Ca se passait bien. Avec les bébés. Kyle était un peu plus calme. Un peu moins perturbateur. Oh, ça arrivait qu'il ait encore besoin des bras de maman pour s'endormir. Mais il foutait moins le bordel. Est-ce que Selina était soulagée ? Bien évidemment. Elle avait eu peur de ... Et bien, qu'il prenne une mauvaise habitude en le prenant dans ses bras et en le bordant. Mais non, c'était pas une sale habitude. Et c'était plutôt chouette. Aujourd'hui, Selina avait été les promener. Elle avait pris la poussette et elle avait fait une longue marche. Il faisait beau. Donc, pourquoi pas après tout. Il faisait même très beau. Pas trop chaud non plus. Mais il y avait un beau soleil. Elle s'était assise un moment sur un banc. Et elle avait pris un bain de soleil. Tout en gardant un oeil sur ses deux fripouilles qui dormaient. Et puis, elle était repartie. Elle avait trouvé quelques charrettes en cours de route, si on pouvait dire cela ainsi. Des voisins, voisines, des personnes qu'elle pouvait connaître et avec qui elle avait pu discuter un petit moment. Au final, ce qui aurait pu lui prendre une demi-heure pour rentrer, ça dura bien plus longtemps. Elle n'aurait, sans doute, pas pris autant de temps si les petits avaient été pénibles et s'ils avaient pleuré. Non. Maintenant, elle était à la maison. Elle s'était d'abord occupée de Louna. Parce qu'elle était la plus calme des deux et parce que Selina arrivait toujours à l'endormir facilement. A contrario de Kyle qui prenait un peu plus de temps parfois. Enfin, c'était tout de même un peu mieux qu'après la naissance où c'était un calvaire. Façon de parler. Louna était couchée. Et Kyle venait de rejoindre son lit, lui également. Elle allait pouvoir préparer le dîner. Colin venait souvent après son boulot. Elle laissait une clé dans le pot de fleurs, juste à l'entrée, pour qu'il puisse rentrer. Ca servait également à ses frangins qui pouvaient débarquer à n'importe quel moment. Selina devait discuter avec Colin. Qu'il vienne quand il voulait, c'était pas le gênant. Mais elle voulait ... lui donner une clé. Ca serait mieux que d'utiliser celle qui était dans le pot de fleurs. Ca serait symbolique, d'une certaine manière. Enfin, elle ne savait pas trop à quoi s'attendre. Elle l'aimait peut-être un peu trop. Perdue dans ses pensées, Selina manqua la tomate qu'elle était en train de couper sur la planche. "Oh merde ..." La journaliste posa tout de suite son coteau et porta son doigt sous l'eau. Ca saignait un peu. Mais pas tant que cela non plus. "C'est bien ma vaine." Ca lui apprendrait à ne pas se concentrer.
Totalement épuisé, j'avais pris la route de chez Selina sans prendre la peine de réfléchir. J'avais regardé quelques annonces d'appartement, mais faut dire que je ne faisais pas non plus beaucoup d'effort pour visiter, pour prendre contact et surtout pour me décider. Faut dire que depuis que les petits étaient nés, je passais le plus clair de mon temps à dormir chez Selina. C'est pas comme si elle manquait de place. J'allais tout de même dormir de temps en temps chez ma mère et ma sœur, mais c'était chez elle que je préférais dormir. Pour les enfants, oui, je ne voulais pas qu'ils grandissent trop vite sans moi. Heureusement d'ailleurs que la blonde me le permettait. Depuis le début elle me l'avait confié, mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'autorise presque tous les soirs. Elle aurait un mec, ça serait clairement différent c'est sûr. Alors j'en profite tant que je le peux. Faudra bien qu'on se trouve une solution à ce moment-là. Je rentrais donc, encore plus crade que d'habitude. Je n'avais pas vu l'heure tourner et c'était mon ventre qui m'avait crié famine et rappelé surtout qu'il était l'heure de fermer le garage. Autant dire que cette journée avait été horriblement épuisante. Non pas seulement à cause du travail, mais aussi parce que mon demi-frère s'était pointé. C'était bien la dernière chose à laquelle je m'étais attendu. C'est donc totalement dans mes pensées, perplexe, que je rentrais chez Selina. Je faisais le moins de bruit possible, les petits déjà en train de dormir à tous les coups. Encore une fois je les avais raté. Il fallait vraiment que j'apprenne à rentrer plus tôt. Bonsoir. Disais-je en passant près de la cuisine où j'entendais du bruit. Elle devait faire la cuisine. J'hésitais sur le pas de la porte. C'était toujours la gêne.J'apprécie beaucoup sa compagnie, et parfois je me surprend à vouloir lui déposer même qu'un simple baisé sur le front, parfois dans le cou, parfois … Mais jamais je n'osais. De peur de ressentir bien plus, de peur qu'il n'y ait plus, comme notre première et unique nuit ensemble. Je la voyais alors passer sa main sous l'eau et fronçant les sourcils tout en m'inquiétant je lui demande Tout va bien ? Après tout, valait mieux pas trop que je m'approche, la suie et la saleté faisait partie de moi, comme tous les soirs avant ma douche.
