Je dois faire un effort important pour mettre de côté mon humeur maussade et faire en sorte que ce repas se passe bien. Que ces prochaines journées se passent bien d’ailleurs, car j’ai l’appréhension de la jalousie de Thomas, je ne veux pas que ça le bouffe. Il n’est pas là pour ça, il n’est pas là pour se ramener davantage de problèmes. Nous discutons sans trop de soucis, de tout et de rien. Je ne perçois pas de tension entre Nathan et Thomas, bien que ce dernier soit un peu en retrait. Lorsque le besoin de silence se fait sentir, personne ne lutte vraiment. Le calme est présent et c’est tout ce qui compte. Après la fin du repas, nous nous occupons, avec Nathan, de débarrasser la table. Mon colocataire se propose même de faire la vaisselle. Nous ne laissons pas le choix à Tom, qui a déjà eu la gentillesse de préparer un si bon repas. Il va s’installer dans la chambre, et y sera si nous avons besoin de lui.
— T’inquiète on gère ! Repose-toi, lui répondis-je avec un grand sourire.
Alors avec Nathan, nous nous attaquons ensuite à la vaisselle. Enfin, personnellement, j’essaye. Après avoir rangé les restes, jeté les quelques déchets, et ramené tous les couverts, je m’empare d’un torchon pour essuyer ce que Nathan lave. Peine perdue. A ma surprise, il ose me frapper, pas méchamment, pas fortement, mais je comprends très bien où il veut en venir. Théâtralement, je me frotte le bras sur le lieu de l’impact. Sans se laisser marcher sur les pieds il me lance d’aller voir Tom, que c’est le plus important. D’ailleurs il a dit qu’il se débrouillerait. Je soupire doucement en reposant le torchon sur le plan de travail. Puis avec un sourire, je le remercie avant de filer rejoindre mon amant. A la porte de la chambre, je donne quelques petits coups pour annoncer ma présence. Après avoir discerné l’autorisation d’entrée, j’ouvre la porte et passe la tête.
— Bouh, amorçais-je avec douceur, avant de pénétrer dans la pièce et de refermer la porte. Je m’approche et vais m’assoir à côté de lui. Après un instant de silence, je reprends la parole. Le matelas est ultra confortable pour dormir tu verras, enfin... Tu dois déjà t’en douter. J’esquisse un demi-sourire. On peut se mettre tout de suite au lit si t’es fatigué, ou y’a la salle de bain à disposition si tu veux prendre une douche, ou... Enfin tu fais comme chez toi. Je pense pas que je dormirais tout de suite, mais je me coucherais avec toi. Je regarde le sol et me mordille la lèvre. J’ai envie de passer du temps avec toi. Même si on parle pas ou quoi...
Je ne sais pas trop comment l’aborder. Avec Thomas, même si je suis nul en réconfort – je n’ai pas toujours les mots qui faut, et les phrases toutes faites me sortent par les yeux –, je sais qu’en restant moi-même ça peut marcher. Ecouter, ça, je sais faire. Ce soir, même si je ne me sens toujours aps au mieux de ma forme, je sais que je vais devoir mettre mes soucis de côté pour apporter mon soutien à Tom. Je l’aime je ferais tout pour lui.
"Set me off like dynamite strapped tight around my waist"
Now in the white flames of burning flags we found a world worth dying for. We've been battered so hard that we don't feel anymore. Take me, from this world. What if we all die young? Rise Against
Être là, dans cette chambre, sur ce lit que j'ai déjà souvent partagé avec Myrddin, me fait autant plaisir que me stresse. Ce n'est pas bon signe en général, vraiment pas. Ça veut dire que toute ma vie est remise en question. Que je vais devoir tout changer, tout modifier. A ma guise ? Non. Je dois prendre tellement d'éléments en compte. A commencé par mes enfants. Mon nouvel appartement dois être assez grand pour pouvoir les acceuillir convenablement. Ils doivent avoir une chambre pour eux. Grande. Pour entreposer leur jouets. Mais en même temps, quand ils ne sont pas là, cette chambre doit servir de chambre d'amis pour mes frères, ou mes autres amis. Ma chambre à moi doit être assez grande pour un lit deux places, pour myrddin et moi.
Je soupire lourdement et me prends la tête entre les mains. Trop d'éléments auquel penser. Trop de choses à prendre en compte. Trop de questions. Pas assez de réponse. Je prends une profonde inspiration et relève le regard sur la porte lorsque celle-ci s'ouvre sur Myrddin. Il entre, silencieux et vient se poser à côté de moi sur le lit. Je le laisse faire, attends qu'il prenne la parole puis l'écoute. Il me dit de faire comme chez moi, que je peux très bien me coucher ou alors prendre ma douche, que lui ne dormira peut-être pas tout de suite, mais qu'il restera avec moi. Même si nous ne parlons pas, il restera à mes côtés.
