I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Difficile de décrire l'état d'esprit de Joanne depuis quelques jours. Elle ne parlait plus vraiment, et avait comme perdu en vitalité. Tout était compliqué. Elle ne s'était pas rendue au dernier rendez-vous fixé par son psychologue. Ce dernier l'avait appelé pour savoir si tout allait bien, Joanne ne l'avait jamais recontacté. Elle n'en avait pas envie. Elle avait également demandé à Ewan de ne l'appeler qu'en cas d'urgence. Les chiens, même les plus petits, étaient devenus autonomes. Joanne se centrait énormément sur Daniel. Il avait toujours le sourire, toujours un câlin ou un autre signe d'affection à montrer à sa mère, et ça lui faisait énormément de bien. Mais Joanne avait peur qu'il finisse par en pâtir. Elle avait appelé la crèche l'après-midi là, pour voir s'ils pouvaient le prendre en charge pour quelques heures. Difficile de refuser quoi que ce soit, vu le prix de la garde de l'enfant que le couple déversait à l'année. Et lorsque Joanne était seule à la maison, elle ne faisait rien. Elle qui adorait lire et qui avait acheté de nouveaux ouvrages, ou qui aimait regarder un peu la télévision par moment. Rien ne lui faisait envie. Elle exécutait les tâches ménagères parce qu'elle considérait plus ça comme un devoir. La seule question qu'elle se posait, c'était comment pouvait-elle autant craindre la personne qu'elle comptait épouser, qu'elle aimait tant ? Elle finit par sortir de la maison, avec l'envie de se promener. Les chiens s'amusaient ensemble et ils avaient le jardin tout pour eux, ils n'allaient manquer de rien. Elle avait son téléphone sur elle - Jamie serait certainement fou de rage si personne ne décrochait, si jamais il voulait l'appeler. Elle errait dans Logan City, d'un pas nonchalant, avec bien peu de volonté. Elle passait devant la maison de Saul, mais personne ne semblait être à la maison. Mais devant la demeure d'à côté, il y avait une voiture. Le coffre était ouvert, avec des cartons à l'intérieur, et d'autres posés par terre. Il n'était pas difficile de deviner qu'un emménagement ou un déménagement était en cours. Joanne n'avait jamais vraiment fait attention, à cette maison là. Elle l'observait longuement, les bras croisés. Joanne avait même eu un moment d'absence, jusqu'à ce qu'il y ait un peu de mouvements. En effet, une silhouette qui lui était bien familière. La jeune femme ne cachait pas sa surprise. Non, Hassan ne vivait pas là, elle l'aurait remarqué sinon. "Hassan..." dit-elle tout bas, alors que lui s'approchait de sa voiture pour prendre un autre carton. Joanne lui fit un sourire bien sincère, bien qu'il fallait le deviner sur ses lèvres. C'était bien la dernière personne qu'elle s'attendait à voir ce jour-là. La jeune femme resta muette un moment avant de pouvoir articuler autre chose. "Tu emménages par ici ?" finit-elle par demander. Joanne était heureuse de le voir, vraiment. Elle regardait quelques secondes la maison en question. Elle venait à se demander s'il allait s'installer avec quelqu'un. "Ca devrait te plaire par ici, c'est toujours très clair. Il y a un parc, et la plage qui n'est pas si loin." commenta-t-elle. Joanne aimait beaucoup cette partie de Brisbane. Calme, paisible, il y faisait bon vivre. "Au fait, notre chien va beaucoup, grâce à toi. Je ne te remercierai jamais assez de l'avoir secouru." dit-elle avec sincérité, et beaucoup de reconnaissance. "Je t'en dois une." Bien qu'elle se doutait qu'il n'irait pas venir chercher son aide, Joanne le savait d'avance. "Pour commencer, je peux peut-être t'aider à rentrer ces derniers cartons." Ca lui occuperait une partie de son après-midi, se dit-elle. Et puis, ce serait aussi peut-être l'occasion d'avoir un peu plus de ses nouvelles, s'il comptait réellement partir à l'étranger ou pas. Joanne était bien curieuse de savoir s'il parvenait à avancer. Elle ne pouvait pas montrer un quelconque désintérêt pour lui. Hassan restait son ex-mari, une personne qu’elle avait su chérir pendant des années, avec qui elle n’avait jamais eu de disputes aussi violentes. Ce temps là lui semblait remonter à très loin, alors qu’il ne s’agissait que d’une poignée d’années. Comme convenu, la jeune femme prit un des cartons dans ses bras et suivit de près le bel homme pour savoir où le déposer. Elle n’allait pas se permettre de visiter un peu les lieux, à découvrir ce nouvel endroit qui était désormais le sien. Elle n’était pas chez elle, après tout. Elle n’avait plus vraiment de chez elle, à vrai dire.
Bien que Kenneth l'ait probablement fait de bon cœur, Hassan s'en voulait un peu de monopoliser ainsi son véhicule ainsi que sa présence pour la troisième fois. Mais la troisième serait également la dernière, et le garde-meubles se vidait à mesure que le garage de la maison, lui, se remplissait de cartons. Hassan n'avait pas le temps de s'occuper de tout déballer dans l'immédiat, aussi il s'était contenté de séparer d'un côté ce qu'il garderait et de l'autre ce qui finirait probablement vendu sur internet ou - à défaut de trouver preneur - à la benne. Si le garage se remplissait le reste de la maison restait en revanche désespérément vide, et depuis qu'il avait rendu son appartement le brun vivait plus ou moins en mode camping, dormant sur le canapé - qui finirait vendu lui aussi - du salon et utilisant un carton de bouquins en guise de table basse. Il n'avait pas envie de dépenser d'énergie à s'installer maintenant, alors que son départ pour Téhéran était imminent. Kenneth avait laissé sa voiture dans l'allée et était parti vaquer à ses occupations, il était supposé venir récupérer son véhicule le soir ou le lendemain, il ne savait pas trop, et Hassan s'était contenté d'acquiescer. Si son permis n'était pas encore suspendu il aurait ramené la voiture lui-même chez Kenny, mais avoir à nouveau affaire à la police actuellement n'était pas quelque chose qu'Hassan avait envie de risquer.
Marquant quelques secondes de pause sous le porche de la maison, passant l'avant-bras sur son front que le soleil du jour et l'effort avaient fait luire un peu, il avait repris ses allers-retours et saisi un nouveau carton, avec en prime la satisfaction de voir qu'il ne lui en restait que deux après celui-ci pour avoir - enfin - terminé. Donnant un coup d'épaule dans la portière pour la refermer, il s'était immobilisé en entendant son prénom, et retourné pour se retrouver face à Joanne et ses cheveux blonds. « Joanne. » Elle semblait plus surprise de le voir que le contraire, mais lui avait déjà deviné sans mal qu'elle devait vivre dans le coin. Son chien n'avait été renversé qu'à quelques rues d'ici, près de chez les parents Khadji. « Tu emménages par ici ? » Il avait désigné le carton qu'il portait entre ses mains en guise de réponse, la situation semblait parler d'elle-même. « Ça devrait te plaire par ici, c'est toujours très clair. Il y a un parc, et la plage qui n'est pas si loin. » Restant interdit quelques instants, Hassan l'avait regardée d'un drôle d'air, presque pris au dépourvu « Je sais. » avait-il finalement répondu « J'ai vécu ici pendant quinze ans. C'était la maison de mes parents ... » Et Joanne le savait. Ou tout du moins l'avait-elle su, ils étaient passés devant à de nombreuses reprises, Hassan n'ayant jamais fait un secret de sa volonté de - peut-être - la racheter un jour. Elle avait oublié, et il ne savait pas trop où se placer entre déception et résignation. La seconde, probablement, aussi le brun ne s'était-il pas attardé là-dessus.
Toujours mal à l'aise, néanmoins, à l'idée de ne savoir échanger que des banalités face à quelqu'un qui pourtant relevait de tout sauf de l'ordre du banal à ses yeux, il avait été sauvé par la reprise de parole de son ex-épouse. « Au fait, notre chien va beaucoup, grâce à toi. Je ne te remercierai jamais assez de l'avoir secouru. Je t'en dois une. » Esquissant un vague sourire, Hassan avait secoué la tête avec douceur avant d'arguer « Tu ne me dois rien du tout, mais je suis content de savoir qu'il va mieux. J'espère qu'il y réfléchira à deux fois s'il lui reprends l'envie de s'échapper, maintenant. » Quoi que, s'il était aussi têtu que pouvait l'être Spike rien n'était moins sûr. Sans doute était-ce l'une des raisons d'ailleurs pour laquelle Hassan appréhendait un peu de confier son chien à son frère, pendant son absence. « Pour commencer, je peux peut-être t'aider à rentrer ces derniers cartons. » A nouveau pris d'une certaine hésitation, mais malgré lui incapable de refuser grand-chose à la jeune femme, il avait demandé en guise de réponse « Seulement si tu promets de ne pas me tenir rigueur du désordre à l'intérieur, je n'ai pas vraiment le temps de m'en occuper pour l'instant. » Lui désignant le carton le moins lourd parmi les deux restants, il avait refermé la voiture derrière elle et remonté l'allée jusqu'au porche, s'aidant de son coude pour appuyer sur la poignée de la porte et ouvrir. Contrairement à son habitude Spike n'avait pas déboulé dans l'entrée pour satisfaire sa curiosité, et pour cause puisqu'Hassan l'avait laissé au jardin pour pouvoir décharger la voiture tranquillement. « On va mettre ça au garage. » Garage qui à l'heure actuelle ressemblait plus au croisement entre un vide-grenier et un grenier tout court qu'à un garage digne de ce nom, entre les cartons et les meubles qui s'y entassaient.
