J'étais tombée sur cette annonce il y a quelques jours. Elle avait tout de suite attiré mon attention. Il s'agissait d'une association en rapport avec les animaux et ils cherchaient un photographe. C'était deux des choses qui me tenaient le plus à cœur. J'étais passionnée par la photographie et les animaux depuis toute petite. J'avais choisi ma première passion comme métier. Quant aux animaux, j'aidais toujours dès que je pouvais. A Chicago, je donnais de mon temps plusieurs fois par semaine dans un refuge. Je faisais parti des bénévoles. Je m'occupais des chiens et des chats qui se trouvaient au refuge. Ce n'était pas l'endroit idéal pour les animaux. Je préférais les savoir dans des foyer aimant. Seulement, tous n'avaient pas la chance d'en avoir un. Ils restaient au refuge jusqu'à ce qu'ils soient adoptés. Alors, je faisais de mon mieux pour qu'ils se sentent bien là-bas. J'avais toujours eu à cœur le bien être des animaux. Je ne supportais pas qu'on puisse le faire du mal. Je ne pouvais m'empêcher de repenser encore à ce chien que j'avais essayé de sauver il y a quelques semaines. Martin et moi l'avion retrouvé au bord de la route, grièvement blessé. On l'avait emmené aux urgences vétérinaires, mais ils n'avaient rien pu faire. Aucun animal ne méritait un tel sort. Si seulement les gens qui l'avaient renversé ne l'avait pas laissé pourrir sur la route. Malheureusement, il y aurait toujours des gens trop égoïstes ou trop cruels pour ne pas faire attention. Cela m'énervait.
Quand j'avais vu cette annonce, j'avais tout de suite décidé d'appeler le numéro qui était indiqué. Je ne serais pas payée pour ce travail, mais cela m'était égal. Je me débrouillais plutôt bien pour trouver des contrats rémunérés. Si je pouvais donner de mon temps et faire profiter de mon talent à cette association, je le ferais. La femme que j'avais eu au téléphone m'avait donné rendez-vous ce matin au Pearl Café. C'était dans ce même café que j'avais trouvé l'annonce. J'avais emporté avec moi un book, avec quelques unes de mes photos. Peut-être qu'elle aurait envie de voir mon travail. Je n'en savais rien. J'ignorais si d'autres photographes avaient répondus à cette annonce. En tout cas, j'avais hâte d'en savoir plus sur cette association et le travail qu'on pourrait me demander de faire. J'étais arrivée avec un peu d'avance et je m'étais installée à une table. Je devais rencontrer une certaine Célia Scott qui ne devrait plus tarder à arriver.
La pension prenait peu à peu vie. Cela faisait quelques semaines à présent que Célia s'en occupait. Et elle avait déjà récupéré quelques animaux. Beaucoup de chats et quelques chiens. Et même une vieille tortue qu'elle avait nommé Dottie. Cette dernière avait trouvé un refuge et elle semblait se plaire dans la mare qu'il y avait au fond du jardin. Les animaux s'en approchaient mais ne l'ennuyaient pas trop. Ce qui rassurait la jeune femme. Donc, les pensionnaires commençaient à arriver bien que le refuge n'était pas encore officiellement ouvert. Mais dès que les bruits avaient circulé, dès que les gens avaient compris quel genre d'établissement se trouvait près de chez eux, les animaux avaient commencé à arriver... Elle ne pouvait pas les refuser au motif que le refuge n'était pas officiellement ouvert. Non. Célia les avait pris. Elle en avait averti Cora et lui avait annoncé qu'il avait déjà quelques pensionnaires. Et donc, qui dit pensionnaires, disaient également besoin de bénévoles. Et besoin d'un vétérinaire. Mais la pension ne pouvait pas se permettre de rémunérer les personnes qui avaient un contact avec elle. Célia voulait que ça reste une pension et que le travail fournit ici, ne soit que bénévole. Cela lui tenait à cœur. Elle ne voulait que les gens passionnés, que des personnes qui aimaient les animaux. Elle ne voulait surtout pas des gens motivés par l'argent. Surtout pas. Donc, voilà pourquoi elle avait mis quelques annonces ici et là. D'abord un véto ou plutôt étudiant vétérinaire en la personne de Rory et, maintenant, il fallait aussi penser à mettre un visage sur toutes ces petites bêtes à poils. Célia avait proposé à Cora de mettre en place un site web et d'y mettre la photo de tous les pensionnaires. Oui, les animaux qui se trouvaient ici, avaient peu de chance d'être adoptés, de par leur âge ou leur handicap. Mais ce n'était pas impossible. Pour preuve, un premier pensionnaire avait été adopté. Et pas par n'importe qui. Et Mango adorait sa nouvelle famille. Bref, Célia ne voulait pas perdre espoir. Elle ne voulait pas se dire que les animaux de la pension étaient définitivement non-adoptables. Non. Célia avait donc eu l'idée d'afficher leurs frimousses sur le net. Pour cela, elle avait besoin d'un bon photographe. De quelqu'un de patient. Parce qu'il fallait savoir s'y prendre avec les animaux. Célia aurait pu demander à Duncan. Parce qu'il adorait prendre des clichés. Mais il était plutôt bien occupé lui aussi ces derniers temps. Donc elle ne voulait pas trop lui en demander. Déjà qu'il avait réparé l'un des enclos de la pension. Donc célia avait eu l'idée de passer une annonce. Annonce qui disait qu'elle avait besoin d'une pension pour animaux avait besoin d'un photographe bénévole, ayant au moins une année d'expérience, pour donner un minois à tous ces petites boules de poils. Célia avait eu quelques appels. Mais certaines personnes avaient un peu de mal avec le concept du bénévolat. Et puis, elle était tombée sur une jeune femme qui semblait vraiment préoccupé par le cause animale. Et qui en plus, était photographe professionnelle. C'était le meilleur cv vocal qu'elle avait eu sur son répondeur ces dernières quarante-huit heures. L'antiquaire avait donc proposé un rendez vous à cette demoiselle Harrington, au Pearl Café. Là, où elle avait ses habitudes.
