je n’étais pas vraiment étonné de la voir ici, d’après ce que j’avais compris et en supposant que ce soit vrai, elle avait perdu son mari. Je n’avais pas eu confirmation de ça, mais je supposais qu’il était mort, vu qu’elle n’avait pas voulu en parler et qu’il se trouvait dans la voiture avec elle pendant l’accident. Donc la voir ici n’avait rien de surprenant, elle avait dû souffrir de la perte de son mari. Et puis, elle avait été occupée à chaque fois que je l’avais aperçue, alors je n’avais pas voulu aller la déranger en allant lui parler. Elle n’avait peut-être plus envie de me voir après tout. Ça ne serait pas étonnant après ce que je lui ai fait.
Mais il semblerait que je me sois trompé. Parce qu’elle était venue frapper à ma porte. Si elle était là, sur le pas de la porte de ma chambre d’hôtel, c’est qu’elle voulait qu’on discute non ? Quoi d’autre ? J’étais assez étonnant qu’elle se soit décidée à venir me parler. Mais content quand même. Je ne saurais pas dire si je l’aime encore, mais rien que la voir me donne des papillons dans le ventre. Elle me fait toujours un certain effet. Je sais que je pense souvent à elle et que je regrette mon geste. Mais de là à dire que c’est de l’amour que je ressens toujours pour elle après toutes ces années ? Je ne saurais le dire. Quoiqu’il en soit, elle est différente de toutes les autres femmes pour moi, c’est indéniable.
On s’était salué et je l’avais laissée entrer. On n’allait pas discuter dans le couloir. Je refermais la porte derrière elle et fis quelques pas pour me positionner dans son champ de vision. Comme je m’en étais douté, elle voulait poursuivre la conversation que mon coup de téléphone avait interrompue. Je suppose que le moment est opportun. On a l’air tous les deux calmes, l’effet de surprise est passé, la discussion sera donc moins houleuse, je pense. « Ouais, désolé, c’était mon boulot. Je devais y aller, je ne pouvais pas faire autrement. » On avait abordé les raisons de ma fuite et son état, mais c’était tout. De quoi voulait-elle parler à présent ?
On pouvait discuter, certes, mais je n’allais pas rester debout. Et puis, si elle doit lever la tête constamment, elle va se faire mal au cou. « Viens. » Je tournais les talons pour traverser la pièce et aller m’asseoir sur mon lit. Au moins, on serait au même niveau. Elle dit avoir longtemps hésité ? Hésité pour quoi ? Au fil de ses paroles, je comprenais où elle voulait en venir. Elle avait hésité à venir dans ma chambre pour continuer la conversation de la dernière fois. Elle n’était certaine de vouloir en savoir plus. Ça peut sembler normal après tout. J’ai tout foutu en l’air. Quant au fait de s’ignorer, non, en effet, on ne peut pas. On vit dans la même ville à présent. On sait que l’autre habite ici également et qu’on est susceptible de se croiser à tout moment. On ne peut pas faire semblant de ne pas se voir. Je me contentais de lui adresser un sourire en guise de réponse.
Ok, on est tous les deux là dans cette pièce, mais maintenant ? « Qu’est-ce que tu veux savoir ? Quoique tu souhaites savoir, je suis tout disposé à te répondre, alors profites-en. » Est-ce l’effet de cette réunion de groupe qui m’incite à parler librement ? Est-ce que ça marche vraiment ce truc ? Est-ce qu’on est disposé à se livrer plus facilement après toutes les tâches qu’on a pu effectuées avec les moines bouddhistes ? Peut-être. Je me sens calme et détendu en tout cas.
Dernière édition par Noah Redfield le Ven 3 Avr 2015 - 23:52, édité 1 fois
Le cadre de sa chambre était sympa. A peu près similaire à celle de Casey. Bien qu'elle n'ait pas réellement passé beaucoup de temps dans celle-ci. Elle avait pris quelques minutes pour jeter ses affaires sur le lit à l'édredon jaune et bleu. Un drôle de mélange, certes, mais bon. Elle avait jeté sa valise, sans plus attendre. Sa veste aussi. Elle n'en avait pas besoin après tout. Et puis, elle avait fini par redescendre assez rapidement. Afin de voir les gens. Afin de passer un peu de temps avec eux. De boire quelques verres. De participer à quelques trucs. Casey n'y croyait pas trop. D'ailleurs, elle se demandait encore ce qu'elle faisait ici. Peut-être que ce qui l'avait retenue, c'était Noah. Le fait qu'il était là. Qu'elle avait croisé son regard. Et que tout avait fini par remonter à la surface, une nouvelle fois. A croire que la blonde tenait plus à lui qu'elle n'aurait bien aimé l'avouer. Elle tentait de se convaincre du contraire mais ça ne fonctionnait pas vraiment.
Quoi qu'il en soit, s'il était parti aussi rapidement la dernière fois, c'était à cause de son job. "Je sais ce que c'est ... Tu m'faisais le même coup quand on était ensemble." Elle eut un léger sourire. Elle n'aimait pas se rappeler de cette période. Mais elle le faisait quand même. Et ça lui permettait de se souvenir qu'elle était bien avec Noah. "Et j'faisais pareil également." Là, en ce moment, elle avait arrêté de le faire. Puisqu'elle ne bossait plus. Ca ne l'empêchait pas de passer quelques coups de fils à Sydney, parfois, pour savoir comment ça allait. Elle savait qu'un jour ou l'autre elle devrait faire quelque chose : soit poser sa démission. Soit demander son transfert. Parce qu'il était pratiquement évidemment qu'elle ne rentrerait jamais à Sydney. Il y avait trop de choses qui la retenaient, maintenant, sur Brisbane. "Bien qu'il sonne plus autant souvent maintenant." Mais bon, elle n'était pas vraiment là pour parler de ses petits problèmes de fauteuil et de boulot. Elle était là pour autre chose.
Noah avait fini par s'installer sur son lit afin d'épargner son pauvre petit cou. Il était vrai ... Et bien, il était vrai qu'elle avait souvent le nez en l'air. C'était mieux pour converser de regarder l'autre dans les yeux. Ou bien son visage. Mais en fauteuil roulant, c'était un peu plus compliqué. Il était temps de causer. Apparemment, Noah semblait être dans un bon jour et il répondrait à ses questions. "Je ..." Oui, elle avait prévu de poser des questions. Mais voilà quoi. Est-ce qu'elle craignait les réponses ? Peut-être bien. "Hormis bosser ... comme avocat ... Qu'est-ce que t'as fait durant ces neuf ans ?" Hormis la fuir également. Mais bon, elle n'allait pas en rajouter non plus. "Tu as ..." En fait, elle aurait, sans doute, aimé savoir s'il avait refait sa vie. Mais peut-être que ça faisait trop curieuse. En même temps, en tant que flic, il était normal qu'elle soit un peu curieuse.
