Ophelia s'arrête un instant, elle sourit, ferme les yeux pour ne les rouvrir que quelques secondes plus tard sur une rue noire de monde. Les gens marchent vite, se bousculent alors qu'elle garde une cadence tranquille, qu'elle laisse glisser son regard sur ce qui l'entoure. C'est son jour de congé aujourd'hui, et elle le passe dehors, à flâner dans les rues de Fortitude Valley. Elle est seule et libre, incroyablement libre et trop heureuse de ressentir à nouveau ce sentiment.
Brisbane, c'est la première page blanche de son nouveau livre, c'est une remise à zéro. C'est le potentiel d'une vie nouvelle, qui, elle l'espère, lui conviendra mieux que la précédente. Avec Cian elle étouffait, elle suffoquait sous le poids des responsabilités et d'une vie rangée qu'elle n'avait jamais souhaité, qui lui était tombé dessus sans qu'elle s'en aperçoive. Quitter l'Irlande et sa famille, c'était certainement la meilleure décision qu'elle ait prise depuis un bon moment. Bon Dieu ce qu'elle s'était manqué .. Ce qu'elle avait pu s'effacer ces dernières années, dans cette vie angoissante .. Alors oui, parfois ils lui manquaient, et oui, elle aimait son fils, ce n'était pas la question. C'était juste qu'elle ne voulait plus être sa mère, et qu'elle en avait marre de passer en second et d'être devenu un acteur passif de sa vie.
Ophelia prend à gauche et rejoins la rue principale. Il y a du monde, beaucoup plus de monde. Les visages défilent sans qu'elle n'en imprime aucun et pourtant, quand elle aperçoit celui d'un grand brun qui s'avance vers elle, elle sait immédiatement de qui il s'agit. L'homme qu'elle a aimé le premier. Valentin.

En ce moment, je n'avais plus trop de raison de me plaindre. La vie banale, classique et un peu ennuyante refaisait surface. Certes, le fond du problème vient que je suis encore coincé dans cette petite société de détective privé que je me suis créé. Je ne manque pas de client, ni même d'argent, mais le travail en lui-même commence sérieusement à me fatiguer. Je suis sûr que même un flic s'amuse bien plus que moi. Au moins, on est couvert et respecté. Là, j'ai juste l'impression d'être un insecte fourbe mais qu'on peut écraser à tout moment. Le nouveau tournant professionnel de ma vie est arrivé. Mais je commence à puiser toutes mes ressources, et je me demande si je ne devrais pas retourner dans mes premiers amours. C'est à ce moment-là précisément que je tombais nez à nez avec mon premier amour, Ophelia. Certainement la plus jolie fille qu'il m'ait été donner de voir. Elle irradier toujours autant et j'en fus subjuguer. Je m'étais stoppé en plein élan pour rentrer chez moi pour simplement l'observer, autant ravi qu'abasourdi. Parce que ce n'était pas normal que je la revoie ici, en Australie, alors qu'on s'était rencontré et aimé Athènes. Et secrètement, j'avais espéré ne jamais la revoir. C'était raté. Parce que oui, j'avais agit comme un raté avec elle. J'ai fuit comme un lâche, et y'a toutes les chances pour qu'elle me saute au cou pour m'étrangler. Je n'osais même pas sourire, j'attendais juste de savoir si elle viendrait me parler, me tuer ou tout simplement passer son chemin tout comme si je n'avais jamais exister. Un certaine appréhension s'installait en moi.

