Une seconde d'inattention peu changer le cours d'une vie. Une seule petite seconde, même un seul quart de seconde peut foutre une vie, jusqu'alors parfaite, en l'air. En une seconde, on peut voir sa vie défiler devant ses yeux. On peut mourir. Et c'est vraiment ce que je pensais qui allait m'arriver. J'ai vu la voiture arriver un peu trop vite au stop, j'ai bien remarqué que la femme au volant n'était pas concentré. Josh, le conducteur de la notre, l'a bien vu aussi. Il a tenté le tout pour le tout, a sauté sur les freins et je crois qu'il a bien réagit. Au lieu de taper le côté de notre voiture, mon côté, c'est dans le capot que l'autre est allé s'encastrer. La violence fût telle que Josh et moi sommes brusquement déporter sur l'autre chausser. La voiture arrivant en face à fait un brusque écart et nous somme allé tout droit dans le fossé qui se révèle être un précipice Je vois encore la figurine sur le tableau de bord qui décolle puis … plus rien. Le noir et le silence le plus totale.

Lorsque je rouvre les yeux, j'ai beaucoup de mal à me situer. Je ne vois rien, si ce n'est le sol. Les feuille morte qu'on trouve sous les arbres. Mon esprit met pas mal d'instant avant de se rendre compte que c'est parce que la voiture a basculée sur le côté droit, où je me trouve. Ma vue est brouillée, j'entends les voix qui me semblent lointaines. C'est plus un bourdonnement. Un bourdonnement assourdissant qui s'approche. Des cris de paniques. Je soupire, cligne des yeux pour essayé de régler à nouveau ma vue puis me redresse et regarde à côté de moi. C'est là que je vois Josh, avachit sur l'airbag qui n'a pas encore dégonflé, le sang coulant sur son visage.  « Josh... ?» j'essaie de me déplacer mais ne parviens pas à le faire. Mon corps ne bouge pas d'un millimètre.

Je sens la panique qui commence à me prendre. Mais avant de me laisser gagner et submergé totalement par celle-ci, je décide de faire un rapide check up de ma situation. Baissant le regard, je remarque que ce sont mes jambes qui sont bloquée par la carrosserie ainsi que mon bras droit. J'essaie de me concentrer d'avantage lorsqu'on toque au par brise. Une jeune femme et un homme sont là, l'homme hurle quelque chose, je plisse les yeux mais ne parviens pas à comprendre un seul mot. Je secoue légèrement la tête pour lui faire comprendre de répéter. Mais au lieu de reprendre plus lentement et plus distinctement, je les vois qui disparaissent à nouveau. Gémissant, je ferme les yeux, près à me laisser replonger dans l'inconscience.

On vient d’être appelé pour un accident de la route. Je me demande dans quel état nous allons retrouver les voitures. C’est souvent très impressionnant. Ce n’est pas moi qui conduit le camion, je ne conduit pas le camion depuis que je suis Pompier. C’est moi qui conduisait la plupart du temps quand j’étais ambulancier et je dois avouer que rouler avec la sirène m’a toujours procuré un plaisir particulier avec une grande dose d’adrénaline. Je dois avouer que ça me manque un peu.

Une fois sur place le chef examine la situation rapidement pour nous donner les instructions. Je suis dirigé vers la voiture qui est dans le fossé avec deux autres collègues. On a pour instruction de les sortir de là dedans. J’arrive à la voiture et je vois qu’il y a deux personnes à l’intérieur. Je fais signe aux gens qui sont aux alentours de se pousser car on va s’occuper de la situation.

« Hey, vous m’entendez ? »

Je remarque qu’ils sont tous les deux inconscients. Je prends le pouls de la personne du côté conducteur et je suis soulagé de sentir quelque chose. Je ne peux pas atteindre le passager. Je grimace. Je me décale et mes collègues sont déjà en train d’essayer d’ouvrir la porte de la voiture qui est bien évidemment coincé. L’info remonte rapidement aux autres collègues, on a besoin d’outillage pour libérer ces deux personnes. En moins de deux minutes les outils arrivent à nous. Entre temps je remarque que le passager a bougé, je me dirige vers l’autre côté de la voiture et j’essaie de lui parler au travers du par brise.