Mardi matin, Célia en profitait de la fermeture hebdomadaire de la boutique pour donner rendez-vous à la jeune femme. Elle espérait que cette entrevue allait bien se passer. Parce qu'il y avait encore tellement de choses à faire. Et savoir que la pension avait déjà trouvé une photographe, c'était un problème qui était résolu. Célia était vêtue d'une robe d'été à fleurs blanches et vertes. Elle avait attaché ses cheveux en un chignon négligé avec un foulard qui encerclait son visage, noué sur sa nuque. C'était tellement plus agréable quand il faisait chaud. « Bonjour Célia ! » Lui lança Mary derrière le comptoir. L'antiquaire la salua avant de commander un thé abricot. Puis elle se tourna vers la salle et remarqua une jeune femme seule à une table, avec un livre qui semblait être un book et un appareil photo. Célia esquissa un sourire puis s'approcha d'elle. « Bonjour, vous êtes Kara ? »
J'avais commandé un thé pomme-cannelle en attendant l'arrivée de Mademoiselle Scott. Lorsqu'elle arrivait enfin, je me relevais pour la saluer, le sourire aux lèvres. J'étais persuadée que cette rencontre se passerait bien. Après tout, entre deux passionnées d'animaux, on ne pouvait que s'entendre, n'est-ce pas ? J'étais donc plutôt détendue. Je n'étais, de toute façon, pas anxieuse de nature. Les rendez-vous importants ne me mettaient pas sous pression. Je faisais un métier qui me passionnait et c'était toujours facile de « vendre » mon travail, si puis-je dire. Aujourd'hui, il s'agissait d'un travail pour une association. Je prenais ça au sérieux, même si c'était du bénévolat et si il fallait convaincre Célia de faire de moi sa photographe bénévole, je le ferais !
« Bonjour, oui c'est bien moi. »
On se rasseyait l'une en face de l'autre. Célia inspirait la sympathie. Les traits de son visage étaient doux et son sourire bienveillant. Comme elle avait remarqué que j'avais mon book, je reprenais alors la parole :
« J'ai emporté quelques unes de mes photos... Je me suis dit que vous voudriez peut-être les voir. »
Célia n'était pas une professionnelle de la photographie, mais c'était toujours bien d'avoir un support visuel. Elle pourrait ainsi découvrir mon style et ma technique de photographie. Peut-être qu'elle recherchait quelque chose de spécifique. Enfin j'en saurais sans doute plus dans les minutes qui allaient venir. J'invitais la jeune femme à jeter un coup d’œil à mon book et j'ajoutais :
« Quand j'ai vu votre annonce, j'ai tout de suite appelé. Comme je vous disais au téléphone, je fais de la photo depuis des années et j'ai toujours adoré les animaux. J'ai même déjà aidé en refuge. »
Célia n'avait pas mis longtemps à découvrir la jeune photographe, assise seule à une table. Elle s'était donc dirigée vers elle, un sourire aux lèvres. « Enchantée, Célia Scott. » Elle lui tendait la main pour serrer celle de la jeune femme qui lui faisait face. Puis elle s'installa à la table. Kara semblait être une personne agréable avec le sourire facile ce que l'antiquaire appréciait. Et en plus, elle ne perdait pas une minute pour lui proposer de voir son travail. Ce qui enchantait Célia. Au moins, cela prouvait que la photographe était motivée. Et c'était ce qu'elle recherchait : des personnes motivées. « Oui, avec plaisir. » Elle remercia ensuite Kara quand elle lui donna son book. Elle prit la pochette en main et la posa devant elle avant de l'ouvrir. Célia n'était pas une professionnelle de la photographie même si elle appréciait cet art. Elle laissait volontiers son meilleur ami prendre des clichés à sa place. Parce que ce dernier était vraiment doué. Et qu'il avait le regard critique qu'elle ne possédait pas. « C'est très joli. » Confia Célia en voyant les premières photographies. Kara était douée, il n'y avait pas de doute là-dessus. Et elle se trouvait presque chanceuse de tomber sur une perle comme elle. Elle ne doutait pas qu'elle pourrait faire des merveilles avec les petits pensionnaires de l'association. Célia tournait les pages du book tout en écoutant ce que la jeune femme lui disait. Déjà au téléphone, Célia avait eu un bon feeling et il se concrétisait à l'instant même où elle l'avait vu à cette table. Puis elle reporta son attention sur la jeune femme alors que Mary venait déposer leurs thés sur la table. L'antiquaire la remercia avant de reprendre la parole en portant son regard sur Kara. « Nous avons de la chance. Vous faîtes vraiment des merveilles. C'est un très beau book. » Et elle était sincère. Elle aimait les paysages qu'elle découvrait au fil des pages. « J'ai l'impression de voyager sans quitter ce café. » Un fin sourire s'accrocha sur les lèvres de l'antiquaire. « Et c'est une bonne chose d'avoir déjà travaillé dans un refuge. » Elle même était encore bénévole dans le refuge où elle venait travailler depuis qu'elle avait une dizaine d'années. Elle se rappelait encore sa mère qui venait la conduire et la recherchait. Et elle adorait. C'était à cette époque, qu'elle avait commencé à sélectionner ce qu'elle mangeait. Peu à peu, elle était devenue végétarienne. Elle ne concevait pas de faire du mal à un animal et encore moins de le manger. « Vous devez savoir que ces petites bêtes ont besoin d'attention mais aussi qu'on fasse preuve d'une grande patience avec eux. » Et ça parfois certaines personnes l'oubliaient. Célia referma le book, conquise par le travail de la jolie brune. « L'association que nous avons décidé de créer a pour but de récupérer les animaux qui sont trop vieux ou trop handicapés pour être adoptés. Disons que notre pension sera le lieu de la dernière chance pour eux. Mais je ne doute pas que certains arrivent quand même a trouvé des adoptants. Après tout la vieillesse et le handicap n'a jamais empêché quiconque d'aimer et d'être aimé. » En tout cas, c'était sa conviction. Et d'ailleurs elle même avait adopté un chat à trois pattes. Et Mango, qui n'avait qu'un œil avait trouvé une maison et une maîtresse aux petits soins. Alors, il y avait encore de l'espoir pour bon nombre d'entre eux. Célia n'en doutait pas.
