Les chauffeurs aiment avoir des anecdotes à raconter, autres que des histoires de feux rouge éternels, de bouchons sur des kilomètres ou de mendiants tapant sur les fenêtres. On ne peut pas blâmer le nôtre de s'être montré curieux, un brin indiscret, en tendant l'oreille pour ne pas rater le moindre détail croustillant de la conversation. A vrai dire, je ne me formalise pas qu'il nous écoute, je ne m'en préoccupe pas, contrairement à Joanne qui impose immédiatement une séparation entre lui et nous. Comme toutes les vitres de la voiture, une surface teintée de noir se dresse désormais entre notre partie du véhicule et le conducteur qui n'a plus que son imagination pour lui tenir compagnie. Lorsque la jeune femme se détache pour s'approcher de moi, se mettant ainsi au milieu de la banquette arrière, j'arque un sourcil et me demande ce qui peut bien lui prendre de raccourcir si brusquement la distance entre nous. Nos nuits lui manquent aussi. Ces moments où il n'y avait que nous, dans notre bulle, ce monde d'osmose si parfaite où nous n'avions besoin que de regards pour nous comprendre -et c'est ce qui donnait l'illusion que nous étions faits l'un pour l'autre. Nous sommes de bons amants. Nous excellons dans ce domaine, nous nous complétons si bien et nous savons exactement comment satisfaire l'autre, pas seulement physiquement, mais aussi en lui apportant tout ce dont l'esprit à besoin, des vagues d'amour pour nourrir l'âme. Nous avons eu des ébats plus mémorables que d'autres bien sûr, et c'est avec un petit rire que je devine, lorsque Joanne évoque ses préférées ; « Sydney ? » C'est évident. Ce sera toujours notre nuit favorite entre toutes, non seulement parce que tout était réuni pour la rendre toute particulière, mais aussi parce qu'il y a de grandes chances pour que notre petit ait été conçu là-bas. Que la magie ait opéré là-bas. Mon attention allait glisser sur les rues qui défilent à travers la vitre teintée quand la jeune femme se fait bien curieuse concernant la comparaison entre Hannah et elle, au désavantage de sa rivale. « Tu ne peux pas te satisfaire de savoir que tu es meilleure, il faut que tu saches pourquoi ? » je demande en riant. Voilà qui est mignon et salace de sa part. Malicieux, je tapote le bout du nez de la petite blonde. « Ca restera un mystère qui ne regarde que moi. Je ne voudrais pas vous faire rougir davantage, Miss Prescott. » Parce que je suis certain qu'à cet instant, elle ressemble à une belle pivoine. Ce que je ne remarque pas, tant la phrase a coulé naturellement hors de ma bouche, c'est cette marque de complicité que nous avons toujours eu lorsque nous nous vouvoyions. Mes lèvres se pincent lorsque je m'en rends compte. Plus de ça entre nous. Joanne ajoute pourtant une marque d'affection à une situation déjà curieuse en glissant ses doigts entre les miens. Mon coeur et ma gorge se serrent. Ce n'est pas supposé ce passer de cette manière, ce n'est pas le plan, et je m'en suis bien trop écarté. Je l'entends me dire qu'elle ne veut pas de quelqu'un d'autre, pas pour le moment, et qu'elle ne me fera pas remplacer auprès de Daniel ou dans son coeur, jamais. Une partie de moi le savait déjà, connaissant Joanne ; ma place sera toujours particulière et intouchable. Peut-être que pour cette raison, ça ne sera qu'elle et Daniel pour les dix prochaines années, ou du moins, jusqu'à ce qu'elle trouve un homme capable de comprendre que l'on ne peut pas m'écarter de leurs vies, et qu'elle affection nous liera toujours. Je le savais car je ferai face à la même problématique. Il faudra l'accepter, ou partir. Je serai heureux sans personne d'autre pour partager ma vie que les membres de cette pseudo-famille. Je n'oublierai pas les nuits qui furent les nôtres. Avant que je puisse faire quoi que ce soit face à cette approche qui semble pourtant se dérouler au ralenti, les lèvres de Joanne ont atteint les miennes, et que je puisse ou ne veuille le contrôler, j'y réponds en glissant une main sur sa nuque qui maintient son visage près du mien. Elle a plus que son dernier baiser, elle a le désir qui s'infiltre dans chaque caresse et électrise l'échine à chaque fois que j'entre en contact avec le bout de sa langue. Sans réfléchir à cet élan de fougue, je finis par saisir son visage à deux mains pour l'embrasser un peu plus passionnément, le coeur battant à toute allure, si avide d'un contact qui me manque cruellement -et dieu sait à quel point je voulais l'embrasser lorsqu'elle me l'a demandé, et mon refus n'a fait qu'accentuer cette envie de plus en plus obsédante. Je pourrais la dévorer, comme avant, nous consumer tous les deux. Le moment s'arrête lorsque la réalité nous rattrape, la voiture s'est stoppée face à la maison de la jeune femme. Le souffle coupé, le visage frôlant celui de la belle blonde, le regard happé par le sien, je murmure à peine ; « Tu es arrivée. » Du pouce, je frôle sa joue. J'ai sûrement tout ruiné encore une fois, tous les efforts pour qu'elle ne veuille plus de moi à force de lui faire croire que je ne veux plus d'elle. Je crois que je suis particulièrement mauvais pour prétendre quoi que ce soit avec elle. Ma main est moite. Mon regard implore ; pas de questions : tout ce que j'ai dit et fait avaient de bonnes raisons, et même s'il est vrai qu'il me reste de l'amour, elle doit l'oublier, effacer ce moment, ne surtout pas s'y accrocher. Plus tôt, sur la terrasse, elle me laissait partir comme je l'ai fait pour elle. Qu'elle s'y tienne. « Bonne nuit. » je souffle pour l'inviter à partir et retrouvant, seconde après seconde, la façade imperturbable et indifférente, le regard froid et le ton distant qu'elle connaît.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne s'était déjà demandée plusieurs fois si leur relation pouvait s'en sortir. Que cela aboutisse à quelque chose de relativement amical. Ils avaient des points communs, des terrains d'entente et une volonté de fer pour que Daniel grandisse dans les meilleures conditions possibles. Mais plus les rencontres se faisaient depuis leur rupture, moins ça semblait possible. Leur conversation déviait toujours, voilà même qu'ils parlaient avec nostalgie de leurs ébats. L'alcool jouait énormément, bien sûr, mais ils allaient tous les deux parfaitement se souvenir de tous ces mots échangés en état d'ébriété.[color:d435="006699] "Sydney en fait partie, oui." lui répondit-elle, les yeux pétillants, en se mordillant la lèvre inférieure. Il y avait d'autres nuits qui lui avaient particulièrement plu, mais Jamie savait que cette nuit là était chère à son coeur pour bien plus d'une raison. Il y avait de nouveau cette étincelle entre eux, cette complicité qui leur ressemblait tant. Elle rit doucement à sa remarque, surtout lorsqu'il réutilisait leur petit jeu du vouvoiement. Lorsque Jamie se rendit compte de ce débordement, ses lèvres restaient scellées, certainement par crainte de dire à nouveau quelque chose qui leur rappellerait trop ce temps où ils étaient encore ensemble. Amoureux, ils l'étaient toujours, cela devenait une certitude lorsqu'il ne fit même pas semblant de la repousser lorsqu'elle croisa ses doigts avec les siens. Encore moins lorsqu'elle s'était un peu redressée et penchée sur lui pour l'embrasser. Au contraire, il voulait que ça dure en posant une main sur sa nuque pour qu'elle reste près de lui, pouvant ainsi venir frôler sa langue. Là, Joanne comprit que rien n'était résolu. Qu'il suffisait d'une étincelle pour tout faire exploser. Un peu comme lorsqu'Hassan et elle s'étaient embrassés; tout s'était à nouveau embrasé en l'espace de quelques minutes. Elle comprenait à quel point il était encore avide d'elle, elle pouvait même sentir ce désir qu'il lui transmettait par la fougue de ses baisers. Il venait même prendre son visage entre ses deux pour continuer sur cet élan de passion, ébouriffant les quelques mèches de cheveux de la jeune femme. Elle répondait à ses baisers avec tout autant d'ardeur, elle le désirait de plus en plus. Jamie gardait son visage frôler le sien, les lèvres se touchaient à peine. Elle ne s'était même pas rendue compte que la voiture s'était arrêtée. Le bel homme lui caressait avec tendresse la joue, ils remettaient difficilement les pieds sur terre tous les deux. Ils ne s'éloignaient pas l'un de l'autre, le temps que la fréquence respiratoire se calme, qu'ils puissent entendre autre chose que les battements de leur coeur. Jamie la suppliait du regard de ne rien dire, de ne pas poser de questions, voulant reconstruire au plus vite cette façade entre eux avant que tout ne dégénère et ne devienne incompréhensible. Bien que Joanne puisse être une personne particulièrement naïve, elle voyait bien que cette subite distance qu'il imposait n'était pas volontaire sa part. Plutôt, au fond de lui, ce n'était pas ce qu'il voulait réellement. Ce qu'il voulait, c'était terminé cette nuit avec elle, sous les draps. Joanne soupira. Elle caressa la joue de Jamie d'une main, restant longuement silencieuse. Elle respectait tout de même une certaine distance physique entre. Elle l'observait, et retrouvait le même Jamie qu'elle voyait ces derniers temps, comme à chaque visite. Cette façade était d'emblée si fragile, mais Jamie y voyait certainement là le seul moyen d'avoir un équilibre dans ce qui constituait une famille. Il voulait certainement faire ça pour eux, pour Daniel avant tout. Qu'il vive dans un environnement sain, à ne pas subir les états d'âme de ses parents à la relation instable. Elle comprenait.[color:d435="006699] "Prends soin de toi, Jamie." dit-elle doucement, avec un sourire tendre.[color:d435="006699] "Bonne nuit." Bien sûr qu'elle avait ce pincement au coeur et cette énorme frustration en elle. Elle se demandait comment elle parvenait à la contrôler. [color:d435="006699]"Et... merci pour ce dernier baiser." Son regard était reconnaissant. Elle le voulait, elle avait attendu, et elle venait tout juste de l'avoir. C'était tout ce qu'elle avait demandé après tout.
