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 It feels like there's oceans between you and me + ELISABETH

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Message(#)It feels like there's oceans between you and me + ELISABETH EmptyLun 26 Sep 2016 - 13:23

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Elisabeth & Gauthier

« Je viens avec toi tonton ? »  Ollie lève sa petite main en l’air, le sourire radieux et la mine encore endormie, il sait que Gauthier ne peut jamais rien lui refuser quand il le regarde comme ça. « Evidement que tu viens avec moi bonhomme ! Je t’ai même acheté quelque chose pour l’occasion. »  Il s’absente quelques secondes et revient avec une planche en mousse regardant l’extase se dessiner sur le visage du petit garçon avec une certaine fierté.   « Va faire du surf ! Comme toi ? »  C’est la nouvelle lubie de Gauthier, le surf. Depuis quelques semaines le peu de temps libre qu’il a, il le passe dans les vagues, délaissant un peu sa montagne, il sait pourtant qu’il la retrouvera vite. Le surf est une passion passagère, une extravagance dictée par son humeur actuelle. Perfectionniste jusqu’au bout des doigts il prendra le temps qu’il faut pour devenir bon – pour se satisfaire avant de retourner à sa passion première puisque c’est elle qui dicte sa vie depuis toujours. « Oui comme moi ! Vas vite enfiler un maillot de bain je t’attends. » Il n’a pas peur Gauthier parce qu’Ollie est un vrai poisson dans l’eau. Il a été jeté dans le bassin presque à sa naissance et il adore ça – puis il sera là pour le surveiller. Déjà la petite frimousse du garçon réapparaît, dans l’agitation du moment il a mis son maillot à l’envers et Charlie et Gauthier ne manquent pas de se moquer un peu de lui, rien de méchant, les deux hommes ont à cœur d’offrir à Ollie une bonne éducation – celle un peu stricte qu’ils ont reçu mais évidement ils sont loin des techniques d’éducation de leur parents, la tendresse guidant leurs gestes bien plus que la détermination à ressembler à une famille parfaite.   « On y va tonton ? » Pas le temps de finir de déjeuner que déjà le petit garçon tire son T-shirt puis sa main pour l’emmener jusqu’à la voiture. Pour l’occasion Gauthier c’est aussi acheté une planche en mousse – aujourd’hui il n’est pas question de s’entrainer mais de passer du bon temps avec son neveu. « Tu es sûre que tu ne veux pas venir ? »  Il dépose un baiser sur la tempe de sa sœur – Ollie suppliant pour pouvoir faire la même chose il le soulève du sol pour l’amener jusqu’à la tempe de sa mère qui en profite pour le couvrir de bisous.   « Je suis sûre, amusez vous bien tous les deux, je vais en profiter pour réviser, j’ai beaucoup de travail. »  Theo a recommencé des études et c’est un job à plein temps, toute la famille s’en est bien rendue compte.

Il est encore tôt quand les deux Hazard-Perry arrivent à la plage – quelques surfeurs sont déjà présents mais les familles dorment sans doute encore. Ils installent leur serviette avant de faire la course jusqu’à l’eau leur planche sous le bras. C’est Ollie qui gagne de quelques secondes, Gauthier ayant fait mine de se prendre les pieds dans la lanière de la planche. Il tape dans la main de son neveu fier de lui – un sourire étendant son visage. C’est un homme bien différent de celui que ses collègues travail connaissent qu’il laisse entrevoir avec sa famille et encore plus avec Ollie. Pas aussi strict, pas aussi bourru et hautain, il n’a rien à prouver avec lui – rien à cacher non plus. Après avoir montré au petit garçon quelques techniques tous les deux rentrent dans l’eau – les vagues sont hautes aujourd’hui c’est pourquoi ils ne s’éloignent pas trop de la rive. Gauthier restant proche de son neveu pour l’aider à prendre les vagues. Après plusieurs minutes Ollie semble fatiguer un peu – mais aussi entêté que peuvent l’être les Hazard-Perry il ne veut rien lâcher et finalement c’est Gauthier qui le fait sortir en lui promettant de faire le plus gros château de sable de la plage.

Une fois dehors de l’eau les deux garçon se posent sur le sable, le temps qu’Ollie reprenne un peu son souffle. Et c’est là que le regard de Gauthier se pose sur elle. « Elisabeth ? » Il blanchit d’un coup, en perd presque ses moyens, ce qui est si rare chez lui. Il a l’impression de voir un fantôme et pourtant il sait qu’elle est revenue ici depuis plusieurs semaines. Daniel lui a dit – le suppliant même d’aller la voir pour plaider sa cause ce qu’il s’est refusé à faire. Gauthier se lève d’un coup – droit comme un « i » comme à son habitude il reste tout de même un instant interdit – ses yeux se posant sur elle. Tout lui revient comme à chaque fois qu’il la voit, son odeur, sa peau si douce sous ses doigts, son souffle contre ses lèvres, ce baiser… Il refuse de se laisser envahir et fait quelques pas en avant pour aller dans sa direction – Ollie le suivant de près sans trop comprendre. Quand ils arrivent l’un en face de l’autre il y un silence – sans doute un peu trop long – tous les deux arrêtés sur la plage, ils se regardent. « Bonjour Elisabeth. » Il esquisse un faible sourire, mais pas une geste vers elle. Il lui semble qu’à son contact il redevient un peu plus froid comme si même la chaleur du soleil sur cette plage n’était pas capable de réchauffer leur relation qui était devenue glaciale après ce moment d’égarement dans le chalet il y a quatre ans. « C’est donc vrai tu es de retour à Brisbane. »  Daniel l’avait répété plus d’une fois et pourtant, tant que les yeux de Gauthier ne s’étaient pas posés sur elle, il lui semblait impossible d’y croire. « Est ce que c’est… Gabriel ? »  Cette fois il a un regard vers le petit garçon aux côtés d’Eli, un peu étonné, il a de la peine à croire que ça puisse être lui, il a tellement grandi. Pourtant il s’accroupit pour se mettre à sa hauteur.   « Salut toi ! Ce que t’as changé, tu ressembles de plus en plus à ta mère. »  Il lui fait un léger clin d’œil, évidement le petit garçon ne se souvient pas de lui – à son âge il ne peut pas lui en vouloir. Ollie à son tour fait un pas en avant vers Gabriel sans montrer aucune gêne pour sa part. « Toi aussi tu fais des châteaux de sable ? »  Un sourire se dessine sur le visage de Gauthier et il détourne le regard pour le reposer sur Elisabeth, toujours aussi belle, il le remarque presque à regret.   « Comment tu vas ? »  C’est sans doute un peu idiot comme question. Comme une femme trahit qui vient de quitter son mari et son pays…


Dernière édition par Gauthier Hazard-Perry le Mar 27 Sep 2016 - 4:28, édité 6 fois
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Message(#)It feels like there's oceans between you and me + ELISABETH EmptyLun 26 Sep 2016 - 21:00

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Gauthier & Elisabeth
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« Alors, qu’est ce que tu en dis ? » demande-t-elle dans un sourire.

Le bleu de l’océan s’étire à perte de vue. Le soleil encore pâle, mais déjà tiède du matin, chauffe le sable blanc sous leurs pieds nus et illumine les vaguelettes d’incroyables reflets mordorés. Une brise légère emmène avec elle l’odeur de liberté venant du large où scintillent au loin les coques des bateaux de pêcheurs probablement déjà en mer depuis de longues heures. Sur la plage déserte, il n’y a qu’eux, Gabriel et Elisabeth. L’heure matinale, en particulier un samedi, motive sûrement les familles à rester sous la couette et les plus courageux, malgré les températures idéales, ont tout de même abandonné le navire. Non pas que cela déplaise à la jeune femme. Après tout, elle n’aspire qu’à un peu de tranquillité en compagnie de son fils et devoir zigzaguer entre les serviettes et les parasols encombrant la plage n’est pas vraiment sa vision de la sérénité.
Depuis son retour en Australie, il y a de cela quelques mois, la cadette des Moore-King a à cœur de faire découvrir à son petit garçon de quatre ans sa vie d’avant. Sa vie avant l’Angleterre. L’océan, la mer, il les a déjà vus. Mais pas comme ça. Lui ne connaît que la Manche, l’Océan Atlantique et la Mer du Nord ayant accompagné les quelques déplacements professionnels de ses parents à travers l’Angleterre. Il ne connaît que ces flots gris et mornes aux teintes semblables au ciel nuageux et tristes. Il ne connaît que cette mer morose où l’on ne peut se baigner qu’en été, que lorsque le soleil brille assez fort, et que l’on ne craint pas trop le froid. Ici, le printemps est clément et permet déjà de se tremper les pieds et de tenter quelques brasses, pour les plus hardis.

« C’est joli… » soupire le petit garçon.

La jeune femme déplie avec précaution la large serviette bariolée et sort de son sac en toile sceaux, râteaux en plastiques et petites pelles colorées. Puis, elle visse une casquette sur la tête de Gabriel qui, malgré ses protestations, finit par l’accepter.

« Que dirais-tu d’aller te tremper un peu les orteils ? » lui demande-t-elle en le chatouillant.

Ses éclats de rire l’encourage et elle l’attrape sous son bras droit. Ses esclaffements redoublent alors qu’elle s’approche de l’eau turquoise. Sa longue robe de plage beige se retrouve trempée en un clin d’œil. Gabriel se met en tête de l’éclabousser et elle rétorque, bien que plus gentiment. Elle ne voudrait pas qu’il attrape froid. Bientôt, les billes salées sont partout. Dans ses cheveux blonds, perdus dans ses cils et sur sa peau encore trop pâle du soleil malingre anglais. Le petit garçon rit tellement qu’il a dû mal à reprendre son souffle. Elle se rappelle soudain de cette enfance dorée qu’elle a eue, en compagnie de ses sœurs, évoluant sous les yeux vigilants et bienveillants de ses parents d’adoption. Elle se rappelle du moment où elle a appris à nager et des chamailleries entres Nina, Leah et elle lorsque leur père les emmenait dans une crique secrète pour jouer aux pirates. C’était à qui avait l’immense honneur et privilège de tenir l’immense volant de bois.
C’est finalement lorsqu’un frisson la prend qu’Elisabeth décide de sortir de l’eau en trainant un Gabriel la suppliant d’y retourner.

« Allons, on se sèche et nous y retournerons peut-être plus t- »

Elle s’interrompt en entendant son prénom. Son prénom prononcé par cette voix. Cette voix qu’elle avait pensée ne plus jamais écouter. Elle se fige, les pieds encore dans l’eau, sa robe claquant au vent derrière elle. La jeune femme finit par lever les yeux, croyant à peine à cette silhouette qui s’approche d’elle. Malgré le soleil qui tente de lui réchauffer les épaules, elle reste glacée jusqu’à l’os. Deux sentiments se battent. S’enfuir, prendre ses jambes à son cou en faisant mine de l’ignorer. Ou courir vers lui, effleurer son visage, se souvenir de ses doigts dans ses cheveux… Finalement, le temps qu’elle se décide, il est trop proche d’elle pour qu’elle décide de plonger dans l’océan et disparaître. Elle attrape le garçonnet sous les aisselles et s’avance maladroite vers la plage pour se sortir de l’eau. Ayant toujours été un brin timide, Gabriel s’accroche à sa jambe devant cette figure masculine inconnue.

« Bonjour Gauthier, » lui dit-elle, en lui rendant son salut gêné.

Pourtant, son maigre sourire se fane lors de sa mention sur son retour en Australie. Elle en fronce presque les sourcils, mais préfère pincer les lèvres.

« Comment es-tu au courant ? »

C’est presque une question rhétorique. Elle ne connaît qu’une personne qui puisse informer le banquier de son retour sur l’île l’ayant vu grandir. Daniel. Une bouffée de culpabilité l’envahit à nouveau, en particulier maintenant qu’elle se trouve en présence de Gauthier. Mais elle est également soucieuse. Qu’est ce que son époux a raconté ? A-t-il mentionné les raisons de son départ ? Probablement. Peut-être. Elle n’en sait rien. Elle finit par secouer la tête et balayer sa question d’un revers de main. Elle n’a pas envie d’entendre la réponse de sa bouche.

Lorsqu’il mentionne le nom de son fils, celui-ci se crispe d’autant plus, ne comprenant probablement pas pourquoi cet inconnu connaît son nom. Un soupir s’échappe de ses lèvres lorsqu’il mentionne leur ressemblance. Il est vrai que tous les deux partagent leurs yeux bleus, légèrement en amande et cette bouche rieuse qui semble toujours sourire. Pourtant, elle ne sait pas de qui il tient cette masse de cheveux bruns qui ne sont définitivement ni d’elle, ni de son mari. Des ancêtres inconnus, peut-être. Peut-être pas.

Focalisée sur Gauthier, Elisabeth n’a pas remarqué le petit garçon qui semble quant à lui totalement hermétique à la tension entre les deux adultes. La bouche bée, les yeux pétillants, elle se rend compte qu’il s’agit de son neveu. Elle se souvient encore des mentions de la sœur enceinte du trentenaire… Et voilà qu’il est là, sous ses yeux !

« Oh, tu dois être Oliver, n’est ce pas ? » sourit-elle chaleureusement. « J’en entendu parler de toi. Allez jouer tous les deux, j’ai apporté de quoi faire de vous de vrais petits architectes. Et sèche toi bien Gabriel. »

Les deux garçons s’en vont en trottinant vers la serviette tendue où ils s’installent avant de faire des tas de sable.
La dernière question de Gauthier et ses yeux l’informent qu’il sait. Et Elisabeth se sent soudain vulnérable. Elle ressert ses bras autour de sa poitrine. Sa robe humide n’aidant pas à se qu’elle se réchauffe.

