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 a million beginnings, none of them the one (yasmine)

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Message(#)a million beginnings, none of them the one (yasmine) EmptyDim 11 Sep 2016 - 1:32


yasmine & hassan
a million beginnings, none of them the one

I'll live with never knowing if knowings gonna change, I'll stop a feeling growing, I will stay away. Like a broken record stuck before a song, a million beginnings, none of them the one. Every day I fight these feelings, for your sake I will hide the real thing, you can run all your life, all mine I will chase. ☆☆☆



Ça ne voulait rien dire, puisqu'ils n'en avaient pas reparlé. Yasmine n'en avait pas reparlé, et cela lui semblait même prévaloir sur le fait qu'après tout lui non plus. Et puis ils n'étaient plus des ados, ils avaient passé l'âge ou un baiser - surtout si furtif - signifiait plus que cela, un baiser et rien d'autre. La soirée, la fatigue, les vieux souvenirs remués par l'achat de la maison, par le cadeau de Yasmine, l'idée qu'Hassan serait bientôt loin ... des explications raisonnables pour expliquer ce moment d'égarement mutuel il y en avait des tas, ils avaient l'embarras du choix, et au fond Hassan préférait s'y accrocher plutôt que de risquer de gâcher ses dernières semaines avec Yasmine par une gêne palpable et des questionnements dont il ne pensait pas pouvoir assumer les réponses. Comme plusieurs fois depuis les quelques jours qui les séparaient de la precedente soirée il avait donc pris le parti de faire comme si de rien n'était, et fini par proposer entre autres messages échangés depuis de passer le dimanche ensemble. Est-ce qu'il avait une idée précise derrière la tête ? Bien sûr, mais plutôt que d'accepter de lui vendre la mèche malgré ses tentatives pour en savoir plus, il s'était contenté de lui donner rendez-vous devant la maison vers dix heures. Devant sa maison, le brun encore un peu désarçonné par ce fait qui n'avait longtemps été qu'un espoir auquel on ne croyait pas sérieusement.

Il avait définitivement rendu son appartement, et sollicité une seconde fois l'aide - et le véhicule - de Kenneth pour transvaser ce qui devait l'être en priorité du garde-meuble à la maison. Le reste attendrait probablement son retour de Téhéran, et la fin de la période de suspension de son permis de conduire. La maison, elle, n'était pour l'instant qu'un amas de cartons. C'en était d'ailleurs un qui servait de table basse - et de table tout court - et Hassan dormait actuellement dans la pièce principale du rez-de-chaussée, sur un matelas posé à même le sol. Spike, lui, n'avait pas attendu les meubles pour chercher ses marques dans sa nouvelle demeure et semblait particulièrement en joie à l'idée d'avoir un jardin. Un peu moins à l'idée d'un autre chien de l'autre côté de la haie, mais Hassan aimait à croire qu'il s'y ferait vite ; Il semblait déjà se faire au compagnon à quatre pattes adopté par Yasmine. Reste que pour l'heure, le berger allemand semblait attendre comme le messie que quelque chose tombe du plan de travail de la cuisine, où le brun s'affairait depuis un bon quart d'heure ; Il avait probablement prévu bien plus à manger que n'en avaient besoin deux personnes, et était occupé à caser le tout dans son sac à dos en tentant d'organiser cela au mieux. Le sac à dos terminé, il l'avait laissé à la cuisine et tenté de ranger un peu le débarras auquel ressemblait le "salon" lorsque la sonnette de l'entrée avait retenti.

Ignorant les aboiements de Spike, sans doute encore trop peu habitué à ce bruit divergeant un peu de celui de leur ancienne appartement, Hassan était allé ouvrir, non sans une seconde ou deux d'hésitation tandis que sa main se posait sur la poignée de la porte. La porte ouverte pourtant il avait tenté de dissiper son trouble, et même affiché un sourire sincère lorsque ses yeux s'étaient posés sur Yasmine « T'es pile à l'heure. » Hésitant une demi-seconde, il avait piqué un baiser sur sa joue d'un air un peu gauche, et n'avait pu empêcher Spike de se faufiler entre ses jambes pour faire la fête à la jeune femme. « En voilà un autre qui est content de te voir. » Esquissant un sourire, et interceptant finalement le regard de la jeune femme tandis que ses yeux s'arrêtaient sur le vélo - ou plutôt les vélos - posés sous le porche, il avait repris « Je l'ai récupéré chez tes parents. Crois-le ou non mais ton père l'avait laissé à portée de main dans le garage parce qu'il était persuadé que toi ou moi viendrions bientôt le chercher aussi. » Le second vélo, savamment posé contre celui que Yasmine avait offert à Hassan, n'était autre que celui de la jeune femme. « J'me suis dit qu'on pourrait aller se balader tous les deux. Aller jusqu'à Fisherman Island pour pique-niquer, comme on faisait avant. » Il y en avait eu des feux de camp là-bas, en plus ou moins petit comité, parfois seulement juste les Khadji et les Jaafari, parfois les amis de lycée ou d'université des uns et des autres. Hassan n'y avait pas remis les pieds depuis une éternité ... depuis avant ses soucis de santé, probablement. Il ne se souvenait plus très bien. « Tu veux rentrer deux minutes ? Faut que je récupère le sac à dos. Mais tout est en désordre, n'y fais pas attention. » Sifflant pour inciter Spike à rentrer, il avait laissé passer Yasmine et était rentré le dernier. A la lumière du jour la maison revêtait un caractère moins "irréel" que la soirée précédente, et Hassan avait secoué la tête comme pour chasser de son esprit ce qui tendait à s'y insinuer à nouveau.
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Message(#)a million beginnings, none of them the one (yasmine) EmptyLun 12 Sep 2016 - 1:33



❝ a million beginnings  ❞


Hassan & Yasmine

if you close your eyes does it almost feel like nothing changed at all
 
Le travail – c’était la meilleure des options pour ne pas laisser son esprit divaguer alors Yasmine avait accepté tous les remplacements qu’on lui proposait. Elle s’était, depuis cette soirée avec Hassan, plongée corps et âme dans son travail. Y trouvant peut-être aussi, un moyen de se donner une bonne raison pour ne pas le voir – pour ne pas risquer de faire remonter les souvenirs de cette soirée ou par deux fois leurs lèvres s’étaient frôlées. Parfois en y repensant ça lui revenait comme un rêve bien plus qu’un souvenir, comme si tout ça ne s’était pas passé. Ce qui était accentué par le fait que tous les deux n’en avaient pas reparlé. En grande partie – pour sa part – parce qu’elle n’aurait pas su quoi en dire. Qu’elle avait eu envie ? Qu’elle n’avait pas réfléchi ? Elle avait peut-être peur aussi de s’entendre dire que ça ne représentait rien – même si c’était sans doute le plus logique – elle préférait rester dans cette douce ignorance provoquée par le silence.  Pourtant quand Hassan lui avait proposé de passer leur dimanche ensemble, elle n’avait pas hésité une seconde, consciente qu’il lui fallait profiter de chaque occasion de le voir avant que tous deux ne soient séparés. Enfilant des habits simple sans savoir ce qui l’attendait elle avait pris la direction de la nouvelle maison d’Hassan avec une touche d’excitation, provoquée en partie par l’idée de voir sa demeure, de jour cette fois.

Le premier à fêter son arrivée fut Spike qu’elle entendait aboyer à travers la porte. Un peu amusée, elle avait attendu que cette dernière ne s’ouvre sur son ami qui affichait un sourire légèrement crispé – mais toujours aussi adorable. « T'es pile à l'heure. » Son baiser avait été un peu rapide, comme si il avait eu peur de s’attarder et Yasmine avait rejoint ses mains devant elle, se balançant légèrement nerveuse sans oser s’avouer pourquoi. « Comme toujours quand on me fait des cachotteries. » A vrai dire elle n’avait pas besoin de ça, Yasmine était le genre de personne réglée comme un horloge Suisse, pas une minute d’avance ni de retard, elle avait une capacité déconcertante pour arriver à l’heure. Puis, Spike était heureusement arrivé rapidement pour dissiper son trouble, elle s’était penchée pour le caresser avec gaité. « Salut mon grand. » Il avait l’air enchanté, sans doute par l’espace dont il jouissait dans cette nouvelle maison et qui devait lui faire un bien fou – et peut-être un peu de la voir parce que Yasmine adorait le chien d’Hassan presque autant qu’elle l’adorait lui.   « En voilà un autre qui est content de te voir. » Se relevant un peu pour diriger son attention à nouveau sur Hassan Yasmin avait jeté un coup d’œil sur la gauche son regard ayant été intercepté par la présence d’un deuxième vélo qu’elle connaissait bien. Le regard interrogateur elle s’était tournée vers Hassan. « Je l'ai récupéré chez tes parents. Crois-le ou non mais ton père l'avait laissé à portée de main dans le garage parce qu'il était persuadé que toi ou moi viendrions bientôt le chercher aussi. » Un sourire avait fendu son visage alors qu’elle regardait son ami un peu étonnée. « Mon père, cet homme parfait. » Et elle était proche de le penser, même si sa capacité à garder le silence face à sa femme pouvait parfois être très frustrante. Le père Khadji n’était pas un grand bavard mais quand il parlait c’était le plus souvent pour dire des choses tout à fait censées. De ce fait il contrecarrait à la perfection le côté expansif de sa mère. « J'me suis dit qu'on pourrait aller se balader tous les deux. Aller jusqu'à Fisherman Island pour pique-niquer, comme on faisait avant. » Sautillant un peu son regard avait fait la navette entre son vélo et Hassan. « T’es sérieux ? » Puis tapotant des mains elle lui avait sauté au cou, avant de se reprendre et de revenir à sa place toujours un peu surexcitée. « C’est une trop bonne idée ! Ca fait tellement longtemps que je ne suis plus allée là-bas. Je ne sais même pas pourquoi j’adore cet endroit ! » Enfaite si elle le savait un peu… Le cancer d’Hassan. Cette maladie qui avait bouleversé plusieurs de leurs habitudes. Mais elle ne souhaitait pas mettre cette période sur le tapis, trop réjouie à l’idée de partager cette balade avec lui.

« Tu veux rentrer deux minutes ? Faut que je récupère le sac à dos. Mais tout est en désordre, n'y fais pas attention. » Ne se faisant pas prier Yasmine avait pénétré dans la maison le regard un peu brillant. Voir la maison de jour lui procurait une sensation différente. Avec les cartons un peu partout l’achat d’Hassan semblait d’un coup tellement plus réel. Il l’avait quitté quelques secondes pour aller chercher le sac alors qu’elle déambulait dans les pièces, tentant parfois vainement de se souvenir des détails de la décoration. Puis arrivant dans la pièce où elle s’était aventurée à le remercier d’un baiser elle avait senti un léger frisson la parcourir. Les pas d’Hassan s’étaient faits entendre juste derrière elle. Elle s’était alors retourné pour l’observer un instant, pensive. «  La maison est définitivement différente de jour… » Tout comme leur relation peut-être. Comme si ce qui se passait dans l’obscurité était voué à y rester, pour le bien de ce qu’ils avaient tous les deux toujours connu. Cette amitié sans ambiguïté. « Les pièces paraissent tellement plus grandes sans la décoration de tes parents. C’est presque comme une autre maison. » Et pourtant c’était bien la même, elle reconnaissait certains détails bien que la peinture ait elle aussi changé avec les années. « Est-ce qu’il y a encore… » D’un coup intriguée, elle s’était dirigée vers l’encadrement de la porte passant ses doigts sur le bois abimé. « On pourra dire à Sohan que son emprunte dentaire est toujours présente. » Un de leurs nombreux jeux qui avait un peu dérapé quand Yasmine courant après son frère il s’était encoublé pour finir la tête la première dans l’encadrement de la porte. Heureusement pour lui ses dents avaient tenu le choc. « On y va ? Je peux te prendre quelque chose ? » Sortant pour s’emparer de leur vélo Yasmine était passée devant, accélérant même un peu la cadence. « Alors Hassan ? T’es rouillé ? » Un peu joueuse elle s’amusait à le provoquer et quand il était arrivé à sa hauteur – plus facilement qu’elle ne l’aurait cru, elle avait lâché les mains quelques secondes. « Dire que j’étais la meilleure à ce jeu il y a longtemps. » Maintenant plus craintive elle avait vite remis ses mains sur le guidon avant de provoquer un accident.

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Message(#)a million beginnings, none of them the one (yasmine) EmptyLun 12 Sep 2016 - 7:38

C'était presque comme s'il essayait d'emmagasiner le maximum de souvenirs joyeux, agréables, avant son départ pour ne pas en manquer s'il avait un coup de blues une fois à l'autre bout du monde. Les anciens souvenirs, ceux qui remontaient à avant sa leucémie, avant son divorce, n'avaient plus cette capacité à lui redonner le sourire parce qu'ils ne faisaient que lui rappeler ce à quoi il ait du renoncer, et donc perdu. Et Hassan savait qu'ici ou à Téhéran des "jours sans" il en aurait encore, parce qu'il allait mieux mais il n'allait pas bien. C'était le but à long terme, bien sûr, mais il en était encore loin et la peur de se laisser de nouveau happer le même désespoir qui l'avait poussé à projeter sa voiture contre un arbre de Bayside n'avait pas disparue. Parfois il avait peur que ce ne soit pas assez, de se l'être promis, d'avoir promis à Qasim, à Yasmine, aux Khadji qu'il ne recommencerait plus ... Parce qu'il se l'était déjà promis la première fois, et Yasmine et lui connaissaient tous les deux le dénouement de cet épisode. Alors en attendant d'avoir trouvé la clef de ce problème sans solution, Hassan courait après les occasions de s'apaiser et tentait d'ignorer ce qui pourrait l'angoisser. Autre raison, sans doute, pour laquelle il avait pris le parti de ne pas revenir sur le double-épisode du baiser et préféré profiter de la présence Yasmine avec la simplicité et la sincérité qui caractérisaient leur relation.

Et pourtant il y avait eu ce moment de doute lorsqu'il avait posé la main sur la poignée de la porte, puis moment de trouble lorsque son regard avait croisé celui de la jeune femme. Ne gâche pas tout, s'était-il pourtant répété - presque ordonné - tandis qu'il se décidait à piquer un baiser sur sa joue en espérant chasser le reste par la même occasion. « Comme toujours quand on me fait des cachotteries. » Parvenant à abandonner son air crispé au fil des secondes, il avait haussé les épaules avec malice « On sait tous les deux que tu les aimes, mes cachoteries. » Réalisant pourtant alors que la fin de sa phrase quittait ses lèvres que son manque d'honnêteté de ces derniers mois n'avait pas toujours été une partie de plaisir pour Yasmine, le brun avait ajouté en décidant de prendre cela avec dérision « Enfin non, pas toutes mes cachoteries ... mais ce genre-là, en tout cas. » Laissant à Spike quelques secondes pour se faire remarquer avec contentement, Hassan avait eu le loisir de mettre fin au mystère rapidement lorsque la jeune femme avait posé les yeux sur le second vélo, déjà mis de côté par « Mon père, cet homme parfait. » et pour lequel le brun avait quelques projets. Rien d'extraordinaire en réalité, ce que cherchait Hassan c'était avant tout une excuse pour pouvoir (re)inaugurer le vélo que lui avait offert Yasmine. « T’es sérieux ? » Un peu pris au dépourvu lorsqu'elle lui avait sauté au cou, il s'était néanmoins attendri devant son enthousiasme « C’est une trop bonne idée ! Ça fait tellement longtemps que je ne suis plus allée là-bas. Je ne sais même pas pourquoi j’adore cet endroit ! » Pour les mêmes raisons que lui, peut-être ... Ou simplement parce qu'aussi joli soit-il, l'îlot n'avait plus rien de particulier si on lui retirait le plaisir de s'y rendre à plusieurs.