Encore une fois, ce qui est si beau et terrible en même temps, c’est que nous n’avons besoin que du regard pour comprendre. Moi lui demandant de ne pas instaurer plus de déséquilibre dans cette relation déjà bancale en profitant d’un moment de faiblesse, et elle me laissant alors instaurer cette forme de distance de sécurité entre nous, retrouvant cette façade qui feint l’indifférence pour étouffer des sentiments qui, malheureusement, sont décidément encore bien trop vifs. Je ne le comprends pas, je ne l’explique pas, cette dualité entre cette partie de moi qui ne veut plus d’elle, qui n’en peut plus, et l’autre qui la réclame comme si on lui avait arraché un membre. Je peux aisément me convaincre que je ne l’aime plus pour l’ignorer comme je le fais habituellement depuis notre séparation, tout comme ces émotions me sautent parfois au cou, et l’écho de leurs cris de douleurs vibrent à travers tout mon corps. C’est cette détresse qui serre mon cœur lorsque Joanne quitte la voiture et ferme la portière derrière elle. Elle laisse ce vide si sombre que l’on ne peut plus en distinguer la profondeur, un puits humide de solitude. Je profite d’être dissimulé par les vitres teintées de noir pour perdre toute assurance, toute contenance, toute forme, une main sans bouche, tantôt pour en effacer la trace du baiser, tantôt pour que les réminiscences de cette caressent ne s’échappent pas immédiatement. Je sens le moteur silencieux de la voiture qui redémarre et le pied du conducteur qui s’apprête à appuyer sur la pédale ; je frappe contre la vitre qui nous sépare avant qu’il ne nous éloigne. « Attendez. » Il abaisse la division et pose sur moi un regard interrogateur à travers le rétroviseur. Sûrement le même genre de regard que je poserais sur moi-même à travers un miroir, en me demandant ce qu’il me prend. « Monsieur ? » Je ne réponds pas. J’observe au dehors Joanne qui rentre chez elle jusqu’à ce qu’elle ne soit plus à portée de mon champ de vision, dissimulée par la porte d’entrée. Je l’entrevois encore une fois alors qu’elle congédie la baby-sitter de Daniel. Le petit dort sûrement à cette heure-là, qu’importe l’heure qu’il est précisément. Tard. L’heure des comportements incompréhensibles. « Attendez. » je murmure encore tout bas. La demoiselle passe à côté de la voiture et traverse la rue pour rejoindre son propre véhicule et rentrer chez elle. J’ai le cœur qui palpite et le corps, lourd, enfoncé dans la banquette. Et je ne sais strictement pas ce qui me retient ici à ne rien faire. Cette fois le chauffeur s’en inquiète, sûrement un brin impatient, souhaitant lui aussi retrouver son lit. « … monsieur ? » Je jette sur lui un regard noir, détache ma ceinture et ouvre la portière de mon côté. « Oh, allez-vous-en. » je siffle entre mes dents avant de la claquer. Offusqué, l’homme ne se fait pas prier et enfonce son pied sur la pédale, partant vite et loin de ce client ingrat. Je suis assailli par le fond froid de l’air qui glisse sur ma gorge ; me voilà en pleine rue et pas plus avancé concernant la marche à suivre, complètement hagard. Au bout d’une longue minute, je laisse mes jambes me porter jusqu’au perron de la maison de Joanne, et ma maison, hésitante, s’abattre sur la porte, en ayant je ne sais comment la certitude qu’elle ouvrira. Les secondes passent et mon cœur s’emballe. Est-ce qu’il est trop tard pour se cacher derrière un arbre ou oublier ce geste insensé ? La porte s’ouvre et mon souffle se coupe. « Je… » J’ai encore une fois ce doute sur la réalité de tout ceci, peut-être me suis-je endormi sur la banquette de la voiture. Dans un mouvement maladroit, manquant sûrement d’écraser un pied, j’avance vers la jeune femme et colle mes lèvres aux siennes. Elle est bien réelle. Frôlant son visage, plongé dans son regard bleu, j’arrive à me montrer aussi désorienté par mes propres pulsions que déterminé ; « Je veux plus qu’un dernier baiser. » je souffle au bord de ses lèvres, en glissant une main sur sa joue. « Je te veux toi. Une dernière fois. »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie disait toujours qu'il ne parvenait pas à se contrôler avec elle, et pourtant il parvenait à imposer sa volonté et lui faire comprendre où étaient les limites, et ce qu'il fallait faire. Prétendre qu'il n'y avait plus rien entre eux, qu'il n'y avait plus que comme dernier lien commun leur fils, cet être qu'ils aimaient tous les deux éperdument. Ils se disaient que c'était ce qu'il y avait de meilleur pour lui. Il n'aurait plus à subir leurs disputes, ni aucune tension, d'aucune sorte. C'était quelque peu déboussolée qu'elle rentrait chez elle. Suzie bouquinait sur le canapé, dans le silence. La petite blonde la laissa ranger ses affaires et la congédia aussitôt, la remerciant pour ses services. Aucun soucis à signaler par rapport à Daniel. Elle avait même fait un peu de rangement dans le salon, notamment quelques livres de Daniel dans la bibliothèque montée par Hassan. Contrairement à ce qu'elle avait songé, Joanne avait d'abord un peu investi dans sa chambre avant de s'attaquer pleinement au salon. Estimant qu'elle avait droit à son confort, elle avait investi dans un sommier tapissier sur pieds, rendant le lit particulièrement confortable. Joanne regardait Suzie s'éloigner dans la rue jusqu'à ce qu'elle soit entrée dans sa propre voiture. Elle la regarda s'éloigner puis ferma la porte derrière elle. Elle souffla un long moment, se frottant le visage pour se sortir de ce mirage, se demandant si cette instant dans la voiture avait été bien réelle. Mais elle se souvenait parfaitement de ses lèvres collées aux siennes, de ses mains qui faisaient tout pour que son visage ne s'éloigne pas de lui. Son coeur battait toujours à battre à vive allure. Elle fit quelques pas dans le salon, résolue à ce que ce soit bien la dernière fois qu'il lui montre un geste d'affection, d'amour. Que dès le lendemain, elle retrouvait Jamie froid, distant, ne venant que dans le seul but de voir son fils, et rien d'autre. Il y aurait un malaise à chaque fois, bien que Joanne s'efforçait de croire que tout finirait par bien se passer. Que les échanges seraient moins maladroits avec le temps. Que peut-être, chacun trouvera de son côté l'amour et qu'ils accepteront la relation bancale entre Joanne et Jamie. Dit comme ça, cela paraissait parfaitement improbable. Qui voudrait se mêler à une telle histoire ? La petite blonde sursauta lorsqu'elle entendit toquer à la porte. Peut-être que Suzie avait oublié