Le fait d’évoquer les souvenirs était à double tranchant. Quand je repensais à notre relation, je me souvenais de tous ces bons moments passés ensemble, la joie, les rires, les moments de complicité, le sexe. J’aimais repenser à tout ça, même si ça me laissait un arrière gout amer parce que j’avais tout gâché. Puis les mauvais souvenirs venaient entacher les bons, me balançant constamment à la figure que si tout ça était fini c’était entièrement ma faute. J’en avais pleinement conscience, mais je n’approuvais plus ma décision. Mais c’est trop tard. D’ailleurs, l’un des souvenirs de notre vie de couple me revenait en mémoire lorsqu’elle évoqua le fait que je me servais souvent de mon boulot pour partir précipitamment quand on était ensemble. Oui, je le faisais. Mais elle avait beaucoup plus d’urgences que moi. C’est elle qui partait le plus souvent suite à un appel de son travail. Ce qu’elle ne manqua pas de souligner. A mon tour, je lui adressais un petit sourire. « Oui, je m’en souviens. On était rarement tranquilles. » C’est ça d’avoir des boulots prenants. On a toujours besoin de vous, même pendant vos jours de congés.
Je pensais qu’elle allait parler du boulot puisqu’elle enchainait sur le sujet que j’avais vaguement lancé. Je ne voulais pas nécessairement en parler mais puisqu’elle continue… Son téléphone ne sonne plus autant qu’avant maintenant. Oui, j’imagine bien, étant donné son état, elle doit être en arrêt maladie pour le moment. Est-ce qu’elle reprendra son boulot plus tard ? Est-ce qu’elle a décidé d’arrêter ? La connaissant, je pense qu’elle ne va pas l’abandonner. Elle n’est pas du genre à fuir, elle. Je ne répondis rien. Qu’est-ce que je pouvais dire à ça ? Strictement rien. Je me contentais de baisser la tête et de me pincer les lèvres par compassion. Je me demande comment elle arrive à s’occuper sans son travail ? Sans mon job, je serais complètement paumé. Ce serait limite la fin du monde pour moi. Mais d’un autre côté, elle a son fils avec elle. Enfin… le nôtre. Je suppose que c’est déjà un boulot à plein temps.
Assis sur mon lit, je lui avais tendu la perche pour qu’elle parle librement et qu’elle me demande ce qu’elle voulait. J’estime qu’elle a le droit de savoir et de poser les questions qu’elle souhaite, je lui dois bien ça. Alors, j’attendais. Elle commença à parler, mais s’arrêta bien vite. Elle ne sait peut-être pas par où commencer ? Puis elle reprit. A part mon travail, elle voulait savoir ce que j’avais fait de ma vie. Et elle se stoppa une nouvelle fois dans son élan. J’ai ? J’ai quoi ? Est-ce que j’ai refait ma vie avec quelqu’un ? Cette question me semblait la plus plausible. Qu’est-ce qu’un homme peut faire dans sa vie à part travailler ? Je savais qu’elle avait été mariée, peut-être qu’elle voulait aussi savoir comment ça s’était passé de mon côté ? Sans doute. « Hormis mon travail, je n’ai pas fait grand-chose. Pour tout te dire, je m’y suis énormément consacré… » Pour éviter de devoir penser à toi. C’était la fin de ma phrase, mais elle n’était pas sortie de ma bouche.
« Est-ce que j’ai trouvé quelqu’un de mon côté ? C’est ça ? » Je ne voyais rien d’autre. Le sujet de ma vie amoureuse n’était pas un sujet que j’aimais aborder. Je culpabilisais déjà pour ce que j’avais fait à Casey, mais pour Jenny… Je crois que c’était encore pire. Par ma faute, elle se trouve en hôpital psychiatrique parce qu’elle a tenté de se suicider… Comment je peux vivre avec ça ? Je baissais la tête en soupirant légèrement en y repensant. Je passais ma main sur ma nuque et à la base de mes cheveux. J’avais cette petite manie quand on abordait un sujet qui me déplaisait ou que je me sentais mal à l’aise. Et ça, elle le sait très bien, elle l’avait remarqué quand on était ensemble. « C’est … compliqué. » Enfin, non, c’est simple, je suis célibataire. Mais la complexité ne réside pas là-dedans. Cependant, je lui ai dit que je parlerai à cœur ouvert, alors je dois m’y tenir. « Pendant un temps, oui. J’avais quelqu’un. » Je redressais la tête pour la regarder, glissant ma main à la base de ma nuque que je frottais machinalement. « Ça a duré un moment. Mais, je me suis rendu compte que mes pensées allaient vers quelqu’un d’autre. » Toi, en fait. Mais bon, on va éviter d’être un peu trop sincère. « Alors, j’ai décidé de rompre. Sauf qu’elle l’a assez mal pris. » Mon regard se perdait dans le vague à présent. « Je me souviendrai toujours de son visage à ce moment-là. Elle n’était pas en colère. Elle semblait désespérée. Comme si son monde s’écroulait. » Son regard… Jamais je ne pourrais l’effacer de ma mémoire. Un regard empli de désespoir. Ses yeux me suppliaient de rester. Mais j’ai fui, encore une fois. Je sortais de mes rêveries pour la regarder de nouveau. « Je suis parti, je pensais que ça allait lui passer. Mais non. A l’heure actuelle, elle a une chambre permanente en hôpital parce qu’elle a tenté de mettre fin à ses jours. A cause de moi. » C’est lourd à porter, réellement. Je suppose que j’ai mérité de vivre avec ça sur la conscience, pour le mal que je leur ai causé, à elle et Casey. « Enfin bon, c’est pas très joyeux tout ça. » En même temps, entre elle et moi, il n’y a pas vraiment de sujet amusant à aborder. Ce n’est pas trop l’état d’esprit actuel.
Leur boulot était prenant. A l'un. Comme à l'autre d'ailleurs. Elle à chercher à caputrer les méchants et à les foutre derrière les barreaux. Et lui à tenter de les défendre et les faire sortir. Ou les enfoncer un peu plus. Tout dépendait de quel côté de la barrière il se trouvait à ce moment là. "Ouais ..." dit-elle dans un léger sourire. "Y'avait des fois où c'était bien compliqué de se voir." Parce que quand elle était libre, lui ne l'était pas forcément. Ou bien l'inverse. Et leur téléphone finissait toujours par se mettre à sonner. Une horreur mine de rien. Mais ça leur avait permis ... d'une certaine manière, de ne pas tomber dans la routine. Certes, c'était perturbant. Surtout quand ils souhaitaient passer une soirée en amoureux tous les deux, et rien que tous les deux. Mais ça arrivait qu'ils aient un peu de temps ensemble. Pour preuve, puisque Lewis était là à ce jour. Mais passons, là n'est pas vraiment le sujet. En tout cas, en y repensant, certains moments étaient plus heureux que d'autres. Et Casey voulait les garder en mémoire. Même après tout ce qui s'était passé.
