J’attrape mon portable à la fin de mon service. Quatre appelles de Kaecy je commence un peu à suer, ce n’est jamais bon quand elle s’acharne de la sorte et je crains le pire. Je la rappelle, mon regard inquiet se posant un peu partout. « Qu’est ce qui se passe ? » Même pas de bonjour juste cette inquiétude latente dans ma voix. « Salut Elio ! Rien de grave j’ai été retenue au travail. Je voulais juste voir si tu pouvais aller chercher les jumeaux. » Merde, encore une fois nos emplois du temps ne nous permettent aucun dérapage et en regardant l’heure je m’aperçois que la sortie des cours est passée depuis longtemps. « Ils sont avec toi ? » « Non non, j’ai trouvé quelqu’un pour aller les chercher, ils sont à la plage. Tu peux aller les retrouver quand tu finis ? Je crois que j’en ai encore pour un moment. » Je remarque à peine le ton un peu gêné de Kaecy et ou le fait qu’elle ne m’a pas dit le nom de la personne qui est avec eux. Il me semble logique que ça doit être ma belle-mère. C’est toujours à elle que l’on fait appelle quand nous sommes bloqués. Surtout depuis qu’elle semble accepter plus facilement la présence des jumeaux, ce qui lui a pris du temps après la mort de Leah. « J’ai fini donc j’y vais. A ce soir papillon. » Je raccroche en enfilant ma veste pour quitter le travail. Un hochement de tête à l’attention de mon patron pour lui signifier mon départ et je suis loin.
Sur le chemin de la plage je me rends compte que je n’ai pas demandé à Kaecy à quel endroit les jumeaux étaient exactement et j’espère que c’est bien ma mère qui les a réceptionnés, je sais qu’elle connaît l’endroit. Il n’a pas changé avec les années, je me rendais déjà sur cette même plage avec mes amis d’enfances il y a bien longtemps et je ne peux m’empêcher d’imaginer que dans quelques années les jumeaux eux aussi emmèneront leur amis, leurs conquêtes, leurs amours sur cette même plage. Celle que leur mère elle aussi a foulé. Je replis ma trottinette alors que le sable pointe son nez mon regard cherchant un peu à l’horizon. Je vois leurs silhouettes au loin et un sourire se dessin sur mon visage alors que j’entreprends de les rejoindre. Enfonçant mes pieds dans le sable encore légèrement chaud en cette fin de journée. Puis je remarque que la personne qui les accompagne et qui tente désespérément de les aider à construire un château de sable n’est pas ma belle-mère… Elle est trop brune, trop jeune trop… Heidi. Quand elle tourne son regard vers moi, je sens un frisson me parcourir, rapidement je détourne le regard pour le poser sur les jumeaux qui rayonnent de bonheur. Ca fait un mois que je n’ai plus vu Heidi, plus exactement 31 jours que je l’évite comme je peux, que je ne lui adresse que de vagues signes de tête quand nos chemins se croisent. 31 jours que je n’ai plus senti son odeur, touché sa peau. 31 jours que nous avons franchi la ligne une fois de plus en nous embrassant sur le pas de sa porte, exactement le même nombre de jours que j’ai retrouvé Matteo et que pourtant… Je sens un vide énorme en moi. « Hey salut les crapules… » J’ébouriffe les cheveux de mes neveux alors que mon regard se pose sur Heidi, je tente un sourire triste sans savoir ce qu’elle peut bien ressentir de son côté. Guettant la colère autant que la tristesse, j’espère juste qu’elle saura rester sobre devant les jumeaux. « Heidi… » Les deux têtes rousses semblent se calmer d’un coup. Comme si l’atmosphère que ses retrouvailles instaurait les avait happés eux aussi. « Je ne savais pas que c’était toi qui… » Est-ce que je serais venu sinon ? Est-ce que je n’aurais pas encore fuis comme un lâche préférant ne pas instaurer le contact plutôt que de devoir tenter de résister à l’envie de la prendre dans mes bras. « Enfin… Merci… D’être allée chercher les jumeaux. » Mon regard est plongé dans le sien. Je tente d’y lire quelque chose, ses états d’âme peut-être, ses envies, ses désirs… Refoulés ou non.
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« Alors les crapules, ça vous dit d’aller faire un petit tour du côté de la plage ? » proposais-je avec un grand sourire à Dani et Scott qui chahutaient un peu devant moi. Je venais tout juste de récupérer les jumeaux à la sortie du centre aéré après un appel en détresse de Kaecy qui m’avait demandé de la dépanner le temps qu’elle puisse se libérer au boulot. Chose que j’avais tout de suite accepté sans la moindre hésitation, notamment parce que mon emploi du temps actuel me permettait de me libérer quand je le désirais mais également parce que j’appréciais de passer un peu de temps en la compagnie des enfants de Leah que je ne connaissais pas encore autant que j’aurai aimé. J’avais toujours eu un truc avec les enfants, une sorte de contact facilité par le fait que j’étais restée une enfant au fond de moi et que je ne me prenais pas trop la tête en leur compagnie. J’avais toujours eu un bon contact avec les enfants des autres, moi qui était loin d’être prête à devenir mère à mon tour. Et après avoir passé plusieurs années à seconder Chase, mon meilleur ami, dans la dure tâche qu’était d’élever un enfant de plus de six ans, me retrouver seule face aux jumeaux ne me faisait pas peur du tout. Au contraire, j’étais presque aussi excitée qu’eux à l’idée de passer quelques heures en leur compagnie. « Ouiiiii ! » s’étaient-ils exclamés à la l’unisson avant que nous ne prenions la direction de la plage à pied. Sur le chemin jusqu’à la plage j’avais proposé aux jumeaux de faire la course avec moi jusqu’à certains points donnés, ce qui n’avait pas manqué de les enthousiasmer un peu plus encore. En les voyant aux énergiques, je ne pouvais m’empêcher de songer à Kaecy et Elio à qui revenait la lourde tâche de les coucher le soir venu. Pour sûr, cela n’avait rien d’une sinécure.
Rapidement, nous étions arrivés à la plage, dans un coin où j’allais tout le temps quand j’étais plus jeune. C’était notre repère avec la bande, celle où j’avais passé la majorité de mes après-midis et de mes soirées lorsque j’allais encore à l’école ici. C’était ici que j’étais allée plus d’une fois en compagnie de Leah, la mère des jumeaux et il me semblait plein de sens d’emmener ses fils à cet endroit précis à leur tour. Je retirais mes chaussures que je prenais à la main pour m’avancer dans le sable afin de trouver un endroit où nous pourrions nous installer tous. Dani et Scott, qui étaient dans un grand débat au sujet d’une partie d’un jeu que je ne connaissais pas, m’imitaient. Je déposais mon sac à main dans le sable et me tournais vers les jumeaux. « C’était ici que je venais quand j’étais plus jeune, avec votre mère et Elio » leur expliquais-je alors avec un petit sourire. A la pensée d’Elio, je sentais mon cœur qui se serrait un peu, mais je faisais le choix d’ignorer cette sensation. Voilà un mois que je n’avais pas eu de véritables nouvelles d’Elio, que je ne lui avais pas adressé la parole. Un mois entier que nous nous évitions afin de préserver son amitié avec mon grand-frère. Et lorsque j’y songeais, je me sentais toujours étonnamment vide à l’intérieur. Comme si une partie de moi m'avait été arrachée ce jour-là. Presque comme si j'avais subi une rupture alors que nous ne formions pas l'ombre d'un couple avec Elio. D’un mouvement sec de tête (comme pour chasser les mauvaises pensées), je retournais à mes occupations pour m’occuper de Scott et de Dani qui voulait commencer à construire un château de sable après avoir vu un autre enfant en faire de même un peu plus loin.
J’étais à quatre patte dans le sable, en train de peaufiner les douves du château de sable que nous venions de construire tous les trois, pendant que les jumeaux ajoutaient quelques tours, quand une voix familière nous interrompait : « Hey salut les crapules… » lançait Elio en ébouriffant les cheveux des jumeaux et en venant poser son regard sur moi, regard que je soutenais. Dani et Scott saluaient leur oncle avec bien moins d’entrain qu’à l’accoutumée alors qu’Elio laissait échapper un petit : « Heidi… » Je me redressais alors, pas réellement prête à affronter Elio et encore moins pleine de sable, frottant mes mains pour en retirer le sable. C’était étrange de le voir là, si près de moi après tout ce qu’il s’était passé entre nous cette dernière année. « Je ne savais pas que c’était toi qui… » commençait-il sans terminer sa phrase pour autant. « Kaecy m’a appelé » lui répondis-je alors brièvement. L’ambiance était tendue entre nous, aucun de nous deux ne sachant réellement quoi dire à l’autre. Je n’avais pas eu le temps de me préparer pour lui faire face et durant tout ce mois je n’avais pas non plus trop eu le temps de m’inquiéter de savoir ce qu’allait devenir ma relation avec Elio. J’avais passé le plus clair de mon temps avec Matteo, pour tenter de rattraper le temps perdu et j’avais fini par me faire une raison concernant ma relation avec Elio. Mais maintenant qu’il était là, si près de moi, j’avais du mal à faire comme si tout était parfaitement normal entre nous alors que nous ne savions même pas ce que nous représentions l’un pour l’autre. « Enfin… Merci… D’être allée chercher les jumeaux. » La voix d’Elio me tirait de mes pensées brutalement et je relevais aussitôt le regard vers lui. « Il n’y a pas de soucis, tu sais que je les adore. Ca me fait plaisir. » Je souriais avec douceur en posant mon regard sur Dani qui nous regardait avec curiosité. « Au fait les crapules, vous n’avez pas montré à Elio le super château fort que vous avez construit ! » m’exclamais-je alors à l’attention des jumeaux. Il était là le secret de la réussite : faire comme si tout allait bien, aborder des sujets simples et neutres. Aussitôt, les jumeaux se lançaient dans la présentation dans leur superbe construction éphémère. Ils expliquaient avec enthousiasme à Elio que lorsque la mer aurait suffisamment remonté avec la marée haute, les douves permettraient de protéger le château pendant un temps de l’assaut des vagues. « Au fait, je leur ai dit que c’était la plage sur laquelle on venait quand on était plus jeune. » glissais-je à Elio lorsque Dani terminait son explication concernant le château. « Tu te souviens de toutes les soirées qu’on a pu passer ici ? » lui demandais-je alors avec un sourire. C’était plus une question rhétorique qu’autre chose puisque je savais pertinemment qu’Elio ne pouvait pas ne pas s’en souvenir.