Elle s'arrête net, en plein milieu de la rue. Le type derrière elle lui rentre presque dedans, il vocifère une insulte avant de poursuivre sa route, les sourcils froncés. Ophelia elle, ne bouge pas. Son cœur s'est contracté, son sang tambourine dans ses veines. Depuis le temps qu'elle ne l'avait pas vu, on aurait pu penser qu'elle ne ressentirait rien à l'idée de l'avoir devant elle, et pourtant .. L'avoir si près, si soudainement, fait tout remonter à la surface. L'amour, l'incompréhension, la haine. Le sentiment est bref, mais présent. Valentin s'est arrêté aussi, il la regarde comme un gosse qui vient d'être pris en faute. Il n'a pas changé. Ses traits sont toujours aussi fins, et ces yeux .. Ces yeux .. Ophelia reste muette, elle non plus n'ose pas bouger. Elle est passé à autre chose depuis, elle l'a complètement oublié et à ce titre, elle a envie de partir, parce qu'il ne lui importe plus et que perdre son temps à parler de banalités avec lui ne l'intéresse pas. Pourtant, et sans vraiment comprendre pourquoi, elle se dit qu'agir ainsi pourrait lui donner de mauvaises idées, lui faire croire qu'elle fuit parce qu'elle lui en veut encore .. Ophelia pense trop, elle réfléchit rapidement à ce qu'elle va faire et se décide enfin, un bon moment plus tard, à avancer d'un pas vers lui. Un pas, puis deux, et elle est à sa hauteur. Bah mince alors, qu'est-ce que tu fais là ? C'est maladroit, mais c'est aussi la première chose qui lui vient à l'esprit.

C’est comme si le monde autour de nous venait de s’arrêter et que le fait de respirer, même une bouffée d’air frais serait toxique et nous ferait exploser. Parce que oui, Ophelia était dans le même état que moi. Ophelia, cette si jolie blonde qui m’avait retourné la tête et m’en avais fait oublier jusqu’à mon nom. En même temps, j’ai toujours entendu dire que c’était à peu près l’effet que fait un premier amour. J’avais eu le cœur brisé à la base quand j’avais appris qu’elle ne venait à Athènes que pour les grandes vacances. Par la suite, elle était venue s’installer, pour moi. Je n’avais pas géré. Bien sûr, je lui avais proposé de m’accompagner, mais elle aussi avait une vie et j’avais décidé de tout briser, juste pour des études, qui au final ne m’avait pas permis de faire le métier que je désirais. Autant vous dire que j’aurais bien plongé sous la bouche d’égout qui se trouvait à mes pieds. Mais je restais figé, bien trop mal à l’aise, encore plus quand elle s’approcha de moi pour me parler. Ce que je faisais là … J’ouvrais une première fois la bouche, sans avoir un seul son qui n’en sortait, la refermais alors par stupidité et finis par trouver des mots, pas forcément justes Heu … Ben … Je … Heu … Je vis ici. Ouaah, mais dis donc, c’était totalement loquace et brillant ce que je venais de dire. Il fallait vite que je trouve une échappatoire, que je me libère de ce regard qui avait toujours su m’emprisonner et me perturber. Cela avait toujours été dans le sens positif, aujourd’hui, il ne pourra que me porter préjudice Et toi ? Je lui avais demandé tellement rapidement que je n’étais même pas sûr qu’elle ait entendu quoi que ce soit avec ce brouhaha ambiant de la rue.

Valentin baragouine deux trois mots dont elle a du mal à saisir le sens. Ce n'est pas à cause de la rumeur ambiante ou de toutes ces personnes qui passent à côté d'eux, qui les engueulent parfois parce qu'ils restent là, en plein milieu de la rue .. C'est plutôt à cause du malaise qui semble envahir le joli brun. Ses pommettes rougissent, il parle trop vite. La belle n'entends que ses derniers mots : il vit ici. Un fin sourire se dessine sur le visage d'Ophelia. Bon Dieu, de toutes les destinations qu'elles auraient pu choisir, et de toutes ces villes qu'elle avait déjà faite depuis qu'elle avait fuit l'Irlande, il avait fallu qu'elle décide de s'installer dans la même ville que lui. Appelez ça du hasard .. Ou les rétributions d'un sale karma qui la punissait en lui ressortant une vieille histoire. Pas n'importe laquelle, son premier amour. Et toi ? Elle sort de ses pensées, respire un bon coup. Je vis ici aussi .. Je suppose. Première fois qu'elle le dit à autre voix. C'est une décision qu'elle n'a jamais vraiment prise, pas consciemment du moins. Elle est juste arrivée là à Brisbane, a aimé les lieux, posé ses valises .. Et tout s'est enchaîné si naturellement qu'elle est restée. Je .. Le silence qui suit sa dernière réponse est pesant, elle ne sait pas quoi dire de plus, ni quoi faire. Elle n'a pas vraiment envie de partir, mais pas envie de rester non plus. Lui proposer d'aller boire un verre semble absurde, après tout, c'est lui qui l'a abandonné et elle, elle ne veut pas faire un pas envers lui. Elle en a déjà bien assez fait. Je .. devrais peut-être .. filer. C'est le choix par défaut, rester là à se regarder dans le blanc des yeux serait étrange.