« Monsieur vous m’entendez ? On est en train de vous sortir de là, ça va prendre quelques minutes. »

Je jette un coup d’oeil à mes collègues et ils lèvent le pouce en ma direction. Ils s’occupent de décortiquer la voiture. Autant dire que je peux rester là à faire la conversation au passager qui j’espère n’est pas trop mal en point. Déjà il est conscient c’est mieux qu’un peu plus tôt.

« Moi c’est Kane, je fais parti des pompiers. Comment vous vous appelez ? »

Ma mission à présent est de le garder conscient le plus longtemps possible jusqu’à ce qu’on l’ait sorti d’ici et que les ambulanciers prennent le relais.

Alors que j'étais sur le point de m'assoupir à nouveau, j'entends les voix plus distinctement. La voiture qui commence à bouger est sans doute un signe que les secours sont arrivé. Je soupire doucement, lève ma main gauche et constate avec un soulagement sans nom que je parviens à bouger mes doigts. Je baisse le regard vers ma droite et en fait de même. Ça c'est une excellente nouvelle. Je suis déjà bien plus rassuré lorsqu'une tête blonde s'invite au par brise. Il porte l'uniforme des pompiers de Brisbane. C'est que tout ira bien. Je soupire de soulagement et ferme un instant les yeux lorsque je l'entends reprendre la parole.

Je pose mon regard sur lui, plisse les yeux pour me concentrer d'avantage sur ses paroles et hoche une fois la tête pour lui signifier que oui, je l'entends et que j'ai bien compris qu'ils sont entrain d'essayer de nous sortir de là. Il se présente alors. Kane. Je cligne plusieurs fois des yeux et finalement, ma mémoire me revient. Kane, c'est cet inconnu qui est passé à mon stand de tir à l'arc il y a quelques mois de ça. Je crois d'ailleurs que son petit cousin s'est finalement inscrit dans le club. Non en fait j'en suis sûr. Je le croise régulièrement dans les couloirs. C'est même moi qui assure une fois par mois son cours. Enfin, je crois ? Peut-être que je me trompe aussi.

 «An … Andy » répondais-je finalement avant de déglutir et regarder vers le conducteur puis à nouveau Kane. Je l'observe et parvient à sourire légèrement  « Je savais pas que t'étais pompier» reprenais-je  « En... en y repensant, ça te va bien...» je regarde derrière lui, essayant d’apercevoir quelque chose avant de prendre une profonde inspiration  « Je … l'autre femme dans l'autre voiture?» demandais-je  « vous avez des nouvelles d'elle ?» je pince les lèvres, pris d'une brusque inquiétude  « Elle va bien ? » j'humidifie mes lèvres, sortant peu à peu de ma torpeur et prenant de plus en plus conscience de mon corps  « J'ai mal à la tête putain» soufflais-je, plus pour moi qu'autre chose mais assez fort pour que Kane m'entende quand même.

« Andy. Très bien Andy, on va devoir continuer à discuter tous les deux histoire que tu restes conscient. »

Je ne lui demande pas si ça le dérange parce que je ne lui laisse pas tant le choix que ça. Il faut qu’il reste conscient jusqu’à ce qu’on le sorte de là. Il en a pour un moment, je jette des coups d’oeil à mes collègues et j’écoute Andy que d’une oreille. Je crois entendre qu’il dit que ça me va bien d’être pompier. Je lève un sourcil rapidement et je le regarde au travers du pare-brise qui est cassé. Je n’arrive pas à le remettre.

« On se connait Andy ? Désolé mec je te vois pas bien de là. »

Je me lève et je vais voir où en sont mes collègues. Ils n’ont pas encore le bon outillage. Ca prend un peu plus de temps que prévu. Je vais reprendre le pouls du conducteur. Le pouls est toujours présent, je suis rassuré. Je retourne devant le pare-brise pour voir Andy et il me demande auprès de la dame de l’autre voiture.

« Ah ça je sais pas Andy, mais je peux me renseigner si tu veux. Tu dois juste me promettre de rester conscient le temps que j’aille voir ok ? »

J’entends qu’il a mal à la tête et je me dis qu’il a du avoir un sacré choc.