Ayant laissé le sac à dos contenant leur repas du midi à l'intérieur, et devant de toute façon bien persuader Spike de rentrer, Hassan avait proposé à Yasmine de rentrer quelques instants, s'excusant à moitié pour le bazar ambiant qui régnait à l'intérieur. La pièce de vie ressemblait à un débarras quand le reste de la maison restait pour l'heure désespérément vide. Laissant la jeune femme déambuler un peu au rez-de-chaussée tandis qu'il allait récupérer le sac à dos, il l'avait retrouvée pensive dans ce qui à l'époque de ses parents la lingerie, et deviendrait probablement sous peu le bureau d'Hassan. « La maison est définitivement différente de jour … » Il s'était appuyé contre l'encablure de la porte, lui jetant un regard qui en disait plus long que n'importe quelle phrase. Il n'y avait sans doute pas que la maison qui était différente de jour, elle y pensait, il y pensait, mais aucun des deux ne s'était risqué à le dire à voix haute. « Les pièces paraissent tellement plus grandes sans la décoration de tes parents. C’est presque comme une autre maison. » Le goût de sa mère pour les décorations un peu chargées n'y était sans doute pas pour rien, les goûts radicalement différents de ceux qui avaient habitué la maison ensuite terminant d'appuyer cette impression. « Est-ce qu’il y a encore … » Approchant, elle avait laissé ses doigts glisser contre l'encadrement de la porte, Hassan baissant les yeux vers l'endroit qu'elle désignait « On pourra dire à Sohan que son emprunte dentaire est toujours présente. » Laissant échapper un léger rire, Hassan avait chargé le sac à dos sur l'une de ses épaules « Ton frère a toujours eu la tête dure. Dans tous les sens du terme. » Se décalant pour laisser Yasmine sortir de la pièce, Hassan avait envoyé Spike - qui les suivait comme leur ombre depuis tout à l'heure - à son panier avec un brin de sévérité pour le dissuader d'essayer de se faufiler par la porte d'entré en même temps qu'eux.

La laissant saisir son vélo avant de s'emparer du sien à son tour, il avait secoué la tête avec douceur lorsqu'elle avait proposé « On y va ? Je peux te prendre quelque chose ? » avant de désigner son porte-bagages avec un brin de fierté « Quelqu'un a eu la bonne idée d'en mettre un tout neuf. » Ils avaient sans doute passé l'âge que Yasmine prenne place là-dessus, tout du moins pour une distance aussi longue, mais le sac à dos d'Hassan, lui, y avait trouvé une place en bonne et due forme. Enfourchant son vélo, et vérifiant au passage l'adage qui voulait que l'on oubliait jamais comme en faire même lorsque cela remontait à un bail, il s'était laissé un peu distancer par Yasmine. « Alors Hassan ? T’es rouillé ? » Sourire narquois sur les lèvres, il avait donné quelques coups de pédale supplémentaires pour revenir à sa hauteur « Rouillé ? Pourquoi pas vieux, tant que tu y es ? » Mais en réalité il l'était bien un peu, rouillé. Probablement qu'il n'en prendrait conscience que sur le chemin du retour, ou même le lendemain lorsque ses articulations ne manqueraient pas de lui rappeler que l'époque où rester debout toute une journée constituait déjà un effort conséquent n'était pas si éloignée. Mais pour l'heure il donnait le change, répondant par un sourire taquin lorsque Yasmine avait ajouté « Dire que j’étais la meilleure à ce jeu il y a longtemps. » et lancé sur le ton du défi et en accélérant un peu « Qui sait, peut-être que c'est toi qui vieilli. » Cessant ses enfantillages et calant son rythme sur celui de Yasmine afin qu'ils puissent rester à la même hauteur, il avait néanmoins brusquement changé d'itinéraire et lancé « Non, par là plutôt. » tout en bifurquant sur la gauche plutôt que de continuer tout droit. C'était tout sauf un raccourci, à vrai dire cela rajoutait bien dix minutes de trajet ... Mais tout droit il y avait la route, LA route, et si Hassan ne l'avait pas réempruntée depuis ce n'était pas sans raison.

Pédalant de manière plus tranquille à mesure qu'ils approchaient de Mangrove Boardwalk, Hassan passant derrière Yasmine pour ne pas encombrer la promenade où d'autres cyclistes se mêlaient aux piétons venus profiter du retour des beaux jours. Arrivé en bordure d'herbe il avait mis pied à terre, Yasmine à sa suite, et continué en poussant son vélo jusqu'au bas de la berge. « Ça fait si longtemps que ça qu'on n'est pas venus ? » La question visait principalement les deux ou trois tables de pique-nique installées d'un côté de la berge, et dont le brun était certain qu'elles n'existaient pas avant. Peu importe, lui préférait faire les choses à l'ancienne, et posant son vélo dans l'herbe il avait attrapé le sac à dos pour en sortir la vieille couverture qu'il avait étendu dans l'herbe « C'est les faibles qui ont besoin d'une table. » Comme pour prouver ses dires, il s'était assis en tailleur sur la couverture, non sans rajouter d'un ton pensif « C'est dommage que les chiens ne soient pas autorisés, les nôtres auraient eu la place de gambader. » Mais encore aurait-il aussi fallu les amener jusqu'ici, et le vélo et le chien faisaient rarement bon ménage. « Ça se passe bien d'ailleurs, la cohabitation ? » Aimer l'animal d'autrui ne suffisait pas toujours à préparer au fait d'en avoir un sous son toit, probablement que Yasmine aurait besoin d'un temps d'adaptation, tout comme lui avait eu besoin d'un peu de temps pour s'habituer à la présence de Spike et au fait de devoir s'en occuper.
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Message(#)a million beginnings, none of them the one (yasmine) EmptyMar 13 Sep 2016 - 4:26



❝ a million beginnings  ❞


Hassan & Yasmine

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Elle a de la peine à réaliser que c’est bien son vélo - du moins celui que elle utilisait quand elle vivait encore chez ses parents. Aujourd’hui, elle l’a troqué contre un autre, bien plus fonctionnel - bien moins sentimental que celui là. C’était Sohan et Hassan eu même qui le lui avaient offert. Elle a beau chercher l’occasion ne lui revient pas, peut-être qu’il n’y en avait même pas. C’est bien leur genre de la chouchouter juste comme ça et elle sait reconnaitre sa chance. Avec les Jaafari elle a hérité de deux autres frères, tout aussi attentionnés, tout aussi protecteurs et son plaisir aurait sans doute été total si il n’y avait pas toujours eu ces sentiments si spéciaux à l’égard d’Hassan. Cette impression qu’il était le seul capable de voir en elle de la sorte - de la rendre si heureuse. Mais il y avait eu Joanne, son mariage, son bonheur dont elle ne pouvait faire partie qu’en tant qu’amie. Aujourd’hui les choses avaient changé – les cartes avaient été redistribuées et pourtant elle ne se sentait toujours pas plus légitime. Peut-être aussi parce que c’était mettre en péril des années d’une amitié presque sans faille. C’était prendre un risque qu’elle n’était pas prête à prendre surtout quand Hassan semblait lui donner si peu de signe pour l’y encourager. Il y avait bien eu ce baiser - ce deuxième frôlement de lèvre qu’il avait induit, mais il était bien trop faible pour faire le poids face aux pensées tortueuses de Yasmine et à ce que son esprit pouvait imaginer quand elle pensait à lui dire. Le rejet, l’incompréhension, le dégout, elle n’était pas prête à prendre ce risque. Mais elle était prête pour un tour de vélo avec lui, c’était exactement le genre de chose qu’elle pouvait lui donner.

Se moquant un peu de lui elle avait pris une légère avance pour le narguer. Mais rapidement Hassan avait réduit l’écart, tournant légèrement la tête elle avait vu ses mains qui accrochaient si puissamment son guidon faisant ressortir chaque muscle de ses bras. Perdu dans cette contemplation silencieux elle avait manqué de foncer dans le trottoir et c’était concentrée à nouveau sur la route alors qu’Hassan ripostait. « Rouillé ? Pourquoi pas vieux, tant que tu y es ? » Riant un peu elle avait à nouveau accéléré pour voir si il tenait la cadence. « Je voulais le dire mais j’avais peu de te vexer. J’ai du respect pour les ancêtres.» Elle rigolait un peu pourtant consciente que le passage aux 35ans n’avait pas forcement été l’étape la plus évidente pour Hassan. Sa vie n’était sans aucun doute pas ce qu’il avait imaginé qu’elle serait et cette année de plus avait probablement de quoi remuer des choses en lui. Mais pas désireuse d’en parler, elle s’était contentée de s’amuser un peu lâchant le guidon alors qu’Hassan se moquait d’elle quand elle le reprenait rapidement dans ses mains pour trouver un rythme de croisière plus agréable. Elle se laissait emporter par le vent dans ses cheveux et cette sensation grisante que cela provoquait et qui était sans aucun doute amplifié par la présence d’Hassan à ses côtés. Du moins jusqu’à ce que ce dernier ne bifurque presque violemment comme si au bout de la route il avait vu un monstre. « Non, par là plutôt. » Elle l’avait suivi un peu étonnée. « Mais c’est plus court par là-bas. » Hassan s’était contenté d’un regard un peu penaud qui n’avait pas manqué de réveiller les questionnements de Yasmine même si pour le moment elle n’avait pas réussi à faire le cheminement qui le ramenait à son accident.

Après quelques instants de balade à vélo ils étaient enfin arrivés à destination. « Ça fait si longtemps que ça qu'on n'est pas venus ? » Il avait désigné des bancs du regard et Yasmine les regardant à son tour elle n’avait rien trouver à redire. Oui ça faisait longtemps… Trop longtemps de toute évidence. Mais pour aujourd’hui tous deux étaient bien décidés à se la jouer à l’ancienne. « C'est les faibles qui ont besoin d'une table. » Avait même ajouté l’Iranien alors qu’il étendait la couverture sur le sol. « Tu es sûr que tes jambes de vieille homme vont supporter ça ? Je ne pourrais pas te porter pour te relever. tu sais ? » Le taquinant un peu elle avait fini par prendre place sur la couverture en tailleur à côté de lui. « C'est dommage que les chiens ne soient pas autorisés, les nôtres auraient eu la place de gambader. » Elle était plutôt d’accord. Carpet étant encore un jeune chiot plein de vie. « Ça se passe bien d'ailleurs, la cohabitation ? » Etendant ses jambes elle avait penché légèrement la tête en arrière pour profiter du soleil avant de reposer le regard sur lui. « Etonnamment très bien, je pensais qu’il lui faudrait plus de temps pour s’habituer à l’appartement et à moi. Mais Carpet est absolument adorable. On voit que ses maitres se sont bien occupés de lui… Il y'a juste que… » Le regard un peu plus triste elle avait continué. « Parfois je l’entends pleurer la nuit. » La règle était qu’il ne dormait pas avec elle, et elle n’était pas sur de savoir comment il avait été éduqué de ce côté là. « Je crois que ses anciens maitres lui manquent. » Un couple de retraité apparemment très attaché à lui. Le mari étant décédé, la vieille femme avait été placée dans un établissement qui n’acceptait pas les chiens. Pas de famille pour prendre soin de ce dernier il avait fini dans les bras de Yasmine. « Je ne sais pas si c’est possible mais je pense que je vais retourner au chenil pour essayer d’avoir plus d’informations sur la vieille femme qui c’est occupée de lui. Je pense que Carpet doit lui manquer et c’est réciproque. Ca pourrait leur faire du bien de se voir de temps en temps. » Puis quelque part sans même la connaitre Yasmine avait un réel attachement pour celle qui avait pris soin de son chien avec elle pendant presque 2ans. Cette femme avait perdu son mari et son chien dans la foulé et elle ne pouvait qu’imaginer sa solitude. « Au fait… Toi, qu’est ce que tu vas faire de Spike quand tu pars ? » D’un coup ça lui sautait au visage. Si elle n’avait pas vraiment envie de penser au départ d’Hassan il commençait pourtant à devenir une évidence, et elle ne voulait pas l’occulter jusqu’au jour J car il serait encore plus dur à vivre elle en était sur.

Levant les yeux au ciel, quelques nuages se promenaient faisant parfois de l’ombre sur eux. Mais rien ne semblait menacer le beau temps. « Regarde ! On dirait une tête d’ours ! » Elle avait montré l’un des nuage du doigt alors que son ami penchait la tête cherchant sans doute à voir la même chose. « On joue à ‘qu’est ce que je vois’ ? » Si il y avait un petit moment qu’ils n’étaient pas venus ici - ce jeu datait de bien des années avant encore. Quand Sohan et les frères Jaafari redoublaient d’imagination pour occuper son esprit et son corps à autre chose qu’à leur casser les pieds. S’allongeant sur le sol elle avait attendu qu’Hassan en face de même. Les règles n’avaient jamais été bien précisées mais le but était dans voir dans les nuages la même chose que l’autre. « Je pense que tu vois… un  hippocampe ? » Loupé une fois, deux fois trois fois, Hassan avait finalement cédé quand Yasmine avait prétendu qu’il voyait une voiture. Sans doute plus pour lui faire plaisir que parce que c’était vraiment ce qu’il voyait. «  A ton tour. » Hassan avait fait quelques propositions complètement à côté de la plaque ce qui avait bien fait rire la jeune femme. « Mais non ! Tu ne regardes même pas au bon endroit. Là bas ! » Elle avait montré le nuage concerné du doigt regardant Hassan qui plissait des yeux avec une certaine tendresse elle c’était rapprochée de lui pour presque coller sa tête à la sienne de façon à avoir le même point de vu que lui – leur corps s’étaient de ce fait rapprochés eux aussi. Puis elle avait attrapé sa poignet dans sa main pour le tendre vers le haut, montrant le fameux nuage. « Celui là ! C’est simple en plus. » Un coeur… c’était un simple coeur. Sa main agrippant son poignet elle l’avait fait glisser lentement jusque dans la main d’Hassan, mêlant leurs doigts l’un à l’autre avec une certaine lenteur alors que leur mains étaient encore en l’air, pile sous leur yeux. Tout aussi lentement elle avait fait redescendre leur bras tournant son regard vers lui. Leurs visages étaient si proche qu’en temps normal elle aurait pu être un peu reculé mais pas cette fois, plongeant son regard dans le sien elle avait profité du silence pour aborder un sujet bien différent du jeu auquel il s’adonnait quelques secondes auparavant. « Pourquoi tu nous a fait prendre un autre chemin avant ? » La question sonnait d’un ton un peu trop sérieux laissant deviner qu’elle avait déjà son idée. Puis son regard ne quittant pas celui d’Hassan elle avait vu la lueur qu’elle redoutait dans ses yeux. « C’est là-bas que tu as… » Pas capable de finir sa phrase elle n’avait de toute façon pas senti le besoin de le faire. Jusqu’à aujourd'hui elle n’avait pas osé poser plus de questions. Peut-être aussi qu’elle n’avait pas voulu ce qui expliquait qu’elle ne connaisse même pas l’endroit de cette tentative désespéré qu’il avait commise. Serrant un peu plus la main d’Hassan dans la sienne, elle était venue coller son front contre le sien dans le silence. De cette façon elle sentait le souffle d’Hassan contre sa peau et c’était comme la preuve ultime qu’il était bien encore là et que cet accident n’était plus qu’un souvenir douloureux. Du moins elle l’espérait de tout son coeur.