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Elle m'avait entendu. Je ne saurais dire comment. Certainement avais-je eu une voix un peu radicale et spontanée. Ou avait-elle lu tout simplement sur mes lèvres. Après tout, ce n'était pas bien compliqué à comprendre. Elle m'annonçait alors qu'elle aussi vivait ici. Décidément, à croire que tout le monde de mon entourage présent ou passé, c'était donné le mot pour venir vivre ici. Tout avait commencé avec cet idiot de Niklas. Finalement, je ne pouvais pas lui en vouloir tant que ça, vu que je pouvais enfin vivre de nouveau dans la même ville que ma sœur et ma meilleure amie à présent. C'était une sacrée avancée et un sacré avantage. Aujourd'hui, j'avais même droit à mon premier amour qui me faisait encore des frissons dans le dos. Certainement aussi parce que j'avais merdé avec elle à l'époque et que je m'en voulais toujours encore aujourd'hui. Il semblait qu'elle aussi, parce que malgré nos surprises, notre incapacité à détacher nos regards l'un de l'autre, elle voulait fuir. Rien de plus normal, je m'y étais attendu depuis l'instant où on s'était croisé dans cette rue. Je la regardais s'éloigner, me demandant vraiment ce que je devais faire. Je ferais mieux de continuer mon chemin, faire comme si je ne l'avais jamais croisé. Seulement je fis l'inverse et essayais tant bien que mal de la rattraper. Attends Ophalia ! Lui disais-je tout en lui attrapant doucement son bras pour la retenir et passer devant elle. Viens au moins boire un café avec moi s'il te plaît. Ce n'est pas un hasard si on vit à présent dans la même ville. Oui je voulais croire que je pouvais enfin m'excuser auprès d'elle. Il était enfin temps.

Elle lui lance un dernier regard, maladroit et doux, et tourne les talons. C'est étrange, la situation entière est étrange et la laisse avec un sentiment bizarre. Le monde autour tourne au ralenti, elle n'entends plus vraiment les paroles des autres .. Et puis il y a cette vague de sentiments et de nostalgie qui refait brutalement surface, comme si elle venait d'être transporté dans le passé l'espace de quelques secondes. Le voir est tellement inattendu, tellement incroyable, qu'elle se demande, maintenant qu'elle lui a tourné le dos, si elle ne l'a pas rêvé. Attends Ophelia ! Contre toute attente, Valentin s'avance vers elle et la retient par le bras. La belle se retourne vers lui, surprise. Viens au moins boire un café avec moi s'il te plaît. Ce n'est pas un hasard si on vit à présent dans la même ville. "pas un hasard" .. c'est typiquement le genre de phrase qui résonne en elle. Ophelia croit au destin, aux rencontres qui arrivent au bon moment et dans un but précis, aux événements qui ont un sens. Elle croit dur comme fer à la providence, aux histoires écrites dans les étoiles, et aux indices qui lui sont laissés pour la guider sur le bon chemin. Valentin a raison : le retrouver ici, à mille lieux d'où ils se sont aimé et presque dix ans tout pile après, n'est pas un hasard. C'est un signe. Un signe de quoi par contre, ça, ce sera a elle de le découvrir. La belle reste muette un instant, avant qu'un sourire doux ne s’immisce sur ses lèvres. Je .. d'accord, va pour un café. Elle s'approche de lui et ajoute : J'connais un endroit sympa par là-bas. Un petit café, dans une rue légèrement à l'écart de la principale où ils se trouvent. A nouveau Ophelia se retourne, cette fois pour le guider, en silence.