« Essaie de pas trop bouger Andy. Je reviens tout de suite. »

Je vais dans l’ambulance qui attend que les passagers de la voiture soit sorti d’affaire et je prends un collier cervical. Je passe voir le chef et je lui demande s’il a des nouvelles de la femme dans l’autre voiture. Je vais prendre une matraque dans le camion de pompier et je retourne aussi vite que je le peux auprès de Andy.

« J’ai des nouvelles de la femme de l’autre voiture Andy. Elle est déjà en route pour l’hôpital. Elle était dans un état stable. »

Je tapote sur le pare-brise.

« Andy je vais casser la vitre du pare-brise pour te placer un collier cervicale histoire de limiter les dégâts. Ferme les yeux au cas où il y a des éclats. Je vais essayer de faire ça bien. »

Ma tête me fait un mal de chien. Et plus j'essaie de me concentrer de rester conscient, plus cette douleur augmente. Je n'ai envie que d'une chose : retourner dans le noir. Là où toute douleur est supportable, cet havre de paix qui ne m'appartient qu'à moi. Mais le pompier ne me laissera jamais. Il me dit d'ailleurs qu'il va continuer de parler histoire de me tenir réveiller. J'ai juste envie de lui dire qu'il peut faire ce qu'il veut, que ça ne m'empêchera pas de me rendormir. Mais une petite voix dans l'arrière de ma tête hurle qu'il a raison, que si je m'endors maintenant je risque peut-être de ne plus me réveiller. Et a 25 ans il est bien trop tôt pour ça. Alors j'écarquille les yeux, prends plusieurs profondes inspirations et me concentre sur le voix de Kane.

Il ne me reconnaît pas. Il ne sait pas qui je suis. Normal, avec le pare brise il ne me vois pas très bien. Mais moi je connais ce nom, je connais cette voix et je connais ces cheveux blonds qui dépassent de son casque. Je soupire doucement lorsqu'il me demande si on se connaît.  « Ou ...oui. Oui on se connaît» dis-je en déglutissant.  «Tu … Morgan. Il est dans mon cours » reprenais-je, d'une voix qui revient peu à peu à la normale.  « Il se débrouille bien ce gamin» expliquais-je avec un léger sourire. Parler est agréable, ça me change les idées.

Mais pas totalement. Une douleur si saillante dans ma nuque qui descends le long de mon bras droite me fait revenir à la réalité. Je grimace, gémis et sers les dents. C'est alors que je me rappelle des causes de l’accident. De la femme qui nous a foncé dedans. Je me renseigne auprès de Kane. Il me réponds qu'il peut lui-même aller se renseigner chez les ambulanciers, mais que je dois lui promettre de rester réveiller. Je cligne une fois des yeux. Ça remplace mon hochement de tête. Puis, je le vois disparaître.

Le temps qu'il met pour revenir me semble durer une éternité. Je crois même que je me suis assoupit à plusieurs reprises. Mais lorsqu'il revient, il tiens deux choses en main : une matraque et un collier cervicale. Il me dit qu'il veut briser la vitre pour me mettre le collier cervicale afin d'éviter toute complications supplémentaires. C'est donc si grave que ça ? Je n'ai pas le temps de dire quoique ce soit qu'il me dit de fermer les yeux au cas où il y aurait des projectiles de verres. Je m'empresse de faire comme demandé tout en évitant de faire un quelconque mouvement.

Andy était donc Anders ! Oui c’est vrai que maintenant qu’il le dit le surnom tombe un peu sous le sens, mais je n’y avais pas pensé sur le moment. Il se souvient bien de Morgan et pour cause, il l’a en cours à présent. Je n’avais pas eu l’occasion de revoir Anders pour ma part, à part aujourd’hui malheureusement.

J’attends qu’il ferme les yeux et je tape contre le pare-brise avec la matraque. Ca ne marche pas des masses, il me faudrait quelque chose de plus lourd. J’ai un de mes collègues qui s’approche de moi avec un pied de biche et il y va bien plus fort que moi, le pare-brise cède en moins de deux.

« Merci. »

C’est qu’on voit que je suis encore nouveau dans le job. J’enlève les morceaux de verres du milieu pour pouvoir m’approcher sans me faire de mal.

« C’est bon Andy tu peux réouvrir les yeux. »

Je prends le collier cervicale et je vais le placer avec délicatesse autour du cou de Andy.