Enfin. L'heure était à la discussion. Pas aux explications puisque ... la dernière fois, ils s'étaient plus ou moins expliqués. Le ton avait été difficile. Les retrouvailles difficiles également. Peut-être que leur discussion serait plus légère. Et moins difficile. A espérer d'ailleurs. Casey n'avait pas envie de s'entredéchirer avec Noah. Il n'y aurait pas Lewis, elle le ferait, sans aucun doute. Sans doute qu'elle continuerait de l'éviter. De lui faire la gueule. De lui faire comprendre oh combien elle pouvait lui en vouloir. Mais elle n'en ferait rien. Par respect pour son petit qui lui demandait souvent où était son père. Et à quoi il pouvait ressembler. Sur la colère, elle avait jeté toutes les photos qu'ils avaient ensemble après leur départ. Du moins, toutes celles qui étaient sur papier. Elle avait retrouvé un vieux fichier sur une clé usb qu'elle avait complètement oublié. C'était en faisant le ménage dans des cartons qu'elle l'avait retrouvée. Et par curiosité, elle avait regardé. Des souvenirs. De précieux souvenirs. Elle avait longuement hésité. Le doigt au dessus du bouton delete, elle avait pensé s'épargner et ne plus réfléchir ou bien penser à tout cela. Elle avait pensé que ça serait une bonne idée de supprimer tout cela. Mais elle n'en avait rien fait. Et elle ne savait pas pourquoi. Mieux valait-il qu'elle ne se pose pas la question. Elle découvrirait, sans doute, tout cela au fil du temps.
Noah avait passé beaucoup de temps à son travail. A dire vrai, cela n'étonnait guère Casey. "J'ai plus ou moins fait la même chose." Ils n'étaient pas ensemble. Pourtant, sur ce point là, ils se ressemblaient. La blonde eut un léger hochement de la tête tandis que Noah avait fini la phrase qu'elle avait commencé. "Ouais, c'est ça." Elle était curieuse après tout. Ce qui était normal. Ils avaient quand même vécu pratiquement six mois ensemble. Et c'était pas rien. Un tic ... Son tic à lui. La main à la base de sa nuque. Apparemment, ça devait pas lui faire plaisir d'en parler. Mais après tout, c'était lui qui lui avait demandé. Qui lui avait dit qu'elle pouvait lui poser toutes les questions qu'elle voulait. Il lui avoua qu'il avait rencontré quelqu'un. Qu'il n'avait pas été seul. "Le contraire m'aurait étonné." Casey avait mis du temps. Mais elle avait trouvé Spencer. Qu'elle avait adoré. S'ils ne s'étaient pas mariés tout de suite, les sentiments étaient là. Et elle avait fini par l'épouser. Ca avait pris du temps. Mais ils avaient fini par le faire. Noah avoua également qu'il avait préféré rompre parce qu'il pensait à quelqu'un. Elle aurait bien aimé savoir de qui il parlait. Bien qu'elle s'en doutait quelque peu. Du moins, Casey pensait qu'il parlait d'elle mais elle n'en était pas certaine pour autant. Est-ce qu'il s'en voulait ? D'avoir rompu ? Peut-être bien. La pauvre fille avait tenté de se suicider. Casey prit un air désolé. Elle n'aurait peut-être pas dû lui poser la question. "J'suis désolée." Elle ne la connaissait pas. Elle ne savait rien de cette fille. Mais elle était désolée quand même. Cette fille, ça aurait pu être elle. Casey y avait songé à se foutre en l'air. Mais elle avait tenu bon. Pour elle. Pour l'enfant à naître.
"A croire qu'on n'a pas vraiment de chance en amour." dit-elle en secouant la tête. Noah ... Spencer ... Des relations d'un soir entre les deux, mais rien de bien sérieux. Ca serait qui le prochain qui entrerait dans sa vie et qui finirait par la laisser ? Elle ne voulait pas y penser. "Au moins, dis-toi qu'elle est encore en vie. Moi, j'ai pas eu cette chance." Elle avait perdu Spencer. Définitivement. Et elle ne pourrait jamais le retrouver. Et c'était dur. La page était pratiquement tournée. Ou du moins, elle pensait que c'était le cas. Même si ça faisait toujours mal d'en parler.
Mon travail avait toujours eu une place importante dans ma vie. Même lorsque j’étais en couple, que ce soit avec Casey ou avec d’autres. J’étais le genre de personne passionnée par son boulot et qui s’y donnait à fond, peu importe le reste. C’était un peu moins vrai lorsque j’étais avec Casey, j’aimais aller travailler, mais lorsque le téléphone sonnait alors qu’on était tranquilles tous les deux, ça avait le don de m’agacer et j’y allais souvent en trainant les pieds. Mais ces derniers temps, j’étais devenu un vrai obsédé du travail. J’y passais tout mon temps, je faisais un nombre incalculables d’heures supplémentaires et mes supérieurs devaient me forcer à prendre des jours de congés. Je préférais régler les problèmes des autres que les miens. C’était beaucoup plus facile. Parce qu’une fois chez moi, je n’avais pas grand-chose à faire. Il n’y avait personne pour m’attendre.
Mais il est vrai que lorsque nous étions ensemble, on avait bien du mal à passer du temps tous les deux. On les chérissait nos soirées de tranquillité parce qu’elles n’étaient pas nombreuses. Elle s’en souvenait elle aussi, arguant le fait que certaines fois, il était bien difficile qu’on se voit. « C’est vrai. Heureusement qu’on avait quand même des moments de tranquillité. » Ces moments n’étaient pas nombreux mais on en avait quand même et ils étaient fortement appréciables. On a tous besoin de nos moments d’intimité à deux dans un couple, c’est vital. Mais d’un certain côté, les appels de nos jobs respectifs nous permettaient de ne pas tomber dans une routine ennuyante. On ne pouvait jamais rien prévoir trop longtemps à l’avance par contre, ce n’était pas toujours très pratique. Mais bon, ce temps est révolu à présent alors inutile de s’attarder dessus. Ça ne changera rien.
Elle voulait savoir ce que j’étais devenu par la suite, et à par mon boulot, je n’avais pas fait grand-chose de ma vie à vrai dire. Il s’avérait qu’elle avait fait la même chose. Ce qui ne m’étonnait pas vraiment. Elle avait toujours aimé son travail tout comme j’aimais le mien. Alors après mon départ, elle avait dû s’y consacrer énormément, comme je l’avais fait. Sur ce point, on était semblables. Elle avait ensuite souhaité que je lui parle de ma vie privée, en particulier ma vie sentimentale. Je n’aimais pas trop aborder ce sujet, parce qu’il n’était pas plaisant mais je lui avais spécifié que je parlerai à cœur ouvert, alors je devais m’y tenir, quoi qu’il m’en coute. Lorsque j’avais commencé à raconter, elle s’était permise de faire un commentaire pendant que je m’étais stoppé. Apparemment, ça ne l’étonnait pas que je me sois recasé. J’aurais pu rester célibataire pendant ces neuf ans et enchainer simplement les coups d’une nuit, ce que j’ai fait aussi entre chaque relation, mais bon. Bref, j’avais alors continué mon récit.