quelque chose. Mais son corps se figea lorsqu'elle vit Jamie, et plus aucune voiture pour le ramener chez lui. Sans attendre, il fit quelques pas en avant pour se jeter sur ses lèvres et l'embrasser. Elle ne pouvait que fondre et y répondit, bien qu'elle ne comprenait pas ce qu'il cherchait à faire. Il caressait tendrement sa joue, tout comme son souffle venait délicatement se glisser le long de ses joues devenues roses. Elle avait l'impression que son coeur allait exploser lorsqu'il en réclamait plus. Une dernière fois. Jamie savait pertinemment qu'il pouvait le réclamer et qu'elle ne le refuserait pas. Il n'a pas dit qu'il voudrait, il a dit qu'il le voulait. Envoûtée par ses caresses et son regard verts, Joanne restait longuement à l'admirer et à profiter simplement de son affection. Son toucher lui rappelait que tout ceci était bien réel. Ses mains finirent par saisir son costume pour qu'il avance encore de quelques pas et qu'elle puisse fermer la porte derrière lui à clé. Il avait sa réponse. Néanmoins, la jeune femme restait parfaitement silencieuse. Elle prit la main qui caressait sa joue pour embrasser ses doigts puis les prendre. Ainsi, toujours sans dire quoi que ce soit, ils montaient discrètement à l'étage pour se rendre dans sa chambre. Elle avait une porte-fenêtre qui donnait sur un petit balcon. Celui-ci offrait une vue sur le jardin, les arbres lui donnaient une certaine intimité. On y voyait le clair de lune, les étoiles. Et dire qu'elle n'aurait jamais pensé qu'elle ferait un jour l'amour dans cette maison. Joanne passa ses bras par-dessus ses épaules, l'une de ses mains venait caresser ses cheveux. "A condition que tu restes dormir avec moi. Je veux dormir dans tes bras, et m'y réveiller aussi." Ils avaient tous les deux la volonté, très certainement, que cette nuit-là soit tout aussi mémorable que Sydney, et que de Noël dernier. Un nouveau moment en dehors du temps et de l'espace, qui leur appartenait. "Peut-être que tu pourras voir Daniel, aussi." Ca lui ferait certainement plaisir de voir son père à son réveil, pour changer. Ils savaient tous les deux qu'une fois qu'il franchirait à nouveau la porte de cette maison, tout redeviendra comme avant. Il le fallait. Joanne préférait le dire avant de l'embrasser. Si elle commençait, elle ne s'arrêterait plus. Mais elle n'attendit pas plus longtemps pour l'embrasser et coller son corps contre le sien.
Nerveux, je ne serai plus capable d’articuler le moindre mot après cette confession, cette requête. Pourtant je sais au fond de moi que Joanne ne refusera pas, elle l’a voulu autant que moi dans la voiture. Ne nous voilons pas la face, nous en avons sûrement besoin tous les deux. Nous pourrions mettre ce comportement sur le compte de l’alcool en trop grande quantité dans notre sang. Mais ce n’est pas que cela. Néanmoins, je ne m'avancerais pas à dire que je sais ce que je fais pour autant. Bien au contraire. Moi qui me sentais si perdu sur cette banquette arrière, désarçonné, je ne fais que m'enfoncer dans ce monde sans dessus dessous. L’heure est aux erreurs je suppose, à tout ce que nous regretterons plus tard. Mon ex-fiancée connaît mes mots muets par coeur, et sûrement sait-elle que cela n'est pas un baiser qui signifie un retour en arrière. Rien ne change. Ce n’est qu’une manière de lui dire qu'elle me manque, qu’elle ne cesse de faire partie de moi. Que nous méritons mieux qu’une fin cruellement bâclée. Que la place qui est la sienne, cette place particulière, ne sera toujours qu’à elle. En prenant les bords de ma veste, Joanne me fait pénétrer dans la maison. Un accord tacite qui suffit à faire galoper mon cœur et le faire résonner dans tout mon crâne. C’est étrange. Ce n’est pas chez moi, je suis un intrus avec une réclamation. La manière dont nous montons à l’étage est presque hésitante, maladroite, peu naturelle. Nous savons tous les deux pourquoi nous rejoignons cette chambre, et tout ce qui s’y déroulera, un enchaînement de mouvements banni depuis des mois. Cela me rend un peu plus nerveux encore. Je ne me fis qu'à mon instinct, qui me dicte ce qui lui semble être la chose à faire sur le moment. Mon corps et à mon âme entiers appellent Joanne, ce soir je ne lutte pas. La porte de la pièce meublée partiellement fermée derrière nous, la petite blonde se pend à mon cou. C’est un marché qu’elle propose en quelque sorte, et auquel je ne peux pas me soustraire. A peine ais-je acquiescé d’un signe de tête que je me laisse plonger tout entier dans un nouveau baiser, que Joanne offre cette fois. Je caresse inlassablement les lèvres de la belle, ne souhaite pas voir ce moment prendre fin, jamais. Mort d’avidité, je la dévore ainsi aussi longtemps que je le peux. Au fond, ce contact est libérateur. Même s’il s’agit, dans un sens, d’une forme d’adieu. Après avoir retiré ma veste, je reprends la main de mon ex-fiancée, délicatement, sans détacher un seul instant mon visage du sien, et l'attire doucement, timidement, dans la chambre. Si je ne l'embrasse pas, je garde mes lèvres tout près des siennes, et son regard bien ancré dans le mien. En arrière, un pas après l'autre, je l'amène jusqu'à son lit. C'est avec la même tendresse, la même douceur que je l'allonge. J'ai besoin de retrouver Joanne, la retrouver entièrement, renouer avec tout ce que j'ai perdu, juste pour ce soir. Je sais à quel point cela est déraisonnable, et cela ne me freine en rien, cela ne nous a jamais freinés. Il a dans ce marché tacite la conscience qu’après ce soir, il n’y aura plus rien. Nous pouvons mettre dans cette nuit tous les deux tout ce que nous aimerions nous dire avant de verrouiller cette boîte pleine de souvenirs. Je peux sentir ce nous qui a éclaté et dont tous les morceaux s'appellent et hurlent. Soupirant déjà, fébrile comme tout, je laisse ma chemise aux bons soins des doigts délicats de Joanne qui frôlent la peau de mon torse une fois le tissu dégagé. Je l’ôte de mes épaules et le jette je ne sais où. Mes lèvres retournent à la conquête de sa mâchoire, de son cou. Son corps épousant le mien suffit à me faire fondre. Avec délicatesse, sans geste brusque, je défais la jeune femme de sa robe et l'envoie également joncher le parquet. En me collant à sa silhouette, le contact de sa peau chaude à même la mienne fait exploser mon cœur. Mon front se pose sur le sien, le souffle de ma respiration décadente se mêle à l’air chaud, alors que mon regard se noie dans les iris bleus de la jeune femme et qu’une main glisse sur sa poitrine.
