Londres. Angleterre. Cora observe les immeubles de la ville à travers les vitres de l’hôtel, et elle ne peut s’empêcher de penser à combien elle déteste ce pays et à tous les mauvais souvenirs qu’il lui rappelle. Jamais au grand jamais, elle n’avait pensé remettre les pieds ici un jour, mais c’était sans compter que la vie continue et que d’autres, eux, peuvent avoir des obligations à suivre sur le vieux continent. En l’occurrence aujourd’hui : le mariage du cousin de Priam. Elle avait longuement hésité avant d’accepter de venir car elle savait que de venir ici lui rappellerait de bien pénible souvenir. C’est ici que maman l’avait amené pour accoucher des années plus tôt, c’est ici qu’elle avait donné la vie et qu’on lui avait son enfant sans demander de reste. C’est ici qu’elle avait eu le cœur brisé pour la première fois. Depuis que son pied a touché le sol anglais, à la sortie de l’avion, elle n’est pas tranquille. Elle culpabilise d’autant plus, qu’elle en est lunatique et que Priam doit en subir les conséquences. « Bébé ? » Quand on parle du loup, il se réveille. Elle se tourne vers lui, un sourire un peu gêné de l’avoir possiblement réveillé et s’assied à ses côtés, tandis qu’il émerge. « Heey, je t’ai réveillé ? » « Non non, c’est juste l’heure. T’as dormi toi ? T’es encore en train de repenser au passé ? » Elle passe une main dans ses cheveux, caresse sa nuque pour le réveiller en douceur en s’disant quand même que cet homme, il l’a comprend mieux que quiconque. « Oui, mais je vais arrêter pour aujourd’hui, ce n’est pas journée. C'est celle de Virginia » Sous-entendu que c’est celui de la future mariée, à qui elle doit aller porter assistance. « tu peux l'appeler Ginny tu sais ? Et à ce propos, tu y vas quand ? » demande-t-il en l’entourant de ses bras. « Je sais, et j'y vais maintenant. » Elle aurait déjà dû partir même. « Noon. » fait-il comme un gosse tout en resserrant son étreinte. « Il le faut, ton temps avec Bailey va être rapide, t’auras juste à nouer un nœud papillon. Tu sais combien c’est long d’enfiler une robe en crinoline ? » demande-t-elle sur le temps de la plaisanterie. « Hey ! Qui te dit que l’art noble du nœud papillon ne prend pas toute la journée aussi ? » rétorque-t-il, faisant ainsi exploser Cora de rire devant tant de répartie. « On verra bien, laisse-moi partir maintenant. » demande-t-elle avant de déposer un baiser sur les lèvres pour lui dire au revoir, au moins la matinée. « Je t’aime » dit-il en la lâchant. « Moi aussi. » réponds t-elle en filant à travers la pièce, le sac contenant sa robe de demoiselle d’honneur posé sur l’épaule. « Cora ? » dit-il avant de partir, elle fait un pas en arrière pour l’écouter. « Bientôt, ce sera à nous. » fait-il remarquer, faisant hésiter la jeune femme sur sa réponse. « Oui » se contente-t-elle de répondre, un peu hésitante. Elle n’est pas aussi prête que lui à se marier.