La lumière grésillait, le brun était à peu près certain qu'il lui faudrait changer l'ampoule bientôt. Déposant son propre carton sur un autre, avant d'ajouter à la pile celui qu'il venait de récupérer des mains de Joanne, il l'avait laissée ressortir la première avant de proposer « Tu veux boire quelque chose ? Je n'ai que de l'eau et du jus de fruits, je crois, mais ... » Mais si le but était de se rafraîchir c'était amplement suffisant. Fronçant furtivement les sourcils il avait désigné le poignet de la jeune femme d'un signe de tête « Fais gaffe, je crois que tu t'es tâchée ... » Dans le garage, probablement, tout un tas de trucs y trainaient. Le visage de Joanne, lui, s'était chargé de lui faire savoir que ce qu'il prenait, à contre-jour, pour une tâche de cambouis semblait la mettre on ne peut plus mal à l'aise.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne n'avait véritablement pas reconnu le quartier dans lequel avait vécu les parents d'Hassan. Il fallait dire qu'elle avait un très mauvais sens de l'orientation, et ne pensait jamais à prendre des repères dès qu'elle était de sortie. Sur le coup, elle se sentait bien stupide de ne pas su se souvenir de la maison dans laquelle vivait ses parents. Mais la végétation aux alentours avait bien changé, celle des maisons voisines aussi, cela changeait radicalement le décor. Elle se sentait bien bête, sur le coup, d'avoir une aussi courte mémoire. "Autant pour moi, je n'avais pas vraiment fait attention en arrivant par ici." dit-elle en guise d'excuse. Joanne avait aussi bien d'autres choses à penser pour le moment. "Ca a beaucoup changé, avec le temps." Le quartier, l'ambiance. Joanne n'y avait absolument pas fait attention lorsqu'elle avait emménagé par ici. Elle le remercia ensuite chaleureusement d'avoir secouru leur chien. Joanne avait pensé lui offrir un cadeau, mais elle ne savait pas si cela aurait été raisonnable, ou perçu différemment. Mais cela n'altérait pas sa volonté de vouloir se rattraper. Elle se portait spontanément volontaire pour l'aider à ranger ces derniers cartons. Elle lui sourit tendrement, d'un air un peu amusé, à sa remarque. "Jamais je ne viendrai exiger quoi que ce soit en matière de rangemen le jour d'un aménagement." lui dit-elle. Difficile pour Joanne de rire, mais elle souriait un peu, ce n'était pas rien, vu les jours qui continuaient de défiler avec une ambiance particulière à la maison. Elle suivit Hassan de près pour aller jusqu'au garage pour y déposer les cartons en question. Toutes ses affaires étaient empilées là-bas, n'attendant qu'à trouver leur place dans cette nouvelle demeure. L'ex-mari de Joanne récupéra le carton qu'elle tenait afin de le poser là où il y avait encore de la place. Une fois de retour dans la maison même, Hassan lui proposa à boire. "Du jus de fruits, qu'importe lequel, ce sera parfait." lui assura-t-elle avec un sourire. Les manches du gilet de Joanne s'était légèrement relevées pendant qu'elle avait porté le carton, laissant ses hématomes visibles. Hassan le lui fit remarquer, pensant qu'il s'agissait de tâches, certainement parce qu'ils venaient tout juste de sortir du garage, et que ce n'est pas réputé pour être un endroit de la maison particulièrement propre. Un profond malaise s'instaura en Joanne, remettant rapidement ses manches en place. Attitude on ne peut plus suspecte. C'était aussi pour ça qu'elle n'osait pas voir son psychologue. Qu'un professionnel constate ce genre de choses pour aggraver la situation. Il pourrait le déclarer, faire quelque chose de cette information et Joanne ne voulait pas mettre Jamie dans une situation délicate. Elle le laissait tranquille. "Ce n'est pas une tâche." dit-elle tout bas. Elle avait déjà des larmes au bord des yeux. Elle ne pouvait en parler à personne, de tout ce fiasco. Ni à son psychologue, ni à Gabriella. Joanne n'avait plus personne à qui se confier. Sophia était partie, et depuis, personne n'avait su trouver grâce et permettre d'être la personne en qui Joanne pouvait avoir confiance. C'était aussi ça qui avait énormément blessé Jamie. Qu'elle ne lui fasse pas confiance vis-à-vis d'Hannah. C'était ça qui avait mis le feu aux poudres. Peut-être que c'était Hassan, la personne qui demeurait la personne la plus proche. Il la connaissait par coeur, ils avaient vécu de nombreuses années ensemble. Mais parler de Jamie n'allait certainement pas lui plaire, même si les circonstances actuelles lui donnaient tout à fait raison. "Ce sont des bleus." finit-elle par avouer, la gorge on ne peut plus serrée. Il n'y avait pas mille et une façons d'avoir des hématomes à cet endroit, Hassan n'était pas dupe. Il voyait bien aussi que son ex-femme était loin d'aller bien. Elle était même très malheureuse. "C'est... C'est Jamie." Des tas de scénarios pouvaient défiler devant les yeux du beau brun, et Joanne se doutait qu'aucun d'entre eux n'était particulièrement positif. Joanne ne s'était même pas rendue compte que les larmes avaient coulé d'elles-mêmes. "Il a annulé notre mariage parce que... Parce que je ne fais qu'enchaîner les erreurs, et il en a assez." résuma-t-elle, de son point de vue. Selon lui, ce n'était pas une rupture. Pour Joanne, c'était tout comme. Si elle restait bien à Logan City, ce n'était que pour permettre à Daniel d'avoir ses deux parents auprès de lui.
Hassan savait bien que c'était un peu dérisoire, et sans doute aussi un peu irrationnel de sa part d'être toujours aussi attaché à cette maison, même vingt ans après l'avoir quittée. Mais plus les années passaient plus les souvenirs qu'il avait de ses parents s'estompaient, le temps faisait toujours son œuvre, parfois il n'était même plus certain de se rappeler précisément quelle voix avait sa mère ... Cette maison c'était un peu tout ce qui lui restait de ses parents, désormais. Cette maison, et quelques vieilles photos qui commençaient à jaunir. Mais c'était pour lui que c'était important, c'était son rêve à lui. Pas celui de Joanne, alors au fond pourquoi s'en serait-elle souvenue ? Laissant couler, et laissant aussi cette histoire de chien ne pas prendre trop de proportions puisqu'il n'avait fait qu'agir comme l'aurait probablement fait toute personne douée de bon sens et d'un minimum d'attachement pour les animaux, il avait accepté non sans quelques instants d'hésitation la proposition de la blonde de l'aider à rentrer ses derniers cartons. « Jamais je ne viendrais exiger quoi que ce soit en matière de rangement le jour d'un aménagement. » lui avait-elle par ailleurs assuré dans un léger sourire tandis qu'il évoquait le désordre qui régnait à l'intérieur. « Ça fait déjà deux bonnes semaines que je suis là, en fait. Mais j'avais besoin d'un pote et sa voiture pour pouvoir vider le garde-meubles. » Il avait ouvert la marche jusqu'à la porte d'entrée, meublant la conversation, alors qu'hier ou le mois dernier cela ne changeait sans doute rien pour elle qui ignorait les péripéties qui avaient entouré son changement de domicile.
Les cartons empilés à même le sol projetaient des ombres sur le mur du garage, la lumière blafarde contrastant avec le doux soleil de début de printemps qui brillait à l'extérieur. Comme souvent lorsqu'il laissait son regard se balader dans la pièce Hassan se demandait à quoi pourrait lui servir cette pièce lorsque les cartons auraient disparu. Il ne comptait pas racheter de voiture dans l'immédiat. Peut-être en faire un atelier, comme son père l'avait fait ... Il ne savait pas encore très bien. Refermant la porte après avoir éteint la lumière, son regard s'était à nouveau posé sur Joanne, et il avait proposé sans savoir quoi faire d'autre de lui servir à boire. « Du jus de fruits, qu'importe lequel, ce sera parfait. » Il avait acquiescé, du jus d'orange ferait probablement l'affaire, et avait machinalement fait remarquer à la blonde qu'elle avait tâché son poignet, afin qu'elle n'esquinte pas son gilet par la même occasion. Le cambouis était une vraie plaie à faire partir. « Ce n'est pas une tâche. » Plutôt que de prendre le chemin de la cuisine Hassan s'était immobilisé, la questionnant du regard en se demandant pourquoi tant de mystère. « Ce sont des bleus. » Instinctivement les yeux du brun avaient glissé à nouveau vers les poignets de Joanne, bien qu'à nouveau couverts, comme par besoin d'associer mot et image. « Comment tu t'es fais ça ? » La question pouvait sembler un peu étrange, un peu stupide, mais elle avait échappé à Hassan malgré tout et non sans un arrière-goût un peu amer. Amer parce que pas entièrement inconnu, comme si son instinct espérait répondre à la question lui aussi. « C'est ... c'est Jamie. Il a annulé notre mariage parce que ... Parce que je ne fais qu'enchaîner les erreurs, et il en a assez. » Les informations arrivaient à son cerveau de manière un peu désordonnée. Jamie, mariage, erreur, annulé, tout cela ne faisait pas grand sens. Mais les bleus sur ses avant-bras, eux, oui. Joanne pleurait.
Lentement, une main posée contre son dos pour la mener à la pièce adjacente, il l'avait guidée jusqu'au canapé dont il avait poussé au sol l'oreiller et la couverture qui l'encombraient pour y faire de la place. Laissant la blonde s'y asseoir avant d'en faire de même, tandis qu'elle tentait sans grand succès de sécher les larmes sur ses joues, il avait osé enfin reprendre d'un ton doux. Artificiellement doux, mais qu'importe. « Ce que tu es en train de me dire c'est que c'est lui qui t'a fait ça ? Sciemment ? » S'il demandait c'est parce qu'il voulait être sûr. Sûr d'avoir bien compris, sûr de ne pas tirer les conclusions hâtives que l'épisode Leela avait semé dans son esprit, pour les laisser germer à loisir. Un bleu au fond, cela pouvait arriver. Mais un bleu qui semble la mettre dans un tel état de détresse, ce n'était pas juste un bleu. « Est-ce qu'il a fait autre chose ? » Il se sentait marcher sur des oeufs, choisissant ses mots, modulant sa voix, tentant d'apprendre de ses erreurs. La main de Joanne tremblait, un peu, et la saisissant dans la sienne Hassan avait murmuré « C'est toujours moi, Jo' ... tu sais que tu peux me parler. » Et qu'il écouterait, qu'il écouterait vraiment. Ça ne comptait, l'amertume qu'il avait appris à éprouver pour son ex-épouse au cours de ces derniers mois, ou du moins ça ne comptait pas pour l'instant. Ça ne comptait pas parce que pendant presque dix ans il avait su etre8une oreille attentive pour elle, ça ne s'effaçait pas d'un coup de gomme, et parce qu'Hassan n'était pas un fervent partisan du hasard. Celui qui aurait mené Joanne devant sa porte sans aucune raison, cet après-midi là.