« Je vais bien… J’imagine. »

Elle a à la fois envie de ne rien dire et de tout dire. Comment est-elle sensée réagir ? Pourquoi personne ne lui murmure-t-il les choses qu’il faut dire dans le creux de son oreille ?

« Te voir ici… C’est étrange, » souffle-t-elle, les lèvres ornées d’un sourire presque nostalgique. « La dernière fois que nous nous sommes vus, nous arpentions une montagne enneigée et… »

Elle s’interrompt net, les souvenirs la submergeant par vagues brutales et continues. Il s’en souvient, lui aussi. C’est certain.

« Et te voilà à la plage avec… une planche de surf ? Tu sais surfer ? »

Sa surprise est réelle. Comment un homme ayant grandi en Angleterre peut-il savoir surfer ? Ce soudain intérêt lui fait oublier sa gêne et un air taquin traverse son visage alors qu’elle lève un sourcil circonspect. Elle ne veut pas parler de Daniel, ni d’elle, ni de personne. Pas tout de suite. Pas encore. Pas avec Gauthier. Et tous les divertissements sont bons.  




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Message(#)It feels like there's oceans between you and me + ELISABETH EmptyMar 27 Sep 2016 - 5:02

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Elisabeth & Gauthier

Elle n’a pas changé Elisabeth, toujours ses cheveux longs qui flottent au vent, son léger sourire, ses petites fossettes qui se dessinent sous sa lèvres quand elle la pince un peu trop fort ou qu’elle éclate de rire aussi, puis ses yeux, ce regard dans lequel on se perd - dans lequel lui s’est laissé emporté si souvent. Gautier se laisse maintenant aller à la contempler un peu, ça fait si longtemps il avait presque oublié - oublié ce qu’il ressentait quand il l’a voyait cette émotion étrange qu’elle a toujours été la seule à lui provoquer à son grand regret. L’émotion non plus elle n’a pas changé toujours aussi présente - instantanément, dès qu’il pose son regard sur elle tout revient. Il tente de chasser les souvenirs mais c’est plus fort que lui… Rien ne semble avoir changé et pourtant. Ils sont loin de chez eux - loin de la relation qu’ils avaient quatre ans auparavant avant qu’ils ne fautent, avant que Gauthier ne quitte la ville pour fuir des sentiments qu’il se refusait d’avoir. Elisabeth avait dit oui à Daniel, elle s’était engagée, elle allait unir sa vie à la sienne et lui n’y trouvait plus sa place de toute façon. Celle d’un traite ? D’un faux ami ? Gauthier n’était pourtant pas un homme de remords - pas un homme de culpabilité. Elisabeth n’était d’ailleurs pas la seule femme prise qu’il avait connues - à bien y réfléchir peut-être n’avait il plus connu que ça depuis elle. Des femmes engagées dans des relations qui ne les rendaient pas heureuse mais qui n’attendaient rien de lui - rien de plus qu’un peu d’attention - qu’une caresse sur leur peau, que l’impression d’être désirée. Il pouvait leur donner ça, le désir. Rien de plus - jamais.

« Bonjour Gauthier, » C’est dans sa voix qu’il voit une première différence, une fêlure si légère qu’elle est a peine perceptible, puis tout le reste lui saute aux yeux d’un coup. Toutes les traces que les années ont laissé sur elle - une lueur un peu plus triste dans les yeux - des cernes un peu plus accentués, et ce léger rictus qu’il ne lui connaissait pas. C’est presque imperceptible si on n’y fait pas attention mais il a détaillé son visage tant de fois. Des regards furtifs qu’elle ne captait souvent pas et quand parfois pourtant, son regard croisait le sien, il avait le droit à un sourire.

« Comment es-tu au courant ? » La question d’Elisabeth le sort de sa contemplation. Il se focalise à nouveau sur le moment son regard se posant dans le sien. Tous deux connaissent la réponse à cette question. D’ailleurs elle balaye déjà son interrogation de la main. Puis il y a un léger silence pendant lequel il hésite et pourtant il finit par le dire. « Il m’a appelé quand il a su que tu revenais ici. » Pas pour le prévenir - juste pour le supplier de l’aider. D’aller plaider sa cause auprès d’Elisabeth de lui rappeler son amour pour elle. Gauthier en avait été incapable, il avait prétexté que ce n’était pas son rôle ce qui était vrai sans doute - encore plus au vu de leur passif. Il ne dit pas un mot de plus sur le sujet - quelque part il ne se sent pas légitime de toute façon. C’est le moment où il devrait prendre la défense de son ami - mais rien ne sort et son regard accroche le petit garçon qu’il reconnait à peine. Il l’a vu plus d’une fois en photo - sur skype et même en chair et en os lors de visite de la famille en Australie. Daniel venait avec son fils le visite - jamais avec elle - c’était sans doute mieux. Certains souvenirs doivent peut-être rester à leur place, enfouis dans les montagnes européennes.

Les enfants font connaissance et le temps d’un instant c’est tout ce qui semble compter. Tous deux les observes. Ce jeu d’enfant semble si simple. Ton prénom, mon prénom, on aime les deux le sable alors on est copain… C’est avec le temps que les choses se gâtent. « Oh, tu dois être Oliver, n’est ce pas ? J’en entendu parler de toi. Allez jouer tous les deux, j’ai apporté de quoi faire de vous de vrais petits architectes. Et sèche toi bien Gabriel. » Ils regardent les enfants partir et d’un coup ils sont seuls. Un face à face que Gauthier n’avait jamais envisagé, comme si il lui était interdit. Sa question est idiote un peu décalée sans doute car tous les deux savent maintenant qu’il est au courant de la situation, mais il n’a pas le courage de le dire clairement. Ca lui ressemble si peu cette faiblesse pourtant Elisabeth a toujours fait de lui un homme un peu différent - elle a cassé des barrière sans même avoir eu besoin de les forcer - comme si parfois les choses avec elle étaient une évidence. « Je vais bien… J’imagine. » Il sent bien que c’est un leurre. La phrase que l’on adresse pour rassurer l’autre mais il n’ajoute rien. Il voudrait s’approcher un peu et juste la toucher, lui dire qu’elle n’a pas à s’inquiéter mais il n’en sait rien. Alors il se tait…

« Te voir ici… C’est étrange, la dernière fois que nous nous sommes vus, nous arpentions une montagne enneigée et… » Il n’y a pas de suite et de toute façon il n’y a pas besoin de ça pour qu’un léger frisson le parcourt, que les souvenirs reviennent si brutalement à son esprit alors qu’il tente de rester de marbre. Ne laissant rien voir de son trouble. C’est son fort - masquer les émotions, parfois même les oublier. Il a appris avec les meilleurs, ses parents. « Et te voilà à la plage avec… une planche de surf ? Tu sais surfer ? » D’un coup son ton change, son expression aussi et lui aussi lui offre un petit sourire brandissant la petite planche qui ne lui serre pas à grand chose vu sa taille. « Pas avec ça pour sûr. » Il rit un peu et laisse tomber la planche en faisant un pas en avant pour combler le gouffre qui semble exister entre eux. D’un coup il est presque trop proche mais il ne bouge pourtant pas. « Mais oui, je surfe, un peu. Je ne suis pas très doué mais après quatre ans en Australie je me suis dit qu’il fallait que je m’y mette, et c’est plutôt sympa. » A première vu ça parait un peu surfait mais il aime bien. « Toi qui a grandi ici j’imagine que tu dois savoir dompter les vagues comme personne en Angleterre ? » C’est étrange de penser que c’est ici qu’elle a grandi - que c’est aussi ici qu’on a proposé un poste à Gauthier . Dans l’immensité du monde, il a fallu que ça soit Brisbane qui lui propose un poste. Aujourd’hui qu’elle est de retour ça lui semble un peu plus fou encore.

Il observe son visage et quelque chose attire son attention d’un coup. « Tu as du sable sur… » Il tend le bras ne se rendant même pas compte de ce qu’il fait et son doigt va casser le sable sur sa tempe pour l’en délester, un geste presque trop lent, il en profite pour sentir sa peau sous son contact, son regard dans le sien alors que seul le bruit des vagues et celui des deux enfants qui bataillent derrière se fait entendre. Puis sa main quitte son visage. « Désolé… Tu sais comment je suis. » Perfectionniste à la limite de la maniaquerie et pourtant même lui sait bien qu’il aurait pu laisser ces quelques grains de sable à leur place - qu’ils sont sur la plage - que c’est normal… Et que… C’était juste son besoin de la toucher à nouveau qui l’avait pris. Furtif et coupable, ce simple touché l’avait pourtant fait reculer d’un pas quand à nouveau son bras avait retrouvé place le long de son corps. « Je n’ai pas oublié la montagne pour autant, ça reste mon premier amour. Il y a d’ailleurs de magnifiques coins par ici… C’est différent de l’Europe mais je ne m’en plains pas. » C’est presque pour combler la conversation qu’il parle plus que pour vraiment lui dire quelque chose d’intéressant. « Tu grimpais déjà quand tu vivais ici ? » Lui il l’a toujours connue dans la montagne sans jamais lui demander pourtant comme lui était née son amour de l’alpinisme.
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Message(#)It feels like there's oceans between you and me + ELISABETH EmptyMar 27 Sep 2016 - 23:13

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Du coin de l’œil, Elisabeth vérifie que les deux garçons parviennent à arriver sans encombre à la grande serviette étalée. Gauthier étant plus grand qu’elle, il lui est difficile de garder un œil sur les deux petits bouts d’hommes et elle doit presque se mettre sur la pointe des pieds pour les observer par-dessus son épaule.  Obéissant, Gabriel se saisit d’une serviette éponge et essuie maladroitement sa tignasse humide. Il jette un regard à sa mère, s’assurant qu’elle est bien témoin de son petit exploit et lorsque ses yeux trouvent les siens, il lui adresse un sourire plein de fierté. Oliver quant à lui a déjà les mains dans le sable et entreprend de creuser un petit trou avec une pelle.

Elle reporte son attention sur Gauthier qui hésite à répondre à sa première question. Ses yeux d’acier semblent à la fois perdus dans le vague et la scruter avec attention. Ce sont ces yeux à la fois pénétrant et distant qui l’avaient intriguée lorsqu’ils s’étaient rencontrés pour la première fois. Là où Daniel n’est que sourires solaires et chaleureux, Gauthier amène cette aura étrange de mystère que l’avait toujours laissé désireuse d’en apprendre plus. Les personnalités des deux meilleurs amis sont si opposées l’une à l’autre qu’elles en deviennent complémentaires. Pourtant, il est encore difficile à croire pour la jeune femme qu’ils s’entendent. Même après ce qu’elle a fait avec lui, quand bien même son époux ignore tout de cette nuit qu’Elisabeth n’arrive pas à regretter malgré tous ses efforts et sa culpabilité. Elle aurait peut-être préféré qu’ils se détestent. Qu’ils se promettent de ne plus jamais se revoir. Cela aurait été plus simple pour elle. Mais après tout, elle est aussi en faute et les choses ne sont pas faites pour lui rendre la vie plus aisée.
Le silence la rassure. Elle ne veut pas l’entendre répondre. Elle n’en a pas besoin. Des yeux, elle le supplie presque de ne rien dire. Mais il ouvre la bouche tout de même.

« Il m’a appelé quand il a su que tu revenais ici. »

Il n’a pas besoin de prononcé un mot de plus. Si elle n’avait pas eu le moindre doute à l’instant même où le trader l’avait hélée, il lui semble prendre un nouveau coup dans l’estomac. Daniel lui a tout dit. Elisabeth craint de voir de la pitié danser dans les iris pâles du brun. Elle n’a pas besoin de ça. Si elle garde les aventures à répétition de son mari pour elle, c’est principalement pour cela. La jeune femme a sa fierté et que le simple fait que l’on s’apitoie sur son sort à coup de « ma pauvre… » ou de « ce n’est qu’un connard ! » la plonge dans un agacement profond. D’une part car elle n’a pas besoin de leur prétendue compassion et de l’autre parce qu’elle ne supporterait pas que l’on insulte son mari pour un dérapage qu’elle a elle-même commis il y a quelques années. De fait, elle prendrait autant l’offense pour elle que pour lui.

Elle prétend qu’elle va bien, mais Gauthier n’est pas dupe. Sentant que l’embarras la ressaisit à la gorge, elle sert un peu plus ses bras contre elle. Finalement, la distraction de la planche de surf les happe sans que Gauthier en demande plus et Elisabeth lui en est redevable. Exposer ses problèmes conjugaux est la dernière chose qu’elle souhaite. En particulier devant le trader.
Un rire sonore s’échappe de sa gorge lorsqu’il lui présente sa petite planche en mousse. Elle se rappelle que sa mère lui avait acheté la même pour ses sept ou huit ans.

« Je surfe un peu, » sourit-elle d’un léger rictus qui indique pourtant qu’elle ne surfe pas « qu’un peu ». « Je me défends disons. Mais je préfère la natation. »

Elle se rend compte qu’il s’est approché d’elle. D’un pas, l’air de rien. Et creuser le gouffre physique entre lui a semblé si naturel qu’elle ne l’a même pas remarqué. La jeune femme a étrangement l’impression d’être une bête sauvage que l’on craint d’approcher, mais également un dompteur qui appréhende l’avancé d’un animal.
Les yeux céruléens de Gauthier se fixent soudain sur sa tempe alors que sa main effleure sa peau. Celle-ci se met à frissonner à son contact. Ses doigts sont chauds contre son visage gelé. Avec le vent, ses longs cheveux couleur de soleil chatouillent son bras tendu. Son regard ne quitte pas le sien. Le temps reste suspendu et même si sa tête lui hurle de se soustraire à son contact, elle reste imperceptiblement appuyée contre cette caresse fugace, goûtant à nouveau des sensations qu’elle avait pris grand soin d’enfouir au plus profond d’elle. Elle s’était fait la promesse de ne jamais les exhumer. Et voilà qu’une fois encore, Gauthier réduit à néant des résolutions qu’elle pensait inébranlables. Lorsqu’il retire sa main, elle se surprend à soupirer. Son souffle de langueur nostalgique s’envole vers l’océan. Elisabeth semble reprendre conscience lorsque sa voix grave s’excuse dans le roulement des vagues. Elle secoue la tête et glisse une mèche de cheveux folle derrière son oreille tant en touchant sa tempe, comme pour s’assurer que cela est bien réel.