Lorsque j’eus terminé, elle m’affirma être désolée. Je n’avais pas besoin de réfléchir à la sincérité de ses paroles parce que je le lisais sur son visage. Elle était réellement désolée alors je lui adressais un faible sourire. « Ouais. Moi aussi. » Moi aussi j’étais désolé de ce qu’il s’était passé avec Jenny. C’était une fille bien, peut-être un peu trop fragile psychologiquement, mais c’était une gentille fille et je m’en voulais de lui avoir fait subir ça, à elle aussi. Même si ce n’était qu’une simple rupture comme il en arrive tous les jours. Je n’aurais jamais pu imaginer qu’elle tente de mettre fin à ses jours pour ça. Si je l’avais su plus tôt, je pense que j’aurais réagi différemment. Mais ce qui est fait est fait. C’est trop tard.
Nous n’avons pas de chance en amour, en effet. Que ce soit elle ou moi, même si pour elle je suis en partie responsable. Je baissais la tête pour regarder vers le bas. « Il faut croire que non. Mais c’est comme ça, on ne peut pas y faire grand-chose. » Je détruisais la vie de chacune de mes partenaires sérieuses. Qui sera la prochaine ? Personne, parce que je ne voulais pas gâcher une autre vie. Je ne me le pardonnerais pas. Elle tenta de me rassurer, enfin je pense que c’est ce qu’elle essayait de faire, en m’assurant qu’au moins cette fille était toujours en vie et que ce n’était pas le cas pour elle. Son mari est donc bien décédé. J’avais donc eu raison de le penser quand elle l’avait mentionné à l’hôpital. Je relevais la tête pour la regarder de nouveau. « Je n’ai pas le droit d’aller la voir. Ma présence la rend instable. A cause de moi, elle est condamnée à rester enfermée toute sa vie. » Et je devais vivre avec ça. Un horrible fardeau. Je lui avais brisé sa vie. Casey avait réussi à se relever, mais ce n’était pas son cas à elle. Enfin bon, changeons de sujet. « Et sinon ton… » Enfin, notre « Fils, il va bien ? » Je ne sais même pas comment il s’appelle. Mais comment j’aurais pu le savoir ? Je suis sorti de sa vie bien avant sa naissance…
Etre là, et pas ailleurs, ça signifiait quand même beaucoup pour Casey. Est-ce qu'elle était prête à lui pardonner ? A tourner la page ? Est-ce qu'elle était prête à passer à autre chose ? A lui dire que c'était pas grave ? A repartir de zéro ? Peut-être pas à repartir totalement de zéro. Faire table rase du passé, ça allait être compliqué. Oublier qu'il s'était tiré ne serait pas simple. Mais si Loan avait pu pardonner à sa grande soeur, pourquoi pas elle ? Pourquoi ne pourrait-elle pas lui pardonner ? Elle le ferait. Elle ne pouvait pas lui en vouloir ad viternam. Elle pourrait, si elle le voulait. Mais cela voudrait dire qu'elle priverait son fils définitivement de son père alors qu'il aurait peut-être une chance de le rencontrer. Et de passer un peu de temps avec lui. Enfin, tout dépendrait, d'une certaine manière, de Noah. Parce que Casey ne cherchait pas à s'imposer. A lui imposer leur fils. S'il souhaitait apprendre à connaître le petit et à passer du temps avec lui, fort bien. Dans le cas contraire, elle ne s'en offusquerait pas. Enfin, si. Elle l'aurait un peu en travers de la gorge, sans doute. Mais ça voudrait dire, surtout, que Noah ne voulait plus rien à faire avec elle ou bien avec le petit Lewis.
En tout cas, pour en revenir à ce qui nous intéresse, Noah lui avait parlé de sa vie sentimentale. Rien. Rien ne l'obligeait à lui en parler. Il aurait très bien pu l'envoyer sur les roses. Mais il n'en avait rien fait. Est-ce que ça lui donnait quelques pistes, quelques indices sur ce qu'il avait pu faire ces dernières années ? De la manière dont il parlait, pour Casey, il avait vécu quelques histoires. Mais que des histoires. Rien de bien sérieux. Avec Spencer, elle avait réussi à construire quelque chose. Même si, à dire vrai, elle pensait beaucoup à Noah, et ce quand bien même elle était mariée. C'était une petite pensée par-ci, par là. Quand elle regardait son fils, elle le voyait. En somme, elle n'avait jamais pu l'oublier. Grâce ou à cause, difficile de dire si elle devait s'en vouloir ou non de penser à un autre mais bon, qu'importe. Il devait voir les choses du bon côté. Même s'il avait rompu, sa copine était en vie. Elle, elle avait perdu Spencer. Définitivement. Elle ne pourrait pas aller le voir à l'hôpital. Ou tenter de lui remonter le moral quand ça n'irait pas. Elle ne pouvait que pleurer sur sa tombe. Et la blonde préférait ne pas y penser. "C'est moche pour elle ... J'en viendrais presque à croire que t'as un effet dévastateur sur les femmes." dit-elle dans un léger sourire. Sans Lewis, peut-être qu'elle serait dans le même état que cette pauvre femme. Mais Casey avait une force de caractère assez spéciale. Elle remontait la pente. Toujours. Ca pouvait prendre du temps, mais c'était une battante. Nombre de fois où elle aurait aimé abandonner. Nombre de fois où elle aurait souhaité tout lâcher. Mais elle tenait bon. "T'es peut-être le diable ... Faudrait que j'reste loin de toi." Elle plaisantait. C'était sa manière à elle ... de détendre un peu l’atmosphère. De lui montrer qu'elle avait été forte. Et qu'elle avait su surmonter tout cela. Difficilement. Mais elle y était arrivée.
Leur sujet de conversation suivant ? Leur fils. Il n'osait pas dire notre et préférait dire ton. En même temps, oui, c'était perturbant. Avait-il le droit de dire notre ? Elle n'en savait rien. "Il va plutôt bien. Il m'a détesté quand on a quitté Sydney mais c'est vite passé." Lewis avait trouvé horrible le déménagement. Il aurait préféré rester sur Sydney. Casey lui avait expliqué pourquoi elle avait agi comme cela et il avait fini par comprendre mais bon. Sans doute que si Casey lui avait laissé le choix, ils seraient sur Sydney en ce moment. Et elle n'aurait pas pu recoller les morceaux avec Loan. "J'crois qu'il a compris que j'faisais pas ça contre lui. Mais bon. Il s'est fait de nouveaux copains." Que demander le plus ? Rencontrer son père. Mais ça, Casey n'était pas la seule à décider. C'était à Noah de voir s'il souhaitait le rencontrer ou pas. Elle n'avait pas encore parlé à Lewis du fait qu'elle l'avait croisé. Elle préférait attendre. Pour ne pas ... Pour ne pas le décourager. Ou le décevoir. Ca serait dommage. La blonde avait récupéré son téléphone et s'était retrouvée dans la galerie afin de lui montrer une photo. Parce qu'après tout, il n'avait jamais dû le voir. De loin, peut-être. Enfin, elle supposait qu'il ait pu le voir. Elle n'en était pas certaine pour autant. "Tiens." Elle lui tendit son téléphone. Ca l'intéresserait sans doute.