Et tandis qu'elle était en train de se passer le doigt sous l'eau, histoire de bien nettoyer tout ça mine de rien, Selina entendit Colin qui venait de rentrer. "Salut." Parce qu'après tout, oui, il venait de la saluer. Donc, elle en faisait de même. Même si elle était un peu occupée avec son doigt. Elle récupéra le torchon qui était sur le côté, histoire de s'essuyer la main. Et de vérifier si ... Et bien, de vérifier si ça continuait à saigner ou pas. Il en profita pour se rapprocher, mais pas trop non plus. "Bah ... T'es tout cracra." En fait, elle le lui disait souvent. Mais en même temps, hein, c'était normal. Colin était pas derrière un bureau à noter des trucs. Ou bien des choses dans le genre. Non. Il s'occupait de voiture, de moto. Il mettait les mains où il fallait pour dépanner les véhicules. "Ca va, t'inquiète. J'ai loupé la tomate. Et c'est mon doigt qui a trinqué." Elle eut un léger hochement de la tête. "Mais c'est pas grand chose." Non. Du tout. Ca irait bien. Elle n'avait pas besoin de points de suture. Ou un truc dans le genre. La journaliste ouvrit le placard qui était juste au dessus d'elle et elle récupéra la boîte de pansements. Oui. Ca lui évitait de courir dans la salle de bain. Elle en avait dans le placard. C'était plus simple. Bien plus simple. "Ca a été ta journée ?" lui demanda-t-elle. Elle lui posait cette question souvent. Dès qu'il rentrait du travail à dire vrai. Il ne passait pas tous les jours non plus. Mais c'était assez régulier. Et c'était pas une mauvaise idée. Dans le sens où les petits avaient besoin de leur père. Et qu'elle n'allait pas les priver de la présence de Colin, et ce même s'ils n'étaient pas ensemble tous les deux. C'était ... compliqué, en quelque sorte. Ca s'améliorerait un jour ou l'autre. Ou du moins, elle avait envie ... que ça évolue entre eux. Restait à savoir si c'était son cas.
Je ne devais pas avoir la posture la plus à l’aise du monde, je ne l’ai jamais à vrai dire, à part quand j’ai un petit verre dans le nez, mais autant dire que ce n’était pas souvent. En rentrant du boulot, je préfère davantage faire un peu de sport plutôt que de m’écraser sur le canapé et me mettre à boire une bière. Même si en soit, j’aime ça. Mais seulement si c’est pour sortir boire une bière ou fêter une occasion. Evidemment, comme à peu près chaque soir, elle me faisait part de mon odeur et apparence horrible. Je riais comme à chaque fois également. Toujours est-il que Selina semblait s’être coupé un doigt. Mais plus je regardais, plus je voyais qu’il n’y avait pas beaucoup de sang au final. Ce n’était pas grand-chose, elle mit un simple pansement et ne semblait pas souffrir le martyre. En même temps, après l’accouchement qu’elle avait vécu, rien de plus normal. J’étais resté un peu trop les bras balans non loin d’elle et me décidais à poser mes fesses sur l’une des chaises de la cuisine, le temps de discuter un peu. Elle me demandait comment s’était passé ma journée. Fatigante. Surtout avec cette surprise qu’on m’a faite … Je soufflais un bon coup, repensant à l’arrivée impromptue de me cher demi-frère que je n’avais qu’une fois dans ma vie. Quelle aventure. Je ne saurais dire si c’était une bonne ou mauvaise surprise, mais il est évident qu’elle m’a perturbé. Et toi ta journée ? Lui demandais-je alors à mon tour, me demandant comment ça s’était passé pour elle avec nos enfants.