« Ce n’est rien, » dit-elle en clignant des yeux alors qu’il retrouve sa place originelle.

Coupable, elle l’est. Elle l’est depuis quatre ans. Elle ne s’est jamais habituée à ce sentiment désagréable et lancinant qui lui serre le cœur aux plus mauvais moments, mais l’avocate a appris à vivre avec.
Pour dissiper le malaise, il reprend de plus belle leur discussion. D’ordinaire peu bavard, Elisabeth se surprend à le redécouvrir.

« Ce n’est pas différent de l’Europe. C’est mieux que l’Europe, » le corrigea-t-elle, mutine. « Mais je ne suis pas objective. Pour moi l’Australie est le plus beau pays du monde. »

Se sont des badineries. Des paroles creuses qui ne lui ressemblent pas. Elle voudrait s’expliquer, lui expliquer… Il y a tant de choses à dire. Mais elle est freinée et les mots ne sortent pas de sa bouche.

« Pas vraiment, » avoue-t-elle alors qu’un nouveau frisson dresse les cheveux sur sa nuque. « J’étais plus attirée par l’océan à l’époque. La natation, le surf… L’alpinisme ne m’est venu que quand je suis arrivée en Europe. »

Lorsqu’elle a rencontré Daniel. Elle se mord la lèvre inférieure et détourne le regard. Fébrile elle se met à grelotter.

« D’ailleurs, il fait peut-être plus chaud ici qu’en Angleterre, mais si je ne me sèche pas, je vais geler jusqu’à ce que mort s’en suivre, » plaisante-t-elle.

D’un mouvement de tête, elle l’invite à la suivre alors qu’elle regagne l’ombre du parasol auprès des deux garnements occupés à construire puis à détruire leurs châteaux de sable.

« On s’amuse bien ? » leur demande-t-elle en enveloppant son corps dans une deuxième serviette bien épaisse.

Ils acquiescent vivement. Elisabeth s’agenouille près de la petite glacière imprimée d’étoiles de mer et de mouettes pour en sortir trois petites boîtes comprenant chacune cinq pancakes.

« J’ai préparé de quoi manger si nous avons un petit creux, » annonce-t-elle, enjouée. « Je ne suis toujours pas la meilleure cuisinière de la ville et je ne pensais pas que nous serions aussi nombreux, mais ça aura au moins le mérite de nous remplir le ventre. Dites-moi simplement lorsque vous aurez faim les garçons. »

En disant cela, elle s’adresse autant à Gabriel et Oliver qu’à Gauthier. L’avocate se laisse finalement tomber dans le sable avec un « ouf ! » alors que sa main vient nonchalamment jouer avec les cheveux de son fils qui joue près d’elle.

« Assez parlé de moi, » affirme-t-elle, désireuse de clore cette parenthèse. « Comment se passe on travail ? Tu t’y plais ? Et l’Australie ? Pour toi ayant toujours vécu en Angleterre, ça doit te faire un sacré changement… »

Essaie-t-elle de créer de la distance entre elle et lui en abordant des sujets comme son poste et son pays ? Sûrement. Pourtant, elle le sait, c’est une maigre défense qu’elle offre là.   




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Message(#)It feels like there's oceans between you and me + ELISABETH EmptyMer 28 Sep 2016 - 4:17

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Elisabeth & Gauthier

Bavasser, parler de futilités, Gauthier a toujours détesté ça, il n’est pas de ceux qui craignent le silence habituellement. Il le cherche au contraire s’isolant du monde pendant des jours, seul dans la montagne, il ne jouit que du bruit de la nature et parfois il se dit qu’il pourrait rester là-bas pour toujours. Puis il se souvient de Theo, d’Ollie, de Charlie aussi qui tente de faire les gros bras et de montrer qu’il est un adulte responsable, alors qu’aux yeux de son ainé il est encore un jeune homme qui a besoin d’être encadré. Il déteste ça Charlie, ce côté paternel de Gauthier, mais ce n’est pas pourtant qu’ils ne s’aiment pas. C’est juste plus discret – comme un secret dont ils sont les seuls détenteurs et qu’ils ne souhaitent pas partager. Et dans sa montagne quand il pense à eux il accepte de quitter sa solitude pour leur compagnie, il retrouve le bureau bruyant la foule, le bruit et les gens qui parlent trop et souvent pour ne rien dire. En général ça l’agace parfois même il n’écoute pas mais il y a des exceptions. Elisabeth fait partie de ses exceptions, ses personnes qu’il pourrait écouter parler pendant des heures, même de choses inintéressantes, juste pour entendre le son de leur voix raisonner dans ses oreilles. Il aime cette voix, peut-être même que c’est ce qui l’a séduit en premier, bien avant sa beauté, bien avant son odeur délicieuse, son sourire ou son intelligence. Sa voix l’avait fait vibrer et il avait aimé ça, plus que de raison. « Je surfe un peu, » Le rictus qui se dessine sur son visage laisse deviner sa modestie et alors que Gauthier lève un sourcil un peu suspect.   « Je me défends disons. Mais je préfère la natation. » Evidement il se souvient… Il se souvient de la façon dont son corps fend l’eau si féminine et pourtant si puissante. Quand en sortant du travail Daniel et lui la retrouvaient à la piscine. Rien ne semblait pouvoir l’arrêter dans ce bassin. « C’est exacte… J’avais presque oublié. » C’est faux il n’a rien oublié d’elle pas même ce léger froncement de sourcils quand elle doute de lui. Il le connait trop bien…

Dès que son doigt touche sa peau il sait que c’est une erreur - que cette spontanéité qu’elle invoque chez lui n’a pas lieu d’être et surtout pas entre eux et pourtant son pouce ne bouge pas, ou juste pour chasser les quelques grains de sable dans un geste tendre. C’est comme ça aussi que le premier rapprochement a commencé, une main qui se perd sur son visage, un regard trop long trop intense puis ses lèvres qui touchent les siennes. Il chasse le souvenir - aussi vite qu’il revient à son esprit, creusant à nouveau mentalement le trou où il le cache depuis de si nombreuses années et qu’un simple contact avec elle a fait exploser. Docile il fait un pas en arrière il instaure une distance qui se dit acceptable entre deux personnes. Une de celle qu’ils auraient toujours du garder. Et il reprend la parole comme si d’un coup le silence n’était plus son allié mais un ennemi effrayant qu’il devait faire fuir. « Ce n’est pas différent de l’Europe. C’est mieux que l’Europe, » Il n’y a pas débat à avoir pour lui mais Elisabeth le sait déjà il ne doute pas une seconde que c’est la raison pour laquelle elle en parle avec ce regard taquin. « Mais je ne suis pas objective. Pour moi l’Australie est le plus beau pays du monde. » Il doit avouer qu’il a un certain charme. « Admets pourtant que certains pays Européens ne sont pas hors compétition, on en a visité quelques uns qui valent le détoure je te rappelle. » Instinctivement il pense à la Norvège, parce que c’est sans conteste les plus beau paysage qu’il ait vu - mais aussi l’endroit ou tout a basculé dans sa vie. Il se souvient pourtant de cette sensation de plénitude qu’il avait ressenti en atteignent le haut de cette montagne, le petit village à leurs pied les maisons se dessinant à peine alors qu’au loin s’étendait ce lac d’un bleu royale.


Tous les deux le savent, ils parlent de choses mais leurs esprits sont ailleurs, bien loin de leur passion commune et cette conversation n’est qu’une mascarade passagère pour ressembler à deux amis qui se retrouvent. Sauf qu’il ne sont pas amis… plus amis. « Pas vraiment, j’étais plus attirée par l’océan à l’époque. La natation, le surf… L’alpinisme ne m’est venu que quand je suis arrivée en Europe. » Ca lui est venu avec Daniel, avec son amour pour lui. Parce qu’elle l’a aimé Gauthier le sait - sans doute beaucoup plus qu’elle n’aurait jamais pu l’aimer lui, même si les circonstances avaient été différentes. « Je pourrais sans doute t’emmener voir quelques endroits magnifiques dont tu ne soupçonnes même pas l’existence alors… » Il sourit un peu. Parce qu’il voudrait que les choses soit si simples. Qu’ils leur suffisent d’enfiler des chaussures et un sac de montagne pour partir en escapade comme au bon vieux temps. Il ne manquerait alors que Daniel… Tout comme il manque à cette conversation où il est sagement évité depuis le début.

Il observe le frisson sur sa peau mais n’as pas le temps de réagir que déjà elle lui propose de rejoindre les deux garçons. Il l’a suit en silence, cette fois sans gêne. Il reste debout alors qu’Elisabeth s’affaire près des garçons, qu’elle sort de pancake et joue son rôle de mère à la perfection. C’est la première fois qu’il voir la jeune femme mère et pourtant ça lui semble l’évidence quand il la regarde fonctionner - comme si elle avait toujours été faite pour ce rôle. Une fois assise dans le sable elle semble à nouveau lui donner de l’intérêt. « Assez parlé de moi, Comment se passe ton travail ? Tu t’y plais ? Et l’Australie ? Pour toi ayant toujours vécu en Angleterre, ça doit te faire un sacré changement… » Il ne s’est toujours pas assis ce qui lui profère une position un peu étrange de supériorité. Les bras croisés sur son torse il regarde les deux garçons jouer avant de reporter son regard vers elle. « Oui c’est un changement c’est sûr… Mais c’est ce que je voulais. » Faire table rase et tout recommencer. C’est aussi pour ça qu’il n’a jamais remis les pieds en Angleterre en 4ans. « Tout va bien ici, c’est l’endroit parfait. » Il se contentera de ça. Ce côté taciturne lui ressemblant beaucoup plus. De toute façon il n’a rien à dire sur la vie qu’il mène ici, rien d’assez intéressant en tout cas pour qu’il ne prenne la peine de le développer.

Il esquisse un léger sourire vers la blonde puis reporte son attention sur Oliver qui creuse le sol de ses mains maintenant. « C’est le plus grand château de la plage tonton ? » Il désigne son château avec un sourire de fierté non dissimulé. « Sans conteste Ollie, c’est vous les meilleurs. » Fier de lui le jeune garçon frotte ses mains l’une contre l’autre pour se défaire du sable. « Peux aller mettre les pieds dans l’eau ? » Gauthier a un regard vers Elisabeth avant de prendre sa décision, conscient que son fils va sans doute suivre Oliver. « Juste les pieds alors et tu ne t’éloignes pas ! » Il avait bien imaginé, c’est les deux garçons qui détalent vers l’eau sous le regard protecteur d’Elisabeth. Quelques minutes encore tous les deux restent silencieux leurs regards rivés vers le bord de mer pour observer les deux garçons qui s’amusent. Finalement pourtant Gauthier vient prendre place au côté d’Elisabeth. L’espace entre leur deux corps est tout à fait correct - assez pour que ça ne lui provoque aucun malaise. Il finit par tourner le regard vers elle déposant ses mains sur le sol. « Comment ça se passe pour Gabriel ? Le déménagement en Australie ? » C’est bien plus simple de parler de son fils que de lui demander clairement à elle. Parler de la séparation de Gabriel avec son père, sans laisser sous entendre qu’elle a le droit aussi de parler de leur séparation de couple… Il n’arrive pas à croire que c’est définitif, ça ne semble qu’une erreur de plus sur le parcours de leur vie ensemble. Leur vie amoureuse… Daniel et Elisabeth…
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Message(#)It feels like there's oceans between you and me + ELISABETH EmptyMer 28 Sep 2016 - 21:34

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Gauthier & Elisabeth
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« Admets pourtant que certains pays Européens ne sont pas hors compétition, on en a visité quelques uns qui valent le détour je te rappelle. »

À cette mention, c’est plus fort qu’elle, Elisabeth laisse son esprit vagabonder jusqu’en Norvège. Elle se rappelle distinctement du compté d’Hordaland et des yeux bleues du lac Ringedalsvatnet. Elle se rappelle de la pause victorieuse que le trio de grimpeur composé de Gauthier, Daniel et elle a fait en arrivant au bout du Trolltunga, cet étrange rocher plat suspendu à plusieurs centaines de mètres au-dessus du vide. Elle se souvient qu’ils se sont relayés pour pouvoir prendre une photo. D’abord, les deux meilleurs amis. Ensuite, Gauthier et elle. Et enfin, le couple pas encore marié. Elle se rappelle ensuite de ce maudit refuge leur servant ce saumon rose, soit disant frais et péché dans les fjords serpentant entre les roches. Puis, elle se souvient de cette nuit horrible et de la journée qui avait suivi, grise et morose avant d’être colorée par la présence réconfortante de Gauthier. Elle entend presque les gros flocons blancs, inhabituels en automne, se heurter contre les vitres tremblant sous les assauts du vent. Le feu crépite dans la cheminée. Le souffle de Gauthier frôle sa joue, sa nuque, ses épaules soudain dénudées.

