“It's not a question of who is wrong and what is right, but time can not heal what you will never recognize. 'Cause all of this is all that I can take, and you could never understand the demons that I face. So go ahead and bat your eyes and lie right to the world, for with everything you are, you're just a little girl.”
« Je ne savais pas que le talon était un indispensable pour s’occuper du patrimoine des honnêtes gens. » Un rire vint l'étouffer. Le fait est que malgré l’incompréhension dont Tommy faisait preuve face à sa situation professionnelle, il avait tout de même raison. Dans sa poursuite de la gloire et de la tête du cabinet, Camber en avait presque fini par oublier son métier et ses buts. Avec le temps, elle ne prêtait plus assez d’importance au client et se focalisait avant tout sur les bénéfices qu’elle pouvait en tirer de façon personnelle. Pour autant, il n’était pas question de conforter son invité dans l’idée déjà bien assez négative qu’il se faisait des bureaucrates comme elle. En bonne hôtesse, elle l’avait donc invitée à se mettre à l’aise, consciente que rester debout dans sa condition n’était pas beaucoup plus sérieux que mettre des talons, avant d’aller leur chercher de quoi s’hydrater. Ou plutôt l’effet inverse, en réalité. La curiosité de Tommy envers la bouteille de whisky sortie des tréfonds de ses souvenirs l’intrigua. S’il continuait ainsi, elle allait finir par croire qu’il s’intéressait plus à sa vie qu’il ne le faisait croire. « Pas seulement en terme de whisky, à priori. » Parler de son ex compagnon à Tommy sonnait de façon étrange et cette remarque fut d’autant plus déstabilisante. Ayant remarqué son regard insistant, elle écarquilla les yeux et se mit à rougir. Croire que le brun la qualifia d’une bonne chose la laissait perplexe, malgré tout l’idée était agréable à imaginer. Elle hésita un instant à lui répondre néanmoins la crainte qu’elle ne fasse fausse route et qu’elle ne se ridiculise la bloqua. Pour son plus grand soulagement, son chat Ron vint faire diversion, attirant toute l’attention de son invité. Connaissant l’animal, il ne pouvait qu’être heureux de se sentir au centre de la conversation. « Et est-ce que Ron a l’habitude de scruter tous tes invités de cette façon, ou bien est-ce que c’est simplement mon charme naturel qui opère ? » Dans un bref coup d’œil vers lui, la jeune femme esquissa un sourire. « Il n’a pas l’habitude de voir des gens ici il faut dire » Bien consciente du sous-entendu de sa phrase, elle soupira légèrement. La présence de Tommy chez elle avait un côté agréable. Il n’était peut-être pas un ami, mais il était là, comblant le vide de sa vie. « Qui sait. » Avec lui, il était toujours impossible de savoir ce qu’il pensait réellement. Ses phrases sonnaient toujours de façon ironique, à double sens. Pour autant, Camber était maintenant bien décidée à lui faire comprendre qu’elle commençait à l'apprécier au fond. « Aux bonnes surprises, alors. » Un sourire illumina son visage alcoolisé. Expression qui se dissipa bien rapidement au contact de l’alcool avec sa gorge. Tommy avait bu sa gorgée avec une attitude posée ce qui la laissa pantoise. « L’habitude, sans doute. » Quand on y pensait bien, il travaillait dans un pub, rien d’étonnant à ce qu’il ait l’habitude de boire. Néanmoins, elle lui proposa un glaçon pour atténuer la force de son verre, s’en servant un par la même occasion. « Ma virilité et moi aimerions bien rentrer chez nous sans tituber. » Sans plus attendre, elle fit tomber les glaçons supplémentaires dans son verre, éclaboussant légèrement sa main au passage. Avec l’alcool, elle ne maîtrisait plus si bien ses gestes. « Tu sais… j’ai une chambre d’ami qui est libre. Vu que je peux parier que tu ne me laisseras pas te prêter de l’argent pour un taxi, je préfère que tu dormes ici plutôt que tu rentres à pieds dans ton état. » lui glissa-t-elle un brin gênée. Elle n’avait pas l’habitude d’inviter des hommes à dormir chez elle mais elle se saurait bien plus rassuré de le voir rester s’il buvait trop, d’autant plus qu’il était blessé. Puisque étonnamment, elle était déterminée à le faire boire. « C’est à ton tour d’essayer de me corrompre ? J’espère que tu n’as rien rajouté de suspect dans mon verre dans l’espoir de profiter de mon corps ensuite ? » De nouveau gênée, elle gloussa timidement avant de trouver du courage dans une gorgée de whisky. « Promis, je ne viendrais pas te reluquer si tu dors ici. Je te prêterai bien un tee-shirt à moi mais quelque chose me dit que tu ne rentreras pas dedans… » plaisanta-t-elle en imaginant Tommy dans l’un de ses vêtements. « Mais je suis sérieuse, restes. » Sans en comprendre les raisons, elle en avait tout simplement envie.
