C'était la première fois que je passais Halloween loin de mes sœurs. Kassy et Kiara adoraient cette fête. Elles aimaient se déguiser et aller à la chasse au friandises. Je m'arrangeais toujours pour les accompagner et on passait un bon moment. J'avais beau avoir grandi, j'aimais bien cette fête. Elle me permettait de retomber un peu en enfance. Et puis j'adorais voir les filles s'amuser. Malheureusement je ne pourrais pas être avec elles cette année. Je comptais sur notre mère pour m'envoyer des photos d'elles dans leur costumes. Mais çe ne serait pas avant plusieurs heures. En effet, puisqu'il y avait un gros décalage horaire entre Brisbane et Chicago.
Dans les rues, je croisais pleins d'enfants déguisés en sorciers, vampires, zombies et autres monstres. Halloween avait beau être une fête américaine, elle s'était exportée au delà des frontières. Désormais on fêtait Halloween partout dans le monde ! Malgré la tempête qui menaçait de s'abattre sur nous dans quelques jours, les gens étaient de sortie. En ce qui me concernait je n'allais pas faire la fête ce soir. Je travaillais. On m'avait engagé pour couvrir un gala pour les enfants. Sur le thème d'halloween bien sûr. La soirée était organisée dans le complexe scolaire St Antony. De nombreux enfants y avaient été conviés. Ils avaient tous joué le jeu en se parant de leurs costumes les plus horrifiants. Parmi tous les enfants présents, je reconnaissais rapidement Charline. On s'était rencontré il y a quelques semaines avec son père. Ce jour-là, la petite avait perdu Bunny et je les avait aidé à le retrouver. Enfin je n'avais pas été d'une grande aide. Mais c'est l'intention qui compte, n'est-ce pas ?
La soirée se déroulait pour le mieux. Je ne quittais pas mon appareil photo afin de capter les meilleurs moments de l’événement. Les enfants se prêtaient bien au jeu. Certains redemandait même à être photographiés. De futures vedettes ! Bientôt, la soirée arrivait à sa fin. Elle avait commencé tôt pour que les enfants puissent ensuite fêter halloween avec leurs familles. Je rangeais mon matériel tandis-ce que les parents venaient récupérer leurs enfants. D'ailleurs, j'apercevais Spencer, qui venait sans doute récupérer Charline. J'attrapais mon sac photo et je me dirigeais vers lui, un sourire aux lèvres.
« Bonsoir Spencer. »
A peine avais-je prononcé ces mots qu'on se retrouvait dans l'obscurité...
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Halloween. Charline en parlait depuis trois semaines. Elle avait été invitée, elle ainsi que plusieurs de ses camarades à une soirée déguisée caritative organisée par la ville de Brisbane. Tous les ans, une école de la ville avait l'opportunité de participer à ce genre d’événement. Et cette année, c'était la classe de la petite Keanan. Autant dire que Charline était complètement impatiente à l'idée d'assister à ça. Cela allait être la première fois pour elle. Et elle avait envie d'en profiter avec ses petites camarades. Et cela faisait trois semaines que la petite fille avait appris la bonne nouvelle. Non seulement Charlie répétait sans cesse ses tirades de sa pièce d'halloween depuis l'annonce, mais elle essayait quasiment tous les jours, le costume de Maléfica que sa tante lui avait confectionné. Tout cela pour être certaine d'être prêt le jour « J ». Et à chaque fois, Spencer avait du lui rappeler qu'en attendant, Charline avait encore des devoirs à faire et des corvées à effectuer. Mais cela n’entachait pas l'enthousiasme de sa fille. C'était même tout le contraire. Au fur et à mesure que la soirée arrivait à grand pas, la petite avait du mal à se contenir. Autant dire que Spencer avait hâte que cette soirée soit derrière eux. Halloween par ci, halloween par là... il allait finir par en être écœuré. Déjà qu'il n'était pas trop friand de cette fête. Mais cela faisait plaisir à Charline et pour l'ancien militaire, c'était tout ce qui comptait. Comme il travaillait ce soir-là, c'était Tara qui avait été conduire la petite fille. Mais c'était Spencer qui se chargeait d'aller la rechercher. Sa fille lui faisait déjà la tête parce qu'il n'avait pas pu assister à la représentation de cette scène de L'étrange Noël de Mr. Jack qu'elle jouait avec ses camarades. Alors il avait fait attention à être encore une fois ponctuel. Et puis, il y avait la mère de Mégane qui lui avait gentiment proposé de lui donner un double du film qu'elle allait faire de la soirée. Donc, Spencer allait pouvoir constater à quel point sa fille était une excellente actrice. Quoiqu'il n'en doutait pas. Il n'y avait qu'à voir la façon dont elle arrivait à l'attendrir quand elle voulait une nouvelle robe ou un nouveau vélo. Il ne mettait pas longtemps à arriver jusqu'à la grande salle où déjà une bonne partie des invités avait quitté les lieux. Spencer remarqua rapidement sa fille, tournant sur elle-même pour montrer sa belle robe à une jeune femme qui était à ses côtés. Kara ? Spencer était un peu surprit de la voir ici. Mais agréablement surpris. Il esquissa un sourire en venant vers elles. « Bonjour ! Vous n'êtes pas déguisée ? » Lui faisait-elle remarqué en l'observant. Puis les yeux du garde du corps, s'arrêtèrent sur la silhouette de Charline. « Tu fais encore la tête ? » Cette dernière l'observa mais avant qu'elle ne puisse dire quoique ce soit, la pièce se retrouvait plongée dans le noir. Quelques enfants crièrent. « La tempête a du causer des court-circuit. Ce n'est pas bien grave. » Spencer sentait la petite main de Charline se glisser dans la sienne. Heureusement qu'ils n'étaient que dans une semi pénombre. Ils pouvaient encore se voir grâce aux grandes baies vitrées de la salle.