Elle essaie de reprendre ses esprits et de paraîtres naturels quand elle approche du couloir où se trouve la chambre de Virginia, la mariée. Elles ne se connaissent pas encore très bien. Les deux jeunes femmes ayant eu à peine le temps de sympathiser lors du dîner de répétition, toutefois, c’est à elle qu’on avait demandé de venir tôt pour l’aider à se préparer. Cora appréhende beaucoup. Elle souffle avant de frapper à la porte, et se jure de bien maîtriser ses émotions aujourd’hui. « Virginia ? C’est Cora, je viens pour t’aider. » dit-elle à travers la porte, mais pas de réponse. Elle toque, encore et encore. Toujours sans mot de retour de la jeune femme. Pourtant, elles avaient bien convenue de l’heure. Elle se dit simplement que la jeune femme n’a pas dû se réveiller encore et profite du passage de la femme de ménage pour lui demander d’ouvrir la porte. Une fois à l’intérieur de la pièce, Cora appelle encore le prénom de la jeune femme. Le lit est vide. Elle semble être à la salle de bain, elle ne sait pas ce qu’elle y fait, mais elle semble malade ce qui alerte la jeune femme qui commence à appeler à nouveau, cette fois-ci l’air inquiet dans la voix. « Virginia c’est Cora, tout va bien ? » Elle tente d’ouvrir la porte. « Je suis inquiète, si tu n’ouvres pas la porte, je la défonce avec chandelier. » Oui, des menaces. En même temps, Cora n’a jamais été patiente et elle s’inquiète. « Virginia ! » Elle appelle à nouveau, et alors qu’elle cherche dans la pièce un objet capable de briser la poignée, le verrou de la porte glisse derrière elle. Elle se rue dans la salle de bain.
It's a long walk, and the music is loud. She sees an old friend, as she walks through the crowd. Puts on her best smile, but underneath she's a broken girl. She will always be a broken girl. She struggles with an awful decision, stay at home or walk in alone. Her mother does her best to console her, her father doesn't know what to say. Puts on her makeup, puts on the new dress. Holds her head high, then gets in the car. Tells herself that no one will notice, assuming she can make it that far. On the way she imagines reactions. Cupped hands whispering into ears. Secretly hoping that he'll be there watching, And she's also hoping he won't.
Les fleurs. Ce sont les fleurs qui ont lancé les hostilités. Elles étaient belles, elles étaient claires, un rose doux, délicat. J’avais pris quelques minutes pour les observer, les sentir, les placer bien à l’honneur dans la chambre qu’on m’avait assignée pour la journée. Un vase de cristal, des pétales douces, un parfum sucré, en prose, qui adoucissait la pièce. Le soleil qui complimentait la scène, les bribes du petit matin qui faisaient offices de canevas sur les couleurs que chaque nervure de pétales dessinait sous mes yeux, mes doigts. J’avais commencé par passer l’index, suivant les teintes changeantes, les fines rayures qui s’ébauchaient assumées par moment pour se cacher entre elles la seconde suivante. Le silence pesant faisant écho au couloir où on commençait à entendre des gens se réveiller, se saluer, se suivre et se poursuivre. J’avais le regard attiré vers autre chose, vers plus beau, plus parfait que tout le reste, ce bouquet qui embaumait la pièce, qui charmait les sens. La sonnerie du téléphone qui gâche la suite, le tintement agressif qui me fait sauter un battement, puis un autre. Et la réaction au quart de tour, la main qui enserre le pot, forte, puissante, hargneuse. La main qui le soulève sans grande réflexion, absence d’émotions au visage, pour le lancer au bout de ses forces, pour envoyer les fleurs se réduire à une immensité de miettes dans un bruit sourd, verre cassé, amour brisé, sur la porte principale. Un craquement distinct accompagne la sonnerie du téléphone qui finit par s’estomper, tout comme les bruits de verre, l’eau qui ruisselle, les tiges qui s’effondrent en douceur les unes aux autres. Ma respiration n’est même pas haletante, mon cœur ne bat plus la chamade, mes yeux sont vides, ailleurs. Tout sauf ici. Je sens pourtant le venin cruel qui sillonne mes veines, l’acide qui fait son chemin en latence, fluide, appliqué, haineux. J’ai le corps qui se refuse, le cœur qui se déteste, la tête qui s’ignore. Et pourtant, c’est posée, calme, défaitiste que je m’avance vers le vase et ses restes, m’agenouillant à ses côtés pour le ramasser, pour garder toutes traces de quoi que ce soit le plus loin possible de qui que ce soit. Les parcelles de verre ont tôt fait de cisailler mes mains, et force est d’admettre que je m’en rends seulement compte lorsqu’une goutte de sang, puis une autre vient s’écraser sur le tapis de la chambre. Eh merde. Aucune douleur, aucune sensation, si ce n’est l’empressement de tout ranger, d’effacer l’acte, de nier, encore. Les débris dans la poubelle, je laisse mon corps se guider lui-même vers la salle de bain, où je m’applique doucement à nettoyer mes plaies, évitant pour le mieux mon reflet dans la glace.