Troublée par ses propres propos et l’effet qu’ils pourraient avoir sur son invité, Camber s’était finalement levée en direction de la chaîne hi-fi qu’elle n’avait probablement pas touché depuis des années. D’humeur joyeuse, elle avait choisi Queen, pensant que cela pouvait plaire à Tommy et l’avait finalement rejoint de nouveau avec le désir de s’amuser. « Tu crois que je ne sais pas que le moyen le plus efficace pour vous faire tourner la tête c’est de jouer soi-même de la musique ? » Hilare, elle laissa son imagination dresser le portrait de Tommy jeune, ses cheveux brouillons, une guitare à la mains pour conquérir la fille de son cœur. « Une guitare trouvée dans une brocante et deux trois accords bateau, et vous ne répondez plus de rien. Mais je crois me souvenir qu’à l’époque du lycée, les filles de ma classe n’avaient d’yeux et d’oreilles que pour Robbie Williams. » Dans un claquement de langue, Camber s’empressa de réagir. « C’est tellement cliché, je n’aurais pas cru ça de toi » Cela avait au moins le bénéfice de lui donner du capital sympathie. L’imaginer populaire dans sa jeunesse en comparaison de son attitude désinvolte aujourd’hui était plaisant. « Allez, dis-moi tout, quel genre de lycéenne était la jeune Camber ? » En se rapprochant d’elle sur le canapé, la jeune femme sentit son genou toucher un bout de sa cuisse, provoquant une accélération étonnante de son rythme cardiaque. « Elle avait un crush sur quelqu'un ? » Sans grande surprise, elle dû détourner son regard de celui de Tommy pour prendre le plein contrôle de ses sentiments. Elle sentait le rouge lui monter aux joues, encore une fois. Ses yeux se posèrent sur le verre vide de Tommy, puis le sien qu’elle s’empressa de terminer dans une grimace. « Je crois que cette question nécessite une deuxième tournée » Accompagnant ses mots, elle attrapa la bouteille et remplit leur deux verres. « Tu ne me croirais pas si je te disais que j’étais plutôt sociable et populaire au lycée. Les trucs de fille ça m’intéressait pas, je voulais juste profiter de mes amis, de la plage, du surf… » A cette pensée, elle se racla la gorge, le cœur serré. « Figure toi que mon premier copain était mon meilleur ami. Tony Adams » Son visage s’illumina. « C’était la fin du lycée et on s’est vite rendu compte qu’on était mieux amis. Depuis on ne peut pas dire que j’ai beaucoup plus de chances avec les garçons » termina-t-elle dans un rire sarcastique. « Peut-être que tu m’aurais plu avec ta guitare et tes chansons romantiques » ajouta-t-elle sur un ton amusé, ses yeux noisettes plongé dans les sien. « Quoique, ton côté grincheux actuel a aussi son charme » Est-ce qu’elle venait de lui avouer qu’elle le trouvait charmant ? Peut-être. On pouvait remercier le whisky qui continuait de brûler sa gorge.