Il y a du sable dans ses cheveux. Quelques grains uniquement mais de quoi m’arracher un sourire. Elle a l’air d’un enfant en frottant ses mains contre son pantalon l’air un peu penaud, cette enfant que j’ai connue et qui a grandi pour devenir la femme qui se tient aujourd’hui devant moi. Je ne peux empêcher un sourire de se frayer un chemin jusqu’à mon visage, parce que malgré les circonstances me retrouver ici avec elle fait remonter tellement de bons souvenirs en moi. « Kaecy m’a appelé » « Evidement… » Je me refais notre conversation téléphonique dans la tête et d’un coup ça me semble tellement logique. Ce petit ton coupable j’aurais du le reconnaître. « Il n’y a pas de soucis, tu sais que je les adore. Ca me fait plaisir. » Cacher mon malaise ne m’est pas aussi aisé, passant machinalement d’un pied à l’autre en sautillant nerveusement, je ne dupe personne, pas même les jumeaux. « Au fait les crapules, vous n’avez pas montré à Elio le super château fort que vous avez construit ! » Heidi a la parade parfaite. Pour aujourd’hui les jumeaux sont notre bouclier et ils savent, fort heureusement, tenir ce rôle à merveille. Je n’écoute pourtant leurs explications que d’une oreille. Mon regard faisant de rapides allers retours entre la bâtisse en sable et Heidi dont j’ai de la peine à décrocher le regard. « ELIOOO ! T’as vu ? Tu l’as vu la douve ? » C’est ce nom sorti de la bouche de mon neveu qui réussi à attirer ma curiosité. « La douve ? Depuis quand tu connais ce mot toi ? » Je rigole un peu parce que ça ne colle tellement pas à Scott de parler de cette façon. « C’est Heidi qui nous a appris. » Tout fiers les jumeaux m’offrent leur sourire qui manquent de quelques dents, que la petite souris a embarquées. « Ouais, même qu’elle est beaucoup plus intelligente que toi ! » Je rigole un peu faisant mine de faire un pas pour attaquer Scott qui part en courant et en hurlant de rire. « J’espère que ce n’est pas toi qui leur a dit ça ! Même si c’est vrai c’est pas beau de se venter. » Je pose à nouveau mon regard sur Heidi, cette fois un peu plus décontracté. C’est comme un jeu, celui où l’on fait semblant de rien… Prétendant que c’est pour le bien des jumeaux qu’on le fait même si pour ma part j’ai juste envie et besoin de sentir sa présence. Juste un instant…
« Au fait, je leur ai dit que c’était la plage sur laquelle on venait quand on était plus jeune. Tu te souviens de toutes les soirées qu’on a pu passer ici ? » Je souris, un peu bêtement sans doute à l’évocation de ses souvenirs. « Comment je pourrais oublier… » L’air un peu penseur je me risque à dire la suite de la phrase parce qu’en la voyant sur cette plage c’est en fait l’une des premières choses à laquelle j’ai pensé. « C’est ici que j’ai vu tes fesses pour la première fois. » J’étouffe un petit rire en repensant à cette anecdote. Ce n’est en fait la première fois que si on exclut les quelques fois où – gamine – elle se promenait à moitié à poil dans le jardin quand je venais voir Matteo. Mais c’est pourtant cette fois là que je considère comme la première, sans doute car nous avions alors commencé ce jeu de séduction qui ne nous a jamais vraiment quitté. Une vague l’avait bêtement retourné en lui arrachant par la même occasion son maillot de bain et offrant la vue de ses fesses à plus d’un bonhomme sur la plage. Pour la soutenir je n’avais pas mis long à la rejoindre dans l’eau et à me débarrasser de mon propre maillot. Je ne garde pas de souvenirs de la façon dont nous avons, par la suite, réussi à nous sortir de se pétrin, mais ses fesses… Ca non je ne les ai pas oublié. « T’as dis un gros mot ! » Dani me saute dessus, en me déstabilisant quelque peu. « Cul c’est pas un gros mot ! » « Si ! Kaecy elle a dit que c’était un gros mot. »
Réussissant à me débarrasser de Dani, je laisse les jumeaux se chamailler tous les deux en me moquant d’eux, tout en me rapprochant un peu d’Heidi. « Ca peut durer très longtemps. » Les arguments ne volent pas bien haut mais ça me fait rire. « … Même que moi je dis que mon caca il sort du culcul. » Je pouffe de rire comme un gamin, preuve que mon humour n’est pas beaucoup plus évolué que celui d’un gamin de 5ans. « Tu vois même Elio il rit ! » « Il rit parce qu’il est pas intelligent ! » Cette fois je pars vraiment en trombe pour courir après mon neveu. Je finis par lui attraper les jambes et il tombe dans le sable comme un masse, se relevant la tête pleine de sable alors que son frère rigole. « Et moi tu m’auras jammaaaiiis. » Je regarde Scott, puis Heidi, un sourire malicieux sur les lèvres. « Et si Heidi et moi on vous montrait notre technique de vieux ? » Elle court avec moi, après mes neveux et le temps semble d’arrêter. Les rires prennent le dessus, ce jeu n’a aucun sens mais c’est libérateur. Même les équipes ne tiennent plus au final et je me retrouver à courir derrière Heidi. Je l’attrape par la taille, mes pieds se prennent dans les siens et nous nous écrasons sur le sable en riant… Puis quand les rires s’arrêtent, je me rends compte que je suis entrain de l’écraser, mon corps à moitié sur le sien. Mon regard dans le sien alors que le souffle semble d’un coup me manquer. J’ai envie de l’embrasser à nouveau, cette envie dévorante qui ne semble plus vouloir me quitter depuis que j’ai gouté à ses lèvres pour la première fois. C’est un peu rapidement que je me relève alors, me frottant vigoureusement les mains sur mon short. « Okay… C’est bon, vous avez gagné ! Allez finir votre douve avant que l’eau ne détruise votre œuvre d’art. » Les jumeaux ayant repris le chemin du château je finis par tendre une main peu assurée vers Heidi pour l’aider à se relever. « Je suis désolé… Je ne t’ai pas fait mal à moins ? » Quand sa main attrape la mienne je sens un frisson me parcourir tout le corps, mes poils se hérissant sur mes bras… Mon cœur, battant un peu plus vite. Trop vite. « Je ne voulais pas être… Aussi brusque. »
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Un mois ce n’était pas si long, et pourtant il me semblait que je n’avais pas vu Elio depuis une éternité. Je n’étais pas prête à me retrouver si proche de lui, avec personne pour faire barrière entre nous. Si pendant un mois j’avais tout fait pour ne surtout pas penser à lui, me plongeant à fond dans mon travail et mes retrouvailles en famille, j’étais désormais au pied du mur. Et Elio ne m’aidait pas vraiment quant à savoir quelle attitude je devais adopter à son égard parce que son ton semblait bien hésitant. « Evidement… » lâchait-il lorsque je lui révélais que c’était Kaecy qui m’avait appelé à la rescousse pour récupérer les garçons, ce à quoi je ne tardais pas à ajouter que c’était pour moi un plaisir de passer un peu de temps avec eux. Puis, décidant qu’il était temps d’arrêter de marcher sur des œufs avec Elio, je choisissais de diriger la conversation vers les jumeaux. La distraction marcha à peu près, Dani et Scott se précipitant pour raconter à leur oncle les détails de la construction de leur château fort en sable. En revanche, je sentais bien qu’Elio n’écoutait qu’à moitié ses neveux, ayant plus d’une voix croisé son regard qui ne cessait de se reposer sur moi. « ELIOOO ! T’as vu ? Tu l’as vu la douve ? » s’impatientait finalement Scott alors qu’Elio ne lui répondait pas. « La douve ? Depuis quand tu connais ce mot toi ? » répliqua Elio, en riant un peu. « C’est Heidi qui nous a appris. » répondait alors Dani. « Ouais, même qu’elle est beaucoup plus intelligente que toi ! » Un petit rire m’échappait suite à la remarque de Scott, rire que je stoppais en croisant le regard d’Elio, qui faisait mine d’être vexé et de vouloir attraper son neveu. « J’espère que ce n’est pas toi qui leur a dit ça ! Même si c’est vrai c’est pas beau de se venter. » De nouveau, je riais un peu, plantant mon regard dans le sien, clairement amusée. « A quoi bon les maintenir dans l’ignorance, ils l’auraient compris tôt ou tard » lui lançais-je finalement avec un petit air mutin. Et tout à coup, je nous revoyais tous les deux comme les deux adolescents que nous avions été et cela faisait un bien fou.
Emportée par cet élan de nostalgie, j’avouais à Elio que que j’avais raconté aux jumeaux que c’était ici que nous venions lorsque nous étions plus jeunes, ici que leur mère avait passé bon nombre d’heures. « Comment je pourrais oublier… C’est ici que j’ai vu tes fesses pour la première fois. » lâchait Elio, l’air penseur avant de se mettre à rire. « Quoi ? Tu… OH ! » et à mon tour, je me mettais à rire, bien que je n’avais pu empêcher mes joues de prendre une légère teinte rosée à l’évocation de ce souvenir. « Je crois que c’est aussi la première fois que j’ai vu les tiennes, à moi que ça ne soit quand toi et Matteo ne vous amusiez à vous tirer mutuellement vos maillots dans la piscine » répliquais-je avec un sourire en coin, amusée. Je me souvenais de cette fois-là à la plage comme si c’était hier. Je m’étais retrouvée les fesses à l’air suite à une vague particulièrement violente et par esprit de solidarité, Elio avait choisi de retirer lui-même son maillot. « Je constate néanmoins que mes fesses t’ont marqué » ajoutais-je, taquine, en me mordillant légèrement la lèvre inférieure. Et alors que mon cerveau était en train de sonner l’alarme, me prévenant que nous jouions tous les deux à un jeu dangereux étant donné notre passif, Dani s’écriait : « T’as dis un gros mot ! » me tirant aussitôt de mes pensées. « Cul c’est pas un gros mot ! » répliquait Scott me tirant une fois de plus un petit rire. « Si ! Kaecy elle a dit que c’était un gros mot. » enchaînait alors Dani et d’autres répliques fusèrent mais déjà je ne les écoutais plus. Elio non plus, visiblement, qui s’adressait de nouveau à moi : « Ca peut durer très longtemps. » Je souriais avant d’ajouter : « Je n’en doute pas un instant, c’était toujours pareil entre Matteo et moi, en moins violent cela dit » Nous avions beau nous adorer, étant donné que nous passions toujours notre temps ensemble, il nous arrivait fréquemment de nous taper sur le système.
Finalement, Scott lâcha une réplique qui fit rire Elio et aussitôt il s’exclamait : « Tu vois même Elio il rit ! » et Dani de répondre : « Il rit parce qu’il est pas intelligent ! » Cette fois-ci, j’explosais de rire en écoutant les jumeaux et me tournais vers Elio « Outch… » avec une petite moue malicieuse. Aussitôt Elio s’élançait à la poursuite de Dani qui détalait, mais pas suffisamment vite et qui se retrouvait rapidement la tête dans la sable à cause de son oncle. Scott en profitait alors pour narguer Elio : « Et moi tu m’auras jammaaaiiis. » Et Elio et moi échangions alors un regard éloquent : « Et si Heidi et moi on vous montrait notre technique de vieux ? » Elio confirmait à voix haute ce que je pensais tout bas et nous nous mettions aussitôt à courir après les garçons. « Vieux ? Parle pour toi ! » lui lançais-je en lui tirant la langue avant de me mettre à courir derrière Dani. Quiconque qui ne nous connaissait pas, nous aurait pris pour n’importe quelle famille épanouie et heureuse, loin de se douter de toutes les souffrances et les complications qui nous incombaient tous les quatre. Pour une fois, aucun de nous ne pensait à rien, nous profitions du moment présent, passé en compagnie de ceux que nous aimions sans nous préoccuper du reste. Elio et moi commencions par courir après les jumeaux, les attrapant de temps à autre pour recommencer, nous roulant occasionnellement dans le sable en riant à gorge déployée. Puis Elio se mettait à me courir après, un jeu auquel nous avions beaucoup joué sur cette même plage il y avait quelques années. Et je me prêtais au jeu, comme avant, à courir pour lui échapper en riant toujours plus.
Puis, les bras d’Elio se refermaient autour de ma taille, et nous nous écrasions sur le sable, le souffle court à cause de la course et de nos rires. Elio était au-dessus de moi, m’écrasant légèrement. Aussitôt mon regard venait à la rencontre du sien et peu à peu mon rire mourrait dans ma gorge, tandis que mes yeux peinaient à quitter ses lèvres du regard. Un instant, le temps semblait s’arrêter, alors que nous nous fixions étrangement et Elio mettait fin au malaise qui s’était installé entre nous en se redressant. « Okay… C’est bon, vous avez gagné ! Allez finir votre douve avant que l’eau ne détruise votre œuvre d’art. » Et je restais un instant sur le sable, pour reprendre mon souffle et mes esprits. « Je suis désolé… Je ne t’ai pas fait mal à moins ? » J’attrapais la main qu’il me tendait pour me relever. « Non du tout » répondis-je, toujours un peu perturbée, sa proximité physique ne m’aidant en rien à mettre de l’ordre dans mes pensées. Comme toujours, Elio se chargeait d’embrouiller mon cerveau. « Je ne voulais pas être… Aussi brusque. » ajoutait-il. « La brusquerie ne me dérange pas venant de toi » plaisantais-je alors, faisant clairement allusion à la première fois où nous avions couché ensemble. Les mots étaient sortis de ma bouche avant même que je n’ai eu le temps d’y réfléchir. Aussi, après les avoir dit, je semblais à la fois surprise et amusée par ce que je venais de dire. J’allais ajouter quelque chose à l’attention d’Elio quand Dani s’exclamait derrière nous : « Beeeeurk ! » Je me tournais vers lui « Tu vas voir toi » Je me précipitais derrière lui pour finir par l’attraper et le porter sur mon épaule comme un sac à patate avec je me mettais à courir en direction de la mer. Sans plus tarder, je m’avançais au milieu de l’eau, jusqu’à ce que celle-ci m’arrive aux cuisses et je laissais tomber dans l’eau. Bien que ce soit la fin de l’hiver, les températures étaient encore tout à fait clémentes, aux alentours de vingt-cinq degrés et il avait fait grand soleil toute la journée. Elio et Scott ne tardaient pas à nous rejoindre au milieu de l’eau, habillés eux aussi. Profitant que les garçons soient en train de jouer tous les deux à s’éclabousser, je m’approchais d’Elio pour lui glisser : « J’espère que tu n’es pas trop déçu à l’idée de ne pas voir mes fesses cette fois-ci, je culpabiliserai de me donner en spectacle devant tes neveux » Je lui accordais un petit clin d’œil avant de le pousser dans l’eau, encore un vieux jeu que nous avions tous les deux.
Quelque part je le sais, je suis entrain de relancer un jeu dangereux entre nous. Pourtant nous l’avons joué pendant des années sans ne jamais dépasser les limites mais aujourd’hui les choses sont bien différentes et si la tentation de partager ce souvenir d’une baignade dénudée avec elle était forte, j’aurais peut-être du m’en passer. Essayer de préserver nos chances de rester simplement et purement éloignés l’un de l’autre, même si cette perspective m’est aussi douloureuse que nécessaire. « Quoi ? Tu… OH ! » Ses joues qui rougissent ne font que d’accentuer un peu plus mon rire alors que je vois à sa tête qu’elle non plus n’a pas oublié cet événement. « Je crois que c’est aussi la première fois que j’ai vu les tiennes, à moi que ça ne soit quand toi et Matteo ne vous amusiez à vous tirer mutuellement vos maillots dans la piscine » Et encore elle ne connait pas l’existence de nos nombreuses baignades nocturne complètement nus. Je n’ai jamais été bien pudique de tout façon, ce qui a pu dans le passé me causer quelques soucis avec mes voisins je dois l’avouer. « Ne fais pas comme si Matteo était le seul à tirer sur mon maillot. » Cette fois j’éclate de rire, alors que nous échangeons un regard complice, les souvenirs de notre passé semblant être la seule chose encore capable de vraiment nous lier. « Je constate néanmoins que mes fesses t’ont marqué » Le sourire qui étire mon visage est sans équivoque mais l’intervention des jumeaux ne me laisse pas le temps de lui répondre, au lieu de ça je me poste à côté d’elle pour observer la conversation animée des deux têtes rousses, du moins jusqu’à ce que cette dernière ne dégénère en bataille. Les rires remplaçant les mots, alors que nos pas sur le sable laissent des traces. « Vieux ? Parle pour toi ! » Elle me tire la langue comme une gamine ce qui a le don de faire rire les jumeaux et moi avec. Pourtant elle n’est pas si loin de moi, d’ici peu de temps ça sera son tour de prendre une année.