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Message(#)a million beginnings, none of them the one (yasmine) EmptyMer 14 Sep 2016 - 18:50

Hassan avait conscience que ce n'était pas un raisonnement censé ou raisonnable, et qu'au fond passer par cette route en vélo ne provoquerait rien, absolument rien ... Mais c'était plus fort que lui. Il tenait sans doute cela de sa mère, ce côté un peu superstitieux, cette route ne lui avait pas porté chance la dernière fois qu'il l'avait empruntée et c'était comme s'il craignait que le spectre de ce qui l'avait poussé à faire une bêtise la première fois ne le happe une seconde fois au passage. Malgré la protestation teintée d'incompréhension de Yasmine ils avaient donc emprunté un autre itinéraire, rallongeant un peu leur trajet sans qu'Hassan ne prenne la peine de se justifier. Il n'avait pas envie de parler de ça, pas aujourd'hui ... Il voulait passer une bonne journée, et rien d'autre. Il était même devenu tellement efficace dans l'art de se voiler la face que le temps d'arriver à destination il avait presque entièrement retrouvé l'humeur légère et le sourire qui devait aller avec. Il pouvait même oublier son trouble concernant Yasmine, tandis qu'il déposait son vélo dans l'herbe et sortait la couverture de son sac à dos pour délimiter leur petit coin à eux, le temps de l'après-midi. Hassan était un peu de la vieille école, un pique-nique c'était par terre, et pas ailleurs « Tu es sûr que tes jambes de vieil homme vont supporter ça ? Je ne pourrais pas te porter pour te relever, tu sais ? » Faisant mine de s'outrer face à son insinuation, il avait à nouveau attrapé le sac à dos pour en sortir la bouteille d'eau et en boire quelques gorgées, avant de la proposer à Yasmine « Alors c'est ça, tu m'abandonnerais ici sans la moindre hésitation ? » Et d'exagérer l'air boudeur, en prime, tandis que l'un et l'autre se partageaient la couverture en prenant un peu leurs aises.

Allongeant finalement ses jambes, s'appuyant sur ses coudes pour pouvoir observer le bord de l'eau - dont il ne s'approcherait probablement pas mais savait apprécier depuis la distance raisonnable où il se trouvait - il n'avait pas pu s'empêcher de penser que si les animaux avaient été autorisés il se serait fait un plaisir d'amener Spike, et de suggérer à Yasmine d'amener son nouveau pensionnaire. « Étonnamment très bien, je pensais qu’il lui faudrait plus de temps pour s’habituer à l’appartement et à moi. Mais Carpet est absolument adorable. On voit que ses maitres se sont bien occupés de lui … Il y'a juste que … Parfois je l’entends pleurer la nuit. » Affichant un air désolé, il l'avait laissée poursuivre « Je crois que ses anciens maitres lui manquent. » C'était même pratiquement une certitude, les animaux avaient bien plus de mémoire et de capacité d'attachement qu'on le soupçonnait. « Il finira par s'habituer, il lui faut juste un peu de temps pour faire la transition ... Et puis il se rendra vite compte de la maîtresse adorable dont il a hérité. » Il avait esquissé un sourire, certain de ce qu'il avançait et de la tendresse qu'apporterait Yasmine à cet animal. « Je ne sais pas si c’est possible mais je pense que je vais retourner au chenil pour essayer d’avoir plus d’informations sur la vieille femme qui s’est occupée de lui. Je pense que Carpet doit lui manquer et c’est réciproque. Ça pourrait leur faire du bien de se voir de temps en temps. » Et cela ferait sans doute du bien à Yasmine aussi, à en juger par la manière dont cela semblait lui tenir à cœur. « C'est une bonne idée, ça a du être un crève-cœur de s'en séparer. » Du moins il se l'imaginait ainsi, d'autant plus venant d'une personne âgée dont le compagnon à quatre pattes était peut-être le seul compagnon, tout court. « Au fait … Toi, qu’est ce que tu vas faire de Spike quand tu pars ? » La question s'était en effet posée dès l'instant où Hassan avait pris sa décision, mais la réponse coulait pratiquement de source en fin de compte. « Qasim va venir le récupérer. Les enfants ne tenaient plus en place quand ils l'ont su. » Rien de vraiment surprenant là-dedans. « Je l'aurais bien emmené avec moi, mais je ne sais pas s'il supporterait un trajet en avion aussi long ... et puis je ne sais pas encore où je vais loger. » Il avait eu quelques pistes concernant la famille qui les avait hébergés son frère et lui lors de leur précédent séjour en Iran, mais qu'il vive sur le campus de l'université n'était pas non plus exclu.

Se laissant un instant happer par la contemplation du ciel sans qu'Hassan ne juge opportun de l'interrompre, il avait levé les yeux à son tour lorsqu'elle avait pointé le doigt vers un nuage en s'exclamant « Regarde ! On dirait une tête d’ours ! » Le brun avait plissé les yeux à son tour, tentant de suivre exactement la même trajectoire que la jeune femme « Tu trouves ? » Il ne semblait pas convaincu. Pour autant Yasmine s'était allongée complètement sur la couverture « On joue à ‘qu’est ce que je vois’ ? » Hassan avait affiché un sourire amusé. Non pas que ce jeu le rende particulièrement hilare, mais Yasmine avait toujours ce même ton enfantin pour en parler. « Je pense que tu vois … un  hippocampe ? » S'allongeant à côté d'elle, la chair de poule parcourant son bras lorsqu'il était venu se coller contre celui de la jeune femme « Hm, hm. » Elle avait tenté sa chance à nouveau, sans plus de succès, et le brun avait capitulé en lui accordant la voiture, bien que la réponse qu'il attendait était en réalité un requin. « A ton tour. » Il avait laissé son regard glisser quelques instants d'un nuage à l'autre, hésitant. « Un lapin ? » A l'évidence, non. « Un fauteuil ? » Elle avait secoué la tête comme s'il venait de dire une ânerie plus grosse que lui « Mufasa ? » Cette fois-ci il la faisait marcher, c'était sa manière de dire qu'il donnait sa langue au chat, arrachant un rire à Yasmine tandis qu'elle désignait du bout des doigts un point vague au milieu du ciel « Mais non ! Tu ne regardes même pas au bon endroit. Là-bas ! » Elle s'était rapprochée, attrapant son poignet pour lui indiquer la bonne direction, Hassan soudainement plus préoccupé par Yasmine que par n'importe lequel des nuages « Celui-là ! C’est simple en plus. » Il avait observé à nouveau, suivant la ligne formée par leurs bras et plissant les yeux avant de les rouvrir avec étonnement. Elle avait raison, c'était sous ses yeux depuis le début.

Il n'avait rien répondu, laissant leurs doigts se lier et leur bras redescendre, gardant la main de Yasmine dans la sienne pour venir la poser contre son cœur à lui. Leurs regards s'étaient croisés lorsque, sentant le regard de la jeune femme sur lui, Hassan avait tourné là tête à son tour. Il l'observait en silence, il laissait ses yeux glisser sur les traits de son visage, ceux qu'il ne remarquait pas en temps normal, ceux qu'on ne distinguait pas dans l'obscurité, et il ne disait rien. Il avait l'impression que le moindre mot gâcherait le sentiment de quiétude qui les enveloppait, et son cœur en effet s'était serré un peu lorsqu'elle avait murmuré « Pourquoi tu nous a fait prendre un autre chemin avant ? » Ses doigts s'étaient resserrés autour de ceux de Yasmine, et probablement que sous les siens elle avait senti son cœur s'emballer légèrement. « C’est là-bas que tu as … » Il avait baissé les yeux un instant, soudainement honteux d'avoir ainsi été découvert. Elle devait le trouver totalement irrationnel, et elle aurait sans doute raison. « Oui. »  Fermant les yeux en soupirant lorsque leurs front s'étaient rejoints, il avait gardé le silence de longues secondes avant de se décider à croiser à nouveau les yeux de Yasmine. Il observait avec angoisse, cherchant une trace de jugement ou de déception, désireux de croire qu'il n'en serait rien mais malgré tout craignant qu'il en soit autrement. « C'était pas prémédité, tu sais. » Peut-être que c'était maintenant ou jamais au fond, que s'il n'en parlait pas maintenant il n'en parlerait jamais. « C'était juste ... une mauvaise journée. Au milieu d'une mauvaise semaine, au milieu d'une période déjà pas glorieuse. Ça aurait pu être n'importe quel autre jour, c'est juste tombé sur celui-là. » Lâchant la main de Yasmine, Hassan s'était redressé légèrement pour s'appuyer sur l'un de ses coudes, et se pencher un peu plus au-dessus de la jeune femme. « T'aurais rien pu faire. » A nouveau il avait attrapé la main de la jeune femme, croisé leurs doigts, et finalement déposé un baiser sur le dos de sa main « Je sais que tu t'es probablement posé la question parce que Qasim se l'est posée aussi, mais ça aurait rien changé. » Et il espérait par dessus tout qu'elle ne se sentie pas habitée de la même culpabilité qui avait rongé Qasim les premières semaines, persuadé que s'il avait été plus attentif les choses auraient été différentes. Elles ne l'auraient pas été.
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Message(#)a million beginnings, none of them the one (yasmine) EmptyJeu 15 Sep 2016 - 3:22



❝ a million beginnings  ❞


Hassan & Yasmine

if you close your eyes does it almost feel like nothing changed at all
 
La transition entre leur jeu d’enfant et cette conversation beaucoup plus adulte avait sans doute été un peu rude. Yasmine s’y était peut-être même perdue – l’espace d’un instant elle n’avait alors plus vraiment su quoi ressentir. Sa main dans celle d’Hassan, ce frison de plaisir qu’un simple contact avec lui pouvait créer puis ce sujet qu’elle avait elle même remis sur la table et qui était d’une dureté peu souvent abordée. Pour autant il n’y avait pas de jugement dans son questionnement, juste une envie de comprendre. Ca avait toujours été le but et si Yasmine n’avait jamais eu réponse à certaines questions, elle c’était ravisée quand à beaucoup d’entre elles – persuadée qu’elle ne comprendrait sans doute jamais vraiment ce qui avait poussé Hassan à commettre ce geste mais toujours inquiète que le silence entourant sa tentative de suicide ne finisse par en faire un sujet totalement tabou. Elle n’avait pas envie de fermer les yeux sur ce qui c’était passé même si une partie d’elle était consciente que ressasser ce souvenir était difficile pour Hassan. « Oui. » Plongeant dans une émotion soudaine Yasmine était venue coller son front à celui de son ami, leur doigts semblaient ne plus pouvoir se décoller tellement l’un comme l’autre s’attachaient à ce contact, désespérément. Puis rouvrant les yeux elle avait observé Hassan dont le visage semblait démontrer encore aujourd’hui une certaine souffrance qu’elle aurait voulu calmer. Utilisant son autre main elle était venue caresser son visage. « Ca va Hassan… » Elle ne savait pas si elle parlait pour lui, pour elle, pour eux en général parce qu’aujourd’hui elle était prête à attendre les mots si lui voulait bien les prononcer. Et si il ne le souhaitait pas alors elle l’accepterait. Et quand il avait ouvert les yeux elle avait tenté de lui faire parvenir tout ça dans son regard. « C'était pas prémédité, tu sais. » Non elle ne savait pas, mais l’entendre le dire était de prime abord un soulagement, avant de se transformer en peur – s’il avait été capable d’agir comme ça sur un coup de tête alors rien ne disait qu’il ne pourrait pas recommencer. « C'était juste ... une mauvaise journée. Au milieu d'une mauvaise semaine, au milieu d'une période déjà pas glorieuse. Ça aurait pu être n'importe quel autre jour, c'est juste tombé sur celui-là. » Ce n’était pas rassurant mais c’était une vérité pure, ce qu’elle lui avait toujours demandée. Inquiète de briser cet instant avec des mots mal choisis Yasmine c’était contentée du silence alors qu’il quittait sa main la laissant pendant quelques seconde comme orpheline.