Starseed
Dernière édition par Camber Huntington le Dim 15 Oct 2017 - 14:56, édité 1 fois
Tommy continuerait de vous le soutenir avec aplomb : il n’aimait pas les chats. Et jamais, ô grand jamais il n’admettrait avoir développé un certain attachement au matou de gouttière qui s’était pris d’affection pour eux, pour leur fenêtre, et aussi très probablement pour la nourriture qu’ils s’étaient résolus à lui offrir. C’était le chat de Moïra, voilà tout, et Tommy s’était mis à acheter de la nourriture pour chat simplement pour ne pas créer d’incident diplomatique avec sa fille, et absolument pas parce qu’il se souciait que Microbe meurt de faim s’ils cessaient subitement de le nourrir … Non, pas du tout. Du tout. Et s’il avait tendu une main précautionneuse vers le chat de Camber tandis que cette dernière admettait « Il n’a pas l’habitude de voir des gens ici il faut dire. » ce n’était que par pure politesse et absolument pas parce qu’il trouvait à son museau rose et son poil roux quelque chose d’un tout petit peu attendrissant. Hm. Laissant en tout cas la jeune femme aller leur chercher de quoi boire et revenir sans se démonter avec une bouteille de whisky qui attendait d’être bue depuis bien trop longtemps, il avait trinqué avec elle sans hésitation et armé d’un brin de sourire, amusé de la voir réclamer un glaçon pour faire passer la dureté de l’alcool qui coulait dans son gosier. Contre toute attente Tommy en avait accepté un lui, aussi, raisonnable, et pas dans l’optique de laisser à tout prix l’alcool lui monter à la tête de manière irréversible. « Tu sais … j’ai une chambre d’ami qui est libre. Vu que je peux parier que tu ne me laisseras pas te prêter de l’argent pour un taxi, je préfère que tu dormes ici plutôt que tu rentres à pieds dans ton état. » Cachant difficilement la surprise que lui inspirait la proposition, il avait hésité une seconde ou deux de plus qu’il ne l’aurait pensé, et préférer balancer une plaisanterie quant à la supposée volonté de la jeune femme de vouloir profiter de son éventuel état de faiblesse. « Promis, je ne viendrai pas te reluquer si tu dors ici. Je te prêterais bien un tee-shirt à moi mais quelque chose me dit que tu ne rentreras pas dedans … » Laissant échapper un rire franc, Tommy avait dodeliné sa tête et Camber, elle, avait conclu d’un ton plus sérieux « Mais je suis sérieuse, reste. » La proposition était plus envisageable qu’il ne l’aurait pensée – il n’aurait déjà jamais imaginé être amené à mettre un pied dans l’appartement de la jeune femme, en premier lieu – mais malgré tout il avait tenté de se montrer raisonnable. « C’est gentil. Mais ma fille s’attend à me trouver chez nous à son réveil demain matin, et je ne voudrais pas qu’elle s’inquiète. Mais merci. » Le sourire un brin plus gêné qu’il ne l’aurait souhaité, il n’avait dès lors pas pu empêcher la remarque « Mais toi, moi, évoquant la possibilité de dormir sous le même toit. Qui l’eu crû. » de lui échapper, comme dans une tentative de rendre à la discussion un caractère moins sérieux et moins solennel qu’elle n’était en train de le devenir.
Abandonnant momentanément son verre entamé sur la table basse, la jeune femme avait à nouveau quitté le canapé où ils s’étaient installés pour ajouter un fond de musique pour lequel Tommy n’avait pas protesté. A dire vrai il était même un peu surpris de mettre un doigt sur les goûts musicaux de la jeune femme et de réaliser qu’ils ne ressemblaient en rien à ce qu’il s’était imaginé d’elle. La preuve sans doute qu’il fallait à tout prix qu’il arrête de se baser sur ses propres conclusions – souvent hâtives … Mais il y avait le dire, et il y avait réussir à le faire. Se prêtant avec un sérieux relatif (mais non moins de sincérité) aux questionnements de la jeune femme il s’était replongé dans quelques souvenirs de son adolescence avec l’impression que tout cela remontait à cent ans, au moins. « C’est tellement cliché, je n’aurais pas cru ça de toi. » Compliment ou moquerie dissimulée, le brun n’avait pas trop su comment interpréter cette réponse et malgré lui un « Ah oui ? » curieux lui avait d’ailleurs échappé, comme s’il espérait qu’elle précise un peu mieux le fond de sa pensée. « Je t’aurais imaginé m’attribuer tout un tas de clichés grotesques, au contraire. » Et il n’aurait même pas pu le lui reprocher, ou pas sans faire preuve de son infinie mauvaise foi tout du moins. Ne perdant en tout cas pas l’occasion de lui retourner la question et de satisfaire un peu de sa propre curiosité, il se retrouvait bien malgré lui pendu aux lèvres de Camber et totalement tourné vers elle avec attention « Je crois que cette question mérite une deuxième tournée. » Joignant le geste à la parole elle avait resservi non seulement son propre verre mais également celui de Tommy, avant de reprendre « Tu ne me croirais pas si je te disais que j’étais plutôt sociable et populaire au lycée. Les trucs de filles ça ne m’intéressait