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Jamie avait suivi sans dire mot. Il n'avait même pas réussi à articuler quoi que ce soit par rapport à la demande de son ex. Lui voulait les ébats, Joanne voulait également ce qu'il y avait ensuite, lorsqu'ils avaient été en couple. Cela ne semblait pas lui poser problème, vu la manière dont il avait d'acquiescer d'un signe de tête. A peine avaient-ils repris le baiser que celui-ci se montrait particulièrement langoureux. Ils avaient envie de l'un l'autre, un désir totalement démesurée, et ils ne se le cachaient. La date de leurs derniers ébats, l'alcool, la nuit, l'envie de conclure leur relation sur une note un peu plus positive... Il y avait énormément d'éléments qui venaient s'empiler pour accentuer ce désir qui les consumait tous les deux. Jamie se débarrassa de sa veste, se fichant de la manière dont il allait la retrouver le lendemain. Il y avait une étrange impression de première fois, dans certains de leur geste. Comme la manière que Jamie avait pour l'attirer dans la chambre. Il n'y avait pas un seul moment où ils ne se touchaient pas, où ils ne se regardaient pas et se disaient cette longue liste de mots silencieux. Mais ils se comprenaient. Cela n'avait plus été le cas depuis bien longtemps, mais ils se comprenaient. Avec ses mains sur elle, il l'invita délicatement à s'allonger sur le lit. Elle se redressa tout de même pour défaire un à un les boutons de sa chemise. Rien que de savoi ce que cela dévoilerait faisait galoper son coeur dans sa poitrine. Elle le regardait de façon particulièrement envieuse lorsqu'il retira le tissu de ses épaules. Ses lèvres venaient ensuite chérir son cou, et les bords de son visage. Joanne pouvait faire glisser ses doigts sur son dos, absorber de son amour, et de sa chaleur. Rien que de le retrouver ainsi la faisait soupirer. Il retira à son tour les vêtements de son amante, afin qu'elle ne se retrouve plus qu'en sous-vêtements. Complètement magnétisés, ils se collaient à l'un l'autre. Leur corps bougeait à nouveau dans cette parfaite harmonie, s'appelant, se convoitant, se désirant. Tout était parfaitement synchronisé, alors qu'ils se regardaient avec une passion certaine. Joanne avait l'impression que la sensibilité de sa peau était décuplée. Le moindre de ses sens se montrait particulièrement réceptif à tout ce que Jamie pouvait faire. Jamie posa l'une de ses mains sur l'un de ses seins, saisissant ce dernier au travers du tissu de son soutien-gorge. Les mots n'avaient pas leur place, ils se disaient tout par les regards et les gestes. Et ils se disaient surtout combien ils s'aimaient malgré tout. Même si le lendemain, il allait falloir parler de cette nuit-là comme un lointain souvenir. Quoiqu'il advienne, ils trouveraient chacun sa place dans le coeur de l'autre, même si celui-ci semble pris. Cela sonnait aussi comme une réconciliation, après tout ce qui a pu se passer depuis leurs derniers ébats véritablement amoureux. Il fallait qu'ils acceptent, que d'une manière ou d'une autre, ils ne pouvaient pas se passer de l'un l'autre. Joanne se redressa, incitant Jamie à s'asseoir également. Ses doigts passaient délicatement sur son torse, se remémorait chacun de ses traits. Elle le regardait avec une admiration et une dévotion certaine, elle l'avait toujours trouvé beau en tout point. Parfois son regard se détachait du sien, pour l'admirer, pour constater à quel point ils ressentaient tous les deux le besoin e se retrouver. Mais elle gardait toujours son visage proche du sien, prête à se jeter sur lui pour l'embrasser langoureusement. Ses mains le caressaient et elle constatait que comme toutes les autres fois, il n'avait nul besoin d'une quelconque stimulation. Néanmoins, elle fit tout de même quelques caresses au travers de son pantalon. Alors qu'elle s'attaquait avidement à ses lèvres, elle sentit Jamie la débarrasser du tissu qui recouvrait sa poitrine. Elle se colla alors immédiatement à lui et l'embrassa encore plus fougueusement si cela était encore possible. Elle effleurait sa langue pendant qu'elle se réallongeait et que lui se glisse entre ses jambes, une place qui lui appartenait et qu'il connaissait bien. Elle était même déjà et parfois à court d'air, et se plaisait à inspirer l'air que Jamie expirait, refusant catégoriquement de stopper ce baiser. L'une des mains de Joanne était posée sur sa joue, l'autre, sur le bas de son dos, suivant avec délice ses légers mouvements de bassin qui le trahissaient.
Personne ne peut savoir s'il s'agira vraiment d'une dernière fois. Qui sait si nous ne nous jetterons pas l'un sur l'autre à une autre occasion en profitant d'une excuse facile mais suffisante pour faire plier la volonté comme la faiblesse, le manque, l'alcool, ou même l'amour qui étouffe bâillonné dans un coin. Pourtant je me persuade que nous ne céderons pas de si tôt, et que nous nous satisferons de cet instant pour conclure notre histoire d'une manière plus agréable qu'elle ne l'a été. Un peu comme un dernier bon souvenir teinté de tendresse et de complicité qui transformera la tristesse des sourires nostalgiques d'en deux ou dix ans en un rictus content et presque amusé. Nous n'aurons pas moins de mal à nous regarder dans les yeux suite à cela, et le malaise lorsque nous serons dans la même pièce, jouant le jeu d'un small talk forcé, ne sera pas moins grand. Mais il se peut que cela apaise quelque chose en nous, comme un sentiment d'injustice et de travail bâclé. Nous aurions eu tant à nos dire pour comprendre comment nous en sommes arrivés là à la fin d'une chute aussi longue que violente. Dans les mots nous ne savons que nous blesser et nous faire un peu lus de mal, coup après coup. Dans les regards et les baisers, même le goût de l'amertume et de la rancoeur est plus digeste, même la peine s'apaise, et partout où cet amour désormais interdit et muet se glisse, le corps et l'âme se réparent sous les caresses de ces mains qui nous font sentir un peu plus vivants. Même si tout contact est brûlant, l'épiderme fébrile rejoint peu à peu cette température, et alors nous nous consumons l'un l'autre en toute conscience. Les sens en éveil, la mémoire imprime dans un coin du crâne toutes les sensations, les regards, les sourires discrets, les souffles, les caresses, les détails comme la manière dont les mèches blondes de la jeune femme se décoiffent et la couleur de ses sous-vêtements. Ce n'est peut-être pas la dernière fois, mais si je parviens à la convaincre cette nuit qu'il le faut, alors ça le sera. Ce sera une grande inspiration avant de s'immerger dans le grand bain du célibat pendant bien longtemps. Dans le fond, nous ne serons jamais complètement seuls, nous nous aurons l'un l'autre ainsi que Daniel, et nous aurons toujours notre garçon pour but dans la vie nous poussant à nous lever tous les matins. Mais cela ne sera toujours que l'ombre de tout ce que nous avons ressenti et partagé lors de nuits comme celles-ci, qui ne se résumeront jamais qu'à l'appel de la chair. A travers les corps entremêlés, c'est une âme qui parle à l'autre de sentiments et de regrets. La chaleur se mélange peau contre peau, alors que le buste de Joanne est désormais complètement dénudé et qu'elle colle sa poitrine à mon torse en annihilant tout espace entre nous. Sa main qui glisse sur le tissu couvrant mon entrejambe fait naître un long frisson qui redresse mon échine et un soupir expiré juste au bord de ses lèvres. Le corps aimanté par le sien, le papillonnement dans mon bas-ventre, l'envie, se devine dans quelques ondulations dont Joanne se délecte d'une main sur mes reins. Je ne me décolle d'elle qu'afin de faire glisser mes doigts sur sa taille, ses hanches et ses cuisses, attrapant au passage son dernier dessous afin de le guider le long de ses jambes et lui ôter aux chevilles. Avant de reprendre d'assaut ses lèvres, je me déleste également de ce qui me reste de tissu pour me couvrir, pantalon et sous-vêtements ; mon unique précipitation est celle de retrouver la sensation, la chaleur, la présence de son corps nu sur le mien, et la perfection avec laquelle ses courbes épousent ma silhouette comme si chaque trait avait été dessiné pour se compléter. Ce contact là retrouvé, nourrissant une certaine plénitude, je pourrais demeurer entre ses jambes pour des heures en me contentant de pouvoir caresser son visage, sa poitrine, ses cuisses, et de ces interminables baisers que nous échangeons. Mon intimité frôlant longuement la sienne avec une envie palpable se fait remplacer par ma main qui s'appose à l'épiderme brûlant et humide de la jeune femme ; il ne faut de quelques caresses pour nous faire soupirer d'un plaisir partagé, celui de se toucher avec tendresse, de se retrouver.