Je laissais Célia parcourir mon portfolio. Il contenait une partie de mon travail. La plupart des photos avaient été prises lors de mes nombreux voyages. On pouvait y découvrir des paysages à couper le souffle et des monuments célèbres. Mais pas seulement. Il y avait aussi des scènes de rues, capturées sur l'instant. Et il y avait aussi, bien sur, quelques photos représentant des animaux. J'avais pris le soin d'en ajouter d'autant plus que mon travail dans l'association allait concerner les animaux. Je souriais aux compliments de Célia.
« Merci. Je suis ravie que mon travail vous plaise et faire voyager les gens est justement le but de mes photos. »
Je ne faisais pas de la photo juste pour avoir de belles images. Non. Je voulais qu'elles apportent quelque chose aux personnes qui les regardaient. Une dose d'évasion, de l'inspiration, de l'espoir, qu'elles fassent sourire ou qu'elles émeuvent. Alors, le compliment de Célia m'allait droit au cœur. Elle semblait convaincue par mon don pour la photographie et c'était déjà un très bon signe. Je hochais la tête à ses paroles. Oui, ayant déjà travaillé en refuge, je savais bien comment ça fonctionnait. Les animaux qui arrivaient dans se genre d'endroits avaient souvent été abandonnés ou maltraités. Ils avaient besoin d'attention et il fallait faire preuve de patience aux contacts des bêtes. J'adorais m'occuper d'animaux, alors ce n'était pas un problème pour moi. Tout ce que je voulais, c'était prendre soin d'eux et leur offrir une seconde chance. J'écoutais ensuite la blondinette me parler de son refuge. Ça ne serait pas une pension comme les autres. Celle-ci se consacrerait aux animaux en difficultés, handicapés ou vieillissant. Je savais bien que c'était ceux qui avait le plus besoin d'aide. Tout le monde veut un chaton et pas le vieux chat. Je trouvais ça dommage, car les vieux animaux avaient tout autant d'amour à donner. Peut-être même plus !
« C'est une très belle action et je serais ravie de vous aider. Pas seulement en tant que photographe d'ailleurs. Je veux aussi mettre la main à la patte et m'occuper des animaux. »
Ça me manquait de ne plus aller au refuge. Les animaux avaient besoin de nous pour prendre soin d'eux, mais moi, j'avais besoin de m'occuper d'eux, de faire quelque chose d'utile. Encore plus après l'histoire du chien blessé que j'avais retrouvé sur le rebords d'une route. Curieuse d'en savoir plus, je demandais :
« Et donc vous cherchez quelqu'un qui pourra prendre des photos des animaux, j'imagine pour pouvoir les mettre en avant sur un site internet ? »
Oui Célia était convaincue que la jeune femme en face d'elle, était la personne idéale pour son projet. Elle avait besoin de personne efficace, dévouée et douée. Et Kara semblait remplir toutes ces conditions. Elle avait un excellent coup d’œil et ses photographies étaient vraiment très belles. En plus Kara semblait avoir un bon aura. Et Célia était sensible à tout ça. « Je vous en prie. Alors c'est réussi. Le temps d'un instant je me suis retrouvée ailleurs. » Elle qui avait envie de bouger en ce moment, cela tombait bien. Enfin, façon de parler. Célia avait tant de chose à faire qu'elle ne pouvait pas se permettre de prendre quelques jours de congés. Mais ce n'était que partie remise. « Vous avez beaucoup voyagé on dirait. Je vous envie. D'ailleurs, votre accent me dit que vous n'êtes pas d'ici. États-Unis ? » Elle avait reconnu, il lui semblait, l'accent du Nouveau Continent. Un accent bien moins fin que l'accent anglais. Mais l'antiquaire appréciait les accents. Elle appréciait de rencontrer des personnes venant d'autres horizons. C'était toujours un enrichissement personnel. Célia reporta son attention sur Kara qui avait reprit la parole. « Une bénévole ? C'est chouette. On en a toujours besoin. » Et puis, elle avait déjà travaillé dans un refuge, donc elle savait comment cela se passait. « La pension n'est pas encore officiellement ouverte. Nous n'avons pas encore beaucoup de bénévoles. Et puis, je ne peux pas prendre de décision sans mon associé. Alors il faudrait qu'on puisse se voir toutes les trois. Mais Je ne doute pas qu'elle sera aussi enchantée que moi. » Je lui faisais confiance pour découvrir le potentiel de la photographe. Il fallait de toute façon qu'elle puisse avoir une discussion avec Cora. L'antiquaire ne voulait pas prendre des décisions sans en parler avec Cora. Elles étaient associés à part égale alors toute décision devait être prise à deux. Puis l'antiquaire acquiesça de la tête. « Oui voilà. J'aimerai pouvoir présenter chacun de nos pensionnaires sur notre site internet. Un petit descriptif et quelques photos. Chacun d'eux pourra avoir une chance d'attirer l'attention d'un éventuel adoptant. » Parce qu'elle ne voulait pas se dire que ces petites bêtes n'allaient pas trouver d'adoptant. Cette pension était un refuge pour qu'ils se remettent sur pattes, pas pour qu'ils y finissent leurs jours. Même si elle restait objective et se disait que oui, certains allaient rester ici jusqu'à la fin de leurs vies à cause de handicaps trop lourds. Ou parce qu'ils étaient déjà à la fin de leur vie. Mais pour les autres, la pension n'était qu'une étape. Une étape vers une nouvelle famille. Célia l'espérait en tout cas. La jeune femme prit une gorgée de son thé tout en reportant son attention sur Kara. « Vous avez des animaux vous-même ? » Elle était curieuse d'en savoir un peu plus sur la jeune femme qui lui faisait face.