Selina avait fini de se nettoyer la main. Elle récupéra tout de même un pansement. Au cas où. La coupure était nette. Et peu profonde. Une chance mine de rien. Ca l'aurait un peu embêtée de se vider de son sang ou bien devoir se retrouver aux urgences à cause d'une toute petite coupure de rien du tout. Après, hein, c'était les aléas de la vie. Ca pouvait arriver à n'importe qui. Après quoi, Selina reprit la préparation qu'elle était en train de faire. Elle avait préparé une salade avec des tomates. Et puis des pommes de terre. D'ailleurs, elles devaient être pratiquement cuites et faudrait qu'elle les sorte de l'eau. "Une surprise ? Quel genre de surprise ?" lui demanda-t-elle. Curieuse Selina ? Ouais. Elle était curieuse. Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'elle aimait bien tout savoir. Mais oui, quand même à dire vrai. Et puis, elle était intriguée de savoir ce dont il parlait. Colin en vint à lui retourner la question afin de savoir comment ça s'était passé. "Et bien, on a fait une longue promenade. Ils ont été gentils. Kyle joue toujours un peu les monstres mais un peu moins aujourd'hui j'dois dire." Elle eut un hochement de la tête. "J'crois qu'il aime bien me tester. Histoire de voir jusqu'où il peut aller. C'est une petite fripouille." Elle eut un sourire. Il lui donnait un peu du fil à retordre certains jours. Ca l'amusait. Pour le moment en tout cas. "Et Louna ... Bah tu sais, c'est Louna. Toujours calme." Selina eut un hochement de la tête. "J'dirais une journée tranquille, comme les autres au final." Ouais, ça changeait pas grand chose. "Tu veux aller prendre une douche avant qu'on mange ?"
Bizarrement, c’est vraiment comme si je rentrais à la maison, chez moi, tous les soirs. Bien que je n’y étais clairement pas, c’est chez Selina, et malgré le fait que nos enfants y habitent aussi, ne me donne pas le droit de dire que je suis chez moi, et je ne prends jamais mes aises à fond. A force oui, j’ai des petites habitudes, mais je n’arrive pas à aller à la salle de bain sans son accord, ou même à la laisser galérer toute seule. De plus, j’avais aussi l’impression de rentrer chez moi, comme lorsque j’étais avec Sawyer, parce que je lui racontais ma journée, et elle me racontait la sienne. Mais là, c’était Selina, et nous n’étions même pas ensemble. Est-ce qu’on pourrait l’être un jour ? Après tout, nous avions déjà procréé, on ne pouvait pas dire qu’on prenait trop notre temps. Mais le divorce à peine prononcé, je ne me sentais pas capable de repartir tout de suite dans une relation. Non pas que j’avais spécialement envie d’aller voir à droite à gauche, ça n’a jamais été mon truc. Je voulais juste me concentrer sur mes enfants et sur ma nouvelle vie qui me perturbait déjà bien. Encore plus après la découverte du jour. Mon demi-frère s’est pointé au garage aujourd’hui. Je ne l’avais vu qu’une fois, lorsque j’avais appris que mon père avait une autre famille. Je te raconte pas le choc. Je crois bien que je n’avais encore jamais parlé de cette anecdote à la blonde. Je lui avais très certainement dit que je ne fréquentais plus mon père et que ma mère et ma sœur sont tout pour moi, mais je n’avais jamais pris le temps de lui raconter ma vie de famille au final. Elle me raconta ensuite sa journée avec les petits, et malgré le caractère un peu turbulent de Kyle, ça s’était bien passé. Je lui souriais, heureux d’entendre ce genre d’aventure, alors que c’était de la routine. Je me levais alors que Selina venait de me demander si je voulais prendre ma douche avant de manger Oui, je me dépêche. Lui confiais-je, encore une fois mal à l’aise avant de partir, ne sachant toujours pas comment agir avec elle. C’est assez frustrant.