Je tourne mon regard vers lui et hoche doucement la tête. « Je préfère dormir maintenant» avouais-je sur un ton désolé. «Enfin du moins, essayer en tout » reprenais-je avec une grimace avant de soupirer légèrement. « a douche elle attendra demain» je lui souris un peu puis me lève et attrape mon sac à dos que je déplace un peu, puis enlève ma chemise.
C'est à ce moment que la porte de la chambre s'ouvre sur Nathan. Lorsqu'il me voit, j'apperçois ses yeux s'écarquiller un peu alors que son regard se fixe sur moi «Désolé ! » dit-il vivement en baissant un peu trop brusquement la tête « Je voulais juste chercher mes affaires pour la nuit et je ...hm …désolé, mauvaise habitude. Je... j'apprendrais à frapper, à l'avenir » je le vois bien à quel point il est gêné et souris doucement «C'est rien, t'inquiète pas » il relève un instant le regard et souris légèrement, mal à l'aise alors que je lui apporte sa couverture et son oreillé. « ça va aller ? » lui demandais-je alors qu'il essaie de caler le tout sur ses jambes. «Oui oui » dit-il vivement «bonne nuit » reprend-t-il en se détournant et partant de la chambre.
Je le suis quelques instants du regard puis referme la porte et secoue la tête en souriant. «Il vient de me mater là ou je rêve ?» demandais-je, amusé, en désignant la porte de mon pouce. Je secoue doucement la tête puis m'approche de Myrddin et prends son visage en coupe entre mes mains «Merci mon amour » lui dis-je en déposant mes lèvres sur les siennes. Je me redresse après avoir laissé durer le baiser quelques instants, puis enlève mon pantalon. «T'as un deuxième oreiller par contre ?» demandais-je en regardant le lit.
Beaucoup de changements vont devoir prendre place, cela prendra du temps avant que tout rentre dans l’ordre. Tout change autour de Tom, un divorce, un déménagement, un changement de vie pur et simple. Et au milieu de tout ça, je ne sais pas où me placer. J’ai peur de demander des réponses à Thomas sur notre futur, j’ai peur de ce qui pourrait arriver. L’avenir fait peur, le changement fait peur, j’avais oublié cela. Suite à mon accident, je ne me souciais guère du futur. Et encore avant, le changement imposé par mon métier de comédien me stimulait plus qu’autre chose. Cela fait longtemps qu’une telle angoisse, dont on ne peut se débarrasser aisément, ne m’a étreint. Et pourtant, cela concerne avant tout Thomas, je n’aurais qu’à le suivre et le soutenir.
Je me compose une expression faciale plus sereine que mon fort intérieur avant d’entrer dans la chambre. Je vais m’installer à côté de Thomas, et commence à parler avec calme, lui expliquant de faire comme chez lui. Sur un ton désolé, il m’avoue préférer se coucher toute de suite. Je suis un peu blessé par son ton, je dois dire. Alors je rigole légèrement.
— Tu fais ce que tu veux Tom, t’excuse pas, lançais-je, toujours avec un sourire. La salle de bain ne bougera pas t’inquiète pas.
Sur ce, il se lève et commence à se déshabiller. Au moment où Nathan débarque. Heureusement que Tom n’était que torse-nu, finalement. Il s’excuse vivement en voyant mon amant sans sa chemise. D’abord surpris, je finis par éclater de rire. Je me serais bien rouler sur le lit face à l’expression de Nathan. Jamais je ne me lasserais de le voir aussi gêné de choses aussi peu graves. Pauvre Nathan. Tom s’occupe de lui assurer qu’il n’y pas de mal, et de lui donner ce qu’il était venu chercher. Nath’ promet cependant de prendre l’habitude de frapper avant d’entrer, ce qui ne pourra pas faire de mal de toute façon. J’arrive à calmer mon hilarité pour souhaiter bonne nuit à mon meilleur ami. Et puis Tom, amusé lui aussi, demande après avoir refermé la porte, s’il n’a pas rêvé en voyant Nathan le mater. Immédiatement, mon visage se ferme et je fixe Thomas très sérieusement.
