Une limousine venait le chercher à l'hôtel. C'est là qu'il vivait depuis quelques jours. Depuis ce scandale et surtout, depuis que sa villa était encerclée régulièrement par des journalistes et des curieux. Il préférait rester à l'hôtel quand il revenait. Parce qu'il revenait de moins en moins souvent. Il restait sur la route, comme il le faisait autrefois avant de se fixer à Brisbane. Il avait été récupérer son smoking en fin d'après midi et il était tombé sur Eireen. Autant dire qu'il était d'une humeur exécrable. Surtout après ce qu'il avait appris. Il n'avait pas la tête à afficher des sourires et à se montrer publiquement. Seulement il devait assister à un gala de charité pour son association. Et cela lui tenait à cœur. Alors il essayait de faire abstraction à tout ce qui se passait dans sa vie. Il avait un peu de mal à vrai dire. Parce qu'il ne faisait qu'y penser. Mais pour l'instant, il devait se concentrer sur la soirée. Kara avait proposé de l'accompagner et il avait accepté. Cela lui ferait du bien de passer la soirée avec la jeune femme. Ils ne s'étaient pas vus depuis son arrivée à Brisbane. Et comme il devait venir accompagné, cela tombait bien. Il espérait simplement qu'il n'allait pas être d'une compagnie désagréable. Il s'était installé dans le véhicule. Il n'aimait pas ce genre de bagnole mais c'était un de ses sponsors qui insistait pour qu'il prenne la limousine, question de prestige et d'image. Il faut dire que ces derniers temps, son image avait été écornée par cette affaire de photographie. Astrée avait réussi à faire un boulot excellent. Elle avait coupé court aux rumeurs et autres histoires. Maintenant, cela commençait à peine à se tasser. Et c'était tant mieux. Il faut dire que les paddocks avaient eu un autre scandale avec un autre pilote empêtré dans des histoires de fraudes fiscales. Il n'empêche que Kaleb n'oubliait pas lui. Et qu'il en avait encore un mauvais souvenir. Il se sentait trahi. Et c'était la première fois que cela lui arrivait. Il avait trop laissé parler ses sentiments. Et voilà le résultat. Il se disait que les relations durables, ce n'était donc vraiment pas pour lui. Il ne voulait plus entendre parler de ça. Sauf qu'Eireeen avait fichu encore plus le bordel dans sa vie. Et le pilote savait que cette fois-ci, cela allait être un peu plus difficile à gérer. Beaucoup plus. Et il ne savait même pas lui-même s'il allait être capable de gérer ça. Mais il n'était pas nonplus du genre à fuir ses responsabilités. Et là, il était responsable de ce qui se passait. Enfin, à part égale avec Eireen. Et dire qu'il avait tout fait jusqu'à présent pour éviter d'en arriver là. Il avait toujours fait attention et il croyait que la jeune femme aussi. Bref, c'était un peu le bordel. Et encore, c'était un euphémisme. Ils allaient devoir avoir une autre conversation. Parce que le pilote ne comptait pas lâcher l'affaire. Ce n'était pas son genre. Même si la situation n'était pas facile, Kaleb n'allait pas la laisser gérer seul tout ça. Enfin, il ne savait même pas comment les choses allaient se passer. L'australien lui avait fait part de son ressenti. Et il n'avait pas l'intention de rester en retrait. Même s'il ne s'était pas attendu à devoir faire face à ça. C'était même tout le contraire. Depuis des années, il s'était toujours dit que cela ne lui arriverait pas. Et il pensait avoir gérer jusque là. Sauf que non, il n'avait pas gérer aussi bien qu'il l'aurait du. Et maintenant, il se retrouvait clairement dans une situation délicates. Et ça le rendait en colère. Parce qu'il n'avait pas voulu en arriver jusque là. Et Eireen le mettait aux pieds du mur. Et c'était pas cool. Pas cool du tout. Enfin maintenant il était trop tard pour penser à tout ça. C'était fait. Il ne pouvait rien y changer. Il espérait seulement que la jeune femme n'allait pas en faire qu'à sa tête. Parce qu'elle n'était pas la seule à décider sur ce coup-là et le pilote ne voulait pas qu'elle l'oublie aussi facilement. Kaleb quitta ses pensées quand la voiture s'arrêta. L'espace d'un moment, il s'était retrouvé loin d'ici. Loin de la soirée qui s'annonçait. Et il espérait que cela allait lui changer les idées, même s'il en doutait. La seconde d'après, la portière s'ouvrait et Kara entrait dans la limousine. Le pilote posa ses yeux sur la jeune femme et esquissa un sourire avant de la saluer. Il la laissa s'installer à ses côtés. Il posa ses yeux sur elle. « Tu es superbe. » Et elle l'était. C'était la première fois qu'il la voyait aussi habillée. Enfin, habillée pour un gala. D'ordinaire, il la voyait vêtu plus simplement. Tout comme lui. Il était plutôt adepte des jeans et des t-shirt. Sauf que là, ils étaient invités à un gala de charité et ils devaient faire bonne impression. Oui, ils devaient donner une bonne image d'eux. Surtout Kaleb, qui était l'un des instigateurs de la soirée. Une partie des bénéfices de ce soir allait être reversé à son association : InlifeWetrust.
J'étais de sortie ce soir. J'accompagnais Kaleb au gala de charité de son association. Je ne savais pas grand chose du déroulement de la soirée, mais j'avais proposé au pilote de venir avec lui. Il devait s'y rendre accompagné et on ne s'était pas vus depuis longtemps. Ça faisait deux mois que j'avais posé les pieds sur le sol Australien. Mais nous n'avions pas eu le temps de nous voir. Kaleb était tout le temps sur les routes, alors c'était un peu compliqué pour caler un moment pour se voir. Cette soirée serait l'occasion de passer un moment ensemble.