« Dis moi t’as mal quelque part à part à la tête ? »

Je vois une collègue ambulancière arriver à côté de moi et s’occuper du conducteur lui plaçant un collier cervicale également. Un de mes collègues lui demande de se décaler car ils vont ouvrir la voiture sous peu et ça va faire des étincelles.

« Ca va faire du bruit Andy mais t’inquiète pas, ça veut dire que tu es bientôt libéré. »

Enfin ce sera d’abord son collègue et ensuite lui. Il faudra qu’il soit un peu patient. Je parle un peu plus fort pour qu’il m’entende alors que mes collègues scient la voiture.

« Alors c’est vrai qu’on se connait Andy. Anders même, je me souviens de ton prénom. »

Je ne vais pas lui demander comment ça va depuis la dernière fois, ça ne se fait pas dans un moment pareil, je sais très bien que ça ne va pas top à ce moment précis. Mes collègues coupent la voiture par intermittence nous laissant la possibilité de discuter un tant soit peu normalement.

Finalement, Kane me reconnaît. Il faut dire que je ne lui pas non plus faciliter la tâche en donnant mon surnom. Il me semble que lorsque nous nous sommes rencontrer au stand de tire à l'arc je me suis présenter sous Anders. En fait, je donne tellement souvent mon surnom en premier que je ne sais jamais les gens se rappelle de moi avec mon vrai prénom. Mais peu importe, c'est égal. Je ferme les yeux lorsqu'il me dit de le faire et ne les rouvre que lorsqu'il me dit de le faire. Même lorsqu'il ne parvient pas à casser la vitre, je n'ai pas fais mon curieux.

Je ne rouvre les yeux que lorsque je sens le plastique dur se poser contre ma nuque et les scratches qui se referment vers l'avant. Je soupire, un peu de soulagement, je l'avoue. Être ainsi maintenu à quelque chose de presque reposant, mais surtout rassurant. Je souris légèrement à Kane lorsqu'il me prévient que ça va faire du bruit car ses collègues vont scier la porte de la voiture afin de nous extraire.  « Ouais, Anders, c'est ça » dis-je  « C'est bizarre, en général je me présente avec mon surnom» reprenais-je, plus doucement. Je lance un coup d’œil vers Josh et grimace un peu lorsque l'habitacle est inondé par la lumière du jour.

Fermant les yeux, je laisse les pompiers s'occuper de mon ami puis reporte mon attention sur le Kane  «ça fait plaisir de te revoir » dis-je  « Les conditions ne sont pas les meilleures mais … ça fait plaisir quand même » Du coin de l’œil, je vois que Josh est tiré hors de la voiture. J'entends quelqu'un hurler quelque chose. Son ton est un peu trop paniquer à mon sens.  « Qu'est-ce qui se passe ?» demandais-je en me redressant. La douleur dans ma nuque et ma tête m'oblige toutefois de me remettre dans ma position initiale. Je lève doucement ma main gauche et la pose sur ma tempe avant de soupirer  «Vous allez pouvoir me sortir ? » demandais-je en reportant mon attention sur Kane  « mes jambes... elles sont bloquées par le tableau de bord » gémissais-je. Ça n'annonce rien de bon.

« Ca vient d’où Anders comme nom ? »

Je continue à faire la conversation pour qu’il ait autre chose à penser qu’à son extraction de cette voiture. Ma collègue ambulancière est là avec un brancard pour le premier qui sera sorti et c’est le conducteur dont j’ignore le prénom qui est le premier libéré de cette voiture. Il est le plus proche de la portière qu’ils ont dépecé. Anders dit que ça fait plaisir de me revoir je souris légèrement.

« Ouais c’est pas le meilleur mais c’est cool de te revoir aussi. »

Ma collègue est en train de faire un massage cardiaque au conducteur et je tente de garder un air normal.

« Ils s’occupent de ton ami t’inquiète pas. »

Il y avait de quoi s’inquiéter clairement mais il ne valait mieux pas qu’il soit au courant, pas maintenant, il y avait plus important avec sa situation. On ne sait toujours pas quel est l’état de ses jambes, j’espère que ça va vu qu’il parle normalement, il n’a pas l’air de trop souffrir.