nelliel&sweetdisaster
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Ce n'était pas si surprenant de tomber sur Spencer et Charline ici, même si je ne m'y étais pas vraiment attendue. Le hasard avait encore décidé de nous réunir et c'était plutôt un belle coïncidence. Je ne connaissais pas beaucoup le père et sa fille, mais j'avais eu une bonne impression lors de notre rencontre. Je souriais aux paroles de Spencer.
« Vous non plus. »
Répondis-je. Il est vrai que je n'avais pas de costume, mais j'étais ici pour le travail. Je devais me concentrer sur les photos que j'avais à faire, les moments qu'il ne fallait surtout pas louper. Je devais être à l'aise dans mes vêtements et les déguisements ne sont pas toujours ce qu'il y a de plus pratique. Enfin bref.
Le courant s'étaient soudainement coupé et quelques enfants avaient hurlé. Je m'approchais des baies vitrés pour regarder à l'extérieur. Il n'y avait aucune lumières non plus dehors. Spencer avait probablement raison. La tempête était arrivée plus tôt que prévue à Brisbane et maintenant, on se retrouvait dans le noir.
« Si le courant a été coupé partout, il risque d'y avoir une sacrée pagaille dehors. »
L’électricité. C'était une énergie à laquelle nous faisions appel tous les jours, pour des tas de choses. Si on subissait un blackout, ça risquait d'être le bordel dehors et surtout sur la route, puisque les feux de signalisation n'allaient plus fonctionner. Sans oublier la tempête qui avait décidé de s'abattre sur notre ville. Joyeux Halloween ! J'attrapais mon portable dans ma poche. Je tapotais sur l'écran et remarquait que le réseau était hors service. Oui, il semblait que la coupure était généralisée. J'espérais que Kael était resté à la maison ce soir, au du moins, qu'il n'était pas sur la route.
Non il n'était pas déguisé. Parce qu'il venait de quitter son boulot. Et parce qu'il devait l'avouer, Halloween n'était pas une fête qu'il appréciait. Mais il aurait sûrement fait quelque chose pour sa princesse s'il avait du écumer toutes les maisons de leur quartier pour le traditionnel Trick or treat. Enfin ça, c'était seulement s'il ne bossait pas. Or, il avait bossé toute la journée. Alors au final, il avait laissé Tara s'occuper de sa fille. Spencer savait qu'il pouvait avoir confiance en sa belle-sœur. Elle s'occupait très bien de sa fille quand il n'était pas disponible. Kara non plus n'avait pas revêtu de costume. Et le garde du corps savait pourquoi. Elle était une des photographes qui couvrait la soirée. Il comprenait. Même s'il aurait adoré la voir dans un costume. Cette pensée le faisait sourire d'ailleurs. Mais pas bien longtemps puisqu'ils étaient alors plongé dans le noir. Aux paroles de Kara, il posa son regard sur les grandes baies vitrées. La ville était plongée dans le noir complet. Il s'approcha de l'une des vitres alors que la plupart des personnes présentes décidaient de quitter la salle et l'étage en empruntant les escaliers. C'était impression de voir Brisbane dans le noir complet. « Oui. Et je suis d'avis de rester ici le temps que ça se calme. » Charline s'était blottie contre lui. « Il est inutile de chercher à sortir. Non seulement, on ne pourrait pas emprunter les avenues si les feux de signalisation sont éteints et cela nous prendrait un temps fou pour rentrer. Sans compter la tempête qui s'annonce. » De là, où ils étaient, ils pouvait voir les arbres qui bordaient les avenues se tordre sur le poids du vent. Des panneaux étaient décrochés de certaines devantures de magasins et étaient balayés par les rafales, frôlant les passants. « On devrait s'éloigner des vitres. » Il emmena Charline un peu plus loin. « papa, on va rester ici longtemps ? » Spencer posa ses yeux sur sa fille. « Je n'en sais rien mon cœur. Le temps que la tempête se calme un peu en tout cas. » Puis il soupira un peu, jetant un coup d’œil autour d'eux. La salle était presque déserte. L'ancien militaire remarqua les tables où se trouvaient les buffets. « Au moins, on ne va pas mourir de faim. Enfin si on aime les gâteaux, les oursons en guimauve et la grenadine... » Ajouta l'australien avec un sourire en coin. Puis il reporta son attention sur la photographe qui était à ses côtés. « Vous restez avec nous ? » Demanda-t-il avec un air taquin.