pas, je voulais juste profiter de mes amis, de la plage, du surf … » Arrêtant le verre au bord de ses lèvres Tommy avait froncé les sourcils avec un brin de surprise « Tu surfes, sérieux ? » Pour un natif de la Gold Coast le brun n’était pas vraiment friand de la plage et des activités sportives qui s’y rattachaient, et l’exemple de surfeuse le plus parlant qui lui venait à l’esprit n’était autre que Lene. Pas vraiment le genre de personne avec qui il aurait imaginé Camber partager le moindre point commun. « Figure-toi que mon premier copain était mon meilleur ami. Tony Adams. C’était la fin du lycée et on s’est vite rendu compte qu’on était mieux amis. Depuis on ne peut pas dire que j’ai beaucoup plus de chance avec les garçons. » Il pouvait donc déjà en conclure que le dénommé Tony n’était pas le type à qui avait appartenu cette bouteille de whisky. Mais que celui-là n’était pas considéré comme une preuve de chance aux yeux de la jeune femme non plus. « Peut-être que tu m’aurais plu avec ta guitare et tes chansons romantiques. Quoique, ton côté grincheux actuel a aussi son charme. » Faisant tourner son verre entre ses doigts le brun avait laissé échapper un rire « Ces choses que l’alcool vous font dire, parfois. » C’était bien la première fois qu’elle se montrait aussi élogieuse à son sujet, le whisky n’y était probablement pas étranger. Au petit matin elle trouverait à ce côté grincheux qu’elle venait de mentionner le même côté agaçant qu’à son habitude, sans doute. « Mais dans ce cas je crois que ça n’aurait pas fonctionné entre nous … J’avais plutôt un regain d’intérêt pour celles sur qui mes petites combines habituelles ne fonctionnaient pas. L’esprit de contradiction, sans doute. » Et parait-il que l’on était toujours un peu attiré par ce que l’on ne pouvait pas avoir, comme si l’être humain aimait cultiver ce petit côté masochiste chez lui-même. « C’est marrant n’empêche, maintenant que j’y pense, la fille avec qui je sortais vers la fin du lycée s’appelait Adams aussi. Une vraie chipie, d’ailleurs. » Il se demandait bien ce qu’elle était devenue, depuis. Probablement mariée à un bonhomme riche choisi par papa-maman, c’était totalement le genre de parcours qu’il imaginait Eva avoir suivi. La différence majeure entre elle et lui, elle beaucoup trop au diapason du désir de ses parents, lui beaucoup trop à contre-courant pour envisager suivre le moindre conseil émanant des siens. « Qu’est-ce qui est arrivé à la fille sociable et fan de surf ? » avait-il finalement osé demander après quelques secondes de silence, la voix plus mesurée, et son regard remontant doucement de son verre au visage pensif de Camber.
“It's not a question of who is wrong and what is right, but time can not heal what you will never recognize. 'Cause all of this is all that I can take, and you could never understand the demons that I face. So go ahead and bat your eyes and lie right to the world, for with everything you are, you're just a little girl.”
Oser proposer à Tommy de rester dormir chez elle la replongea dans son adolescence. Elle était presque honteuse et embarrassée à l’idée de formuler ces mots. Elle pouvait presque imaginer le visage de sa grande sœur dans son esprit, jugeant son intention de faire dormir un homme chez elle. Inviter Tony dans le domicile familial à l’époque du lycée lui avait pourtant paru plus facile. Après tout, il avait été son meilleur ami depuis des années et avait su satisfaire les attentes des parents Huntington avant même qu’il ne devienne son petit-ami. Pourquoi était-elle si gênée lorsque cela le concernait lui, c’était une bonne question. Tommy n’était pas son petit-ami et dormir dans son appartement ne l’engageait à rien. Elle ne savait même pas ce qu’il était réellement. Un ami. Une connaissance. Aucun mot ne semblait coller à la relation qu’ils avaient créé, néanmoins Camber ne pouvait nier la place que l’homme commençait à prendre dans son quotidien, lui et ses conseils piquants mais fort utiles. « C’est gentil. Mais ma fille s’attend à me trouver chez nous à son réveil demain matin, et je ne voudrais pas qu’elle s’inquiète. Mais merci. » L’expression troublée de son interlocuteur renforça l'ambiguïté de la situation. De son côté, Camber fut presque déçue par sa réponse. Encore quelque chose qu’elle ne parvenait pas à comprendre. « Oui, tu as raison. Moïra a de la chance d’avoir un père qui pense à elle » souffla-t-elle en détournant le regard. Elle ne se faisait toujours pas à l’image du Tommy paternel, fou de sa petite fille. Son côté papa gâteau lui donnait un certain charme qu’elle refusait d’admettre. « Mais toi, moi, évoquant la possibilité de dormir sous le même toit. Qui l’eu crû. » Il aurait été étonnant que le brun ne profite pas de l’occasion pour plaisanter. La notaire émit un léger rire avant de hausser les épaules et de répondre un « Comme j’ai dit, aux bonnes surprises… » plein de sous-entendus.