C’est un moment de bonheur, un de ceux qui rendent la vie si douce, ou seul le plaisir prend du sens et pourtant il prend fin, quand mon regard se pose dans celui d’Heidi, nos corps collés l’un à l’autre, nos souffles bien trop proches. Je sens le malaise revenir, l’envie d’elle aussi puissante comme si elle ne m’avait jamais quitté – que je m’étais leurré en pensant pouvoir ne pas y penser. Je la quitte rapidement, presque trop comme si ce contact m’avait brulé, sentant son trouble aussi présent que le mien. « Non du tout » Sa main dans la mienne je l’aide à se relever, pourtant quand elle est débout sa main ne quitte pas vraiment la mienne, comme arrêté dans son élan, mes doigts touchant encore les siens comme une caresse alors que je m’inquiète de l’avoir brusqué. « La brusquerie ne me dérange pas venant de toi » Je me mords l’intérieur de la joue me doutant que la référence n’est pas anodine et c’est la voix de Dani qui reprend le dessus ne nous laissant pas continuer. « Beeeeurk ! » Je secoue la tête ma main quittant pour de bon celle d’Heidi cette fois, alors qu’elle réagit plus vigoureusement. « Tu vas voir toi » Il lui faut peu de temps pour emmener Dani comme un sac à patate jusqu’à la mer et le lancer dedans et c’est presque aussi rapidement que Scott et moi nous les rejoignons. Nous ne prenons même pas la peine d’enlever nos T-shirt, nous éclaboussant d’eau jusqu’à être trempé jusqu’aux os. Puis alors que les jumeaux se lancent dans une bagarre effrénée Heidi se rapproche de moi. « J’espère que tu n’es pas trop déçu à l’idée de ne pas voir mes fesses cette fois-ci, je culpabiliserai de me donner en spectacle devant tes neveux » Je rigole à nouveau. « C’est dur de les priver d’un tel spectacle. Moi j’ai eu un show privé alors je m’en remettrais. » Je lui rends son petit clin d’œil ne m’attendant pas à ce qu’elle me pousse, je finis les fesses dans l’eau. « Tu me cherches là ? » Je me relève et lui saute dessus, l’attrapant par la taille pour tenter de la faire verser. Je l’entends hurler jusqu’à ce qu’elle finisse dans l’eau. Les hostilités sont lancées et c’est à son tour de me sauter dessus.
« Moi je viens t’aider Heidi ! » Je sens deux bras se glisser autour de mon cou en sautant sur mon dos alors que deux autres me tiennent la jambe. « Hey c’est de la triche ! A trois contre un ! » Ils finissent par avoir raison de moi et je me retrouve sous l’eau. J’y reste quelques secondes avant de bondir et de couler les jumeaux l’un après l’autre. Puis je me retourne vers Heidi. « Toi et moi à nouveau ! » Je lève un sourcil un peu amusé en me rapprochant d’elle. Je l’attrape et elle glisse ses mains à mon cou alors que les jumeaux sont réapparus. « Moi je suis chevalier ! Je vais sauver Heidi. » « Ouais la princesse Heidi ! » « Attaque. » Je glisse alors Heidi sur mon dos sentant ses jambes se resserrer autour de ma taille. « Je te kidnappe alors ! » Et je commence à courir en dehors de l’eau les jumeaux à ma poursuite, hurlant comme des chevaliers. Je cours le plus vite que je peux avec les deux têtes rousses à nos trousses. Je finis tout de même par fatiguer après plusieurs minutes, et ils viennent me cerner avec leurs petits sourires sadiques. « La princesse est à nous ! » Je me mets alors à genou laissant à Heidi le loisir de retrouver contact avec le sol ! « D’accord, d’accord, je me rends ! » C’est sans compter sur les jumeaux qui font mine de tuer le traitre et je me laisse glisser sur le sable, les grains venant s’accrocher à mon T-shirt et dans mes cheveux mouillés. Scott se couche à côté de moi et de l’autre coté c’est Heidi qui prend place Dani sur sa gauche. Je tente de reprendre mon souffle un peu difficilement en rigolant un peu. « Heidi ? » Dani se retourne finissant de se rouler dans le sable pour se poser sur ses coudes et regarder la jeune femme. « Est-ce que ma maman aussi elle aimait la bagarre ? » Je souris un peu tristement, plus le temps passe et plus je me rends compte que les jumeaux ont peu, voir même pas du tout, de souvenirs de leur mère… Je bouge légèrement ma main qui touche celle d’Heidi. Tous les deux le regard vers le ciel, je pince pourtant légèrement ma lèvre inférieure. Je sais bien que je devrais rompre le contact au plus vite, je devrais et pourtant au lieu de ça mes doigts vont chercher les siens, je sens une chaleur intense me parcourir alors que je referme mon étreinte sur sa peau. Je sais que je rends les choses plus compliquées encore mais c’est plus fort que moi… Plus fort que ma raison. Et ce n’est que deux mains non ? Je ne fais rien de mal.
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C’était étrange d’être là, face à Elio, après un mois d’exil loin de lui. J’avais pourtant bien survécu un an sans lui parler et sans le voir, deux presque même si on comptait l’année de mon retour à Brisbane où nos échanges avaient été rares et houleux. Mais aujourd’hui plus rien n’était pareil, depuis notre dernière entrevue tout avait changé. La vie avait parfois tendance à se jouer de nous, à se montrer particulièrement ironique et je l’avais compris à mes dépends, lorsque je m’étais rendue compte que je tenais bien plus à Elio que je ne le croyais alors même que nous nous rendions compte que notre relation n’était pas possible. C’était particulièrement étrange d’être face à lui, à jouer à un jeu que nous ne connaissions que trop, un jeu auquel nous avions joué des années durant sans jamais franchir les limites, et de constater qu’aujourd’hui, garder l’innocence de ces jeux était compliqué. C’était comme si maintenant que nous avions goûté à la peau de l’autre, il nous était devenu difficile d’y résister. Nous y résistions si peu, qu’il nous était impossible de ne pas jouer ce jeu dangereux, tout en sachant que nous risquions beaucoup. « Ne fais pas comme si Matteo était le seul à tirer sur mon maillot. » répliquait Elio après que j’ai évoqué les fois où lui et mon frère s’amusaient à se déshabiller l’un l’autre dans la piscine ou à la mer. « Je ne vois pas de quoi tu parles » répondis-je innocemment bien qu’un petit sourire en coin venait trahir mon amusement et ma culpabilité. Elio éclatait de rire et nos regards se croisaient. J’essayais de m’imprégner de cette image, d’Elio et moi, complices, sachant parfaitement que l’accalmie ne serait pas éternelle. Alors que j’ajoutais une petite réplique taquine à l’attention d’Elio, les jumeaux se chamaillaient, attirant notre attention à tous les deux.
Sans trop tarder, une course poursuite s’organisait entre nous quatre et finissait avec Elio couché sur moi après que nous soyons tombés dans le sable. Un instant comme suspendu dans le vide. Tout à coup, nous n’étions plus que tous les deux, loin de jumeaux, loin de cette plage, juste nous. Une fois de plus, mon envie d’être auprès d’Elio, de sentir sa peau juste contre la mienne, de pouvoir sentir son cœur battre juste à côté de moi, de m’enivrer de son parfum, me frappait. Tout avait changé et je me demandais si seulement un jour au moins, ma peau ne me brûlerait plus là où il m’avait touché. Finalement, alors que l’instant m’avait paru durer une éternité, Elio se relevait me tendant sa main pour m’aider à en faire de même. J’avais le souffle un peu court, comme si je l’avais retenu tout ce temps, de peur de briser ce moment. Et alors que nos échanges se faisaient un peu gênés, par les émotions que nous avaient tous les deux envahis, Dani interrompait notre conversation. Brusquement ramenée sur terre, je me lançais à la poursuite de celui qui aurait dû être mon filleul pour l’emporter avec moi dans la mer où je le laissais tomber. Scott et Elio nous suivaient de près et je taquinais ce dernier au sujet de cette baignade dénudée. « C’est dur de les priver d’un tel spectacle. Moi j’ai eu un show privé alors je m’en remettrais. » répondait-il en m’adressant un clin d’œil et pour toute réponse, je le poussais. Il tombait les fesses dans l’eau, prit de court. « Tu me cherches là ? » s’exclamait-il avant de me bondir dessus pour me faire tomber à mon tour. Telle une enfant, je me débattais légèrement, en riant à gorge déployée avant de finir dans l’eau à mon tour.
Naturellement, les choses en entrainant d’autres, la bataille reprit de plus belle. Je lui sautais dessus à nouveau et aussitôt Dani s’exclamait : « Moi je viens t’aider Heidi ! » Le garçon vint alors attraper Elio par le cou pendant que Scott m’aidait à attraper les jambes d’Elio. « Hey c’est de la triche ! A trois contre un ! » s’exclamait Elio, faussement courroucé. « C’est toi le plus fort, on n’y peut rien » répliquais-je, amusée. Finalement, Elio se retrouvait sous l’eau et finissait par réapparaitre, coulant l’un après l’autre ses neveux. Il finit par s’attaquer à moi. « Toi et moi à nouveau ! » Il s’approchait de moi et je souriais, amusée. « Ca se finit souvent tous les deux » plaisantais-je avec un petit air mutin. Il m’attrapait et je passais mes mains autour de son coup. Les jumeaux revenaient alors à la charge : « Moi je suis chevalier ! Je vais sauver Heidi. » « Ouais la princesse Heidi ! » « Attaque. » Elio me faisait alors glisser sur son dos et je serrais mes jambes autour de lui. « Je te kidnappe alors ! » Elio se mettait à courir hors de l’eau et je me mettais à crier au secours à l’attention des garçons qui nous suivaient de près en courant. Elio stoppait sa course après quelques instants de course poursuite pour se laisser encercler par Dani et Scott qui le regardaient l’air triomphant : « La princesse est à nous ! » Elio amorçait alors un retour vers le sol pour ma part, en s’agenouillant « D’accord, d’accord, je me rends ! » Aussitôt les jumeaux se jetaient sur Elio pour essayer de le tuer, et il tombait sur le sable, feignant la mort. Je venais alors frapper dans la main de chacun des garçons « Bien joué, la princesse est fière de vous » lui glissais-je avec un petit clin d’œil amusé. Scott s’allongeait finalement à côté d’Elio et j’en faisais de même, Dani à de l’autre côté, en riant toujours tous un peu. Ca faisait tellement de bien. « Heidi ? » m’interpellait Dani et je tournais mon visage pour le regarder. « Oui ? » « Est-ce que ma maman aussi elle aimait la bagarre ? » demandait-il finalement. Regardant toujours Dani, je lui lançais un petit sourire alors que la main d’Elio à ma rencontre, peu à peu nos doigts s’entrelacent et un petit frisson m’échappe. « C’était même la meilleure dans ce domaine, je ne compte plus le nombre de raclées qu’elle a mis à Elio » répondis-je alors à Dani avec un grand sourire. « Je pense même que vous avez hérité de son talent en matière de bagarre » ajoutais-je tournant brièvement pour croiser le regard d’Elio.
Puis, fixant le ciel à nouveau alors que ma main libre (l’autre toujours fermement accrochée à celle d’Elio) venait caresser les cheveux pleins de sable de Dani, je me lançais dans le récit de différentes aventures que nous avions vécu avec Leah. Nos batailles dans l’eau, nos parties de chat perchés endiablées et bien d’autres choses encore. Dani et Scott m’interrompaient de temps à autre pour me poser des questions ou raconter leurs propres souvenirs. Elio ajoutait sa touche personnelle, complétait mes histoires. Je ne saurais dire combien de temps exactement nous étions restés là, allongés dans le sable sur la plage à parler de nos aventures d’enfants et d’adolescents, à profiter de ce moment privilégié. Il semblait que le temps n’avait pas d’emprise sur nous, c’était notre bulle de bonheur, notre petit moment à nous, comme si nous étions une famille (ce que nous étions, au sens large du terme). Ce ne fût que lorsque je sentais Dani frissonner contre moi que je me rendais compte qu’il se faisait tard, que le vent s’était levé et que le soleil lui était de plus en plus bas. Mouillés, nous commencions tous à ressentir la fraîcheur environnante et cela devait être encore pire pour les jumeaux. « Je ne voudrais pas jouer les rabat-joie, mais je crois qu’il faudrait songer à rentrer » dis-je alors tout bas, tournant mon visage vers Elio, mes doigts toujours enlacés aux siens, mon pouce caressant distraitement le dos de sa main. « Déjà ? » demandait Scott avec une petite moue déçue. « Il commence à se faire tard et puis il faudrait qu’on ait encore plein d’histoires à vous raconter pour les autres fois » lui dis-je alors avec un petit sourire. Mais je comprenais ce que ressentait Scott, je n’avais pas envie de quitter cette plage, la proximité d’Elio et de ses neveux. Je ne me voyais pas du tout retourner seule, dans mon appartement.