C’était le jour J, paraîtrait-il. L’union du fils prodige et de la mère suicidaire. Bailey avait tout sauf gagné au change dans cet accord, et même si l’obligation de sceller mon avenir sur papier, son nom en aparté, ne me faisait maintenant ni chaud ni froid, j’arrivais tout de même à voir à quel point tout ceci était ridicule. Honteux. L’eau froide, le savon, le linge à main, prennent mes blessures d’assaut et je finis enfin par calmer les saignements, adoucir le crépitement de la mousse qui nettoie en profondeur mes erreurs de gamine. Enfant gâtée, benjamine chanceuse à qui l’avenir sourie qu’on me disait. Celle qui avait su trouver l’amour, le vrai, le solide, le rassurant. Le visage de Bailey qui me revient en mémoire, celui de ma mère, de mon père, qui m’assurent que tout ira bien, que tout ira pour le mieux. Puis celui de Matt, qui oublie mon regard comme la peste, le sachant, au plus profond de lui-même. Et Noah, Noah, surtout. À qui je mens encore plus effrontément qu’à moi-même. Un bambin si jeune à qui on enfile les mensonges, les trahisons, les silences. À peine un an et déjà il entre dans un monde horrible et absurde et faux, un monde que je dessine avec force pour lui. L’eau du robinet qui coule encore à plein régime, j’en profite pour m’envoyer une bonne vague glaciale au visage, réveillant mon esprit, tentant de le reprendre surtout, incapable de retenir mes larmes plus longtemps. Qu’est-ce qui arrive, là, de suite? Tout qui va trop vite, tout qui tourne, tout qui cède sous mes pieds. Je m’accroche au lavabo pour m’empêcher de tomber, mes blessures me lacérant le corps et m’arrachant un cri la seconde d’après. Puis une voix, de l’autre côté de la porte, qui me ramène à l’ordre. Les souvenirs de quelques mois passés qui me reviennent en tête, alors que la voix affolée de mon frère faisait torture à mon corps qui voulait céder, qui voulait abandonner la bataille. Je me ressaisis pourtant, plus forte maintenant. Qu’il semblerait.
« Pardon… » que je m’excuse, dévoilant la scène à Cora qui entre en trombe dans la salle de bain devant mon silence. L’évier de nouveau rouge écarlate, et le visage qui trahi facilement les larmes que je ne retiens plus depuis quelques minutes déjà. « Je… j’ai déjà eu meilleure journée. » L’humour, ici, c’est la seule chose qui compte. Mon seul moyen de défense.
Le silence ne la rassure pas. Le bruit derrière la porte la met en alerte. C’est bête, peut-être un petit peu précipité de la part de Cora de s’inquiéter aussi rapidement mais il y’a définitivement quelque chose qui cloche dans cette pièce et après avoir appris ce que Ginny a fait, quelques mois auparavant, elle ne peut s’empêcher d’être inquiète et de crier le nom de la future mariée à travers la porte de sa salle de bain. Sa respiration s’accélère grandement, de même que les coups. Cora n’hésite pas à se dire qu’elle pourrait défoncer la porte si besoin. Mais le verrou tombe et elle se précipite à l’intérieur pour y découvrir une scène qui conforte l’instinct qu’elle a eu plus tôt, quelque chose a bien cloché. « Pardon… » lui dit-alors Ginny, comme si Cora était prête à la gronder alors qu’elle découvre la future mariée à genou par terre et un lavabo en sang. Elle ne sait pas comment réagir à la scène qu’elle découvre, doit-elle alerter quelqu’un ? Doit-elle prévenir sa mère ? Ou une tierce personne de la famille ? Cora est dans l’embarras, et pourtant en observant Ginny, elle comprend qu’elle ne doit rien faire de tout ça. « Je… j’ai déjà