Retrouver Casey dans ma chambre d’hôtel avait quelque chose de perturbant. Est-ce qu’elle avait réellement envie que ça s’arrange entre nous ? Voulait-elle simplement une explication ou est-ce qu’elle souhaitait que je revienne dans sa vie ? Si elle voulait juste une explication, elle aurait pu se contenter de celle qu’on a eue à l’hôpital. Et puis, elle aurait directement abordé le sujet de mon départ, pas ma vie après. Est-ce qu’elle s’y intéressait réellement ? Si elle ne voulait plus me voir après ça et si elle voulait me rayer définitivement de sa vie, elle ne serait pas venue me voir directement dans ma chambre, non ? Est-ce qu’elle serait décidée à passer l’éponge ? Voire carrément à me pardonner ? A sa place, je ne le ferais pas. Ma fuite est impardonnable. Est-ce qu’elle veut vraiment qu’on se revoit ou elle est juste venue parce qu’elle s’ennuyait ? Quoi que, ça ne serait pas vraiment son genre de venir juste pour combler son ennui.
J’avais tellement pensé à elle ces dernières années. Je m’imaginais toute sorte de chose et celle qui me revenait souvent en tête c’est la vie que j’aurais pu avoir si je n’étais pas parti. Est-ce qu’on aurait été une famille unie à l’heure actuelle ? Est-ce qu’on aurait eu d’autres enfants ? Ou alors, est-ce que notre couple aurait survécu ? Est-ce que je serais devenu comme mon père ? Nul ne le sait, pourtant, je m’étais déjà imaginé beaucoup de scénarios et certains ne me plaisaient pas du tout. J’en faisais même des cauchemars et je me réveillais en sursaut pendant la nuit. J’avais le sommeil agité depuis mon départ. Traces de culpabilité ? Sans doute. Ma conscience devait se venger. Mais bon, la conversation tournait autour de ma vie sentimentale et de l’effet que je produisais sur les femmes. Un effet dévastateur selon elle. Possible. Toutes mes relations sérieuses se sont mal terminées. Par ma faute, à chaque fois. « Je suis peut-être maudit. » Dis-je avec un faible sourire pour répondre au sien. Condamné à prendre les mauvaises décisions et à le payer les années qui suivent. Elle ajouta que j’étais peut-être le diable et qu’elle devait se tenir éloignée de moi. Je souris un peu plus devant sa petite plaisanterie. Elle avait toujours trouvé les mots justes pour détendre l’atmosphère, toujours la petite phrase pour faire rire. « Tu as donc pris un risque en venant ici, directement dans l’antre du diable. »
Puis, j’avais abordé le sujet de son fils. Ça m’intéressait quand même un minimum mine de rien. Une part de moi voulait savoir comment il allait et s’en préoccupait. Alors je lui avais posé la question. Je l’avais abandonné et pourtant son sort me préoccupait. Assez paradoxal comme comportement. Elle m’assura qu’il allait bien mais qu’il n’avait pas aimé quitter Sydney. J’imagine, il a dû perdre ses repères, ses amis. Mais apparemment il en avait trouvé de nouveaux. Oui, les enfants se lient facilement avec les autres. Je me contentais de sourire pour toute réponse. Qu’est-ce que je pouvais bien dire de toute manière ? J’ai raté son enfance, sa vie, je ne pouvais strictement rien dire. Mais s’il allait bien, c’était le principal. Casey finit par fouiller dans sa poche pour en sortir son téléphone. Elle farfouilla quelques instants dessus avant de me le tendre. J’attrapais son téléphone et je rivais mes yeux dessus. C’était lui. Ce petit garçon qui semblait tellement adorable était son fils. Le mien aussi. Il était brun lui aussi, comme moi. Il avait quelques airs à Casey, notamment dans sa manière de sourire, mais pour le reste, je ne pouvais pas douter de ma paternité… Sans m’en rendre compte, un sourire triste apparut sur mon visage. Je sentais mon cœur se serrer. J’avais raté neuf ans de sa vie. Je n’arrivais pas à détacher mon regard de la photo alors que j’imaginais tout ce que j’avais pu rater. Ses premiers pas, ses premiers mots, sa première année d’école… Tout. Le poids de la culpabilité m’écrasait davantage à cet instant précis. « Il s’appelle comment ? » Parce qu’en fait, je ne connais pas son nom.
Je finis par quitter la photo des yeux et je lui rendis son téléphone avec un air profondément coupable sur le visage. Est-ce qu’il posait des questions sur moi ? Est-ce qu’il voulait connaitre son père ? Et s’il s’en fichait complètement ? Autant lui demander ? Je passais machinalement une main derrière ma nuque. « Est-ce que… Euh … Est-ce qu’il pose des questions sur son père ? Ou… Enfin, je suppose que c’est un peu tard maintenant et puis tu n’es peut-être pas d’accord, ce que je comprendrais parfaitement mais… Est-ce qu’il voudrait me rencontrer ? » Si les deux étaient d’accord et même si on organiserait ça, qu’est-ce que je lui dirais pour expliquer mon absence ? J’aurais peut-être le temps d’y réfléchir d’ici là. Avant tout, je dois savoir s’ils sont prêts à ce que je revienne dans leur vie. On habite dans la même ville maintenant donc ce serait bête de passer à côté de cette occasion… Enfin, je pense.