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Cela faisait déjà deux semaines qu'Hassan avait commencé son emménagement, et la jeune femme ne l'avait pas vu une seule fois dans le quartier. Pourtant, elle sortait quotidiennement se promener avec Daniel et les chiens. Et il était peu probable qu'ils se croisent sans le savoir, alors Joanne supposa qu'ils n'étaient peut-être pas dehors aux mêmes moments. Une fois les derniers cartons rentrés, Hassan craignait que son ex-femme ne se soit tâchée dans le garage. Bien sûr, le regard d'Hassan fut plus qu'interrogatif lorsqu'elle lui dit qu'il ne s'agissait pas de tâches, mais bien d'hématomes. Il se demandait comment elle avait pu se faire ça, la question n'avait rien d'étrange. A vrai dire, elle aurait pu être posée par n'importe qui qui se soucierait un peu d'elle. Et Joanne n'avait personne à qui se confier. Personne d'autre que lui n'était au courant de ces bleus. Sur le moment, elle ressentait surtout le besoin d'en parler à quelqu'un, alors elle lui répondit avec honnêteté et un flot de larmes. Avec la délicatesse que Joanne lui connaissait, le beau brun la guida à l'aide d'une main doucement posée sur son dos jusque dans le salon. Débarrassant le canapé d'un oreille et d'une couverture, il l'invita à s'asseoir puis s'installa à côté d'elle, les yeux rivés sur elle. Lui-même tentait d'assimiler l'information, qui n'était pas des moindres. Joanne leva difficilement son regard vers lui, elle se sentait terriblement honteuse, mais ne savait pas trop pourquoi. Elle acquiesça d'un faible signe de tête. Oui, Jamie avait fait ça en pleine connaissance de cause. Ce n'était pas comme la première fois, où on devinait dans son regard qu'il n'était plus lui-même. Non, lorsqu'il avait saisi ses poignées, et gifler ensuite, il savait exactement ce qu'il faisait. Forcément, Hassan demandait si l'Anglais en avait fait plus. Elle était morte de peur de devoir en parler, mais elle réalisait que c'était certainement la seule occasion où elle pouvait le faire. Mais n'arrivant pas à prononcer quoi que ce soit, elle sanglotait silencieusement. Hassan prit délicatement sa main, lui rappelant qu'elle pouvait se confier à lui, comme elle pouvait le faire lorsqu'ils étaient ensemble. "Peut-être que tu ne voudrais pas entendre tout ça. Je n'ai pas été correcte avec toi ces derniers mois, j'aurais du être là aussi pour toi." finit-elle par dire d'un air sincèrement navré. "Je ne voudrais pas être un fardeau pour toi." Mais le regard du beau brun en disait long, il ne semblait pas avoir oublié toute la complicité qu'ils avaient avant le divorce. Joanne se souvenait qu'elle parvenait à tout lui raconter. En plus d'être son petit ami, puis fiancé et mari, Hassan était devenu son meilleur ami. Il était digne de confiance, on pouvait toujours compter sur lui. Il n'était pas du genre à lâcher l'affaire et c'était ce dont il faisait preuve lorsqu'il la regardait, apparemment prête à encaisse tout ce dont elle avait besoin d'extérioriser. "Il y a cette mannequin, Hannah, que Jamie adore." commença-t-elle, le regard bas. "Ils s'entendent à merveille, je suppose parce qu'ils se comprennent. Ils ont grandi dans le même milieu, je sais qu'il prend beaucoup plus de plaisir à passer les soirées mondaines avec elle qu'avec moi. Je ne suis pas faite pour ce genre de choses." Elle haussa les épaules. "Et elle et moi, nous nous sommes un jours croisées dans une boutique - qu'importe. Et elle m'avait bien fait comprendre que si je me mariais avec Jamie, ce sera avec tout le lot. La célébrité, les soirées huppées, la notoriété, ce genre de choses. Ca donne envie pour beaucoup, mais moi, ça m'a terrorisée, en réalisant tout cela. Que je n'avais pas d'autres choix que de me montrer avec lui devant une foule de photographes, et faire des sourires à des personnes qui ne nous inspirent pas. Au début, je m'en sentais capable, mais les soirées en question ne se passaient pas très bien. J'étais un peu dans une sorte de paradoxe. J'avais envie d'y aller pour être à son bras, mais je ne voulais pas y aller parce que je savais que j'y passerai pas forcément du bon temps. Alors quand il le pouvait, il s'y rendait avec elle. Donc, après qu'Hannah m'ait tout cela, sur le coup, et sans vraiment réfléchir, je lui ai rendu la bague de fiançailles. J'avais bien trop peur de cette vie-là, de ces impératifs à remplir. Même si j'aime éperdument Jamie." Elle fit une petite pause. "On peut dire que je suis revenue la queue entre les jambes peu après Nouvel An, et cette fois-ci, c'est moi qui ai fini par le demander en mariage, et il a accepté. Mais notre relation était vraiment étrange jusqu'à l'accouchement. Il m'en voulait énormément et bien que nous vivions sous le même toit, il ne me considérait pas. J'avais l'impression de n'être que l'enveloppe de chair qui protégeait son fils, c'est tout. Mais après la naissance de Daniel, tout est allé beaucoup. Jusqu'à ce que j'apprenne que Jamie ait eu une relation avec Hannah pendant nos cours mois de séparation, ils ont couché ensemble à plusieurs reprises. Et il avait aussi couché avec une autre femme. J'ai pris beaucoup de temps à me faire à l'idée, je ne me savais être si jalouse. Ca allait mieux, mais une personne qui se considérait comme un bon samaritain a eu la décence de m'envoyer un jour une enveloppe et un enregistrement sur une clé USB. Hannah et Jamie avouaient à l'un l'autre leurs sentiments amoureux. C'est à partir de là que tout s'est effondré. Ca me rendait folle. Il m'a demandée de me faire aider, de voir un psy, et c'est ce que j'ai fait. Mais il a pu tout apaiser en me certifiant qu'ils ne comptaient plus se revoir. Et pendant nos vacances à Perth, début août, il me dit finalement qu'il a renoué avec elle. Quand je lui demande s'il l'aime encore, il ne me dit pas non, ni oui non plus. Il me dit juste qu'il a de l'affection pour elle. Ca veut tout et rien dire. Et des sentiments amoureux, ça ne s'efface pas en un claquement de doigt, pas comme ça." Elle marqua une pause, réalisant que ça faisait certainement beaucoup à assimiler pour son ex-mari. "C'est à partir de là que la confiance que j'avais pour lui s'est beaucoup éreintée. Ni lui, ni elle, aucun des deux, encore moins ensemble. J'étais allée le voir au bureau l'autre jour, et en discutant, il a fini par comprendre que je ne lui faisais plus vraiment confiance tant qu'Hannah faisait partie de son entourage. Je sais qu'elle ne le laisse pas indifférent. Et après..." Joanne avala difficilement sa salive. Revivre cette scène était extrêmement douloureux pour elle. "Je comptais récupérer Daniel à la crèche, et c'est là qu'il est venu et qu'il a pris mes poignets pour me plaquer contre la voiture. Il me faisait vraiment mal. Et il me crachait dessus tout ce qu'il pouvait penser de moi. Il disait que je suis une enfant gâtée pathétique, une minable qui n'est jamais satisfaite et totalement butée. Il ne supportait pas ma jalousie. Idiote ingrate, il disait que je le rendais malade, que je lui donnais des envies de meurtre, que je n'arrête pas de me plaindre. Il a dit vraiment... beaucoup de choses et... Il m'a giflée, aussi." avoua-t-elle en pleurs, sachant pertinemment qu'Hassan n'allait rien aimer de tout ce qu'elle venait de raconter. "Mais je suis quand même rentrée, je n'ai nulle part où aller, et je ne veux pas priver Daniel de son père. On en a discuté plus platement par la suite, et c'est là qu'il a voulu annuler notre mariage. Il a même retiré la bague que je lui avais offerte et l'a enfilé dans la chaîne de son cou. Je ne sais pas ce que je suis supposée comprendre." Mais Jamie commençait véritablement à prendre le rôle de père absent, en rentrant tard tous les soirs, il ne voyait quasiment plus Daniel. "Je suis une horrible personne." dit-elle en prenant la main d'Hassan entre les deux siennes, ayant peur qu'il ne finisse par fuir. "Je ne voulais pas en parler à mon psy, j'avais peur que ça prenne des proportions énormes. Tu es la seule personne qui... qui sait tout ça." Elle en aurait parlé à Sophia, mais Sophia était partie il y a bien longtemps.
C'était probablement inconscient, l'esprit d'Hassan se chargeait de faire les connexions tout seul et les bleus sur les poignets de Joanne rappelaient à son souvenir d'autres bleus, sur d'autres bras, mais surtout ce même regard de détresse quand on en demandait la provenance, comme si c'était la réponse à cette simple question qui constituait le véritable drame. Un peu dépourvu malgré tout, leur séparation et le fossé qu'elle avait creusé entre eux ayant fait son œuvre, il lui avait fait une place au salon et l'avait laissée s'installer, s'asseyant à côté d'elle sur le canapé. Il avait besoin de comprendre, besoin qu'elle reprenne le calme nécessaire pour lui exposer la situation clairement, afin que les scénarios qui défilaient dans sa tête et lui faisaient horreur ne soient pas la seule chose à laquelle se raccrocher. Il s'imaginait forcément le pire, parce que c'était cet effet que les larmes de la blonde avaient toujours eu sur lui, et que leurs entrevues de ces derniers mois lui aient apportées des griefs vis-à-vis de la jeune femme ne changeait rien au fait qu'elle restait Joanne. La femme qu'il avait aimé pendant dix ans, et pour qui il n'espérait rien d'autre que le bonheur qu'il avait un jour cru pouvoir lui offrir. Elle savait qu'elle pouvait lui parler, elle pouvait avoir oublié certaines choses mais elle ne pouvait pas avoir oublié ça. « Peut-être que tu ne voudrais pas entendre tout ça. Je n'ai pas été correcte avec toi ces derniers mois, j'aurais du être là aussi pour toi. » Il avait dégluti, baissant un instant la tête sans oser démentir, parce que ce serait manquer d'honnêteté. La situation actuelle ne changeait rien à ce fait, mais dans un murmure il s'était contenté d'arguer « Ce n'est pas le sujet, pour l'instant. » Et Hassan ne serait pas véritablement Hassan s'il n'était pas capable de mettre ses états-d'âme de côté. « Je ne voudrais pas être un fardeau pour toi. » Il n'avait rien répondu, se contentant de secouer la tête. Il voulait juste qu'elle lui parle, qu'elle explique sa situation ... qu'elle ne rassure, ou le cas échéant qu'elle l'éclaire.
Il n'avait plus rien dit et s'était contenté d'écouter en silence, la laissant déballer son sac sans chercher à l'interrompre parce que c'était ce dont elle semblait avoir besoin, et grappillant de son côté une info ou une autre, ici et là, les détails migrants eux bien vite vers l'oubli. Il ne se pensait pas en position de porter un jugement sur la relation que Joanne entretenait avec son nouveau compagnon, son avis à lui était forcément biaisé, et la rancœur qu'il éprouvait à l'égard de celui qui l'avait remplacé dans le cœur de Joanne existait forcément elle aussi. Et que dire de la blonde qui, lui assénant sans relâche son bonheur sans nuages à chacune de leurs conversations, sans chercher à l'épargner ou peut-être même avec la volonté de le narguer ... Il l'écoutait, aujourd'hui, et elle n'avait pas le discours d'une femme heureuse. Alors à quoi bon. Il écoutait, toujours, sa main resserrant celle de Joanne tandis qu'elle reprenait « Je comptais récupérer Daniel à la crèche, et c'est là qu'il est venu et qu'il a pris mes poignets pour me plaquer contre la voiture. Il me faisait vraiment mal. Et il me crachait dessus tout ce qu'il pouvait penser de moi. Il disait que je suis une enfant gâtée pathétique, une minable qui n'est jamais satisfaite et totalement butée. Il ne supportait pas ma jalousie. Idiote ingrate, il disait que je le rendais malade, que je lui donnais des envies de meurtre, que je n'arrête pas de me plaindre. Il a dit vraiment ... beaucoup de choses et ... Il m'a giflée, aussi. » Ce n'était pas ça, l'amour. Des insultes, des menaces, et la violence physique comme on passerait ses nerfs sur une poupée de chiffons ... Non, l'amour ce n'était pas ça. Et à cet instant cela le rendait malade que quelqu'un ose prétendre aimer Joanne en la traitant aussi mal. « Mais je suis quand même rentrée, je n'ai nulle part où aller, et je ne veux pas priver Daniel de son père. On en a discuté plus platement par la suite, et c'est là qu'il a voulu annuler notre mariage. Il a même retiré la bague que je lui avais offerte et l'a enfilé dans la chaîne de son cou. Je ne sais pas ce que je suis supposée comprendre. » Est-ce que c'était vraiment tout ce qui lui importait ? Après tout ce qu'elle venait de dire, est-ce que cette histoire de vague était vraiment ce qu'il y avait de plus important ? « S'il n'est pas capable de te respecter, cette bague devrait être le cadet de tes soucis. » Tout comme l'idée de l'épouser, en définitive. Un mariage ce n'était pas un pansement ou une solution à un problème ... Et Joanne et sa vision si romantique, si traditionnelle de cet engagement, c'était impossible qu'elle ne remarque pas cela.