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Au fond, ils devaient tous les deux apprécier cette ambiguïté dans cette relation. Qu'officiellement, ils n'étaient pas ensemble, mais qu'au fond, ils s'appartenaient toujours un petit peu. Bien plus que l'on ne pouvait le penser. Depuis le début, ils n'aimaient pas ce qui était correct ou raisonnable, prenant un malin plaisir à outre passer ces règles. Il y avait une certaine excitation, en plus de tout le reste. Quelque chose d'inexplicable qu'ils cherchaient constamment dans leurs ébats en changeant de lieux, ou de façon de faire l'amour. Les fois qu'ils préféraient étaient les plus uniques, les plus singulières d'entre toutes. Lorsqu'ils savaient que leur passion et leur amour pouvaient aller bien au-delà des barrières. Ils s'imprégnaient de l'un l'autre. Joanne ne l'admettra jamais, mais elle désirait certainement qu'il laisse sa trace sur elle. Tout était déjà ancré en profondeur dans sa chair, mais elle voulait que cela dure. Que malgré la séparation, il y aurait toujours cette partie d'elle qui serait à lui, qu'importe si elle finit par rencontre quelqu'un dans les suites. Jamie savait parfaitement qu'il avait ce pouvoir sur elle, tout comme elle sur lui. Il était évident qu'ils n'allaient pas s'oublier, cela était impossible après avoir vécu toutes ces choses ensemble. Jamie appréciait tout autant qu'elle de sentir sa poitrine contre la sienne, à retrouver la chaleur et la douceur de sa peau par ce simple contact. Elle lui prodiguait quelque caresses au niveau de sa virilité qui le rendait encore plus fébrile qu'il ne l'était déjà, soupirant de plaisir. Joanne sentait certains de ses muscles se contracter sous ses doigts, électrisés par ces sensations. Ses mains retiraient ensuite délicatement le dernier vêtement qui recouvrait la jeune femme et il en profita également pour se mettre à nu. Ils retrouvaient avec délice ces caresses, qui n'avaient plus été fait depuis des semaines. Bien qu'elle savait que c'était certainement la dernière fois, Joanne se plaisait à retrouver ce sentiment d'être complète, en étant contre lui. Elle mentirait si elle n'avait pas vraiment ressenti la même chose lorsqu'elle passait ses nuits avec son ex-mari. Mais ce n'était pas pareil, tout était particulièrement différent, impossible à comparer. Jamie l'embrassait et la caressait longuement, certainement satisfait de retrouver une place qui était la sienne. Elle avait passé ses bras autour de son cou afin de pouvoir pleinement se coller à lui, en répondant avec ardeur au moindre de ses baisers. Leur bassin se mouvait en parfaite harmonie, comme s'il était déjà en elle alors que ce n'était pas le cas. Il préférait lui glisser sa main jusqu'à son intimité pour lui offrir quelques caresses qui la firent rapidement réagir. Elle dut interrompre leur baiser, pour pouvoir soupirer longuement et plonger son regard dans le sien, totalement envoûté. Il lui avait jeté un sort, depuis le tout premier regard. Les hanches de Joanne suivaient de manière synchrone les doigts habiles de Jamie. Il prenait tout autant de plaisir. Les préliminaires avaient toujours une place très importante dans leur vie conjugale, ils pouvaient durer parfois bien longtemps, surtout lorsqu'ils cherchaient à se faire languir jusqu'à en perdre la raison. La jeune femme gémissait au bord de ses lèvres, son dos se courbait légèrement. Parfois, elle regardait sa main poursuivre les caresses. Le voir faire, savoir que c'était bien, ne fit que tout décupler, amplifiant le moindre son qui sortait de sa bouche. Elle prit d'assaut ses lèvres pour les embrasser avec avidité, étouffant ainsi le moindre de ses gémissements. Jusqu'à ce qu'il ne s'intéresses qu'aux endroits qu'il savait particulièrement sensible afin de lui arracher un premier orgasme. Joanne ne s'entendait même plus penser, tant son corps vibrait et que son coeur battait à folle allure. Elle sentait le moindre de ses muscles se crisper et se relâcher avec un long cri de plaisir, ses iris plongés dans les siens pour lui partager au possible cette satisfaction. Elle posait sa main sur la sienne, alors qu'il poursuivait des caresses délicates. Subitement, Joanne inversa leur position, se retrouvant à califourchon. Elle s'était à peine laissée le temps de retrouver sa respiration. Redressée, elle s'appuyait sur le torse de Jamie pour maintenir sa position, et elle commençait à caresser sa virilité avec de délicats mouvements de rein. Ils ne se quittaient pas une seconde du regard. Il n'avait pas perdu l'habitude de poser ses mains sur ses cuisses, de planter ses doigts dans sa chair. Au bout de quelques minutes, Joanne se pencher afin de pouvoir prendre son visage entre ses deux mains et l'embrasser longuement, venant même parfois lui mordiller la langue. Elle avait comme cette envie qu'ils ne fassent plus qu'un, que cette dernière nuit ne s'arrête jamais. Aucune étape ne devait être brûler. Alors ses lèvres longeaient son cou et sa mâchoire, chérissait ensuite la moindre parcelle de peau de son torse jusqu'à glisser lentement vers son bas ventre afin de lui offrir ces quelques caresses qui le rendaient fous.
La voilà qui prouve encore qu’elle est toujours bien à moi, et que je suis toujours un peu à elle. Dévouée à mon plaisir par ces quelques caresses sur ma virilité, elle en use également pour me mettre à sa merci. Elle sait bien avec quelle facilité elle est capable de me faire fondre et perdre mes moyens, que je ne suis décidément pas en mesure de résister. Elle aime flirter avec ce moment où je manque de craquer entre ses doigts, et qu’à force d’attiser ce feu mon corps n’est plus que le berceau d’un incandescent brasier. Joanne n’a jamais usé, ou rarement, du son pouvoir ou de son influence sur moi, si ce n’est lors d’instants pareils. Elle s’assure ainsi que son empreinte marque toujours ma peau. Elle se rend plus désirable et plus indispensable. Ma respiration, d’abord profonde et faisant expirer de longs murmures de plaisir, s’emballe lorsque mon regard se pose sur la jeune femme en plein ouvrage. Malgré mes lèvres pincées, un frisson électrique parvient à me raidir l’échine et m’arracher un gémissement. Une main empoigne le drap, et l’autre, peut-elle se glisser entre ces cheveux blonds comme avant ? Je ne sais pas pourquoi il ne me semble pas en avoir le droit dans un premier temps. Et puis le réflexe s’impose face au doute, et je dégage les mèches du visage de mon ex-fiancée afin de mieux l’observer faire et suivre chacun de ses mouvements. Parfois, plus encore que les caresses, c’est lorsqu’elle m’adresse un regard que je suis un peu plus fébrile. En un coup d’œil, elle peut s’assurer de tout l’effet qu’ont ses intentions sur moi, de mon souffle haletant à mes joues rosies et mes yeux vitreux, suppliant à la fois de cesser et de continuer. Même avec l’expérience il est impossible pour Joanne de prédire à quel moment elle doit se stopper, alors c’est délicatement que je mets ma virilité hors de portée de sa bouche. J’étouffe quelques râles entre mes dents serrées. Impossible d’oublier à quel point ce genre de caresses de sa part me fait perdre pied. Je n’ai guère le temps de souffler ; les lèvres de Joanne se collent aux miennes et ma langue se glisse sur la siennes alors que je nous fais reprendre nos places initiales, plus envieux que jamais. Mes doigts fermement plantés dans sa chair, tantôt agrippant son sein, tantôt sa jambe, feraient peut-être pâlir un Hassan ou un Saul qui ne peuvent décidément comprendre qu’une passion se teinte parfois de brutalité. Nous n’avons jamais compté sur qui que ce soit pour comprendre, de toute manière, ces rapports créateurs et destructeurs qui nous animent. Nous animaient. Nous animeront sûrement un peu, même après. Pourtant, il n’y a que de l’amour dans ces baisers. Bien plus que je ne voudrais avouer qu’il n’y en a. C’est tout ce qu’il reste, tout ce que je peux lui donner, avant de l’étouffer une nouvelle fois et pour de bon. Elle me manquera, je le sais déjà, autant qu’elle me manquait avant ce soir. Il ne faut pas oublier que ce sont des retrouvailles autant que des adieux, seulement le point final qui nous manquait et nous laissaient frustrés d’une conclusion trop abrupte. Alors c’est sur cette pensée que je la dévore un peu plus avidement, flattant ardemment et avec la même dévotion que toujours le cou qu’elle m’offre, et cette poitrine nue à la peau porcelaine et au galbe parfait. Pendant longtemps nos corps se cherchent, se frôlent, se trouvent et se goûtent, forgent le souvenir d’un ultime moment d’amour dans un matériau pur. Puis ils se lient et s’unissent avec un soupir de contentement commun lorsque plus rien ne les sépare. Mon regard vitreux plonge dans ces yeux bleus que j’adore tant. Cela peut sembler absurde de dire au revoir de la sorte, de s’offrir l’un à l’autre une dernière fois et de croire qu’il sera ensuite plus facile de s’arracher l’un à l’autre –ça l’est sûrement, comme toutes les décisions prises après minuit et avec de l’alcool dans le sang. Mais l’on peut dire qu’il s’agit d’une conclusion pour le moins à notre image, comme toutes nos réconciliations, à travers la seule manière que nous ayons toujours eue de parfaitement nous comprendre et nous aimer. Une dernière nuit de notre côté.