Noah n'avait pas de chance avec les femmes. Il semblait les faire fuir. Peut-être que ... Peut-être qu'il était mieux tout seul, au final. Non, peut-être pas. Pour Casey, c'était juste la faute à pas de chance. Elle l'avait aimé, mais l'inverse était tout aussi vrai. Et les autres femmes qui avaient pu lui dérober son coeur, sans doute que celles-ci aussi avaient dû aimer Noah. Il n'avait pas eu de chance. Tout simplement. Casey avait haussé des épaules. Elle l'avait plus ou moins lancé sur le sujet. "Peut-être ... Va peut-être falloir que tu te rendes dans une boutique de vaudou pour qu'on te désensorcelle." dit-elle dans un sourire. "A moins que quelqu'un ait une poupée vaudou de toi." C'était fort possible ... Non, Casey déconnait. Et il le savait très bien. Elle ne pensait pas un mot de tout cela. Mais fallait pas non plus que leur discussion soit trop sérieuse. Sans quoi, ça ne se terminerait pas très bien. Enfin, elle ne voulait pas se porter la poisse non plus. Pour le moment, leur discussion était calme. Tranquille. Un peu de plaisanterie, ça ne pouvait pas leur faire de mal, n'est-ce pas ? Peut-être qu'il était le diable, comme elle venait de lui dire. Lui répondait, ainsi, qu'elle avait pris des risques. Elle avait quelque peu haussé des épaules. "Oh, je suis sûre qu'il y en a plus d'un qui valse avec le diable." Qu'il soit le diable, qu'importe, elle s'en fichait. "Tu me connais. Les risques et moi, c'est pareil." Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'elle aimait prendre des risques inconsidérés. Mais nombre de fois où elle avait pris des risques. C'était pas rien. Casey était du genre à prendre des risques pour son travail. En amour, peut-être un peu moins. Mais peut-être que ... Peut-être qu'elle était prête à prendre des risques aujourd'hui. Et voir si ça valait le coup de se réconcilier avec Noah. Quoi qu'il en dise, de toute manière, oui, faudrait qu'elle se réconcilie avec lui. Pas comme si elle avait le choix. Elle l'avait, oui. Elle pouvait dire à Noah que c'était fini de chez fini. Mais non. Elle attendait de voir.
Casey avait fini par sortir son téléphone et lui montrer une photo de leur fils. Petit, quand il était né, Lewis avait les yeux bleus et les cheveux blonds. Trait pour trait à Casey. Il lui ressemblait beaucoup. Et puis, en grandissant, il avait fini par prendre certains traits de Noah. Et c'était pour ça qu'elle ne l'avait jamais réellement oublié. Parce qu'elle avait leur fils, sous le nez, à longueur de journée. Et maintenant ? Oui, maintenant, Lewis ressemblait beaucoup à Noah. Le portrait craché de son père, même si Lewis ne l'avait jamais rencontré. Ou bien jamais vu de photos. Les souvenirs qu'elle avait pu garder au fond d'une boîte ou bien d'une clé USB, elle n'avait pas souhaité, pour le moment, les partager avec son fils. Pourquoi l'emmener sur un terrain qui pouvait être glissant ? Pourquoi lui imposer cela alors qu'elle n'était même pas certaine que Noah avait de le voir ? Ou bien d'apprendre à le connaître ? Casey allait finir par savoir ... ce qu'elle allait faire ou ne pas faire. Parce que cette discussion, en quelque sorte, allait être déterminante. "Lewis. Il s'appelle Lewis." C'était pas le meilleur prénom qu'elle ait pu trouver. Après tout, un prénom, ça se choisissait, habituellement, à deux. Seulement, Noah n'était pas là quand le petit était né. Il avait tout loupé. Premier mot. Premier sourire. Premier pas. Et tout un tas d'autres choses. Continuerait-il à passer à côté de tout cela ? Ou finirait-il par prendre ses responsabilités ? A voir.
Noah était ... comment dire. Curieux d'en savoir un peu plus. Curieux de savoir ce que Lewis savait de lui. Ou bien pensait de lui. Le rencontrer. Apparemment, il avait envie de le voir. C'était compréhensible. C'était son fils après tout. Même s'il y avait un lien du sang indéniable entre eux, cela ne signifiait pas pour autant qu'ils étaient une famille. "Il me pose souvent des questions sur toi, oui." Surtout quand il y avait eu cette affaire d'arbre généalogique qu'il fallait réaliser, il y avait de cela un an. Lewis avait toujours considéré Spencer comme étant son père. Et quand il avait fait cet arbre pour l'école, ça avait été ... comment dire ... une véritable galère pour lui faire comprendre qu'il était son père adoptif, oui. Mais pas biologique. Lewis n'avait pas tout compris pour autant à l'époque. C'était à force de discussion. Et depuis que Spencer n'était plus là, oui, Lewis lui posait souvent la question et souhaitait savoir où était son père. "Quant à savoir s'il voudrait te rencontrer ... Il faudrait d'abord que j'lui pose la question." Parce qu'il était hors de question qu'elle dise oui si Lewis ne le souhaitait pas. "C'est pas à moi de prendre cette décision. Mais à lui." dit-elle dans un hochement de la tête. "Par contre, si tu t'engages sur cette voie, c'est pas pour disparaître du jour au lendemain à nouveau." Casey voulait être claire avec lui. "Je n'ai pas envie de lui donner de faux espoirs." Elle ne voulait pas que Noah s'implique totalement dans leur vie. Elle voulait juste ... s'assurer qu'il n'allait pas s'envoler du jour au lendemain.
(Repère staff pour comptage des points du challenge - merci de ne pas retirer)
La plaisanterie, prendre un sujet avec légèreté, il n’y avait rien de mieux pour détendre l’atmosphère. Parce qu’on avait beau dire qu’on discutait simplement, sans se prendre la tête, personnellement, je me sentais un peu tendu. On ne s’était pas vus depuis neuf ans. On n’avait pas ri ensemble depuis de nombreuses années. La dernière fois qu’on s’est vus à l’hôpital, notre discussion avait pris des allures de règlement de compte. Mais cela faisait une éternité qu’on n’avait pas discuté tout simplement, de manière détendue, sans ce poids écrasant sur les épaules. Pour ma part, je n’étais pas encore totalement à l’aise comme j’aurais pu l’être avec n’importe qui. Je ne suis pas avec n’importe qui. Casey a toujours eu une place et une importance particulière pour moi. Ce n’est pas maintenant que ça va changer. Alors certes, on tentait tous les deux de détendre l’atmosphère en plaisantant sur mon potentiel caractère diabolique. Elle me suggéra de me rendre dans une boutique de vaudou pour me faire exorciser. Ou alors que quelqu’un avait une poupée vaudou à mon effigie. A part elle, je ne vois pas qui aurait pu en avoir. Et puis, je suis effectivement ensorcelé, d’une certaine manière. Je me mis à rire légèrement alors qu’elle souriait, de son sourire si parfait. Quand on était ensemble, elle arrivait à obtenir tout ce qu’elle voulait de moi avec ce sourire, je ne pouvais jamais y résister et elle en jouait beaucoup. J’acquiesçais d’un signe de tête lorsqu’elle évoqua sa prise de risques inconsidérés. Oh oui, elle en prenait des risques, surtout à son travail. J’avais beau tenter de la raisonner avant qu’elle ne prenne certaines décisions, elle ne m’écoutait pas. Mais je suis aussi le genre de personne à prendre des risques pour son travail. Ça passe ou ça casse.