Cette complicité qui lie Heidi et les jumeaux je peux la voir – si facilement. Comme si elle avait toujours fait partie de notre famille. Comme si – pour eux – ces mois passés loin de nous n’avaient eu aucune influence, qu’ils ne connaissaient pas le mot rancœur. Je regarde Heidi et quelque part j’aimerai que les choses soient aussi simples pour moi – tirer un trait sur ce qui c’est passé pour regarder vers l’avant. Mais je ne peux pas – pas totalement du moins. Une partie de moi a arrêté de se battre contre le vent – de lui reprocher des choses qu’elle ne pourra plus changer aujourd’hui. Mais pour autant les actes sont toujours marqués en moi – son absence qui brûle mes pensées je ne sais pas comment contrôler ça. Je ne crois pas que j’en sois vraiment capable – je doute de pouvoir un jour croire en elle à nouveau. Du moins comme j’y croyais à l’époque, avec cette impression naïve que les choses ne pourraient jamais changer. Certaines brisures de notre amitié ne sont peut-être pas faites pour être réparées. Pourtant quand ma main a frôlé la sienne, quand j’ai senti la chaleur de sa peau, vu le frisson sur son avant bras, je n’ai pas pu résister à l’envie de lier mes doigts aux siens. Me donnant l’impression passagère que nous avions encore le loisir de reconstruire quelque chose de différent… C’est sans doute un leurre mais il est charmant. « C’était même la meilleure dans ce domaine, je ne compte plus le nombre de raclées qu’elle a mis à Elio » « Hey ! » Je proteste faiblement tout en souriant alors que Scott vient se coller à moi pour écouter Heidi parler de sa mère. « Je pense même que vous avez hérité de son talent en matière de bagarre » Mon regard croise brièvement celui d’Heidi, lui intimant de continuer. C’est bon de l’entendre parler de Leah. Je suis bien ici avec elle et les jumeaux et je voudrais faire durer ce moment encore – le plus longtemps possible.
Le temps file sans que je n’aie aucune emprise sur ce dernier. Perdu dans les souvenirs de notre enfance, de ce passé qui d’un coup me semble si heureux. Nous avons évité aux jumeaux tous les moments les plus compliqués de cette époque – toutes les déceptions que nous avons nous aussi connues et auxquelles ils devront sans doute un jour faire face. Grandir n’est pas toujours simple – c’est pourquoi j’ai tenté pendant si longtemps de rester cet enfant insouciant. Je le suis sans doute encore un peu d’ailleurs, bien que la vie ne m’ait pas laissé d’autre choix que celui de devenir plus raisonnable. Mais cette parenthèse n’est pas dédiée à ça, il est question de bonheur, d’amour, de ce qui a fait de notre petit bande ce qu’elle était, et de leur mère une sœur, une amie, une confidente et évidement… une bagarreuse. J’avais évidement senti le froid s’installer, lentement nous poussant gentiment vers la maison, mais repoussé ce moment comme avait du le faire les autres essayant de ne pas ressentir les effets du froid pour rester un peu plus sur cette plage. « Je ne voudrais pas jouer les rabat-joie, mais je crois qu’il faudrait songer à rentrer » « Déjà ? » Cette protestation aurait presque pu venir de moi, mais c’est la voix de Scott un peu tremblante qui s’élève dans les airs. Me faisant comprendre qu’il est effectivement temps de rentrer. Heidi est la voix de la raison aujourd’hui et c’est à contre cœur que ma main quitta la sienne pour aider cette petite bande à se relever. « Il commence à se faire tard et puis il faudrait qu’on ait encore plein d’histoires à vous raconter pour les autres fois » J’ai un petit sourire un peu triste. Comme si, éjecté de notre instant de bonheur, j’étais revenu à la réalité. Celle où les choses ne sont pas aussi simples et plus particulièrement ma relation avec Heidi.
Nous rejoignons rapidement la route, essayant de nous débarrasser du sable qui semble avoir fusionné avec nos habits mouillés. « On peut prendre ta trottinette Elio ? » L’engin est resté à sa place tant que nous étions sur la plage. J’ai changé de trottinette il y a peu de temps me délestant de l’ancienne pour une plus récente, ce qui n’était pas de trop puisque c’est mon moyen de transport principal. « Oui mais vous faites attention ! » Je sais très bien que mes mots sont dans le vent, les jumeaux étant probablement les meilleurs cascadeurs casse-cou que je connaisse. Partant devant nous avec l’engin nous les entendons vaguement se bagarrer pour savoir qui ira devant pour conduire avant que le silence ne prenne place entre Heidi et moi. Nous ne sommes maintenant plus que tous les deux. Face à ce silence qui prend de plus en plus de place alors que je marche les mains dans les poches, Heidi quant à elle a croisé ses mains sur son torse comme pour se réchauffer. Finalement après un silence bien trop long je passe mon bras sur son épaule pour l’attirer contre moi. Peut-être un peu pour nous réchauffer mutuellement mais surtout parce que j’en ai envie. Je vais déposer un rapide baiser sur sa tempe avant de fixer mon regard au loin. « Merci Heidi… » Pinçant légèrement les lèvres je laisse un instant de flottement avant de continuer la suite de ma pensée. « D’avoir parlé de Leah avec eux… On ne le fait sans doute pas assez souvent. » Parfois ça me semble difficile d’aborder ce sujet avec les jumeaux, mais dans la discussion avec Heidi les choses étaient venues si simplement. « Je crois qu’ils en ont besoin et… Je n’voudrais pas qu’il l’oublie. » Mon sourire un peu triste disparait petit à petit pour laisser place à une expression plus sérieuse encore. « Elle mérite qu’ils aient des souvenirs d’elle merveilleux… Même si ce sont les nôtres. » Puisqu’au long terme il y a peu de chance qu’ils gardent des souvenirs qui leurs sont propres vu leur jeune âge.
Après quelques minutes de solitude les jumeaux reviennent à la charge. Dani ayant poussé Scott, qui en tombant c’est légèrement égratigné le coude mais c’est avec un sourire triomphant qu’il revient montrer son coude à Heidi. « T’as vu ? Même pas mal ! J’ai pas pleuré moi ! » Je lève un peu les yeux au ciel en riant dans ma barbe alors qu’Heidi fait mine d’être surprise. « Heureusement qu’ils ont la tête dur ! » Et si je le dis sur le ton de la rigolade, c’est assez proche de la réalité au final. Tirant sur le pull d’Heidi, Dani aborde maintenant son regard de supplication qui est repérable à des kilomètres à la ronde. « Heiddddiii ? Tu viens manger chez nous ? » Je ne l’avouerais jamais mais Dani a su proposer ce que je ne me serais jamais osé à demander. Sentant que ça aurait été compliquer encore plus notre situation qui l’est pourtant déjà bien assez. Le regard d’Heidi se tourne évidement vers moi et je ne sais trop quoi répondre. « Oui…Enfin… C’est plus proche chez nous et tu pourrais prendre une douche pour te… réchauffer ? » C’est probablement l’argument le plus mal sortie de l’histoire des argument mais un moyen comme un autre d’aller dans le sens de cette invitation.
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Ca avait été un peu comme un rêve, un instant privilégié, suspendu dans le temps. Et voilà que nous venions de nous réveiller, la morsure du vent se faisait sentir sur nos corps mouillés et je m’inquiétais de la santé des jumeaux (il aurait été dommage que ceux-ci attrapent un rhume uniquement parce que je n’étais pas capable de mettre fin à ce moment presque trop merveilleux pour être vrai). Alors que c’était moi-même qui avait suggéré à Elio de quitter la plage avant d’attraper froid, je regrettais presque aussitôt ma décision lorsque ses doigts échappaient aux miens. De nouveau, j’avais la sensation que j’allais devoir affronter la complexité de ma relation avec Elio (moi qui avait espéré avoir plus de sursis que ça). Rapidement, nous étions tous debout de nouveau, pleins de sable et encore mouillés et nous quittions peu à peu la plage pour rejoindre la route après avoir essayé en vain de nous débarrasser des grains de sables qui se trouvaient sur nos habits et dans nos cheveux. Si les jumeaux avaient semblé aussi déçus que nous de devoir mettre fin à ce petit moment, ils reprenaient rapidement du poil de la bête. « On peut prendre ta trottinette Elio ? » demandait Scott en montrant du doigt la fameuse trottinette qui était posée là. « Oui mais vous faites attention ! » répondait Elio et aussitôt les garçons partaient en trombe jusqu’à la trottinette avant de commencer à se chamailler pour savoir lequel des deux pourrait l’essayer en premier. Mais je ne les écoutais déjà plus, trop occupée par ce vide qui s’était à nouveau installé en moi et que j’avais passé un mois à ignorer. Je savais que tout ceci n’avait été qu’un sursis, qu’un moment isolé qui ne se reproduirait sûrement jamais puisque ma relation avec Elio ne le permettait normalement pas. Pourtant j’y avais pris goût, encore plus après avoir pu jouer de nouveau à ce petit jeu de séduction avec Elio, encore plus après avoir senti la chaleur de son corps contre le mien et la douceur de sa peau contre la mienne. Nous suivions de loin les jumeaux, en silence, chacun dans ses pensées, pensées qui se faisaient très certainement écho.
Finalement, alors que je pensais passer le reste du trajet en silence aux côtés d’Elio, celui-ci fit quelque chose qui m’étonna : il m’attira à lui, un bras autour de mes épaules. Je me laissais aller contre lui, marchant à ses côtés. Je fermais un instant les yeux lorsqu’il déposait ses lèvres sur ma tempe. Et un instant, le vide qui s’était installé en moi quelques instants auparavant sembla disparaitre. « Merci Heidi… » lâchait-il, brisant le silence. Et je le regardais sans comprendre pourquoi il me remerciait. « D’avoir parlé de Leah avec eux… On ne le fait sans doute pas assez souvent. » enchaînait-il. « C’est compréhensible, ça reste plus douloureux pour toi que pour nous. Et puis ça me semblait important, qu’ils sachent qui elle était, qu’ils peuvent en être fiers » répondis-je tout doucement, juste assez fort pour qu’Elio m’entende distinctement. « Je crois qu’ils en ont besoin et… Je n’voudrais pas qu’il l’oublie. » « Ils ne l’oublieront pas, tu sais. Ce n’est pas le genre de choses qui s’oublient. Et même lorsqu’ils ne se souviendront plus des moments qu’ils ont partagé avec elle, ils penseront toujours à elle. » Je savais de quoi je parlais, j’avais perdu mon père quand je n’étais pas plus vieille que les jumeaux et si en grandissant les souvenirs que j’avais de mon père se faisaient plus rares et plus flous, il ne se passait pas un jour sans que je ne pense à lui et pour en avoir discuté avec Kaecy plus d’une fois, je savais qu’elle ressentait la même chose. Il ne faisait donc presque aucun doute qu’il en serait de même pour les jumeaux. « Elle mérite qu’ils aient des souvenirs d’elle merveilleux… Même si ce sont les nôtres. » ajoutait Elio et pour toute réponse je venais embrasser sa joue avec affection.
Quelques secondes après ça, Scott se payait une petite gamelle en tombant de la trottinette après que Dani l’ait poussé. Je guettais un instant, histoire de voir si Scott s’était fait mal ou non mais celui-ci se relevait rapidement pour accourir dans notre direction en nous montrant son coude égratigné. « T’as vu ? Même pas mal ! J’ai pas pleuré moi ! » Je m’accroupissais pour observer la plaie qui n’avait rien de dramatique. « C’est bien, crapule. » J’embrassais son front avant de me redresser « Tu soigneras ça en rentrant à la maison. » lui dis-je alors. « Heureusement qu’ils ont la tête dure ! » Et je riais un peu, prête à ajouter quelque chose quand je sentais Dani qui tirait sur mon haut. Je baissais le regard pour l’observer : « Heiddddiii ? Tu viens manger chez nous ? » demandait-il dans une moue absolument irrésistible. Il me prenait de court et ne m’étant pas préparée à une telle proposition, je restais muette me tournant vers Elio, le laissant régler cette question avec son neveu. Il resta lui-même interdit quelques instants, sans trop savoir quoi répondre à son tour. « Oui…Enfin… C’est plus proche chez nous et tu pourrais prendre une douche pour te… réchauffer ? » finit-il par ajouter en me regardant. Poussée par l’envie de rester en compagnie d’Elio pour profiter de cette journée particulière et grandement aidée par le regard suppliant des jumeaux, j’hochais alors la tête. « C’est d’accord » Et aussitôt les jumeaux se mettaient à sautiller en chantant « Elle vient mangeeer, elle vient mangeeer » Je riais un petit peu avant de me tourner vers Elio, qui souriait lui aussi : « Pour prendre une douche pour me réchauffer ? » dis-je dans un sourire en coin amusé, me moquant clairement de lui et de son invitation bidon.