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Il y avait ces quelques regards que Jamie ne pouvait s'empêcher de faire lorsque Joanne poursuivait ses caresses. Il mettait tous ses sens en éveil, et la vue s'avérait être particulièrement efficace. Elle sentait sous ses doigts ses muscles se raidir, s'électriser à chaque nouveau contact. Elle notait qu'il essayait de se contenir, de ne pas gémir trop rapidement en gardant sa bouche bien fermée. Mais ses yeux verts le trahissaient tout le temps. Et Joanne en profitait largement, tant qu'il la regardait encore ainsi. La jeune femme continuait jusqu'à ce qu'il lui dise stop, elle n'avait toujours pas vraiment réussi à cerner cette limite. D'un geste délicat, il la redressa afin qu'elle s'arrête et qu'elle approche à nouveau son visage du sien. Il avait le regard particulièrement vitreux et envieux. Il s'embrassait alors langoureusement, sans plus aucune retenu. Le bel homme inversa leur position sans qu'il ne cesse ce baiser. Elle avait encerclé sa taille avec ses jambes et lui se plaisait de marquer en saisissant fermement sa chair. Parfois ses doigts glissaient le long de ses côtes pour palper son sein. Ils se dévoraient l'un l'autre. Jamie se plaisait à embrasser à nouveau son cou, ses lèvres descendaient même parfois jusqu'à sa poitrine qu'il caressait avec avidité. Joanne, quant à elle, caresse chaque partie de son corps qui lui était accessible avec ses mains. L'une d'entre elle restait constamment loger dans ses cheveux, ses lèvres embrassaient chaque parcelle de peau qui se présentaient à elle. Leur corps finit par s'unir d'une manière totalement naturelle. Chaune de leur courbe s'accordait parfaitement avec les autres. Même s'il s'agissait d'une dernière fois, il fallait tout de même se rendre compte de cette évidence. Ce n'était certainement pas lié au hasard. Joanne avait plongé son regard dans le sien, jusqu'à ce qu'il soit entièrement en elle. Le geste était lent, et ils se délectaient chacun de cet instant en voyant le plaisir que cela procurait à l'être aimé. C'était véritablement à ces instant là, qu'ils avaient outrepassé cet interdit. Personne ne comprendrait, mais personne n'avait besoin de le savoir. C'était juste une dernière fois. Elle n'était pas infidèle, elle ne trompait personne. Mais elle avait l'impression que c'était tout comme, alors qu'elle était encore bel et bien à Jamie. La houle était tendre, et lente, dans un premier temps. Ils pouvaient s'embrasser, ou juste se regarder et partager des soupirs, des gémissements, des mots qui n'avaient pas besoin d'être dits pour être compris. Elle lui avait dit qu'elle aimait sa manière d'aimer, et qu'elle l'aimera toujours. Il prenait ce sentiment à l'état brut et l'avait taillé comme il le pensait. C'était au début un peu maladroit, mais Joanne avait fini par l'apprécier, jusqu'à ne plus pouvoir s'en passer. Et désormais, elle allait devoir apprendre à vivre sans. Peut-être qu'elle recevra de l'amour d'un autre homme, qui sera interprétée différemment par rapport à Jamie ou Hassan. C'était une perte de repère, même si dans le fond, les gestes étaient les mêmes. Hassan avait toujours été axé sur la tendresse. Tout avait été si doux et délicat avec lui, il était très soucieux d'elle à chaque moment. Joanne avait adoré cette douceur, qu'elle retrouvait en discutant avec lui à nouveau, qu'elle avait retrouvé dans leur baiser. Jamie, c'était soit l'un, soit l'autre. Il pouvait être autant tendre qu'un peu plus animal, mais il injectait la même dose d'amour à chaque fois. Il se cherchait en l'interprétant différemment. A vrai dire elle ne savait pas si elle était encore capable de se donner autant qu'elle ne l'avait fait avec Hassan ou Jamie. Les fins avaient été particulièrement douloureuses à chaque fois, elle n'avait pas envie que cela se réitère éternellement. Elle gardait précieusement ces deux hommes dans son coeur, il sera difficile pour les prochains prétendants d'y faire leur place, à même échelle. Une nouvelle fois, Joanne passait par-dessus lui, afin d'adopter sa propre cadence. Ce n'était pas bien plus rapide, mais la gestuelle était différente, et les sensations aussi. Elle se détachait de ses lèvres pour se redresser, sachant très bien que Jamie adorait la voir ainsi, particulièrement sensuelle, et que sur le moment, elle ne l'était que pour lui. Elle passait parfois l'une de ses mains dans ses propres cheveux, tandis que l'autre l'aidait à se maintenir durant cette danse. Elle espérait secrètement qu'il grave ces images dans un coin de sa tête. Qu'il ne l'oublie pas, qu'il n'oublie pas cette nuit-là. Elle ne voulait pas qu'il regrette cette nuit-là, car c'était certainement le meilleur moyen pour mettre un terme à cette relation, aussi saugrenu cela pouvait-il être.