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Spencer avait sans doute raison. L'extérieur ne serait pas sûr entre le blackout et la tempête qui s'abattait sur la ville. Il était plus raisonnable de rester ici jusqu'à ce que les choses se calment. Beaucoup de gens étaient déjà partis et on était plus très nombreux. Je m'inquiétais quand même pour Kael. Je ne pouvais même pas me servir de mon téléphone pour m'en assurer. Les réseaux étaient eux aussi hors service. Je soupirais légèrement. Une chance que je sois en bonne compagnie. La présence de Spencer et Charline ferait passer le temps plus vite.
« Oui. Je vais rester... mais c'est juste parce qu'il y a du gâteau. »
Je souriais. Je plaisantais. Il restait encore pas mal de nourriture. Enfin il s'agissait surtout de gâteaux et de bonbons. Un goûté avait été organisé pour les enfants et tout n'avait pas été mangé. J'observais Spencer... du moins, j'essayais de le distinguer. On était toujours dans l'obscurité et on y voyait vraiment pas grand chose.
« Dommage que vous ayez raté le spectacle. Charline était superbe. »
Et je disais ça avait sincérité, pas juste pour être gentille. Du haut de ses huit ans, elle avait déjà un sacré talent de comédienne. Ce qui n'était pas tellement étonnant. Du peu que j'avais vu d'elle, ce n'était pas une petite fille timide. Loin de là. J'imagine que ça devait l'aider à se lâcher sur scène. Même si on avait parfois tendance à changer en grandissant. Quand on est gosse, on a peur de rien. Ce n'est qu'après que les angoisses commencent à arriver.
Spencer avait vécu des situations bien plus dramatiques que celles-ci alors il était plutôt serein. Ce qui contrastait avec les autres personnes présentes sur les lieux. La plupart essayaient de contacter leurs proches. Le garde du corps préférait rester ici en lieu sûr plutôt que de chercher à sortir et devoir faire face à la tempête avec sa fille. Heureusement les agents de sécurité faisaient bien leur boulot et proposaient aux invités de patienter dans les salons privés de l'étage. Spencer remarqua le coup d'oeil de Kara à son téléphone. « Vous vous inquiétez pour quelqu'un ? » Il lui semblait que la jeune femme lui avait parlé de son frère. Il pensait à sa belle-famille. Elle passait la soirée chez elle, à donner une fête. Donc l'ancien militaire ne s'inquiétait pas trop pour elle. Il savait qu'elle était en sécurité. Puis aux mots de Kara, il esquissa un sourire. « Oh je le sais. J'ai eu le droit à une avant-première. » Sa fille lui avait expliqué de long en large le spectacle avant de lui répéter toutes ces tirades les unes après les autres. « Papa m'a aidé à apprendre mon texte. » Spencer n'était pas un acteur né, loin de là mais lui faire répéter ses scènes, c'était tout à fait dans ses cordes. Et il l'avait fait. Au moins, il avait pu voir à quoi ressemblait son spectacle même s'il savait qu'il n'aurait pas pu être présent. C'était quand même important pour lui de montrer à sa fille, que son spectacle était important. « Mais merci du compliment. » Charline qui était à leur côté, acquiesça de la tête en souriant. Le service de sécurité avait proposé aux personnes présentes de passer dans l'une des salles. Spencer finit par guider Kara et Charline vers l'un des divans. « Allons nous asseoir un peu. Je crois que cela va être long avant qu'on puisse quitter l'étage. » D'autres parents étaient restés dans la grande salle. L'un des amies de Charline était venue lui tenir compagnie un moment avant de retrouver ses parents. « J'espère que vous n'aviez rien prévu ce soir ? » Si elle avait un autre contrat à effectuer, cela allait être difficile.