« On va pouvoir te sortir oui, on va s’occuper de toi tout de suite. Je vais devoir me décaler mais je reste dans le coin, je te laisse pas Andy. »

Mes collègues commencent à découper la voiture avec un gros outils dont j’ai oublié le nom. C’est quand même super impressionnant ces matériaux qu’ils utilisent tous les jours. Je suis loin de savoir manipuler ce genre de chose, pas tout de suite.

« C’est qu’un mauvais moment à passer Andy. Ca va durer un moment parce que y’a pas mal de feraille à découper pour te sortir de là. T’as pas un truc à me raconter ? »

Le bruit de l’outil nous coupe un peu dans la conversation mais il faut ce qu’il faut. Bientôt il allait être libéré aussi de cette voiture. J’espérai qu’il n’y aurait pas trop de dégât sur Andy. Je suis rejoins par une autre ambulancière, elle s’appelle Dylan, elle a un brancard et tout ce qu’il faut pour prendre en charge Andy dès qu’il sera sorti de là, mais pour ça il fallait attendre encore un moment.

 « Suédois» répondais-je, lorsque Kane me demande l'origine de mon prénom  « Enfin, scandinave en tout cas» reprenais-je  «Anders… ça veut dire 'autrement' en allemand aussi. » expliquais-je, avec un petit sourire  «ça me correspond quand même plutôt pas mal, je crois ».

Je me tais lorsque la porte est conducteur s’ouvre et que Josh est sorti. Lorsque je demande à Kane ce qui se passe, il me répond simplement qu'ils ont les choses en mains. Ça ne me rassure absolument pas. Et je ne peux rien voir putain. Je me reprends en main, sachant pertinemment que si je panique maintenant ça n'arrangera absolument pas la situation. Les collègues de Kane commencent à sortir les grands moyens, les grosse machines qui scient tout et n'importe quoi. Ça fait un boucan monstre et ça n'arrange absolument pas mon mal de crâne, mais il faut bien ce qu'il faut. Je ne peux pas rester éternellement ici.

Kane me demande alors si je n'ai pas quelque chose à lui raconter histoire passer un peu le temps. J'avoue que je n'ai pas envie de parler maintenant, j'ai juste envie qu'on me dise si Josh va bien ou pas, mais Kane ne semble pas vouloir m'en dire plus. Je n'ai donc pas le choix que de faire comme il demande, non ?  «tu t'y connais en mythologie nordique ? » demandais-je en levant mon regard sur le pompier. A la réponse négative de ce dernier, je ferme un instant les yeux  « C'est l'ensemble des mythes provenant d’Europe du Nord. Surtout la Scandinavie et l'Islande. Elle se base sur un système religieux polythéiste pratiqué là-haut avant leur christianisation. De nos jours elle est surtout associée aux vikings »

Et je continue. Je lui parle du Yggdrasil, de l'organisation des Mondes d'après les vikings, j'évoque Asgard, Niflheim, Muspellheim, Jötunheim, Vanaheim. Parle d'Odin, Frig, Loki, Thor, Freya, Tyr, Hel et Heimdal, les 8 dieux qui me viennent à l'esprit actuellement. Je lui explique leurs fonctions, ce qui les caractérise, comment on les définis.. J'évoque les Walkyrie et les Nornes.  Je reste vague, je n'entre pas dans les détails. Je ne me lance pas dans l'évocation d'un mythe et laisse les runes de côtés. Et au final, le fait de parler ainsi m'aide à reprendre en plus mes esprits et à oublié un peu les douleurs dans la tête et la nuque.

J’apprends que son prénom est scandinave, il doit venir de là bas alors. Je me demande ce qui lui a fait déménager à Brisbane. Je lui demanderai quand il me laissera un moment de parole. Parce que je lui ai demandé de me raconter un truc et autant dire qu’il en avait des choses à dire. Je l’écoute avec attention tout en regardant ce que font mes collègues. Je me décale de temps à autre pour leur facilité l’accès à la voiture. Je reste cependant toujours proche de Andy qui me parle de mythologie nordique, des vikings et autres sujets.