Un léger stress s’immisce dans ma légendaire assurance que je n'ai depuis que mes premières années à la fac, à Miami, chose que je n'avais pas quand j'étais encore qu'un simple lycéen, ne connaissant rien aux charmes que je pouvais utiliser sur les femmes. D'où ma surprise quand j'ai appris que Ophelia s'intéressait à moi, moi qui ne me trouvait rien de bien particulier, qui ne voulait pas faire parti de ces idiots de coéquipier au football. Faut dire que c'était tous relativement des brutes. C'était pas non plus le sport le plus populaire à l'époque. D'où mon besoin de migrer vers les Etats-Unis. J'avais cru bêtement à l'époque que ma jolie copine blonde aurait compris, mais après tout, chez elle, c'est davantage le rugby. Comment aurait-elle pu comprendre ma passion qui n'était pas la sienne aussi. Au final, j'avais terriblement honte d'avoir fait tout ce chemin pour rien, pour devenir simple détective privé, ne me sentant clairement pas comblé dans ce domaine. J'aurais mieux fait de la laisser continuer son chemin, je me trouve bien trop pitoyable. J'espérais, en échange de ce stress qui ne voulait pas qu'elle me refoule, qu'elle le fasse réellement. J'y ai cru un moment, mais finalement, elle m'avait souri. Je souriais bêtement en retour. Encore plus quand elle me répondit par l'affirmative. Elle s'était rapprochée de moi et je sentais le doux parfum de ses cheveux, et j'avais envie d'y passer ma main comme à l'époque. Une nostalgie bien dérangeante, que je n'aurais jamais pu imaginer. Je te suis alors. Lui répondais-je tout en l'accompagnant Qu'est-ce qui t'amène en Australie ? Lui demandais-je alors pour en savoir plus sur elle et sa nouvelle vie.

Elle avance doucement, en prenant bien soin d'éviter les nombreux passants qui se bousculent devant eux. Valentin est derrière elle, silencieux, il lui laisse le temps de réfléchir et de réaliser à quel point la situation est étrange. Il y a un fossé entre eux, une énorme distance qui n'a jusque là jamais existé et qu'elle trouve ironique : et dire qu'elle l'a aimé, qu'ils ont vécu une superbe histoire ensemble il y a des années de ça, dans une autre vie, et qu'à présent ils ne sont plus que deux étrangers, gênés, qui ne savent quoi dire et quoi faire l'un envers l'autre. Qu'est-ce qui t'amène en Australie ? La belle regarde à gauche, à droite et traverse la rue avant de lui répondre. L'envie de changer d'air. Et de changer de vie, ce qu'elle se garde bien d'ajouter, d'ailleurs. J'ai fais le tour de l'Irlande, j'avais envie de bouger, de vivre ailleurs. J'ai finis par m'installer ici après un long voyage de quelques mois. Elle regarde devant elle, un fin sourire sur les lèvres. Après quelques pas, elle dévie sur la droite et l'entraîne dans une petite ruelle plus tranquille. Au loin se distingue la devanture d'un café ancien, bourré de charme. C'est là qu'elle l'emmène. Et toi, comment tu as atterri ici ? Elle s'avance encore et arrive enfin à destination. C'est ici. dis-t-elle avant de pousser la porte du café.