Le reste du trajet se déroula sans incident notable, les jumeaux ayant réussi à trouver un terrain d’entente pour utiliser la trottinette d’Elio sans se chamailler. Et rapidement, nous montions les escaliers qui menaient à l’appartement que partageaient Elio et Kaecy avec les jumeaux. Après qu’Elio ait ouvert la porte, les jumeaux disparaissaient rapidement dans la salle de bain où Elio leur avait demandé d’aller se laver. Kaecy n’était pas encore rentrée, ce qui n’avait rien de bien étonnant étant donné qu’elle faisait régulièrement des heures supplémentaires, surtout lorsqu’un livre était sur le point de sortir. Je déposais mon sac dans l’entrée, sans trop savoir où me mettre. J’étais pleine de sable et je commençais à avoir froid mais depuis que nous avions quitté la plage, je sentais bien une certaine tension qui s’installait entre nous. C’était beaucoup trop pour nous de nous retrouver soudainement seuls l’un avec l’autre sans les jumeaux pour nous distraire. « Au fait, comment va Kaecy ? » lui demandais-je alors. « Je n’ai pas eu l’occasion de la voir ces temps-ci, on est aussi occupées l’une que l’autre » Et alors qu’Elio me donnait quelques nouvelles de Kaecy et que nous enchainions sur quelques banalités histoire de briser ce silence pesant qui menacer de s’installer entre nous, Scott débarquait en pyjama me montrant son coude. « Tu veux bien le soigner ? » demandait-il. « Bien sûr » Je m’accroupissais, observant la blessure pendant qu’Elio était parti chercher un pansement et de quoi désinfecter l’égratignure. Il revenait quelques instants plus tard avec le matériel adéquat et en un rien de temps j’avais mis un pansement sur la blessure du garçon. « Allez file, va jouer avec ton frère, on vous appelle quand le repas est prêt » Et Scott ne se faisait pas prier pour retourner dans sa chambre. « Sinon, il me semble que tu avais fait mention d’une douche pour me réchauffer ? » dis-je, d’un air amusé, en me tournant vers Elio, commençant réellement à ne plus supporter le sable que j’avais dans les cheveux.
La complexité des sentiments qui m’envahissaient aurait été bien difficile à expliquer. Encore plus quand je sentais Heidi répondre à mon étreinte en se collant un peu plus à moi, dans la fraicheur de cette fin de journée. C’est peut-être ce besoin de la remercier qui m’avait poussé vers elle, en tout cas à marcher à ses côtés dans cette rue, je me sentais à ma place. « C’est compréhensible, ça reste plus douloureux pour toi que pour nous. Et puis ça me semblait important, qu’ils sachent qui elle était, qu’ils peuvent en être fiers » J’avais baissé les yeux sur la route ne sachant trop si je voulais vraiment aborder ce sujet. Parler de Leah ne m’était jamais très facile, en grande partie parce que je savais pas vraiment ce qu’il fallait dire. J’avais l’impression que l’on attendait de moi une certaine réaction sans savoir si la mienne était la bonne. « Est-ce que c’est étrange si je te dis que c’est pas si douloureux… » Je ne savais pas comment l’exprimer sans avoir l’air de passer pour un monstre. Evidement quand je pensais à la mort de ma sœur il y avait ce point énorme sur mon cœur mais ça ne me semblait pas aussi puissant que ce qu’Heidi avait laissé transparaitre lorsque son frère avait disparu. « C’est comme si je réalisais pas… Je veux dire j’ai… J’ai les jumeaux avec moi – je m’en occupe et tout a changé dans ma vie mais… Je n’arrive pas à me dire qu’elle ne reviendra jamais. On parle d’elle et c’est comme si ce soir elle allait pousser la porte de la maison – inchangée, et revenir les chercher… » C’était totalement idiot je le savais bien. Et pourtant parler de sa morte à haute voix me semblait complètement fou encore aujourd’hui. Peut-être que j’avais ce sentiment parce que je n’avais jamais pris le temps de faire mon deuil. Quand Leah était décédée, j’étais en Asie, un de ses nombreux voyages que j’avais exécuté. Le temps que je revienne l’enterrement était passé, j’étais resté comme un con avec cette impression d’avoir loupé quelque chose. Puis la garde des jumeaux m’était un peu tombée dessus – j’avais pris à peine quelques heures pour me morfondre avant que Kaecy ne me tire de mes jérémiades pour me rappeler mes obligations. Deux enfants comptaient sur moi maintenant et si je ne me bougeais pas ils seraient arrachés pour de bon à leurs racines. Je n’avais pas eu le temps de plus réfléchir, et leur arrivé dans nos vies avait été tellement difficile à gérer que j’en avais comme oublié la raison de leur présence. « Ils ne l’oublieront pas, tu sais. Ce n’est pas le genre de choses qui s’oublient. Et même lorsqu’ils ne se souviendront plus des moments qu’ils ont partagé avec elle, ils penseront toujours à elle. » J’espérais qu’elle dise vrai – parce que l’idée que l’image de leur mère les quitte me semblait horrible. J’avais grandi sans connaître ma propre mère – la vrai, celle qui m’avait mis au monde. Encore aujourd’hui je ne savais rien d’elle si ce n’est ce que mon père avait bien voulu me dire et qui se résumait en peu de mots. Une mort jamais expliquée et de vagues origines mexicaines. Puis, le baiser d’Heidi sur ma joue m’avait fait esquisser un sourire alors que je resserrais un peu mon étreinte autour de ses épaules. « C’est le cas pour toi ? » J’avais posé la question un peu timidement. Comme si l’intimité de ses mots pouvait jurer avec le cadre de nos relations actuelles. « Avec ton père… » Nous connaissions tous l’attachement d’Heidi pour ce père qu’elle avait à peine connu, cette façon dont elle s’était à la suite accrochée aux hommes de ça vie pour combler ce manque dont nous avions peu souvent parlé elle et moi.
Les jumeaux revenus pavaner près de nous, Heidi et moi avions repris un peu plus de distance alors qu’elle se penchait sur Scott pour observer son coude légèrement égratigné et que Dani l’invitait à la maison, me mettant dans une situation quelque pour difficile alors que l’invitation tenait maintenant sur mes épaules. Ce que j’avais eu un peu de mal à gérer au vu de ma réponse. « C’est d’accord » La joie des jumeaux n’avait pas tardé à éclater ce qui m’avait fait largement sourire alors qu’Heidi se retournait vers moi. « Pour prendre une douche pour me réchauffer ? » Levant les yeux au ciel je lui avais donné un petit coup d’épaule. « Oh ça va ein ! » Rigolant un peu parce que je me rendais bien compte moi aussi que cette invitation était ridiculement mal formulée. Nous avions continué notre chemin jusqu’à l’appartement que Kaecy et moi partagions. Sur le chemin je lui avais envoyé un message pour savoir où elle en était n’osant pas lui dire clairement que j’avais invité Heidi. De toute façon Kaecy était coincée au bureau encore pour quelques heures apparemment. Je ne savais pas trop si cette perspective m’enchantait ou m’apeurait un peu, parce que ça voulait dire qu’il n’y aurait personne pour faire tampon entre nous si les choses venaient à dégénérer.
Une fois arrivés, Heidi et moi nous étions rapidement retrouvés seuls, les jumeaux étrangement obéissant n’avait pas ronchonné avant de filer sous la douche. Peut-être parce qu’ils voulaient faire bonne figure devant Heidi, ou parce qu’ils avaient plus froid qu’ils ne voulaient bien l’avouer. « Au fait, comment va Kaecy ? » C’est elle qui avait rompu le silence qui commençait à devenir pesant entre nous. Etre seul avec elle représentait un challenge bien plus grand que celui de la partager avec les jumeaux. « Je n’ai pas eu l’occasion de la voir ces temps-ci, on est aussi occupées l’une que l’autre » J’osais à peine lui dire qu’il en était de même pour moi. Nos avions calé nos horaires respectifs pour que les jumeaux ne soient jamais seuls, ce qui au final nous faisait peu de temps à partager l’un avec l’autre. « Oui, oui elle va bien… Enfin je crois. Tu sais bien qu’elle n’est pas du genre à se plaindre. » Et c’était peu dire, il fallait souvent lui sortir les verres du nez quand quelque chose la troublait. Heureusement au fil des années j’avais fini par reconnaître certain de ses tics qui suffisaient à savoir quand elle n’allait pas bien. La conversation avait continué sur ce ton – avec l’impression un peu étrange que je m’adressais à une inconnue et non pas à Heidi. Mes mots n’étaient pas choisis simplement – comme si chacun d’eux risquaient de provoquer un cataclysme que je préférais éviter. Jusqu’à ce qu’enfin les jumeaux ne finissent leur douche, et que Scott ne vienne réclamer qu’Heidi le soigne. J’avais profité de cette occasion pour m’évader et aller chercher de quoi le soigner. Je m’étais en fait contenté de prendre la trousse de pharmacie que Kaecy avait constitué, bien heureux de ne pas devoir m’occuper de ça. « Allez file, va jouer avec ton frère, on vous appelle quand le repas est prêt » Le repas… Je me rendais compte d’un coup que nous n’avions même pas commencé à cuisiner. A nouveau seul j’avais enfoncé mes mains profondément dans mes poches en regardant autour de moi ne sachant trop quoi faire maintenant. « Sinon, il me semble que tu avais fait mention d’une douche pour me réchauffer ? » « Ha… Heu… Oui bien sûr. » Jetant un regard à mes propres habits je me rendais compte qu’après elle il faudrait que je me douche moi aussi. « J’aurais bien proposé autre chose pour te réchauffer, mais ça aurait été mal venu devant des enfants. » Un sourire un peu amusé sur le visage, j’avais conduit Heidi jusqu’à la douche, lui sortant une serviette avant de réaliser que ses habits seraient toujours mouillés et plein de sable une fois sa douche effectuée. « Je vais aller voir si je peux te dégotter quelques vêtements je… Laisse la porte ouverte je te les déposerais sur le lavabo… » Ce n’est qu’une fois la phrase prononcée que je me rendais compte de l’ambiguïté de ce que je venais de dire, préférant sortir en vitesse de cette salle de bain trop petite - qui du coup nous forçait à être un peu trop proche l’un de l’autre. J’étais allé fouiller dans le linge propre qui n’avait pas encore été plié et rangé pour revenir quelques minutes plus tard avec des habits. Toquant à la porte j’avais entrouvert très légèrement pour la prévenir de ma présence. « Hem Heidi ? » Je ne pouvais empêcher mon esprit de l’imaginer nue – sous la douche. Et d’avoir une envie irrésistible de rentrer et de la rejoindre. « J’ai pas voulu fouiller dans les affaires de Kaecy mais je t’ai trouvé un de ses shorts et… un pull à moi. J’espère que ça ira. » Ouvrant un peu plus la porte j’avais posé les affaires sur le lavabo comme promis, me forçant à ne pas regarder de son côté. Je me connaissais assez bien pour savoir mes faiblesse et la voir dénudé aurait de quoi faire tomber mes barrières personnelle, sans aucun doute.
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J’avais un peu de mal à me faire à l’idée que nous étions là, tous les deux avec Elio, à marcher côte-à-côte, son bras autour de mes épaules sans que la moindre tension ne soit palpable entre nous. C’était bien la première fois depuis mon retour à Brisbane que nous réussissions à rester aussi longtemps en compagnie l’un de l’autre sans que cela ne tourne au vinaigre. Sans savoir encore combien de temps ce statut quo allait bien pouvoir durer, je tâchais donc d’apprécier ce moment pour ce qu’il était, sans trop me projeter pour éviter la traditionnelle désillusion d’après Elio. Les jumeaux devant nous, nous nous mettions à parler de Leah, un sujet sensible dont nous n’avions que très peu parler ensemble tous les deux. C’était douloureux pour nous deux, d’autant plus que cela nous renvoyait sans cesse au même point : ma fuite hors de Brisbane. Encore aujourd’hui, j’avais un peu de mal à me pardonner de ne pas avoir été là pour lui, dans un moment aussi critique, surtout quand je songeais au fait que si j’avais pris la fuite c’était pour échapper à la mort de mon propre frère qui s’était révélé être encore vivant pour en finir. « Est-ce que c’est étrange si je te dis que c’est pas si douloureux… » avouait alors Elio d’un air un peu coupable que je pouvais comprendre. Je n’avais pas du tout réagi comme lui lorsque Matteo avait disparu, au contraire, autour de moi tout mon monde s’était écroulé et la douleur avait été insoutenable pendant de longs mois. En revanche, à mon retour à Brisbane, après que j’ai quitté Dean et que j’ai renoué avec mes racines, mes amis et ma mère, la douleur de causée par l’absence de Matteo s’était atténuée. Peu à peu, je m’étais moi-même surprise à pouvoir parler de lui sans que les larmes ne me viennent. « On réagit tous de façon différente je pense. Il n’y a pas une véritable façon d’affronter la mort d’un proche, ni même aucune réaction standard à adopter. C’est beaucoup trop personnel pour pouvoir être caractérisé et normalisé » lui dis-je alors, cherchant à faire taire cette once de culpabilité que je devinais en lui. « C’est comme si je réalisais pas… Je veux dire j’ai… J’ai les jumeaux avec moi – je m’en occupe et tout a changé dans ma vie mais… Je n’arrive pas à me dire qu’elle ne reviendra jamais. On parle d’elle et c’est comme si ce soir elle allait pousser la porte de la maison – inchangée, et revenir les chercher… » enchaînait-il et je lui adressais un petit sourire triste. J’avais moi-même été à sa place pendant presque deux ans, jusqu’à ce que mes prières soient exaucées et que je me retrouve en face de mon frère, en chair et en os, bel et bien vivant. Malheureusement, ce n’était pas le genre miracle qui se produisait à chaque fois. Peu à peu, Elio avouait qu’il avait peur que ses neveux oublient tout de leur mère et je tentais de le rassurer sur ce point, en me basant sur ma propre expérience. « C’est le cas pour toi ? » demandait-il. « Avec ton père… » ajoutait-il avant que je n’ai pu répondre, ayant tout de même compris où il souhaitait en venir. « Je me souviens de certains moments, de certaines de ses phrases. Je vois encore clairement son visage quand je ferme les yeux et je peux presque sentir son parfum si je me concentre assez fort. Mais j’ai oublié beaucoup de choses. Mais il y a les photos, les histoires que ma mère me raconte et les souvenirs un peu mieux conservés de Matteo. Je pense souvent à lui tu sais, pas nécessairement tous les jours, mais régulièrement. Il fait partie de moi et ça rien ni personne ne pourra le changer, pas même le temps qui passe » lui dis-je alors, posant ma tête contre son torse alors que nous continuions de marcher.