Je terminais de me préparer et je jetais un coup d’œil à mon reflet dans le miroir. Je ne m'étais jamais vue ainsi. Je portais une robe bustier bleu foncée. Un modèle de créateur que je ne pouvais sans doute pas me payer. Mais cette tenue m'avait été offerte pour la soirée. La « cavalière » de Kaleb, qui était l'un des instigateurs de la soirée, ne pouvait pas venir habillée n'importe comment. J'avais quelques robes dans mes affaires, mais rien qui ne soit assez classe pour l’événement. J'avais l'habitude de porter des choses simples, décontractées. Je n'avais rien d'une princesse ou d'une fashion victime. Alors, ouais, ça me faisait bizarre de me voir dans cette robe.
Une limousine venait me chercher en bas de chez moi. J'allais ouvrir la porte, mais le chauffeur me devançait. Encore une preuve que je n'étais pas familière à ce monde là. Les limousines, les robes de créateurs et les paillettes, c'était tellement loin de ce que j'étais. Je venais d'un milieu modeste. On avait toujours fait attention à nos dépenses. Même si je n'avais jamais manqué de rien. J'étais heureuse comme ça. Le monde du luxe ne m'avait jamais attiré. Je dirais même que cela me mettais plutôt mal à l'aise. Pourtant, j'avais tenu à accompagné Kal. J'avais vu aux information le scandale des photos. Je ne savais pas bien ce qui s'était passé et qui était cette femme qu'on avait associé au pilote. En tout cas, ils en avaient beaucoup parlé aux infos. Je connaissais assez bien Kaleb pour me douter que toute cette histoire ne devait pas lui plaire. Il aimait son métier, mais il n'aimait pas qu'on parle de lui dans la rubrique potins. Alors je voulais m'assurer qu'il aille bien et lui changer un peu les idées. Je m'installais aux côtés du pilote, lui adressant un sourire.
« Merci. »
Je marquais un temps de pause et j'ajoutais :
« Ça va alors, je ne devrais pas faire trop tâche à côté de toi. »
J'ironisais un peu et je souriais encore. La limousine avait commencé à avancé et allait nous conduire jusqu'à l'endroit de la réception.
Il avait bien besoin de se changer les idées. Et si aux dernières nouvelles, il était un peu maussade, il était finalement décidé à profiter de sa soirée. Même s'il allait devoir faire un sacré effort sur lui-même. Tout le monde allait chercher à lui parler de ces fameuses photos. Et il n'en avait franchement pas envie. Il avait besoin de penser à autre chose même si c'était difficile. Et encore plus après sa récente discussion avec Eireen. Il n'arrêtait pas de penser à tout ça. Et il savait que c'était malsain. Garder tout ça pour lui, cela ne faisait que le contrarier de plus en plus. Mais il ne pouvait rien faire d'autre. Il n'avait pas envie d'en parler et risquer que tout ceci soit une nouvelle fois, étaler sur la place publique. Il n'avait pas besoin de ça. Il faisait profil bas ces dernières semaines et il ne parlait que du championnat. Cela coupait court aux autres discussions et pour l'instant, ça fonctionnait plutôt bien. Même si certaines personnes faisaient encore de la résistance. Sa mère avait eu du mal à accepter ce genre de photos avec le nom de son fils écris en gros caractères. Cette soirée de gala tombait bien. L'association de Kaleb en organisait une, tous les quatre à cinq mois. C'était quelque chose qui lui tenait à cœur. Après tout, c'était lors de ce genre d’événement qu'il pouvait récolter de l'argent pour la fondation, mais aussi pour intéresser les médias sur le problème. Et il y tenait. Alors malgré les circonstances, il s'était préparé pour cette soirée. Il avait récupéré un costume Armani chez lui et il avait fait en sorte d'effacer les deux dernières heures de son esprit. Ce qui n'était pas une chose facile. Mais il espérait que le gala allait l'occupait et qu'il pourrait songer à autre chose qu'au chaos de sa vie privée. En tout cas c'était son intention. Parce qu'il n'était pas quelqu'un qui aimait ruminer. Non, il préférait s'occuper d'un problème à la fois, et ce soir, c'était sa fondation qui avait toute son attention. Il voulait se consacrer à cette dernière parce que son temps libre avait été restreint ces derniers temps. Alors, il voulait remédier à ça. Il comptait bien faire monter le compte en banque de cette dernière. Alors oui, malgré tout, il était prêt à animer la soirée et à faire en sorte que les gens mettaient la main à leur portefeuille ou porte-monnaie. Et pour cela, il allait avoir une belle compagnie, celle de Kara. Il n'avait pas vu la jeune femme depuis pas mal de temps. La dernière fois qu'ils s'étaient vus, c'était avant le Grand Prix d'Italie, quelques semaines avant son accident. Quand la jeune femme entra dans la limousine, il se poussa un peu pour que cette dernière puisse s'installer confortablement à ses côtés. Aux paroles de la photographe, le pilote esquissa un sourire. « Non ça va. Tu ne seras pas obligé d'être deux mètres derrière moi. Et je ne serais pas obligé non plus de dire à tout le monde que je ne te connais pas depuis quelques années. » Un fin sourire s'afficha sur les lèvres de Kaleb. Il remit correctement sa veste et ajouta, l'air charmeur : « Je sais que ce n'est pas facile d'être aussi classe que moi. » Il lui proposa ensuite un verre de champagne. Il ouvrit la bouteille et lui tendit une coupe avant d'ajouter : « Alors comme ça, tu es sur Brisbane maintenant ? » Il n'avait pas eu trop l’occasion de se parler la veille. Kaleb n'était pas trop en état pour le faire. Et il n'avait pas non plus assez de temps pour ça. Maintenant, il voulait en savoir un peu plus.