eu meilleure journée. » ajoute alors la pauvre mariée en pleurs. Cora soupire. Elle n’avait pas prévu cela aujourd’hui, et elle n’est pas très bonne pour gérer ce genre de crise. Après une minute – le temps nécessaire pour atterrir – elle vient se mettre à genoux face à Ginny et attrape une serviette de bain pour y enrouler la main de la blessée afin d’arrêter le flot de sang qui s’en échappe. « T’en fais pas, je dirais rien. » Elle se redresse pour faire partir à grande eau le sang dans le lavabo devant elles et reporte son attention vers la jeune femme qui n’a plus décoché de mot. Cora l’observe et espère peut-être entendre une parole s’échapper d’entre ses lèvres pour lui expliquer ce qu’il se passe, mais Ginny reste muette et elle, elle s’évertue à vite arranger la pièce des fois qu’elles aient une visite surprise. A ce moment, elle a peur pour elle et ignore de ce qu’elle devrait faire, l’entière situation de la jeune femme ne lui a pas été exposée. Rapidement, l’eau inonde tout le lavabo et efface les traces de sang, une énième serviette sert à essuyer le sol après que Cora eut relevé la jeune femme pour l’asseoir sur le rebord de la baignoire. En quelques minutes, tout semble rangé, mais il reste le détail de la main de Ginny et le linge tout atour qui rougit à chaque minute que Cora prend pour arranger la pièce. Aussitôt fait, elle entraine la jeune femme toujours silencieuse avec elle dans la chambre et l’assied sur un fauteuil tandis qu’elle tente de voir l’étendue des dégâts. « Tu veux me dire ce qu’il s’est passé ? » demande t-elle en défaisant le linge, ne manquant pas de faire une grimace de dégoût par la même occasion. Elle n’a jamais été le genre de personne à apprécier la vue du sang. « Est-ce que tout va bien Virginia ? Je peux t’écouter tu sais. » lui assure t-elle en essayant d’être le plus sincère possible, après tout, elles ne se connaissent pas et si les places étaient inversées, Cora sait qu’elle restera muette jusqu’à ce que son interlocuteur se lasse de poser des questions. Elle n’en dit pas plus, le temps de se rendre compte de la profondeur des blessures de la jeune femme. Voilà un souci qui se pose alors que dans quelques heures, elle est censée être mariée et prête à aller sur l’autel. « Je crois que je vais devoir t’emmener te faire suturer la main. On te mettra des gants, si tu ne les enlèves pas, personne verra, ne t’en fais pas. » Elle tente de la rassure, alors que jusque-là, elle ne sait pas ce qu’il s’est passé et qu’il reste une probabilité que la brune se soit infligé ça. Cora sait qu’elle devrait le dire, mais elle a pu observer la veille la famille qui allait s’unir à celle de Priam et son ressenti est qu’il vaut mieux gérer la situation sans faire de vague. « Allez, viens avec moi. » ordonne t-elle en balayant son regard sur la pièce pour voir si rien ne cloche.
It's a long walk, and the music is loud. She sees an old friend, as she walks through the crowd. Puts on her best smile, but underneath she's a broken girl. She will always be a broken girl. She struggles with an awful decision, stay at home or walk in alone. Her mother does her best to console her, her father doesn't know what to say. Puts on her makeup, puts on the new dress. Holds her head high, then gets in the car. Tells herself that no one will notice, assuming she can make it that far. On the way she imagines reactions. Cupped hands whispering into ears. Secretly hoping that he'll be there watching, And she's also hoping he won't.