Assez rapidement heureusement, il s’était tourné sur le côté pour se mettre un peu au dessus d’elle, venant retrouver sa main pour emmêler leurs doigts à nouveau. « T'aurais rien pu faire. » Cette fois c’était elle qui avait baissé un peu le regard. Elle entendait les mots mais quelque part avait la certitude que c’était faux. Qu’elle aurait pu – qu’elle aurait du faire quelque chose avant. Ce n’était pas comme si elle ne connaissait rien de la détresse, comme si elle ne l’avait jamais côtoyé dans son métier, jamais appris à voir les signes précurseurs. Mais elle n’avait rien fait. Fermant un peu les yeux lorsqu’il avait posé ses lèvres sur sa main elle s’était délectée de son contact un peu honteuse – surtout au vu de la situation. « Je sais que tu t'es probablement posé la question parce que Qasim se l'est posée aussi, mais ça aurait rien changé. » Il semblait à Yasmine qu’aujourd’hui elle avait dompté cette culpabilité, mais le simple fait d’en parler semblait l’amplifier, alors même qu’il tentait de la faire taire. « Je crois que tu as tord Hassan… J’aurais pu faire quelque chose… Mais j’avais bien trop peur que tu me détestes. » Parce qu’il aurait fallu le faire soigner de force. Tout comme elle l’avait fait une fois qu’il avait eu son accident – trop tard. Et ses peurs s’étaient avérées fondées, il l’avait hait de le forcer à se faire soigner, de l’avoir laissé enfermé dans cette hôpital refusant de se porter garante pour lui. Aujourd’hui encore elle n’arrivait pas à décider si elle avait eu raison d’agir de la sorte. « Mais je sais qu’on ne peut pas changer le passé… Même si parfois j’aimerai comprendre j’essaye d’accepter qu’il n’y a peut-être rien à comprendre. » C’était du moins ce qu’il avait tenté de lui dire ce jour là à l’hôpital. Ce qu’elle c’était refusé à entendre, voulant du concret. En lui offrant un léger sourire Yasmine était venue à nouveau passer sa main sur sa joue, caressant sa barbe naissante qu’il ne rasait jamais de trop prêt – et qui lui donnait un air légèrement négligé mais tout à fait charmant.   « Et je n’ai pas envie de vivre de regret… On va de l’avant aujourd’hui n’est ce pas ? » Elle avait parlé comme si elle aussi était concernée par tout ça, s’incluant dans son malheur et sa dépression, sans doute un peu à tord. « Peut-être que je n’ai rien pu faire pour cette fois là… Mais je peux faire pleins de choses aujourd’hui…. Je peux tenter de te faire rire, et t’offrir un vieux vélo… Je peux te laisser partir sans tenter de te retenir, pour vivre des choses nouvelles… Je peux te faire jouer à ‘qu’est ce que je vois ?’ même si t’as toujours été très nul. » C’était des si  petites choses, si futiles mais elle avait espoir que ça fasse vraiment une différence. «  Je peux te rappeler aussi parfois à quel point tu est quelqu’un d’extraordinaire et d’important… Ne serait-ce que dans ma vie et te traiter de vieux deux secondes après même si ça te fait râler. » Laissant ses doigts glisser le long de sa mâchoire elle était venue poser sa main sur son torse. « Et je suis plus forte que tu le crois… Je suis plus cette gamine que tu as connue… Je peux être une vraie alliée si tu me laisses avoir cette place… » Parce qu’Hassan semblait avoir le besoin parfois de se reconstruire par lui même – de se prouver qu’il n’avait besoin de personne. Même si elle voulait être présente elle ne pouvait pas l’être sans son accord. « T’es mon meilleur ami Hassan… » Ce n’était pas une si grande révélation, c’était la cas depuis tellement longtemps, mais derrière ses mots se cachait bien plus qu’une amitié même si elle était encore loin d’être capable de l’avouer.

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Message(#)a million beginnings, none of them the one (yasmine) EmptyVen 16 Sep 2016 - 2:53

Le sujet revenait irrémédiablement sur le tapis, régulièrement, parfois sans qu'il ait le temps de le voir venir, et au fond sans doute en serait-il ainsi tant qu'il ne se décidait pas à mettre les choses à plat avec Yasmine. Et il savait que s'il devait évoquer le sujet avec quelqu'un c'était en priorité avec elle, parce que c'était aussi elle qui avait subi la colère irrationnelle dont il avait ait preuve après que les urgences aient décidé de le rediriger vers le service de psychiatrie. Il savait aussi que Yasmine ne lui avait pas véritablement pardonné cet épisode, et c'était ce qui lui pesait autant. Hésitant, pourtant, il lui avait fallu de longues secondes pour se persuader de renoncer au souffle de Yasmine venant glisser contre sa joue, au calme que leurs fronts l'un contre l'autre l'aidaient à conserver. Il ne savait pas trop comment s'y prendre, quoi dire, il ne savait même pas vraiment ce que Yasmine voulait entendre ou espérait comprendre. Il avait l'impression qu'elle se sentait responsable de quelque chose qui échappait pourtant totalement à son contrôle et sur lequel elle n'aurait pas eu la moindre emprise. Pas par manque de capacités, mais parce qu'Hassan avait tout fait pour que ce ne soit pas le cas. Il avait appuyé un peu sa joue contre la main de Yasmine comme pour montrer sans le nommer son besoin de garder une certaine proximité avec elle. « Je crois que tu as tord Hassan … J’aurais pu faire quelque chose … Mais j’avais bien trop peur que tu me détestes. » Ses yeux avaient affiché une surprise non dissimulée, preuve qu'il ne s'attendait pas un seul instant à cette confidence. « Que je te déteste ... ? Yas' tu penses vraiment que je serais capable de te détester ? » S'il avait tenté de poser sa question de manière plus ou moins rhétorique, la réponse pourtant le rendait curieux ... et l'inquiétait, presque. Il avait gardé le silence, osant enfin demander « C'est à cause de ce que j'ai dit quand on était à l'hôpital ? » Il avait l'impression que tout se résumait encore à cela, qu'elle était bloquée sur des paroles dites sans aucun bon sens. Et lui ne savait pas quoi dire qu'il n'ait pas déjà dit. « Écoute je me rappelle à peine de cette soirée, je pensais probablement rien de ce que j'ai dit. » Le peu dont il se souvenait, en tout cas, il était certain de ne pas le penser. De ne l'avoir même jamais pensé, à aucun moment. « Laisse pas ce que j'ai dit ce jour-là occulter tout le reste ... ça vaut pas la peine. » Ses doigts s'étaient resserrés autour de ceux de Yasmine, et à nouveau il avait laissé ses lèvres y glisser un instant, puis le bout de son nez, avec une douceur qu'il tentait de faire rassurante.

Il l'observait en silence, tentait d'avoir cet air sûr de lui qui la ferait prendre ce qu'il disait pour argent comptant plutôt que de se raccrocher au seul moment d'égarement où il s'était permis de dire les choses sans les penser. Juste pour faire mouche, juste pour faire mal. Il ne voulait pas que ce soit ce qu'elle choisissait de garder en tête, ce moment où il avait voulu lui faire du mal, pour mieux la faire fuir. S'il y avait une liste des moments peu glorieux de leur relation à dresser celui-ci arrivait en première position, et de très loin. « Mais je sais qu’on ne peut pas changer le passé … Même si parfois j’aimerai comprendre j’essaye d’accepter qu’il n’y a peut-être rien à comprendre. » Malgré son coude solidement ancré dans le sol, Hassan avait laissé le bout de ses doigts jouer avec une mèche de cheveux qui se baladait sur la tempe de la jeune femme. « Y'a eu ... certaines choses. » avait-il finalement admis, à voix basse. Il cherchait son regard à nouveau, mais sans oser pourtant la regarder totalement dans les yeux. « Mais elles ne méritaient pas que j'y accorde autant d'importance. » Du moins c'était son sentiment désormais, l'impression de s'être laissé ronger par des pensées qui ne méritaient pas de sacrifier tout ce qu'il aurait perdu en arrivant à ses fins. « Et je n’ai pas envie de vivre de regret … On va de l’avant aujourd’hui n’est ce pas ? » Il avait acquiescé un silence, laissant la chaleur de sa main contre sa joue servir de catalyseur à l'angoisse qui le prenait toujours un peu lorsqu'il pensait au futur, désormais. « Peut-être que je n’ai rien pu faire pour cette fois là … Mais je peux faire pleins de choses aujourd’hui … Je peux tenter de te faire rire, et t’offrir un vieux vélo … Je peux te laisser partir sans tenter de te retenir, pour vivre des choses nouvelles … Je peux te faire jouer à ‘qu’est ce que je vois ?’ même si t’as toujours été très nul. » Un rire lui avait échappé, quant à la chair de poule sur ses bras elle était revenue lorsque les doigts de Yasmine avaient glissé le long de sa mâchoire, pour descendre sur son torse où sa main s'était posée. « Je peux te rappeler aussi parfois à quel point tu est quelqu’un d’extraordinaire et d’important … Ne serait-ce que dans ma vie et te traiter de vieux deux secondes après même si ça te fait râler. Et je suis plus forte que tu le crois … Je suis plus cette gamine que tu as connue … Je peux être une vraie alliée si tu me laisses avoir cette place … » Rendu plus fébrile par le changement de ton plus sérieux de son amie, Hassan avait laissé ses yeux quitter le regard de Yasmine pour détailler le reste de son visage. Il avait détaché leurs mains, laissant la sienne glisser contre la peau douce de sa joue, de son cou, s'arrêtant presque comme pris en faute lorsqu'enfin elle avait murmuré « T’es mon meilleur ami Hassan … » C'est vrai. Depuis aussi loin qu'il se souvienne, et bien qu'il se soit pas sûr d'en avoir toujours été digne. C'était à lui de l'être pourtant, de montrer qu'il méritait qu'elle le voit ainsi, qu'il n'allait pas tout gâcher à nouveau, d'une manière ou d'une autre.

Sa main était redescendue, glissant le long de son bras et saisissant à nouveau sa main, comme pour donner foi à l'innocence de ses intentions. Il avait l'esprit toujours un peu en vrac, la faute à Yasmine et sa capacité à toucher sa corde sensible rien qu'avec des mots. « T'as toujours été mon alliée. » Croisant à nouveau leurs regards, il pesait ses mots avec une certaine douceur « J'avais juste ... cette espèce de fierté mal placée qui voulait me faire croire que j'avais besoin de personne, mais la vérité c'est que j'avais arrêté de compter le nombre de fois où j'ai composé ton numéro pour te demander de venir, ou si je pouvais passer chez toi ... et je l'ai jamais fait. Mais pas parce que j'avais pas confiance ... je crois que j'avais juste peur que tu réalises que quand je disais que je gérais en fait je gérais rien du tout ... et ça même moi je voulais pas l'admettre. » Parce qu'alors il aurait du admettre le reste, admettre qu'il n'allait pas bien, qu'il ne s'y prenait pas correctement, qu'il avait besoin d'aide. Il avait à nouveau ouvert la bouche, mais s'était retrouvé interrompu par l'arrivée d'un ballon venu rouler dans l'herbe pour s'arrêter à leurs pieds. « Pardon. » Trottinant jusqu'à eux, la petite de quatre ou cinq ans avait ramassé son ballon avant de les observer un instant « C'est ton amoureuse ? » Visiblement adressée à lui, la question avait provoqué chez Hassan une hésitation gênée durant laquelle il n'avait plus osé croiser le regard de Yasmine « Mieux que ça. » avait-il finalement répondu sur le ton de la confidence, laissant la fillette dubitative. Probablement qu'à ses yeux d'enfants elle ne voyait pas ce qu'il y avait de mieux qu'avoir un amoureux ou une amoureuse. Détalant tel un lapin lorsque ses parents lui avaient demandé de ne pas s'éloigner, la petite avait laissé Yasmine et Hassan seuls, ce dernier osant enfin glisser une oeillade du côté de la jeune femme tandis que ses doigts eux, serraient toujours ceux de la brune. Tentant d'éviter le blanc, il s'était redressé pour s'asseoir « Tu m'accompagnes mettre les pieds dans l'eau ? » Il n'irait pas seul, même si l'eau n'était qu'à quelques mètres, et n'y mettrait pas plus que les pieds c'était une certitude. « Sauf s'il s'avère que je suis effectivement trop vieux pour me remettre debout, puisque j'ai cru comprendre que tu ne m'aiderais pas à ce sujet. » Passant en tailleur, il n'avait lâché la main de Yasmine que pour se remettre effectivement debout, avant de la lui tendre à nouveau pour l'aider à se lever à son tour.
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Message(#)a million beginnings, none of them the one (yasmine) EmptySam 17 Sep 2016 - 12:53



❝ a million beginnings  ❞


Hassan & Yasmine

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Bien que le sujet fasse monter des émotions fortes en elle Yasmine n’avait pas versé un larme - peut-être parce qu’inconsciemment elle souhaitait montrer à Hassan que les faiblesses dont elle pouvait faire preuve ne faisait pas d’elle une petite chose qu’il fallait absolument protéger et même de la vérité. Parce qu’elle souhaitait qu’il l’a voit autrement sans vraiment être capable de changer - sans avoir la force de se séparer de lui en acceptant simplement la situation. « Que je te déteste ... ? Yas' tu penses vraiment que je serais capable de te détester ? » Sa main s’était arrêtée sur sa jouer. Presque honteuse d’avoir osé lui dire les choses aussi sincèrement sans penser à ce que cela voudraient dire pour lui. Oui elle le pensait - une pensée qui l’avait prise au ventre à chaque fois qu’elle avait voulu le confronter sans jamais y arriver - restant une présence lointaine dans sa vie - acceptant ses silences et le regard qu’elle ne lui reconnaissait plus. « C'est à cause de ce que j'ai dit quand on était à l'hôpital ? » Incapable de quitter son contact elle avait fait glisser son pouce sur sa peau qu’elle sentait sous la barbe. « Non… enfin… Disons juste que c’est ce que je redoutais. » Elle n’avait plus envie de penser à ce moment - n’attendait pas de lui de nouvelles excuses mais ce jour là elle avait vu d’Hassan une nouvelle facette qu’il lui était tout de même dur d’oublier. Elle avait vu de leur amitié quelque chose qui avant ce jour là n’avait pas existé.   « Écoute je me rappelle à peine de cette soirée, je pensais probablement rien de ce que j'ai dit. » Pinçant un peu les lèvres elle avait esquissé un léger sourire sans doute encore un peu triste. « Je sais. » Elle aurait voulu lui dire de ne pas s’inquiéter, que l’instant ne lui revenait que si peu en tête. Mais ce n’étaient pas tant les mots qui l’avaient touché – elle aussi s’en rappelait à peine - comme capturés dans un écran de fumé, elle avait peur que son esprit blessé les ait modifiés. Le pire était sans doute le regard qu’il avait eu pour elle - cette clarté dans sa voix qui avait à peine tremblé quand il lui avait assuré qu’il n’avait pas besoin d’elle. Comme si c’était une certitude depuis si longtemps qu’elle était presque idiote d’y avoir cru. Et pourtant dans ce simple moment d’intimité elle avait l’impression qu’il était capable d’effacer cette sensation. « Laisse pas ce que j'ai dit ce jour-là occulter tout le reste ... ça vaut pas la peine. » La caresse douce de son nez contre sa peau, son souffle chaud se déposant contre sa paume la fit légèrement frissonner. Sans le dire il avait fini par accepter en partie son aide - sa présence parfois silencieuse parfois trop curieuse. Quoi qu’ils en pensent cette journée avait changé bien des choses mais ils auraient tord de penser que c’est uniquement en mal. Leur amitié avait subi une première vraie blessure, loin des chamailleries de leur enfance, et pourtant ils étaient toujours là, entrain de renforcer leur lien. « Je ne veux plus laisser cet instant nous gâcher Hassan… » C’était une promesse à mi-ton et la certitude aussi que quelque part cet instant lui avait prouvé qu’elle pouvait survivre à la colère d’Hassan et qu’elle n’avait pas à en avoir peur. Même si elle était blessante, elle était parfois nécessaire…

Parfois aussi, le regard d’Hassan était fuyant et Yasmine l’avait accepté, comprenant que cette fuite n’était pas destinée à la repousser mais juste le reflet des états d’âme de son ami. « Y'a eu ... certaines choses. Mais elles ne méritaient pas que j'y accorde autant d'importance. »  L’entendre avouer ce qu’il avait refusé d’affronter jusqu’à maintenant lui avait induit un léger frisson alors que son ventre se serraient un peu. « Quelles choses ? » Son ton était doux, presque un peu effacé parce qu’elle avait peur d’être trop invasive et en même temps encore plus de rater le coche, l’instant où il n’attendait qu’un mot de sa part pour clore ce sujet qui hantait leur deux esprits depuis trop longtemps maintenant.