Célia me faisait le plus beau compliment qu'on puisse me faire. La photographie et mon métier étaient une part importante de ma vie. Alors, ça me touchait qu'elle me dise que j'avais réussi à faire passer les émotions que je voulais à travers mes images. Certains s'expriment à travers des dessins, des mots, de la musique ou même de la danse. Pour moi, c'était la photographie. J'étais contente que ça parle à Célia et d'avoir réussir à la faire voyager rien qu'en lui montrant mes photos. Mon sourire s'agrandissait aux paroles de la blonde.
« Oui. Avec mon boulot, je bouge beaucoup et j'aime parcourir le monde. C'est une autre passion. »
Et elle allait très bien avec ma passion de la photographie. Moi j'avais besoin de bouger et de capturer toutes sortes de souvenirs de mes voyages. Tous les photographes n'étaient pas comme ça. Certains ne faisaient que de la photo de studio ou d'objets. Mais moi ce qui me plaisait c'était le vrai reportage, devoir aller dans un autre pays et bosser sur un thème précis. Chaque photographe avait son domaine de prédilection. Les miens étaient le documentaire reportage photo et l’événementiel.
« Oui. Je suis de Chicago. »
Célia avait sans doute remarqué mon accent. Les américains avaient une façon assez particulière de parler. Notre accent était beaucoup moins raffiné que celui des anglais. Alors, j'imaginais qu'ici cela ne passait pas inaperçu.
« Bien sûr, c'est normal. Je me tiens à votre disposition pour rencontrer votre associée aussi. »
Répondis-je. Si Célia avait une associée, c'était normal qu'elle ne prenne pas de décision toute seule. Si il fallait rencontrer cette autre femme, j'étais prête à le faire. Il s'agissait sans doute d'une autre amie des animaux et on ne pouvait que s'entendre. J'appréciais les gens qui aimaient et qui se battaient pour la cause animal. Il n'y en avait pas assez malheureusement. Beaucoup de gens étaient trop axés sur leur propre personne pour s'intéresser à la cause animale. Je hochais la tête aux paroles de Célia, puis je répondais :
« Oui. C'est une bonne idée. Les gens aiment bien connaître l'histoire des animaux qu'ils adoptent. Et puis, ces petits trésors méritent de trouver une bonne famille et je ne doute pas que ça sera le cas. »
Parce que heureusement, certaines personnes avaient du cœur et étaient prête à accueillir un animal vieillissant ou handicapé. C'était beaucoup de travail, mais ces animaux là étaient les plus reconnaissants.
« Non, malheureusement. Comme je ne suis pas souvent à la maison pour le moment, je n'ai pas adopté d'animaux. Mais ça me manque. C'est aussi pour ça que je bosse dans des refuges, j'ai besoin du contact avec les animaux. J'imagine que vous en avez ? »
Célia appréciait parler de ses passions et elle aimait discuter avec des gens passionnés, comme l'était la jeune femme qui lui faisait face. Kara semblait facilement appréciable. Elle était simple et ne parler pas sans en faire trop. Elle restait naturelle et l'antiquaire appréciait beaucoup ce genre de personne. C'était agréable de discuter avec elle. En plus, elles semblaient avoir des points communs. Ce qui n'était pas négligeable. « Vous avez de la chance de pouvoir réunir vos deux passions. Ce n'est pas le cas de tout le monde. » Elle ne parlait pas d'elle puisque Célia faisait ce qu'elle aimait. Et qu'elle n'était pas du genre à se forcer pour faire les choses. Mais elle connaissait des personnes qui travaillaient pour vivre. Et dont les métiers n'étaient pas des passions, juste des occasions accrochées au vol. Ce qui était dommage. Mais voilà, on ne pouvait pas faire ce que l'on voulait. L'antiquaire prit une nouvelle gorgée de son thé avant de reposer son regard sur la photographe. Elle avait mis dans le mille en déduisant que son invité du jour n'était pas originaire d'Australie. Chicago, elle n'y avait jamais mis les pieds. Les états-Unis n'étaient pas spécialement un pays qui la fasciner. Elle préférait l'Europe pour sa culture, son histoire, ses traditions. Enfin, après c'était selon les goûts de chacun. Mais si elle pouvait faire un voyage, c'était sans doute en Europe ou en Asie que son choix allait se porter. Elle espérait voyager l'année prochaine. Cela lui manquait. Quand elle était étudiante, elle aimait bouger. Maintenant, c'était