À son aveu de sa découverte tardive de l’alpinisme, il se propose de lui faire visiter des plateaux reculés de l’Australie dont elle n’a peut-être jamais entendu parlé. En environ vingt ans de vie à Brisbane, il est vrai qu’elle n’a guère exploré l’intérieur des terres. La famille Moore-King est depuis toujours attirée par l’océan, la mer et l’odeur incroyable du grand large. Quant bien même est-elle adoptée, Elisabeth n’échappe pas à la règle. Elle s’y est longtemps mieux connue en nœuds marins et en manœuvre de bateau qu’en mousqueton et en randonnée. Pourtant, aujourd’hui, ses deux passions arrivent à rivaliser dans son cœur sans qu’elle ne se décide à faire de choix. Pourquoi doit-il y avoir un choix d’ailleurs ?

« Ça pourrait être amusant, » confirme-t-elle en lui rendant son sourire. « Toi qui me fait découvrir mon propre pays. »

L’avocate s’imagine déjà enfiler ses chaussures de marche, oubliées au fond de son armoire à chaussure, habilement dissimulées derrière ses baskets de course, ses sandales de cuir estivales et ses escarpins professionnels. Elle voit le sable rouge et la poussière danser autour d’elle alors qu’elle crapahute entre les canyons et les rochers arides. Ces paysages n’auront rien à voir avec ceux qu’elle s’est habituée à voir en dix ans. Pas de neige, pas de bourrasques glacées, pas de lichen grisonnant… Avec Gauthier, elle ne désire qu’une chose. Que leur relation soit normale. Elle ne sait pas si elle est optimiste ou ridiculement naïve. Comment pourraient-ils redevenir comme avant après ce qu’il s’était passé ? Mais tous les deux sont adultes. Ils sont capables d’enterrer le passé et d’agir comme deux bon amis sans ne jamais éveiller aucun soupçon. Sans mêmes éveiller leurs propres doutes et leurs propres sentiments. À leurrer le monde, on finit par se leurrer soit même. Et Elisabeth n’aspire qu’à ça.

Le trader surveille les deux garçons taper sur leurs sceaux avec leurs pelles dans l’espoir de tasser tout le sable qu’ils contiennent. Avec un cri glorieux, Oliver et Gabriel arrachent leurs sceaux en même temps et tous tours menaçant de s’effriter s’élèvent sur la plage. Elisabeth laisse son regard s’attarder sur le visage dur de Gauthier qui, de profil, ne la regarde pas. Elle en avait presque oublié l’angle sévère et froid de ses mâchoires ainsi que le pli soucieux entre ses sourcils lorsqu’il réfléchit trop. Une fossette se creuse dans sa joue droite lorsqu’un léger sourire, presque imperceptible, vient attendrir à la fois ses lèvres et ses regards. À cette vision, la jeune femme ne peut que détourner la tête, évitant ainsi de croiser l’iris de l’homme qui la surplombe de toute sa carrure.

Il reste laconique et évasif sur sa vie à Brisbane. La jeune mère ne peut s’empêcher d’éprouver un petit pincement au cœur. S’il a quitté son pays, c’est à cause d’elle, elle en est certaine. Pourquoi aurait-il quitté l’Angleterre si ce n’est pas parce qu’il ne voulait plus la voir ? S’il n’était plus capable de la regarder en face ? Inconsciemment, elle s’était même sentie soulagée de son départ précipité. Et cela la rend malade. Une belle égoïste. Voilà ce qu’elle est.

« Je suis heureuse de l’entendre, » lui répond-t-elle d’une voix lointaine.

Elle a envie de lui dire qu’elle est désolée. Que c’est de sa faute. Que tout est de sa faute. Mais elle sait que ses excuses sonneront faux. Car encore une fois, elle n’arrive pas à se persuader qu’elle regrette. C’est bien là tout le paradoxe.

Ses pensées sont interrompues par la voix enjouée d’Oliver qui présente sa forteresse éphémère à son oncle. Celui-ci l’autorise à aller jouer près de l’eau. Gabriel tourne vers sa mère des yeux suppliants. Elle rit avant de déposer un baiser sur son front.

« Tu peux y aller, mais fais attention… Je te surveille ! »

Son index et son majeur vont des yeux maternels aux siens pour illustrer ses dires. Son fils se jette à la suite de son compagnon et bientôt leurs rires se joignent au chant des vagues. Elisabeth sent que Gauthier vient s’asseoir près d’elle, mais son attention reste rivée sur les deux petits garçons. En quelques secondes, elle sent la chaleur du meilleur ami de son mari effleurer son flanc gauche et il lui semble que cela la réchauffe bien plus que la serviette dans laquelle elle est enroulée. Sa question la fait soupirer alors que ses doigts s’enfoncent dans le sable chaud. Elle en ressort une poignée pleine d’où elle laisse les grains s’échapper sur ses pieds, tel un sablier.

« Il le prend étonnamment bien. Je lui ai dit que ce n’était pas pour des vacances, » s’empresse-t-elle de rajouter. « Il sait que nous allons rester. Il ne s’est pas montré plus perturbé que ça. Je ne sais pas s’il comprend… Après tout, à cet âge, ile est impossible de voir les choses sous un autre angle que celui de la découverte, non ? »

Elle laisse un rire triste s’échapper de ses lèvres.

« Il demande son père, bien sûr… »

Sa voix devient ténue, presque murmurée. Est-elle un monstre de l’avoir arraché à Daniel ? Elle n’aurait pas pu le laisser en Angleterre alors qu’elle partait. Cela aurait été au-dessus de ses forces. Et elle n’aurait pas pu rester dans cet appartement londonien qu’elle avait appris à appeler sa maison. Elle n’aurait pas pu continuer à croiser Daniel tous les jours et voir ses regards d’excuses alors que comme les siennes, elles auraient sonné comme une douce ironie.

« Tu sais tout pas vrai ? Il te l’a dit… »

Elle se mord les lèvres, croyant à peine que l’interrogation ait jailli sans qu’elle ne s’en rende compte. Il. Daniel. Elle n'a pas besoin de le nommer pour qu'il sache.
Une seconde, ses yeux s’arrachent des deux enfants sautant à pieds joints dans le sable mouillé pour le reporter sur Gauthier.

« Je t’en supplie, je n’ai pas besoin de pitié. Je ne mérite même pas une once de compassion. »

C’est ce qu’elle craint le plus, cette condescendance masquée sous le voile d’une petite tape dans le dos et d’un petit sourire désolé. Sa fierté en prendrait un coup. Elle sait qu’il n’est pas comme ça. Mais elle se sent obligée de le prévenir. Pourtant, la jeune femme est loin d’être sur la défensive, elle est simplement lasse et fébrile. En cherchant à se protéger, elle ne peut que se recroqueviller, rapprochant ses genoux encore un peu plus de sa poitrine alors qu’un frisson la fait s’ébrouer.
  




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Message(#)It feels like there's oceans between you and me + ELISABETH EmptyJeu 29 Sep 2016 - 4:12

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Elisabeth & Gauthier

Comment pourrait-il décrire en quelques mots ce qu’est sa vie aujourd’hui ? Il manque de lettres dans l’alphabète pour expliquer à quel point les choses ont changé pour lui depuis ce baiser évasif qu’ils ont échangé dans les montagnes de Norvège. Ce n’est pourtant pas Elisabeth le réel  déclencheur de tout ça, celui qui a bouleversé toute sa vie – son quotidien – ses habitudes solitaires – ses envies de silence, il est quelques mètres plus loin à sauter dans les vagues. C’est Oliver qui a tout changé, lui qui en venant au monde la poussé à l’exile en Australie avec Theo et Oliver. Gauthier ne regrette pas pourtant, pas une seconde jamais, il se dit juste que le timing était le bon – que c’était le moment de partir avant que les choses ne deviennent encore plus compliquées pour lui. Il n’avait même pas assisté au mariage de Daniel et Elisabeth – il avait une bonne excuse : la distance. Ca n’avait même pas éveillé les soupçons de son ami, juste une certaine tristesse. Daniel voulait en faire son témoin, marier Elisabeth sous le regard de Gauthier, cette simple pensée avait fini de convaincre le trader qu’il lui était impossible de venir. Daniel avait pris un autre ami en témoin et la cérémonie c’était faite sans lui – il n’était pas irremplaçable. Il ne l’avait jamais été. « Je suis heureuse de l’entendre, » Le réponse ne lui suffisait pas et Gauthier le savait mais ça avait peu d’importance au fond c’était tout ce qu’il était capable de confier de sa vie ici pour le moment. Evidement il aurait pu lui parler de son métier, de la banque, de la bourse, de la femme de son patron qu’il trouvait fort charmante, ou de cette promotion qui serait bientôt pour lui il le savait. Il aurait pu lui dire qu’il vivait bien - qu’il avait une jolie maison qu’il partageait avec son frère, sa soeur et son neveu. Il aurait pu lui dire aussi que malgré tout il ne l’avait jamais oublié, que jamais il n’avait effacé la douceur de ses lèvres contre le siennes… Mais il n’avait rien dit de tout ça, les mots lui semblant tellement superflus dans ces circonstances.

C’est les enfants qui attirent toute leur attention, une spectacle réjouissant qui leur évite d’entamer une conversation que ni l’un ni l’autre n’est sur de vouloir avoir - pourtant rapidement les enfants se défont des adultes pour aller tremper leur pieds dans les vagues délicieuses de l’océan. Le silence prend place entre les deux anciens amants - il est pourtant plein de questions sans réponse - d’envies inassouvies et finalement Gauthier le brise pour parler de Gabriel. Parce que dans les yeux d’Elisabeth il lit l’amour mais aussi l’inquiétude, le doute et qu’à une époque ils ont été amis, à une époque elle pouvait se confier à lui et il voudrait retrouver cette sensation entre eux aussi éphémère qu’elle puisse être. « Il le prend étonnamment bien. Je lui ai dit que ce n’était pas pour des vacances, il sait que nous allons rester. Il ne s’est pas montré plus perturbé que ça. Je ne sais pas s’il comprend… Après tout, à cet âge, ile est impossible de voir les choses sous un autre angle que celui de la découverte, non ? » Il hoche la tête mais ce qu’il entend dans sa voix est douloureux. Elle n’est plus une enfant et si Gabriel n’en souffre pas il semble que ça soit une toute autre histoire pour sa mère.

« Alors c’est définitif ? Il n’y aura pas de retour en arrière ? » C’est ce qu’il lui semble comprendre dans ses propos, dans la détermination qu’elle met à affirmer son statut de résidente en Australie. Les pensés de Gauthier vont alors pour son ami - celui qui doit être tenu pour responsable. Il se souvient de la douleur qu’il a pu lire dans se voix lorsqu’il l’a appelé, le désespoir qu’il semblait ressentir à se voir priver de sa femme et de son fils et l’espace d’un instant c’est Elisabeth qui semble être désignée comme coupable. « Il demande son père, bien sûr… » Son regard se tourne vers la jeune femme, alors que le son de sa voix a changé. Il sent la blessure mais ne dit rien, il n’a même pas un geste. Ce n’est pas son fort à Gauthier le réconfort - il ne sait pas comment faire - comme si on avait oublié de lui donner les codes à la naissance, alors il se contente de la contempler en silence.

« Tu sais tout pas vrai ? Il te l’a dit… » Un sourire triste se dessine sur les lèvres du jeune homme. En son fort il voudrait que ça ne soit pas cas - parce qu’alors peut-être qu’il pourrait se contenter de ressentir la peine d’Elisabeth, mais les choses sont différentes pour lui parce que Daniel est omniprésent dans sa tête. « J’ai sa version oui… » Parce que les histoires divergent souvent suivant la personne qui les racontent. « Je t’en supplie, je n’ai pas besoin de pitié. Je ne mérite même pas une once de compassion. » Il fonce un peu les sourcils en entendant les propos de la jolie blonde ne détachant pourtant pas son regard d’elle. « Je n’ai pas de pitié Elisabeth… » Les sentiments qui l’envahissent étant bien plus complexes que ça. « Mais je vois bien que cette situation te fait souffrir alors ne me demande pas de ne ressentir aucune empathie… Je tiens assez à toi pour m’en préoccuper et être touché… C’est tout. » Le paradoxe est facilement identifiable. Quatre années sans aucune nouvelle, il est bien conscient que ce n’est pas le signe les plus probant de son attachement à elle et pourtant même les années ne peuvent changer les sentiments qui le prennent qui il pose les yeux sur elle.