Je devais bien me résoudre à rester ici. Ce n’était pas si dramatique que ça après tout. On était plus en sécurité à l’intérieur, qu’à l’extérieur. J’espérais cependant que la tempête ne ferait pas trop de gros dégâts. Mais, je restais calme. Il était inutile de céder à la panique. La seule chose qui m’inquiétait, c’était de ne pas pouvoir communiquer avec Kael. Spencer remarqua rapidement que je me faisais des soucis. Je rangeais mon téléphone dans ma poche. Ça ne servait a rien de s’acharner. Le réseau était hors service et ça serait le cas jusqu’à ce que le courant soit rétabli. A mon avis, on allait passer une bonne partie de la nuit dans le noir. Probablement plus si la tempête avait fait de gros dégâts.
« Oui. Je m’inquiète un peu pour mon frère jumeau. J’espère que tout va bien de son côté. »
Mais je savais que Kael était débrouillard. C’est ce qui me rassurait un peu. Enfin bref. Je changeais de sujet. Ce soir, Charline et ses camarades avaient donné une représentation. Elle avait été superbe et je ne manquais pas de leur faire savoir.
« Ah je vois… il t’a bien aidé alors, parce que c’était réussi. C’est peut-être de famille les talents d’acteurs ?»
J’adressais un sourire à Charline. Puis, je posais mon regard sur Spencer. Peut-être qu’il était doué aussi pour jouer la comédie ? Je n’en savais rien. En fait, Spencer me donnait l’impression d’être quelqu’un d’un peu plus en retrait. Il n’était pas très bavard, contrairement à sa fille, qui adorait bavarder. Je suivais Spencer et Charline jusqu’au divan ou on prenait place.
« Non, je n’avais de prévu. Heureusement. »
Il aurait été difficile de me rendre où que ce soit dans ces conditions. Après un court silence, je reprenais la parole :
« Vous êtes drôlement classe pour un soir d’Halloween, vous bossez dans quoi ? »
Je me rendais compte que je ne lui avais même pas demandé lors de notre première rencontre. J’avais fais une grosse gaffe a propos de sa femme et on avait parlé de son talent pour la couture aussi, mais pas de son métier. Comme il était en costume, ça m’intriguait beaucoup. En tout cas, ça lui allait très bien.
Heureusement qu'il n'était pas d'une nature anxieuse. C'était même tout le contraire. Même si ces dernières années, depuis la naissance de Charline, les choses avaient un peu changé. Il savait constamment où sa fille pouvait se trouver et avec qui. C'était normal finalement pour un parent. Surtout que Spencer l'élevait seul même s'il avait parfois des coups de mains de sa belle-soeur. C'était lui la plupart du temps qui s'occupait de la petite fille. Et il s'en sortait plutôt bien. Au fil des années, il avait appris à gérer sa fille et son emploi du temps. Et c'était moins compliqué que pour les premières années. Maintenant, il avait des mécanismes qui lui permettaient d'adapter parfois son emploi du temps quand cela était nécessaire. Mais il pouvait comprendre l'inquiétude de Kara vis à vis de son frère. Jumeaux. Cela attirait sa curiosité. « Je suppose que vous vous entendez bien. C'est vrai ce qu'on dit sur la gémellité ? Vous avez vos propres codes ? » Demanda-t-il avec un léger sourire. Il ne connaissait pas de jumeaux mais il avait entendu et lu certaines choses à leur propos, comme tout le monde. Puis l'ancien militaire ne pouvait s'empêcher de sourire à la question de la photographe. « Oh non je ne crois pas. Charline est la seule personne douée pour le spectacle dans la famille. » En disant ces mots, il passa une main sur la tête de sa fille. Celle-ci esquissa un sourire. La fatigue commençait à se lire sur son visage. Il faut dire qu'il devait être plus de neuf heures. « Papa, il préfère la guitare. » Spencer acquiesça de la tête en la regardant. « C'est vrai. C'est plus mon domaine. » Il jouait de la guitare depuis qu'il était adolescent. Même s'il jouait beaucoup moins ces dernières années. Manque de temps, manque d'envie tout simplement. Puis Charlie tira sur sa veste et demanda : « Je peux avoir ton téléphone, s'il-te-plait ? » « D'accord, mais pas longtemps. » Il donna le smartphone à Charline. Celle-ci jouait parfois avec les jeux que Spencer avait installé dessus. C'était son téléphone personnel. Il pouvait en profiter. Puis à la question de Kara, il reposa son regard sur elle, un léger sourire sur les lèvres. C'est vrai qu'il détonnait un peu avec les autres personnes. Il devait être l'un des seuls hommes présents à être habillé en haute couture italienne, de la tête aux pieds. « Je suis agent de protection rapprochée. Garde du corps. » Malgré les années qui s'étaient écoulées, Spencer n'avait pas ressenti le besoin de faire autre chose de sa vie. Son genou aurait été en état, peut-être qu'il aurait songé à devenir pilote professionnel. Mais ce n'était pas le cas. Piloter toute la journée, faire de longues distances, ce n'était plus pour lui. Il avait bien du se résoudre. Ce qu'il avait fait avec difficulté. « Je n'ai pas toujours bossé dans la protection. J'étais militaire. Pilote d'hélicoptère. Mais je me suis bousillé le genou. L'armée m'a alors gentiment fait comprendre que je n'étais plus opérationnel. Et le travail de bureau, c'était vraiment pas mon truc. » Pas du tout. Il avait essayé quelques mois. Quand il était revenu d'irak. Mais il avait compris que ce n'était pas ce genre de boulot qu'il voulait faire. Il jeta un œil à Charlie qui s'amusait, le téléphone en main.