Je souriais aux propos de Kal. Heureusement que je savais qu'il plaisantais. J'acceptais une coupe de champagne, même si toute cette situation me paraissait surréaliste. J'imaginais que pour Kaleb c'était complètement banal. Il était fréquemment invité à ce genre de gala et c'était pas la première fois qu'il voyageait en limousine. Mais pour moi, c'était vraiment une première ! Ça allait me faire bizarre de me retrouver projeté dans ce monde qui n'était pas le mien. Disons que ça serait une nouvelle expérience et aussi un moyen de passer du temps avec Kaleb. Et puis, cette soirée c'était pour la bonne cause. Kaleb m'avait déjà parlé de cette association et je trouvais que c'était génial ce qu'ils faisaient. J'espérais que cette soirée pourrait permettre de récolter des fonds suffisants. Je prenais la coupe de champagne que me tendais le pilote, puis nous trinquions avant de boire quelques gorgées.
« Ouais. Tu me manquais trop, alors j'ai décidé d’emménager dans la ville où tu vis. »
Répliquais-je avec un sourire. Je plaisantais. D'autant plus qu'avec son travail, il restais rarement au même endroit. Mais j'aimais bien le taquiner. Ça avait toujours été comme ça encore nous, même si on ne se voyait pas très souvent. La dernière fois devait bien remonter à deux ans maintenant ! Mais le temps ou la distance n'avait aucun effet sur notre amitié. C'est vrai qu'on ne se voyait pas souvent. On restait en contact, mais on n'était pas du genre à s'appeler sans arrêt ou s'envoyer des messages tous les jours. Mais je n’oubliais pas Kaleb et j'étais toujours contente quand je le revoyais.
« En fait, c'est une longue histoire, mais mon frère vit ici maintenant et j'ai fini par le rejoindre. »
Ajoutais-je avec plus de sérieux. Je n'étais venu ici que pour mon frère et finalement j'étais tombée amoureuse de cette ville. Je me sentais bien à Brisbane et surtout, je ne voulais pas rester éloignée de mon frère trop longtemps. J'avais besoin de lui à mes côtés. On avait passé des mois l'un de l'autre et sans communiquer ensemble. Alors, j'avais eu besoin de le retrouver et ça m'avait fait énormément de bien.
Un fin sourire s'afficha sur les lèvres du pilote aux propos de la belle photographe. « Ah d'accord. Je ne savais pas que je pouvais te manquer à ce point. Mais me suivre jusqu'ici, tu vas finir par me faire peur. » Il plaisantait encore. Il savait très bien que Kara n'était pas ici pour lui. Même s'ils étaient amis, qu'il y avait parfois plus que de l'amitié. Le pilote la connaissait assez pour savoir qu'elle ne se laissait porter par ce genre de sentiment. Et c'était peut-être pour cela en grande partie, que cela avait toujours collé entre eux. Kara n'attendait rien de lui et inversement. Et ils ne se sentaient pas jugé pour autant. Bien au contraire. Cette situation les arrangeait tous les deux à vrai dire. Et ils n'avaient pas à se prendre la tête pour mesurer ce qu'ils disaient. Il n'y avait aucun malaise entre eux. Puis le pilote pris une gorgée de sa coupe. Cette soirée le rendait nerveux. Pas parce qu'il allai devoir parler devant un public. Il en avait l'habitude. Mais parce que c'était la première fois qu'il jouait les maîtres de soirée pour son association depuis le scandale. Il n'avait pas envie de foirer les choses. Ou que quelqu'un ternisse cette soirée, d'une façon ou d'une autre. Il reporta ensuite son attention sur la photographe. « Ton frère est ici ? Il s'est installé en Australie ? » Kaleb ne savait pas grand chose du frère de Kara. Il savait surtout qu'ils avaient tous les deux, un lien fusionnel. Ce qui était normal pour des jumeaux. Et il savait aussi que Kara n'était pas en bon terme avec leur paternel. Mais il était loin de se douter que c'était en parti pour ça que l’aîné des Harrington était ici. « Tu ne pouvais pas rester loin de lui. Ça me déçoit, moi qui croyait que c'était vraiment pour moi que tu étais venu jusqu'ici... » Il fit une petite moue avant de lui faire un sourire en coin et de prendre une nouvelle gorgée de sa coupe. « Enfin, je vais m'en remettre, je pense. » Quelques minutes plus tard, la limousine arrivait au lieu de réception : un hôtel luxueux du quartier huppé de Brisbane. Autant retrouver la crème, là où elle se trouvait. Kaleb quitta le véhicule en prenait et alla rejoindre Kara qui venait de sortir à son tour de la limousine. Le chauffeur lui tenait la portière. Kaleb lui tendait le bras. Puis il demanda : « Prête pour entrer dans la fosse aux lions ? »
« Oui. Il a trouvé un bon contrat pour le boulot, alors il s'est installé ici. »
Même si ce n'était pas la seule raison de sa venue. Kael avait aussi rejoint Brisbane pour en savoir plus sur l'autre famille de notre père. Mais ce n'était pas un sujet que je voulais évoquer ici, comme ça. Ce n'était pas le moment. J'avais vaguement parlé à Kaleb de mon père. Il savait que c'était un homme absent et que je n'en étais pas proche. Comment être proche d'un fantôme ? Finalement, il était mon géniteur, mais je ne savais pas grand-chose de lui et il ne savait rien sur moi. Il ne s'était jamais vraiment intéressé à ce que je faisais. C'était pareil pour mon frère et mes sœurs. Ce qui me faisait mal au cœur, c'était que Kiara croyait que son père ne l'aimait pas. Je savais très bien ce qu'elle pouvait ressentir. J'étais aussi passée par là. Elle ne comprenait pas pourquoi son papa n'était jamais là. Elle demandait parfois après lui, demandant si il serait là pour son anniversaire ou pour le spectacle de fin d'année à l'école. Hélas, il était toujours aux abonnés absents. Il était même pas fichu de se libérer pour sa fille. Je comprenais pourquoi maintenant. Il avait une autre famille ailleurs et il était surtout bien trop préoccupé par sa petite personne. Ses affaires passait avant nous. Enfoiré.