Le sujet devait être abordé tous les deux le savent et pourtant il amène une certaine gène. Peut-être qu’il se pose la question de la légitimité… Est ce que c’est à lui qu’elle devait parler de cette relation ? Est-ce qu’il mérite d’être le confident ? Est-ce qu’il est prêt à l’assumer ? « Comment est-ce que vous en êtes arrivés là Eli ? » C’est innocent comme question parce qu’aux yeux de Gauthier jamais leur couple n’aurait du se déchirer, parce qu’ils méritaient le bonheur et c’est en parti pour cette raison aussi qu’il s’est effacé des années auparavant en mettant un océan entre eux. Certes Elisabeth avait alors, elle aussi, commis l’erreur de se laisser aller dans les bras d’un autre homme, dans ses bras, mais elle avait fait son choix  quelques jours plus tard, en acceptant le demande en mariage de Daniel, elle avait signé la fin de toute relation un jour possible entre eux… Parce qu’elle aimait Daniel, parce qu’ils auraient du être heureux tous les deux… Alors comment en étaient-ils arrivés là ?
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Message(#)It feels like there's oceans between you and me + ELISABETH EmptySam 1 Oct 2016 - 22:24

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Le contraste est saisissant. D’un côté, Oliver et Gabriel rient au bord de l’eau, s’éclaboussent et osent tremper leurs orteils malgré le manque de chaleur de l’eau. Ils semblent se connaître depuis toujours, mais après tout, quelle importance ? D’eux émane une profonde aura de naïveté et de simplicité. Ils ne sont que deux petits garçons qui, s’ils ne comprennent pas encore tout aux choses qui les entourent, saisissent cependant l’essentiel. Et cela leur est amplement suffisant. Dans leurs esprits n’importent que les habitudes simples et les surprises que leur offre le quotidien. Pas de troubles, pas de questions préoccupantes.
De l’autre, les adultes n’osent se regardent. Ils s’évitent, s’esquivent, font face à des réalités qu’ils refusent de regarder en face. Le passé qu’ils ne parviennent à effacer les angoisse. Le futur qu’ils ne peuvent envisager les trouble. Le présent pesant les gêne. Pas de rire. Pas d’exclamations joyeuses qui se perdent dans les vagues.
Elisabeth aimerait revenir à cet âge insouciant où elle avait, elle aussi, sauté dans les vagues en compagnie de ses deux sœurs qui étaient et qui sont toujours ses meilleures amies. Elle se remémore chacune des sorties familiales à la plage, là où est né son amour inconditionnel pour l’océan et le roulement lancinant et si rassurant des flots languissant. Et aujourd’hui encore, même après toutes ces épreuves et tous les virages heureux et malheureux qu’a pris sa vie, elle ne peut qu’aimer le parfum des embruns se mêlant à ses cheveux. Cette odeur a un goût d’enfance. Une saveur de nostalgie qui l’émeut presque au point de la faire pleurer.

Lorsque Gauthier lui demande si son installation à Brisbane est définitive, elle hésite à acquiescer. Comment peut-elle affirmer qu’elle a posé ses valises pour de bons cette fois ? Ses parents lui ont transmis le goût du voyage et de rester trop longtemps au même endroit lui donne souvent des fourmis dans les jambes. L’avocate a envie de découvrir, de voyager, de se confronter à de nouvelles expériences. Avoir une chaîne attaché à la cheville, éraflant sa peau, et dont l’ancre reliée la forcerait à ne jamais trop s’éloigner de l’Australie l’oppresserait. Elle ne serait pas heureuse. Elle ne serait qu’un oiseau tentant de se persuader que sa cage dorée, illusion de liberté, lui convient. La jeune femme sait qu’aujourd’hui Gabriel a besoin de stabilité. Alors, elle finit par hocher la tête. Oui, il n’y aura pas de retour en arrière. Pas de vol pour Londres, pas de retour dans l’appartement où résidait autrefois le couple Sullivan. Ce nom de famille, elle ne l’a d’ailleurs jamais porté, préférant arborer fièrement celui de sa famille adoptive. Comment pourrait-elle se résoudre à retourner d’elle-même auprès de son époux ? En faisant cela, ne passerait-elle pas un coup d’éponge sur les erreurs de Daniel ? Et dans le même temps, sur les siennes ? En lui pardonnant, elle se pardonnerait aussi. Elle n’est pas prête.

Son triste sourire et son regard porteur de sentiments indéchiffrables arrachent un profond soupir à Elisabeth. Il a sa version, certes. Mais la sienne est-elle foncièrement différente ? Ses doigts s’enfoncent dans sa serviette et elle laisse sa joue glisser sur ses genoux. Il n’éprouve aucune pitié et elle le lit clairement sur son visage. Au creux d’elle, elle se sent soulagée.

La dernière question du trader lui fait fermer les yeux.

« Je n’en sais rien, » avoue-t-elle. « La vie nous joue parfois des tours. »

Sa voix se brise et elle se retient de renifler.

« Quelques fois, j’ai l’impression d’être la pire mère du monde, celle qui a arraché son fils à son père sans la moindre explication, sur un coup de tête après que… »

Elle s’interrompt et ses paupières s’entrouvrent légèrement.

« Je suis partie alors qu’il n’a fait que suivre le chemin que j’ai moi même emprunté. Je ne peux pas me résoudre à lui pardonner et je n’arrive pas à lui en vouloir également. »

Un pauvre rire s’échappe faiblement de ses lèvres. Ses membres se délient lentement à mesure que le soleil se fait plus chaud et vient caresser le bord de la serviette. Elle étend ses jambes jusqu’alors recroquevillées pour que les rayons effleurent sa peau clairsemée de chair de poule. Elle soupire.

Le bleu de ses yeux se perd un instant dans l’acier pâle du regard de Gauthier. Elle observe l’ombre furtive de ses cils sombres sur ses joues et l’arrête définie de ses mâchoires obscurcies par une barbe de quelques jours. Et dans les boucles brunes de ses cheveux, elle se surprend à retrouver la crinière pleine d’épis de son fils où elle aime tant perdre ses doigts.

« Je tiens à toi, moi aussi. »

Les mots sont comme un murmure à la fois honteux et fier que l’océan se dépêche d’avaler. Elisabeth n’est même plus sûre d’être parvenue à dire cela. Pourtant, l’écho persiste dans sa gorge.

« Et je suis désolée. Désolée de ne pas être désolée de ce qu’il s’est passé en Norvège. À cause de tout ça, nos vies ont pris des tournures différentes… étranges mêmes. Tu as beau prétendre le contraire, je sais que cela a participé à ton exil en Australie. Mais je ne m’en veux pas. Je n’y arrive pas. Je suis égoïste. Peut-être que je devrais me détester pour ça. Peut-être que tu devrais me détester pour ça. »

  




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Message(#)It feels like there's oceans between you and me + ELISABETH EmptyLun 3 Oct 2016 - 22:52

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Elisabeth & Gauthier

Le soleil lui chatouille le visage, assis dans le sable il ose à peine regarder Elisabeth, parce qu’un simple regard suffit pour raviver les émotions qu’il a fuit des années auparavant. Il ne sait pas si il aime ça - lui le maniaque du contrôle, cette perte de moyen quand elle est proche de lui. C’est presque nouveau, différent de toutes les femmes qu’il a connu avant - de toute celles qu’il a connu après aussi. Jamais il n’a oublie la saveur de ses baisers, la douceur de sa peau, la senteur de son corps collé au sienne. Tout est là, si présent encore, comme si il venait de la quitter. Ca fait quatre ans pourtant - quatre années qu’il a quitté l’Angleterre et la compagnie de la blonde. Il n’a rien oublié de ce jour en Norvège tout comme il n’a pas oublié l’engagement d’Elisabeth pour un autre  et pas n’importe qui. Daniel… Le seul que Gauthier ne pouvais pas se résoudre à trahir plus encore. Il aurait pu se battre pourtant, tenter sa change plutôt que de prendre la fuite mais il n’avait rien fait - il s’était effacé en voyant le regard tendre que Daniel posait sur sa futur femme - son amour débordant… Puis de toute façon qu’avait-il à offrir à Elisabeth ?  Un exil avec sa famille plus que compliqué - à peine quelques minutes entre son travail, ses passions, sa famille. Les relations, il a déjà tenté et c’est foireux avec lui - alors il c’est effacé persuadé que c’était la bonne solution - la seule solution. Et pourtant aujourd’hui les yeux tristes d’Elisabeth se posent sur lui et il se rend bien compte qu’elle n’a pas eu tout ce qu’elle voulait - que la vie que Gauthier lui avait prévu et tant espéré pour elle n’existait pas… Daniel n’avait pas été à la hauteur. « Je n’en sais rien, la vie nous joue parfois des tours. » Il serre un peu les lèvres le regard au loin qui finalement se pose sur elle. Il aurait aimé qu’elle soit heureuse… Même si lui se savait incapable de lui donner ce bonheur. « J’avais envie de croire en vous… » C’était sans doute un peu idiot parce que leur relation était basée sur ce mensonge qui les liait tous les deux et quelque part Gauthier avait l’impression qu’il avait participé à ce gâchis.

« Quelques fois, j’ai l’impression d’être la pire mère du monde, celle qui a arraché son fils à son père sans la moindre explication, sur un coup de tête après que… » La voix casséd d’Elisabeth le touche en plein coeur - un peu maladroitement il tente un geste tendre - comme un novice sans savoir comment s’y prendre pour la rassurer. Il fait glisser sa main dans son dos, jusque dans sa nuque. « Arrête… » Rien ne sert de se flageller de la sorte. Les circonstances sont bien assez douloureuses comme ça sans qu’elle ne s’en rajoute. « Je suis partie alors qu’il n’a fait que suivre le chemin que j’ai moi même emprunté. Je ne peux pas me résoudre à lui pardonner et je n’arrive pas à lui en vouloir également. » Etrangement il comprend. Comme si il ressentait la même chose à son égard. Ce n’est pourtant pas lui qui a été trahis. « Est-ce que tu lui as reparlé ? » Lui connait la peine de son ami - il a entendu les remords dans sa voix. L’espoir qu’il peut encore tout rattraper et quelque part Gauthier se dit que si elle l’entend elle aussi alors tout pourrait changer - tout pourrait redevenir comme avant, quand Elisabeth était heureuse. « Il en y eu d’autres ? Des hommes ? » Il la regarde presque un peu honteux d’avoir osé poser la question, pas sûr non plus de ce qu’il voudrait entendre. Peut-être quelque part que ça le rassurait de ne pas avoir été le seul - de ne pas ressentir le poids de ce moment passé avec elle. Mais imaginer Elisabeth avec un autre homme que lui est déjà douloureux quand il s’agit de Daniel alors c’est pire avec un autre et son ego voudrait entendre qu’il a été le seul…


Quand les jambes de la blonde se déplient, il laisse un peu tombé sa main, coupant le contact même si elle n’est encore qu’à quelques centimètres dans le dos de son amante d’un jour. Son regard se plonge dans le sien, espérant qu’elle y voit les mots qu’il ne sait pas dire. « Je tiens à toi, moi aussi. » Un léger frisson lui parcourt le corps - il met ça sur le coup du froid mais pourtant rien dans son corps ne laisse penser que la température ne lui convient pas. Elisabeth, elle, a l’air d’une enfant, comme si c’était une bêtise le simple fait de lui avouer ses quelques mots. « Et je suis désolée. » Un froncement de sourcils laisse transparaitre son incompréhension. « Désolée de ne pas être désolée de ce qu’il s’est passé en Norvège. À cause de tout ça, nos vies ont pris des tournures différentes… étranges mêmes. » Il sent d’un coup qu’il se referme, se main s’éloigne pour retrouver sa place initiale le long de son corps alors que son regard se perd au loin. Bien plus loin que les deux garçons qui s’amusent… « Tu as beau prétendre le contraire, je sais que cela a participé à ton exil en Australie. » Il secoue la tête refusant une fois de plus cette vérité un peu cachée. « Non… Je serais parti de toute façon Elisabeth… Ma soeur ne pouvait pas rester et je devais l’aider. » Peut-être pourtant qu’il serait allé moins loin. Les kilomètre avaient semblé mettre plus de distance entre eux, mentalement aussi et c’est ce dont il avait besoin. Et pourtant c’est à Brisbane qu’il a atterri. « Peut-être que ça a juste aidé à rajouter quelques kilomètres et pourtant… Je suis venu ici… A l’endroit où tu as grandi… » C’est presque une punition. L’imaginer si loin et si proche à la fois. Travailler avec le mari de sa soeur sans pourtant n’avoir plus aucun contact avec Elisabeth… Combien de fois c’était il d’ailleurs surpris à se demander si elle avait déjà foulé ce sol, regardé ce même paysage. C’était peut-être sa punition et il l’avait accepté en venant vivre en Australie.

Mais aujourd'hui Elisabeth était là, à côté de lui, son corps frissonnant sous l’assaut du vent.   « Mais je ne m’en veux pas. Je n’y arrive pas. Je suis égoïste. Peut-être que je devrais me détester pour ça. Peut-être que tu devrais me détester pour ça. » « Dis pas n’importe quoi… » Il a protesté aussi vite qu’il a pu. Ne cherchant même pas plus loin. « J’en avais envie ce jour là Elisabeth… Je savais que c’était mal, j’avais la pleine conscience de mes gestes mais j’en mourrai d’envie… Alors je ne pourrais jamais te détester pour ça, parce que je n’ai jamais pu vraiment émettre de regrets non plus. » Quelque part ils devaient peut-être le vivre. C’était écrit. « Mais c’est de l’histoire ancienne aujourd’hui… » Le mots restent presque coincés dans sa bouche alors qu’il envoie un petit coquillage valdinguer dans le sable. « Tu t’es mariée avec Daniel et moi je suis venu vivre ici… » Si tout ça appartient au passé, alors pourquoi il frissonne encore quand le regarde d’Elisabeth se pose sur lui - pourquoi il imagine le gout de ses lèvres dès qu’il pose le regarde dessus. « Ca n’enlève pas le fait que, tu m’ai manqué… » Combien de fois avait-il pensé à elle, désiré pouvoir juste lui parler ou aller grimper avec elle. Mais elle était si loin et même le peu de fois où elle était venue en ville il n’avait jamais eu le courage d’aller la voir pour se confronter à ce qu’il avait laissé derrière lui. Sa main glisse d’ailleurs dans la sienne, dans un geste  réconfortant. « Nous étions amis à un époque… Du moins il me semble…» Peut-être qu’en y pensant, les regards qu’il posait sur elle n’avaient jamais été si amicaux. « Et, c’est ce qui me manque le plus… » Des amis Gauthier n’en avait pas des tas… Presque pas à vrai dire. Parce qu’ils étaient peu a avoir cette capacité de creuser plus loin que la carapace qu’il montre de lui - cet amas de dureté qui semble impénétrable.
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Message(#)It feels like there's oceans between you and me + ELISABETH EmptyJeu 6 Oct 2016 - 14:52

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Gauthier & Elisabeth
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Les mots lui arrachent la trachée. Lui brûlent la langue. Laissent un goût à la fois doux et amer contre son palais. Elle les garde depuis bien trop longtemps en elle, enfouis profondément au creux d’elle. Certains depuis trois mois. Depuis qu’elle a surpris, en cette fin d’après-midi pluvieuse du mois de juin, son mari dans les bras d’une autre femme, enfouis tous les deux dans son lit, sous ses draps. D’autres depuis quatre ans. Quatre ans de silence durant lesquels elle s’est tue, murée dans le mutisme. Depuis que Gauthier est parti en se faisant la promesse non prononcée de ne rien dire et de tracer un trait définitif sur cet écart qu’Elisabeth n’arrive toujours pas à appeler erreur. Ces phrases, elle veut les lui dire depuis longtemps. Elle veut les libérer pour se délester du poids qui pèse sur ses épaules sans qu’elle ne s’en rende réellement compte. Elle sait qu’elle n’a pas le droit. La bague enfermée dans le tiroir de sa table de nuit le lui rappelle. Mais au final, un œil extérieur ne connaissant rien de leur histoire n’aurait jamais pu deviner la teneur et la profondeur de ses paroles apparaissant comme bien innocentes. Un échange cordial entre amis ne s’étant pas vus depuis longtemps. Peut-être y a-t-il un peu de tension. Une certaine réserve sans doute. Rien de plus. Et pourtant. Pourtant, il y a tellement, tellement plus.