Je souriais à la question de Spencer. Ce n'était pas la première fois qu'on me demandait ça. La gémellité rendait les gens curieux. Les jumeaux entretenait toujours un lien particulier avec leur frère ou leur sœur. Il fallait avoir un jumeau pour comprendre ce genre de relation. Kael et moi avions toujours été très fusionnels. On avait nos propres codes que seuls nous pouvions comprendre.
« Oui, c'est vrai. On est très proches. D'ailleurs, c'est la présence de mon frère ici qui m'a poussé a venir a Brisbane. Je n'aime pas rester trop loin de lui. »
Expliquais-je. Kael était ma moitié et sans lui, je me sentais complètement perdue. Alors forcément, un soir comme celui-ci, alors qui tempête faisait rage, j'étais inquiète de ne pas être avec lui. D'ailleurs il se faisait probablement du souci lui aussi.
« La guitare c'est bien aussi, vous en joué depuis longtemps ? »
J'avais des musiciens dans la famille. Kael maîtrisait plusieurs instruments, Katty jouait aussi de la guitare et maman était pianiste. C'était étonnant que je sois si peu douée pour la musique avec une telle famille. Kael avait pourtant tenté de m'apprendre, mais ce n'était pas mon truc. J'avais préféré la photo et la danse. Tout comme Kléa.
« Garde du corps, c'est une bonne reconversion. J'imagine bien qu'après avoir été sur le terrain, ça devait être impensable de se retrouver derrière un bureau. Même pour moi, l'idée d'être dans un bureau me fout l'angoisse.»
Je souriais et je reprenais :
« Donc ça va, si il se passe une grosse catastrophe ce soir, je suis avec la bonne personne. Les situations de crises, ça doit vous connaître. »
Dis-je avec un peu d'ironie, en espérant qu'il n'y aurait pas trop de dégâts, que cette tempête ne serait pas trop puissante. En tout cas, ce genre de situation devait être de la rigolade par rapport a ce qu'il avait vécu en tant que pilote à l'armée.
Oui il devait l'avouer. Il était curieux sur ce sujet. En même temps, qui ne l'était pas ? La gémellité était le sujet de diverses analyses. Toutes essayaient de comprendre le fonctionnement des deux personnalités, parfois différentes mais toujours complémentaires. Et d'après ce que Kara lui disait, les jumeaux avaient du mal à rester loin l'un de l'autre. « Et vous allez rester longtemps à Brisbane ? » Si elle suivait son frère ainsi, peut-être qu'elle n'allait pas s'éterniser dans la région. A vrai dire, si Spencer n'avait pas été père, peut-être qu'il aurait passé une bonne partie de son temps, à voyager ici et là. Parce qu'il adorait ça. Même s'il aimait revenir ici, il avait un peu de mal parfois à rester au même endroit. « Depuis que je suis gosse. Mon oncle m'a acheté ma première guitare a onze ans. J'avais un peu de mal à en jouer au début. Mais j'ai persévéré. Et puis, les filles adoraient les mecs qui jouaient de la guitare. » Ajoutait Spencer avec un large sourire. Est-ce qu'il en avait profité ? Peut-être juste un peu. « Et vous ? Vous jouez ? » Peut-être qu'il avait aussi affaire à une musicienne. Après tout, ceux qui s'intéressait à l'art quel qu'il soit, faisaient souvent un détour du côté de la musique. Le sourire de Spencer s'étira aux mots suivants de la jeune femme. Oui, effectivement, les boulots de bureau, ce n'était vraiment pas son truc. Il aurait fini par être désagréable avec tout le monde s'il avait du continuer sur cette voie. L'australien avait donné sa démission juste à temps. « Oui, ce qui me plaisait, c'était de savoir que je pouvais aider mes collègues. Quand cela n'a plus été le cas, je me suis dit qu'il était temps de raccrocher et de faire autre chose. Mais effectivement, le boulot derrière un bureau, c'était pas l'endroit où je me sentais le plus indispensable. » Il haussa un peu les épaules. Cette période de sa vie avait été un peu difficile dans le sens où il s'était rendu compte qu'il ne pouvait plus aider ses potes. Alors il avait préféré partir de l'armée en donnant sa démission. « Je ne pense pas qu'il y aura une grosse catastrophe ce, mais je ferais en sorte de la gérer comme il faut si cela arrivait. » Il jeta un œil à Charline qui s'amusait avec son téléphone. Les situations tendues, il en était l'expert. Sauf que c'était différent de ce qu'il avait connu sur le terrain. Il avait été formé pour savoir ce qu'il fallait et ne fallait pas faire en tant de crise. C'était pour cette raison que Spencer était aussi détendu alors que d'autres parents essayaient encore de joindre leurs proches avec leurs téléphones.