Mais la discussion avait pris une tournure différente lorsque j’avais abordé le sujet de son fils. J’avais envie de savoir comment il se portait. Comme si j’avais envie de rattraper le temps perdu. J’ai énormément réfléchi depuis quelque temps et je me dis que je suis passé à côté de trop de choses. Il serait peut-être temps de réparer ses erreurs passées ? D’agir en homme, enfin et d’arrêter de fuir. La fuite n’amène rien de bon. Peut-être que Casey est sur Brisbane pour une bonne raison. Peut-être que le destin l’a guidée dans la même ville que moi pour que je me rattrape ? Je pense que c’est une chance que je dois saisir. Il faudrait enfin que j’assume mes actes. Surtout que le fait de voir ce petit garçon sur la photo me faisait prendre conscience de l’erreur impardonnable que j’avais commise. J’ai agi comme un lâche, j’ai privé Casey d’un soutien, mais également d’un enfant de son père. D’un côté, je me dis que j’ai très bien vécu sans le mien, mais … J’aurais aimé avoir un père normal.
Autant faire les choses dans l’ordre. Il était mon fils mais je ne connaissais même pas son prénom. Lewis donc. C’est un prénom sympa. Lewis. Il aurait dû s’appeler Lewis Redfield. Ça sonne plutôt bien. Mais je suppose que c’est Lewis Maxwell du coup. J’aime bien ce prénom en tout cas. « C’est joli comme nom. » Le sujet était assez délicat, mais je devais l’aborder. On ne pouvait pas rester éternellement dans une impasse. Je devais aller de l’avant, crever l’abcès. Il posait souvent des questions sur moi. Quoi de plus normal. Un enfant c’est curieux, surtout s’il constate que ses amis ont leurs deux parents. Mais la question principale qui me trotte dans la tête c’est voudrait-il me rencontrer ? Est-ce que j’étais prêt à le faire de mon côté ? Je pense que oui. J’ai assez retourné la question dans ma tête. Je ne suis pas le plus heureux des hommes, à part mon boulot qui va plutôt bien, et ma famille, ma vie sentimentale est chaotique. Tout ça parce que j’ai brisé ce qui se rapprochait le plus d’une famille pour moi il y a neuf ans. Il serait temps de rattraper tout ça. J’ai enchainé les échecs depuis mon départ, alors je suis prêt à réparer mes erreurs pour que ça change. J’ai assez réfléchi. Maintenant, le tout c’est de savoir si de leur côté c’est bon aussi. Pour le moment, c’est à lui qu’elle devra poser la question. Je me doute bien qu’elle ne prendra pas la décision pour lui. On ne peut pas le forcer à voir son père s’il n’en a pas envie. « Je m’en doute. »
Mais elle me mit rapidement en garde, si je m’engageais dans cette voie, ce n’était pas pour disparaitre du jour au lendemain pour briser de nouveau leur vie. « C’est une décision mûrement réfléchie. J’y pense réellement depuis que j’ai quitté Sydney, il y a deux ans. » Ou plutôt depuis que j’ai rompu avec mon ex parce que je pensais trop à Casey. « Hum non, même avant en fait. Bref, dans tous les cas, je te donne ma parole que je ne me volatiliserai pas. » Je suis un homme de parole, ça on ne peut pas me le reprocher, quand je promets quelque chose, je m’y tiens toujours. « Je ne pourrais jamais rattraper le temps perdu, j’en ai conscience. » Mais mieux vaut tard que jamais non ? « Mais je peux toujours essayer si j'en ai l'occasion. » Je ne m’attends pas à ce qu’il me saute au cou. Je ne suis même pas sûr qu’il accepte, mais au moins j’aurais essayé. La balle est dans son camp.
Parler de son fils ... Ou plutôt, parler de leur fils. C'était une bonne chose. Une très bonne chose. Parce que ... Parce que si elle était là, aujourd'hui, face à Noah, c'était bien pour Lewis. Pour voir si ... Et bien, si elle allait pouvoir lui parler de son père. Elle voulait ... Elle voulait lui présenter. Parce que Lewis lui en avait fait la demande. A quelques reprises. Pas ces dernières semaines spécifiquement mais oui. Il avait envie de connaître son père. Savoir à quoi il ressemblait. Il avait sans doute tout un tas de questions auxquelles Noah était le seul à pouvoir répondre. Voilà pourquoi Casey avait jugé bon qu'il fallait qu'elle fasse le premier pas. Voilà pourquoi quand elle l'avait vu, elle avait demandé le numéro de sa chambre. Et voilà pourquoi elle était là, dans sa chambre, en train de discuter de tout cela avec lui. La glace était brisée. Certes, c'était pas comme si elle allait lui sauter au cou. C'était trop tôt. Bien trop tôt. "J'me dis que c'est un peu vieillot parfois et que j'aurais mieux fait d'en trouver un autre." Mais ce qui était fait était fait, en quelque sorte. Et même avec toute la meilleure volonté au monde, c'était trop tard. Elle ne pourrait pas revenir là dessus. M'enfin, y'avait des prénoms bien pires que celui-là, non ?
Noah souhaitait voir son fils. Il aimerait bien. Casey ne pouvait pas lui répondre tout de suite. Parce que ... Parce que Lewis pouvait avoir changé d'avis. Elle en doutait. Pour elle, la dernière information qu'elle avait, c'était que le petit souhaitait rencontrer son père. Mais ça changeait d'avis tellement vite à cet âge là qu'elle préférait prendre ses précautions. Elle aurait l'air de quoi si elle disait à Noah ok et qu'au final, son fils ne voulait plus rien à voir à faire avec lui ? Hein ? Elle se trouverait bien bête. Voilà pourquoi elle préférait prendre ses précautions. Et voir avec le petit avant. Ce à quoi Casey avait rajouté qu'elle espérait que ça soit réfléchi et qu'il allait pas les plaquer du jour au lendemain à nouveau. Parce qu'elle l'aurait mauvaise. Vraiment. Il n'y aurait pas de retour en arrière. Pas de pardon. Noah était certain de sa décision. Apparemment, ça faisait depuis un petit moment que cette idée trottait dans sa tête. Ca datait pas d'hier. Ca datait pas de leur rencontre à l'hôpital. Tant mieux. Ca la rassurait d'une certaine manière. De voir qu'il y pensait déjà. Signe qu'il avait des regrets. "Bien. On va fait comme ça alors." dit-elle dans un hochement de la tête. "Ca me rassure de savoir que c'est pas sur un coup de tête." Ouais. Au moins, pas de faux espoirs pour Lewis, mais également pour elle. Parce que peut-être ... Peut-être que ça leur permettrait de recoller les morceaux. Elle ne se voyait pas à son bras à nouveau comme autrefois. Mais sait-on jamais. Peut-être que ça s'arrangerait, qui sait ? "T'as un numéro sur lequel je peux te joindre ?" lui demanda Casey en penchant la tête sur le côté. "Un sur lequel tu répondras, de préférence." Ouais, pas un numéro qu'il avait et pour lequel il ne décrochait jamais. Comme lorsqu'il s'était tiré. Nombre de fois qu'elle avait pris le téléphone pour l'appeler. En vain.