La jeune femme prit alors la tête de la marche. Je restais tout de même au possible à ses côtés, malgré le grand nombre de passant qui nous séparaient par moment. Je lui demandais alors tout en marchant ce qu’il l’amenait en Australie, et c’était apparemment une simple envie de changement, de voir du pays, de changer un peu de son pays natal. Je hochais de la tête, comprenant totalement ce qu’elle disait, puisque après tout, c’était l’une de mes intentions aussi quand je suis parti loin de la Grèce. J’adore mon pays oui. Mais pour y vivre, je préférais bien davantage les Etats-Unis. En Australie ça diffère oui, je retrouve bizarrement un peu des deux. Mais en attendant, ça m’étonnait tout de même de la jolie blonde Installer définitivement ? Je ne t’aurais jamais cru capable de quitter un jour ton Irlande. Déjà à l’époque je me souviens que c’était un peu dur pour elle de se trouver si loin de son pays. Une fois dans une petite ruelle, elle me retournait alors la question avant de m’informer que le café en question était juste devant nous. Sympa. Lui répondais-je en admirant la devanture avant qu’on ne commence à y rentrer. On s’installait alors à une table, en profitant pour bien réfléchir à mes paroles et lui répondais enfin Pour et avec ma sœur. Et avec Thalia également. Je ne sais pas si tu te souviens de Thalia d’ailleurs, ma meilleure amie … On est venu pour retrouver un sale type, celui qui a brisé le cœur de ma sœur. Pendant des mois elle n’a pas réussi à s’en remettre. Finalement j’ai retrouvé sa trace ici, à Brisbane. Et elle est bien décidée à rester. Expliquais-je alors à mon ex.

Installer définitivement ? Je ne t’aurais jamais cru capable de quitter un jour ton Irlande. La belle rit, brièvement. Valentin a raison, elle a toujours été très attachée à ses terres d'origines. Même si Ophelia a beaucoup voyagé, ça a toujours été pour mieux revenir en Irlande. Ce pays, c'est son point d'ancrage, son repère. C'était. Maintenant, les choses sont différentes, elle n'est plus la bienvenue chez elle, ou du moins c'est ce qu'elle croit. Galway n'est plus son point de chute, parce qu'elle ne peut pas y retourner, pas sans avoir à confronter ses proches ni sans avoir à nettoyer le sacré foutoir qu'elle a laissé derrière elle. Et ça .. elle ne le supporterait pas. La blonde a déjà suffisamment souffert durant les dernières années de son mariage, elle a déjà trop croulé sous le point des responsabilités pour retourner dans son pays et reprendre cette vie étouffante là où elle l'a laissé. Appelez-ça de la lâcheté, à son sens à elle, c'est plutôt une question de survie.
Ils arrivent devant le petit café ancien. Ophelia pousse la porte et traverse la salle, son ancien amant derrière elle. Ils s'installent, et Valentin lui répond enfin. Pour et avec ma sœur. Et avec Thalia également. Je ne sais pas si tu te souviens de Thalia d’ailleurs, ma meilleure amie … On est venu pour retrouver un sale type, celui qui a brisé le cœur de ma sœur. Pendant des mois elle n’a pas réussi à s’en remettre. Finalement j’ai retrouvé sa trace ici, à Brisbane. Et elle est bien décidée à rester. Elle l'écoute, et ne peut s'empêcher de ressentir une pointe dans son cœur lorsqu'il parle de toutes ces personnes venus ici avec lui. Sa sœur, sa meilleure amie. Tout le monde, sauf elle. C'est ridicule de le penser, elle en a conscience, mais pourtant elle ne peut s'en empêcher. A croire que ses blessures ne sont pas si refermées que ça. Oui, oui bien sûr, je me souviens de Thalia. Comment oublier cette fille avec qui elle a entretenu une relation si ambiguë, entre l'amitié et la détestation, quand elle sortait encore avec Valentin ? Merde, elle va mieux ? Que .. Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que vous avez décidé de faire ?