Elle avait parlé sans s’arrêter, en lui disant les mots qu’elle n’avait plus osé depuis longtemps. Ses espoirs aussi à demi mot - cachés au milieu d’un discours d’amitié ou quelques bribes de son amour pour lui ressortait maladroitement. La main d’Hassan était venue caresser son cou, presque trop intimement mais elle ne s’en plaignait pas - ce contact faisant naitre en elle des émotions nouvelles, comme si il était le seul à détenir la clef d’un plaisir qu’elle n’avait jamais osé explorer. Sous ses doigts elle se sentait en sécurité, tout son corps frissonnait quand leurs peaux rentraient en contact, quand il laissait ses prunelles glisser sur elle. Puis quand il avait mis fin à sa caresse une frustration passagère l’avait saisi, elle aurait voulu lui demander de ne pas arrêter - de ne pas avoir peur de la toucher mais sa pudeur l’en empêchait et la main d’Hassan était venue se glisser dans la sienne avec un douceur dont il avait le secret et qui suffisait à la combler. « T'as toujours été mon alliée. » Un sourire tendre sur les lèvres elle avait senti son coeur s’emballer un peu.   « J'avais juste ... cette espèce de fierté mal placée qui voulait me faire croire que j'avais besoin de personne, mais la vérité c'est que j'avais arrêté de compter le nombre de fois où j'ai composé ton numéro pour te demander de venir, ou si je pouvais passer chez toi ... et je l'ai jamais fait. Mais pas parce que j'avais pas confiance ... je crois que j'avais juste peur que tu réalises que quand je disais que je gérais en fait je gérais rien du tout ... et ça même moi je voulais pas l'admettre. » Se relevant un peu sur ses coudes elle avait un peu maladroitement rapproché leurs deux visages. En se rendant compte de cette proximité soudaine, elle s’était décalée un peu pour simplement l’observer. Pour toute réponse elle s’était contentée d’un hochement de tête comme si enfin les choses devaient plus claires pour elle - qu’il lui donnait accès à un pan de son esprit dont il lui avait pendant si longtemps refusé l’accès. S’apprêtant à continuer Hassan avait été stoppé dans son élan par l’arrivé d’un ballon sur la pelouse. Rappellent à Yasmine où ils étaient, elle s’étaient tellement perdue dans ses mots qu’elle en avait oublié le reste.   « Pardon. » Une petite fille avait alors déboulé dans son champs de vision et elle l’avait regardé attendrie. « C'est ton amoureuse ? » Non sans ressentir le léger malaise d’Hassan la question avait fait sourire Yasmine. « Mieux que ça. » Amusé son regard avoir croisé celui de la fillette qui pendant quelques secondes avait tenté de comprendre où il voulait en venir, avant de se faire rappeler à l’ordre par ses parents.

« Tu m'accompagnes mettre les pieds dans l'eau ? » Yasmine n’avait pu cacher son étonnement en entendant la question de son ami. Elle connaissait la frayeur que l’eau lui provoquait et avait compris que le sujet plus bancal était clos, mais elle l’avait laissé comme ça comprenant qu’il était temps pour eux deux de passer à autre chose. « Oui d’accord. » Se relevant elle aussi elle avait jeté un regard au point d’eau. Elle n’avait jamais trop su d’où lui venait cette peur de l’eau - n’avait jamais posé la question non plus pas certaine qu’il y ait une raison plus fondée que la simple peur - elle avait toujours connu Hassan comme ça c’était une partie de lui.   « Sauf s'il s'avère que je suis effectivement trop vieux pour me remettre debout, puisque j'ai cru comprendre que tu ne m'aiderais pas à ce sujet. » Rigolant légèrement elle l’avait laissé se relever en premier puis l’aider. « J’ai peut-être mal jugé tes capacités de trentenaire engagé. » En vrai elle n’avait jamais vu d’Hassan son âge parce que quand elle regardait dans ses yeux elle arrivait toujours à retrouver l’adolescent qu’elle avait connu et dont elle était tombée amoureuse. « Mais puisque tu es en forme c’est toi qui vas m’amener jusqu’à l’eau. » Amusée et sans lui demander son avis elle avait sauté sur son dos venant refermer ses bras vers son cou elle lui avait murmurer quelques mots à l’oreille. « Et n’ose pas me dire que je suis trop lourde aujourd’hui. » De toute façon elle ne pesait pas grand chose et quand les mains puissantes d’Hassan lui avaient saisi les jambes elle avait ri de plus belle alors qu’il l’emmenait avec elle au bord de la rive. Arrivé sur place elle avait glissé un baiser près de son oreille. « Merci, tu es toujours un aussi bon destrier. » Puis ses jambes avaient à nouveau touché terre et rapidement elle s’était débarrassée de ses chaussures, remontant son pantalon pour aller toucher l’eau de ses orteils. Hassan quand à lui c’était fait un peu moins pressant, et elle avait tendu une main rassurante vers lui. « Tu viens ? » Saisissant sa main, elle ne l’avait pas brusqué lui laissant le temps de venir à son rythme.


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Message(#)a million beginnings, none of them the one (yasmine) EmptyLun 19 Sep 2016 - 1:07

Il distillait, donnait les informations par petites touches non pas pour ménager le suspens mais parce qu'il ne se sentait pas capable de révéler tout ce qui devait l'être d'une seule traite. Yasmine avait besoin de savoir pourquoi, c'était même la première chose qu'elle lui avait demandé lorsqu'il s'était réveillé dans cette chambre d'hôpital, pourquoi. Et il n'avait pas toutes les réponses, elle semblait vouloir enfin l'accepter, mais si elle était prête à faire cette concession alors il se devait au moins d'être parfaitement honnête en admettant que certains faits avaient apporté leur pierre à l'édifice. Des choses qu'il aurait pu encaisser si la période avait été autre, s'il n'avait pas eu la sensation que tout lui était tombé dessus en même temps. « Quelles choses ? » Elle donnait l'impression de peser précautionneusement chacun de ses mots, et quelque part Hassan lui était reconnaissant de se donner autant de mal pour tenter de lui permettre de vider son sac sans le brusquer ... Mais sa gorge se serrant le brun avait fait mine de chasser la question d'un signe de tête « Des choses qui ne méritent pas non plus de gâcher notre après-midi. » Il avait pressé ses doigts contre ceux de Yasmine en esquissant un mince sourire. Ce n'était pas ainsi qu'il avait envie de laisser filer la journée, en pensant à ce qui l'avait autant désespéré. Et puis, c'était sans doute irrationnel et sans fondement, mais Hassan redoutait le moment où il devrait avouer à Yasmine qu'il avait revu Joanne. Inutile de se leurrer, elle - ou plutôt leurs discussions - faisait partie des "choses" qui avaient mené Hassan à commettre ce qu'il avait commis ... Mais ce n'était pas aussi simple. Et le brun n'osait pas mettre ce sujet sur le tapis, ni avec Yasmine ni même avec Qasim ou qui que ce soit d'autre, craignant que les choses ne soient pas interprétées comme elles devraient l'être. « Plus tard, d'accord ? » avait-il finalement promis à demi-mots, voyant à l'expression affichée par la jeune femme que ce n'était pas la réponse qu'elle espérait entendre, en le voyant se défiler à nouveau.

Il ne se défilait pas entièrement pourtant, il écoutait, laissait les mots de Yasmine l'envelopper tandis qu'elle tentait de lui assurer qu'elle était là pour lui. Alors qu'il le savait, il n'en avait jamais douté même lorsqu'il avait tout fait pour ne plus le mériter, elle était toujours là et il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même d'être resté aussi longtemps sans mesurer sa chance. L'esprit vagabond, il avait laissé ses doigts glisser contre la peau de la jeune femme sans y prendre garde, avec le sentiment d'être pris en faute lorsqu'elle avait mentionné leur amitié. Elle le ramenait à la raison, sans doute. Et lui en échange, glissant à nouveau sa main dans la sienne, tentait de mettre des mots sur le paradoxe qui l'avait habité pendant des semaines, peut-être même des mois ... Il s'était éloigné d'elle et pourtant il avait eu besoin d'elle tellement souvent qu'il avait cessé de compter, partagé à chaque fois entre l'envie de demander de l'aide et la peur d'être un fardeau plus lourd qu'il ne l'était déjà devenu lorsque le cancer lui était tombé dessus. Il en avait eu assez, assez d'être celui pour qui on s'inquiète, celui sur qui il fallait sans cesse veiller ... et paradoxalement en tentant d'arranger les choses il n'avait fait qu'empirer la situation. La gorge soudainement nouée comme à chaque fois qu'il y pensait, Hassan s'était laissé troubler par le visage de Yasmine, à nouveau - trop - proche du sien, interrompu par l'arrivée de la fillette, de son ballon et de ses questions candides.

Laissés seuls, tous les deux s'étaient lancé un regard qu'Hassan avait chassé en proposant d'aller mettre leurs pieds dans l'eau. Ignorant l'air pourtant surpris de Yasmine, le brun d'ordinaire plutôt du genre à se faire prier pour ce genre de choses, et cédant principalement lorsque la demande venait de sa nièce ou de son neveu, il s'était relevé non sans laisser un léger rire lui échapper lorsque la jeune femme avait fait remarquer « J’ai peut-être mal jugé tes capacités de trentenaire engagé. » Se levant à son tour elle n'avait pas hésité à grimper sur son dos comme elle le faisait plus jeune « Mais puisque tu es en forme c’est toi qui vas m’amener jusqu’à l’eau. Et n’ose pas me dire que je suis trop lourde aujourd’hui. » S'exécutant sans vraiment se faire prier, il avait attrapé ses jambes pour la tenir solidement, et rétorqué d'un ton théâtral « Non ça va, tu n'es pas trop lourde aujourd'hui ... par contre les autres jours ... » Laissant échapper un nouveau rire tandis qu'elle remuait, faussement outrée, il avait rejoint de bord de l'eau sans trop y penser, laisser Yasmine glisser de son dos pour retrouver la terre ferme, un fin sourire en réponse au baiser qu'elle venait de déposer sur sa joue « Merci, tu es toujours un aussi bon destrier. » Croisant les bras, un peu moins rapide à se décider à retirer ses chaussures, il avait fait remarquer « Le meilleur destrier, tu veux dire. » et enfin s'était décidé, retroussant au passage le bas de son jean pour ne pas risquer de le mouiller. Les yeux se posant un peu plus en détail sur l'eau clapotant doucement devant eux, il avait été pris d'un regain d'hésitation dont il se désespérait presque de ne jamais parvenir à se débarrasser une fois mis devant le fait accompli « Tu viens ? » Quittant l'eau calme le regard d'Hassan était remonté vers la vision plus agréable de Yasmine, et déglutissant avec un peu de difficulté il avait attrapé sa main. « C'est quand même stupide, chaque fois je me dis que cette fois c'est la bonne, et puis ... au moment de mettre les pieds dans l'eau j'suis à nouveau mort de trouille. » Et il n'y avait d'ailleurs bien qu'à elle qu'il acceptait de l'avouer, qu'il était "mort de trouille" ; Même avec Qasim il ne s'y risquait pas, ne souhaitant pas tirailler sa culpabilité.

Serrant solidement la main de Yasmine il avait fini par mettre un pied dans l'eau, puis après quelques secondes d'hésitation à sentir son cœur s'affoler dans sa cage thoracique, le second. Il avait senti l'eau glisser entre ses orteils d'abord, puis sous la plante de ses pieds, et maintenant il la sentait qui remuait autour de ses chevilles au rythme de ses mouvements incertains. Il se concentrait sur le sable sous ses pieds, tentait de se souvenir qu'il n'était pas bien différent de celui de la plage, mais tout en sachant qu'il n'y avait que la main de Yasmine qui lui permettait de garder son calme. « Je crois que je me rappelle la dernière fois qu'on est venus ici. » avait-il finalement repris, le ton rendu incertain par la peur, mais avec une véritable envie de penser à autre chose pour tenter de s'habituer à l'eau qui venait lécher ses chevilles « C'était pour fêter le jour où tu as été embauchée à l'hôpital. » Il avait fait un pas supplémentaire, resserrant sa main encore un peu, pour s'empêcher de trembler sans doute. « On était tous les trois avec Sohan, et on avait appelé Qasim au téléphone pour que tu puisse lui annoncer. » Il avait esquissé un vague sourire, tentant de faire abstraction de l'eau en se rapprochant de Yasmine, pour pouvoir ne regarder qu'elle « On étais tous fiers de toi. » Ils l'étaient toujours d'ailleurs, Sohan, Qasim, Hassan ... Yasmine c'était un peu le bébé de la bande, celle pour qui cela leur avait fait tout drôle lorsqu'elle avait été diplômée, parce que le temps passait à toute allure « Et je sais que tu n'es plus une gamine. » C'était ce qu'elle avait sous-entendu un peu avant, qu'elle n'en était plus une. Et c'est vrai, parfois Hassan le perdait un peu de vue, parfois il oubliait que Yasmine n'était plus la petite chose enfantine qu'elle avait été jadis ... Mais elle restait la petite dernière, et parfois cela suffisait à le confondre.
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Message(#)a million beginnings, none of them the one (yasmine) EmptyLun 19 Sep 2016 - 22:31



❝ a million beginnings  ❞


Hassan & Yasmine

if you close your eyes does it almost feel like nothing changed at all
 
L’espace d’un instant Yasmine avait cru qu’Hassan allait enfin le dire – alors qu’elle s’était faite à l’idée de ne jamais vraiment comprendre ce geste qu’il avait eu, il lui avait laissé entendre que malgré ses anciennes déclarations, il y a avait eu un ou plusieurs éléments déclencheurs et quand  avec précaution elle avait tenté d’en savoir plus elle l’avait vu se refermer comme une huitre, son regard avait changé, la position de son corps aussi, tout lui semblait d’un coup beaucoup plus froid.   « Des choses qui ne méritent pas non plus de gâcher notre après-midi. » Evidement elle avait pressenti son refus et pourtant une vague de déception et d’incompréhension s’était invitée en elle quand il l’avait formulé. Tentant de le dissimuler elle avait répondu à la pression d’Hassan sur sa main. C’était presque cruelle de l’avoir relancé – de lui avoir avoué une moitié d’histoire alors qu’elle se disait elle même prête à laisser tomber pour ensuite lui refuser la suite, mais Yasmine savait bien qu’il ne l’avait pas fait dans ce but là – peut-être même qu’il ne s’en était pas rendu compte. « Plus tard, d'accord ? » Hochant la tête elle avait répondu un simple et doux. « D’accord. » Avec l’impression étrange que jamais il ne lui dirait les choses – peut-être parce qu’il n’avait pas assez confiance, peut-être parce qu’il avait peur ou une toute autre raison qu’il ne lui partagerait pas non plus… Il y aurait sans doute toujours un après midi à ne pas gâcher, un matinée, des au revoir, des retrouvailles… Toujours une bonne raison et Yasmine était elle, persuadée que le bon moment pour parler de ce genre de chose n’existait pas… Il fallait juste le provoquer, il fallait l’accepter et Hassan n’était de toute évidence pas prêt à le faire. Peut-être qu’il ne le serait jamais et il fallait qu’elle se fasse à l’idée même si elle provoquait en elle une certaine tristesse… Une impression, une fois de plus, de ne pas pourvoir être cette personne qu’elle voudrait être pour lui… Un jour peut-être qu’il dirait ces mots mais sans doute dans l’oreille d’une autre femme et si l’idée lui tordait les entrailles, Yasmine avait appris chaque jour à vivre avec, se contentant des instants de bonheur qu’il arrivait à lui faire vivre avec leur simple amitié.