En se déplaçant du canapé à la chaine hifi, puis de la chaîne à son canapé, Camber avait senti l’alcool lui monter à la tête. Elle aurait juré avoir perdu l’équilibre à quelques centimètres de l’accoudoir, en espérant que Tommy n’ait rien remarqué. Sa vision des choses s’embrumait, tout comme ses pensées s’agitèrent. Il y avait tant d’éléments qui se bousculaient dans sa tête que la jeune femme n’était plus certaine de contrôler ce qui en sortait. Elle le pensait, elle le disait. Et faire des réflexions sur l’image qu’elle avait du serveur lorsqu’il était jeune ne dérogeait pas à la règle. « Ah oui ? Je t’aurais imaginé m’attribuer tout un tas de clichés grotesques, au contraire. » Levant les yeux au ciel, elle gloussa, encore guidée par les effluves du whisky dans son sang. « En réalité je t'imaginais plutôt du genre solitaire, avec peu d’amis et dire que les filles ça ne sert à rien » Ce qui, lorsqu’on y réfléchissait bien, ressemblait plutôt à son attitude aujourd’hui. A sa plus grande surprise, Tommy se montra très impliqué dans la conversation et l’interrogea à son tour. Camber s’était livrée à une confession de son adolescence avec plaisir, comptant ses récits amoureux peu fameux et l’histoire de la fille qu’elle n’était plus. Le barman ne l’avait pas quitté des yeux une seule seconde, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Ce devait être la première fois qu’il l’écoutait parler sans démontrer d’un regard plein de jugement à son égard. « Tu surfes, sérieux ? » Son sourire se dissipa immédiatement. « Je surfais. » Dans un raclement de gorge, elle porta de nouveau le verre à ses lèvres et laissa le whisky s’écouler le long de sa gorge, brûlant sa trachée à petit feu. Victime de son alcoolémie, elle avait finit par complimenter son invité avec une grande sincérité, ce qui était probablement le problème. Il ne faisait nul doute qu’elle allait regretter d’avoir agit ainsi le lendemain matin. « Ces choses que l’alcool vous font dire, parfois. » Elle avait rougit, incapable de le contredire. « Mais dans ce cas je crois que ça n’aurait pas fonctionné entre nous … J’avais plutôt un regain d’intérêt pour celles sur qui mes petites combines habituelles ne fonctionnaient pas. L’esprit de contradiction, sans doute. » Un peu vexée, elle frappa son épaule du dos de sa main en ouvrant grand la bouche. « Eh! Tu aurais au moins pu faire semblant! J’ai l’impression de revenir à l’époque terrible de l'adolescence et des râteaux » avait-elle plaisanté, ceci dit vraiment outrée par son insolence. « C’est marrant n’empêche, maintenant que j’y pense, la fille avec qui je sortais vers la fin du lycée s’appelait Adams aussi. Une vraie chipie, d’ailleurs. » Quelques secondes, la brune tenta d’imaginer la petite amie de Tommy. Elle n’arrivait pas à mettre le doigt sur son type de fille. L’imaginer avec une cheerleader blonde était assez compliqué, cependant, on était jamais trop sûr. « Adams est un nom de famille assez courant. Tony avait bien deux sœurs mais je ne pense pas que l’une d’elles ait pu être l’élue de ton cœur » Eva ou Lene en petite amie de Tommy, il ne manquait plus que ça. Aussi amusée que troublée par cette pensée, elle n'eut pas le temps divaguer sur le sujet, puisque son invité la questionna de nouveau. « Qu’est-ce qui est arrivé à la fille sociable et fan de surf ? » Pensive, elle plongea son regard dans les yeux sombre sde Tommy, laissant quelques secondes s’écouler dans le mutisme le plus complet. « Tu viens de prouver que les hommes n’écoutent jamais quand les femmes leur parlent » commença-t-elle d’un ton supérieurement amusé. « Tu pourras essayer de retrouver la raison sur le chemin du retour, ça t’occupera » Bien déterminée à ne pas lui donner une réponse et surtout à ne pas parler de son accident, Camber termina son verre. Un profond soupir s’échappa de ses lèvres, tandis qu’elle