Une fois dans le petit café assez cosy, j'annonçais à mon ex amour comment je m'étais retrouvé en Australie. Cela avait été malgré moi, même si je ferais tout pour aider ma frangine, jusqu'à même rester dans un pays qui ne m'attire pas tant que ça. Le fait d'avoir Thalia en plus à mes côtés me rassurent et surtout me donne envie de rester encore plus dans ce pays. Voilà que maintenant Ophelia était là aussi. A croire que cette ville est vraiment faite pour la suite de ma vie. Oui, je veux bien y croire, maintenant que je me sens bien mieux dans cette ville, pourquoi pas. En attendant, ça semblait s'arranger pour ma sœur et elle semblait se plaire ici aussi, mais surtout parce qu'elle avait son Niklas chéri qu'elle compte bien reconquérir, j'en ai bien peur, et ça ne me plaît pas. Je ne peux donc pas non plus décemment partir en sachant cela. Mon ex se rappelait en tout cas de ma meilleure amie et si mes souvenirs sont bons, elles n'étaient pas les meilleures amies du monde, même si elles savaient tout de même se tolérer en ma présence. Enfin, les filles, je n'ai jamais vraiment su les déchiffre. S'il faut, je suis totalement à côté de la plaque. La blonde s'inquiéta alors pour Stella. Oui, elle pouvait comprendre les peines de cœur, le fait de se faire abandonner, et ça commençait un peu à me gêner de raconter cela à mon ex, alors que je lui avais fait subir la même chose. Je soufflais un petit coup et lui répondais Elle va mieux oui, elle a davantage de détermination que de réelle souffrance à présent. Mais ça risque de ne pas vraiment durer si elle le fréquente de nouveau. Je te cache pas que ça m'inquiète. Je regrette presque même à lui avoir dit que je l'avais retrouvé … Avouais-je alors à la blonde.

Stella et elles se sont toujours bien entendues. Même si, en fin de compte, elles ne se sont vu que peu de fois, les deux jeunes femmes ont su entretenir leur amitié en s'écrivant régulièrement par le passé. Leur correspondance s'est terminée peu après la réparation entre Valentin et Ophelia, mais celle-ci n'a jamais cessé d'éprouvé beaucoup d'affection envers la sœur aînée de son ancien amour. Elle va mieux oui, elle a davantage de détermination que de réelle souffrance à présent. Mais ça risque de ne pas vraiment durer si elle le fréquente de nouveau. Je te cache pas que ça m'inquiète. Je regrette presque même à lui avoir dit que je l'avais retrouvé … Des années qu'ils ne se sont pas vus, et pourtant il leur a fallu dix minutes pour aborder des sujets personnels et intimes. Valentin n'est pourtant pas du genre à trop en dire sur ses sentiments et sur sa famille. S'il lui pose quelques questions sur la sienne, Ophelia sera bien plus discrète. Oui, j'comprends .. Tu peux toujours lui mentir, si tu penses que c'est ce qui a de mieux pour elle. Lui dire que ce mec est reparti, ou je sais pas quoi. N'importe quoi pour l'éloigner de lui. Parfois, les mensonges sont plus nobles que la réalité. Ou alors la laisser le retrouver. Et si ça marche entre eux, tant mieux, et si non .. Elle aura mal un bon coup, mais après elle en aura terminé avec lui. Un serveur avance et s'arrête devant leur table. Qu'est-ce que je vous sers ? Ophelia se tourne vers lui, sourire aux lèvres. Comme d'habitude, s'il-vous-plait. répond-t-elle doucement. Elle laisse Valentin passer sa commande et le serveur s'éloigner avant d'ajouter : Ce sera un mal pour un bien, et après elle pourra passer à autre chose. Comme pour eux. Elle a évité jusque-là que comparer ses mots avec ses propres histoires, mais sa dernière phrase est trop vraie, et correspond trop à son histoire avec Valentin pour ne pas y penser. Mon Dieu, ce qu'elle a eu mal quand il est parti .. Il est le premier à lui avoir brisé le cœur, et le seul à l'avoir fait d'une manière aussi cruelle.