Quelques minutes plus tard l’instant avec été brisé par la petite fille et son ballon donnant une bonne excuse à Hassan pour changer de sujet de conversation – même si sa proposition d’aller mettre les pieds dans l’eau avait été des plus étonnantes. Yasmine sur le dos de son ami, tous deux étaient descendus jusqu’à la rive où remettent pied à terre elle l’avait remercié d’être une si bonne monture. « Le meilleur destrier, tu veux dire. » « Mhhh » Faisant mine de réfléchir elle avait commencé à enlever ses chaussures. « je n'suis pas sûr ça fait longtemps que je n’ai plus essayé le dos de Qasim, et je suis persuadé qu’il a plus d’entrainement que toi avec ses enfants. » Un peu taquine elle avait relevé son regard amusé vers lui avant de prendre le chemin de l’eau. Elle s’était approchée juste assez pour mouiller ses pieds attendant Hassan pour lui suite. Alors qu’elle lui tendait la main elle avait vu cette légère hésitation dans son regard mais il avait fini par attraper sa main. « C'est quand même stupide, chaque fois je me dis que cette fois c'est la bonne, et puis ... au moment de mettre les pieds dans l'eau j'suis à nouveau mort de trouille. » Serrant un peu plus la main de l’homme dans la sienne, Yasmine s’était contenté d’une réponse simple. « Si les peurs avaient quelque chose de rationnelle ça se saurait… » Elle aussi avait les siennes et elle n’étaient sans doute pas plus simples à comprendre que celles de son ami. « Mais je suis ton roc ne l’oublie pas… Et je ne compte pas te lâcher. » Elle aurait voulu lui dire qu’il n’avait pas à avoir peur, mais savait à quel point les peurs peuvent être irrationnelles. Hassan était, sans aucune doute, conscient de ne rien risquer en mettant ses pieds dans si peu d’eau, et en restant si proche du rivage, et pourtant la peur le saisissait toujours au ventre. Il avait pourtant fini par la rejoindre dans l’eau non sans resserrer un peu son étreinte sur les doigts de la jeune femme.

Yasmine n’était pas dupe au point de ne pas remarquer le malaise de son ami mais elle n’avait rien dit, le laissant embrayer sur un nouveau sujet. « Je crois que je me rappelle la dernière fois qu'on est venus ici. » « Ah oui ? » Curieuse elle avait tourné son regard vers lui. « C'était pour fêter le jour où tu as été embauchée à l'hôpital. » Ecarquillant un peu les yeux elle avait pris quelques secondes pour réfléchir. « Si longtemps tu crois ? » Yasmine avait à peine 23ans quand elle avait décroché son premier poste ce qui les remontait si loin en arrière. Quand Hassan était encore un homme marié et en pleine santé. « On était tous les trois avec Sohan, et on avait appelé Qasim au téléphone pour que tu puisse lui annoncer. On étais tous fiers de toi. »  Elle s’en souvenait bien de cette fierté partagé avec eux. Ils avaient été les premiers mis au courant parce que dans la vie de Yasmine il n’y avait toujours eu qu’eux coute que coute. Ces trois mecs étaient sa famille et ses meilleurs amis, et elle aurait pu mourir pour eux. Et, regardant Hassan se rapprocher un peu d’elle, Yasmine avait plongé son regard dans le sien alors qu’il murmurait une autre phrase. « Et je sais que tu n'es plus une gamine. » Souriant un peu son pouce avait caressé lentement la main d’Hassan. « Pourtant dans tes  yeux je n’ai pas toujours l’impression d’être une femme. » Et elle le désirait pourtant tellement… Mais elle avait tout de même nuancé son propos parce que parfois elle avait pu voir son regard changer quand il se posait sur elle – elle avait cru y desceller de nouvelles émotions, de nouvelles sensations, une nouvelle vision, et encore plus depuis cette nuit qu’il avait passé chez elle – celle où ils avaient partagé – aussi chastement soit-il – un même lit. Un peu troublée par le regard qu’Hassan avait alors posé sur elle, elle avait repris. « Je suis revenue entre deux, avec Josh, quand on était ensemble. » Avant qu’il ne la trompe avec une autre femme lui laissant un sentiment de trahison toujours douloureux . « Mais on est pas resté longtemps… On s’est engueulé. » Enfin c’était surtout lui qui s’était énervé mais Hassan connaissait assez Yasmine pour savoir qu’elle n’était pas du genre à laver son linge sale en public.   « Il supportait pas de devoir se cacher… » En public Yasmine était toujours prise par cette peur stupide d’être surprise comme si sortir avec Josh avait constitué en l’affront ultime pour sa famille. Riant légèrement presque mal à l’aise maintenant, elle avait ensuite ajouté. « J’imagine que je peux pas lui en vouloir pour ça. Qui voudrait d’une relation comme ça… C’était voué à l’échec. » Jamais elle n’aurait pu l’assumer devant ses parents et malgré tout leur couple avait duré plusieurs mois et sans oser parler d’amour – Yasmine avait développé une réelle tendresse pour Josh – ils partageaient une même passion, il était le plus souvent doux et compréhensif avec elle – cependant depuis leur rupture il lui avait laissé voir une nouvelle facette de sa personnalité, qu’elle avait bien moins de facilité à apprécier. Jetant un nouveau regard à Hassan il ne lui avait pas semblé beaucoup plus serein malgré les quelques minutes déjà passé les pieds dans l’eau. « Tu sais on est pas obligé de rester là si tu n’es pas à l’aise. La terre ferme ma va très bien… Puis je me réjouis de voir ce que tu nous as fait à manger. » Hassan était bien meilleure cuisinier qu’elle – même si avec le temps elle avait bien du apprendre à se débrouiller pour elle – et pour sauver son frère de la famine parce que ce n’est pas lui qui allait se mettre derrière les fourneaux. C’était aussi une des raisons pour lesquelles elle adorait retrouver son cocon familiale, la nourriture de sa mère lui manquait cruellement.

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Message(#)a million beginnings, none of them the one (yasmine) EmptyMer 21 Sep 2016 - 3:56

Il y avait certaines choses encore, Joanne en faisait partie, dont Hassan n'était pas certain de vouloir parler dans l'immédiat. Au fond il savait qu'il pouvait à peu près tout dire à Yasmine, ou même à son frère, mais il y avait de ces tracas pour lesquels il se sentait bête d'accorder de l'importance et où il n'imaginait pas l'avis de ses proches différents. Et c'était une chose que de se sentir bête, mais c'en était une autre que d'avoir l'air bête aux yeux des personnes qui lui étaient chères, aussi préférait-il s'en tenir à passer tout cela sous silence. Parce qu'au fond que diraient-ils ? Qu'Hassan était celui qui avait voulu divorcer, probablement, et qu'il ne pouvait par conséquent pas se défiler devant les conséquences qui découlaient de cette décision, désormais ... A moins qu'ils soient moins durs envers lui qu'il ne l'était envers lui-même. Hassan l'espérait presque, sans vouloir s'y risquer malgré tout. Probablement désireux de se sortir cela de la tête, et pour tenter de dissiper le trouble que provoquait la proximité dont Yasmine et lui faisaient preuve et dans lequel il se laissait glisser malgré l'impression de ne pas agir comme il le devrait, le brun avait préféré se mesurer à l'eau toute proche. D'abord confiant, avançant d'un pas qui se voulait assuré malgré Yasmine juchée sur son dos, il était néanmoins redevenu bien plus frileux tandis que l'eau ne se trouvait plus qu'à quelques centimètres de lui, et la peur - sournoise - était revenue s'inviter à peine avait-il mis un orteil dans l'eau claire. « Si les peurs avaient quelque chose de rationnel ça se saurait … Mais je suis ton roc ne l’oublie pas … Et je ne compte pas te lâcher. » Dans tous les sens du terme, oui. Il avait esquissé un sourire, bien que crispé, réduisant un peu la distance entre elle et lui en se risquant à un pas supplémentaire, dans le simple but de réduire l'eau qui entrait dans son champ de vision au profit de la silhouette rassurante de Yasmine. Il avait toujours cet espoir un peu bête de se guérir de cette peur stupide, un jour. Mais ce ne serait encore pas pour aujourd'hui, à l'évidence.

Déployant des trésors d'imagination pour tenter de penser à autre chose, son esprit en était finalement parvenu à se rappeler ce qui lui semblait être la dernière fois qu'ils étaient venus ici tous les deux, ou plutôt tous les trois puisque Sohan en faisait partie lui aussi. « Si longtemps tu crois ? » Elle avait affiché une mine un peu boudeuse, comme si elle venait de prendre la mesure du temps qui était passé, depuis. « C'était l'été avant mon divorce. » Alors oui, probablement que cela faisait si longtemps que ça ... pour Hassan, cela semblait à la fois être la veille, et il y a une éternité. Sans doute parce que trop pris dans ses ennuis de santé le brun n'avait pas véritablement eu le temps de voir les mois défiler, à tel point que même son divorce lui semblait encore une plaie récente et douloureuse, quand pour Joanne c'était déjà de l'histoire ancienne, qu'on gardait dans un tiroir fermé à double-tours. Secouant vaguement la tête, comme pour chasser ces pensées de son esprit, il en était revenu à ce qu'il souhaitait dire en premier lieu ; Bien sûr, qu'il savait que Yasmine n'était plus une gamine. Parfois c'était simplement plus facile - et plus rassurant - de se voiler la face à ce sujet. « Pourtant dans tes yeux je n’ai pas toujours l’impression d’être une femme. » Difficile pour lui de savoir si c'était le pouce de la jeune femme glissant contre le dos de sa main, ou bien ce qu'elle venait de répondre qui avait fait apparaitre la chair de poule sur ses bras. « J'crois que ... j'ai simplement peur que tu m'échappes un peu, parfois. » Il avouait ça presque avec hésitation, un peu penaud, parce qu'il savait que c'était égoïste. Quand elle était plus jeune Hassan et son frère semblaient être les plus grands et les plus forts à ses yeux, mais maintenant qu'elle était adulte et qu'elle avait eu pléiade d'occasions de réaliser qu'Hassan était tout sauf ça, il avait peur qu'éloigne. « C'est un peu égoïste, désolé. » Il en avait conscience, c'était déjà ça. Même s'il n'était pas certain que cela suffise à l'excuser.

Laissant au silence quelques instants, Yasmine avait finalement repris d'un ton un peu hésitant, ou pensif, Hassan n'aurait pas bien su dire « Je suis revenue entre deux, avec Josh, quand on était ensemble. Mais on est pas resté longtemps … On s’est engueulé. » Hassan avait pris sur lui de ne pas rouler des yeux et trahir ainsi l'affligeante prévisibilité de ce que Yasmine venait d'avouer. Agacement intégralement dirigé envers le dénomme Josh, que sans vraiment apprécier Hassan avait fait son possible pour tolérer tant qu'il avait semblé faire le bonheur de la brune, avant de ne plus éprouver à son égard qu'un profond mépris lorsqu'il avait fauté dans son comportement. « Il supportait pas de devoir se cacher … J’imagine que je peux pas lui en vouloir pour ça. Qui voudrait d’une relation comme ça … C’était voué à l’échec. » Peut-être, mais voué à l'échec ou non si ce type avait eu pour Yasmine les sentiments et le respect qu'il avait prétendu avoir, les choses ne se seraient pas terminées ainsi. « Il savait très bien dans quoi il s'engageait, ce n'est pas comme si tu l'avais pris en traître … » Et cela n'avait pas eu l'air d'être un souci au départ, puisqu'il s'y était plié. « T'en fais pas va, ils sont pas tous comme lui. T'es simplement pas tombé sur le bon. » Lâchant la main de Yasmine, non sans que son coeur s'emballe légèrement pendant la demi-seconde où il n'y avait plus eu que lui et l'eau qui recouvrait ses pieds, il avait passé son bras autour des épaules de la jeune femme et embrassé sa joue « Tu méritais mieux que lui, de toute façon. » Ça il en était certain. Et en même temps il ne parvenait pas à faire disparaitre ce pincement au cœur que lui provoquait l'idée qu'un autre prenne la place de Josh. Même mille fois mieux que Josh, peu importe ... c'était l'idée en elle-même, qui lui filait une impression étrange (et pas forcément agréable).