Selina redressa la tête quand il en vint à lui parler de son demi-frère. Ca, pour une nouvelle, c'était une nouvelle mine de rien. C'était pas quelque chose dont ils avaient réellement eu l'occasion de parler. Du moins, pas pour le moment. Mais peut-être qu'ils auraient le temps d'en discuter, justement. Peut-être qu'ils allaient prendre le temps d'en parler. Elle se doutait que ça pourrait lui faire le plus grand bien d'ailleurs. Oui, c'était jamais évident les relations entre les frangins et les frangines. Et ça pouvait être pire encore quand ... Et bien, quand l'histoire était un peu plus sordide. Selina ne connaissait pas toute l'histoire. Peut-être qu'elle finirait par lui en dire un peu plus. Elle était curieuse ? Soucieuse plutôt de savoir comment allait le père de ses enfants. Parce que oui, même si, au final, ils n'étaient pas ensemble, Selina ne pouvait pas s'empêcher de se soucier de lui. Non. Alors, oui, même s'il ne se passerait peut-être rien entre eux, elle s'inquiétait quand même. "Je ne peux que l'imaginer." Elle eut un hochement de la tête. "Vous avez eu le temps de discuter un peu malgré le fait que tu étais au boulot ?" lui demanda-t-elle tandis qu'elle terminait de préparer le repas. "Tu penses le revoir ?" Oui, elle était curieuse. Parce que même s'il n'était que son demi-frère, ils avaient un lien de parenté. Et Selina ne voyait pas ... Et bien, elle-même ne se voyait pas faire la gueule à ses frangins et sa frangine. Enfin, avec sa jumelle, y'avait des hauts et des bas. Y'avait eu un gros bas quand elle lui avait annoncé qu'elle était enceinte. Mais au final, tout allait bien entre elles. Et c'était une bonne chose. Une très bonne chose à dire vrai. Pour sûr. Pour l'heure, il était temps de manger. Mais avant, Colin allait passer par la case douche. "T'es pas obligé de te presser tu sais. On a le temps." Elle eut un hochement de la tête. Elle n'avait rien à faire. Et ce n'était pas comme si elle allait sortir par la suite. Donc voilà, qu'il ne se presse pas. Ca ne servait à rien. Du tout.