Elle avait marqué une pause, séchant maladroitement ses larmes, puis était venue le saisir de sa seconde main le regard toujours brillant. Plein de cette détresse dont elle semblait ne plus savoir quoi faire. « Je suis une horrible personne. Je ne voulais pas en parler à mon psy, j'avais peur que ça prenne des proportions énormes. Tu es la seule personne qui ... qui sait tout ça. » Ses doigts s'étaient resserrés autour de ceux de la blonde, et il avait agité doucement la tête. Ça ne le dérangeait pas, d'être finalement celui à qui elle décidait de parler ; Mais cela l'inquiétait en revanche, l'idée qu'en dehors de son psy elle n'ait jamais trouvé personne susceptible de l'écouter jusqu'à maintenant. « Tu devrais pas rester là-bas Jo' ... pas si tu n'es pas entièrement certaine que vous êtes en sécurité toi et ton fils, et de ce que tu me dis de toute évidence c'est pas le cas. » A en juger par la volatilité dont son fiancé semblait faire preuve, en la secouant comme un prunier et en parlant "d'envies de meurtre" ... Hassan en avait la chair de poule, rien que d'y penser. « Y'a vraiment personne chez qui tu pourrais aller quelques jours, au moins le temps de ... je sais pas, réfléchir ? Et te reposer un peu. » Elle semblait à bout de nerfs. Marquant une pause, semblant chercher la manière de formuler ce qu'il avait à dire pour ne pas risquer de la braquer. « Il avait déjà agi comme ça avec toi, avant ? Les insultes et ... le reste. » La violence, qu'elle soit au sens propre ou au sens figuré. « Parce que c'est pas ... on traite pas les gens comme ça. Il a pas le droit de te traiter comme ça, c'est tout. » Sa main, entre celles de Joanne, tremblait légèrement et il était venu y ajouter la seconde, a gorge nouée. « Et faire ou dire quelque chose qui ne lui a pas plu ça ne fait pas de toi quelqu'un d'horrible, Jo'. Il a le droit d'être en colère, il a le droit de ne pas être d'accord, mais ça lui donne pas le droit de te parler comme ça ou de lever la main sur toi. » Et lui ne l'avait pas quittée pour qu'elle termine entre les griffes d'un type comme ça. Il l'avait quittée pour qu'elle soit plus heureuse, pas pour qu'elle termine sous la coupe d'un gars qui avait besoin de la violence ou des menaces pour imposer ses idées.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Au premier acoup, Joanne n'était pas franchement rassurée. Elle savait qu'il avait une certaine réserve vis-à-vis d'elle par rapport à leurs derniers échanges. Hassan préférait écourter cette conversation là, en lui disant que ce n'était pas le sujet, pour l'instant. A côté de cette énorme boule au ventre qu'elle avait déjà, une autre s'était formée. Elle n'était pas vraiment sereine. Mais Joanne avait avant tout besoin de partager avec quelqu'un ce qui pesait bien trop lourd pour ses petites épaules. Et elle lâchait tout ce qu'elle avait sur le coeur. Il n'y avait pas un seul moment où Hassan s'était permis de l'interrompre. Et dire qu'aux fois précédentes, elle lui assurait qu'elle était heureuse. A se demander si elle ne le verbalisait juste pour se persuader que c'était vai. Joanne ne savait plus où elle en était. Elle sentait la main de son ex-mari serrer u n peu plus la sienne, alors qu'elle continuait de sangloter sans relâche. Elle en avait bien trop sur le coeur pour parvenir à retenir quoi que ce soit. Selon lui, elle ne devrait pas se soucier de la bague que Jamie portait autour de son cou. Et dans toute l'histoire, Joanne ressentait énormément de culpabilité. Et elle restait à la maison, avec Daniel. Elle n'avait pas vraiment le coeur à s'occuper de la fondation en ce moment. Forcément, la décision plus décente serait de quitter la maison, d'aller ailleurs. C'était la première chose dont son ex-mari pensait, mettant en avant les bons arguments. "Mais... Il fait attention à maintenir une sorte de... distance entre nous. Nous n'avons plus aucun contact physique depuis..." Elle haussa les épaules. "Je dors dans la chambre d'amis pour le moment." C'était mieux que rien. Mais le beau brun poussait Joanne à réfléchir. Elle secoua négativement la tête pour répondre à sa question. "Sophia est partie... Et je ne me vois retourner chez mes parents. Leurs regards seraient insupportables. Ils jugent facilement quand ils veulent, tu te souviens ? A faire la moral, à... Enfin le genre de choses dont je n'aurai pas vraiment besoin à l'heure actuelle..." finit-elle par répondre. Il était vrai que Joanne était épuisée, elle ne dormait pas très bien la nuit et mangeait peu. Comme toutes les fois où elle n'allait pas bien. Selon Hassan, le comportement de Joanne n'excusait en rien les violences de son prétendu fiancé. Pour lui, ça ne passait absolument pas. "Insultée à ce point, non... Il y a eu une fois l'année dernière où il m'a bousculée, mais je sais qu'à ce moment là, il n'était pas lui-même." Elle ne pouvait l'expliquer, mais elle le savait. Joanne finit par poser la tête sur l'épaule de son ex-mari, épuisée par toutes ses émotions. Elle était perdue. Puis, une pensée d'un tout autre genre apparut dans son esprit. Elle pensait qu'elle pourrait annoncer à Hassan que sa grand-mère était décédée. Il la connaissait bien, ils s'appréciaient tous les deux. Ils allaient la voir de temps en temps à Perth lorsqu'ils étaient mariés. La jeune femme se trouvait dans une impasse, elle ne savait plus vers où avancer, ni ce qu'elle devait faire. Joanne restait longuement silencieuse, appréciant la chaleur d'Hassan. Elle réalisait que ça lui avait manqué. "Tout était si simple avec toi. Nous n'aurions jamais vécu cette extrême." finit-elle par dire au bout d'un moment. "Avec Jamie, tout est allé si vite. Je me suis laissée emportée par le courant. Au début, c'était assez plaisant, mais... c'était trop vite." Il suffisait de voir combien d'années Hassan et elle avaient attendu avant déchanger leurs alliances. "Et dans tout ça, j'ai comme l'envie de me rattraper, de faire en sorte qu'il veuille toujours de moi, je..." C'était inexplicable, mais plus fort qu'elle. Il y eut encore un long moment de silence, Joanne se cherchait toujours des solutions. "Dis-moi que tu es heureux, Hassan. Que tu aies pu trouver quelqu'un qui te plaît." dit-elle tout bas. "S'il ne pouvait y avoir qu'un de nous deux qui puisse véritablement être heureux, j'aimerais que ce soit toi." lui dit-elle en toute sincérité. Sur le moment, leur couple leur manquait, leur vie à deux. Elle se souvenait à quel point ils étaient heureux tous les deux. Et ça lui manquait énormément. Joanne ne faisait pas partie de ces personnes capable de vivre seules.
Hassan se sentait un peu décontenancé devant les révélations de Joanne, et peinait à savoir quel comportement il était supposé adopter, ce qu'il était censé dire, ou faire. Il craignait que sa colère, une colère calme, soit mal interprétée ou que des mots maladroitement choisis donnent à tort l'impression qu'il tentait de profiter d'une situation qui n'avait pourtant rien de profitable. Il avait eu le cœur brisé en la sachant heureuse avec un autre, suffisamment heureuse pour lui donner l'impression d'avoir oublié l'amour qui les avait liés pendant presque une décennie, avant cela ... et maintenant, paradoxalement, il avait le cœur brisé de la savoir malheureuse parce que ce n'était pas ce qu'il souhaitait pour elle. Ce n'était pas pour ça qu'il avait décidé de divorcer, c'était même tout le contraire. « Mais ... Il fait attention à maintenir une sorte de ... distance entre nous. Nous n'avons plus aucun contact physique depuis ... Je dors dans la chambre d'amis pour le moment. » Est-ce que c'était censé le rassurer ? Parce que cela ne fonctionnait pas. Elle était toujours à portée de sa main, de sa gifle, et lui pouvait toujours passer à loisir ses nerfs sur elle ou lui jeter dieu sait quoi à la figure si l'envie lui en prenait. « Sophia est partie ... Et je ne me vois retourner chez mes parents. Leurs regards seraient insupportables. Ils jugent facilement quand ils veulent, tu te souviens ? A faire la morale, à ... Enfin le genre de choses dont je n'aurai pas vraiment besoin à l'heure actuelle ... » Hassan avait senti un léger pincement au cœur en apprenant que Sophia était partie. Où, jusqu'à quand, il n'avait pas osé poser la question mais se demandait si elle l'était déjà les quelques fois où Hassan l'avait évoquée et où Joanne n'avait rien dit à ce sujet. « Je comprends. » avait-il repris d'une voix douce « Même si ... tu restes leur fille, tu sais. Au bout du compte je suis sûr que tout ce qui leur importe c'est que tu ailles bien, et leur petit-fils aussi. » Et Hassan n'avait pas souvenir que les parents de Joanne soient de si mauvais bougres. Exigeants, sans doute, avec une vision des choses un peu figée ... Mais des parents aimants, malgré tout.
Il avait pensé trouver une certaine demi-mesure en tentant de s'assurer que l'écart de conduite du fiancé de Joanne était une première, et que peut-être en mettant de côté les préjugés que son ancien voisin avait développé chez lui il verrait les choses de manière - un peu - moins alarmiste. Mais au lieu de le rassurer, la blonde avait fini par admettre « Insultée à ce point, non ... Il y a eu une fois l'année dernière où il m'a bousculée, mais je sais qu'à ce moment là, il n'était pas lui-même. » Lui-même ou non, l'homme n'en était pas à son coup d'essai, et c'était tout ce que retenait Hassan. « Et je parie qu'il t'avait promis qu'il ne recommencerait pas. » Le ton malgré lui un peu amer, tant au fond tout cela était à pleurer de banalité et pareil à ces histoires sordides qu'on entendait parfois dans les faits divers. Il avait laissé échapper un soupir triste, et tenté de ravaler son trouble lorsque la jeune femme était venue poser sa tête contre son épaule. « J'avais une voisine, dans mon ancien appartement. » avait-il finalement repris à voix basse, après plusieurs secondes de silence. « Leela. J'ai pas mis longtemps à comprendre que quelque chose clochait parce que les murs de cet immeuble étaient fins comme du papier à cigarettes, et je savais très bien ce que j'entendais. Mais elle avait toujours une excuse, elle avait loupé une marche, glissé dans la douche, ou s'était mangé une porte ... j'ai mis des semaines à la convaincre que ça pouvait pas continuer. Jusqu'au jour où on s'est retrouvés dans un couloir des urgences, elle parce qu'il a débarqué à son bureau avec un couteau de cuisine, et moi parce que le "connard de voisin" que j'étais méritais une bonne raclée pour l'avoir persuadée de s'en aller. » Et tout ça pourquoi, en fin de compte, pour que ce mec ne soit jamais inquiété et puisse continuer tranquillement sa petite vie pendant que Leela préférait fuir plutôt que de porter plainte. « Ce que je veux dire c'est que ... » Sa seconde main était venue se poser contre celles de Joanne « Je voudrais pas qu'il t'arrive la même chose. Que tu te blâmes et que tu te persuades que c'est la dernière fois, qu'il s'en prenne encore à toi et qu'un jour tu sois obligée de fuir pour de bon, sans te retourner. » Comme l'avait fait Leela, en fin de compte. Volatilisée, alors juste pour Hassan l'espoir muet que où qu'elle soit ce soit en sécurité.
Lentement, et un peu malgré lui, sa tête était venue se poser contre celle de la jeune femme, sans que leurs mains se soient lâchées. Il se demandait quel était le but de tout cela, à quoi cela rimait si elle et lui se retrouvaient tous les deux dans une impasse. « Tout était si simple avec toi. Nous n'aurions jamais vécu cette extrême. » Il n'avait rien répondu ; Jusque-là il s'était senti perdant au jeu de la comparaison, presque insignifiant. « Avec Jamie, tout est allé si vite. Je me suis laissée emportée par le courant. Au début, c'était assez plaisant, mais ... c'était trop vite. » Sans doute, c'est vrai. Mais au fond Hassan ne croyait pas au coup de foudre, ou au fait d'aimer aveuglément. Éperdument, oui, mais seulement sur la durée, en prenant son temps. En apprenant à aimer tout ce qui faisait l'autre, de ses plus belles qualités à ses plus mauvais défauts ... on n'apprenait pas cela en un claquement de doigts, à ses yeux. « Et dans tout ça, j'ai comme l'envie de me rattraper, de faire en sorte qu'il veuille toujours de moi, je ... » L'échine se raidissant légèrement, il avait tenté de moduler l'amertume dans sa voix en faisant tout de même remarquer d'un ton un peu sévère « C'est lui qui a dépassé les bornes, c'est lui qui devrait tout faire pour se rattraper. » Et s'il ne voulait plus d'elle, s'il avait l'audace de ne plus vouloir d'elle après l'avoir traitée comme un objet sur lequel on passait ses nerfs, alors il ne la méritait pas. « Dis-moi que tu es heureux, Hassan. Que tu aies pu trouver quelqu'un qui te plaît. » Leurs mains s'étaient détachées, celles d'Hassan echappant à celles de Joanne comme à défaut de pouvoir échapper à la conversation, et à l'amertume qu'elle provoquait chez lui. « S'il ne pouvait y avoir qu'un de nous deux qui puisse véritablement être heureux, j'aimerais que ce soit toi. » Il avait senti un frisson lui parcourir le dos, une sorte de sueur froide, et sa voix tenait plus du murmure tant sa gorge s'était nouée « Tu sais très bien que la réponse à cette question nous ferait du mal à tous les deux. » Parce que non, bien sûr que non, il n'était pas heureux. Il était moins malheureux qu'il ne l'avait été quelques mois plus tôt, il ne l'était sans doute plus suffisamment pour commettre un autre geste désespéré ... Mais il continuait de se demander si un jour il réveillerait autrement que vaguement triste. « Je suis pas comme toi, Jo'. Tu t'es nourrie de la déception et de la haine que j'ai du t'inspirer en te quittant pour tourner la page, et je te le reproche pas ... Mais pour moi ça peut pas fonctionner comme ça. J'ai continué à t'aimer même après le divorce, et sans doute bien après que tu m'aies oublié. Je sais pas ce que je suis supposé faire de ça. » Il s'était relevé pour faire quelques pas à travers la pièce, avant d'aller se poser près de la baie vitrée. Spike était couché dans l'herbe ; Il se dorait la pilule au soleil. « Ça m'a fait du mal, que tu insistes sur à quel point tu étais heureuse et amoureuse de lui ... comme si tu cherchais à me punir, en me prouvant que quelques mois avec lui surpassaient ce que nous on a mis presque dix ans à construire. » avait-il finalement admis, la voix un peu tremblante et son regard ne quittant pas le jardin. « Et maintenant ça me fait d'autant plus mal de savoir que ce n'était pas entièrement la vérité. » Que ce n'était pas un bonheur vierge et sans nuage tel qu'elle avait maladroitement voulu le faire croire, à un Hassan sans doute trop déboussolé pour envisager un seul instant en douter.