— Il a fait quoi. Ma voix est tranchante, sombre, mais tout ceci n’est qu’une comédie qui se brise rapidement dès que les doigts de l’Australien effleure ma peau. Je le comprends quand même, t’es beau gosse, m’enfin t’es qu’à moi quand même, expliquais-je doucement, avec un fin sourire.
Prenant mon visage en coupe, Tom me remercie avant de m’embrasser. Je pose mes mains sur ses hanches et profite comme il se doit de ce baiser bienvenu. Je laisse Thomas le rompre quand il le décide. Tandis qu’il se met en sous-vêtement, il me demande si j’ai un autre oreiller pour lui. Perdu dans la contemplation de son corps, je n’entends pas la première fois, et l’oblige même à répéter, avant de pourvoir à sa demande. Je vais fouiller en haut de l’un des placards, et en tire un oreiller déjà prêt que je balance sur le lit.
— Et voilà, dis-je en revenant vers le lit. C’est à mon tour d’enlever mes habits. Une fois en caleçon, je me glisse à demi dans sous la couette avant de me rappeler que le livre que je lis en ce moment est dans mon sac, au salon. Je reviens vite, annonçais-je alors à Tom avant de me lever et de sortir de la chambre, pour en revenir à peine quelques instants plus tard avec le dernier volume de Game of Thrones dans les mains. Je ne laisse que ma lampe de chevet allumée, avant de sourire à Tom en m’installant à côté de lui, bien au chaud dans le lit, notre lit pour cette nuit au moins. Je peux lire, ou la lumière te gênera ? m’inquiétais-je en le regardant.
"Set me off like dynamite strapped tight around my waist"
Now in the white flames of burning flags we found a world worth dying for. We've been battered so hard that we don't feel anymore. Take me, from this world. What if we all die young? Rise Against
Je suis content d'être là avec mon amant. Malgré tout, je sais que j'ai fais le bon choix. Je sais que je n'aurais pas put rester avec Ida alors que Myrddin est en ville. Alors oui, c'est une pensée carrément égoïste, oui j'ai mes deux enfants, mais a quoi est-ce que ça sert que de se voiler la face? Sérieusement? Alex et Clara seront-ils plus heureux qui Ida et moi restions ensemble? Je ne pense pas. Je préfère qu'ils grandissent dans deux foyer heureux que dans un foyer malheureux. Moi, je sais que je vais être heureux avec Myrddin. Et Ida? Elle retrouvera bien un homme, elle est tellement parfaite sous bien des points que les hommes se bousculerons à ses pieds. Alex est assez grand pour comprendre ma décision. Je sais qu'il le comprendra. Il est intelligent et très éveillé pour son âge. trop éveillé? Je ne sais pas. Il a beau être quelqu'un de sensible, je sais qu'il souffrait, lui, du manque de tacte entre sa mère et moi. Je suis persuadé qu'il sera heureux et se fera sans problème à cette situation. Clara? Elle est encore trop petite, et a encore trop besoin de sa mère. Je vais m'arranger pour la voir de temps en temps, mais ça va être plus compliqué.
Dans tous les cas, ces questionnements s'évaporent lorsque Myrddin entre dans la chambre. Il s'installe à mes côté, silencieux dans un premier temps, avant de me demander ce que je veux faire. Je lui avoue que je préfère dormir directement. Ou du moins tenter de dormir. C'est sûrement à contre coeur qu'il accepte ma décision et je m'en veux un peu de lui infliger ça. Mais il me comprendra, lui aussi. Et puis l'arrivé de Nathan dans la chambre change toute la situation. Moi, Nathan il me fait un peu pitié au vu de sa façon de s'excuser et d'être mal à l'aise de me voir torse nu. Myrddin, lui, il s'en éclate. Il rigole, et ne fait rien pour cacher ça, ce qui remet une couche en plus sur le malaise de Nathan. Je le vois rougir d'avantage et vu comment il dévie le regard, je sais qu'il ne reviendra pas de si tôt. Alors, pour rester dans cette humeur joviale, je demande, avec ironie, si Nathan m'a réellement mater.
Myrddin se calme et redevient sérieux tout à coup, jouant la carte de la jalousie. Mais je le connais moi, je sais qu'il n'est absolument pas sérieux. Secouant la tête, j'aimerais bien lui envoyer mon oreiller à la tête, mais je l'ai donné à Nathan à l'instant. Je m'approche tout de même de mon amant, et celui-ci me dit que son meilleur a raison de me mater vu comment je suis sexy. Je souris doucement et passe une main dans ses cheveux "Tout à toi. Pour toujours" soufflais-je en allant lui embrasser le haut du crâne avant de le serrer un instant contre mon torse. Je ferme les yeux, lui caresse la nuque et profite quelques instants de plus de cette proximité, avant de me détacher et demander s'il a un oreiller et une couverture en plus.