s’étira, frôlant de nouveau la jambe de Tommy par la même occasion. « Je crois que le whisky m’a mis une claque » Ses paupières se fermèrent un instant alors que sa bouche s’était étirée dans un sourire alcoolisé. Sa tête pesait si lourd qu’elle peinait à la faire tenir debout, aussi la laissa-t-elle finalement tomber sur l’épaule de Tommy. « Ça tourne un peu moins comme ça… Si tu permets je vais profiter de ton épaule encore quelques secondes… » avait-elle soufflé en levant les yeux vers le visage de Tommy, bien plus proche du sien qu’elle ne l'aurais imaginé. « T’es plutôt confortable d’ailleurs, je pourrais m'y habituer et vouloir rester là » Si confortable qu’elle pourrait probablement s’endormir sur lui.
Ce n’était – plus – vraiment dans ses habitudes, ce genre de trucs, squatter le canapé ou la chambre d’ami de quelqu’un sur un coup de tête, et pourtant il y avait fort à parier que si Moïra n’avait pas été seule à l’appartement dans l'attente de trouver son père à son réveil, Tommy aurait probablement cédé à la proposition de Camber. Il était épuisé, pour être tout à fait honnête, son périple jusqu'au McTavish relevait déjà du semi-marathon dans son état actuel, et même l’air frais le fatiguait après plusieurs semaines de convalescence forcée. Mais le brun savait encore se montrer raisonnable, et sa fille comme argument imparable il avait poliment décliné l’offre de la jeune femme. « Oui, tu as raison. Moïra a de la chance d’avoir un père qui pense à elle. » Il essayait autant que possible en tout cas, il faisait de son mieux. Et à vrai dire il était presque soulagé de ne pas avoir vu passer sur le visage de Camber le jugement du « Oh mon dieu il laisse sa fille de huit ans seule dans leur appartement une soirée entière. » parce que depuis sa discussion avec une avocate peu après son retour à Brisbane il avait chaque fois l’impression de commettre un crime de lèse-majesté en agissant ainsi. « Comme j’ai dit, aux bonnes surprises… » Reprenait-elle finalement, concernant cette opportunité manquée que ni l’un ni l’autre n’aurait imaginé, le rose sur ses joues à elle réapparaissant sur les oreilles de Tommy sans qu’il n'y voit d’autre explication logique que la chaleur dégagée par l'alcool. Bien sûr. Et parmi ses autres vertus le whisky déliait les langues et attisait la curiosité, amenant la discussion jusqu’à ce que l’un et l’autre avaient pu être dans leurs jeunes années de lycéens, à cette période souvent ingrate mais parfois riche en souvenirs. La vraie surprise c’était que les préjugés de la demoiselle n’avaient pas affublé Tommy d'une image trop négative, malgré tout « En réalité je t'imaginais plutôt du genre solitaire, avec peu d’amis et dire que les filles ça ne sert à rien. » Oui bon, pas trop négative, donc. Laissant échapper un léger rire le brun avait assuré « J’avais déjà très bien compris où se situait mon intérêt pour la gente féminine, je t’assure. » Quoi qu’il avait probablement eu une période « les filles c'est nul » comme bon nombre de garçons, mais bien plus jeune. Curieux à son tour, et d’avis que les confidences ne devaient pas se faire que dans un seul sens, l’idée de Camber sur une planche de surf avait plus particulièrement ébranlé les certitudes qu’il pensait avoir à propos de la jeune femme. « Je surfais. » avait-elle cependant rectifié, d’un ton qui ne donnait pas envie de poser davantage de question. Le genre de ton que lui-même avait employé plus tôt dans la soirée, lorsque la discussion avait dérivé du côté d’Alice. « Désolé. » Le murmure, un brin confus, avait clos ce pan de discussion tandis que Camber terminait son verre et laissait sa tête retomber contre le dossier du canapé en s'imaginant, si l’époque du lycée avait encore été là, être tombée sous le charme de son côté baratineur à deux sous qui lui s'en serait désintéressé aussi vite pour ne porter