un peu plus compliqué. Surtout avec tous les projets qu'elle avait en tête. Et certains prenaient forme mais cela mettait du temps. Alors si elle pouvait prendre l'avion, cela ne sera pas pour tout de suite. Mais Célia ne désespérait pas. Elle était du genre déterminé. Et elle avait bien envie de voir un peu autre chose que l'Australie et Brisbane. Célia acquiesça ensuite de la tête quand Kara lui expliqua qu'elle se tenait à disposition pour une rencontre avec Cora. « Je lui en parlerai cette semaine. Mais cela ne devrait pas être trop tardif. Nous avons toutes les deux envie d'ouvrir officiellement le pension. » Même si cela voulait dire un peu plus de travail. C'était une cause qui en valait la peine. L'antiquaire avait le numéro de téléphone de la photographe alors elle n'allait pas oublier de la contacter. Puis elle esquissa un sourire aux propos de l'américaine. « Oui je crois que c'est une bonne idée. Nous avons un site internet autant qu'il soit utile, et que les visiteurs n'y trouvent pas seulement les coordonnées. Certains peuvent habiter loin et j'imagine que ce n'est pas toujours facile pour certains d'entre eux de se déplacer. » Elle même n'avait pas de voiture, pas de permis. Mais c'était par choix. Elle préférait utiliser son vélo ou les transports en commun si c'étaient de longues distances. « Alors avoir un aperçu des pensionnaires pourraient être utiles. » La jeune femme prit une autre gorgée avant de hocher doucement de la tête. « J'ai un berger de cinq ans et un chat de 3 ans. Je les ai tous les deux adoptés. Finn était au refuge. Il avait de gros problèmes de santé. Et je m'en suis occupée. Forcément au bout d'un moment je me suis attachée à lui. Et dès qu'il a été sauvé et qu'il pouvait quitter le refuge, je l'ai pris avec moi. Quant à Octave, il s'est fait renversé par une voiture. Je l'ai trouvé sur le bas côté de la rue. Je lui ai fais les premiers soins et je l'ai amené chez le vétérinaire. Il a du lui amputer une patte mais même avec trois, il se débrouille très bien. » Célia esquissa un sourire. « Finn n'a pas intérêt à l'ennuyer parce qu'il sait très bien qui est le chef à la maison. » Et c'était bel et bien ce félin aux allures de pirate. « Et mon compagnon a adopté également un chat à notre pension pour sa fille. C'était la première adoption. Enfin officieusement. Mango est aussi un rescapé. Il a été attaqué par ses semblables et il a perdu un œil. Cela a été un peu douloureux pour lui les premiers temps et puis à force de soins et de câlins, il s'en est plutôt bien sorti. »
Je hochais la tête aux paroles de Célia. Il était normal qu'elle discute avec son associée avant de me donner une réponse définitive. J'allais sans doute être recontactée dès qu'elle lui aurait parlé. J'imaginais que cette autre femme voudrait aussi me rencontrer. Si elle était aussi sympathique et passionnée d'animaux que Célia, nous devrions nous entendre. Je prenais quelques gorgées de mon thé tout en écoutant la blondinette reprendre la parole. Oui, c'était une très bonne idée d'ouvrir un site internet et d'y ajouter les photos et les histoires des pensionnaires. Les gens aimaient connaître l'histoire des animaux qui avaient été sauvés et recueillis. Cela pourrait peut-être aider les animaux à retrouver une nouvelle famille. Tout le monde avait le droit à une seconde chance et ils méritaient de retrouver un foyer.
« Il devrait y avoir plus de gens comme vous. C'est génial ce que vous avez fait pour ces animaux. La plupart des gens prennent un animal comme ils achètent une chemise. Ils vont dans un magasin et achètent un chien ou un chat sans vraiment prendre conscience de la responsabilité que c'est. Et après, on les retrouve abandonnés au bord d'une route... »
Je pensais notamment au chien que je n'avais pas réussi à sauvé au bord de la route quelques jours après mon arrivée. Il y avait encore beaucoup trop de gens qui abandonnaient leurs animaux sans aucuns remords. Je ne comprendrais jamais. Est-ce qu'on abandonne son enfant parce qu'il fait trop de bêtises ou qu’élever un gosse devient trop contraignant ? Non. Alors pourquoi certaines personnes faisaient ça avec les animaux. A mes yeux, la vie d'un animal avait autant de valeur que celle d'un homme. Parfois même plus.