La glace était brisée. Le sujet principal était abordé. A savoir notre fils. J’avais réellement envie de le connaitre. De savoir ce qu’il aime, ce qu’il déteste. Ses gouts dans tous les domaines, ce qu’il aime manger, ce qu’il aime faire. S’il est bon à l’école, tout. J’avais énormément réfléchi durant ces dernières années et j’en étais arrivé à la conclusion qu’il me manquait quelque chose dans ma vie. De la stabilité tout d’abord. Mais également ce que j’avais perdu par simple lâcheté. Au départ, je pensais que ce n’était que de la culpabilité et que ça passerait. Puis Casey s’est mise à me manquer. Et ce sentiment de vide n’a jamais disparu. J’avais retourné le problème dans tous les sens et quand je les voyais de loin dans la rue, l’évidence me frappait. Je me posais tellement de questions à chaque fois que je les apercevais. Puis, quand mon frère m’a prévenu qu’il avait vu Casey à Brisbane, je me suis dit que c’était un signe et qu’il était temps pour moi d’agir et de revenir dans leur vie, s’ils m’y autorisaient. Le fait de la voir à cette réunion n’a fait que confirmer ce que je pensais. Si on est tous les deux ici, c’est pour une bonne raison, pour pouvoir repartir sur de bonnes bases.
Lewis, c’était sympa comme nom, en tout cas, ça me plaisait bien. Elle trouvait que ça faisait un peu vieux et qu’elle aurait peut-être dû en choisir un autre. Mais, je n’étais pas forcément d’accord. Je ne trouve pas que ça fait vieux. « Non, c’est bien. J’aime bien. » Bon, je n’avais pas mon mot à dire, mais je n’avais rien contre ce prénom. Et puis, de toute manière, c’est trop tard pour le changer maintenant. Ce qui est fait est fait.
Je comprenais ses craintes. Elle avait peur que je fuis, encore une fois. Je l’avais déjà fait une fois, pourquoi ne pas récidiver ? Sa méfiance est normale, j’aurais pensé la même chose. Sauf que cette fois, je sais ce que je veux. Ce n’était pas une décision prise sur un coup de tête comme la dernière fois et ça avait l’air de la rassurer. « Les décisions prises sur un coup de tête ne donnent jamais rien de bon. » J’en ai fait l’expérience. La première fois, je n’avais pas réfléchi, j’avais fui en ne pensant qu’à moi. Cette fois, je sais ce que je fais. Je n’agis pas dans la panique. Cette fois, je suis sûr de moi. Et puis, j’ai mûri. On apprend de ses erreurs et je sais que je prends du temps pour réfléchir à mes actes à présent. Fini la spontanéité. J’avais réellement envie d’apprendre à connaitre mon fils. Grandir sans figure paternelle, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux. Je sais de quoi je parle. Alors autant éviter de répéter mon schéma familial en évitant de devenir comme mon propre père.
Elle me demanda par la suite mon numéro de téléphone, en précisant qu’elle en voulait un où on pouvait me joindre. Une petite pique, ça faisait longtemps. Mais bon, étant donné les circonstances, on va dire qu’elle a le droit. « Ouais j’en ai un. » Je vais lui donner l’une de mes cartes de visite, mon numéro personnel est marqué dessus, tout comme l’adresse du cabinet où je travaille, mon adresse mail et le numéro de mon bureau, mais au moins l’information qu’elle veut est dessus. Je me levais donc de mon lit pour aller en chercher une dans ma veste. J’en garde quelques unes dans ma poche intérieure, ça peut toujours servir, la preuve. Je revenais vers elle pour lui tendre. « Tiens, tu as tout ce qu’il te faut pour me contacter maintenant. Je tiens juste à te dire que j’ai changé depuis la dernière fois. J’ai mûri disons. Et il est temps que je prenne mes responsabilités. Si je peux. » Tout est entre leurs mains à présent. J’ai fait un pas vers eux. A eux de décider s’ils souhaitent avancer vers moi à leur tour ou s’ils veulent reculer. Mais moi, je ne peux pas faire mieux pour le moment.
Si c'était ce qu'il voulait, s'il avait réellement réfléchi à la question et que ce n'était pas un coup de tête, alors soit. Casey ferait quelques efforts pour en parler à Lewis. Et ça serait à lui, au final, de prendre la décision. Lui de voir s'il souhaitait apprendre à connaître son père ou si, au final, il ne voulait plus avoir à faire à lui. En son fort, Casey était pratiquement certaine de connaître sa réponse. Mais bon, ne pas s'emporter. C'était la meilleure des choses à faire. Pour sûr. "Non, effectivement. On se retrouve souvent à avoir pris des décisions qu'on regrette. Ou bien on se dit qu'on aurait pu faire autrement." Est-ce qu'elle parlait d'eux ? Pas forcément. Mais s'ils avaient eu le temps d'en parler, s'ils en avaient parlé tous les deux, peut-être que ... Et bien, peut-être bien que les choses auraient été différentes. Qui sait ? Mais Casey ne voulait pas ruminer le passé. C'était fait. Il avait fait son choix. Peut-être le regrettait-il. Maintenant, ils devaient voir pour comment faire afin d'arranger les choses. Parce que ça pouvait peut-être s'arranger. Ca n'aurait pas été le cas, elle ne lui adresserait pas la parole en ce moment. Pour sûr.
Noah avait fini par se lever afin de récupérer une carte sur lequel il y avait plusieurs petites choses. Ca lui permettrait de pouvoir le joindre une fois qu'elle aurait vu avec son fils. Elle récupéra la petite carte et grâce à son téléphone, elle notifia le numéro de Noah. Histoire de faire sonner son téléphone et qu'il puisse avoir son numéro également. Afin qu'il ne se demande pas qui pouvait chercher à la joindre. Casey eut un hochement de la tête à son entente. "On finit tous par grandir à un moment ou à un autre." Et à changer. S'il avait changé, tant mieux. Elle espérait. Pour leur bien à tous. Elle espérait qu'il n'était pas le même. Et qu'il resterait dans leur vie. Enfin, fallait encore qu'elle réfléchisse et qu'elle pense à si elle le voulait encore dans sa vie ou non mais bon. La page devait être tournée. Une bonne fois pour tous. Le pardon était nécessaire. Et elle s'arrangerait pour y parvenir. "J'te tiens au courant alors." Elle eut un hochement de la tête. "Bon ... j'vais te laisser pour le moment." Parce qu'ils n'avaient plus grand chose à se dire. Du moins, dans l'immédiat. Ils auraient l'occasion de se reparler durant ce petit séminaire. "On s'voit plus tard sans doute." Elle s'était rapprochée de la porte. Et puis, elle avait fini par partir. Tout simplement. C'était le début, en quelque sorte, d'une nouvelle histoire. Histoire qui serait,a vec un peu de chance, meilleure que la précédente.