« Ah Loki et Thor je connais, dans Avengers. »

Au moins je ne suis pas complètement inculte. Je continue d’écouter tout ce qu’il a à me dire. Au moins il est bien alerte et ça me rassure. Il a toujours toute sa tête. J’espère que son mal de crâne est passé, il a l’air plus à l’aise en tout cas. Quand il arrête de parler mes collègues sont proche de le libérer, les bruits se font plus fort et ils font bien évidemment attention à ne pas couper Andy, c’est des pro quand même.

« Et donc tu viens de là bas Andy ? Oh attention ils vont ouvrir la voiture. »

Je suis pris de cours et je vois mes collègues enlevé le tableau de bord de la voiture. C’est à ce moment là que j’espère qu’on ne va pas retrouver les jambes de Andy en bouillie.

« Ca va Andy ? »

On se met à plusieurs pour le sortir de la voiture et le placer sur un brancard le plus rapidement possible. Ma collègue va prendre ses constantes, je reste à côté un instant.

« Tu vas aller à l’hôpital Andy. Je passerai te voir pour prendre des nouvelles à la fin de ma garde. Dans environ cinq heures. Ca marche ? Tu restes parmi nous hein. »

Je n’ai pas envie que des complications intervienne entre temps. Même si c’est monnaie courante dans ce genre d’accident, surtout s’il a un trauma crânien.

Je soupire doucement, amusé, lorsque Kane me dit qu'il connaît Thor du film éponyme. Et Loki aussi. Je déglutis et roule un peu des yeux  « ça n'a absolument rien à voir, tu sais ?» je relève mon regard sur le pompier  « Ils ont juste le nom et quelques caractéristique en commun, mais c'est tout. Les vrai Thor et Loki étaient autrement plus impressionnant» expliquais-je  «Je déteste ces films » avouais-je finalement. Ce est totalement justifié, quelque part. Mais je ne vais pas non plus juger quelqu'un sur ses goûts en matière de film.

J'aurais hoché la tête lorsqu'il me demande si je viens de là-bas, mais le collier cervicale m'en empêche.  «De Suède, ouais »  répondais-je, un léger sourire étirant mes lèvres  «Uppsala, une ville à une heure dans le nord de Stockholm, qui est assez importante dans l'histoire du pays  » j'abaisse ma main et me recule un peu lorsque les collègues de Kane parviennent à ouvrir la voiture. J’acquisse silencieusement lorsque le pompier me demande si ça va. Intérieurement, je me prépare à souffrir ma race lorsqu'ils me sortiront, étant donné que mon corps est encore tellement engourdi que je ne sais pas si j'ai mal autre part ou pas. Adrénaline peut-être ? Je n'en sais rien. Et peu importe.

Me sortir de là, n'est pas une mince affaires mais ce sont des professionnels qui s'en occupent. Si bien que je me retrouve assez rapidement sur le brancard et, tandis qu'une secouriste prends mes constante et enfonce une aiguille dans mon bras, Kane reprends la parole. Il me dis que je vais aller à l'hôpital -non, sans déconner …?- et que lui viendra me voir après sa garde. Donc dans 5h. Je ne sais même pas quelle heure il est. 5h c'est donc très vague pour moi. Mais peu importe. Je lui adresse un simple sourire qui se fait plus amusé lorsqu'il reprend que je dois rester parmi eux  «Mon heure d'entrer au Walhalla n'a pas encore sonner » dis-je avec amusement. Ne serait-ce que par pure référence à ce que je viens de lui raconter.  « Merci » soufflais-je avant de fermer les yeux. Juste pour les reposer un peu. C'est tout. Et puis, je suis entre de bonnes mains maintenant, non ? J'ai bien droit à un peu de repos, après avoir été obligé de parler aussi longtemps.

J’en apprends un peu plus sur Thor et Loki et aussi le dégoût de Andy pour les films Avengers. Moi j’aime bien, je n’ai pas tout vu. C’est surtout mes petits cousins qui connaissent bien. Andy me dit qu’il vient de Suède et plus précisément d’une ville qui a beaucoup d’histoire. Je peux que le croire sur parole, je n’y connais rien en histoire scandinave. Ca doit être intéressant à visiter mais je n’ai jamais mis les pieds en dehors de ma petite Australie.

Andy est rapidement pris en charge par les ambulancier et je lui dis que je passerai le voir à la fin de ma garde. Je vais tapoter sa main.