Son regard d’acier semble murmurer des mots opposés à ce que ses lèvres prononcent. Il voulait croire en eux. En leur couple pourtant bâti sur un non-dit plus qu’un mensonge. Un geste instinctif le saisit lorsqu’il entend la voix brisé de l’avocate. Sa large paume brûlante vient s’étaler sur son dos frissonnant. Ses doigts chatouillent la peau de sa nuque et Elisabeth sent malgré elle ses cheveux se dresser. Elle souhaiterait ne pas être réceptive à ce simple toucher, mais elle ne peut empêcher son corps de réagir. D’eux même, ses muscles protestent, en quête de cette chaleur humaine unique. Ils voudraient qu’elle se rapproche un peu plus. La jeune femme doit se faire violence et lutter contre le remous de son estomac. Elle en serre presque les dents.

« Non, » répond-elle d’une voix ténue. « Il a appelé, mais je n’ai pas réussi à décrocher. »

Car la blonde ne sait pas encore comment elle doit réagir face à Daniel. Lorsqu’elle aura entendu les accents tristes et gorgés de remords de son mari, que devra-t-elle faire ? Lui pardonner ? Revenir en Angleterre et faire table rase du passé ? Encore une fois ? Elle ne sait pas si elle en a la force et le courage. Elle ne sait pas si elle possède en elle cette abnégation et ce dévouement d’épouse bafouée qui finit tout de même par rentrer au bercail. Ou alors, cette dernière discussion téléphonique la confortera-t-elle dans son choix de rester en Australie ? De refuser ses visites ? Elle n’arrive pas à se décider. Lors des premiers jours de son arrivée à Brisbane, ses sentiments n’avaient cessé d’osciller entre une inclination et l’autre. Aujourd’hui, elle préfère faire mine de ne pas vouloir y penser.

La deuxième question de Gauthier la surprend. Soudain, son toucher devient électrique, blessant. Elle est comme piquée par une vive. Son dos s’arque boute pour échapper à sa main et ses yeux bleus qu’elle s’imagine être devenus glaciaux le toisent. Elle a tout à coup la sensation de revivre la trahison de Daniel. Son visage est tordu de la même moue blessée et outrée.

« D’autres ? Gauthier, pour qui me prends-tu ? »

Qu’il pense cela d’elle la déboussole. Jamais elle ne s’était auparavant vue comme une femme adultère. Cette simple interrogation la poignarde autant que les aventures extra-conjugales de son mari. Le trader est une des rares personnes en qui, malgré les événements, elle a toujours éprouvé une totale confiance. Sa capacité à garder leur écart de conduite pour lui en est la preuve la plus flagrante. Car si Elisabeth n’a pas respecté son engagement avec son époux, leur union n’était à l’époque pas scellée par les liens sacrés et légaux du mariage. Ils sortaient ensemble. Point final. Après leurs vœux, jamais elle n’aurait pu tomber dans les bras d’un autre. La culpabilité l’aurait tuée. Il n’y a jamais eu que Gauthier. Lui et lui seul.
Elle s’éloigne du meilleur ami de Daniel d’un geste brusque.

Puis, il se met à parler de sa sœur. Elisabeth ne l’a jamais vue, mais il lui semble pourtant la connaître. Elle voudrait lui demander comment elle se porte, ce qu’elle fait désormais, avec Oliver, mais elle reste muette, toujours remuée par les précédentes allégations du brun.

Elle finit par tourner son regard vers lui lorsqu’il se dépêche de protester à ses dernières paroles. Et enfin, à force de tourner autour du pot comme deux adolescents honteux, il finit lui aussi par se confier, à demi-mots. Mais cela est suffisant. En quatre ans, ils n’avaient jamais reparlé de cela. L’avocate n’avait jamais su ce qu’il pensait de tout cela avant aujourd’hui. Comment aurait-elle pu deviner ? Chez elle, ses sentiments sont clairs, et encore… Mais Gauthier ? Après tout, elle est celle qui l’a éloignée de son meilleur ami.
La blonde ne peut qu’acquiescer faiblement en reportant son attention sur les deux enfants qui s’amusent.

« De l’histoire ancienne… »
répète-t-elle en écho.

Est-ce vraiment le cas ? Elle s’en est persuadée, en quatre ans. Mais les choses étaient plus simples. Gauthier ne se trouvait pas à côté d’elle et Daniel ne l’avait pas trompée. Et il suffit que leurs regards se croisent à nouveau, même après toutes ces années, pour que l’émotion revienne, plus subtile et plus tenace encore qu’auparavant.

« Je me suis mariée avec Daniel et il est allé voir ailleurs. Tu es venu ici, à Brisbane, là où j’ai grandi, » le corrige-t-elle alors d’une voix dure. « Gauthier, je n’ai pas l’impression que les choses se soient vraiment finies. »

Peut-être est-elle trop directe. Trop brutale. Mais elle en a assez des non-dits. Ils sont adultes maintenant. Elle se dit qu’elle est capable d’affronter la réalité pour enfin remettre de l’ordre dans sa vie. Les fantômes du passé la hantent et elle n’en veut plus.
Elle a l’impression de se briser en mille morceaux lorsque sa main recouverte la sienne. Elle ne bouge pas et se contente de rester immobile alors que quelques seconde auparavant, elle aurait probablement mêlé ses doigts aux siens.

« Notre amitié me manque et me manquera toujours, » avoue-t-elle d’une voix triste. « Mais arrêtons de nous voiler la face, je t’en prie… »

Elle est presque suppliante derrière le masque sévère qu’elle arbore. Le même que durant les procès. D’ailleurs, c’est ce qu’elle a l’impression de faire, leur procès à tous les deux. Elle sait qu’elle n’en a pas le droit. Mais il est trop tard.

« Aujourd’hui, tu es et tu resteras plus qu’un ami. Car les amis ne couchent pas ensemble, Gauthier. Ou alors, on m’a mentie toute ma vie. »

Enfin, elle l’a dit. Ca y est. Elle a l’impression de s’étrangler maintenant et elle sent presque les larmes poindre dans ses yeux. Elle voit trouble, mais s’oblige à garder la tête haute, toute fière qu’elle a toujours été. Quatre ans. Une éternité que les mots sont là, en travers de sa gorge.
Malgré tout ce qu’elle a dit, elle ne veut pas tirer un trait sur Gauthier et c’est tout ce que son visage exprime alors qu’elle semble vraiment le voir pour la première fois depuis ces retrouvailles inattendues.  

« Qu’est-ce-que je suis faible, c’est ce que tu penses de moi, pas vrai ? En plus de t’imaginer qu’il y en a eu d’autres… » sanglote-t-elle
 




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Message(#)It feels like there's oceans between you and me + ELISABETH EmptyVen 7 Oct 2016 - 14:14

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Elisabeth & Gauthier

Son contact est brûlant alors que pourtant que sa peau est froide, un contraste qui le fait frissonner d’un désir bien connu. Une partie de lui voudrait faire demi-tour, retourner  loin d’ici, loin d’elle et de ce qu’elle fait naitre en lui mais l’autre partie ne peu se résoudre à bouger sa bouche osant poser les questions qu’il retient depuis que son regard a croisé le sien. « Non, il a appelé, mais je n’ai pas réussi à décrocher. » Il ne sait pas si c’est un sentiment de soulagement ou de peur qui l’envahit alors qu’il continue de regarder l’horizon, l’oeil un peu vide. « Est-ce qu’il a pu parler à Gabriel ? » Il est difficile d’imaginer qu’elle ait pu lui passer son fils sans même lui adresser un mot mais pas impossible et si Gauthier tente de ne pas trop s’initier dans les problèmes de couple d’Eli et de son mari il connait le besoin de son fils bien présent chez Daniel. Il se dit même qu’il pourrait aider si besoin, appeler, faire l’intermédiaire. C’est un altruisme qui n’est pas si commun chez lui mais quelque part il cherche à se rattraper. Comme si aider Daniel allait lui permettre d’effacer ses erreurs, ses baisers ardents sur le peau d’Elisabeth, ses envies toujours présentes même avec les années.

La deuxième question est un peu maladroite et il peut le sentir dans la soudaine fuite d’Elisabeth alors qu’elle le regard avec froideur. « D’autres ? Gauthier, pour qui me prends-tu ? » Il prend ça pour un non, se rendant bien compte qu’il l’a blessé avec ses mots sans savoir comment se justifier. « Je pose simplement une question Eli… Je ne t’accuse de rien… » Il fronce un peu les sourcils tentant de se mettre brièvement à la place d’Elisabeth. « Quatre ans ont passé et pour être honnête je n’aurais jamais cru ça de Daniel non plus et pourtant… Il l’a fait… » Ca lui semble encore incompréhensible d’ailleurs. « Alors, je ne suis plus sûr de pouvoir me fier à mon instinct. » Et pourtant son instinct travail d’une façon bien simple, toute nouvelle personne est considérée comme un potentiel problème dont il n’a pas envie de s’embarrasser. Quelques personnes seulement faisant exception à la règle. « Puis… J’ai eu l’impression que tu parlais comme si tu méritais tout ça, comme si sa trahison n’était que le juste retour des choses et que de ce fait tu n’avais rien à redire. » Et quand il croise son regard il voit bien que c’est ce quelle pense. Comme si la vie lui avait fait payer son erreur. « Les situations ne sont pas comparables Eli… C’était il y a quatre ans, c’était une fois… Puis on a coupé les ponts, c’était avant votre mariage, avant Gabriel… Tu ne peux pas mettre ça à égalité avec une maitresse qu’il entretient depuis des mois. » Il se demande si il a bien fait de le dire. Qu’est ce qu’Elisabeth connait de cette histoire au fond ? Qu’est ce qu’elle croit connaitre ? Ce n’est pas son rôle d’être celui qui dit les vérités. Elle devrait les entendre de la bouche de Daniel, il espère que ça a été le cas, qu’il ne vient pas de tout gâcher en lui révélant une tromperie encore plus douloureuse que ce qu’elle pouvait imaginer.

La conversation est lancée, celle qu’ils se sont refusés à avoir il y a quatre ans après avoir fait l’amour - après avoir trahi Daniel. C’est étrange parce que même avec le recul tout semble toujours aussi vif comme si à peine quelques heures les séparaient de cet instant échangé dans un chalet en Norvège. Ca semble si proche et pourtant c’est si loin… « De l’histoire ancienne… » Elle semble un peu pensive comme pesant ses mots. « Je me suis mariée avec Daniel et il est allé voir ailleurs. Tu es venu ici, à Brisbane, là où j’ai grandi, Gauthier, je n’ai pas l’impression que les choses se soient vraiment finies. » Il fronce à nouveau les sourcils son visage déformé par un léger rictus alors qu’il passe une main dans sa nuque avant de finalement reposer son regard perçant dans le sien. « Qu’est ce qui n’est pas fini Eli ? » Il la question un peu brusquement comme pour lui faire réaliser, pour avoir une fin il leur aurait fallu un vrai début et pas une sorte de cafouillage comme le leur. « Il y a quatre ans tu as fait ton choix en épousant Daniel, j’ai fait le mien en partant vivre loin de l’Angleterre… Fin de l’histoire. » Son ton est un peu plus dur, comme si pour la première fois en quatre ans il laissait entrevoir la blessure que cela avait pu provoquer chez lui. Evidement il ne l’avait pas laissé paraitre et c’est lui qui c’était exilé ici sans chercher plus loin… Mais Elisabeth avait dit oui, elle avait dit oui alors que quelques jours avant elle était dans ses bras. Le message ne pouvait pas être plus claire. Il n’y avait rien à ajouter.