Myrddin hoche la tête et se lève directement avant de sortir de la chambre. J'en profite pour enlever encore mon pantalon et me couche déjà sur le lit. Je fixe le plafond en attendant que mon amant ne revienne, avant de me redresser lorsqu'il entre à nouveau dans la chambre. J'attrape l'oreiller et la couverture qu'il me tend puis m'installe à nouveau correctement. Tournant le regard vers lui lorsqu'il me demande s'il peut encore lire un peu, je secoue doucement la tête "Non, vas-y, j't'en pris" souriais-je "La lumière n'est pas dérangeante, t'inquiète pas" assurais-je avant de me pencher vers lui "Bonne nuit" soufflais-je en lui caressant la joue et en l'embrassant. Avant de me tourner sur le côté, dos à lui et me rouler en boule.
Je n’arriverais sûrement jamais à comprendre ce que Thomas peut ressentir vis-à-vis d’Ida et de ses enfants. Plusieurs fois, nous avons discuté, nous avons beaucoup parlé de ça au final. Mais ça ne fait pas tout non plus. Je fais de mon mieux, je crois savoir qu’avec lui (comme avec Nathan), je peux être d’une certaine aide. J’espère que ça suffira, voilà tout. Pour ce soir, Tom va dormir tout de suite, et comme annoncé, je décide de rester avec lui. A contrecœur ou non, je me suis de toute façon fait à l’idée que pour les prochaines semaines, nous ne serons pas « proches ». Autant prévoir large non ?
C’est alors que Tom commence à se déshabiller, et qu’il a déjà enlever le haut, que Nathan débarque dans la chambre sans frapper. Il s’excuse très rapidement, rougissant tout aussi, et promet de toquer la prochaine fois. Ceci me fait rire immédiatement. Parce que je connais bien mon meilleur ami, je peux me permettre cela. Il saura bien que je ne pense pas à mal, et que si je pouvais parler, je lui dirais comme Thomas, qu’il n’a pas à s’en faire, que ce n’est pas grave. Il est très mal à l’aise et je le comprends aussi. Mais je n’arrive pas à me remettre de mon hilarité. Il faut que Nathan parte enfin après avoir récupéré ses affaires et que Tom demande s’il vient vraiment d’être maté par mon ami. Le comédien reprenant le dessus, je stoppe net tout rire et fixe Thomas fermement, ma voix s’accordant à mon expression. Mon amant est loin d’être dupe de ma jalousie exagérée, et je laisse tomber les masques dès lors que ses doigts viennent caresser ma joue. Sincèrement, j’avoue comprendre Nath’ tant l’ancien militaire est beau, mais conclu par une petite touche possessive.
Il passe une main dans mes cheveux tout en acquiesçant ; il n’est rien qu’à moi, et à jamais. Je souris comme un gamin qui a eu ce qu’il voulait tandis qu’il m’embrasse sur le haut de crâne avant de me serrer contre lui. Je me laisse faire avec plaisir et entoure sa taille de mes bras, je ferme un instant les yeux, inhalant son doux parfum. Je profite bien trop de ses petites caresses sur ma nuque. C’est un peu de la torture quand même... Mais soit. Puis le contact est rompu, et je me charge d’aller lui trouver un oreiller et une couverture en plus. Puis je me déshabille et vais aussi chercher mon livre par la même occasion. En revenant, je demande bien sûr à Tom si un peu de lumière ne le dérangera pas trop, et il me répond qu’il n’en est rien. Je m’allonge alors à ses côtés, bien heureux de retrouver un peu de sa chaleur. Il m’embrasse une dernière fois pour me souhaiter bonne nuit, puis se tourne de l’autre côté pour dormir sans attendre.
— Bonne nuit à toi aussi, répondis-je en allant l’embrasser délicatement sur la tempe.
Pour ma part, je m’installe le plus confortablement possible en position de lecture, et reprends ma lecture là où je l’avais laissé la dernière fois. Je ne sais pas trop pendant combien de temps je lis, mais je suis extrêmement bien là, à lire un livre passionnant, à côté de mon amour... Lorsque je décide enfin qu'il est l'heure de dormir pour moi aussi, j'éteins tout, et m'allonge à son côté. Doucement, je me rapproche, jusqu'à sentir son dos contre le mien. Il dort de toute façon, et sa respiration lente et apaisée m'entraine rapidement au pays des rêves.