attention qu’à celles qui jouaient les inaccessibles. « Eh ! Tu aurais au moins pu faire semblant ! J’ai l’impression de revenir à l’époque terrible de l'adolescence et des râteaux. » Le rire nerveux aidé par l’alcool, Tommy avait dodeliné de la tête avait de la laisser à son tour tomber contre le dossier du canapé, abandonnant son verre vide sur la table basse. « T’as pas eu le mémo ? Ceux qui galéraient le plus à l’époque sont ceux qui réussissent le mieux maintenant. » Ce qui expliquait probablement qu'elle vive à Pine Rivers dans un tel appartement, pendant que lui comptaient les centimes en élevant seul une enfant qui n'avait plus de mère. Vague soupir du brun, dont l'attention avait finalement été retenue par le nom que la jeune femme venait de donner à celui qu’elle nommait meilleur ami. Tony Adams. Adams, comme cette chipie d’Eva, probablement mariée à un riche banquier qui n’avait ni pli sur sa chemise ni mèche de travers, désormais. « Adams est un nom de famille assez courant. Tony avait bien deux sœurs mais je ne pense pas que l’une d’elles ait pu être l’élue de ton cœur. » Peu probable en effet. Et de toute manière Tommy ne serait même plus capable d’affirmer avec certitude combien Eva avait eu de frères et sœurs ; Elle en avait, il s’en souvenait vaguement, mais c’était à peu près tout et il n’avait jamais rencontré aucun membre de sa famille. Y’aurait fallu qu’elle assume son penchant pour la mauvaise graine, pour ça. Le poids de la fatigue alourdissant un peu plus ses épaules Tommy était resté pensif un instant, songeur quant à la différence qui subsistait entre l’adolescente que lui décrivait Camber et la jeune femme qu’elle était désormais. « Tu viens de prouver que les hommes n’écoutent jamais quand les femmes leur parlent. » Les sourcils froncés tandis que son esprit tentait d’additionner deux et deux, elle l’avait gratifié d’un léger sourire avant d’ajouter « Tu pourras essayer de retrouver la raison sur le chemin du retour, ça t’occupera. » Ouvrant la bouche une première fois pour protester, aucun son n’en était sorti et finalement il avait justifié « Sois indulgente, il est tard. Et c’est toi qui m’a fait boire … » en esquissant un sourire amusé. S’étirant un instant, Camber avait fini par laisser sa tête tomber contre l’épaule du brun en réprimant un bâillement « Je crois que le whisky m’a mis une claque. Ça tourne un peu moins comme ça … Si tu permets je vais profiter de ton épaule encore quelques secondes … » Étonnamment il n’avait pas moufté et l’avait laissée faire, son regard glissant doucement sur elle tandis qu’elle relevait les yeux vers lui « T’es plutôt confortable d’ailleurs, je pourrais m’y habituer et vouloir rester là. » Un rire lui échappant, il avait laissé sa tête retomber doucement contre celle de Camber « J’ai encore tout un tas de qualités cachées, si tu savais. » Ou peut-être pas tant que ça, en réalité, il n’était pas vraiment doué pour avoir conscience de ses propres qualités de toute manière. Ses défauts par contre, aucun souci, il en avait à la peine et pouvait en citer une bonne partie sans se faire prier. Les minutes passant, la voix de Freddie Mercury apparaissant de plus en plus lointaine, le brun avait fini par murmurer « T’endors pas, sinon j’vais devoir te border. » mais contre toute attente la recommandation arrivait un peu tard, la jeune femme s’était déjà endormie. Et faute de pouvoir la porter jusqu’à son lit tant le simple fait de se remettre debout lui paraissait à peine surmontable, le brun avait vagabondé dans l’appartement sous le regard suspicieux du chat à la recherche d’une couverture qu’il avait disposée sur elle en prenant soin de ne pas la réveiller. Et griffonnant son numéro de portable sur le bloc de post-it près du téléphone – sans trop savoir pourquoi il le faisait – il avait quitté l’appartement. Fin de soirée. Drôle de soirée.