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S'être ainsi déchargée soulageait les frêles épaules de Joanne. Même si Hassan ne pouvait pas être le plus subjectif qui soit étant donné leur situation, il restait une oreille attentive, une présence qui avait beaucoup manqué à son ex-femme. Celle-ci ne se voyait pas retourner chez ses parents. Elle y serait encore moins heureuse, et elle aurait droit à des leçons de moral à longueur de journée alors que c'était loin d'être la meilleure manière qui soit pour que Joanne sorte la tête hors de l'eau. Hassan comprenait son point de vue, mais il essayait de voir le bon côté des choses. Ils restaient des parents avant tout et seraient certainement là si Joanne appelle à l'aide. Les circonstances étaient particulières. "Et ça serait comment, si je leur en parle ?" finit-elle par rétorquer, au bord des larmes. "Tu te souviens comme ils pouvaient tous être protecteurs avec moi. Ca ne fera qu'empirer si je leur raconte ce qui s'est véritablement passé." Et Joanne était persuadée de perdre toute notion d'indépendance pour elle. On recommencerait à décider pour elle ce qui était sensé être le mieux, et elle devra se contenter de suivre le mouvement. Donc non, aller en parler à ses parents n'étaient pas une option idéale à ses yeux. Le brun se demandait si c'était la première fois. Incapable de mentir, Joanne tentait d'argumenter en espérant qu'il comprenne que la fois précédente n'était pas comme celle-ci. La différence était notable. Pour Hassan, cela allait du pareil au même, et semblait peu convaincu. Il était même assez mauvais lorsqu'il repris la parole. "D'habitude, il tient vraiment ses promesses. Il y attache beaucoup d'importance." Mais il était venu à rompre celle-ci. Joanne se disait constamment que c'était de sa faute, si Jamie avait ainsi voulu surpasser ses propres promesses. Hassan racontait une de ses expériences, de ce qu'il avait vécu avec ses voisins. Certainement pour faire comprendre à la petite blonde que le même scénario pouvait se retranscrire sur elle, et il ne tenait pas à ce que ça se termine de la même façon. "Je ne fais que m'en vouloir, depuis." avoua-t-elle. "Mais je ne sais pas s'il le refera. Il n'a pas tenu sa promesse, et nous ne savons plus vraiment ce que nous sommes, alors je ne sais pas..." Aucun des deux n'était capable de définir ce qu'ils étaient exactement. Il était certain qu'ils n'étaient plus fiancés. Mais pouvait-on encore parler d'un couple ? Il n'y avait rien pour décrire leur statut de leur relation à l'heure actuelle. Hassan se montra plus affectueux avec elle, en posant simplement sa tête sur la sienne, ou en surplombant ses deux petites mains avec la sienne. Selon lui, c'était à Jamie de se rattraper, pas à elle. Joanne n'était pas de cet avis, mais elle n'en dit rien. Elle espérait vraiment pour son ex-mari qu'il ait pu trouver une voie lui permettant d'effleurer le bonheur. Elle lui posait la question, et il lui répondit avec une phrase qu'elle n'aurait pas voulu entendre. Ca l'attristait davantage. "Je ne t'ai pas haï, Hassan. Je n'ai pas été déçu non plus." lui affirma-t-elle. Joanne le regardait faire quelques pas. "Le seul sentiment qui me traversait tous les jours, c'est l'incompréhension. Je ne comprenais pas pourquoi tu voulais divorcer. Et j'ai eu plus d'un an pour m'imaginer tous les scénarios possibles, je mettais en revue tout ce que j'aurais du me reprocher. Je me demandais ce que j'avais bien pu faire pour que tu ne veuilles plus de moi. Mais je peux te promettre sur n'importe quoi, qu'il n'y a pas eu un seul moment où je t'ai détesté. Pas un seul. Et la question prévalente qui revenait sans cesse dans ma tête, c'était : pourquoi ?" Joanne fut profondément touchée par ses mots, lorsqu'il avait dit qu'il avait encore longuement aimé après le divorce. "Je t'assure que je ne voulais pas te blesser en disant tout ça. Je me suis dit que tu serais satisfait d'entendre que j'ai pu tourner la page. Je ne voulais pas te faire du mal." Elle n'avait pas de raison de le punir de la sorte, selon elle. La jeune femme voyait bien qu'il n'avait toujours pas tourné la page, qu'il ne savait pas où il en était. Que Joanne soit heureuse ou malheureuse, dans les deux cas, Hassan ne semblait pas trouver satisfaction. Un long moment de silence régna. Il avait les yeux rivés à l'extérieur, sur son chien qui lui n'avait pas vraiment de soucis. Un excellent moyen de fuir cette pair d'yeux bleus. Joanne finit par se lever et elle s'approcha de lui. Elle prit délicatement son visage entre ses mains pour qu'il la regarde. "Ca n'a pas surpassé nos dix ans d'amour, Hassan." dit-elle doucement, en caressant sa joue avec son pouce. "On ne peut pas dire que l'un surpasse l'autre, ce n'est pas quelque chose qui se mesure. Tu y as peut-être pensé parce que Jamie m'offrait constamment des cadeaux hors de prix. Il suffisait que je lui demandais quelque chose pour qu'il me le ramène dans la seconde. Oui, il aimait passionnément, et il se fiche complètement de ce qui est raisonnable." Il pouvait se le permettre, en tout cas. "Mais il y a toujours le revers de la médaille. En semaine, nous ne nous voyions presque pas parce qu'il rentrait tard du travail. Il y avait très régulièrement des soirées mondaines, et je n'y étais jamais vraiment à l'aise..." Elle haussa les épaules, et soupira. Inutile de mentionner les violences, il les avait déjà en tête de toute façon. "Tu étais là, Hassan. Tu étais toujours là. Tu étais même presque tout le temps à la maison avant moi le soir, alors que je rentrais à des heures tout à fait correctes. Il y avait aussi des cadeaux, il y avait aussi énormément d'amour. Et ce n'est pas comparable." Malgré la tristesse qui était une émotion qui était quotidienne pour elle, Joanne le regardait avec tendresse. "Je ne veux pas que tu crois que j'ai tiré un trait et mis aux oubliettes notre vie à deux, Hassan. Au contraire, j'en chéris chaque souvenir, ça me rappelle à quel point j'étais heureuse avec toi. Et je n'en regrette aucune seconde. Aucune." Joanne l'embrassa alors sur la joue, puis passa ses bras au-dessus de ses épaules pour l'enlacer.
D'ordinaire Hassan évitait de s'aventurer sur le terrain parfois glissant des parents, se sachant manquer cruellement d'objectivité entre la culture dans laquelle il avait été élevé et où les parents avaient une place presque intouchable, et le fait qu'il avait perdu les siens assez jeune. Preuve en était qu'il avait maladroitement tenté de prendre la défense de ceux de Joanne - dont il ne gardait pas un mauvais souvenir - quand la blonde, elle, semblait persuadée qu'il ne s'agissait ni plus ni moins que d'une mauvaise idée. La voyant au bord des larmes Hassan avait finalement préféré ne pas insister, non sans envisager l'hypothèse probable que le nouvel homme de Joanne n'était peut-être pas entièrement au goût des parents exigeants et protecteurs de la jeune femme. Mais alors le problème restait le même, Joanne semblait n'avoir personne chez qui trouver refuge le temps que l'orage passe, condamnée à rester sous le même toit que celui qui la mettait dans cet état, à ne pouvoir qu'espérer sur des promesses probablement vaines. « D'habitude, il tient vraiment ses promesses. Il y attache beaucoup d'importance. » avait pourtant objecté Joanne, Hassan presque agacée qu'elle tente d'excuser l'inexcusable. Il avait l'impression d'avoir de nouveau affaire au même scénario, de revoir Leela et ses excuses, Leela et son refus de voir la réalité en face, et il craignait que l'issue puisse être la même elle aussi. La seule différence étant qu'Hassan se souciait de Leela parce qu'il était une personne dotée d'empathie ; Ses sentiments pour Joanne, eux, allaient bien au-delà de l'empathie citoyenne et désintéressée. « Je ne fais que m'en vouloir, depuis. Mais je ne sais pas s'il le refera. Il n'a pas tenu sa promesse, et nous ne savons plus vraiment ce que nous sommes, alors je ne sais pas ... » Il n'y avait bien qu'elle qui pouvait répondre à cette question, pourtant. Quant à lui il avait préféré ne rien répondre, pas de nature à condamner injustement, et certain que ses propres sentiments influençaient sa vision de la situation.
Joanne, de son côté, avait préféré faire dériver la conversation vers lui, et le regard d'abord fuyant c'était tout son corps finalement qui avait réclamé qu'il mette un peu de distance et l'avait exilé à l'autre bout de la pièce, près de la porte-fenêtre menant au jardin. « Je ne t'ai pas haï, Hassan. Je n'ai pas été déçue non plus. » Elle aurait pu, pourtant. Elle aurait du, même, et c'était sans doute pour cela qu'Hassan n'avait jamais envisagé qu'il en soit autrement « Le seul sentiment qui me traversait tous les jours, c'est l'incompréhension. Je ne comprenais pas pourquoi tu voulais divorcer. Et j'ai eu plus d'un an pour m'imaginer tous les scénarios possibles, je mettais en revue tout ce que j'aurais du me reprocher. Je me demandais ce que j'avais bien pu faire pour que tu ne veuilles plus de moi. Mais je peux te promettre sur n'importe quoi, qu'il n'y a pas eu un seul moment où je t'ai détesté. Pas un seul. Et la question prévalente qui revenait sans cesse dans ma tête, c'était : pourquoi ? » À lui elle n'avait jamais posé la question, pourtant. Pas à l'époque du moins, le pourquoi était venu plus tard, lorsque tout avait été terminé et qu'elle et lui s'étaient retrouvés sur des chemins séparés. « Je ne savais pas quoi faire d'autre. » avait-il finalement repris, la gorge un peu serrée, et le regard quittant l'herbe ensoleillée du jardin pour retrouver le visage de Joanne. « J'étais mort de trouille, quand le diagnostic est tombé. J'ai eu des centaines d'occasions de t'en parler mais c'était jamais le bon moment, t'avais l'air tellement heureuse, j'avais pas envie d'être celui qui gâche tout ... » Il avait marqué une pause, pour tenter de contrôler sa voix qui s'enrouait, tremblante « Et puis y'a eu le Nouvel An à Perth, où tu m'as dit que ce que tu voudrais c'était qu'à la même période l'année suivante on soit trois, et je ... comment j'étais supposé te dire que l'année suivante à la même période on serait peut-être même plus deux, parce que je serais peut-être plus là ? » Il avait croisé les bras, et haussé doucement les épaules. La suite elle la connaissait.