« Je croyais que ça te faisait peur, de toute façon. »
Je souriais. Kaleb avait raison sur un point : Je ne pouvais pas rester éloigné de mon frère. Kael était ma moitié. C'était bien le seul homme dont j'étais incapable de me passer. Alors, oui, j'étais venue le rejoindre ici. Après quelques minutes de trajet, on arrivait sur les lieux du galant. La voiture s'arrêtait et le chauffeur venait m'ouvrir la porte. Je sortais du véhicule. On se trouvait devant un luxueux hôtel. Le genre d'endroit où je ne m'étais jamais les pieds. Je prenais le bras de Kaleb.
« Prête. »
Ouais enfin j'en étais pas si sûre que ça, mais maintenant qu'on était là, je n'allais pas me sauver en courant. J'avançais jusqu'à l'intérieur du bâtiment avec Kaleb. Même si ce n'était pas mon univers, j'avais hâte de découvrir son association davantage. Ils allaient sans doute parler de toutes les actions qui avaient été menées et des prochaines.
« C'est marrant. D'habitude je suis la personne dans l'ombre qui photographie les gens et aujourd'hui je suis l'une des invités à un de ces galas. »
Dis-je doucement a l'attention de Kaleb. Ça faisait bizarre de passer de « l'autre côté du miroir » si puis-je dire.
Kaleb acquiesça de la tête aux propos de Kara. C'était chouette de savoir que son frère avait trouvé du travail en Australie. Il savait que les jumeaux étaient très proches. Et c'était sympa à voir. Lui qui avait grandi seul, la relation que Kara entretenait avec son frère le faisait sourire. Souvent il regrettait de ne pas avoir grandi avec un frère ou une sœur. Oui c'était sûrement ce qui lui avait le plus manqué. En dehors d'avoir eu des relations normales avec ses parents. Il aurait été bien avec un frère, une sœur. Mais Kaleb se considérait déjà comme une erreur dans le parcours de ses parents, alors avoir un frère ou une sœur, c'était utopique. Le pilote s'empara ensuite du bras de la jeune femme alors qu'ils étaient accueillis par les journalistes et les photographes. Le couple se fraya un chemin jusqu'à l'intérieur du bâtiment. Aux paroles de Kara, le pilote esquissa un sourire. « Ce soir, c'est ton tour d'être photographié. » Il imaginait que la situation devaient être cocasse pour la jeune femme. Mais ce n'était pas déplaisant de changer des habitudes. Kaleb salua des amis, présenta quelques personnes à Kara. Puis il lui expliqua le cours de la soirée. Le pilote devait présenter les récentes actions de sa fondation, le récapitulatif des gains accumulés. Puis les projets à venir. D'ailleurs, il devait s'absenter un peu. La soirée commençait. Le pilote aida Kara à s'installer à la table d'honneur avant de rejoindre l'estrade. Le speech du pilote dura quelques minutes au cours desquelles, il présenta les actions de sa fondation. Puis il laissa les artistes prendre place sur la scène. Il regagna donc la table et prit place à côté de Kara. Il s'empara d'une coupe de champagne et en but une grande rasade. « J'ai l'impression que la soirée va être longue. » Il posa ses yeux bleus sur la belle. « Tu ne vas pas m'en vouloir si tu finis par t'ennuyer ? » Demanda-t-il, mi sérieux, mi-amusé. Ce genre de soirées, il n'aimait pas trop. A vrai dire, depuis les récents événements, il évitait la presse. Ce soir, c'était sa première sortie « officielle » depuis le scandale. Mais ce soir, il avait l'impression de le porter sur les épaules. « On pourra peut-être s'éclipser plus tôt, si tu veux. » Lui murmura-t-il en se rapprochant d'elle. Il craignait de ne pas tenir le coup si la soirée s'éternisait. Peut-être qu'il avait eu tort d'accepter de sortir aussi tôt. Même s'il appréciait la présence de la jeune femme à ses côtés.
Je souriais. Oui, ce soir je me retrouvais de l'autre côté de l'objectif. Cette soirée me changeait bien de toutes mes habitudes. Il était certain que je ne ferais pas cela tous les jours. Mais c'était « marrant » de changer un peu. Puis j'étais surtout là pour soutenir Kaleb et son association. On quittait les photographes et Kaleb me présentait à ses amis. J'avais la chance d'être d'un naturel très sociable. Alors, je ne craignais pas de rester dans mon coin. Je savais qu'en tant qu'ambassadeur, Kal devrait s'absenter a certains moments. Il y aurait donc des moments où il ne pourrait pas rester avec moi. D'ailleurs, la soirée commençait par un discours du pilote. Je m'étais installée à la table d'honneur et j'écoutais son speech. Ça me permettait aussi d'en découvrir un peu plus sur son association et les actions qui y étaient menées. Une fois le discours terminé, il revenait près de moi. Je souriais.
« Tu t'en sors plutôt pas mal avec les discours. »
Je souriais. En même temps, c'était un exercice pour lequel il était rodé. Du moins, je l'imaginais. Kal était habitué à s'exprimer en publique. Je ne savais pas si je serais capable d'en faire autant. J'étais pas timide, mais c'était quand même impressionnant de parler devant toute une assemblée. Enfin bref. Je posais mon regard sur mon ami.