Il commençait - presque - à s'acclimater à la situation, un changement imperceptible pour qui que ce soit d'autre que lui-même mais dont il était néanmoins prêt à se satisfaire, mais malgré tout lorsque Yasmine avait proposé « Tu sais on est pas obligé de rester là si tu n’es pas à l’aise. La terre ferme ma va très bien … Puis je me réjouis de voir ce que tu nous as fait à manger. » il ne lui avait pas fallu longtemps pour céder et agiter la tête en avouant « J'crois que ce n'est pas encore aujourd'hui que mon obstination paiera, oui. » Ce n'était pas faute d'essayer, pourtant. Parce qu'il aurait réellement aimé pouvoir se débarrasser de cette phobie, malgré tout, ne serait-ce que pour pouvoir profiter de la plage comme le faisaient la grande majorité des brisbaners. « J'espère que tu as faim, parce que je crois que j'ai vu un peu gros ... » avait-il finalement repris, une moue dubitative tandis qu Yasmine et lui rebroussaient chemin pour regagner l'herbe, Hassan bizarrement beaucoup plus rapide dans ce sens-là que lorsqu'il s'était agi de rentrer dans l'eau. « Et je te conseille de garder une petite place pour le dessert, ta mère m'a donné des mchekek quand je suis allé chercher ton vélo hier, et tu sais comment elle est quand tu essayes de lui dire non. » Elle ne voulait rien entendre et y voyait là une excuse parfaite pour vous donner deux fois plus à manger, comme si elle craignait que vous mourriez soudainement de faim. « Elle droit trouver que je ne me suis pas encore suffisamment remplumé. » Et c'est vrai, si Hassan retombait par hasard sur une photo de lui datant d'avant le diagnostic de sa maladie il voyait bien qu'il avait les joues moins creusées, et les épaules un peu moins osseuses que maintenant ... Mais Fatima ne pouvait pas avoir déjà oublié qu'Hassan avait été en bien pire état qu'il ne l'était maintenant.
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Message(#)a million beginnings, none of them the one (yasmine) EmptyVen 23 Sep 2016 - 3:56



❝ a million beginnings  ❞


Hassan & Yasmine

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Comment le temps avait-il pu filer si vite ? Sans même qu’elle s’en rende compte ? Il lui semblait que c’était hier encore qu’elle fêtait son premier job - ici même sur ses rives qui abritaient quelques bons souvenirs. Et pourtant en recomptait elle se rendait bien compte que le temps avait passé - faisant d’eux des personnes bien différentes. Le coming out de Sohan, la maladie d’Hassan, l’infarctus de son père, tous ces instants qui mis bout à bout les avait mené à ce moment là. Les pieds dans l’eau et la tête dans les souvenirs. « C'était l'été avant mon divorce. » Baissant les yeux Yasmine n’avait pas eu de mot à répondre. Comme si le sujet sensible de son divorce n’était pas propice à la discussion. Pour dire quoi de toute façon ? Qu’il avait eu tord de quitter Joanne ? Peut-être… Sans doute pas… Parfois elle se demandait si il regrettait, ce qu’aurait été sa vie et leur relation aujourd’hui si il n’avait pas pris le partie de protéger son ex-femme. Jamais Yasmine n’était allé à l’encontre de cette décision, en grande partie parce que ça ne la regardait pas, parce qu’Hassan lui avait fait promettre le silence, puis parce qu’elle n’avait jamais apprécié assez Joanne pour que ça la touche vraiment - bien que le mal être de son ami ait été de plus douloureux à regarder. Ce qui lui avait fait le plus mal pourtant c’était la réaction de Joanne - cette facilité avec laquelle elle avait laissé Hassan filer entre ses doigts, sans se poser plus de questions, sans tenter de le retenir, de lui prouver son amour. Pendant des semaines Yasmine s’était attendue à recevoir la visite de la jeune blonde - elle avait cherché mentalement mille excuses qu’elle pourrait lui servir pour ne pas avoir à lui répondre - mille mensonges qui seraient proche de la vérité qu’elle avait promis de ne pas dire, de façon à ne pas trahir son ami. Mais l’ex femme d’Hassan n’était jamais venue… Confirmant - avec une certaine amertume - qu’elle n’aurait jamais été assez forte pour endurer ce qu’Hassan s’apprêtait à vivre. Et aujourd’hui avec le recule Yasmine comprenait un peu mieux la démarche de son ami… Hassan avait changé au fils des jours et de la maladie il était devenu un autre et le voir dépérir avait été une épreuve pour tous. Mais les deux familles qui l’entouraient, étaient soudés - tous ensemble ils s’étaient soutenue dans les instants les plus difficiles… Yasmine avait évolué avec Hassan, elle s’était blindée et était devenu elle aussi une autre personne… Sans doute un peu plus forte - sans doute un peu plus femme. « J'crois que ... j'ai simplement peur que tu m'échappes un peu, parfois. » Un sourire un peu mélancolique s’était dessiné sur le visage de Yasmine alors qu’elle bougeait un peu les pieds dans l’eau son regard rivé sur ses derniers. « C'est un peu égoïste, désolé. » Faisant une petite mou elle avait relevé le regard vers lui. « Je trouve ça mignon. J’ai toujours aimé votre côté un peu possessif. » Sans pour autant qu’ils ne soient du genre à taper sur toute personne qui aurait osé approcher Yasmine de trop près, Qasim, Sohan et Hassan avaient toujours montré une certaine forme de protection à son égard, une envie de garder la petite Yasmine pour eux - même si aujourd’hui elle avait grandi. « Mais peu importe à quel point j’évolue… Je vous appartiendrais toujours un peu. Tu n’as pas à te tracasser pour ça »  La terme de possession était peut-être mal choisi - mais pourtant elle avait parfois l’impression que, la femme qu’elle était devenue aujourd’hui, avait été façonnée par les hommes de sa vie - et quelques part ils étaient responsable de ça et touts ces moments leur appartenaient à eux aussi. Comme si ils étaient une partie d’elle.

Finalement un peu plus hésitante Yasmine s’était aventurée sur son dernier souvenir de cette endroit - un de ceux qu’elle n’avait pas partagé avec Hassan mais avec Josh. Cet homme qui pendant quelques mois avait partagé sa vie un peu clandestinement. « Il savait très bien dans quoi il s'engageait, ce n'est pas comme si tu l'avais pris en traître … » Parfois pourtant elle avait l’impression que c’était le cas - comme si Josh avait attendu d’elle qu’elle brave les interdits pour lui. Elle n’en avait jamais été capable « T'en fais pas va, ils sont pas tous comme lui. T'es simplement pas tombé sur le bon. » Hassan était venu déposer un baiser sur sa joue alors qu’elle souriait à se contact doux. « Il avait ses bons côtés tu sais… C’était peut-être juste pas le bon pour moi. » Elle se refusait à le diaboliser. Leur histoire avait eu de bon moment - il avait été patient et doux avec elle - il avait été présent surtout, quand parfois le moment lui semblait dur, Josh avait été une épaule réconfortante. Certes, il avait fauté et il l’avait blessé mais Yasmine se rendait bien compte que l’échec de cette relation ne pouvait pas être mise uniquement sur son dos à lui. « Tu méritais mieux que lui, de toute façon. » Grimaçant légèrement elle avait tout de même été touchée par le commentaire d’Hassan. Sans oser lui avouer que le seul qu’elle avait toujours vraiment voulu était à ses côtés et ne semblait pas la voir - du moins pas comme elle l’aurait voulue. « Ma mère finira peut-être par m’en présenter un bon. Qui sait… » A force de persévérer, Yasmine pouvait toujours rêver. Mais ça aurait au moins l’avantage de lui offrir une relation qui n’aurait pas à être cachée… Un avenir. Et elle commençait à y penser… Avoir des enfants, trouver une personne pour partager ça vie… Ca n’avait jamais été le but ultime mais l’idée avait quelque chose de plaisante.

Finalement Yasmine avait proposé de rejoindre la terre ferme pour manger. « J'espère que tu as faim, parce que je crois que j'ai vu un peu gros ... » La curiosité de voir ce qu’Hassan avait préparé était bien plus présente que la faim qui continuait de lui manquer depuis plusieurs semaines maintenant. Elle se forçait mais avait tout de même perdu 2 kilos ce qui devait se voir - même si Hassan n’avait fait aucune commentaire - contrairement à Fatima - ce dont elle lui était reconnaissante. « Et je te conseille de garder une petite place pour le dessert, ta mère m'a donné des mchekek quand je suis allé chercher ton vélo hier, et tu sais comment elle est quand tu essayes de lui dire non. » Rigolant un peu elle pouvait très facilement imaginer la scène. « Elle droit trouver que je ne me suis pas encore suffisamment remplumé. » Et c’était pourtant l’objectif ultime de la mère de Yasmine depuis qu’Hassan était sorti de l’hôpital. A croire qu’elle le gavait pour en faire du foie gras. « Moi je te trouve très beau comme ça ! » sans doute peu impartiale comme jugement puisque Yasmine n’avait jamais vraiment cessé de le trouver beau - même amaigri et malade, parce que ce n’était pas tant son physique qu’elle voyait quand elle le regardait… C’était lui.. Et il y avait plus de beauté en lui que chez n’importe qui. Arrivés proche de la couverture leur main s’étaient détachées à contre coeur alors qu’Hassan sortait la nourriture. Tel Mary Poppins il semblait avoir caché beaucoup plus de choses là dedans que ce que son sac semblait pouvoir contenir au premier coup d’oeil. « Tu as cru que j’allais venir avec tout l’hôpital ? » C’était elle amusé alors qu’il sortait une énième - et heureusement dernière - chose de son panier. Tous deux avaient commencé à manger et alors qu’elle apportait sa fourchette à sa bouche le regard un peu au loin elle s’était à nouveau laissée aller à un sujet plus sensible. « Et sinon… Tu comptes me dire un jour pourquoi mon frère à du venir te sauver de la cruelle police de Brisbane ? » Elle faisait référence à cette aveu très vite balayé que son frère avait maladroitement fait lors de leur dernière rencontre tous ensemble. Mais il n’y avait aucun reproche dans sa voix… L’histoire remontait, elle était surtout curieuse, et un peu étonnée aussi, se faire arrêter par la police - ça ressemblait bien peu au Hassan qu’elle connaissait. « Tu t’es introduit par effraction dans une résidence privée en sautant par dessus la palissade ? » Souriant un peu elle s’amusait à lui rappeler comme il avait été facile pour lui d’en faire une « presque » délinquante - elle aussi


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Message(#)a million beginnings, none of them the one (yasmine) EmptyLun 26 Sep 2016 - 7:16

C'était un peu paradoxal parce que Yasmine avait raison, parfois Hassan n'agissait pas comme s'il avait vraiment conscience qu'elle était une adulte, et non plus l'enfant ou l'adolescente qui, en qualité de petite dernière, était couvée par les trois garçons avec qui elle avait grandi. Et pourtant en même temps il connaissait la force intérieure qui aimait la jeune femme, celle qui lui avait permis de tenir tête à ses parents lorsqu'elle avait décidé de s'installer seule, celle dont elle faisait preuve en tentant de rassembler les morceaux brisés de sa famille et en espérant - peut-être vainement - réconcilier son frère et ses parents, et celle qu'elle avait démontré auprès de lui pendant toute la période où l'issue de sa maladie était demeurée plus qu'incertaine. Une force dont il n'avait jamais réellement douté puisque là où il n'avait pas cru Joanne capable de supporter d'assister à sa déchéance - sans doute - et à sa mort -peut-être - il n'avait jamais pensé de même pour Yasmine. Et malgré cela, malgré tout, il continuait parfois de se voiler la face et de préférer se rappeler de la petite fille qu'il avait passé tant de temps à chouchouter plutôt que de la femme qui n'avait plus réellement besoin de lui. « Je trouve ça mignon. J’ai toujours aimé votre côté un peu possessif. » Hassan s'était contenté de sourire vaguement, pas entièrement certain que ce soit la vérité, et pas entièrement certain non plus qu'il avait le droit de se sentir soulagé lorsqu'elle avait rajouté « Mais peu importe à quel point j’évolue… Je vous appartiendrais toujours un peu. Tu n’as pas à te tracasser pour ça. » Et pourtant il l'était, qu'il le veuille ou non. Et peut-être était-ce aussi pour cette raison que peu importe la réalité ou ce que dirait Yasmine, le brun n'aurait jamais été pleinement capable d'apprécier l'homme qu'elle avait fréquenté durant quelques mois. Il aurait même pu réussir à lui trouver tous les défauts de la terre en cherchant bien, peu importe que la jeune femme lui assure « Il avait ses bons côtés tu sais … C’était peut-être juste pas le bon pour moi. » sans doute avec raison. Mais bons côtés ou non, gentleman ou pas, le dénomme Josh n'avait clairement pas mis un point final aux choses de la manière la plus adéquate, et tout ce qui importait à Hassan en définitive c'était que Yasmine avait souffert à cause de cet homme. Une raison bien suffisante au fait qu'il ne le porte pas dans son cœur désormais. « Ma mère finira peut-être par m’en présenter un bon. Qui sait … » Tâchant de garder un minimum de retenue, même face à ce qu'il considérait comme des inepties, le brun avait secoué vaguement la tête « Ou alors tu rencontreras quelqu'un toute seule, et ta chère maman sera bien obligée de se faire une raison. » Il avait adopté un ton volontairement léger, mais n'en était pas moins sérieux pour autant. Et s'il se désolait déjà un peu de l'insistance de Fatima à trouver un "bon mari" à sa fille il se désolait encore plus de voir Yasmine y accorder du crédit.

Ayant finalement regagné la terre ferme, au grand soulagement du cœur d'Hassan qui semblait vouloir enfin retrouver un rythme acceptable, ils avaient repris possession de la couverture étalée sur l'herbe, Hassan attrapant le sac à dos en excusant le possible excès dont il avait fait preuve dans les quantités. Comme si inconsciemment il cherchait à faire précisément ce qu'il venait de reprocher à la mère de Yasmine : tenter de la remplumer un peu. Il n'aurait pas osé en parler de manière claire, sans doute pour ne pas la mettre inutilement mal à l'aise, mais il avait toujours un peu peur qu'elle retombe dans ses anciens travers concernant la nourriture. « Moi je te trouve très beau comme ça ! » Redescendant sur terre, il avait laissé échapper un léger rire et secoué la tête « Et tu dis ça en toute objectivité, bien évidemment ? » L'objectivité de celle qui le connaissait depuis toujours et qui donc avait depuis longtemps appris à ne plus voir ses défauts, probablement. Sortant du sac tout ce qui pouvait l'être dans l'immédiat, c'est à dire à peu près tout sauf les desserts faits par Fatima, il avait tiré la langue lorsque Yasmine avait questionné « Tu as cru que j’allais venir avec tout l’hôpital ? » et ouvert la boite en plastique dans laquelle il avait mélangé des baby carottes, des tomates cerises et des lamelles de concombre, et la seconde boîte contenant une salade de pâtes, parce qu'il n'avait pas réussi à se décider entre les deux « On ne peut rien te cacher. Mais heureusement qu'ils ne sont pas venus finalement, ça aurait été un peu juste de transporter tout le monde avec seulement deux vélos. » Arborant son air de gamin fier de la bêtise qu'il venait de dire, il avait attrapé le paquet de chips pour l'ouvrir avant de le reposer au milieu, et s'était finalement assis en tailleur tout en attrapant un des sandwich. En vérité il ne s'était pas rendu compte avant que Yasmine en parle du fait qu'il avait réellement une faim de loup, sans doute parce qu'il n'avait rien mangé le matin et s'était contenté de vaguement picorer la veille au soir. « Et sinon … Tu comptes me dire un jour pourquoi mon frère à du venir te sauver de la cruelle police de Brisbane ? » Avalant ce qu'il avait dans la bouche avec un brin de difficulté, il était resté silencieux quelques instants, souriant à peine vaguement lorsqu'elle avait hasardé « Et sinon … Tu comptes me dire un jour pourquoi mon frère à du venir te sauver de la cruelle police de Brisbane ? » sans doute pour tenter d'alléger un peu l'atmosphère en réalisant qu'elle venait de l'alourdir en mettant le sujet sur le tapis. Lorsqu'il avait évité la question la première fois en avançant que ce n'était sans doute pas le moment pour avoir cette discussion, il avait très sincèrement cru que le moment en question n'arriverait jamais et qu'il s'en sortirait sans trop de casse. Mais Yasmine était têtue, en plus d'avoir bonne mémoire. « C'était ... un mois ou deux avant que ... enfin tu vois. » Avant son accident, donc. Il pensait bêtement que s'il avançait ce fait-là en premier, comme une explication, elle se montrerait un peu moins sévère sur le reste. « C'était une autre de ces mauvaises journées, disons. J'ai fait un tour en voiture pour m'occuper un peu l'esprit, j'ai pas vraiment fait attention à combien je roulais, et je me suis fait attraper, voilà. » Il se serait contenté de cette seule explication, probablement, si Yasmine n'avait pas posé sur lui ce regard qui voulait dire qu'il ne devait pas espérer la prendre pour une imbécile et lui faire croire qu'il avait terminé au poste pour un simple excès de vitesse. « Bon et je ... j'ai peut-être pas été extrêmement aimable avec les deux policiers. Mais j'avais laissé mes papiers chez moi, et ils en ont profité pour agir comme si je venais de braquer une banque, c'était un peu excessif de leur part. » Parce que c'était forcément de leur faute à eux, rien à voir avec le fait qu'Hassan raconte cela en faisant preuve d'un peu de mauvaise foi, la même que celle utilisée lorsque Sohan était venu le récupérer au poste de police. « Et puis ... » Posant son sandwich pour ne lus continuer à le triturer de cette façon, il avait repris avec une hésitation plus marquée « J'avais confisqué de l'herbe à un de mes élèves la semaine d'avant, et je sais que c'était stupide de la laisser dans ma boite à gants plutôt que de m'en débarrasser mais ... » Mais le mal était fait, et Hassan ne garderait bien d'avouer que dans une tentative désespérée de penser un peu à autre chose il ne s'était pas contenté d'en laisser l'intégralité dans la boite à gants, ce jour-là. C'était probablement bien plus l'odeur que le ton vaguement pincé d'Hassan qui avait mis la puce à l'oreille des deux policiers en premier lieu.
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Message(#)a million beginnings, none of them the one (yasmine) EmptyMar 27 Sep 2016 - 14:30