Il s'était appuyé à nouveau contre la vitre, osant s'expliquer à demi-mot sur la pointe de rancœur qu'il ressentait à son égard, et l'incapacité que cela représentait pour lui de pouvoir envisager sérieusement passer à autre chose, "trouver quelqu'un" ou tout bêtement réapprendre à être heureux. Sur cette impression que lui jeter à la figure ce bonheur sur papier glacé n'était, à défaut d'une totale honnêteté, qu'une façon pour elle de le punir. « Je t'assure que je ne voulais pas te blesser en disant tout ça. Je me suis dit que tu serais satisfait d'entendre que j'ai pu tourner la page. Je ne voulais pas te faire du mal. » Il s'était contenté d'un sourire triste en guise de réponse, laissant à nouveau son attention se perdre dans le jardin. Peut-être que cela n'avait pas été fait consciemment ; Peut-être que son inconscient s'était chargé de ce que sa gentillesse exacerbée l'empêchait de faire sciemment. Il n'avait pas bougé en entendant Joanne se lever, ni au bruit de ses pas lorsqu'elle avait traversé la pièce pour venir se planter devant lui. « Ça n'a pas surpassé nos dix ans d'amour, Hassan. » Incité par la manière dont elle avait pris son visage entre ses mains, il avait lentement laissé ses iris remonter pour croiser son regard « On ne peut pas dire que l'un surpasse l'autre, ce n'est pas quelque chose qui se mesure. Tu y as peut-être pensé parce que Jamie m'offrait constamment des cadeaux hors de prix. Il suffisait que je lui demandais quelque chose pour qu'il me le ramène dans la seconde. Oui, il aimait passionnément, et il se fiche complètement de ce qui est raisonnable. » Bien sûr, qu'il y avait pensé. La seule chose qu'Hassan était en mesure d'offrir sans compter c'était les fleurs, et il n'aspirait pas forcément à plus, mais cela ne le classait clairement pas dans la même catégorie « Mais il y a toujours le revers de la médaille. En semaine, nous ne nous voyions presque pas parce qu'il rentrait tard du travail. Il y avait très régulièrement des soirées mondaines, et je n'y étais jamais vraiment à l'aise ... » Il avait fini par décroiser lentement ses bras, se donnant probablement l'air moins renfrogné face à la conversation « Tu étais là, Hassan. Tu étais toujours là. Tu étais même presque tout le temps à la maison avant moi le soir, alors que je rentrais à des heures tout à fait correctes. Il y avait aussi des cadeaux, il y avait aussi énormément d'amour. Et ce n'est pas comparable. » Ses lèvres s'étaient pincées tandis qu'il baissait à nouveau les yeux, incertain que ressasser ces souvenirs soit ce qu'il y avait de plus judicieux pour lui actuellement, en fin de compte.
Lentement il avait fini par décroiser les bras, laissant par la même occasion ses épaules jusque-là crispées se détendre un peu. Il avait frissonné lorsque les mains de la blonde avaient glissé de ses joues jusqu'à sa nuque pour passer ses bras autour de ses épaules. « Je ne veux pas que tu crois que j'ai tiré un trait et mis aux oubliettes notre vie à deux, Hassan. Au contraire, j'en chéris chaque souvenir, ça me rappelle à quel point j'étais heureuse avec toi. Et je n'en regrette aucune seconde. Aucune. » Un soupir à nouveau, tristesse ou résignation, il ne savait pas trop ... parfois il avait juste cet horrible sentiment de gâchis, en comparant ce à quoi il avait renoncé et ce qu'il lui restait désormais. « J'aimerais pouvoir être comme toi. » Un peu par habitude, ses bras avaient fini par entourer sa taille tandis qu'elle déposait sur sa joue un baiser qui lui serrait le cœur. « Repenser à tout ça en me sentant autre chose que continuellement triste. » Il aurait aimé être autre chose que continuellement triste de manière générale, en réalité. Les idées noires s'estompaient peut-être au gré des cachetons multicolores que lui faisait avaler son psy, mais le blues lui continuait de s'installer, durablement. « Parfois je me dis que ça aurait été plus simple si ... les choses s'étaient terminées comme prévues. » Terminées pour lui, du moins. Sa gorge s'était serrée à peine les mots échappés de sa bouche, pourtant, en prenant conscience de ce qu'il était en train de dire. Qasim et Yasmine le renverraient en psy de force, s'ils l'entendaient. Secouant vaguement la tête, comme pour chasser cette pensée de son esprit, il avait déposé un baiser sur son front, là où commençaient les premières mèches blondes « Promets-moi que tu vas faire attention à toi ... » Il murmurait maintenant, sans trop savoir pourquoi. « Promets-moi que tu le laisseras pas te faire de mal. Je ne veux pas revenir à Brisbane et découvrir qu'il t'est arrivé quelque chose en mon absence. » Il en avait déjà des tonnes, des angoisses à propos de son départ, de son absence, et il avait beau lui demander une promesse au fond cela ne changerait rien au fait que la sécurité de Joanne venait de se rajouter à la longue liste.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne avait bien compris que pour le beau brun, la seule issue idéale qu'il fallait adopter le jour où il avait appris pour son cancer était le divorce. Elle avait compris sont intention de la sauver et de lui épargner une douleur tout en sachant que sa femme ne le supporterait, qu'elle n'en survivrait pas. En y repensant, Joanne se voyait dégringoler après le décès d'Hassan. Le seul homme qu'elle ait jamais aimé. Certes, il lui avait causé beaucoup de peine en demandant le divorce, mais cela était moins pire à ses yeux que de la forcer à rester avec lui, alors qu'il aurait été sur son lit de mort. Ils rêvaient tous les deux de fonder une famille, c'était sur leur bouche depuis leur mariage, et même un peu avant. Et alors que Joanne rêvait de tomber enceinte, il n'arrivait tout simplement pas à lui annoncer qu'il ne serait plus là dans les mois qui viennent. Il ne voulait tout simplement pas entacher le bonheur de sa femme, et c'était une excuse on ne peut plus légitime. Joanne fut touchée par ses paroles, et elle le regarda avec tendresse. Hassan ne résista pas lorsqu'elle s'était levée pour prendre délicatement son visage entre les mains. Elle voulait être sûre qu'il l'écoute bien, mais surtout, qu'il la croit. Joanne n'avait aucune raison de lui mentir concernant tout ceci, maintenant qu'il connaissait le pire de Jamie. Hassan ne fit que peu de commentaire sur tout ce que racontait la petite blonde, et cela angoissait cette dernière. Elle voyait bien qu'il était triste, qu'il peinait à esquisser le moindre sourire, si ce n'est un rictus forcé et peu joyeux. Cette fichue maladie l'avait sacrément retourné, et Joanne espérait tellement pouvoir l'aider. Faire en sorte qu'il remonte la pente. Il disait espérer être comme elle, ne pas se sentir nostalgique en repensant à leur vie de couple. Joanne lui sourit avec tendresse. Sa main caressait délicatement sa joue, avec affection. Elle était un peu surprise qu'Hassan finisse par entourer la taille de la jeune femme de ses bras. C'était quelque chose qu'il faisait énormément lorsqu'ils étaient en couple. Sans trop comprendre pouruqoi, le coeur de Joanne s'accéléra sensiblement à ce moment là. Pour rien au monde, elle n'allait s'enlever de là. "Tu as vécu beaucoup de choses, Hassan. Des choses, qui incitent à aller vers le bas, et à ne broyer que du noir. Ca transforme des souvenirs heureux en des souvenirs qui nous attristent et qui nous poussent à regretter cette période là, où nous avions absolument tout pour être heureux. S'il le faut, je bourrai ton crâne avec ma manière de voir les choses jusqu'à ce que je puisse voir un sourire sur ton visage." Sa dernière phrase, Joanne le lui avait avec un large rictus, et même un petit rire. Elle voulait tant le revoir sourire à nouveau, elle réalisait combien ça lui manquait. Son coeur se serrait lorsqu'il lui avoua qu'il aurait préféré mourir que de continuer à vivre ainsi. Il en était à ce point là. Joanne n'allait pas juger, elle avait aussi de nombreuses idées noires, Jamie le voyait tous les jours. Elle avait aussi des idées aussi extrêmes par moment. Hassan l'embrassa affectueusement sur le front. Les gestes qu'ils avaient l'habitude d'avoir se multipliaient depuis qu'elle était entrée dans cette maison, et ce n'était pas pour lui déplaire. Joanne réalisait à quel point ça lui avait manqué. Encore une fois, ce n'était pas comparable à l'affection de Jamie. C'était différent, c'est tout. Hassan vint à lui demander qu'elle fasse attention à elle, qu'elle se défende si Jamie venait à recommencer. Elle l'interrogea du regard, se souvenant alors de ce dont ils avaient parlé à la clinique vétérinaire. "Tu y vas, finalement, c'est ça ?" lui demanda-t-elle la gorge serrée. Etrangement, Joanne n'avait aucune envie de le voir partir, cela lui serrait le coeur au possible. Après quelques secondes de silence, Joanne baissa les yeux. "Je te le promets." Elle savait qu'il voulait l'entendre, mais que ce n'était pas suffisant pour qu'il parle l'esprit tranquille. "Mais... tu ne vas pas y rester indéfiniment, pas vrai ? Tu n'y resteras pas longtemps, si ?!" Elle espérait au fond d'elle-même que ce ne soit que quelques jours, quelques semaines, rien de plus. "Je n'ai soudainement pas très envie que tu partes." lui dit-elle avec un sourire triste, clairement forcé. Elle se frotta les yeux qui venaient tout juste d'accueillir de nouvelles larmes. La petite blonde l'enlaça et se blottit alors contre lui. Ca ne lui rappelait que de beaux souvenirs. Bien que divorcés, elle supportait très mal cette séparation soudaine. Joanne ne savait pas quoi dire d'autre. Elle était bien, dans ses bras. De longues minutes de silence s'imposèrent, mais ce n'était pas si gênant que ça. Ils aimaient tous les deux le calme. "Tu vas me manquer." lui dit-elle finalement. Joanne se redressa afin de pouvoir le regarder dans ses yeux. "J'aimerais tellement te revoir sourire." Il souriait tout le temps avant. "Et je sais que je te reverrai sourire." Elle en était sûre. Joanne s'était à nouveau mise à caresser sa joue d'une main, lui avait toujours ses bras autour de sa taille. Elle le regarda avec tendresse, et sans qu'elle ne comprenne ce qu'il s'est véritablement passé, leurs lèvres finirent commencèrent par s'effleurer avant qu'elles ne se touchent plus franchement. Là, Joanne réalisait combien il lui avait effectivement manqué, et qu'elle ne s'était jamais réellement remise de leur divorce.
C'était un peu difficile à expliquer, ça l'était d'autant plus face à Joanne qui n'avait pas toutes les cartes en mains et à qui il manquait certaines informations, sinon essentielles, au moins majeures pour comprendre ce qui se tramait dans la tête du brun. Ce n'était pas simplement le divorce, c'était de ne plus savoir quoi faire de ses dix doigts, de ne plus avoir de projet ou de but dans la vie ... comme s'il vivotait, plutôt que de vivre réellement. Comme s'il avait perdu le mode d'emploi, celui qui lui permettait avant de tomber malade de savoir profiter des plaisirs simples et de ne jamais s'inquiéter de l'avenir ... C'était facile de ne pas s'inquiéter, quand on ne savait pas encore les crasses que l'avenir pouvait réserver, mais un peu naïf aussi, peut-être. « Tu as vécu beaucoup de choses, Hassan. Des choses, qui incitent à aller vers le bas, et à ne broyer que du noir. Ça transforme des souvenirs heureux en des souvenirs qui nous attristent et qui nous poussent à regretter cette période là, où nous avions absolument tout pour être heureux. S'il le faut, je bourrai ton crâne avec ma manière de voir les choses jusqu'à ce que je puisse voir un sourire sur ton visage. » Il y en avait bien eu un, un vague sourire comme Hassan en servait parfois désormais, lorsqu'il n'avait le cœur qu'à acquiescer sans y croire. Obstinée, Joanne n'avait pas perdu ce trait de son caractère. Et ce constat le rassurait, quelque part, sans qu'il ne sache trop pourquoi ... peut-être la vague - et fausse - impression qu'au milieu de tout cela quelque chose au moins n'avait pas changé.