« Si. Je t'en voudrais terriblement... » - Je souriais et j'ajoutais : « C'est moi qui ait proposé de t'accompagner, alors ne t'en fais pas. »
Je prenais une gorgée de champagne et je gardais mes yeux sur lui. Ce n'était pas le genre de soirée dont j'avais l'habitude. Enfin tout du moins en tant qu'invité. J'avais photographié la soirée d'une association pour les malentendants il y a quelques semaines. Comme j'étais là pour bosser, j'avais pas eu le temps de voir le temps passer. Quoi que cette soirée avait été très compliquée puisque je m'étais retrouvée confrontée à Elio. Ce soir c'était différent. Je n'avais aucune photos à faire. Je n'avais même pas emporté d'appareil avec moi. Je ne pouvais pas me cacher derrière mon fidèle compagnon.
« J'ai l'impression que tu n'aimes pas beaucoup ce genre de soirée, je me trompe ? »
En écoutant Kal, j'avais surtout l'impression qu'il était celui qui avait envie de s’éclipser plus tôt. Malheureusement, il était l'ambassadeur de la soirée. Il ne pouvait pas se sauver comme un voleur et tout laisser en plan. Il devait être là. Mais j'imaginais qu'avec tout ce qui s'était passé dernièrement, il n'en avait pas envie.
Aux paroles de Kara, le pilote reposa son attention sur elle alors qu'il venait de prendre une gorgée de champagne. « C'est parce que je suis habitué. » Depuis le temps qu'il parlait en public, il avait réussi à être à l'aise pendant cet exercice. Et puis, on ne pouvait pas dire que Kaleb était du genre timide. Au contraire, il parlait plutôt facilement. Il n'avait pas de mal pour prendre la parole ou s'adresser à des personnes qu'il ne connaissait pas. « Et puis, c'est un sujet qui me tient à cœur. » Et c'était bien pour ça qu'il était là. Qu'il sortait, alors qu'il aurait préféré rester à l'hôtel, à regarder un match de foot ou à visionner un film de Tarentino. Mais voilà, cette soirée était prévue de longue date. Et il ne se voyait pas la décommander. Surtout que c'était lui qui avait tout préparé avec les personnes qui faisaient parties de sa fondation. C'était une cause qui valait la peine qu'il se bouge et qu'il fasse abstraction aux journalistes et à tout ce qui pourra se dire de cette soirée. Bien qu'il savait que les questions sur les fameuses photographies allaient être posées. Mais il allait les éviter, comme il avait réussi à se défaire de certaines questions embarrassantes qui ne lui plaisaient pas lors des interviews d'avant ou d'après course. Et puis il était là pour parler des actions de sa fondation et non pour parler de lui. Il était là en tant que mécène et non en tant que pilote. D'ailleurs, il avait opté pour un costume Armani, taillé sur mesure. Il savait s'habiller quand il le fallait. « Peut-être, mais tu n'as jamais assisté à ce genre de soirée, pas vrai ? » Et ce n'était pas un reproche. Kara pourrait trouver cette soirée barbante. Bien qu'il avait bossé avec Astrée pour que la soirée soit divertissante. Notamment en proposant une mise aux enchères de différents objets. Bien sûr, il y avait des objets qui lui appartenaient. Mais aussi des objets que ses amis, connaissances dans le milieu lui avaient offert. Cela allait faire monter le montant des dons. Ce qui était une bonne chose. Il se serait écouté, il aurait peut-être mis en vente sa M1. Celle avec laquelle il avait eu son accident. Celle qu'il avait entièrement retapé. Mais elle avait trop d'importance pour lui. Il la gardait et s'en servait quand il voulait faire des balades. Il ne pouvait pas s'en défaire. Mais il avait donné d'autres objets qui pouvaient finir dans une collection. Quelques personnes venaient jusqu'à leur table pour dire quelques mots à Kaleb. La soirée était bien lancée et les gens semblaient apprécier. Le pilote avait préparé cette soirée avec la collaboration de grandes marques de prêt à porter. Alors il y avait pas mal de célébrités ce soir. Des gens qu'il côtoyait de temps à autre, ou des personnes dont il venait juste de faire la connaissance. A la question de Kara, il reporta ses yeux sur elle. Il l'observa un instant, posant ses yeux bleus sur la photographe. « Je n'aime pas m'habiller comme un pingouin. » Répondait-il avec un sourire en coin. Il était vrai qu'il n'était pas très à l'aise, habillé comme ça. Même si avec le temps, il avait prit l'habitude de le faire. Il préférait sa combinaison. Mais il n'y avait pas que ça et la jeune femme devait le savoir. « En plus, on a un peu trop parlé de moi ces derniers temps. Et il y a beaucoup de journalistes ce soir. » Il soupira légèrement en balayant la grande salle du regard. « Je me demande sans arrêt lequel d'entre-eux va dépasser les limites avant qu'on ne quitte la soirée... » Et c'était ça le problème. La soirée en elle-même, il l'avait attendu, parce qu'il comptait sur cette médiatisation pour donner un coup de projecteur sur les actions que menait la fondation. Mais il n'avait pas envie qu'un type vienne pourrir sa soirée et ne réduise à néant tout ce que sa fondation et ses associés avaient fait jusque là.
Je sentais bien que cette cause lui tenait à cœur. Le speech qu’il avait fait était très bien et avait démontré à quel point il était impliqué. Kaleb ne s’était pas lancé là-dedans par hasard ou pour faire bien. Beaucoup de célébrités semblaient participer à des œuvres de bienfaisances pour leur image. Mais je savais que Kal se fichait pas mal de ça. Il se moquait des mondanités. Si il s’était investi dans cette cause, c’est parce qu’il y tenait. D’après ce qu’il me disait, il n’aimait pas ce genre de soirées et il avait pourtant fait un effort en venant.