« Si un jour je peux prendre un animal, ça sera forcément en refuge. Je me suis toujours dit qu'un jour, j'irais chercher un petit malheureux dans un refuge et que je lui offrirais une belle seconde chance. »
Je lui adressais un léger sourire. C'était vraiment quelque chose que je comptais faire un jour. J'ajoutais :
« Donc ça fait longtemps que vous vous battez pour la cause animale ? »
Célia acquiesça de la tête aux propos de la jeune femme. Elle se disait effectivement que le monde se porterai mieux s'il y avait des personnes qui prenaient plus soin des animaux, que de leur garde robe. Malheureusement, pour certaines personnes, un animal était devenu un accessoire de mode. Rien de plus. Et il était difficile de faire changer certaines mentalités. Ce qui désespérait un peu Célia. Elle avait été choquée plusieurs fois en voyant l'état lamentable dans lequel certains animaux arrivaient au refuge ou à la pension. Elle avait même eu du mal parfois à retenir quelques larmes. Célia ne comprenait pas comment on pouvait infliger de tels sévices à des êtres sans défense. Qui ne demandaient rien que d'être aimé. Parfois Célia en arrivait à préférer la compagnie des animaux que des hommes. « Le souci, c'est que la société donne cette image aux animaux. Des bêtes, belles à porter, à montrer. Et les gens suivent malheureusement les modes. » Et c'était le souci. Il n'y avait qu'à voir les répercutions de simples dessins animés, comme les 101 dalmatiens, Nemo ou le monde de Dory. Le cinéma mettait en lumière des races, des espèces qui se retrouvaient sous les projecteurs. Et les gens voulaient s’accaparer ses animaux, juste à cause d'un film, d'un effet de mode. Célia prit une nouvelle gorgée de son thé avant de reposer ses yeux verts sur la jeune femme. « Si seulement tout le monde pouvait avoir ce même geste. Si seulement les animaleries pouvaient cesser d'ouvrir ici et là. Ce n'est pas dans ce genre de lieu qu'un animal devrait être adopté, comme un vulgaire paquet de pâtes. » L'antiquaire était contre ce genre de vente. Une animalerie ne faisait en général, pas très attention aux animaux qu'elle mettait en vente. Pour la plupart d'entre eux, ils n'avaient même pas subi de check up, n'avaient aucun vaccin. Et pire, ils venaient souvent de contrebande d'animaux. Non ce n'était pas vraiment le lieu idéal pour obtenir un compagnie de vie. Loin de là, même. Puis l'antiquaire hocha un peu la tête à la question de Kara. « Depuis toujours je crois. Quand j'étais gosse, je récupérais tous les animaux blessés ou égarés que je trouvais dans mon quartier. Oiseau, écureuil, lapin, chien, chat, hérisson ou même taupe. Mes parents avaient fini par me donner un coin du garage où je pouvais les soigner et ils ne s'étonnaient jamais qu'une bête soit au chaud dans un petit carton, dans un coin de ma chambre. Je me suis toujours sentie proche des animaux. Peut-être parce que j'étais une petite fille solitaire et un peu timide. J'ai reporté mon attention sur des bêtes qui en avaient besoin en retour. Puis j'ai fini par devenir végétarienne. Je crois que c'était la suite logique à tout ça. » Maintenant Célia ne se voyait plus du tout revenir à un autre régime alimentaire. Ce n'était pas possible. Puis Célia finit par demander : « Ça vous intéresserai de visiter le refuge ? Je dois justement y aller ce matin. Enfin, si vous n'avez rien prévu d'autre. »
C'était désolant, mais Célia avait raison. J'ignorais si on pourrait changer les mentalités un jour. En tout cas, je voulais me battre pour cette cause. J'avais toujours adoré les animaux et j'avais a cœur leur bien être. Je ne supportais pas qu'on puisse leur faire du mal. J'avais envie de faire bouger les choses, d'aider et aussi d'en parler autour de moi. C'était important de sensibiliser notre entourage. Certains pourraient alors prendre conscience des choses. Il fallait vraiment que les gens ouvrent les yeux et comprenne. Un animal était un être vivant doué de sensibilité. Ce n'était ni un meuble, ni un accessoire de mode. Il était inacceptable qu'on puisse les maltraiter.
« Je suis bien d'accord avec vous. En plus, les animaux vendus en animalerie viennent souvent des trafics des pays d’Europe de l'est. Et puis... j'ai toujours eu du mal avec l'idée d'acheter un animal. Ce sont des êtres vivant pas des peluches. »
Les animaleries vendaient vraiment très cher certaines races de chiens ou de chats. Cela me posait un problème de conscience. Je ne comprenais pas qu'on puisse mettre en vente des animaux. On achetait pas les gens, alors pourquoi le faire avec des animaux ? L'adoption était bien plus adaptée et c'était aussi un plus beau geste. Il était certain qu'on ne me verrait jamais mettre les pieds dans une animalerie pour acheter une bête. Je souriais aux paroles de Célia. Cette jeune femme me plaisait beaucoup. Quand on l'écoutait, on sentais vraiment tout l'amour qu'elle avait pour les animaux. C'était beau à voir.
« Certaines personnes ont ça en elles. Quand j'étais gamine j'ai trouvé un petit chaton abandonné. Il était sale, plein de puces et tout maigre. Je l'ai ramené chez moi et j'ai supplié ma mère de le garder. Et on elle a accepté. Ficelle est rapidement devenu un membre de notre famille. »
Je souriais. J'avais tellement aimé ficelle. Ça avait été très difficile quand elle était partie. Mais elle avait vécut de belles années à nos côtés.
« Je suis aussi végétarienne depuis plusieurs années. Je crois que oui, c'est dans la logique des choses quand on s'intéresse au sort de nos amis les bêtes. »
Je terminais ma tasse de thé. Comme Célia, c'était un choix qui m'avait semblé logique. Il était impensable pour moi de manger un animal. J'aimais trop les bêtes pour cela et puis, vu dans les conditions où elles étaient traités, ce n'était même pas la peine ! Pourquoi l'homme se donnait le droit de tuer un animal pour pouvoir le manger ? On apprenait aux enfants à manger de la viande, on leur imposait ce choix, comme si c'était normal. Mais on pouvait très bien vivre en très bonne santé en ne consommant ni viande, ni poissons.