J’aurais pu juste partir. Je l’avais déjà fait, tout quitter. J’aurais pu prendre Noah, quelques couvertures, un t-shirt ou deux, de l'argent liquide. J’aurais pu juste profiter de la prochaine nuit pour m’éclipser, pour retourner à Brisbane ou pour imaginer un nouvel avenir, quelque chose de loin, à deux qu’on vivrait en profitant de chaque jour, de chaque seconde de liberté. Je n’avais pas besoin de personne, je n’avais plus besoin d’eux, et ils ne me retrouveraient nulle part si j’y mettais les efforts nécessaires. Je laisserais peut-être mon adresse à quelques visages au passage, des amis, des vrais, ceux qui connaissaient tout et qui ne disaient rien, mais au final, je ne voudrais qu’un nouveau départ et rien d’autre. Clean slate, on efface, on recommence. L’eau glacée qui ruisselle sur mes joues, je dégage mes mèches du poignet pour croiser mon propre regard, apeuré, fort, fier, brisé. Elle était loin celle que je reconnaissais, et même si mes propres iris me semblaient lointains de douleur, j’aurais pu parier qu’elle me soufflait à l’oreille. Qu’elle me disait qu’il était grand temps que j’arrête de merder et que je me pose. Soit ici, soit ailleurs. Mais maintenant et plus jamais. J’avais assez stagné, j’avais assez attendu, j’avais assez apitoyé mon propre sort pour une vie entière. Me trouver une raison d’être, me consacrer à Noah et entièrement à lui. Le reste était superflu. Un élan de lucidité plus tard et je laisse Cora entrer, signe que je suis prête à passer à autre chose, probablement à tout nier d’une manière pour avancer de l’autre. Mais l’état de ma main et de la salle de bain posent un frein à tout le reste, dès que la jeune fille fait état de la situation. Douce, avenante, elle essaie un pas puis un autre dans ma direction. La compréhension plus tard et elle s’occupe déjà, en silence, de réparer les dégâts qui sont restés bien visibles, bien stagnants sur ma peau. J’aurais voulu me justifier, j’aurais nettement voulu effacer les quelques doutes que je sens traverser son expression, mais je reste muette, pantin, chiffon qu’on manipule avec trop de soin. Elle sait probablement qu’elle erreur j’ai posée plusieurs mois plus tôt, elle sait probablement que depuis, toute la famille me surveille du coin de l’œil, alarmée par mes moindres soupirs, silences. Pourtant elle s’affaire, tout comme moi plus tôt, à rayer une trace de ma bêtise, du verre qui n’a rien donné, des cisailles qui ne se ressentent pas. Par chance, elle verra bien que mes poignets sont intacts, par chance, elle verra bien les restes qui siègent, peu majestueux, dans la corbeille de la chambre, les fleurs fanées faisant office de garniture. Ma pulsion injustifiable qui justifie tout le reste. Je perds la notion du temps, gamine prise en délit qu’on dirige sans qu’elle ne s’y oppose. D’une pièce on passe à une autre, ma main enrobée d’un linge, mes idées enrobées de coton, de ouate, enfumée. Mon corps se dépose lourdement là où elle souhaite le voir, et j’hausse le menton dans sa direction, les pupilles vides, l’expression attentive. Dis-moi quoi faire et j’obéirai. C’est tout, n’en parlons plus.
« Le vase… » que je souffle, explication honnête qui semble sortie d’une excuse bâtarde. « Il n’allait pas bien avec le reste de la déco. » C’est de Matt, ça. De Matt et de sa façon pourrie de tout désamorcer, une blague à la fois. Si j’avais eu le ton qui allait, si j’avais eu la force qui suivait, peut-être que j’aurais pu m’en sortir aussi facilement. Mais pas à elle, pas à Cora. Cousine, belle-sœur, amie, j’en perdais des détails lorsqu’il s’agissait de la famille de Bailey, mais elle avait cette petite pointe dans le regard qui me mettait aussi à l’aise qu’inconfortable. Vive, authentique – je me voyais mal lui mentir alors qu’elle venait de me sauver d’une horrible scène de mes parents, résultant possiblement à la pire finalité du monde. Noah à eux, rien à moi. Je reste pourtant calme, inspirant doucement, expirant tout autant. J’allais lui dire, j’allais expliquer, du moins, le peu qui pouvait être justifié. « C’est le stress. J’ai eu un sursaut, une