Rencontrer mon demi-frère avait été un choc, un sacré choc, ce n’est pas comme si je m’y attendais. Pas du tout. Je ne pensais même plus au fait que j’avais un demi-frère. Bon, de temps en temps, j’y pensais, si, mais pas au point de me dire qu’un jour je serais amené à vraiment le rencontrer. C’était étrange comme idée, et au final, ça ne m’avait pas tant déplu que ça. Je n’y aurais jamais cru. On a un peu parlé oui, je n’étais pas trop débordé. Perdu, j’étais surtout perdu à ce moment-là, et j’avais agi sur la défensive, alors qu’il ne voulait que simplement me rencontrer. Selina me demandait si j’allais le revoir. C’était bien la question que je n’arrêtais pas de me poser. Je pris quelques instants de réflexion avant de lui répondre Je pense ouais. Je haussais les épaules et je continuais J’étais sceptique au début, méfiant, mais finalement, il voulait qu’on apprenne à se connaître, alors pourquoi pas. Oui, j’étais toujours indécis. Ce n’est pas non plus une mince affaire. J’en ai tellement voulu à cette famille qui avait finalement brisé la mienne. Il avait lui, eu cette envie de me rencontrer suite à un accident, mais je n’avais eu aucune révélation pour ma part, et ce n’était pas facile à accepter. La blonde finit par me raconter alors sa journée avec les petits, pour finalement me proposer d’aller me doucher et de surtout prendre mon temps, malgré le fait que le repas soit déjà prêt. Je lui souriais face à cette remarque, ne trouvant rien à répondre, me sentant tout à coup stupide, et préférant filer sous la douche. Je ne mettais pas bien longtemps, dix minutes à tout casser pour me doucher et me rhabiller avec des vêtements propres, mais pas très classe. En même temps, il y avait pire que t-shirt et jogging non ? Je revenais donc dans la cuisine, sentant la délicieuse odeur et lui demandant Tu nous as préparé quoi de bon ? Je n’aimais pas trop m’incruster de la sorte, mais faut dire qu’on avait pris un peu cette habitude quand je rentrais chez elle. Et ça arrivait de plus en plus. Ma petite sœur a tendance à me taquiner, mais c’est vrai que cette routine me plaît de plus en plus.
Est-ce qu'il était content ? Est-ce qu'il s'en foutait ? Avait-il envie de discuter avec son frangin ? Ou bien l'envoyer se faire foutre ? Selina ne savait pas. Ils n'avaient jamais eu l'occasion d'en parler. Et maintenant, ils le faisaient. C'était une bonne chose selon elle. Qu'ils discutent de ce frangin qu'il ne connaissait pas. Ou très peu. Est-ce que Colin avait envie de revoir son frère ? Est-ce qu'il avait envie de discuter avec lui ? Est-ce qu'il avait envie d'apprendre à le connaître ? Finalement, c'était une pensée plutôt positive pour Colin. Il ne savait rien de Duncan. Et il avait envie d'apprendre à le connaître. Il avait envie de le rencontrer. De parler avec lui. La journaliste eut un sourire. "Bien. C'est plutôt une bonne chose alors." Elle eut un hochement de la tête. "J'suis curieuse de savoir, quand même, pourquoi il surgit maintenant." Enfin, si ça se trouvait, il n'était peut-être pas forcément au courant que son frangin était en ville, dans les parages. Et donc, il avait mis un peu de temps avant de ... Et bien, avant de le retrouver. Ou alors, avant ça, ça lui était totalement indifférent. Quelque chose avait peut-être changé du jour au lendemain. Va savoir. Oui, Selina avait envie de connaître les moindres détails de cette histoire. Cependant, si Colin préférait se taire, alors oui, elle ne chercherait pas non plus à l'embêter avec cela. Elle lui laisserait le temps. Le temps qu'il fallait pour qu'il accepte l'idée. Pour qu'il se fasse à l'idée. Parce que c'était peut-être pas simple pour lui après tout. Si ça se trouvait, ça le chamboulait. Plus que ce qu'il n'oserait le dire. Ils auraient l'occasion d'en reparler un peu plus tard. Oui, parce que pour le moment, Colin allait se doucher. Ouais, il sentait pas la rose. En même temps, c'était normal. Il était mécano. Il bougeait pas mal. Il se défonçait pas mal. Donc, hein, normal que ça soit pas génial. Il était revenu, un peu plus tard. Elle n'avait pas chronométré le temps mais ça lui avait permis de finaliser le tout. "J'nous ai fait une salade de tomates." Parce que les tomates, c'était bon. "Et j'ai fait du du cabillaud avec et un peu de riz." Un bon petit poisson. "Non, c'est pas repas japonais. Mais presque." Tant que c'était bon, c'était le principal après tout. Non ?