« Pas de soucis. A tout à l’heure. »

Je file de mon côté et je vais rejoindre le camion de pompier pour voir si le chef a besoin de moi ailleurs. Je fais quelques bricoles et on repart à la caserne dans les minutes qui suivent. La suite de la garde est un peu moins mouvementé dieu merci. Je suis pas mal fatigué et j’ai bien envie de me faire une sieste, mais j’ai promis d’aller voir Andy et puis j’ai envie de savoir comment il va. Je me prends un café pour reprendre des forces et je quitte la caserne quand ma garde est terminé. Je me suis pris une bonne douche chaude et je me suis changé les vêtements pour ne plus être en uniforme. Je prends ma voiture et je me rends à l’hôpital. Je vais aux urgences et je demande des nouvelles d’Andy.

« Andy ou Anders. J’ai pas son nom de famille mais on l’a amené y’a quelques heures après un accident de voiture. »

L’infirmière me renseigne sur le numéro de sa chambre et je file à sa rencontre. Je connais bien cette hôpital, j’y mets très régulièrement les pieds. Pas pour moi fort heureusement, mais pour le boulot. Ce n’est pas rare que je vienne après mes gardes pour prendre des nouvelles de gens avec qui j’ai sympathisé au cours de mes interventions.

Je frappe un coup à la porte et j’ouvre la porte de la chambre, sans faire trop de bruits au cas où il serait en train de dormir. Je vois que non et je lui fais un sourire.

« Salut. Alors ça va mieux ? »

Je repense à son ami et je n’ai pas pensé à demander de ses nouvelles, j’aurai dû. Enfin sûrement que Andy va le faire de lui même. J’espère que les nouvelles sont plutôt bonnes.

Je crois que j'ai perdu connaissance en chemin. Ou alors on m'a endormi dans l'ambulance. Dans tous les cas, lorsque je me réveil, je suis allongé sur un lit. Ma tête repose sur un oreiller moelleux, la couverture est légère. Je me sens plutôt bien, je dois dire. Sans doute est-ce grâce aux anti douleur ou à la morphine qu'on me donne. Je n'en sais rien. Dans tous les cas le mal de crâne est parti et je n'ai plus de douleur. Rien du tout. En fait, je ne sens rien du tout. Et c'est ça ce qui me perturbe le plus. Après ce genre d'accident je devrais avoir un certain nombre de contusions voire de fractures carrément, non ? Je ne devrais pas me sentir aussi bien que maintenant.

Enfin, je ne me pose pas plus de questions et je décide de profiter de cette sensation de bien être. Je tourne le regarde vers la gauche et lève la main pour appuyer le bouton qui relève le dossier du lit. Au même moment, la porte s'ouvre sur … kane. J'arque un sourcil, quelque peu étonné de le voir. Il m'avait promit qu'il passerait. Mais je ne savais pas si je pouvais le croire, s'il est réellement cet homme de parole. Je l'accueille donc avec un sourire, presque soulagé.

 «Re salut » dis-je avec une voix un peu rauque. Je toussote un peu  «ça va plutôt bien... » et me redresse sur mon lit. Du moins, essayais-je de me redresser. Car en me déplaçant, je réveil un certain nombre de douleur. Surtout au niveau des épaules et du dos. Je gémis un peu et ferme les yeux le temps de calmer ma respiration qui s'est brusquement accélérée puis soupire doucement et reporte mon attention sur Kane  «En fait je crois que ça va pas, non... » soufflais-je.

Je suis pris d'un brusque malaise. La pièce commence à tourner et je pose une main sur mon front et essaie de me calmer. Mais j'ai beau essayer de respirer normalement, le malaise ne passe pas. Je me redresse subitement, ma main tâtonnant à l'aveuglette la table de chevet et se pose finalement sur le haricot qui s'y trouve. Je l'attrape et le place devant moi alors que rends ce que mon estomac contient. Le problème c'est qu'avec le collier cervical qui me bloque la nuque, je n'ai que très peu de liberté de mouvement et je ne vise pas que l'intérieur du récipient. Tremblant de partout, je reste quelques instants sur place sans bouger et ferme les yeux  «putain » soufflais-je en rouvrant les yeux. Je me passe le dos de la main sur la bouche et grimace en voyant qu'effectivement, je n'ai pas très bien visé l'intérieur du haricot.  « Eh merde ...» grimaçais-je, toujours tremblant.

