Quelques minutes plus tôt, elles plaisantaient sur tout et n’importe quoi. Les deux jeunes femmes étaient sorties du club en riant, bien heureuse d’avoir passé une très bonne soirée et d’avoir un peu décompressé. C’est la routine qui fait son œuvre, Cora taquine Eireen, Eireen s’offusque et boude pendant cinq minutes, et tout recommence, ainsi de suite. ‘est bon pour le moral ce genre de moment. Sauf qu’en l’espace d’un instant, tout s’écroule. Et Cora n’a rien vu de tout ça, trop occupée à profiter de son dernier rire. En un instant, tout change. Cora femme s’est précipitée vers son amie pour la retenir de chuter trop fort. A ce moment, elle ne réalise même pas que c’est parce qu’Eireen est mortellement blessée. A vrai dire, même alors que ses mains sont en train d’essayer de retenir le flux de sang qui s’échappe de l’avocate, Cora ne réalise pas ce qu’elle fait. Comme si un autre elle avait pris possession d’elle, une façon totalement paniquée d’elle qu’elle n’avait jamais eu à rencontrer. Cora a peur. La vie d’Eireen est en jeu et ça lui incombe d’être une sauveteuse. Cora n’a jamais fait ça, elle ne cesse de se le répéter. Elle ne sait pas. Elle crie à l’aide, dans l’espoir d’obtenir rapidement un soutien, peut-être plus qualifié qu’elle. Il faut aussi qu’elle empêche Eireen de s’endormir. Elle sait, c’est pas évident. Mais c’est important qu’elle ne perde pas connaissance. "Kaleb ..." Eireen appelle. Cora ne peut s’empêcher d’avoir la penser égoïste que sans toutes ces bêtises, elles n’en seraient pas là. « Scchh ..Schhh » lui murmurre t-elle pour la calmer. « Ne parle pas, il faut absolument que tu gardes ton énergie pour rester éveillée. » Elle crie à nouveau, bien que les larmes qui commencent à couler provoquent une boule dans sa gorge. Heureusement, ses cries obtiennent des réponses, un homme arrive, suivit d’un autre et encore d’autres dont Cora ne fait pas attention. "J'suis ambulancier ... J'peux aider." Exactement les mêmes mots qu’elle voulait entendre. Quelqu’un de qualifier pour aider son amie. "Votre amie s'appelle comment ?" « Eireen » dit-elle la voix un peu brisée "Ouais ... c'est pas génial." Comment ça pas génial ? Il allait quand même l’enterrer de suite nan ? "Il nous faudrait des serviettes pour faire pression." Dit-il à l’adresse du videur venu prévenir les secours. Les yeux de Cora, eux, n’arrivent pas à se détacher d’Eireen. "Vous avez pu voir ce qui s'est passé ?" Elle hoche la tête, sans regarder ailleurs. « Non, je ne regardais pas. Ça s’est passé si vite… » explique t-elle toujours en tentant de se rappeler comment elles en sont arrivés là. Le videur revient avec ce qui peut faire office de serviette et au loin, la sirène de l’ambulance se fait entendre. C’est alors que Cora ajoute, calmement, en faisant maintenant pression sur eireen avec les serviettes. « Elle est enceinte. » Elle s’était senti obligé de le préciser, même si là, elle avait de gros doute sur la survie du bébé.

"Ils doivent avoir des caméras de sécurité. J'pense que les flics les demanderont." Elle se demande ce qu’il essaie de faire. Elle sait qu’il faut prévenir la police, tout ça. Mais la priorité reste de sauver la vie d’Eireen. Elle n’ajoute rien, préférant se dire qu’il a dit ça pour essayer de lui dire que ça n’est pas grave si elle n’a rien vu, qu’ils sauront arrêter ce type. Elle n’ajoute rien. Elle ne veut pas parler. Ça lui semble être de l’énergie gaspillée tellement inutilement alors qu’ils ont cent fois plus important à faire. L’ambulance arrive, et même si tout n’est pas résolu, elle espère vivement qu’Eireen sera très vite prise en charge par des professionnels. C’est à ce moment qu’elle juge opportun de prévenir le type à côté d’elle de la grossesse d’Eireen. "De combien de mois ?" « Elle vient d’entrer dans le deuxième » répond t-elle en espérant avoir juste. Elle ne sait pas. Ça ne fait que l’énerver encore plus ce soir car elle a l’impression de ne rien savoir, de n’être capable de répondre à aucune question et de servir à rien. Dure soirée. Une dure nuit est à prévoir aussi. "Femme poignardée à quatre reprises dans l'abdomen. La victime est également enceinte." Annonce l’homme à côté d’elle aux autres ambulanciers tout en s’écartant d’Eireen. Cora, elle, ne bouge pas. Elle reste à côté d’Eireen tandis qu’ils commencent à l’intuber et à la placer sur le brancard. Elle lui tient la main et ne la lâche pas. . "Vous montez avec elle ?" demandent-ils un peu mis au pieds du mur par l’attitude de Cora qui ne souhaitent aucunement laisser Eireen seule. « Oui, je viens. » dit-elle au ralenti alors qu’elle a déjà les pieds dans l’ambulance. De toute manière, Cora semble tellement perdue, c’est bien mieux qu’elle reste entourée.