« Bien sûr ! J'ai vraiment hâte de découvrir votre refuge et j'ai rien prévu de la matinée. »
L'antiquaire hocha doucement de la tête aux propos de Kara. Effectivement, les animaux qui se trouvaient dans les animaleries, étaient souvent issus de divers trafic. On les considérait alors comme des choses et non des êtres vivants, dotés d'une conscience et de sentiments. Ils n'étaient alors que des marchandises. « La société a encore du chemin à faire si on veut que les animaux reçoivent enfin une place qu'ils méritent. » Et cela était encore un long chemin, difficile. Mais Célia était optimiste. Et puis, en faisant la rencontre de Kara, elle se rendait compte que d'autres personnes partageaient son point de vue. C'était agréable. « On dirait que nous avons quelques points communs. Et vous pouvez me tutoyer. Après tout, nous allons travailler ensemble. Et puis je n'aime pas trop les formalités. » Ajoutait la jeune femme en esquissant un sourire. Sur bien des points, Célia et Kara se ressemblaient. Et l'antiquaire ne doutait pas que leur collaboration allait être bénéfique. Célia avait beaucoup d’instinct et ce dernier ne la trompait que très rarement. Puis quand la photographe accepta de visiter le refuge, l'antiquaire esquissa un nouveau sourire. « Super. Je t'emmène dans ce cas. » Les deux femmes terminaient leurs thés puis elles quittèrent finalement le café. « Le refuge se trouve dans le quartier de Bayside. Pour l'instant, nous n'avons que peu de bénévoles. Mais nous sommes tous motivés. » C'était quelque chose qui lui tenait à cœur. La motivation, l'amour pour les animaux, voilà ce qui intéressait Célia. Et elle avait trouvé ses qualités chez la photographe. Pendant le trajet, Célia lui raconta un peu la naissance de la pension, son envie de faire de cette fermette, un petit endroit de paradis pour ses animaux. Puis les réparations qu'elle avait fait, avec Cora et leurs amis. L'aménagement des différents espaces qui constituaient la pension. Cora et Célia avaient tenu à faire une place à chaque animal. Donc elles les acceptaient tous : chat, chien, lapin, poule, cochon. Malheureusement, les animaux trop « grands », comme les cheveux, les ânes, les jeunes femmes les redirigeaient vers d'autres sanctuaires. Parce qu'elles n'avaient pas assez de place. Elles ne pouvaient que s'occuper de petits animaux, domestiques ou sauvages. Mais c'était déjà ça. Elles avaient de quoi s’occuper régulièrement. Surtout que certains pensionnaires avaient besoin de soins réguliers. Ce n'était pas un bénévolat facile tous les jours. Mais c'était une cause qui en valait la peine. Célia aidait beaucoup au refuge et maintenant à la pension. Les animaux avaient été une véritable thérapie pour elle. Ils avaient apaisé ses maux de cœurs, ses états d'âme, ses sombres pensées. Ils lui avaient redonné le sourire, l'envie de sortir, de se battre, de ne pas baisser les bras. Et pour ça, elle leur était reconnaissante. Alors, elle essayait de les aider, de les chouchouter, comme eux-même l'avaient fait, sans même s'en rendre compte. Parce qu'un animal donnait tout son amour sans rien attendre en retour. Il aimait de façon inconditionnel. Que vous soyez un homme, une femme, un adulte, un enfant, en bonne ou en mauvaise santé. Ils vous aimaient. Et cela touchait toujours Célia. Elle avait vu des sévices, des choses atroces depuis qu'elle était bénévole. Et pourtant, tous les animaux restaient sociables. On attirait un peu leur attention et on gagnait leur terre pour l'éternité.
Je hochais la tête aux propos de Célia. Ouais, la société avait encore un long chemin à faire concernant la condition animale. Mais je voulais croire qu'on pouvait encore faire bouger les choses. En tout cas, je n'arrêterais jamais de me battre pour cette cause. J'étais toujours contente lorsque je rencontrais des gens comme Célia. Ça me donnait de l'espoir. Il y avait d'autres gens qui étaient tout autant investis que moi par cette cause.
« Tu as raison. C'est plus simple de se tutoyer. »
D'autant plus qu'on devait avoir plus ou moins le même âge. Je préférais aussi ne pas trop m'encombrer avec trop de formalités, même si elles étaient parfois nécessaires. Célia et moi ne nous connaissions qu'à peine. Mais je me reconnaissais déjà en elle. On avait effectivement quelques points communs. Je crois que ce rendez-vous n'aurait pas pu mieux se passer au final. J'étais très contente de cette rencontre. Je me réjouissais à l'idée de travailler avec elle. Elle me semblait être quelqu'un de sérieux et de vraiment attachée aux animaux. Elle ne faisait pas semblant.
« Chouette ! Le plus important, c'est d'avoir des personnes motivés. Et puis, avec le bouche à oreilles, je suis sûre que tu trouveras d'autres bénévoles. D'ailleurs on peut aussi faire une campagne avec des photos pour dire que l'aide bénévole est la bienvenue... enfin c'est juste une idée. »
On avait quitté le café et on se mettait en chemin pour la pension. Célia me racontait l'histoire de la pension depuis le début. C'était un projet qu'elle avait monté minutieusement avec son associé. Elles avaient travailler dur pour concrétiser leur idée. Elles avaient décidé de monter un endroit qui pourrait accueillir toutes sortes de petits animaux. C'était chouette que cette pension soit aussi destinée à des animaux sauvages. Après tout, les chiens et les chats n'étaient pas les seuls a avoir besoin d'aide. Après une demi heure de trajet. On arrivait enfin au refuge. Le quartier était plutôt calme et c'était une bonne chose pour le bien être des bêtes. Alors qu'on s'approchait de l'entrée du refuge, je remarquais immédiatement un carton posé devant l'entrée et le son de quelques miaulements aigus. Je m'avançais avec Célia. A l'intérieur du carton, il y avait des chatons. Ils étaient encore tous petits.
« Oh les pauvres petits chéris... au moins la personne a eut la présence d'esprit de les laisser devant le refuge...»
L'abandon était une chose horrible, mais au moins, ils avaient pas atterrit dans une poubelle. Combien de fois avait t-on entendu des histoires de chats ou même de chiots retrouvé dans les ordures ou enfermés dans des sacs plastiques. L'humain était le seul être vivant à être capable d'autant de cruauté.