Enfin pleinement en elle, au plus près d'elle, ma respiration jusqu'alors complètement coupée reprend, et un long soupir traverse mes lèvres qui n'ont à aucun moment cessé de frôler celles de Joanne. Je respire l'air qu'elle expire, ne quittant pas une seule seconde son regard. Encore une fois, je suis à sa merci. Malgré la fougue, ma main atteint son visage et le caresse doucement, pendant cette minute qui ne se constitue de rien d’autre que de la délectable sensation d’être complet. Autant profiter de ces retrouvailles teintées d’adieux. Le regard toujours happé par celui de Joanne, je dépose une main sur son sein. Débutent de très longs mouvements de rein, ce qui était largement suffisant pour faire monter la température de toute la chambre en flèche. Ne pouvant s'empêcher d'exprimer notre plaisir, des gémissements résonnent entre ces quatre murs, une respiration haletante et synchronisée. Mon corps cherche à s'unifier encore plus avec celui de mon amante, si cela est encore possible. Les yeux vitreux, Joanne semble au moins prendre autant de plaisir que moi à se retrouver, s'unir à nouveau, même si cela doit peut-être pour une dernière fois. Il y a tout ce flot de sentiments totalement contradictoires qui rendent la situation si bancale. Ne plus être ensemble et ne pas pouvoir s’empêcher de s’aimer dans le fond, savoir que la séparation est la meilleure option mais en souffrir cruellement, vouloir aller de l’avant et être prisonnier du passé. Je l’oublie lorsque la cadence s’intensifie subtilement. Je sens le souffle chaud de la jeune femme parcourir la peau de mon épaule et de mon cou lorsque nos lèvres ne se touchent pas. Il n’y a rien à comprendre, plus rien n’importe, si ce n’est que lui appartenir ainsi m’a terriblement manqué. Je me perds dans les baisers entre ses lèvres, son cou, son épaule, les dents frôlant parfois sa peau ; je me noie dans son regard bleu, au moins aussi vitreux que le mien, ne parlant finalement que d'un amour qui est à la fois la cause et la conséquence de tout ceci. Mes propres gémissements passent de ma bouche à la sienne, mes tremblements et mes vagues de plaisir viennent envahir son petit corps. Je retrouve cette symbiose avec l'être que j'ai aimé le plus au monde, et je ne sais pas si c'est de plaisir ou de douleur que mon coeur explose, me faisant lâcher un nouveau râle alors que Joanne décide de prendre le dessus. Elle se redresse et entreprend une cadence juste assez tendre et soutenue à la fois qui me laisse tout loisir de l’admirer –de la dévorer du regard. Les mouvements ne cessent jamais de me faire un peu plus perdre pied. Ces sentiments dont je ne voulais plus entendre parler continuent de s'infiltrer dans mes veines, prendre possession de mes membres, de mes pensées. Et je l'aime tellement et je ne le veux plus à la fois, mais c’est une chaîne dont je ne pourrai jamais m’émanciper. Elle me manque tellement, elle me manquera encore plus. Je me redresse, attrape Joanne dans mes bras comme si elle pouvait soudainement s'échapper. Ses lèvres sont miennes, sa chair est mienne. Quelle bêtise que tout ces ébats, surgit cette pensée entre deux vagues de plaisir qui me hurlent le contraire. Impossible de faire comme si ce sentiment n'existait pas, pourtant il me faudra l’outrepasser, l’ignorer, le noyer. Elle est tout pour moi, et je ne suis rien sans elle, c’est ce que j’ai longtemps pensé. Il faudra désormais faire sans. Pour ce soir, je peux librement l’aimer, comme si je ne pourrai plus l'aimer avant bien longtemps, avec cette passion immensurable qui m'a toujours animé en sa présence. Je veux qu'elle soit mienne comme avant. J’aimerais arrêter cette nuit dans le temps. Mais les coups de reins sensuels de Joanne et toutes les sensations allant de paire ne font que rappeler que le moment est éphémère ; un gémissement après l’autre, l’escalade du plaisir se poursuit et nous submerge.
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Le nombre de choses qu'ils se disaient par ces regards qui semblaient si simples étaient innombrables. Ils en avaient tant sur le coeur tous les deux que les mots leur manquaient, ou certains n'existaient même pas et aucun autre ne pouvait définir ce qu'ils pouvaient ressentir. La main de Jamie caressait avec délicatesse les traits du visage de son amante, dès lorsqu'il était pleinement en elle et qu'ils se sentaient tous les deux complets. A chaque mouvement de rein, il tentait d'être de plus en plus en elle, afin de retrouver ces sensations qu'ils avaient une nuit réussi à atteindre. La jeune femme gémissait à chaque mouvement, le regard plongé dans le sien, lui communiquant tout le plaisir qu'il lui prodiguait. L'une des mains de Jamie tenait fermement l'un de ses seins tout en poursuivant la houle qu'il avait adopté. Par moment, Joanne planta légèrement ses doigts dans la peau de son dos. Elle finit par inverser leur position, provoquant un long râle à Jamie, qui avait désormais tout le loisir de pouvoir la regarder. Ses lèvres ne pouvaient plus toucher le haut de son corps, mais ses yeux verts pouvaient scrutaient le moindre détail de sa peau, la moindre de ses courbes qu'il avait tant aimé. Elle savait qu'il adorait lorsqu'elle adoptait cette position, il la dévorait du regard, il l'admirait se mouvoir sur lui. Et Joanne avait on ne peut plus envie qu'il la regarde encore ainsi, juste une dernière fois. Elle avait bien deviné que Jamie avait l'esprit véritablement coupé en deux. Cela faisait un étrange mélange dans son regard vitreur. Dans le même esprit du je t'aime, moi non plus, mais à une toute autre échelle. Il la voulait tout autant qu'il savait qu'il fallait s'éloigner d'elle, il en voulait plus tout autant qu'il n'en voulait plus. Mais un sentiment semblait se prévaloirlorsqu'il se redressa subitement en la prenant dans ses bras et en la serrant fort contre lui, comme s'il ne voulait pas qu'elle aille où que ce soit. Il l'embrassait à pleine bouche, ancrait ses doigts dans sa chair alors qu'elle poursuivait ses mouvements de rein. Joanne avait posé l'une de ses mains sur sa joues alors qu'elle embrassait ardemment, son autre bras était passé par-dessus son épaule afin de pouvoir s'agripper à lui et se coller davantage contre lui. Sentant le plaisir monter de plus en plus, Joanne intensifiait malgré elle la cadence, et commençait peu à peu à être essoufflée. Elle gémit de plus en plus, sas respiration devenait particulièrement haletante. Si bien qu'elle devenait incapable de pouvoir l'embrasser. Ses lèvres continuaient de frôler les siennes, et Jamie put soudainement sentir sous ses doigts tout son corps qui se crispait peu à peu, et il pouvait constater qu'il n'y avait plus d'air qui venait caresser son visage. La respiration coupée par ce plaisir bien trop grand pour un si petit corps que le sien l'immobilisa et la submergea. Elle plongeait son regard dans le sien, et ses muscles se relâchèrent enfin dans un long cri de plaisir. Tout son corps frissonnait et tremblait sous ce plaisir, certains de ses muscles endocrines continuaient tout de même d'avoir quelques spasmes pendant qu'elle reprenait sa respiration. Joanne frôlait son visage avec le sien, prenant tout le temps nécessaire pour récupérer leur souffle. Elle sentait que le corps de Jamie s'était recouvert d'une fine particule de sueur, sublimant chacun de ses traits avec la lumière venant de la lune. Elle l'admirait, silencieusement. Leurs ébats venaient peut-être tout juste de se terminer, mais il faisait toujours nuit. Tout était encore de leur côté. Alors elle voulait qu'il reste encore en elle, comme elle le voulait toujours. Ils restaient ainsi, entremêlés à l'un l'autre pendant de longues minutes. Joanne savait qu'elle n'allait pas regretter cette nuit-là, ces adieux. Elle collait à nouveau ses lèvres sur les siennes, avec une très grande tendresse, pour l'embrasser délicatement et passionnément à la fois. En même temps, elle tentait de se caler pour faire en sorte qu'il soit un peu plus en elle, dépasser cette limite là juste encore une fois. Ses doigts s'étaient logés entre ses mèches brunes, profitant de chaque seconde que l'on voulait bien lui accorder.