Finalement, Dani me demandait si je restais manger et Elio me proposait de rester pour au moins prendre une douche, histoire de me réchauffer. Je ne manquais évidemment pas de me moquer de lui à ce sujet, ce qui me valut un petit coup d’épaule de sa part. Rapidement nous étions arrivés chez eux et alors que les jumeaux, sûrement frigorifiés, s’éclipsaient pour prendre leur douche, je me retrouvais seule avec Elio. La tension qui ne semblait presque jamais nous quitter, fit irruption une fois de plus entre nous et je tentais tant bien que mal de la repousser en évoquant Kaecy, premier sujet de conversation qui m’était venu à l’esprit. « Oui, oui elle va bien… Enfin je crois. Tu sais bien qu’elle n’est pas du genre à se plaindre. » répondait-il lorsque je lui demandais de ses nouvelles. « Ca n’a jamais été son fort en effet » Je souriais un peu, amusée, en songeant au côté un peu réservé et assez pudique du point de vue de ses sentiments de mon amie d’enfance. Scott arrivait finalement pour me demander de soigner son coude et je m’y attelais avec précaution avant de le renvoyer dans sa chambre jouer avec son frère. J’avais finalement demandé à Elio si je pouvais prendre une douche, ayant un peu froid et étant de moins en moins à l’aise dans mes habits mouillés pleins de sable. « J’aurais bien proposé autre chose pour te réchauffer, mais ça aurait été mal venu devant des enfants. » plaisantait-il, affichant un sourire amusé pendant qu’il m’accompagnait jusqu’à la douche. « Ca tombe bien, les enfants sont à l’étage » répliquais-je alors du tact au tact, toujours aussi habituée à rentrer dans son jeu. Au fond, entre lui et moi c’était comme une partie de ping-pong, nous nous renvoyons la balle constamment et avec aisance, sans même avoir à y penser plus que ça. « Je vais aller voir si je peux te dégotter quelques vêtements je… Laisse la porte ouverte je te les déposerais sur le lavabo… » me disait alors Elio, posant une serviette et disparaissant pour aller chercher les vêtements dont il me parlait. Je profitais alors de cet instant pour me déshabiller, ayant quelques difficultés à retirer mon jean qui avait adhéré à ma peau mouillée. Une fois nue, j’étais rentrée dans la douche, ne pouvant plus attendre de sentir l’eau brûlante sur ma peau froide. « Hem Heidi ? » Elio revenait, après avoir toqué légèrement contre la porte, alors que j’étais dos à lui, dans la douche. L’envie de l’inviter à rejoindre ma douche était tentante mais je savais que ce n’était pas une bonne idée, que ça serait jouer avec le feu une fois de plus. Peut-être même que je m’exposerai à un refus de sa part. Et si je pouvais encore contenir mon désir de le sentir contre moi, j’étais certaine de ne pas pouvoir encaisser l’idée qu’il ne partageait pas mes désirs. « J’ai pas voulu fouiller dans les affaires de Kaecy mais je t’ai trouvé un de ses shorts et… un pull à moi. J’espère que ça ira. » Je n’écoutais qu’à moitié ce qu’il me disait, me contenant d’un petit « Hum hum » histoire de lui signifier que j’avais entendu, bien trop occupée à essayer de vider mon esprit de toute pensée et tentation. Pourtant, le savoir juste-là, derrière moi, entendre sa voix dans mon dos suffisait à me décrocher un frisson le long de l’échine. Après tout, ce que Matteo ne savait pas ne pouvait pas lui faire de tort ? Et ce n’était pas une fois en plus ou non qui changerait quelque chose à la trahison que représentait ma relation avec Elio. Ne disait-on pas, d’ailleurs, jamais deux sans trois ? Il serait pourtant bien dommage de conclure cette après-midi parfaite sur une frustration extrême, non ? Me mordant la lèvre, je finissais par céder. « Elio ? » l’interpellais-je d’une voix un peu rauque. Je le sentais qui se figeait dans son mouvement pour quitter la salle de bain. Et sans vraiment y réfléchir, je quittais la douche pour m’approcher de lui. Attrapant son t-shirt avec mes mains au niveau de son torse et montant sur la pointe de mes pieds, je l’attirais à moi pour venir l’embrasser.
Ca me revenait d’un coup, cette facilité déconcertante avec laquelle j’étais capable de parler avec Heidi. Des vraies choses, celles qui comptent. J’avais presque oublié ce point – cette façon dont elle savait me mettre en confiance sans faire grand chose, juste par sa présence. C’est peut-être ce qui avait rendu son départ aussi difficile à encaisser, elle avait brisé cette confiance. Puis à son retour, prétendue que j’aurais du m’en douter alors que je n’avais rien vu venir. Il me semblait que je connaissais tellement d’elle à l’époque, comprendre que j’avais vu faux sur tout la ligne avait été aussi dur que de devoir vivre sans elle. « On réagit tous de façon différente je pense. Il n’y a pas une véritable façon d’affronter la mort d’un proche, ni même aucune réaction standard à adopter. C’est beaucoup trop personnel pour pouvoir être caractérisé et normalisé » Je comprenais ses mots et ils avaient quelque chose de rassurant. Bien que je ne sois pas persuadé que tout le monde partage son point de vu. La mort d’un être cher semblait nécessiter tout un processus que j’avais de la peine à suivre. Tandis qu’Heidi avait semblé le vivre à l’époque avec la perte de son père et quelque part son histoire ressemblait un peu à celle des jumeaux. Même si elle ne c’était pas retrouvée projetée dans une vie où son oncle incapable devait prendre soin d’elle. Et c’est un peu timidement que je m’étais aventuré sur le sujet délicat de son père. « Je me souviens de certains moments, de certaines de ses phrases. Je vois encore clairement son visage quand je ferme les yeux et je peux presque sentir son parfum si je me concentre assez fort. Mais j’ai oublié beaucoup de choses. Mais il y a les photos, les histoires que ma mère me raconte et les souvenirs un peu mieux conservés de Matteo. Je pense souvent à lui tu sais, pas nécessairement tous les jours, mais régulièrement. Il fait partie de moi et ça rien ni personne ne pourra le changer, pas même le temps qui passe » J’avais serré un peu plus fort Heidi contre moi pour lui montrer ma présence caressant son bras lentement et sentant les frissons sur ce dernier sans savoir si c’était le froid ou mon contact qui lui procurait cette sensation. « J’aurais aimé le connaître… » Je me souvenais très vaguement de son père – j’avais du l’entrevoir une fois quand mon propre père lui avait parlé mais tout comme Heidi il n’était vivant dans mon esprit que par quelques photos et des souvenirs reportés que j’avais volé à la mémoire de mon meilleur ami. Mémoire qu’il avait aujourd’hui perdue.
Lorsque nous avions pénétré dans l’appartement, la chaleur de ce dernier avait semblé faire contraste avec nos peaux froides et les grelottements des jumeaux qui avaient aussitôt filé sous la douche. Puis ça avait été au tour d’Heidi. Je m’étais permis un petit commentaire un peu amusé alors que je l’accompagnais à la douche, essayant de retrouver cette relation qui avait été la notre – avec l’espoir un peu bête que nous pourrions nous contenter de ça. Comme nous l’avions fait pendant des années. Et oublier ces moments plus intimes qui avaient changé la donne ces derniers mois. « Ca tombe bien, les enfants sont à l’étage » Souriant un peu amusé, ça ne m’avait pas empêché de ressentir un certain malaise une fois enfermé avec elle dans la salle de bain. Et je m’étais donc rapidement éclipsé pour aller lui chercher de quoi s’habiller. Une fois les affaires en main je m’étais approché de la porte un peu hésitant. J’entendais l’eau couler, je pouvais presque imaginer son corps nu juste de l’autre côté de cette porte ce qui faisait déjà naitre mon désir. Pourtant je tentais de lutter de chasser ses idées de ma tête alors que j’entrouvrais la porte le moins grand possible pour lui parler. « Hum hum » La main un peu tremblante et tentant de réprimer mes envies j’avais pourtant été bien obligé de me glisser un peu plus dans la salle de bain pour déposer comme promis le paquet de vêtements sur le lavabo. Mon geste s’était stoppé un instant alors que je fermais fortement les yeux pour m’empêcher de jeter ne serait-ce qu’un coup d’œil. « Elio ? » Sa voix avait raisonnée dans mon dos m’arrachant un premier frisson. J’avais ouvert les yeux sans pour autant me retourner, entendant ses pas quitter la douche. Quand enfin mon corps avait pivoté pour se retrouver face à sa nudité, j’étais resté figé. Elle n’avait jamais été aussi belle qu’à cet instant, dans son plus simple appareil, ses yeux se posant sur moi, sa mine coupable alors qu’elle n’avait encore rien fait. Pour ma part je n’avais pas bougé, comme pétrifié par cette vision alors que ses mains venaient agripper mon T-shirt et que nos lèvres se retrouvaient dans un baiser. « Non Heidi… Ne fais pas ça… » Ca m’était si douloureux de la repousser, de me refuser à répondre à ce baiser que je désirais tant. Tout en moi criait mon envie d’elle mais je voulais être meilleur que ça. Elle méritait mieux que cette attitude d’imbécile que j’avais à son égard, qu’un mec qui n’était pas capable de la choisir elle plutôt que son frère. Je n’étais pas cette personne et céder à la tentation ce soir ne ferait qu’empirer les choses. Jusqu’à lors j’avais au moins l’excuse de cette mort à laquelle nous avions tous cru pour justifier mon comportement envers Heidi. Mais Matteo était revenu aujourd’hui. « On ne peut pas céder Heidi… C’était le jeu… depuis le début…. Ca doit rester comme ça. » Et j’avais peut être eu tord de croire que nous pouvions continuer à le jouer impunément aujourd’hui. Serrant le yeux pour ne surtout pas croiser son regard, ou son corps nu j’avais attrapé ses mains dans les miennes pour les détacher de moi, sentant une émotion vive me saisir. Puis ouvrant les yeux j’avais fait l’erreur de croiser son regard, sa déception, sa tristesse. J’étais pourtant resté immobile alors qu’elle retournait sous la douche.
Elle me tournait le dos et pourtant je ressentais tout tellement fort en moi – toutes ses émotions. Tous ces sentiments qui m’envahissaient à chaque fois qu’elle était près de moi, bons comme mauvais. Je ne reconnaissais pas cette posture qu’elle abordait maintenant, celle d’une femme blessée… Par moi. Je l’avais blessé alors pourtant que j’en avais tant envie moi aussi. Puis sans réfléchir j’avais ôté mon T-shirt, mon pantalon, tout mes vêtements, pour me retrouver nu à mon tour. Heidi n’avait rien semblé entendre ou voir de tout ça, tournée vers le mur elle devait imaginer que j’étais parti. Mais j’en étais incapable. Je m’étais alors glissé derrière elle dans la douche ma main se posant d’abord sur son épaule. Il me semblait sentir un léger tressaillement avant que je ne glisse mon bras autour de sa nuque, assez bas pour être sur de ne pas l’étrangler puis mon autre bras était venu se glisser sur son ventre serrant mon corps nu contre le sien. Son dos contre mon torse, ma tête se calant contre le sienne alors que je la serrais fort contre mon corps comme de peur qu’elle ne m’échappe. « J’ai froid… » C’était une excuse idiote comme si c’était réellement ce qui m’avait poussé à rentrer dans cette douche. « Je suis désolé… » de quoi exactement je ne le savais pas, une sorte de désolation général pour le mal que j’avais pu lui faire dans le passé, que je lui faisais aujourd’hui et que j’allais probablement lui faire dans le futur parce que j’étais incapable de prendre les bonnes décisions la concernant. « Et j’ai très envie de toi… » Fini le Elio hésitant, j’avais attrapé ses hanches pour la forcer à se tourner vers moi et aussitôt mes lèvres étaient venues attraper les siennes alors que je plaquais son corps contre la parois froide de la douche, la passion ardente se devinant dans l’urgence de mes baisers et de mes mains qui se posaient sur son corps si désirable, même mon intimité laissait déjà deviner mon envie d’elle flagrante.