A discuter de la sorte avec Ophelia, je me rappelais pourquoi j’étais tombé amoureux d’elle. Non pas seulement parce qu’elle a un visage d’ange qui me fait craquer mais surtout parce qu’on pensait relativement de la même façon et qu’on arrivait à se comprendre. Ses propositions, j’aurais du y penser, j’aurais du agir ainsi, mais je n’avais pas assez réfléchi j’avais déjà tout dit à ma sœur. De toute façon, je lui ai déjà dit qu’il est bien en ville. Lui répondais-je en haussant les épaules. Et puis, c’est sa vie, elle est assez grande pour savoir ce qu’elle veut, même si oui, je me dis que je le saurais plus qu’elle parfois. Mais en même temps, je n’aimerais vraiment pas qu’elle fasse ça pour moi, alors je me mets facilement à sa place. Après tout, je m’étais déjà bien trop engagé dans cette affaire, et je sais que si j’avais voulu lui mentir, elle aurait fini par le découvrir, d’une manière ou d’une autre. Mais c’est vrai que si c’était elle qui découvrait que ce type n’en valait pas la peine, elle pourrait bien mieux passer à autre chose, sans ressentir de regret ou de frustration. Le serveur était venu prendre notre commande Un café noir s’il vous plaît. Ce serait bien la surprise de savoir ce qu’elle prenait comme d’habitude. Est-ce qu’elle avait changé ses habitudes ? Ses goûts ? Sa façon de vivre et d’être ? Oui, je me sentais tout à coup bien curieux et bien content de ces retrouvailles. Alors qu’au fond, j’étais honteux d’avoir agi comme un salaud avec elle. Mais elle ne semblait pas si rancunière, elle aurait pu m’en parler direct, alors que ce n’était pas le cas. Sauf que c’est bien l’impression que j’ai eu quand les mots « passer à autre chose » résonnèrent dans ma tête. Je suis désolé … Disais-je en baissant légèrement la tête ainsi que le regard. Oui, c’était sorti tout seul et je n’arrivais plus à me contenir.

De toute façon, je lui ai déjà dit qu’il est bien en ville. Et puis, c’est sa vie, elle est assez grande pour savoir ce qu’elle veut, même si oui, je me dis que je le saurais plus qu’elle parfois. Alors, les dés sont jetés. Il n'y a rien d'autre à faire, sinon d'attendre impuissant et de voir comment Stella agira dans les prochaines semaines. Valentin quant à lui, n'a plus aucun contrôle sur la situation. Peut-être qu'il aurait dû garder l'information pour lui, ou peut-être qu'il a bien fait de tout dire. Ophelia elle, pense qu'il n'y a pas de bonne réponse. Rien ne peut éviter à Stella le lot de larmes et de douleur auquel elle devra faire face en revoyant son ancien amour. J'y pense, c'est cet homme avec qui elle était déjà quand .. Quand on était ensemble ? quand j'habitais en Grèce ? Elle a du mal à se souvenir de son nom, mais elle se souvient assez clairement de Stella et de son histoire de plusieurs années avec un type rencontré à Berlin. Le reste des détails est trop flou, trop ancien. Le serveur arrive, prend leurs commandes et part aussitôt tandis que la belle poursuit, et sort une phrase qui fait étrangement écho à son histoire avec Valentin. A la seconde où les mots sortent de sa bouche, Ophelia les regrette. Elle ne veut pas retomber là-dedans, dans sa douleur et sa hargne d'autrefois. Elle ne veut même pas y faire mention, et encore moins laisser transparaître une émotion quelconque. Il ne faut pas revenir là-dessus, c'est tout .. Pourtant, Valentin comprend immédiatement le double sens de ce qu'elle vient de dire et, au plus grand regret d'Ophelia, aborde le sujet avec plus de franchise. Je suis désolé ... La belle se mord légèrement la lèvre inférieure, gênée, son regard se détourne du brun. Je .. j'parlais pas de .. Nous. Le mot ne veut même pas sortir. Ophelia tousse, elle passe nerveusement la main dans ses cheveux. D'un coup, l'ambiance est devenue extrêmement pesante. Ne .. ne parlons pas de ça .. d'accord ?