Rencontrer mon frère de demi-sang était vraiment une impression étrange. Ce n’était pas de la colère, ni de la joie, mais davantage comme de la gêne. Quand j’étais plus jeune, oui, cela m’avait énormément dérangé de le voir en compagnie de mon père et de le voir sauter dans ses bras comme s’il voulait s’approprier mon père alors qu’il n’avait pas les droits. Oui, je pensais ainsi à l’époque, mais j’étais petit, innocent, et je ne comprenais rien dans les relations amoureuses, maritales ou même humaines tout court. L’innocence prônait et je ne voyais pas plus loin que le bout de mon nez. Aujourd’hui, ce n’est évidemment plus le cas, et le fait de découvrir de nouveau ce frère, me faisait plaisir en un sens. Même si c’était relativement étrange. Les restes de cette rancune stupide je suppose, vu qu’au fond, j’avais gagné le droit de perdre au final. Selina m’annonçait être curieuse de savoir pourquoi il revenait que maintenant, et certainement que je lui expliquerais toute cette histoire assez rapidement. Ce n’est pas quelque chose dont j’ai honte après tout, et si j’ai commencé à partager ça avec elle, c’est que j’avais envie de lui en dire plus. J’étais donc allé me doucher après lui avoir lancé un sourire, et quand je revenais, ça sentait très bon. Elle m’annonçait alors le menu du repas de ce soir. Je me suis mis à rire quand elle me faisait part que ce n’était pas un repas asiatique, mais presque. Oui, c’était le cas de le dire. Ça me va très bien, c’est parfait. Merci encore. Je suis bien trop poli, mais c’est normal après tout. Elle n’a pas à faire tous ces efforts pour moi. On pourrait vivre en simple colocation, mais parfois, comme ce soir, j’ai l’impression que c’est davantage qu’une simple colocation entre nous. Bien sûr que c’est bien plus compliqué, mais jusqu’à quel niveau. Je l’aidais alors à mettre la table et une fois le repas commencé, je reprenais l’histoire qui lui piquait la curiosité Pour que tu comprennes tout, il faut que je te raconte depuis le début. Il se trouve qu’à mes 9 ans, j’ai découvert la supercherie de mon père. J’ai découvert qu’il avait une autre maison, une autre femme, et un autre enfant. Commençais-je alors à lui raconter.
Selina eut un sourire à propos du repas qu'elle leur avait concocté. "De toute manière, ça ne sera jamais aussi bon qu'un vrai chinois." La journaliste eut un hochement de la tête. Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'elle était un cordon bleu. Non. Du tout. Elle se débrouillait, tout simplement. Elle faisait son possible. Ouais. Elle aimait bien cuisiner. Après, elle savait très bien que ... Elle savait très bien qu'elle ne pouvait pas toujours le faire. Pas avec les enfants. Surtout quand Kyle décidait de foutre le bordel. Alors oui, quand ils dormaient, elle en profitait un peu. Elle aimait bien se faire des biscuits. Notamment des cookies. C'était tellement bon. Pourquoi s'en priver ? Faudrait qu'elle en fasse dans les jours suivants. Ouais. De bons petits cookies. Avec des pépites de chocolat. Ou des tuiles aux amandes. C'était facile à faire ça aussi. Ce qui était pénible, c'était de les faire cuire. Hmmm ... Tellement de bonnes choses à manger, pour sûr. "Y'a pas de quoi. Ca me fait plaisir. J'vais pas non plus te laisser mourir de faim quand tu viens ici." Elle eut un sourire amusé. "Sinon, tu risquerais de plus vouloir venir si je t'affame." Elle se mit à rire quelque peu. Elle savait très bien que ... Et bien, elle savait très bien que Colin passerait, quoi qu'il arrive. Il aimait trop ses enfants pour ne pas venir. Le mécano mit la table. Ils allaient pouvoir manger. Colin en vint à lui dire que cette histoire, ça faisait depuis qu'il était tout petit. Il avait neuf ans quand il avait découvert le pot aux roses. "Whaaa ... Ca doit être dur ... Pour un gamin d'à peine dix ans." Elle eut un hochement de la tête. Elle déposa les poissons dans les différentes assiettes. Autant manger pendant ... Et bien, pendant que les enfants étaient au calme. Surtout Kyle qui pouvait se réveiller à n'importe quel moment. "J'présume que ça devait pas être quelque chose d'évident, non ?"