Le chemin jusqu'à la pension fut ponctué de récits egrenés par la jeune antiquaire. Elle voulait que Kara puisse avoir une idée un peu plus précise de ce qui l'attendait. Et de tout ce qui avait été fait. Cora et Célia avaient de la chance d'avoir eu pas mal de cv venant d'éventuels volontaires pour s'occuper de la pension. Mais peu d'entre-eux au final, avaient attiré l'attention des deux femmes. La pension avait besoin de personnes motivées et qui avaient des capacités. Parce qu'il ne s'agissait pas seulement de nourrir les animaux, d'entretenir leur pelage. C'était plus complexe que ça. Mais au final, elles s'en sortaient plutôt bien. La pension était accueillante et elle avait déjà des pensionnaires. Et c'était le plus important. Célia ne doutait pas que des personnes motivées et amoureuses des animaux comme elle l'était, allaient venir peu à peu renforcer leur petite équipe. « Exactement. Mais nous avons déjà eu des candidatures. C'est mon associé qui s'occupe de ça. Elle devrait passer d'ici une semaine et m'en dire davantage. » Les jeunes femmes s'étaient déterminées quelques taches. Et l'antiquaire préférait s'occuper de retaper le refuge, plutôt que de passer à la loupe des dizaines de curriculum vitae. Quelques minutes plus tard, Kara et Célia arrivaient aux abords arborés de la pensions. Comme la photographe, l'antiquaire entendait des miaulements à mesure que ses pas les rapprochaient de l'entrée. Dans un carton, elles pouvaient apercevoir une portée de chatons. Et à voir leur taille, ils devaient avoir que quelques jours. « Peut-être... mais on ne peut pas dire qu'ils sont dans un bon état de santé... » Ils avaient tous les yeux collés par l'infection. Ce n'était pas très joli à voir. Mais Célia avait l'habitude de voir ce genre de choses. Elle laissa Kara prendre le carton et elle alla ouvrir la porte du jardin. Elle laissa entrer la jeune femme avant de refermer derrière elle. Célia la guida jusqu'à l'intérieur de la bâtisse. C'était une ancienne fermette ou en tout cas, cela y ressemblait. Les murs étaient blanchis à la chaux et à l'intérieur, les meubles en bois, les plantes et les fleurs mettaient une ambiance douce et apaisante. L'antiquaire guida la photographe jusqu'à un grand couloir bordée de lumière grâce à un puits de lumière juste au dessus. Le soleil entrain dès les premières heures de la journée. Célia entra dans une pièce qui ressemblait à un cabinet de vétérinaire. Et c'était le cas. La pension s'était dotée du matériel adéquate pour s'occuper de la santé de tous ceux qui étaient là. « Tu peux déposer le carton sur la table s'il te plait. » Célia retira sa veste et elle nettoya ses mains avant de mettre des gants. « On va voir ce qu'on peut faire pour ces petits trésors. » La jeune femme prit un à un les petits chatons. Ils étaient tous tigrés blanc et gris. Et elle les déposa sur la table. Enfin, elle en déposa trois. Le quatrième chaton n'avait pas survécu. Pauvre bébé. Mais pour l'instant, elle devait s'occuper de ceux qui étaient encore en vie. Célia les ausculta avant de demander à Kara. « Dans le tiroir de l'armoire, le deuxième, il y a des couvertures de survie. Tu peux mettre ces deux-là à l'intérieur ? Tu peux les mettre ensemble. Ils ont besoin de leur chaleur mutuellement. » Célia faisait les premiers soins du troisième. Mais il avait du mal à respirer. Ce n'était pas bon signe.
J’étais persuadée que le refuge trouverait ses volontaires. Célia, son associée et moi n’étions pas les seules à nous intéresser à la cause animal. C’est vrai que beaucoup de gens ne faisaient pas attention, mais il y avait aussi pleins d’amoureux des animaux, des gens qui étaient prêt à se battre pour faire bouger les choses. Et heureusement ! Alors je ne m’inquiétais pas. J’étais sûre que le refuge trouverait des bénévoles et d’ailleurs, Célia me confiait qu’il y avait déjà eut des candidatures. C’était son associée qui s’en était chargée. Enfin bref. Nous arrivions au refuge et mon attention fut très vite attirée par des chatons qui miaulaient. Une portée avait été lâchement abandonnée dans un carton. Ils n’étaient pas très vieux. Je leur donnais quelques jours à peine. C’était une chance qu’ils aient été déposés ici et qu’on soit passé par là aujourd’hui. Je prenais le carton dans mes bras et on entrait dans la propriété. Je me laissais guider par Célia. Je ne m’attardais pas trop sur ce qui nous entourait. Mon attention était surtout portée sur les chatons. En effet, ils n’étaient pas en très bon état. Ils avaient les yeux collés et le nez qui coulait. Sans doute le coryza. C’était une maladie très contagieuse et très dangereuse pour nos amis les félins. Surtout pour des chats aussi jeunes. Je déposais le carton sur la table, comme me l’indiquais la blondinette.
« Tu sais ce qu’il faut faire ? J’ai l’impression que c’est le coryza, mais je ne suis pas véto… »
Célia s’y connaissait sans doute plus que moi. Elle m’avait avoué avoir passé beaucoup de temps à soigner des animaux étant plus jeune. Et puis, elle tenait un refuge, elle avait sans doute des notions. Je retirais à mon tour ma veste et je me lavais les mains. J’allais ensuite chercher une couverture de survie et j’y plaçais deux des petits chats. Les pauvres devaient être gelés et surtout, ils devaient mourir de faim. Je restais près deux, inquiète.
« Est-ce qu’il y a autre chose que je puisse faire ? »
Je savais m’occuper d’animaux, mais en ce qui concernait les soins médicaux, je n’y connaissais malheureusement pas grand-chose. J’espérais qu’on allait pouvoir sauver ces trois petits trésors. L’un de leurs frères étaient déjà mort.