Après tout ça, le retour du statu quo. Difficile à croire vu l’intensité des sensations et des regards échangés, et pourtant. Le vide reprendra ses droits, la distance s’imposera entre nos deux êtres actuellement aussi uni que la nature le permet. Nous ne serons plus liés que par notre titre de parents de Daniel. Et nous recommencerons à remplir les moments de silence avec des futilités cordiales qui ne signifient rien, juste pour éviter le malaise. Adieu les souffles de plaisir commun, les gémissements qui emplissent cette chambre pour la première, seule et unique fois. Plus de baisers aussi langoureux, plus de caresses intimes sur des épidermes brûlants. Le retour du manque qui rongera de l’intérieur certains jours plus que d’autres, la tentation de se laisser piéger par les vieilles habitudes en accordant un geste tendre ici et là. Je crois toujours que cela sera pour le mieux, mais je crois aussi que cela sera dur et l’adaptation longue. Je n’ai pas vraiment hâte d’y être, alors je me replonge dans le moment présent. Je tiens Joanne fermement contre moi, alors que varie encore le rythme des mouvements de rein ; ceux-ci ont largement gagné en intensité et en cadence. Si bien qu’il n’est plus possible de s’embrasser, parfois même de respirer. Impossible de retenir et retarder le plaisir qui s’infiltre dans chaque fibre de chaque muscle, dans chaque veine, chaque cellule, et qui rend la houle toujours plus symbiotique. La jeune femme se laisse tout doucement envahir. Elle ne résiste pas bien longtemps, et tous ses muscles se contractent, sa respiration se bloque de longues secondes, sa main serrant fort ma nuque, ses doigts plantés dans mon dos. Le temps suspend longuement cette seconde si particulière pour la rendre comme plus réelle qu'elle ne l'est déjà. Le regard dans le sien, admirant cet éclat particulier, j’avale le long gémissement qui traverse ses lèvres. Mais il n'y a pas que la vue qui rend le moment mémorable. Toutes les sensations sont d'une terrible précision. Sous mes paumes, je peux palper son épiderme brûlant et moite pourtant traversé d'un grand frisson qui lui donne la chair de poule. Tout ce corps électrisé se plaque complètement contre le mien, tout aussi chaud et humide. Pendant cette seconde, au plus profond d'elle, le séisme qui la secoue, tord ses membres et contracte ses muscles, déboule le long de son échine jusqu'à moi. Je peux deviner cette secousse alors qu'un plaisir pur s'infiltre absolument partout en elle. Cette vague, après avoir dévasté Joane, s'abat sur moi. Tout son petit corps se détend progressivement alors que mon esprit se laisse court-circuiter. Mon coeur, mes poumons, tous mes organes sont sujets à une anarchie certaine, palpitants sous les spasmes de plaisir de mon amante. Dans les derniers mouvements, subtils et tendres, mon être s’abandonne à son tour au sien et libère en elle toute la volupté accumulée. Mes lèvres se collent à celles de la jeune femme afin d’étouffer un long râle. Et à mon tour je ne suis plus que ce que ces ébats ont bien voulu laisser de moi. Le plaisir et l’amour échangés traînent là, dans mon crâne et dans mes veines. Je ne veux pas quitter cet état, relever la tête, laisser mon regard se poser sur la réalité. Non, je garde cette bulle quelques secondes de plus, je m'y accroche comme si tout en dépendait. Serrant tendrement Joanne dans mes bras, je garde comme souvent mon visage au creux de son cou. Ce fut toujours là, en humant son parfum et chatouillé par ses mèches blondes, que je me sentais en sécurité dans les moments de vulnérabilité. C’est l’un des contacts qui me manqueront le plus. Ca, et sa manière bien à elle de glisser ses doigts entre mes cheveux. Des marques d’amour qui lui sont propres. Une fois déliés l’un de l’autre, de longues minutes sont nécessaires ne serait-ce que pour daigner bouger et se rallonger sur le lit. Et une fois à l’horizontale, il n’est pas immédiatement question de glisser nos deux corps exaltés sous la couverture. Il faut encore que j’accepte de desserrer mon étreinte, car je sais qu’une fois que je l’aurai lâchée, il n’y aura plus rien. Enfin, le fond de l’air se fait frais sur nos peaux humides. Nous nous blottissons sous la couette. Je ne compte pas rester dormir et être présent au réveil comme elle le voudrait, feindre une scène grotesque de petit-déjeuner familial le matin. Mais elle n’a pas besoin de le savoir.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
C'était le jour qui avait réveillé Joanne, elle n'avait pas fermer les volets la veille. Elle n'y avait pas pensé. Daniel dormait à point fermé il ne faisait pas un seul bruit. La jeune femme s'étira, et, entendant le bras, sentit quelque chose d'anormal. Il n'était pas là, les draps étaient d'ailleurs bien froids. Perplexe, Joanne fronça les sourcils et ouvrit les yeux, pour constater qu'il était parti depuis bien longtemps. Elle se redressa vivement, en maintenant la couverture contre sa poitrine. Il n'y avait plus aucun de ses vêtements à lui, il ne restait plus que ceux de Joanne qui jonchaient le sol ici et là. Elle glissa une main dans ses cheveux, et la première émotion qui lui vint à l'esprit était la colère. Elle avait apprécié leurs ébats, et ne les regrettait pas. En revanche, il avait acquiescé d'un signe de tête les conditions qu'elle avait imposée. Et il n'avait rien respecté. Il ne s'était pas réveillé à ses à côtés, il n'avait pas passé du temps avec Daniel. A croire que ça commençait à lui plaire, de ne pas tenir parole. Il n'avait pas idée combien il lui en voulait. C'était peut-être ridicule, ce n'était peut-être qu'un détail. Mais cela en disait long pour la jeune femme. Qu'il ne s'attende pas à un accueil chaleureux la prochaine fois qu'il viendra sonner à la porte pour voir son fils. Elle avait l'impression qu'il se moquait d'elle, qu'il se fichait bien de ces quelques conditions. Elle ne demandait pas des retrouvailles familiales, elle voulait juste se réveiller avec lui et aussi lui permettre de passer un peu de temps avec Daniel avant de devoir repartir. La jeune femme finit par se lever, toujours bien offusquée, et comptait profiter que son fils dorme encore pour se doucher - elle l'emmenait d'habitude avec elle dans la salle de bain pour prendre se laver à une vitesse record. Sous le jet d'eau chaude, elle se rappelait de la moindre de ses caresses, du moindre baiser qu'il avait déposé sur elle la nuit précédente. Et elle se souvenait aussi à quel point elle le détestait de s'être sauvé comme un voleur juste après avoir eu ce qu'il voulait. La colère se logea dans un coin de sa tête dès qu'elle était entrée dans la chambre du petit. Il gazouillait depuis quelques minutes mais était resté bien allongé, dans sa turbulette, la peluche offerte par son père en main. Son visage était on ne peut plus ravi lorsqu'il vit Joanne le prendre dans ses bras pour l'embrasser et pour lui dire bonjour. Elle le câlina longuemet, dans l'obscurité, avant de se décider à ouvrir les volets de la chambre et à l'habiller pour la journée. Alors qu'elle l'embrassait sur le front, Joanne espérait au fond d'elle-même de pouvoir extraire Jamie de la place qu'il avait dans son coeur. Une partie d'elle voulait s'en débarrasser, faire ensorte qu'elle ne soit plus si liée que ça à son ex, malgré la nuit qu'ils venaient de passer. La manière dont celle-ci s'était terminée avait absolument tout gâché. Elle aimerait tant être capable de barricader ces sentiments, ne le considérer finalement que comme un étranger. Elle voulait aussi savoir fermer ces portes, absolument tout fermer, tout désactiver pour ne pa autant souffrir à chaque séparation. Mais la sensibilité était la première chose qui qualifiait Joanne. Elle ne serait plus elle-même si elle parvenait à tout sceller comme elle le voulait. Elle voudrait ne plus avoir à panser ces blessures qui saignaient toujours suite à sa séparation. Même ses séparations, rien n'était véritablement guéri non plus, après le divorce. La vie de mère célibataire n'était rien de facile, et elle s'efforçait de mettre absolument tous ses propres soucis de côté. Daniel ne devait pas ressentir tout ça de Joanne, alors elle préférait avoir du chagrin dès qu'il était couché, et profondément endormi. Bien que le petit était autonome pour boire son biberon, Joanne tenait à le lui tenir le temps qu'il buvait. Ca lui rappelait un peu toute cette période d'allaitement. Des instants qu'elle adorait et dont les souvenirs la faisaient sourire. Ses yeux se plongeaient dans ceux de son fils, celui-ci ne ratait pas une occasion pour lui faire un peu de charme. Il savait qu'il était en terrain conquis, mais cela semblait lui plaire. Il était certainement un des derniers à pouvoir faire sourire Joanne avec sincérité et qui lui mettait du baume au coeur, ce n'était pas rien.