❝ a million beginnings  ❞


Hassan & Yasmine

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Les prétends que Fatima avait jusque là présentés à Yasmine n’étaient pas tous si mauvais - évidemment jamais ils ne seraient Hassan mais elle avait commencé à se faire une raison. Cet amour là n’était peut-être possible que dans son imaginaire ou sur les feuilles de papier de son adolescence - qu’elle gardait au fond d’un tiroir - et où le prénom d’Hassan gribouillé un peu partout revenait toujours. Elle se consolait en se disant que de cette façon elle l’aurait toujours auprès d’elle - parfois l’amour était éphémère - parfois il gâchait tout - elle l’avait déjà expérimenté et à choisir elle préférait toute une vie à ses côtés en tant qu’ami que quelques mois comme autre chose. Jamais de toute façon elle n’avait réellement pu se considérer comme une potentielle concurrente dans la course au coeur d’Hassan, elle se l’était interdit ou alors le regard qu’il posait sur elle avait suffi à lui faire comprendre qu’elle était loin de se registre à ses yeux. « Et tu dis ça en toute objectivité, bien évidemment ? » Souriant légèrement elle avait rapidement répondu et sans aucune hésitation. « Evidement ! » Bien consciente que c’était sans doute un léger mensonge mais pas de ceux qui font du mal. Elle s’était ensuite contentée de regarder son ami sortir les plats les un après les autres comme un défilé de nourriture et n’avait pu s’empêcher de faire un petit commentaire à ce propos ce à quoi il avait rapidement rétorqué. « On ne peut rien te cacher. Mais heureusement qu'ils ne sont pas venus finalement, ça aurait été un peu juste de transporter tout le monde avec seulement deux vélos. » Levant légèrement les yeux au ciel elle avait pourtant laissé un petit rire sortir de sa bouche. « T’es bête. » Elle s’était contentée alors d’un léger coup d’épaule et d’un petit regard en sa direction avant de retourner quelques minutes dans le silence.

Finalement elle avait posé la question qui lui brulait les lèvres depuis plusieurs semaines, essayant de ne pas dramatiser le moment d’égarement d’Hassan. Juste soucieuse d’en savoir plus et aussi un peu piquée par la curiosité, une visite au commissariat semblait tellement loin des habitudes d’Hassan.   « C'était ... un mois ou deux avant que ... enfin tu vois. » Evidement elle voyait et déjà son ventre avait commencé à se tordre - comprenant qu’aborder cette question sur un ton léger était sans doute impossible au final. « C'était une autre de ces mauvaises journées, disons. J'ai fait un tour en voiture pour m'occuper un peu l'esprit, j'ai pas vraiment fait attention à combien je roulais, et je me suis fait attraper, voilà. » Arquant légèrement les sourcils, Yasmine l’avait regardé d’un air un peu sévère. « C’est tout ? » Ce n’était même pas vraiment une question. Elle savait pertinemment que ça n’était pas tout, ses mots étant juste destinés à le pousser à en dire plus.   « Bon et je ... j'ai peut-être pas été extrêmement aimable avec les deux policiers. Mais j'avais laissé mes papiers chez moi, et ils en ont profité pour agir comme si je venais de braquer une banque, c'était un peu excessif de leur part. » Cette fois elle avait retenu un léger sourire qu’il aurait pu mal interpréter - avec l’impression étrange de se retrouver face à un enfant qui tente de justifier sa bêtise. « Et puis ... » Yasmine s’en serait sans doute arrêtée là si Hassan n’avait pas repris la parole en lui laissant comprendre qu’il n’avait encore pas tout avoué.   « J'avais confisqué de l'herbe à un de mes élèves la semaine d'avant, et je sais que c'était stupide de la laisser dans ma boite à gants plutôt que de m'en débarrasser mais ... » Cette fois les yeux de Yasmine s’étaient légèrement arrondi. Quelque part au fond d’elle - elle doutait de la sincérité d’Hassan sur ce dernier point. Ce n’était pas idiot de la laisser dans sa boite à gant ça n’avait surtout aucun sens et elle commençait à entrevoir l’état dans lequel il devait être ce soir là et les raisons pour lesquelles ce n’était pas elle mais bien Sohan qu’il avait appelé pour venir le sortir de là. Une fois de plus les mots du jeune homme la ramenaient à un mal-être qu’il avait vécu et dont elle avait minimisé la portée jusqu’à le mener au pire. « Et… T’avais aussi de l’herbe dans ta boite à gant le soir de ton accident ? » La question était un peu cinglante sans doute. Mais elle laissait bien entrevoir que Yasmine ne croyait pas vraiment à la thèse de l’herbe sagement restée à sa place sans pour autant le traiter de menteur. Une fois de plus tout semblait encore et toujours les ramener à cet accident comme elle venait de la définir - même si la définition exactement était bien plus tentative de suicide. Pourtant avant qu’il ne réponde elle avait balayé la question de la main. « Non oublie… Ca n’a pas d’importance… » Qu’est ce que ça changerait au fond ? Est-ce que ça expliquerait son geste ? Sans doute pas…

Elle n’avait pas fait plus de commentaire à propos de son arrestation, parce qu’elle sentait bien son malaise et qu’elle avait une fois de plus l’impression de forcer les choses et de l’amener à lui dire des choses qu’il n’avait pas vraiment envie de lui confier. Evidement ça lui faisait un peu mal - tout ces non-dit qui semblaient entacher leur amitié mais elle s’était promise de profiter des derniers instants avec son ami plutôt que de les gâcher. Et si l’espace d’un instant elle avait eu envie juste de lui demander de rentrer elle n’en avait rien fait… Etendant ses jambes sur la couverture. Elle avait perdu l’appétit et même la perspective d’un dessert à sa mère ne semblait pas le faire revenir. Pourtant pour ne pas culpabiliser Hassan elle avait encore amené quelques cuillères à sa bouche. « Tu sais…. après notre discussion de la dernière fois j’ai pas mal réfléchi et… » Tournant à nouveau le regard vers lui elle avait esquissé un léger sourire. « Je crois que je vais le faire… Partir en Algérie… » Il lui avait semblé voir dans le regard d’Hassan un éclaire d’inquiétude avant qu’elle n’ajoute. « Juste quelques semaines… J’aimerais voir la ville avec mon regard d’adulte et après… » Elle avait laissé quelques secondes de silence avant d’ajouter. . « On verra bien… » Quelque part elle avait l’espoir que ce voyage lui ôte tous ses doutes, même si sa conscience lui disant de ne pas trop en demander. « J’ai appelé mon oncle hier, il pourrait m’héberger, il connait une fondation qui pourrait me faire travailler bénévolement et j’ai un peu de sous de côté alors… Il est peut-être temps. » Elle s’était gardée de dire qu’à la suite de sa conversation avec son oncle sa mère s’était empressée de prendre le combiné de téléphone pour lui demander de présenter à Yasmine tous les prétendants potables de la région et connaissant son oncle, il n’allait pas aller contre les désirs de sa soeur.



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Message(#)a million beginnings, none of them the one (yasmine) EmptyJeu 29 Sep 2016 - 2:48

Hassan avait vainement espéré que le sujet ne reviendrait pas sur le tapis, ou au moins pas dans un futur assez proche pour que Yasmine soit pleinement contrariée par les explications qui iraient avec. Il avait pensé minimisé un peu les choses en faisant le parallèle avec l'accident de voiture qui avait suivi, comme pour prouver que tout cela n'était à prendre que comme une seule et même période sur laquelle il n'était pas nécessaire de s'attarder de nouveau, mais au lieu d'arrondir les angles il avait l'impression d'aggraver son cas, à en juger par le regard qu'étais en train de lui lancer la brune. La voix tremblant légèrement tandis qu'il terminait de se perdre dans ses explications, et laissait finalement sa phrase en suspend, il s'était heurté au « Et … T’avais aussi de l’herbe dans ta boite à gant le soir de ton accident ? » balancé par Yasmine d'un ton pincé, ou peut-être déçu, pour autant qu'il sache. Soupirant, le peu qu'il avait déjà avalé de son sandwich semblant soudainement lui peser sur l'estomac, il avait secoué la tête lorsque la jeune femme avait repris « Non oublie … Ça n’a pas d’importance … » Cela avait semble-t-il suffisamment d'importance pour qu'elle s'en agace, en tout cas. Provoquant au passage l'agacement d'Hassan, qui avait le sentiment qu'elle en revenait toujours au même point quoi qu'il dise. « Pendant combien de temps on va continuer à ressasser ça ? » Il avait posé sa question à voix basse, presque avec dépit, parce que de plus en plus persuadé que peu importe ce qu'il dirait ou le temps qui passerait, Yasmine ne lui pardonnerait jamais totalement et continuerait de lui en tenir rigueur. Comme une vieille erreur qui ne prenait jamais totalement la poussière à force d'être ressortie comme un étendard à chaque contrariété, à chaque dispute. « Mais pour ce que ça vaut, non, c'est arrivé que cette fois-là. Et de toute façon maintenant je n'ai plus ni voiture ni permis, alors le problème est réglé. » Il ne se souvenait plus vraiment s'il avait déjà évoqué de manière claire le fait que son permis avait été suspendu, mais en définitive cela n'avait pas grande importance, ça non plus.

Il n'avait plus faim, à nouveau. Comme si en lui jetant à nouveau sa culpabilité au visage elle était parvenue à lui couper l'appétit, et dès lors il s'était contenté de jouer machinalement avec ses tomates cerises et le bout de sa fourchette, reposant le cadavre de son sandwich à demi-mangé à côté de lui. Ce n'était pas comme ça qu'il avait envie de passer ses dernières semaines à Brisbane, à ressasser des choses qui continuaient de lui peser mais qui ne servaient absolument pas son désir encore tremblant de passer à autre chose et de laisser tout cela derrière lui. Et ce n'était également pas ainsi qu'il souhaitait gaspiller le temps qu'il passait avec Yasmine ; S'ils ne se voyaient pas pendant plusieurs mois ils ne voulaient pas que leurs dernières discussions n'aient été faites que de ça, des reproches déguisés pour elle et de la culpabilité pour lui. « Tu sais … après notre discussion de la dernière fois j’ai pas mal réfléchi et … » Laissant la la tomate cerise qu'il martyrisait depuis plusieurs minutes, il avait relevé les yeux vers la jeune femme. « Je crois que je vais le faire … Partir en Algérie … » Il avait senti son cœur s'affoler, perdu entre l'apparente bonne idée et le fait qu'elle lui avait confié la dernière fois ne pas être certaine de vouloir revenir, si elle partait un jour. « Juste quelques semaines … J’aimerais voir la ville avec mon regard d’adulte et après … On verra bien … » On verra bien, cela semblait sonner comme si au contraire c'était déjà tout vu. Elle n'avait pas voulu qu'il parte mais en fin de compte quand il reviendrait c'était peut-être elle qui ne serait plus là, pour de bon. Il aurait voulu trouver quelque chose à dire mais les mots restaient coincés au fond de sa gorge, et finalement elle avait continué « J’ai appelé mon oncle hier, il pourrait m’héberger, il connait une fondation qui pourrait me faire travailler bénévolement et j’ai un peu de sous de côté alors … Il est peut-être temps. » Il avait acquiescé silencieusement, assimilant les informations les unes après les autres en tentant de se raisonner et de se dire qu'il se montait certainement la tête pour rien. Mais c'était trop tard, le doute était là, tapis dans un coin de sa tête et il ne partirait plus. « C'est … d'accord, j'veux dire c'est chouette, c'est … génial. » S'éclaircissant la gorge, comme pour se donner le temps de reprendre ses esprits et de retrouver l'usage correct de la parole, il avait repris avec plus d'assurance. « Pardon. C'est juste qu'avec ce que tu m'as dit la dernière fois je m'attendais pas à ce que tu changes d'avis … Mais c'est vraiment génial, c'est une opportunité qui ne se rate pas. » Il s'était forcé à sourire, avait balayé ses contrariétés précédentes, et rangé son angoisse au fond, tout au fond de sa tête pour ne pas y penser.

Il ne devait pas se laisser influencer par l'angoisse soudaine de ne plus jamais la revoir (ou une fois de temps en temps, tous les deux ou trois ans, lorsque le temps et le prix des billets d'avion le permettraient), parce qu'en définitive ce n'était pas ce qui devait compter. Il savait que cela lui tenait à cœur depuis longtemps, que Yasmine avait cette idée qui germait doucement dans un coin de sa tête depuis longtemps, et il n'avait certes jamais pris la mesure de ce que cela pourrait signifier à long terme avant qu'elle ne lui en parle, mais cela lui tenait à cœur et c'était tout ce qui comptait. Et c'était tout ce qu'il devait retenir, surtout. Et pourtant, pourtant la chair de poule avait recouvert ses bras et trahi son doute face a regard aiguisé de la brune. « Excuse-moi. C'est juste que … je m'étais déjà fait à l'idée qu'on ne se reverrait pas pendant plusieurs mois, mais j'avais rien envisagé de … permanent. » Cette barbe qu'il négligeait si souvent de raser, à cet instant c'était tout ce qui pouvait camoufler le rouge qui venait de légèrement lui montrer aux joues sans qu'il ne se l'explique. « Fais pas attention, ça me passera. Mais je suis vraiment content pour toi, je sais que ça te tenait à cœur. » Même s'il n'avait toujours pas la certitude des raisons qui l'avaient poussée à renoncer, la première fois. Comme pour sceller la fin de sa phrase, il avait attrapé la main de Yasmine du bout des doigts et avait déposé un baiser sur le dos avec tendresse.
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