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(attention les yeux)
A trop jouer avec le feu, on finit par se brûler. C’était du moins la leçon de la journée. Si ma relation avec Elio avait toujours été légèrement ambigüe, les choses n’avaient pourtant jamais été aussi compliquée. Lorsque nous étions jeunes, bien que nous jouions à ce petit jeu dangereux qu’était la séduction, une règle claire régissait notre jeu : nous ne devions pas franchir le pas, sous peine de nous faire assassiner par mon frère. Et les règles de ce jeu avaient été mises à mal par la disparition inattendue de Matteo. Pourtant pendant plusieurs mois, la déception qu’entretenait Elio à mon égard avait suffi à nous empêcher de faire le moindre écart, étant incapables de rester en compagnie l’un de l’autre plus de dix minutes sans que les choses ne s’enveniment. Un jour, cependant, alors qu’Elio était au plus mal et que Matteo n’était plus là pour nous imposer quoi que ce soit, nous avions franchi la règle ultime de notre jeu. Non seulement nous nous étions embrassés, mais rapidement, une chose en ayant entraîné une autre, nous avions couché ensemble. N’étant qu’un événement isolé, ayant eu lieu dans des circonstances bien particulière, nous aurions pu reprendre notre relation habituelle, continuer de nous voir peu pendant qu’Elio continuait de m’en vouloir de l’avoir abandonné dans un tel moment. Mais il avait fallu que nos chemins se recroisent de nouveau et c’était à ce moment-là que les choses avaient commencées à se compliquer. Je n’arrivais plus à savoir où j’en étais avec Elio : étions-nous amis de nouveau ? Elio avait-il passé l’éponge sur mes erreurs passées ? est-ce que nous étions plus qu’amis ? Tant de questions qui n’avaient aujourd’hui toujours pas trouvées de réponse. Le retour de Matteo était venu compliquer tout ceci, donnant à nos moments intimes un goût de trahison qu’Elio ne supportait pas. Le problème majeur résidait dans le fait que maintenant que nous avions franchi la limite, jouer à notre petit jeu de séduction était bien trop tentant.
Tout l’après-midi, j’avais dû combattre l’envie de sentir les lèvres d’Elio sur les miennes, de sentir sa peau contre la mienne. L’épreuve ultime de cette journée était cette douche que je me préparais à prendre. Nue, sous le jet d’eau chaude, dos à Elio, je l’entendais revenir me déposer des habits sur le lavabo comme il avait promis. Et c’était ton bonnement intenable de savoir l’objet de mes désirs si proche de moi et pourtant si loin. J’essayais tant bien que mal de repousser les idées assez peu catholiques qui me venaient en tête, souvenirs de ces moments privilégiés passés avec lui. Mais tout en le sachant juste derrière moi, c’était peine perdue. Peu à peu, alors qu’une petite voix continuait de me répéter que je faisais une bêtise, que c’était le mauvais choix et que je le payerai au centuple après, je sentais ma volonté de l’ignorer s’effondrer. Je me trouvais des excuses pour justifier mes envies, pour justifier le fait que j’étais faible et incapable de lui résister malgré tout le mal que ça me ferait une fois que ça serait passé. Je l’avais interpellé pour l’empêcher de quitter la salle de bain et je l’avais senti se figer. Je quittais la douche, laissant l’eau ruisseler sur mon corps nu alors que je m’approchais d’Elio. Il se tournait vers moi et je sentais aussitôt ses yeux qui parcouraient mon corps, alors que j’affichais une petite moue coupable. J’attrapais finalement son tee-shirt pour l’embrasser. Si pendant quelques instants nos lèvres et nos souffles se mêlaient, une fois de plus, Elio mettait un terme au baiser, suivant la voix de la raison que j’avais abandonné. « Non Heidi… Ne fais pas ça… » disait-il et aussitôt je le lâchais, croisant mes bras sur ma poitrine en fronçant les sourcils. Comment faisait-il ? Comme parvenait-il à ne pas perdre la tête ? A cet instant, j’étais en colère contre lui : pourquoi fait-il qu’il me rende si confuse, qu’il me retourne la tête par un simple contact physique et qu’il puisse rester aussi impassible ? Peut-être simplement n’éprouvait-il pas le même désir que moi, peut-être n’avait-il pas autant besoin de me sentir contre lui. Et de l’énervement, je passais à une déception flagrante. « On ne peut pas céder Heidi… C’était le jeu… depuis le début…. Ca doit rester comme ça. » continuait-il, en fermant les yeux comme pour échapper à cette vision de mon corps dénudé. Je faisais alors volte-face, quand il rouvrait les yeux et retournais sous ma douche. La frustration et la désillusion pesant lourd au fond de mon estomac.
Les yeux fermés, je laissais l’eau me couler sur le visage, espérant un peu qu’en me lavant, tous ces sentiments confus s’en iraient avec l’eau et le savon. J’étais vexée, blessée dans mon ego et dans ma fierté. Elio ne me désirait pas autant que moi je le désirais et une fois de plus, je m’étais confrontée à un mur. L’échec avait un goût amer au fond de ma bouche. C’était alors que j’entendais Elio entrer dans la douche et mon cerveau avait du mal à comprendre ce qu’il se passait quand je sentais sa main se poser sur mon épaule. La réaction ne s’était pas faite attendre et je frissonnais. Que faisait-il ici ? Ne devait-on pas en rester là ? Et pour toute réponse à mes interrogations silencieuses, Elio passait un bras autour de mon cou, son autre venant passer autour de ma taille pour me coller contre lui. Aussitôt mon souffle s’était accéléré, mon cœur s’était emballé. « J’ai froid… » disait-il dans mon oreille et je ne pouvais réprimer en petit sourire amusé, bien qu’au fond je voulais essayer de rester de marbre pour lui apprendre à me dire non. « Je suis désolé… » ajoutait-il face à mon manque de réponse et parce qu’il devait me connaître suffisamment pour savoir que j’étais en train de bouder. Mon sourire s’élargissait alors que j’ajoutais : « Tu fais bien ». Au fond de moi, je n’étais plus réellement capable de penser à quoi que ce soit, pas depuis qu’il était entré dans la douche et qu’il me serrait contre lui. « Et j’ai très envie de toi… » Sur ces mots, les mains d’Elio empoignaient fermement mes hanches pour me faire pivoter afin que je me retrouve face à lui. Aussitôt nos lèvres se rencontraient à nouveau alors que je sentais la paroi froide de la douche dans mon dos. C’était un baiser passionné, presque violent. Nos lèvres se pressaient avec une certaine urgence, comme pour rattraper ce mois où nous ne nous étions pas vus. Mes mains venaient s’agripper dans ses cheveux pour le plaquer un peu plus contre moi tandis que les siennes caressaient ma peau, laissant un feu ardent là où elles étaient passées. Mon envie de lui, qui était un peu redescendue suite à son refus, venait de remonter en flèche. Littéralement à bout de souffle, je finissais par rompre notre baiser. Mes lèvres descendaient sur sa mâchoire, dans son cou où je laissais glisser la pointe de ma langue un instant pour arriver finalement sur son torse musclé. Juste à côté de son téton, je venais alors apposer un suçon, petite trace rougeâtre, histoire qu’il ne m’oublie pas de sitôt. Ma main se glissait alors entre nous deux pour venir caresser son excitation, faisant monter la température d’un cran au rythme de mes petits doigts agiles. Tous les signaux que j’envoyais à Elio étaient pour lui faire comprendre que je n’avais pas vraiment envie d’attendre, j’étais pressée de le sentir contre moi, comme de crainte qu’il ne change d’avis si nous mettions trop longtemps avant de passer aux choses sérieuses.
Tout ce que je faisais, le moindre de mes gestes avec Heidi me semblait totalement dénué de sens. Je ne suivais pas ma propre logique la repoussant pour ensuite venir le rejoindre. Coller mon corps nu et tremblant au sien dans l’espoir qu’elle me pardonne, qu’elle veuille encore de moi. Je me trouvais incapable de résister à ses charmes à tout ce qu’elle était capable de faire naitre en moi, tout en sachant pertinemment que j’étais une fois de plus entrain de franchir le ligne invisible qui nous était imposée. L’eau chaude sur ma peau me faisait un bien fou - ou alors c’était ce simple contact qui avait suffit à me réchauffer, me donnant l’impression d’être enfin entier. Je ne pouvais expliquer ce qui me reliait à Heidi car c’était un mélange complexe de sentiments inversés, la seule chose dont j’étais sur c’était que je la voulais maintenant dans cette douche. Sans plus attendre. « Tu fais bien » Un léger sourire avait pris place sur mes lèvres à sa remarque. Si jusqu’à maintenant j’avais eu peur que mon refus ne la blesse assez pour qu’elle me demande de sortir, elle venait de me donner le feu vert. Il n’avait pas fallu plus de temps pour que je verbalise mon envie d’elle - qui pouvait déjà se faire sentir entre mes jambes, la retournant pour coller mes lèvres aux siennes avec passion. Heidi était mon bonbon interdit et ça la rendait sans aucun doute encore plus désirable - si c’était possible. Tous mes mouvements étaient maintenant guidés par l’envie, le désir si puissant qu’elle faisait naitre en moi, alors que ses baisers descendaient le long de ma mâchoire, et que j’échappais un soupire de plaisir.
Mes mains allaient à la découverte de son corps tendit qu’elle marquait le mien de sa bouche. Je n’avais émis aucune protestation bien au contraire. Me laissant faire en la regardant. Puis elle était revenue se poster face à moi, sa main trouvant mon excitation pour la caresser habillement. Tout mon corps n’était plus que feu ardent, consumé par mon désir à son égard. J’étais prêt à brûler avec elle ce soir. Son regard dans le mien, j’y reconnaissais la lueur taquine qui le personnifiait, ne quittant pas ses yeux une seconde alors qu’elle modulait mon plaisir avec sa main en sachant exactement ce qu’elle était entrain de faire. Finalement ne tenant plus, j’avais attrapé sa nuque un peu violemment pour l’attirer à moi une fois de plus et l’embrasser avec passion, je n’avais plus peur d’être brusque maintenant. Sa main n’avait pas quitté mon érection qui n’avait fait que de s’intensifier et mettant fin au baiser j’avais attraper ses cheveux sans la brusquer pour la forcer à lever la tête vers moi. « Pourquoi faut il que tu sois aussi belle ? » Ce n’était évidement pas la seule chose qui me plaisait chez elle. Mais, même sous cette douche, même pleine de sable et décoiffée, elle mettait en éveiller toutes mes émotions. Plus tendrement cette fois j’étais allé l’embrasser, passant mes mains dans ses cheveux mouillés avec tendresse. Puis j’avais quitté ses cheveux pour descendre le long de son corps jusqu’à ses fesses. Sa main avait quitté mon entre jambe alors que je la faisais décoller du sol pour me placer entre ses jambes. Je ne voulais plus attendre – je ne pouvais plus. L’envie d’elle avait dépassé tout le reste et même cette habitue un peu étrange qui me poussait habituellement à prolonger les préliminaires jusqu’à ce que ma partenaire n’en puisse plus. C’était tout bonnement impossible avec Heidi.
Après avoir cherché son regard, comme pour m’assurer qu’elle en avait autant envie de moi je m’étais introduire en elle dans un léger gémissement de plaisir, laissant ma tête se poser sur son épaule le temps de me faire à ce contact. Il n’avait pas fallu beaucoup plus longtemps pour qu’elle démontre elle aussi des signes de plaisir, resserrant ses jambes autour de ma taille alors que j’allais et venait en elle. Mes mains avaient quitté ses fesses, le mur aidant la position et ses jambes serrant suffisamment mon corps pour assurer son équilibre. J’étais retourné à la découverte de son corps. Remontant le long de ses courbes pour finalement venir emprisonner ses mains au dessus de sa tête. Profitant de cette position où elle semblait s’offrir à moi pour déposer des baisers passionnés dans son cou. C’était à mon tour de la marquer et j’avais pris son cou comme proie sans aucune réflexion, en sachant pourtant pertinemment que c’était un endroit visible de tous. Mes mouvements plus profonds en elle lui avaient arraché un gémissement et j’étais venu poser ma main sur ses lèvres, en me mordant légèrement la lèvre inférieure dans un rire. « Shhhh » Je lui avais soufflé ce bruit à l’oreille alors que ma main délivrait sa bouche que je m’empressais de venir embrasser.