« Ça se voit à ce point ? »
Demandais-je. Kaleb avait raison. Je n’avais jamais participé à ce genre gala de charité où les invités étaient des bourgeois ou célébrités pleins aux as. C’était loin d’être mon monde et Kal me connaissait suffisamment pour le savoir. Je souriais aux paroles suivantes. C’était bien la première fois que je voyais Kal habillé en costume. Il avait plutôt un style décontracté le reste du temps. Du moins, c’était comme ça que je l’avais vu à chaque fois. Mais on se voyait toujours loin des soirées mondaines ou des podiums.
« Je trouve que tu es un beau pingouin pourtant. »
Je souriais. Il était certain que ce n’était pas une tenue des plus confortables, mais le costard allait terriblement bien à Kaleb. Je le trouvais très classe comme ça. Puis il évoquait ses mésaventures de ces derniers jours. La presse avait beaucoup parlé de lui et personne n’avait pu loupé ça. Je n’étais pas du genre à écouter les ragots, mais ils n’avaient pas arrêté d’en parler aux informations.
« Ouais. J’ai vu ça... Je ne sais pas comment tu fais pour supporter tout ça, toute cette médiatisation. C’est pénible quand les journalistes se mêlent un peu trop de ta vie. »
Du moins je l’imaginais. Je n’étais pas célèbre. J’étais juste une photographe et cela me suffisait amplement. Je n’aurais pas aimé être sous les feux des projecteurs et que les paparazzis déballent ma vie au monde entier. Je reprenais quelques gorgées de champagne.
« Tu crois que l'un d'eux osera ? Les journalistes présents ce soir ne travaillent pas pour la presse a scandale pourtant, non ? »
Aux paroles de la jeune femme, il esquissa un mince sourire. C'était la première fois que la jeune femme assistait à ce genre de soirée. « Oh tu sais, il n'y a rien de mal à ça. Si je pouvais m'y soustraire, je le ferais. Mais j'ai des obligations. Et puis, parfois c'est utile de mettre son image en avant. » Quand il avait commencé dans le milieu. Quand il était devenu pilote professionnel. Il avait du se forcer à participer à ce genre de soirée. Parce que cela faisait parti de son boulot. Il devait représenter ses sponsors, les marques qui misaient de l'argent sur lui. Alors au fil des années, il avait fini par s'y faire même si ce n'était pas un exercice qu'il appréciait. Il finissait parfois par en trouver des avantages. Alors les heures comme celles-ci, où il se montrait, lui paraissaient plus agréables que d'autres. Comme ce soir. S'il n'y avait pas eu autant de journalistes, il se serait davantage détendu. « Quant à toi, ça peut être agréable de voir une soirée de l'autre côté de l'objectif. » Alors que d'habitude, la jeune femme avait toujours un appareil photo entre les mains. « D'ailleurs, ça te va bien quand tu laisses tomber le boulot et que tu portes ce genre de robes. » Il posa discrètement ses yeux bleus sur son décolleté. Il ne pouvait pas s'empêcher de sourire ensuite aux paroles de la photographe. « Pourtant j'aurais parié que tu préférerais me voir sans fringue sur le dos. » Il prit une gorgée de sa coupe de champagne pour en boire une bonne gorgée. La discussion était légère jusqu'à ce qu'ils abordent la vie privée du pilote étalée dans les magazines. Ces derniers temps, cela avait été plutôt compliqué pour lui. Astrée avait tout fait pour calmer le jeu et elle y était parvenue. Mais Kaleb savait que les curieux allaient continuer à vouloir en apprendre un peu plus sur lui. Mais il les tenait à distance et jusqu'à maintenant, cela avait fonctionné. « Je suis habitué. On écris un peu tout et n'importe quoi sur moi. » Cela faisait longtemps qu'il n'y faisait plus attention. Mais en général, cela ne concernait que lui. C'était différent quand cela touchait d'autres personnes. C'était plus pénible. « J'en sais rien. Mais quand il s'agit de se faire un peu de fric, certaines personnes perdent la tête. » Il savait que les gens aimaient l'argent. Certaines personnes pouvaient trahir une confiance pour quelques poignées de billets. C'était pathétique mais cela arrivait. Kaleb avait prit l'habitude de faire attention à ce qu'il disait. Le pilote soupira doucement en reprenant son verre. « Je n'ai jamais rêvé de ça. Ce qui m'intéressait quand j'étais gosse, c'était piloter ma moto, m'améliorer, prendre du plaisir et sentir l'adrénaline dans mes veines. » C'était ce qui l'avait motivé étant gosse. Et qui le motivait encore. « Je n'ai jamais rêvé de tout ça. Des fans, de la notoriété, de l'argent... J'ai de la chance d'être payé pour exercer ma passion, oui. J'en suis conscients. Mais je n'ai jamais demandé plus. J'ai jamais souhaité voir ma tronche à la tv ou dans les journaux. » Voilà le problème. Dès qu'une personne était connue. Les gens s'attendaient à ce qu'elle leur appartienne. Alors que Kaleb voulait garder une vie privée. Ce qui était compliqué. Puis il reposa ses yeux bleus sur l a jeune femme. « Enfin, je ne vais pas me plaindre. Je sais que d'autres voudraient être à ma place. Seulement les gens ont tendance à voir que le bon côté des choses... »
« C'est chouette de pouvoir te servir de ton image pour pouvoir faire parler d'une cause. »
Kaleb était quelqu'un de célèbre et si cela pouvait servir son association, c'était une bonne chose. Il fallait avouer que les personnages publics avaient tendance à influencer les gens. C'était bien que Kal puisse s'en servir pour la bonne cause. Je souriais aux paroles de Kal. C'est vrai que ce n'était pas mal, pour une fois, d'être de l'autre côté de l'objectif. Cela me changeait un peu de mes habitudes et je pouvais profiter pleinement de la soirée. Quand je faisais des photos j'étais concentrée sur mon travail. Je devais capter chaque instant, ne rien manquer d'un événement. Je n'avais pas vraiment l'occasion d'en profiter du coup. Mais j'aimais tellement la photo. J'adorais immortaliser des instants, saisir un moment qui resterait figé à jamais.