Il me dit que ça va plutôt bien et je suis content de l’entendre dire. Il a une bonne mine en plus, je suis bien rassuré. Il se redresse et c’est là que tout bascule. Je le vois changer d’air en un clin d’oeil et je grimace légèrement. Il me confirme que ça va pas.

« On peut appeler une infirmière si tu veux. »

Je le vois qui commence à tourner de l’oeil et attraper le haricot afin de ne pas en foutre partout. Sauf qu’il en fou partout quand même et je vais appuyer sur le bouton pour appeler une infirmière. Il a l’air secoué, il est tout tremblant.

« J’ai appelé une infirmière, elle devrait pas tarder. »

En attendant je vais aux toilettes pour prendre du papier afin de ne pas le laisser plein de vomis. Je le lui donne parce que je n’ai pas envie qu’il pense que je le prenne pour un infirme. Je le laisse faire et puis au même moment une infirmière raplique et voit ce qu’il s’est passé. Elle s’occupe de le nettoyer et elle lui pose quelques question sur son état de santé. Elle ajoute que le médecin va pas tarder à passer, puis elle repart de son côté, laissant la porte ouverte.

« Je peux te laisser si tu veux, je peux repasser plus tard. Ou même demain. Enfin, quand t’iras mieux. »

Je n’ai pas envie de déranger. Je pense qu’il vaut mieux que je m’en aille mais peut être ma présence doit lui changer les idées, alors je lui laisse le choix bien évidemment. J’espère qu’il n’est pas du genre à dire oui quand il a envie de dire non, je n’ai véritablement pas envie de déranger. Je jette des coups d’oeil par la porte pour voir si le docteur se ramène, il va peut être dire des trucs confidentiel et il faudra peut être que je quitte la chambre le temps de l’auscultation.

Je pense que plus jamais je ne m'inquiéterais de ne pas me sentir mal. En plus d'avoir le mal de crâne que j'avais avant, dans la voiture, qui revient, c'est un profond sentiment de honte qui s’empare de moi en le bordel que j'ai foutu. Ce n'est pas de ma faute, c'est normal après un tel choc et si je n'étais pas entravé de la sorte dans mes mouvements je crois que je m'en serais bien mieux sorti quand même. Mais voilà, c'est fait et je me sens mal physiquement et psychologiquement. Kane, lui, il a prit les devants pour appeler une infirmière. Je le remerciera plus tard je pense. En attendant, il me donne de quoi m'essuyer la bouche.

L'infirmière qui arrive prend le relais. Je crois que je m'excuse une bonne centaine de fois. Elle reste calme, gentille et compréhensive, m'explique que ce n'est rien, que ça arrive à tout le monde. Ce n'est que lorsqu'elle a fini de changer les draps et nettoyer le devant du collier cervical que je me recouche à nouveau. Je me sens soudainement carrément vidé de toute mon énergie et je suis pris d'une irrésistible envie de m'assoupir à nouveau. Mais Kane est là, il est venu exprès pour moi ici, alors qu'il aurait très bien put rentrer chez lui.

Je tourne mon regard vers lui lorsqu'il me demande se je préfère qu'il me laisse seul afin que je puisse me reposer tranquillement. Je soupire doucement et déglutis, hésitant, avant de fermer les yeux  « Je pense qu'il vaudrait mieux que tu rentres» avouais-je à mi voix  « Je ne te serais pas de très bonne compagnie» soufflais-je en me passant la main gauche sur le front. Je prends une profonde inspiration puis reporte mon attention sur le pompier  « Désolé que tu te sois déplacé pour rien ...» m'excusais-je avant de soupirer à nouveau  «Je … tu … avant qu'tu parte, y a moyen que tu me rendes un petit service ? » demandais-je encore. A sa réponse positive, je lance un coup d’œil vers la porte  «Y a moyen que tu ailles te renseigner pour savoir ce qu'il est de Josh ? Le conducteur de la voiture ? » demandais-je. Je l'aurais bien fait moi-même, mais je crois que Kane sera plus rapide et aura plus facilement accès au dossier médical de part sa fonction.