Malgré le fait que ce ne soit pas un vrai chinois, je ne pouvais pas douter en la qualité de cuisine de Selina, tout simplement parce que ce n’est pas la première fois qu’elle me fait la cuisine et que j’apprécie cette dernière. Cela ne me donnait même plus envie de commander des plats ou même d’aller au restaurant quand j’avais la flemme de me faire à manger. Je me suis mis alors à rire quand elle me disait que je ne risquais pas de revenir si elle m’affamait. Je retourne de temps en temps chez ma mère, mais j’y suis tellement resté longtemps que je n’ose plus vraiment faire ça à présent. Parce que oui, je préfère venir chez Selina. Pour voir mes enfants bien évidemment. Bon d’accord, je dois bien assumer quand même qu’une part de moi aime beaucoup passer du temps avec elle. La preuve, je lui faisais même partager le fait que j’avais rencontré mon demi-frère. Je lui racontais même comment je l’avais rencontré pour la première fois. C’est rare quand je parle de moi ou même de mon passé. C’est bien quelque chose que je n’ai jamais vraiment aimé faire. Là, c’était juste sorti tout seul. Elle me faisait part que ça devait être dur pour un gamin de cet âge d’encaisser ce genre de chose, et elle n’avait pas tort. Je ne réalisais pas trop, c’est assez vague. Je savais juste que ça me faisait mal. J’en ai bien sûr parlé à ma mère, et je m’en suis voulu. Ils ont eu une sale dispute et j’avais la trouille qu’ils se séparent. Finalement, il a fallu bien des années plus tard pour qu’il finisse par partir de lui-même. Ma mère était tellement naïve, et amoureuse surtout. Je l’admire tout autant que je la plains depuis que j’ai grandi prématurément à cause de cette histoire.
Selina n'osait pas imaginer ce qu'il avait pu vivre. Non. Elle ne voulait pas se mettre à sa place. Parce que mine de rien, c'était douloureux. Surprendre son père ... Le savoir avec une autre femme que sa mère. La journaliste n'irait pas jusqu'à dire que ... que c'était quelque chose d'insurmontable, horrible. Mais ça l'était tout de même d'une certaine manière. Surtout quand on est un enfant. Tout ce qu'on veut, quand on est gosse, c'est que ses parents soient heureux ensemble. Et quand on les voit s'entre déchirer, oui, c'est moche quand même. On se retrouve un peu en otage entre les deux adultes. C'est pour cela que Selina était plutôt contente que ... Et bien que Colin s'implique, qu'il soit là souvent. Elle ne savait pas pour combien de temps. Elle ne savait pas s'ils auraient un avenir ensemble. Selina se posait la question à dire vrai. Elle avait eu une famille soudée, oui. Il y avait eu des hauts et des bas. Oui, comme dans toute famille à dire vrai. Mais c'était différent. Très différent de ce que Colin avait pu vivre, c'était certain. Avait-elle de la peine pour lui ? Bien sûr. "En tout cas, je suis désole. Ca n'a pas dû être simple pour toi." Elle eut un hochement de la tête. "Et je présume que tu n'as pas gardé le contact avec ton père ?" Elle était certaine que non. En même temps, c'était normal. Est-ce qu'elle même garderait le contact avec quelqu'un qui aurait pu trouver sa famille ? Ca dépendrait de la trahison, sans doute. Oui. "Dans un autre contexte ..." Parce que oui. Selina voulait changer de sujet. Elle n'avait pas envie de plomber l'ambiance, du tout. Donc, oui, autant parler d'autre chose. Quelque chose qui était important pour la journaliste tout de même. Elle n'irait pas jusqu'à dire que c'était une étape. Mais un peu quand même. "J'ai quelque chose pour toi." Elle déposa la petite boîte face à Colin. En règle générale, quand un mec offrait ce genre de boîte, oui, on pouvait se dire que c'était une bague. Sauf qu'elle n'allait pas lui offrir une bague. Non. C'était autre chose. Elle le laissa ouvrir sa boîte avant de poursuivre. "Comme tu es souvent à la maison, j'ai pensé que ça pourrait t'être utile." Il y avait deux choses dans la petite boîte. Un double de la clé de la porte d'entrée. Et le code de l'alarme.