Et pourtant…

Pourtant elle lui a manqué, tellement que tout son corps semble se réanimer en sa présence. Que c’est comme une renaissance, que ses doigts le picotent quand il les fait glisser contre sa peau, même si elle n’a aucune réaction. « Notre amitié me manque et me manquera toujours, » Le passé dans ses mots est douloureux et pourtant il sait que ce n’est plus que de cette façon qu’il pourra qualifier leur relation. « Mais arrêtons de nous voiler la face, je t’en prie… Aujourd’hui, tu es et tu resteras plus qu’un ami. Car les amis ne couchent pas ensemble, Gauthier. Ou alors, on m’a mentie toute ma vie. » Il retire sa main, sans violence mais assez rapidement pour créer une cassure nette, laissant un instant le silence s’inviter entre eux. « Je le sais et je n’ai jamais prétendu le contraire, je ne te demande pas ton amitié Eli… » Il est conscient que c’est trop tard pour ça, que les choses ne redeviendront jamais ce qu’elles ont été entre eux. « J’ai simplement tenté de te dire ce que je ressentais. » Et de toute évidence il aurait eu meilleur temps de ne pas le faire. De rester silencieux comme il l’aurait probablement fait avec n’importe qui d’autre. Elisabeth ne faisant que confirmer son impression que dans la vie moins il en disait mieux il se portait.

Il croise le regard de la blonde et un nouveau trouble le prend. C’est une confusion absolue qu’elle fait naitre en lui sa bouche formulant des mots que son corps semble réfuter. Il ne sait plus ce qu’il faut croire, ce qu’il faut penser alors qu’elle semble sur le point de craquer. « Qu’est-ce-que je suis faible, c’est ce que tu penses de moi, pas vrai ? En plus de t’imaginer qu’il y en a eu d’autres… » Sa voix sanglotante le touche mais ses mots font naitre un certaine agacement. Si il y a bien une chose qu’il déteste c’est qu’on pense à sa place, qu’on lui attribue des sentiments qu’il ne ressent pas comme si on pouvait lire en lui si facilement. « Ce que je pense c’est que tu tires des conclusions très hâtives. » Son agacement se fait entendre dans le ton de sa voix alors qu’il se lève cette fois. « Tu veux savoir ce que je pense ? Demande le mois plutôt que d’aller t’imaginer n’importe quoi ! Contrairement à ce que tu penses je ne suis pas venu te parler pour te juger. » Il la regarde un instant depuis le dessus, partagé entre l’envie de la serrer contre lui pour la protéger et celle de déguerpir loin d’ici et de ne plus la revoir jamais… Il opte pour un entre deux, lui tournant le dos pour faire quelques pas et se rapprocher des garçons. Ses pieds rencontre le sable mouillé et il s’arrête les bras croisé sur le torse en observant les garçons qui s’amusent inconscient de la scène qui se joue derrière eux.
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Message(#)It feels like there's oceans between you and me + ELISABETH EmptyVen 7 Oct 2016 - 16:26

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Il y a des histoires que l’on s’oblige à rouvrir pour pouvoir guérir. La balle doit être retirée malgré les grimaces de souffrance et les effusions de sang. Puis, la plaie est nettoyée, désinfectée et recousue. Elle piquera encore quelques jours, quelques semaines, avant de cicatriser. Toujours visible sous certains angles, certes, mais plus jamais douloureuses. Et il y a les autres. Celles qui sont encore infectées et que l’on s’illusionne à ignorer. Et lorsque l’on trouve le courage ou le désespoir de baisser les yeux pour la regarder en face et prendre conscience de la gangrène qui écartèle déjà notre peau, il est trop tard et l’on sait que malgré les litres et les litres d’alcool à 90° et le mercurochrome versés, tout cela reste inutile. La blessure ne cicatrisera jamais.

C’est exactement ce que pense Elisabeth alors que ses yeux embués se posent sur les traits durs de Gauthier. Alors qu’elle a la gorge serrée comme une adolescente. L’avocate n’aime pas les drames et les mises en scène. Et pourtant, voilà qu’elle a l’impression d’en jouer un. D’en être même l’actrice principale. Elle se déteste soudain dans ce rôle qui ne lui ressemble guère. Ce n’est pas une série HBO, Eli ! siffle-t-elle dans sa tête. Allez, reprends-toi ! Elle s’oblige à déglutir malgré le nœud de sa glotte. Par chance et grâce à un contrôle d’elle qu’elle avait momentanément oublié, aucune larme traîtresse ne s’est échappée de ses paupières pour venir mouiller ses joues. Elle les ravale et essuie ses cils d’un revers brusque de la main. Quelle enfant ! D’un naturel solaire et jovial, un brin bohème et décontracté, elle n’a pas l’habitude de se laisser aller de la sorte. Pourtant, le sel lui est venu aux yeux sans crier gare, ses émotions refluant d’elles-mêmes après ces trois mois passés à ignorer son mari. Et il se trouve que Gauthier s’est échoué sur son chemin, malgré lui, comme une mauvaise farce du destin.
La jeune femme s’éclaircit la gorge et malgré ses yeux légèrement rouges, sa voix ne tremble plus. Plus aucun trémolo et son timbre reste constant.

« Bien sûr. Daniel est un bon père, » affirme-t-elle.

Les coups de fil du père de son enfant sont toujours incroyablement bien calculés. Le téléphone ne sonne jamais au beau milieu de la nuit, mais toujours en fin d’après-midi ou en début de soirée, lorsqu’il est sûr que son épouse pourra répondre. La fille adoptive des Moore-King ne sait pas s’il fait preuve d’une attention particulière et bienveillante ou s’il s’assure simplement qu’ainsi, Eli ne pourra pas toujours se désister en prétextant le décalage horaire. En général, elle décroche, ne lui laisse pas le temps de lui parler et se dépêche de tendre le combiné à Gabriel. Elle n’a pas entendu le son de sa voix depuis plus de trois mois.

Son brusque éloignement de Gauthier le fait réagir. Elle sait qu’elle s’est emportée, mais cela n’enlève en rien la maladresse de sa question. Lorsqu’il dresse un parallèle des situations, la blonde sait qu’il a raison. Qu’elles ne sont en rien semblables. Mais pourtant, à ses yeux, la faute reste la même. En faisant fi de tout ce qu’il y a autour, la nature de la trahison reste la même. Elle non plus, elle ne se serait jamais crue capable de le tromper. Mais elle l’a fait. Elle apprend encore à se découvrir tous les jours, mais elle n’est pas encore sûre de la femme qu’elle est en train de devenir.
Depuis des mois. Les mots résonnent quelques secondes dans sa tête sans qu’elle ne parvienne à réagir. Elle reste là, de marbre, à observer Gauthier avec des yeux curieux, un peu comme une enfant apprenant la vérité sur le Père Noël.

« Depuis des mois ? » répète-t-elle, incrédule. « Oh, je vois… »

Elle reste hébétée et elle se sent blêmir.  Comment n’a-t-elle pas pu remarquer ? Impliquée dans son travail et avec Gabriel, elle a réussi à passer à côté. Le simple fait de se l’imaginer la blesse un peu plus, mais contrairement à sa faiblesse d’il y a quelques instants, elle s’évertue cette fois à ne rien laisser paraître.
Le malaise est perceptible sur le visage de Gauthier et dans ses gestes, alors qu’il passe une main fiévreuse sur sa nuque. Qu’est ce qui n’est pas fini ? Bonne question. Les choses ont-elles un jour commencé ? La sévérité nouvelle de ses accents laisse pour la première fois entrapercevoir une fêlure.

« Tu as raison, fin de l’histoire. C’est d’ailleurs parce qu’elle est belle et bien finie que nous en parlons encore pas vrai ? »

S’il est agacé, elle aussi. Elle aussi essaye de partager ses pensées et ses sentiments qu’elle s’est pourtant appliquée à enfouir. Et le travail d’excavation n’est pas des plus aisé. D’ordinaire plus à l’aise avec ses émotions et capable de facilement les accepter, aujourd’hui elle a l’impression de faire du surplace.
Il se redresse soudain et à cet instant, Elisabeth s’imagine qu’il va s’en aller et qu’elle pourra respirer. Qu’elle retournera vers Gabriel comme si de rien n’était et que comme avec Daniel, elle refermera la parenthèse et continuera d’avancer. Mais il reste finalement planté là, le dos présenté à elle. Elle n’aime pas lorsque les gens ne la regardent pas dans les yeux.

« Figure-toi que j’essaye-moi aussi de te dire ce que je ressens. Mais il faut croire que je suis plus maladroite que ce que je m’imaginais. »

Elle retire la serviette humide de ses épaules et l’étend sur le sable à côté d’elle avant de s’allonger sans un bruit sur la rabane de bois tissé. Elle goûte un instant aux rayons chauffant sa peau où déjà, le sel de l’océan lui fait comme des écailles blanches sur les avant-bras. C’est ce qu’elle est venue chercher en rentrant chez elle. La sérénité et le bruit de la mer, comme lorsqu’elle était enfant.

«  Dans ce cas, parle. Dis-moi ce que tu penses. Je t’écoute. »

Plus tranquille, les battements de son cœur se calment alors. Depuis tout ce temps, Elisabeth se rend compte qu’elle s’est appesantie, honteuse sous le regard des autres qu’elle s’imaginait à la fois remplis de compassion et pleins de pitié. Mais elle n’a rien à prouver à personne. Pas même à Gauthier.

« Mais avant, laisse-moi te dire que tu te trompes. Je n’agis pas comme si je méritais tout ça. Sinon, je serais restée avec Gabriel en Angleterre et j’aurais continué à vivre ma vie aux côtés de Daniel en m’auto flagellant, en me réveillant chaque matin avec la pensée que finalement, ce n’est que le juste retour de flammes. »

Au loin, les rires d’enfants éclatent alors qu’Elisabeth garde un œil ouvert, guettant les moindres gestes des deux garçons.  
 




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Elisabeth & Gauthier

Il y a des vérités que l’on a parfois pas envie de voir. Pour Gauthier cette attirance envers Elisabeth en faisait parti, il ne l’expliquait pas et n’avait jamais voulu tenter de le faire. Au contraire il s’était évertué à la garder pour lui - précieusement - un peu honteux. Il c’était satisfait pendant des mois de quelques sourires, se rappelant qu’elle était la promise de son meilleur ami. Ses gestes étaient restés amicaux, presque inexistants - sans que ça ne soit choquant parce que Gauthier n’était pas de ceux qui se laisse aller aux effusions publics, parce que parfois il avait la tendresse d’une porte de prison, même si ses gestes pouvaient s’avérer être plus doux dans l’intimité. Une intimité qu’il avait fini par partager avec elle, sans être forcement une bête de sexe Gauthier avait connu quelques partenaires, des relations torrides d’autre moins mais avec Elisabeth c’était une alchimie particulière qui s’était installée, comme si il connaissait déjà son corps. Il avait été guidé pas son souffle ses mains, ses frissons qu’il embrassait aussi vite qu’ils apparaissaient alors qu’elle se cambrait sous ses caresses, ils n’avais pas couché ensemble comme on ramène une fille attrapée dans un vieux bar à 3h du matin… Leur corps s’étaient parlés et compris et ce n’étaient pas le genre de chose qu’il pouvait oublier. Pourtant il l’avait enfoui au plus profond de lui en prenant l’avion pour Brisbane. Il avait caché cette vérité dérangeant tout comme Elisabeth n’avait sans doute pas voulu voir les multiples trahisons de son mari. « Depuis des mois ? » Un soupire un peu désolé était sortie de la bouche de Gauthier alors qu’il comprenait avoir fait une révélation qu’il aurait eu meilleure temps de garder pour lui. « Oh, je vois… » Il n’avait su quoi répondre à la jolie blonde. « Eli… » Qu’est ce qu’on dit à une femme à qui ont vient de balancer sans aucun tact que son mari a fréquenté une autre femme pendant des mois sous son nez. « Je pensais que tu savais… » Ou peut-être qu’il n’avait simplement pas pensé du tout.

Parler de leur relation faisait naitre chez lui un malaise qu’il lui était presque inconnu tant son envie de maitriser les choses le poussait le plus souvent à prendre le dessus sûr toutes situations. Avec Elisabeth il n’avait rien fait d’autre que prendre la fuite sans demander son reste. « Tu as raison, fin de l’histoire. C’est d’ailleurs parce qu’elle est belle et bien finie que nous en parlons encore pas vrai ? » Secouant un peu la tête il avait tenté de comprendre son raisonnement, d’entendre sa logique mais aussi d’imaginer ce qu’elle attendait de lui maintenant comme réponse. « On en parle parce qu’on l’a jamais fait avant… » Pour lui c’était plus ni moins que ça. « Mais je t’en prie, dis moi Elisabeth… Si tout ça n’est pas fini alors… Comment est-ce que ça fini ? » Elle avait semblé d’un coup un peu perturbée par la question. Est-ce qu’il était supposé être celui qui mettrait à nouveau plus de dix mille kilomètre entre eux ? Aujourd’hui il avait sa vie ici et il ne comptait pas partir… Alors quoi ? Il aurait fallu qu’il ne la salut pas ? Qu’il oublie son existence ou alors qu’ils dévoilent tout à Daniel ? Qu’est ce que c’était sa solution ultime pour mettre fin à tout ça.