« Profites en bien, parce que tu ne me verras pas souvent porter ce genre de robes. »
Je n'avais pas les moyens de me payer des robes comme celle-ci et surtout, je n'avais pas vraiment d'occasion de les mettre. Je traînais rarement dans les galas. Je souriais en coin aux mots du pilote. Je le reconnaissais bien là ! Il aimait bien me taquiner et je voyais que ça n'avait toujours pas changé.
« Évidemment que je te préfère sans tes fringues. »
Je gardais un fin sourire sur les lèvres. Puis notre conversation prenait un tournant plus sérieux. La vie de Kaleb c'était récemment trouvé étalé dans les journaux. Les médias avaient parlé de lui et d'une femme dont des photos dénudés s'étaient retrouvées publiés. Connaissant Kal, tout ça n'avait pas dû lui plaire. C'était quelqu'un de plutôt discret sur sa vie privé.
« Tu as le droit de te plaindre, Kal. C'est pas parce que t'es connu qu'ils ont droit d'étaler ta vie dans leurs journaux. Ils devraient respecter ta vie privée. Et je crois que les gens qui rêvent de célébrité ne se rendent pas compte de ce que c'est vraiment. Je péterais les plombs si les médias racontait ma vie à tout le monde. »
J'avais du mal à comprendre toute l'effervescence qu'il y avait pour les personnalités. C'est vrai, c'était des gens qui étaient connus du monde entier pour leur travail. Mais tout de même, ils restaient des personnes comme vous et moi. Ils avaient aussi le droit d'avoir une vie normale sans paparazzi pour les suivre. Mais Kal avait raison, certains étaient prêt à n'importe quoi pour gagner un peu d'argent. Si seulement les gens arrêtaient de lire ce genre de presse.
Le pilote acquiesça de la tête aux paroles de la photographe. Oui, c'était utile d'être une tête connue. Cela lui permettait de pouvoir utiliser son image pour attirer l'attention sur des causes qui lui tenaient à cœur. C'était un avantage, au milieu de quelques inconvénients. Kaleb ne se rappelait plus de la dernière fois où il avait été aussi « traqué » pour quelques photographies volées. Les paparazzis l'avaient laissé tranquille pendant quelques années. Et il avait fallu ces photos pour que ce soit à nouveau le bordel. Depuis quelques mois, il enchaînait les une de presse, malgré lui. Depuis son accident, il avait l'impression que les magazines à scandales n'attendaient qu'un seul faux pas de sa part pour faire des articles totalement trompeurs. Enfin de toute façon, ce n'était pas comme s'il pouvait changer les choses. Les gens croyaient souvent ce qui étaient écris dans la presse. Ils ne cherchaient pas à comprendre. Et même quand les gens le connaissaient, ils arrivaient à se convaincre que l'image qu'il renvoyait de lui, via ces pages, était la bonne. Aux paroles suivantes de la jeune femme, Kaleb esquissa un sourire amusé. Cela ne lui déplairait pas de voir à nouveau cette dernière dans une robe de ce genre. « Pourquoi ? Je pourrais à nouveau t'inviter. J'ai d'autres soirées de prévues dans les prochaines semaines. » Mais il savait aussi, que ce genre de soirée, c'était prendre le risque de s'exposer et de laisser les gens avoir une emprise. Alors il comprenait qu'au final, ce n'était pas ce qu'elle souhaitait. « Mais je sais que c'est pas vraiment ton truc. » Et ce n'était pas un reproche. Kal avait eu le temps de s'y habituer avec les années. Et puis, parfois c'était plus agréable, surtout quand il défendait une cause qui lui tenait à cœur. Comme aujourd'hui. Sa Fondation était importante et c'était pour cette raison qu'il se trouvait ici alors qu'il aurait préféré rester cloîtré dans sa chambre d'hôtel. « Malheureusement, dès que tu fais un métier médiatique, peu importe lequel, les gens ont tendance à penser que tu as voulu cette notoriété. Et que de ce fait, ils ont le droit de te prendre en photo quand ils veulent, te dire ce qu'ils souhaitent et surtout, connaître tout de ta vie privée. » C'était vraiment ce qu'il pensait. Au début de sa carrière, c'était différent. Il n'était pas encore connu. Il pouvait se permettre de faire ce qu'il voulait. Et en fait, Kaleb en avait pas mal profité. Puis, il avait fini par accumuler les records en pistes, les Grands Prix et les sponsors. Sa tête s'était affichée peu à peu, un peu partout. Ce qui fait que les choses ont évoluées. Maintenant, il vivait avec cette notoriété. Mais jusque là, cela ne l'avait jamais personnellement touché. C'était différent cette fois-ci. Le pilote prit une nouvelle gorgée de sa coupe de champagne avant qu'il ne soit une nouvelle fois appelé pour donner le coup d'envoi à la vente aux enchères de la soirée. Beaucoup de ses amis, sportifs, artistes, avaient donné des objets personnels afin d'aider la fondation. Et maintenant, il était temps de les mettre aux enchères. Kaleb quant à lui avait offert un casque dédicacé ainsi qu'une journée avec lui sur l'un des Grand Prix à venir. Une heure plus tard, les enchères étaient quasiment terminées. Le pilote avait signé pas mal d'autographes puis il avait rejoint Kara pour profiter du dîner gastronomique qui était servi. Kaleb n'avait rien mangé depuis la veille alors il avait une faim de loup. Mais plus la soirée avancée et plus il avait l'impression que les journalistes présents, étaient de plus en plus proches. Et cela lui coupait l'appétit. Il décida finalement de prendre l'air et d'aller sur la terrasse.