Il avait répondu au geste de tendresse de Joanne par un autre, par facilité ou par habitude, ou bien simplement parce qu'il y trouvait quelque chose de rassurant auquel il parvenait à s'identifier. D'où son angoisse à l'idée de ce qui pourrait advenir durant son absence, de ce qu'il adviendrait et de ce qu'il pourrait découvrir à son retour. « Tu y vas, finalement, c'est ça ? » Il avait acquiescé d'un battement de paupières et d'un vague signe de tête « J'ai besoin de changer d'air. » C'était presque une question de vie ou de mort, dans un sens, et c'était sans doute nécessaire pour empêcher que sa relation avec Yasmine finisse par imploser dans sa dynamique actuelle. « Je te le promets. » Il avait acquiescé à nouveau, pas rassuré pour autant mais néanmoins reconnaissant à Joanne de prendre son inquiétude au sérieux. « Mais ... tu ne vas pas y rester indéfiniment, pas vrai ? Tu n'y resteras pas longtemps, si ?! » Prestement il avait secoué la tête, à chaque fois surpris qu'on l'imagine capable de s'éloigner durablement de Brisbane, de sa Brisbane. « Un semestre, peut-être deux. Je n'ai pas encore vraiment décidé. » Et il ne déciderait pas avant d'avoir tâté le terrain et de s'être fait une opinion une fois sur place. « Je n'ai soudainement pas très envie que tu partes. » Troublé par cette confession, ainsi que par les quelques larmes qui avaient suivi, il avait laissé ses bras remonter et se refermer autour des épaules de Joanne tandis qu'elle venait se blottir contre lui, ses lèvres frôlant ses cheveux blonds et ses narines s'imprégnant de leur odeur comme on respirait une odeur qui semblait familière. « Tu vas me manquer. » Il n'avait rien répondu, certain qu'elle le pensait mais beaucoup moins en revanche qu'il en serait ainsi, dans les faits. Elle s'était habituée à son absence.
Et peut-être au fond s'était-il habitué à la sienne, aussi. Pas de la même manière, pas en étant parvenu à trouver un bonheur similaire ailleurs, mais en s'habitant à cette solitude si, si elle ne lui plaisait pas, lui paraissait moins insurmontable qu'il ne l'aurait pensé à une époque plus ancienne. « J'aimerais tellement te revoir sourire. Et je sais que je te reverrai sourire. » Elle y croyait plus que lui, elle y croyait même probablement plus que toutes les personnes auxquelles il tenait et d'y penser il avait senti sa gorge se serrer tellement fort qu'il n'aurait pas été capable de répondre, si tenté qu'il ait trouvé quoi dire. Il préférait généralement le silence à l'aveu de son désespoir latent. Il préférait poser son front contre celui de Joanne et fermer les yeux plutôt que d'affronter son malheur habituel. La main de Joanne contre sa joue l'avait pourtant persuadé de les rouvrir et de constater mollement la proximité déraisonnable dans laquelle ils se trouvaient désormais et dont il n'avait pas réussi à se défaire malgré tout. Sa tête lui ordonnait de retrouver une distance plus raisonnable et de relâcher son étreinte sur la jeune femme et pourtant il n'en faisait rien, et sentait l'attraction qui tentait de réunir leurs deux visages prendre l'ascendant sur le reste. Les lèvres de Joanne il les connaissaient par cœur, elles n'avaient aucun secret pour lui et pourtant il avait l'impression de les découvrir tandis qu'elles frôlaient les siennes, s'y attardaient, s'y attachaient. Sa main gauche, remontée jusqu'à la nuque de la jeune femme, semblait les pousser à tenter plus, s'enivrer du souffle de l'autre, chercher ses lèvres, sa langue, et se confronter aux souvenirs qui en étaient forcément ravivés.
Il avait repensé aux poignets de Joanne. Sans savoir pourquoi, mais soudainement l'image de ses bras bleutés, meurtris par une attitude trop brusque et inadaptée lui était revenue en tête et il avait eu un mouvement de recul. Léger, pas suffisant pour qu'il ne relâche l'étreinte de ses bras autour d'elle ou cesse de sentir son cœur à elle cogner dissolument contre son torse à lui. « Attends, non ... » Demandé dans un murmure presque plaintif et tandis que son front glissait à nouveau contre celui de Joanne avec mélancolie, Hassan avait fermé les yeux de peur sans doute de céder à nouveau aux lèvres de la blonde. « Fais pas ça. » L'une de ses mains s'était frayée un chemin jusqu'au visage de la jeune femme, son index glissant avec douceur contre sa lèvre inférieure tandis qu'il reprenait la voix toujours aussi serrée « Je veux pas être un pansement, Joanne. » Un pansement sur sa relation brinquebalante avec Jamie, un shoot de facilité pour s'empêcher momentanément de songer au chaos que semblait être sa vie actuellement. Un bout de sparadrap qui n'empêchait pas à une plaie béante de saigner, et qui ne voulait pas finir rougi par le sang d'une bataille qui n'était pas la sienne.
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Joanne pouvait comprendre qu'il ressente le besoin de s'éloigner un peu de Brisbane, bien que ce ne soit que temporaire. Il avait traversé beaucoup de choses, et peut-être avait-il besoin de s'isoler un peu pour mieux se remettre en question et espérer à avancer. Elle se surprenait elle-même de lui avouer qu'il allait lui manquer. Une déclaration spontanée mais on ne peut plus sincère. En quelques minutes, ils s'étaient tous les deux beaucoup rapprochés physiquement. Cela avait commencé lorsque Joanne lui avait prit délicatement son visage entre ses deux afin d'avoir toute son attention. Hassan avait fini par passer les bras autour de sa taille et il ne semblait pas vouloir s'éloigner d'elle pour le moment. C'était insensé, incompréhensible. Elle n'était pas la seule fautive. Le magnétisme opérait véritablement des deux côtés, faisant voir ce doux mirage comme une évidence. Mais ça ne restait qu'illusoire, alors que le baiser, lui, était bien là. Et il durait, il gagnait en intensité en crescendo sans que l'un comme l'autre ne puisse s'en éloigner. L'une des mains d'Hassan avait même fini par se poser sur le nuque de son ex, comme s'il ne voulait pas qu'elle lui échappe, qu'elle n'interrompe pas cet instant qui semblait être en dehors du temps. Elle ne saurait pendant combien de temps il s'était embrassé, mais cela devait certainement se compter en minutes. Au bout d'un moment, Hassan eut un mouvement de recul, le juste nécessaire pour rompre le contact avec ses lèvres. Un trop brusque retour à la réalité qui fit vite comprendre à Joanne la gravité de cet. Comme la gravité de toutes les autres. L'entendre à nouveau parler lui brisa le coeur. L'entendre dire qu'elle ne faisait que l'utiliser pour s'extirper un tant soit peu de sa situation complexe par un baiser ne lui faisait que rappeler quelle horrible personne elle était. Et tout ne devenait que des regrets. Ses iris bleus se bordèrent à nouveau de larmes, son corps s'était mis à trembler. Elle ne le comprenait pas. Il venait de la rejeter, voilà qu'il venait frôler sa lèvre inférieure avec son index. Joanne n'avait même pas besoin de cligner des yeux pour que les larmes coulent toutes seules. "Je suis..." Elle sentit sa gorge se serrer. Désolée, Confuse. Les adjectifs qu'elle aurait pu utiliser étaient nombreux. "...une horrible personne." A contrecoeur, elle se défit de son étreinte. Elle était bien, dans ses bras. Joanne fit quelques pas dans la pièce, en passant une main sur son visage. "Je ne fais que du mal aux personnes qui m'entourent. Toi, Jamie... Mes parents ne croient pas en ma relation avec Jamie. Sophia su anticiper elle, elle est carrément partie." Une prise de conscience qui ne la faisait que tirer faire du mal. "J'aurais du sentir que ça n'allait pas lorsque tu as demandé de divorcer. J'aurais du le ressentir, pas vrai ? J'aurais du savoir que je ne te faisais que du mal depuis qu'on s'est revu. Et là encore, je fais n'importe quoi." dit-elle en sanglotant, repensant à leur baiser. "Et depuis que je suis avec Jamie, je ne fais que des erreurs. C'est moi qui ruine à chaque fois notre couple, parce que... je ne sais pas. Il y a des fois où je pense bien faire et ça tourne au désastre. Et... et c'est aussi ça qu'il me reproche. Que je ne fasse que ressasser, que je n'arrive tout simplement pas à me faire une raison et... continuer." Joanne ne savait plus vraiment pourquoi elle disait tout cela. "Et je sais qu'il attend des choses de moi, pour que lui et moi puissions avancer. Mais on ne fait que stagner parce que je ne sais pas quoi faire. Et je sais que ça nous fait du mal à tous les deux, mais je ne sais pas quoi faire, ni quoi dire. Je sais qu'il ne croit plus en moi, et il ne veut certainement plus me faire confiance." Elle était surtout perdue, plus que jamais. "Et tout ça, ça me fait comprendre que... je suis le problème. Et qu'il vaudrait mieux que tout le monde reste éloigné de moi, parce que je ne fais que du mal." La solitude n'était clairement pas la meilleure solution pour une personne pour Joanne, mais elle en avait assez de blesser, de voir Jamie triste et fou de rage à cause d'elle, et Hassan qui gardait un goût amer de leurs dernières rencontres. Elle ne pouvait plus appeler sa grand-mère pour lui demander des conseils, et elle devait se débrouiller toute seule. Et elle n'y parvenait tout simplement pas. Elle avait pourtant des journées entières pour réfléchir à comment faire pour qu'il y ait plus de communication entre elle et Jamie, elle et Hassan. Elle rêverait d'avoir de trouver des solutions. Mais la meilleure qu'elle avait trouvé était partir de Logan City et d'emménager ailleurs. "Je suis toxique, égoïste, et certainement pas fréquentable." Ca lui faisait beaucoup de mal de l'admettre, et elle se voyait déjà faire ses valises. Mais elle en avait assez de blesser Jamie, elle avait l'impression de l'empêcher de vivre par sa simple présence. Et cela allait être pareil pour Hassan, qui vivait désormais dans la même rue qu'elle. "Je ne voulais pas te faire de mal Hassan. C'est peut-être mieux que tu partes quelques mois et restes loin de moi. Je ne fais que tout empirer." dit-elle avec un regard qui lui suppliait de lui pardonner. "Je me demande si je ne devrais pas juste... partir." D'ici, de Logan City, de Brisbane, d'Australie, ou même quelque part où personne ne pourra venir la chercher. "Je ne veux pas... plus faire de mal à qui que ce soit. J'en ai assez de blesser les personnes qui me sont chères."