Finalement agacé qu’elle se permette de penser à sa place il avait entrepris de se lever pour mettre un peu de distance entre eux, lui tournant le dos pour continuer à observer les garçons. Le silence s’était installé mais il ne lui faisait pas peur. Gauthier n’étant pas de ceux qui pensent que les mots veulent tout dire - il aimait le calme et la sérénité et au milieu de la tempête qui faisait rage en lui c’était appréciable. Pourtant la voix d’Elisabeth c’était fait entendre derrière lui. « Figure-toi que j’essaye-moi aussi de te dire ce que je ressens. Mais il faut croire que je suis plus maladroite que ce que je m’imaginais. » Serrant un peu la mâchoire il n’avait pourtant pas bougé d’un pouce. Pas dit un mot non plus laissant les paroles de la blonde raisonner dans sa tête. Tout le deux ne savaient pas comment s’y prendre et c’était bien pour cette raison qu’ils avaient soigneusement évité le sujet jusque là, au final 4ans n’avait peut-être pas suffi pour rendre les choses moins compliquées. «  Dans ce cas, parle. Dis-moi ce que tu penses. Je t’écoute. » Baissant le regard toujours de dos il n’avait pas encore répondu qu’elle ajoutait. « Mais avant, laisse-moi te dire que tu te trompes. Je n’agis pas comme si je méritais tout ça. Sinon, je serais restée avec Gabriel en Angleterre et j’aurais continué à vivre ma vie aux côtés de Daniel en m’auto flagellant, en me réveillant chaque matin avec la pensée que finalement, ce n’est que le juste retour de flammes. » Pendant encore de longues secondes Gauthier était resté silencieux, se demandant si Elisabeth viendrait ou non briser le bruit de vague de sa voix douce. Puis finalement il avait repris toujours sans bouger. « Je n’ai pas dit que tu agissais comme si tu méritais ça Eli, mais quand tu as parlé du fait qu’il empruntait le même chemin que toi et que tu n’arrivais donc pas à lui en vouloir j’ai eu l’impression que quelque part tu tentais de relativiser… J’ai peut-être eu tord. » Il n’y comprenait pas grand chose de toute façon. Les femmes étaient un mystère pour lui, la race humaine en général même.

Finalement il s’était retourné pour observer un instant la blonde qui était maintenant couché sur le sol. Il la trouvait presque trop décontractée, comme si au final cette conversation ne la remuait pas autant que lui. « Je pense pas que t’es faible, je ne pense pas non plus que tu es une victime du méchant Daniel. Je pense que… Les relations humaines sont parfois complexe, et soit on a la force et l’envie de pardonner et d’aller de l’avant soit on ne l’a pas… » Après un court silence il avait rajouté. « Quand je te regarde je vois une mère qui s’inquiète pour son fils et qui a fait au mieux pour lui et pour elle, je vois aussi une femme pleine de ressources mais un peu perdue. » En se détournant à nouveau il avait fait deux pas vers la mer avant de se retourner. « Et puisque l’on est pas ami alors j’imagine que je ne suis la personne la plus légitime pour en parler… Je vais aller me baigner… » Il reprenait ses mots à elle - parce que même si il connaissait cette vérité la dureté avec laquelle elle l’avait exposée lui avait semblé comme une blessure fatale… Coupant un peu court à la conversation il avait entrepris de marché pour rejoindre les garçons.
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Message(#)It feels like there's oceans between you and me + ELISABETH EmptyDim 9 Oct 2016 - 23:07

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Gauthier & Elisabeth
We all are a single dust in the universe

Dans les rayons aveuglants du soleil grimpant à travers les rares nuages du ciel australien, Elisabeth a du mal à distinguer nettement la silhouette de Gauthier sans se bruler les rétines. Elle n’a cependant pas besoin de l’observer pour entendre ses pieds fouler le sable et percuter la surface de l’eau dans des clapotis rassurants. Ainsi, il bat en retraite. Non pas que cela la dérange, au contraire. L’avocate est même soulagée de ce répit offert. Il est venu vers elle si vite et la conversation a si vite dérapée qu’elle n’a pas tellement eu le temps de remettre un peu d’ordre dans ses pensées qui ont été si facilement retournée par la présence inopportune du trader. À cet instant précis, la jeune femme a la désagréable impression d’être prise de court et qu’on lui tient la nuque pour qu’elle ne détourner pas le visage, la forçant à toiser son passé bien en face. Un peu comme si soudainement, un client qu’elle défend depuis des mois se révèle être Adolf Hitler devant toute la Coure de Justice avec elle, hébétée à ses côtés.

Dans un soupir, elle farfouille dans son sac de plage pour dégoter ses lunettes de soleil qu’elle pose sur son nez. Le trader est parti sans qu’elle n’ait le temps de répondre à certaines questions. Mais cela lui permet également de digérer quelques nouvelles. La révélation brutale des aventures à répétition de Daniel est comme une brûlure au fer rouge sur sa peau qu’elle n’arrive pas à ignorer. La douleur est là, lancinante. Sa gorge serrée l’empêche un instant de déglutir. Une envie terrible de jeter quelque chose dans l’océan lui démange le bras droit, mais elle reste stoïque en se mordant les lèvres pour leur éviter de trembler.

« Jusqu’à quel point peux-tu être stupide, Eli ? » se demande-t-elle à elle même dans un murmure.

Avec un « rhaaa ! » exaspéré, elle enfouit son nez dans le creux de son coude alors que ses ongles viennent s’enfoncer dans la chaire de ses épaules. Son mari a donc parlé de tout cela avec Gauthier. De s’imaginer que son amant d’une nuit en sait plus qu’elle sur toute cette histoire qui la concerne directement la déstabilise. Quelles informations qu’elle ignore va-t-il encore sortir de sa manche en s’excusant dans un soupir, lui disant qu’il pensait qu’elle savait ? Finalement, Elisabeth ne sait pas grand chose. Juste assez pour motiver sa fuite dans sa volonté de couper les ponts. Juste assez pour éviter la confrontation pour l’instant.

Comment est-ce-que ça fini ? La question tourne dans sa tête sans qu’aucune réponse plausible ne lui vienne à l’esprit. Elle était restée muette lorsqu’il la lui avait posée. Mais qu’aurait-elle pu répondre ? Qu’elle se termine bien ? Mal ? La vérité est qu’elle n’en a pas la moindre idée. Comme il le lui a si aimablement rappelée, Elisabeth se découvre être un peu perdue. Mais cette remarque lui laisse un goût amer dans la bouche. Que devrait-elle être si ce n’est déboussolée ? Même si elle essaie tant bien que mal de maintenir les apparences et l’illusion qu’elle maîtrise parfaitement la situation, ce n’est pas le cas. Et cela la désole qu’en si peu de temps, elle se soit tant exposée et que Gauthier l’ait si rapidement percée à jour.

Elle se redresse sur ses coudes pour observer un instant le trio s’amuser dans les vagues. Le petit Oliver s’agrippe à sa planche en mousse tandis que Gabriel l’observe patiemment faire, un petit air curieux sur le visage. L’avocate se fait la note mentale de lui en acheter une similaire. Avec le retour du beau temps, elle pourrait apprendre à son fils. La jeune femme remarque alors avec un intérêt tout nouveau la douceur sur les traits de Gauthier alors qu’il s’occupe patiemment des garçons. D’ordinaire si dur et froid, voilà qu’une facette de sa personnalité se dévoile. Elisabeth ne l’a jamais vu interagir avec des enfants auparavant. Elle est attendrie par le tableau charmant qui efface un instant sa discussion houleuse avec le meilleur ami de son époux. Les choses peuvent être simples. Et pourtant le propre même de l’homme est de se compliquer la tâche. Comme la situation est étrange. Déconcertante, même. Quelles étaient les chances pour qu’ils se recroisent aujourd’hui, maintenant ?
Dans le visage souriant de Gabriel, elle se surprend encore à apercevoir de ci de là une fossette dans sa joue droite qui lui rappelle celle de Gauthier. La même qu’elle a aperçu pour la première fois lors de leur toute première sortie avec Daniel, il y a de cela de nombreuses années, alors qu’ils s’étaient réservés un week-end de randonnée au Pays de Galles. Troublée, elle chasse ces idées dans un coin de sa tête.

« Maman ! »

Gabriel sort de l’eau et arrive au petit trot à l’ombre du parasol. Ses boucles brunes dégoulinent d’eau de mer alors qu’il cligne des yeux, se les frottant de ses petits poings.

« Ça pique ! Dans les yeux ! » se plaint-t-il en tendant les bras vers elle.

Elisabeth le réceptionne et vient le réchauffer contre elle. Elle l’enveloppe précautionneusement dans sa serviette déjà à moitié sèche et vient embrasser l’arrière de son crâne avant de lui essuyer les cheveux.

« Ça va passer, » le rassure-t-elle en lui essuyant les paupières avec un coin de serviette. « Alors, ça va mieux ? »

Il acquiesce, un brin boudeur. Timide et réservé avec les inconnus, il a préféré fuir la soudaine présence masculine. Il se tortille pour se tourner face à elle.

« Les pancakes, s’il te plaît, » demande-t-il dans un léger grondement de ventre.

Sa mère lui ébouriffe les cheveux et récupère les tupperwares. Gabriel ne demande pas son reste et entame les petites crêpes à pleines dents.

« Monsieur se ravitaille avant de retourner jouer ? Ça creuse l’océan, hein ? »

Elle le serre fort contre elle, malgré ses protestations amusées.
La blonde aimerait elle aussi aller nager, mais après la rupture nette de Gauthier, elle préfère garder ses distances pour ne pas le brusquer. Pour ne pas se brusquer également peut-être.
 
 




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Message(#)It feels like there's oceans between you and me + ELISABETH EmptyMar 11 Oct 2016 - 0:12

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Elisabeth & Gauthier

Il trempe les pieds dans l’eau, vide sa tête un instant, en mettant la conversation qu’il vient d’avoir au second plan. Son regard se pose dur Oliver qui joue tout sourire et cet insouciance enfantine fait naitre un léger sourire sur son visage. « T’as vu tonton ? Je suis plus fort que avant ! » Il saute sur sa petite planche en mousse sous le regard de l’homme qui tente de chasser son trouble. Gauthier déteste ce genre de sentiments, cette impression de ne pas être maitre de ses émotions, de ne pas être maitre de la situation le plonge dans un profond questionnement. A bien y réfléchir, il pourrait prendre la fuite à nouveau – mais aujourd’hui la présence d’Elisabeth devant lui et la preuve ultime que l’on se fait toujours rattraper par son passé. Son problème étant bien plus dans le fait qu’il ne sait pas comment régler cette histoire. Il pourrait sans doute prétendre que tout ce qu’il y a entre eux – que ce moment d’égarement n’étaient rien de plus que ça, mais la simple idée de lui mentir de la sorte est gênante. Tous les deux le savent – cet instant partagé a signifié quelque chose… Pour eux d’eux. Il mit fin à une amitié… Pour quelque chose qu’ils ne pouvaient pas contrôler, alors même que Daniel n’était pas si loin dans la montagne et qu’ils n’avaient même pas eu une pensé pour lui au moment de se frôler et de s’unir.

Il joue quelques instants avec les deux enfants, apprenant petit à petit à dompter la timidité de Gabriel alors que ce dernier rigole avec son neveu, sans doute plus à l’aise avec la présence d’autres enfants. Pendant quelques secondes, le regard de Gauthier se perd sur cet enfant qui ressemble si peu à Daniel, ça le frappe presque trop violemment. Mais comme à chaque fois que cette idée stupide lui vient en tête il la chasse aussi vite, se refusant de penser de telle ineptie. Gabriel est le fils de Daniel, il est son fils il ne peut pas en être autrement. Et pourtant, quand la petite frimousse disparaît de sous son nez il ressent un certain soulagement – comme si son esprit pouvait enfin se détendre. Quelques secondes encore il reste dans l’eau avec son neveu avant que son regard ne remonte se poser sur Elisabeth qui sert son fils contre elle. Il l’observe un instant presque sauvagement – comme il le faisait à l’époque et quand elle relève le regard sur lui il lui offre un léger sourire attendri avant de reporter son attention Ollie qui l’appelle. « Tonton ! Je peux avoir des pancakes moi aussi ? » Un instant il se question pas sur que ça soit la meilleure des idées de retourner vers eux. « Je ne sais pas, c’est à Elisabeth qu’il faut demander. » Il ne faut pas le lui dire deux fois et déjà le petit garçon sort de l’eau en courant pour rejoindre son nouvel ami.

Gauthier est moins rapide, un instant il reste immobile avant de s’activer pour retrouver les serviette lui aussi. Il n’a aucune envie de manger, sentant qu’une boule lui coupe l’appétit. Au loin il entend Oliver demandant avec toute la politesse qu’on lui a appris un morceau de pancake alors qu’enfin Gauthier se retrouve proche d’eux à nouveau. Il reste silencieux pendant les minutes qui suivent et qui sont comblées par les explications de son neveux sur la manière dont on fait le meilleur gâteau. « … Même que je l’ai fait avec Gauthier, et même que notre gâteau était encore meilleur que celui de la maman de Tommy. » Levant les au au ciel, Gauthier est amusé par la légère vantardise de son neveu. Le trader a toujours apprécié de cuisiner même si il n’a pas beaucoup de temps à y consacrer et c’est toujours pour le plaisir de son neveu qui doit le reste du temps subir la nourriture de Charlie ou de Théodora. « Mais les pancakes c’est bon aussi. Merci Madame Elisabeth. » Finit-il par ajouter alors qu’il finit le sien et regard Oliver. « On y retourne ? » A nouveau les deux fusées foncent vers la mer pour laisser les adultes entre eux. Gauthier est resté debout et une fois les garçon au bord de l’eau il se retourne vers la jeune femme pour lui tendre la main. « Et si on les rejoignait ? Ca fait longtemps que je ne t’ai plus vu nager. » Et pourtant dieu sait comme il aimait ça. La regarder nager c’était presque comme contempler un art. La question est sans doute un peu maladroite une fois de plus mais c’est sans doute aussi un peu sa manière de s’excuser et pourtant il rajouter alors qu’elle n’a pas encore décidé si elle allait accepter sa proposition. « Je ne voulais pas être rude Elisabeth… Te revoir remue beaucoup de souvenirs c’est tout… » Et certains sont moins faciles que d’autres à retrouver mais ce n’est pas tant sa faute à elle… C’est juste comme ça.
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