« C'est pas si désagréable que ça d'être la cavalière de monsieur Kaleb Mays. »
Je lui adressais un sourire. C'est vrai que je n'étais pas dans mon élément dans ce genre de soirée, mais ça me faisait plaisir d'accompagner Kaleb. Alors, j'accepterais probablement si il m'invitait à une autre soirée. Sauf si c'était un soir où je travaillais bien entendu. Je gardais mes yeux bleus sur Kal. La notoriété n'était pas quelque chose de facile à gérer. Il fallait être solide pour supporter toute cette attention. Les médias étaient prêts à tout pour obtenir un scoop, même si l'information était fausse. Ils s'en moquaient. Il fallait vendre et les gens aimaient les informations « croustillantes ». Ce que les gens pouvaient être bêtes. Quel plaisir y avait t-il à lire qu'un tel sortait avec une telle ou que la starlette du moment avait couché avec le producteur de son dernier film ? J'avais peu de temps pour lire, mais quand je le faisais, je préférais me plonger dans un bon roman. Enfin bref. Il fallait être capable de faire face à tout ça et j'imaginais que c'était difficile. Quelqu'un de trop sensible se retrouverait vite dépasser. D'ailleurs, ça expliquait que beaucoup de stars sombrent dans l'alcool ou les drogues. Cette vie, c'était une vie de dingue et elle n'avait rien d'enviable. Je préférais de loin rester la petite photographe inconnue du grand public.
La soirée poursuivait son cours. Kaleb ouvrait officiellement la soirée des enchères et les invités semblaient être plutôt généreux. Puis, il donnait quelques dédicaces. Pendant ce temps, je discutais avec l'un des amis qu'il m'avait présenté. Heureusement que j'avais le contact facile. Cela me permettait de ne pas rester dans mon coin. Kaleb me rejoignait pour le repas. Un vrai repas gastronomique. Encore une chose dont je n'avais pas l'habitude. Je remarquais aussi la présence des journalistes qui semblaient nous tourner autour comme des vautours. Le pilote se retirait pour aller prendre l'air et je le rejoignais au bout de quelques minutes.
Le pilote ne pensait pas que la jeune femme serait partante pour passer une nouvelle soirée de ce genre. Parce que lui même, en avait parfois marre d'assister à toutes ces soirées. Déjà qu'il n'avait pas beaucoup de temps libre pour lui ces dernières semaines. Mais là pour sa fondation, cela lui tenait à cœur. Il arrivait à intéresser les gens pour une cause qu'il défendait depuis des mois. Et il avait envie de la faire connaître davantage. Alors il savait qu'il allait à nouveau faire ce genre de gala. Parce que c'était comme ça que les gens en apprenaient un peu plus sur ce qu'il faisait au sein de la Fondation et qu'il avait besoin de sponsors et de pubs. Il en faisait déjà dès qu'il le pouvait. Mais en faisant ce genre de soirée, il arrivait à toucher beaucoup plus de monde. Pas seulement des personnes qui faisaient parties de son univers. Et c'était ça qui l'intéressait au final. Alors il savait qu'il allait assister à d'autres soirées comme celle-ci. Et elles étaient plus agréables quand ils étaient en bonne compagnie, comme ce soir-là. Malheureusement, même la réussite de la soirée, la bonne ambiance, le bon repas, les donations qui se multipliaient, Kaleb n'arrivait pas à sortir de ses pensées. Il avait beaucoup faire des sourires ici et là, pour les journalistes qui couvraient l’événement, pour les participants qui avaient été généreux avec la Fondation. Intérieurement, c'était beaucoup plus compliqué. Il n'arrivait pas à oublier les paroles d'Eireen et cela le torturait un peu depuis qu'il avait quitté la villa quelques heures plus tôt. Alors au bout d'un moment, il avait eu besoin de prendre un peu l'air. Il avait prétexté l'envie de parler à une personne pour que les gens le laissent un peu tranquille et qu'il puisse s’échapper quelques minutes de la soirée. Il avait emporté une coupe de champagne et il s'était isolé sur l'une des terrasses de l'étage, prenant place sur l'un des bancs en pierres qui s'y trouvait. Il avait sorti son téléphone pour voir s'il avait eu des messages. C'était le cas mais pas de la personne qu'il voulait. La terrasse était seulement éclairée par les lumières de la salle passant à travers les grandes fenêtres. Il venait de prendre une gorgée de sa flûte quand Kara poussait l'une des portes vitrées de la terrasse. Aux mots de la jeune femme, il leva ses yeux sur elle. « Je survis.... » Répondait-il avec un mince sourire sur le visage. Il se poussa un peu pour lui faire de la place sur le banc. « Et toi ? Pas trop dur la soirée ? » Le pilote la vit ensuite frissonner, alors il retira sa veste de costume et la posa sur les épaules de la photographe. « Je ne voudrais pas que tu sois malade à cause de moi. » Ajouta-t-il avec une pointe d'amusement. Puis il soupira légèrement au bout de quelques secondes. Il prit une gorgée de sa coupe puis après un silence, il avoua, finalement. « Je vais être père. » Il garda ses yeux bleus devant lui, observant la nuit étoilée. Tout semblait si calme ici, c'était reposant. « Enfin non en fait, je ne sais pas... apparemment je n'ai pas trop mon mot à dire. » Et c'était ça qui l'ennuyait le plus. Se sentir impuissant face à un événement qui faisait parti intégrante de sa vie. Il reporta son regard sur Kara. « Et ça me rend furieux... » Lâcha-t-il, serrant les dents au passage.