Hassan avait la faiblesse de ne pas avoir totalement fait le deuil de la personne qu'il était avant son cancer, et en cela les lèvres de Joanne lui donnaient subitement la sensation de retrouver cette part de lui-même qui lui manquait. A ce baiser qu'il aurait du connaître sur le bout des doigts, pourtant, il trouvait une sensation inconnue et déroutante, un sentiment de sécurité - celle d'avancer en terrain connu - chamboulé par celui de faire une bêtise monumentale. Ses réflexes, eux, ne se posaient pas tant de questions, preuve en était de la main venue glisser contre la nuque de la blonde pour l'attirer un peu mieux à lui, et du baiser en lui-même que l'un autant que l'autre avaient laissé suivre son cours un moment avant d'être subitement ramenés à la raison par les remords du brun. Elle s'était promise à un autre, qu'il semble ne pas s'en montrer digne ne changeait rien à la situation inconfortable dans laquelle elle venait de se mettre, et Hassan était désormais suffisamment au parfum de son propre état psychologique pour savoir que de se matérialiser comme le moment de faiblesse de Joanne lui ferait plus de mal que de bien. « Je suis ... une horrible personne. » Son cœur s'était serré, et bien qu'à l'origine de ce revirement de situation il avait laissé la blonde lui échapper à regrets tandis qu'elle fuyait son étreinte et tournait le dos pour faire quelques pas. « Je ne fais que du mal aux personnes qui m'entourent. Toi, Jamie ... Mes parents ne croient pas en ma relation avec Jamie. Sophia su anticiper elle, elle est carrément partie. » Il comprenait mieux la rancœur dont Joanne avait fait preuve à l'égard de ses parents quelques instants plus tôt. Le départ de Sophia en revanche le décevait profondément, parce qu'en quittant Joanne c'était sur elle qu'Hassan comptait pour empêcher la blonde de se laisser gagner par la mélancolie. « J'aurais du sentir que ça n'allait pas lorsque tu as demandé de divorcer. J'aurais du le ressentir, pas vrai ? J'aurais du savoir que je ne te faisais que du mal depuis qu'on s'est revu. Et là encore, je fais n'importe quoi. » Il avait baissé la tête avec tristesse, un peu abattu, mais avait néanmoins fait les quelques mètres qui le séparait à nouveau de la jeune femme.
Arrivant dans son dos il avait posé ses mains sur ses épaules avec douceur, et les avait laissé glisser sur le haut de ses bras sans rien dire. Il n'avait jamais eu à la consoler ou à la rassurer de cette manière, jusqu'à présent ; Sans doute parce qu'ils n'avaient jamais eu à gérer de grosses crises à l'époque où ils étaient ensembles. Quelques petites disputes pour des broutilles, comme tous les couples, mais jamais de grosse querelle, probablement parce que ce n'était dans leur tempérament ni à l'un ni à l'autre. « Et depuis que je suis avec Jamie, je ne fais que des erreurs. C'est moi qui ruine à chaque fois notre couple, parce que ... je ne sais pas. Il y a des fois où je pense bien faire et ça tourne au désastre. Et ... et c'est aussi ça qu'il me reproche. Que je ne fasse que ressasser, que je n'arrive tout simplement pas à me faire une raison et ... continuer. » Ses doigts s'étaient resserrés légèrement autour de ses bras, comme si le sujet déjà sensible à ses yeux prenait une dimension d'autant plus brûlante, coincé entre les larmes de Joanne, ses bleus, et le goût de sa bouche toujours présent sur ses lèvres. « Et je sais qu'il attend des choses de moi, pour que lui et moi puissions avancer. Mais on ne fait que stagner parce que je ne sais pas quoi faire. Et je sais que ça nous fait du mal à tous les deux, mais je ne sais pas quoi faire, ni quoi dire. Je sais qu'il ne croit plus en moi, et il ne veut certainement plus me faire confiance. » Et pourtant lui n'avait pas perdu la confiance de la blonde, semble-t-il, face à lui elle se faisait poupée de chiffon comme s'il était le seul à pouvoir exiger, à pouvoir imposer. C'était elle qui avait des bleus sur les bras mais c'était elle qui versait des larmes de culpabilité. « Et tout ça, ça me fait comprendre que ... je suis le problème. Et qu'il vaudrait mieux que tout le monde reste éloigné de moi, parce que je ne fais que du mal. Je suis toxique, égoïste, et certainement pas fréquentable. » Raisonnable ou non, Hassan avait fini par laisser ses mains quitter les épaules de Joanne, seulement pour mieux passer ses bras autour d'elle et presser son dos contre lui dans l'espoir de calmer un peu les sanglots qui la secouaient légèrement. « Shhht ... » Il murmurait à son oreille, et la berçait comme on bercerait une enfant après un cauchemar. « T'as surtout l'air triste, Jo. » avait-il repris dans un murmure, son menton posé contre l'épaule de la jeune femme. « Triste, et paumée, et c'est tout sauf un bon mélange. » Hassan était bien placé pour le savoir, et pour savoir les conséquences que cela pouvait avoir, sur soi-même mais aussi sur l'entourage.
Desserrant un peu son étreinte pour la persuader de se retourner, il avait essuyé les larmes qui coulaient sur ses joues, et forcé un sourire sur son visage comme pour essayer d'en déclencher un sur celui de la blonde. Sans grand succès, cela dit, Joanne parvenant tout juste à calmer ses sanglots pour reprendre d'une voix un peu plus posée « Je ne voulais pas te faire de mal Hassan. C'est peut-être mieux que tu partes quelques mois et restes loin de moi. Je ne fais que tout empirer. » Il ne chercherait pas à la contredire parce qu'elle avait en grande partie raison, il avait besoin de s'éloigner un peu, de prendre le large. « Ça ne sert à rien de te torturer l'esprit avec ça ... c'est fait, on ne peut pas revenir en arrière. Et c'est pas uniquement à cause de ça ... Ça a été une année compliquée, globalement. Pour moi et pour ceux qui ont été obligés de me subir. » Il y avait eu ses retrouvailles avec Joanne au milieu de tout cela, bien sûr, et elles avaient indéniablement eu des répercussions sur lui et ses difficultés à gérer sa dépression, mais il n'y avait pas de cause unique. Sa dépression était un véritable mille feuilles d'émotions et d'événements. « Je me demande si je ne devrais pas juste ... partir. Je ne veux pas ... plus faire de mal à qui que ce soit. J'en ai assez de blesser les personnes qui me sont chères. » Laissant ses joues, les mains d'Hassan avaient glissé à nouveau sur les épaules de son ex-femme, un léger sourire fendant son visage et se voulant rassurant « Peut-être que ça te ferait un peu de bien, oui. Pas de partir définitivement, fuir les ennuis ne les fera pas disparaître ... mais prendre un peu de temps pour toi, changer un peu d'air. » Quelque part où elle pourrait ne penser qu'à elle et cesser quelques jours de se laisser parasiter par tout ce qui lui pesait ou lui faisait du souci. « Pourquoi tu ne pars pas quelques jours chez ta grand-mère avec le petit ? Elle ne te poserait pas de questions, si tu n'as pas envie de parler ... » Du moins c'était le souvenir qu'il en gardait, celui d'une personne douce et qui avait à cœur de ne pas brusquer autrui, et surtout pas Joanne.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il y avait certainement beaucoup de choses qui avaient changé chez Hassan. Il avait du traverser énormément d'événements, et être confronté à sa maladie. Ca changeait un homme, ces histoires là. Mais cela n'empêchait pas Joanne de le reconnaître. De voir qu'il n'était pas si différent de l'homme avec qui elle s'était mariée. Il était toujours aussi calme, et tendre. Qu'il s'agisse d'un instant de faiblesse ou non, Joanne avait apprécié de pouvoir l'embrasser à nouveau. Elle se sentait très coupable de ressentir une telle chose. Il était si tendre et affectueux avec elle, malgré le divorce et leur étrange relation depuis qu'ils s'étaient recroisés. On ne pouvait pas dire qu'il n'avait pas aimé ce baiser, parce qu'il avait fait en sorte qu'il soit prolongé, jusqu'à ce qu'il se rend compte de leur erreur. Ils y avaient trouvé un certain réconfort, un sentiment et des sensations familières qui leur avaient manqué. Mais trop remuée par ce retour à la réalité, Joanne se défit de son étreinte bien qu'elle s'y sentait bien pour faire quelques pas dans le séjour. Sa tirade ne semblait pas révulser le beau brun puisque celui-ci s'approchait de lui et n'hésita pas un seul instant à avoir un contact physique avec elle, même minime. Il finit tout de même par l'étreindre en restant dos à elle. Il murmurait près de son oreille dans le but de la calmer et d'apaiser son chagrin. Sa chaleur et sa tendresse lui avaient tant manqué, c'était agréable. Sa voix était calme, douce, il chuchotait afin de ne pas perturber le calme des lieux. Il semblait savoir de quoi il parlait. Joanne lui fit finalement face, et son ex-mari prit le temps d'essuyer ses joues pleines de larmes. "Comment fais-tu pour... éviter de ressasser ? De se dire que c'est comme ça, et que l'on ne peut rien y faire. Je n'y arrive pas." Parce que c'était véritablement le principal problème de Joanne. Le soucis, c'est que parfois, ces réflexions lui donnaient raison. Hassan ressentait le besoin de partir, avouant que l'année passée avait été compliquée pour lui. Il pensait qu'il serait mieux pour elle qu'elle se détache un peu, qu'elle parte temporairement de la ville. Il n'avait pas certainement compris que l'idée de partir d'une toute autre manière avait légèrement effleuré l'esprit de son ex-femme. Joanne était triste et paumée, il avait raison. Mais elle était aussi désespérée. Elle ne savait plus ce que c'était, prendre du temps pour elle. Si elle partait avec Daniel, elle s'occuperait de lui à longueur de journée. Sa gorge se serra et elle baissa la tête lorsqu'il mentionna sa grand-mère. Sa suggestion partait d'une bonne attention, Hassan savait parfaitement combien elle était chère à ses yeux et que Joanne se sentait en sécurité chez sa grand-mère. Cette dernière avait aussi adoré Hassan, il était toujours la bienvenue. La petite blonde sourit tristement, tentant de retenir ses larmes. "Elle est... Elle est plus là." lui dit-elle tout bas. Joanne frotta rapidement ses yeux. "Elle est décédée la semaine dernière. Elle avait un cancer des poumons, et elle a préféré vivre avec plutôt que de se laisser tuer à petit feu par de la chimiothérapie. Elle ne voulait pas qu'on la considère autrement, alors elle n'en avait parlé à personne." C'était certainement la meilleure solution. Avec son âge avancé, les traitements médicaux l'auraient certainement achevé. "Je comptais retourner là-bas, pour récupérer quelques affaires qui lui appartenaient et qui me sont chères. Avant que mes parents ne mettent la maison en vente." Joanne hoqueta, et un long silence s'imposa entre eux quelques minutes. Hassan ne s'attendait certainement pas à ça. Mais Joanne n'avait nulle part où aller. Et ce n'était pas ces quelques jours à ressasser des souvenirs avec sa grand-mère qui allaient être de tout repos. Joanne se maudissait d'avoir tant envie de l'embrasser à nouveau à chaque fois qu'elle voyait ses lèvres. Elle avait trouvé un réconfort et tant d'affection dans le baiser qu'ils avaient précédemment échangés. Avant d'être trop tentée, elle se blottit contre lui. Sa chaleur aussi, lui avait manqué. La jeune femme logea longuement son visage dans son cou pendant de longues minutes. Ca l'apaisait, d'être tout contre lui. Sans trop savoir pourquoi, elle se mit à repenser à l'enfant qu'ils auraient pu avoir ensemble. Elle aurait tant aimé ce bébé. Mais il n'était pas là, la grossesse fut rapidement abrégée. Ils avaient passé dix ans d'amour ensemble, et ils voulaient finir par fonder une famille. Un échec cuisant qu'elle tolérait, comme chacune de ses fausse-couches. Surtout pour une femme qui était prédestinée à être mère. Lorsqu'elle redressa son visage, il était à nouveau bien trop proche de celui d'Hassan. Elle avait mis ses mains autour de sa nuque, et plongea son regard dans le sien. Son front s'était également posé sur le sien. Rien de toute ceci n'était correct, et pourtant ils étaient là à ne pas vraiment vouloir se détacher l'une de l'autre. Comme s'ils retrouvaient enfin une complicité qui avait été longuement perdu. Cette même complicité qui faisait qu'ils arrivaient à tout se dire, et qu'ils se faisaient confiance. Deux choses qui ne s'était apparemment pas perdues avec le temps et l'éloignement. Et ces sentiments qui avaient rapidement disparu une fois qu'elle avait rencontré Jamie semblaient renaître très doucement de leurs cendres.