« Je ne sais pas encore. Mais je me sens plutôt bien ici pour l'instant et j'arrive a trouver des contrats. Alors il se pourrait que je sois dans les parages pour un moment. »
Répondis-je en souriant. Au départ, j'étais venue a Brisbane avec la ferme intention de ramener Kael à Chicago. Seulement, mon frère se plaisait ici et il avait un bon contrat. On allait sans doute rester ici encore un peu. Même si je ne pouvais rien prévoir avec ce qui se passait en ce moment dans notre famille. Notre mère et nos sœurs avaient besoin de soutien. Je savais qu'elles avaient besoin de nous, même si maman tenait à ce qu'on reste ici et qu'on vive notre vie.
« Les musiciens, ça attire toujours les filles c'est vrai. »
Je souriais. C'est vrai que c'était craquant un mec qui joue de la guitare. Enfin, j'étais persuadée que Spencer n'avait pas besoin de ça pour attirer les filles. A mon avis, son beau sourire faisait tout le boulot. Enfin bref.
« Non et pourtant il y a des musiciens dans la famille ! Bizarrement j'ai jamais réussi a jouer quelque chose qui ressemble a de la musique. J'ai fini par laisser tomber. Puis, j'avais déjà ma passion pour la photo et pour la danse. »
Comme quoi, même si la musique pouvait s'apprendre, il fallait aussi avoir un peu de talent. J'avais du mal avec les accords et je n'avais jamais rien compris au solfège. J'avais donc laissé la musique a ma mère, Kael et Katty. Ils étaient tellement plus doués que moi. J'adorais jouer les spectatrice et les écouter.
« Je vois. Et du coup, vous êtes garde du corps pour des gens importants ? Genre des hommes politiques ou des célébrités ? »
Demandais-je avec curiosité. J'avais bien envie d'en savoir plus sur ce qu'il faisait. En tout cas, il restait dans l'idée d'aider les autres. Il avait été au service du pays, en aidant des collègues militaires. Désormais, il aidait d'autres personnes en assurant leur sécurité.
Il avait gardé ses yeux sur Kara quand cette dernière lui avait dit qu'elle comptait rester ici encore quelques temps. « Bonne nouvelle dans ce cas. » Oui, parce qu'il espérait bien la recroiser. Pas dans ces circonstances, parce que bon ce n'était pas l'idéal. Et puis, pas avec Charline. Bon d'accord, il adorait sa fille plus que tout. Mais bon faire la conversation à une femme alors que Charlie était à ses côtés, ressemblait un peu à devoir traverser un champ de mines. Charline avait le don pour poser les questions dérangeantes. Elle était comme sa mère, pas timide pour un sou. Alors que Spencer était assez différent. Il laissait parler les gens. Il préférait écouter. Il analysait les gens de cette façon. Parfois il se disait que s'il n'avait pas été garde du corps, il aurait pu faire un très bon profiler. Il esquissa un nouveau sourire aux propos de la photographe. En effet, les musiciens avaient la côte. Mais pour lui, c'était surtout un moyen de détente. Il aimait jouer quelque chose sur sa guitare. Mais cela faisait un moment qu'il n'avait pas pris son instrument. Il était bien trop occupé ces derniers temps. « Vraiment ? Vous êtes donc issue d'une famille d'artistes. J'aurais que ce soit le cas pour moi également. Seulement je suis le seul à jouer. » Il jeta un œil à Charline. La petite avait essayé le piano et le violon, mais elle n'avait pas assez de patience pour jouer. Et Spencer ne l'avait pas forcé. A la place, elle avait préféré entrer dans un club de sport afin de faire du tir à l'arc. Et elle était plutôt douée. Et elle appréciait