Comment avait-elle pu rester avec un homme pareil ? Je me suis posé cette question des années durant, et encore aujourd’hui, je suis sûr que ma mère retournerait auprès de mon père si celui-ci le lui demandait. Une bonne chose qu’il soit parti. Même si au fond, elle a su refaire sa vie et avoir ma petite sœur. Selina semblait vraiment désolée pour moi et je lui souriais, appréciant cette attention. Non, en effet, j’ai totalement coupé les ponts. Lui confirmais-je alors avant qu’elle n’enchaîne sur un autre sujet. Ce n’était pas plus mal, parce que parler de mon père et de cette erreur monumentale qu’il avait faite, ça pouvait largement tenir en deux minutes de conversations. Elle préférait m’offrir quelque chose. Je restais perplexe, un instant, me disant que c’était étrange de s’offrir un cadeau, et d’un côté je me sentais bête de ne pas y avoir pensé plus tôt. Mais est-ce qu’on avait vraiment une relation digne de faire des cadeaux ? Trop de questions, d’interrogation que je n’étais pas foutu de répondre. A la place, autant découvrir ce qu’il se trouvait dans ce petit paquet. Deux éléments bien significatifs s’y trouvaient. Une clé et un code. Surpris, je relevais les yeux vers la blonde. Vraiment ? Tu es sûre ? Lui demandais-je alors que j’étais heureux de faire cette avancée avec elle. Tu sais, je préfère te prévenir quand je passe ici, je ne sais pas si j’arriverais à m’y faire … Oui, parce que ce n’est pas chez moi, et … Mais est-ce qu’elle me donnait simplement la clé pour que je ne la dérange plus quand je passe, ou parce qu’elle me propose d’emménager chez elle ? La question reste entière et mystérieuse. Mais je ne risque pas d’attendre très longtemps avant d’avoir ma réponse.
Colin n'avait pas gardé le contact avec son père. Elle eut un hochement de la tête. "J'aurais fait exactement la même chose que toi." Un de ses parents aurait agi comme un enfoiré ? Oui. Selina aurait fait pareil. Elle aurait peut-être eu un peu de mal mais elle l'aurait fait, sans aucun souci. S'entourer de personnes malsaines, c'était pas bon. Du tout. Quoi qu'il en soit, la blonde préférait changer de sujet. Et elle lui avait donc offert la petite boîte. Oui. Elle y tenait. C'était important. Il faisait un peu comme il voulait mais quand il voulait venir chez Selina, elle devait être là. Parce qu'il n'avait pas la clé. Pas le code de l'alarme. Alors oui, elle préférait lui donner les accès. Selina ne lui demandait pas pour autant de venir vivre définitivement chez elle. Non. Enfin, c'était lui qui voyait après tout. Si c'était plus simple de déménager chez elle, pourquoi pas ? "Oui, je suis sûre." Elle eut un hochement de la tête. "Tu passes souvent ici. Et t'es obligé d'attendre que je sois là pour rentrer." Et c'était pas forcément simple. Parce qu'elle pouvait être en promenade avec les petits. Ou bien au centre commercial. Ou chez sa mère. "Donc, je pense que que c'est pas une mauvaise idée." Non, elle était même certaine que ça serait plutôt bien pour elle. Tout comme pour lui. "Comme ça, tu peux venir quand tu veux. Te poser également. Si tu veux même ramener des affaires ici, ça me gêne pas." Selina avait envie que ...E t bien qu'il se sente à l'aise. Qu'il se sente bien chez lui. Tout simplement. "Après, c'est à toi de voir." Elle n'allait pas lui forcer la main. Elle n'allait pas lui mettre le couteau sous la gorge. Non. Fallait qu'il soit à l'aise avec l'idée. La décision était entre les mains de Colin. Et elle respecterait son choix.