« Elio ? » J’avais ouvert des yeux ronds en regardant Heidi un peu coupable. Stoppant mes vas et viens quand la voix de Scott c’était fait entendre. « Je suis entrain de prendre ma douche Scott. » Ma voix avait semblé trahir cet instant mais il y avait fort à parier qu’il n’était pas en âge de le comprendre. « Et Heidi elle est où » Regardant Heidi d’un air un peu amusé je m’étais empêché de rire en déposant un doigt sur ses lèvres pour lui intimer de ne surtout rien dire. « Elle est… Occupée. » Un léger silence avait alors pris place comme si Scott réfléchissait à ce que ça pouvait bien vouloir dire. « Je viendrais vous chercher quand j’ai fini ! Retourne dans ta chambre et… Tu devrais mettre de la musique ! Ca fera plaisir à Heidi quand elle revient. » Une fois de plus mon regard avait croisé celui d’Heidi alors que un peu crispé j’attendais d’être sur que Scott soit parti. Puis la fameuse musique c’était fait entendre et je m’étais légèrement détendu. Ma main était alors venu caresser le visage d’Heidi avec douceur. « Jamais tranquilles… » Je lui avais fait un sourire un peu désolé. Evidement Scott avait coupé ce moment mais j’avais toujours envie d’elle. Et mon excitation emprisonnée en elle n’attendait que la suite des événements. « Où est-ce qu’on en était ? » Mon esprit avait tout aussi vite oublié les jumeaux pour revenir à elle.
Maybe that's all what we'll ever be : an incomplete sentence, a half-written story finished without an ending △
(attention les yeux)
Elio réveillait en moi des sensations que je n’avais pas expérimentées depuis un moment. Chaque parcelle de sa peau qui effleurait la mienne m’arrachait un frisson, chaque baiser qu’il déposait sur mon corps déclenchait une sensation étrange dans mon ventre, chaque regard qu’il posait sur moi me faisait me sentir comme la plus belle femme du monde. Avec lui, je pouvais me laisser aller à mes instincts les plus primaires, faisant ressortir un petit côté sauvage en moi que je n’avais plus eu l’occasion d’exprimer depuis plusieurs années. Chaque sensation semblait être amplifiée en sa compagnie et chaque fois que nous avions fait l’amour cela s’était résulté par un cocktail explosif de sensations. Après avoir passé une après-midi à faire des sous-entendus avec lui, j’avais hâte d’en venir aux choses sérieuses et je ne tardais pas à le lui faire comprendre en caressant son érection avec agilité. J’imprimais à ma main un lent mouvement de va et vient alors que nous nous regardions droit dans les yeux, regard si intense qu’il me faisait frissonner. Elio s’était alors une fois de plus emparé de ma bouche un peu brusquement et je répondais à son baiser avec avidité, ne cachant rien du désir qui me consumait. Puis il avait tiré sur mes cheveux pour m’obliger à le regarder dans les yeux une fois de plus : « Pourquoi faut-il que tu sois aussi belle ? » me demandait-il et avec un petit sourire malicieux, je répliquais : « Parce que sinon il te serait bien trop facile de me résister, voyons ». Et pour conclure cette petite discussion, de nouveau nos lèvres se joignaient pour un baiser tout en passion. Rapidement, les mains d’Elio étaient venues se longer sous mes fesses et j’avais stoppé mes caresses pour qu’il puisse me soulever de terre. Mes jambes s’enroulaient aussitôt autour de sa taille alors que mon dos se retrouvait une fois de plus plaqué contre la paroi de la douche. Alors les yeux dans les yeux, se sentait progressivement Elio entrer en moi. Aussitôt un petit gémissement de plaisir m’échappait faisant écho au sien, alors qu’Elio posait sa tête sur mon épaule.
Après une brève pause, le temps de nous laisser savourer les sensations procurées par cette union, Elio entamait ses mouvements de va et vient. Presque machinalement, mes jambes se resserraient autour de lui alors que je soupirais d’aise de temps à autre. C’était une sensation indescriptible, qui me faisait perdre la tête instantanément. Je serrais fermement les mains d’Elio entre les miennes qu’il maintenait au-dessus de ma tête alors que je rejetais la tête en arrière, contre la paroi, les yeux fermés en appréciant le plaisir qui montait peu à peu en moi. Les lèvres d’Elio venaient rapidement à la rencontre de la peau de mon cou, venant l’embrasser avant que je ne sente le pincement caractéristique d’un suçon. Mais sur le coup, me demander comment j’allais cacher ce suçon au vu et su de tout le monde n’était pas ma préoccupation première, les assauts d’Elio entre mes reins ne me laissant aucun répit. Et sans même m’en rendre compte, ayant un peu oublié les neveux d’Elio qui se trouvaient à l’étage, je laissais échapper un gémissement de plaisir. Ce ne fut que lorsque qu’Elio venait poser sa main sur mes lèvres, en se retenant de rire « Shhhh » que je m’en rendais compte. Je lui lançais un petit regard amusé et désolé à la fois. « Elio ? » Ce fut la petite voix de Scott, derrière la porte de la salle de bain, qui interrompait le baiser que nous échangions et tout mouvement de la part d’Elio en moi. Un instant nous restions figés, incapables du moindre mouvement. « Je suis en train de prendre ma douche Scott. » avait finalement lâché Elio, d’une voix un peu rauque. « Et Heidi elle est où ? » demandait le garçon et Elio posait aussitôt un doigt sur mes lèvres pour m’empêcher de répondre. « Elle est… Occupée. » Je mordais ma lèvre inférieure pour retenir un petit rire avant qu’Elio n’ajoute : « Je viendrais vous chercher quand j’ai fini ! Retourne dans ta chambre et… Tu devrais mettre de la musique ! Ca fera plaisir à Heidi quand elle revient. » Pendant un instant encore nous étions restés immobiles, tendant l’oreille pour entendre Scott remonter les escaliers et mettre la musique en question. « Jamais tranquilles… » plaisantait-il avec un sourire d’excuse. « C’est ça la joie d’être parent » lui glissais-je alors avec un sourire amusé.
« Où est-ce qu’on en était ? » demandait-il alors. « Je crois que tu étais en train de me faire l’amour » glissais-je alors dans l’oreille d’Elio venant mordiller son lobe sensuellement. Aussitôt il reprenait ses allées et venues en moi, le plaisir remontant en flèche. J’étais haletante, mes bras enroulés autour de son cou pour me coller davantage à lui. Par moments, quelques feulements de plaisir que je tâchais de contenir, m’échappaient (et je remerciais alors Elio d’avoir demandé à Scott de mettre de la musique). Je revenais ensuite à l’assaut de ses lèvres pour un baiser intense, qui me permettait d’étouffer mes gémissements. Je venais un instant lui mordre la lèvre inférieure alors que je sentais le plaisir augmenter d’un cran. Mais peu à peu, je sentais Elio qui se fatiguait de plus en plus, à devoir supporter tout mon poids et faire presque tout le boulot. Je déroulais alors mes jambes d’autour de sa taille alors qu’il me redéposait sur le sol. Je me tournais alors, pour faire face à la paroi, me cambrant, mains contre la paroi, alors qu’Elio venait se coller contre moi. De nouveau, il s’insérait en moi, mains sur mes hanches alors que je gémissais une fois de plus. Ses va et vient reprenaient, plus profonds, plus rapides, cette position nous offrant à tous les deux plus d’espace et de liberté de mouvement. Je me cambrais un peu plus, tandis qu’Elio me serrait davantage contre lui, ses mains en profitant pour remonter sur mes seins et les caresser. Peu à peu, je jouais à mon tour de mon bassin pour accompagner les mouvements d’Elio et nous rendre tous les deux un peu plus fou. Mes gémissements se faisaient plus réguliers, plus difficiles à contrôler, si bien que je devais me mordre la lèvre inférieure, de peur que les jumeaux ne nous entendent. « Bon sang... » Je tournais ma tête sur le côté, la main d’Elio remontée sur ma joue, pour venir à la rencontre de ses lèvres, pour un baiser langoureux, entrecoupé par nos soupirs d’aise respectifs.
J’avais mis mon esprit en pause, refusant de penser aux conséquences de mes gestes. A ce que j’étais entrain de faire. Puisque je le faisais autant en profiter pour le moment, je savais bien que j’aurais tout le loisir de me flageller mentalement plus tard. « Parce que sinon il te serait bien trop facile de me résister, voyons » J’avais souri un peu amusé et bien conscient qu’elle avait raison. C’était cruel d’avoir fait d’Heidi la soeur de Matteo mais en même temps j’étais plus ou moins persuadé que sans notre passé commun, les choses n’auraient pas été ainsi entre nous. Ou peut-être qu’elle aurait été une fille parmi les autres, un de celle qu’on oublie - ou alors une de celle qui ne cède jamais - parce que j’étais loin de considérer Heidi comme une fille facile. Je me délectais de chacun de ses gestes, de ses mains qui faisaient s’enflammer mon corps, de mon torse qui venait à la rencontre de ses seins à chaque fois que je pénétrais un peu plus profondément en elle. Osant à peine laisser mon plaisir s’exprimer. Ce qui n’était au final pas plus mal, puisque au bout de quelques minutes Scott vient stopper notre mouvement. Partagé entre une certaine honte et l’envie de rire j’étais resté collé à Heidi le souffle un peu court. Tentant de nous débarrasser de cette crapule et surtout de faire en sorte qu’il ne revienne pas de sitôt, et il me semblait que j’avais réussi quand la musique s’était faite entendre. Bien qu’un peu coupé dans mon élan j’avais reposé mon regard sur Heidi, me reconnectant avec mon corps qui semblait embraser chaque parcelle du sien pour ne faire qu’un. Et le désir était remonté aussi vite que Scott avait réussi à le faire descendre. « Je crois que tu étais en train de me faire l’amour » « Ah oui tu crois ? » Avais-je répondu un peu joueur. Heidi quand à elle était venue mordiller mon lobe d’oreille et réussi à me replonger instantanément dans ce moment d’échange. Mes vas et viens reprenant de plus belle alors que nos lèvres se cherchaient, jouaient ensemble ne faisant qu’intensifier un peu plus le plaisir de notre échange. J’aurais voulu que ce moment ne s’arrête jamais, cette impression que les choses étaient si simples entre nous - cette complicité qui se lisait dans chacun de nos mouvements. Au point qu’Heidi avait senti mon corps faiblir et décidé, sans que je n’ai besoin de dire un mo, de revenir au sol.
Essoufflé, je l’avais regardé un instant me demandant ce qui allait se passer maintenant, jusqu’à ce qu’elle se tourne, se cambrant contre le mur pour m’offrir son corps. J’avais profité un instant de la vu avant de venir unir nos corps à nouveau. Cette nouvelle position semblait faire raisonner nos plaisirs respectifs d’une façon différente. Nous offrant une pénétration profonde et pour moi le loisir de venir parcourir son corps de mes mains libres. « Bon sang... » Un sourire satisfait sur les lèvres je me délectais de ses mouvements qui accompagnaient les miens et me poussaient bientôt aux frontières de l’extase. Je caressais ses seins, son ventre, son intimité ou avait glissé ma main un peu hasardeuse alors que l’autre attirait son visage vers le mien pour échanger un baiser torride. Cette union si passionnelle semblait d’une telle évidence que j’en oubliais le reste, mon désir s’exprimant moins timidement, je n’avais plus une pensée pour les jumeaux qui pourraient nous entendre, seul ce moment existait et ce plaisir qu’elle faisait monter en moi. Je sentais son corps se contracter légèrement alors que ma main se jouait de son intimité, caressant ses parties les plus érogènes, le tout accompagné de mes vas et viens rapides. Les parois de son antre semblaient se resserrer un peu plus me laissant bientôt sans voix le souffle court. « Je peux plus Heidi… » J’allais craquer, laisser le plaisir m’envahir tout entier, sans le retenir. J’avais accentué un peu mes caresses espérant lui offrir le même plaisir qu’à moi alors que l’extase ultime c’était emparée de mon corps tremblant de plaisir. L’orgasme m’avait dévasté, me privant de tout mots alors que j’avais posé ma tête contre le dos d’Heidi, le souffle court et les jambes flageolantes. « Comment ça peut-être si mal et si bon à la fois ? » Je ne me l’expliquais pas.
Après un instant nécessaire pour que je reprenne mes esprits, j’avais déposé un baiser sur l’épaule d’Heidi avant de me séparer d’elle. Elle c’était tournée vers moi alors que je lui offrais un sourire tendre. Puis j’avais attrapé le produit de douche, mon bras encore tremblant du plaisir intense que je venais de vivre. « Si on sort de là sans être propre on va éveiller les soupçons. » J’avais fait glisser un peu de produit dans ma main avant de m’approcher d’elle. La faisant légèrement pivoter à nouveau pour qu’elle me fasse dos j’avais déposé quelques baisers sur sa peau mouillée, dans sa nuque, sur son épaule suivant le même chemin avec ma main pour appliquer le savon sur son corps. Puis me décollant d’elle j’avais fait mousser le produit sur tout son dos en profitant pour le caresser. Puis sur ses fesses où je m’étais attardé un peu avant qu’elle ne se retourne. Mes mains pleines de savon s’étaient alors déposées dans ses cheveux, l’obligeant à relever la tête vers moi, geste dont j’avais profité pour déposer un tendre baiser sur ses lèvres. « Laisse moi m’occuper de toi… Tu n’auras jamais été aussi propre. » Déposant mon doigt savonneux sur son nez, avec un regard un peu taquin j’avais souri à la jolie brune, espérant faire durer encore un peu ce moment de tendresse dans cette bulle. Qui était susceptible d’exploser à tout moment.