cette discipline alors en fin de compte, c'était tout ce qui importait. « J'espère que vous me montrerez ce dont vous êtes capable de faire avec un appareil. » Il était curieux de voir ça. Pas spécialement ce qu'elle avait fait ce soir. « Vous avez des thèmes de prédilection ? » Parce qu'il imaginait bien que les goûters d'enfants, même chics, n'étaient pas ce qu'elle préférait immortaliser. Puis à la question de la photographe, il se mit à rire. « Non pas vraiment. Je fais plutôt les hommes d'affaires. » Les hommes politiques ce n'était pas trop son truc. Il ne s'intéressait même pas à la politique. « Enfin jusqu'à récemment. Je rends service en protégeant une actrice. » Cela le changeait. Ce n'était pas désagréable pour l'instant. Même s'il ne savait jamais sur quel pied danser avec la jeune femme. Prévoir toutes ses sautes d'humeur, c'était un challenge constant. « Je commence tout juste à m'adapter à son environnement. » Et ça aussi c'était un challenge. Il garda un fin sourire sur les lèvres. Il ne pouvait pas trop en dire. Il ne pouvait pas parler de ses clients. Règle de confidentialité. Spencer allait ajouter quelque chose quand des agents de sécurité revenaient à nouveau dans la salle leur expliquant que la tempête ne se calmait pas et qu'il avait été décidé avec les responsables, que les personnes présentes allient devoir rester ici jusqu'au lendemain. Des couvertures et des vivres allaient leur être apporté. Ce n'était pas une très bonne nouvelle mais cela aurait pu être pire. Au moins ici, ils étaient en sécurité. Dehors, cela devait être la panique.
« Oui. On a tous une âme d'artiste dans la famille. Une de mes sœurs rêve de devenir danseuse professionnelle et moi c'est la photographie. »
Il n'y avait que notre père qui n'avait aucune fibre artistique. Plus j'y pensais et plus je me disais qu'on avait rien en commun avec lui. Je me demandais comment notre mère avait pu en tomber amoureuse. Ils étaient si différents. Mais il fallait admettre qu'il avait un certain charisme. Il savait comment parler aux gens pour obtenir ce qu'il voulait. C'était ce qui faisait son succès dans les affaires et aussi auprès des femmes. Sans doute.
« Ce que je préfère, c'est faire de la photo de reportage, que ce soit sur le thème du voyage, des animaux, de l'art ou du sport. Mais je photographie aussi toute sorte d’événements. Comme ce soir. »
Je lui adressais un sourire. Il ne fallait pas que Spencer me lance sur le sujet de la photo. Je n'allais plus arrêter de me parler. Ça risquait de finir par l'ennuyer au bout d'un moment. Puis, il en vint a me parler de lui, de son métier. Il n'en disait pas beaucoup. Juste qu'il était le garde du corps d'une actrice.
« Je vois... ça doit être assez spécial d'entrer dans l'univers d'une actrice. Non ? »
Enfin j'espérais pour lui qu'il n'était pas tombé sur une starlette capricieuse. En tout cas, son boulot devait être assez fatiguant. J'imagine qu'il devait être amené a la suivre dans tous ces déplacements. Du moins les déplacements officiels. Enfin bref. Des agents de sécurité interrompait notre conversation. On allait devoir passer la nuit ici, par sécurité. Une annonce qui ne me réjouissait pas tellement, mais je n'avais pas le choix. Je posais mes prunelles bleues sur Spencer.
« Je crois que vous allez devoir me supporter encore un peu. »
Dis-je avec une pointe d'ironie, car nous étions coincés ici avec quelques autres personnes. Nous n'étions pas très nombreux.
Il l'écoutait parler et il se disait une nouvelle fois qu'il aurait apprécié vivre dans une grande famille. Avoir plusieurs frères et sœurs. Cela devait être chouette. Même s'il était inévitable que des disputes voient le jour. Lui, il n'avait eu qu'une sœur. Et qu'il avait à peine connu. Au final, il n'avait pas de bons souvenirs d'enfance comme la plupart des gens pouvaient en avoir. C'était étrange mais jusqu'à ce qu'il soit père lui-même, cela ne lui avait pas manqué. A présent, il se rendait compte qu'avoir une famille était important. Et souvent primordial pour le bon développement d'un être. C'était en tout cas ce dont il était convaincu. « Vous tenez ça de vos parents ou c'est venu naturellement ? » Son père jouait de la guitare parfois. Mais Spencer l'avait à peine entendu. Il avait appris seul comme il l'avait dit à Kara. Plus tard, il avait joué un peu plus souvent grâce à son oncle qui était devenu un père de substitution pour lui. Maintenant c'était différent. Il avait la possibilité de jouer, mais bien moins le temps de le faire. Voilà toute la différence. « Vous avez déjà publié des recueils avec vos photographies ? J'imagine que cela pourrait bien se vendre. » Il imaginait qu'elle devait bien avoir quelques cartons de photo un peu partout chez elle. Lui même prenait des photos, surtout de Charline et il les gardait toute. Cela remplissait bien trois ou quatre cartons dont il ne pourrait pas se séparer. « Disons que c'est différent. Je ne connais pas cette actrice. Mais c'est avant tout une personne comme vous et moi. A la différence que chacun de ses faits et gestes est détaillé avec sévérité. » Il était bien content d'être dans l'ombre à chaque fois. Malgré l'image que l'on avait de la célébrité, Spencer n'enviait pas ces personnes. Il avait la vie qu'il voulait, à quelques détails près. Mais il ne la changerai pour rien au monde. Il aimait ce qu'il faisait. Il ne se voyait pas faire autre chose. Enfin si son genou aurait pu supporter les efforts peut-être que si. Mais comme on disait, avec des « si », on changeait le monde. Un fin sourire se dessina sur les lèvres du garde du corps aux dernières paroles de Kara. « Ooh... ça risque d'être difficile mais comme je n'ai pas le choix. » Un fin sourire resta affiché sur son visage avant que Charlie ne lui redonne son portable. « Je suis fatiguée... on va devoir rester longtemps ici ? » Spencer regarda sa fille et tout en rangeant à nouveau son téléphone, il répondait. « Jusqu'à demain matin. C'est plus prudent de rester ici. Demain, le courant sera remit et on pourra rentrer à la main. » « Sûr ? » Il acquiesça de la tête. « Certain. » Charline l'observa avant de se blottir contre lui. Il se faisait tard pour les enfants et la plupart s'était mis à somnoler près de leurs parents. Il sentit Charline avoir un frisson et il retira sa veste pour la mettre sur sa fille.
Je gardais mes prunelles bleues sur Spencer, malgré l'obscurité ambiante. L'ex militaire s'intéressait à ma passion pour la photographie ou alors, il cherchait simplement a faire la conversation. En tout cas, il m'avait lancé sur le bon sujet. J'adorais parler de mon métier, car il me passionnait. C'était quelque chose dans lequel je m'épanouissais pleinement. J'étais fière de ce que j'avais accompli.
« C'est venu naturellement. Dès que j'ai eu mon premier appareil photo, je ne l'ai plus lâché et j'étais encore gamine. Cette passion ne m'a jamais quitté et j'ai fini par en faire mon métier. »
Je souriais légèrement et je reprenais :
« Non. J'ai pas publié de recueil, mais j'aimerais bien le faire. Je ne sais pas si ça pourrait bien se vendre, mais je fais de la photo pour partager mon travail, pour faire rêver les gens ou les faire voyager quand ils regardent mes images. Alors un recueil, ça pourrait être une bonne idée. »
Je m'intéressais a mon tour à la profession de Spencer. Il était dans la sécurité rapproché. Une actrice. Je me doutais que ça devait être compliqué de gérer sa sécurité. Un de mes amis était quelqu'un de célébrité et je voyais, à travers lui, que la célébrité n'était pas facile a vivre.
« Ouais... ça doit pas être facile d'être une célébrité. J'aimerais pas en être une. Je préfère de loin rester dans l'ombre, derrière mon objectif. »
Notre conversation fut interrompu, car on nous annonçait qu'on devrait passer la nuit ici. Je souriais aux propos de Spencer. Le papa et Charline n'étaient pas une mauvaise compagnie et cela rendait peut-être la situation moins désagréable. C'est sûr que ce n'était pas l'idéal de devoir passer la nuit ici, mais nous n'avions pas le choix et j'avais de la bonne compagnie, alors c'était pas si terrible que ça. Je regardais Charline se blottir dans les bras de son père. Ce n'était pas le mien qui me porterait autant d'attention. Je ne me souvenais même pas d'une fois où il m'avait prise dans ses bras. Il n'était pas du genre a faire des câlins ou a raconter des histoires pour s'endormir. Charline avait de la chance, car Spencer avait l'air d'être un papa très attentionné. Je trouvais ça adorable.
« Je vais aller nous chercher des couvertures. »
Dis-je. Charline commençait a être fatigué. Il était tard pour les enfants. D'autant plus que leur soirée avait été assez animée. Je me levais et me dirigeais vers le personnel qui s'occupait de distribuer les vivres.
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