envie de relâcher les tensions et… et ça a fini avec un vase en morceaux et une main en lambeaux. » la vérité, le regard qui soutient le sien, l’espoir qu’elle me croit autant que j’essayais de me croire moi-même. Le reste se verrait enterré sous nos signatures, acte de mariage, contrat d’amour. Pas de vague, pas de doutes, une union bien comme il faut et on tourne la page. La laissant valider que tout se passe bien, je sens mon regard se perdre par la fenêtre, détailler les jardins, le ciel brumeux, les arbres, les bruits. Quelle heure était-il déjà? Quel jour? Une seconde passe, puis une minute, une heure peut-être? Cora me ramène à elle, dépitée. Apparemment, ma frasque avait donné un bien beau mess qu’il faudrait réparer ni vu ni connu. J’aurai dû être stressée, j’aurais dû flipper, triturer mon estomac, sentir l’anxiété fusionner avec le reste, mais je ne dis rien, j’accepte, je laisse couler. Le calme avant la tempête, ou après, à savoir. Je l’ai dit et je le pense toujours, je n’ai besoin que d’un guide aujourd’hui. L’esprit et l’âme en bernent pour le reste. « Merci, beaucoup. » que j’accuse, alors qu’elle s’évertue à me rassurer, à adoucir une situation que je ne vis qu’en surface. Sa main vient doucement soulever ma silhouette et je la laisse m’entraîner un peu plus loin, vers la porte, vers le couloir. Les voix qui murmurent, les autres vies qui s’additionnent à la nôtre pour la quitter aussi vite. Je ne reconnais personne sur notre passage et c’est tant mieux. Au rythme où Cora me guide, il me serait presque impossible de m’arrêter dans son sillage. Elle est déterminée à régler le tout sans anicroche, sans me perdre de vue aussi j’imagine. Cette capacité à être celle qu’on défend, qu’on protège, commence sincèrement à m’horripiler au plus haut point et je sens la chaleur caresser mon ventre, vouloir redonner une secousse de plus belle, que je retiens tout à l’intérieur. Pour plus tard, lorsque je serai seule… et sans blessures à occasionner. Ses pas nous mènent bientôt à l’infirmerie de l’hôtel, deux étages plus bas que celui où ma chambre se trouvait, petit refuge tout de blanc et illuminé au néon, où on nous laisse entrer sans grand discours. J’entends Cora expliquer l’inexplicable alors que je tends docilement la main vers l’infirmière le temps qu’on observe mes pêchés de plus près. Elles échangent quelques paroles que j’entends à peine, inondée par les éclats de lumière qui me semblent fins prêts à percer ce qui me reste de carapace un peu plus à chaque souffle. Puis Cora me fait signe de la suivre de nouveau, un siège isolé, une pièce adjacente où on s’installe le temps que l’infirmière finalise quelque chose pour poursuivre autrement. J’ai suivi à peine, aucune surprise ici.
De nouveau posée, je dépose mollement mes mains sur mes genoux les paumes vers le plafond comme on me l’a montré plus tôt, je crois. Le visage livide par ma faute, le souffle calme, ignorant, je patiente comme si c’était l’évidence. Puis, je finis par me tourner vers la rousse à mes côtés, après avoir senti son regard détailler tout ce qui pouvait être scrutable, de mes racines jusqu’à mes orteils. « Ce n’était pas comme… la dernière fois. » que je justifie, faisant référence à l’épisode dont tout le monde se souvient, évidemment. Je ne sais pas pourquoi j’ai tant le besoin de me le dire, et de m’en convaincre, mais je poursuis, plus pour moi que pour elle maintenant. « Ça n’avait rien à voir du tout, c’est derrière moi. »
’urgence. C’est tout ce qui habite Cora, ce sentiment qu’elle doit tout cacher, tout réparer et nettoyer afin d’éviter à Ginny d’avoir des ennuis. Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle agit ainsi alors qu’elle ne sait fichtrement rien d’elle, ou de ce qu’elle a bien pu faire. Elle y va à l’instinct. Cette scène ne peut être vue par une autre personne qu’elle. Quelques minutes s’écoulent et la main de Ginny est enroulée dans un linge, la salle de bain est nettoyée à grande eau. A moins d’être un de ces fameux experts que l’on voit à la télévision, rien ne se voit. Elle amène la jeune femme dans la pièce d’à côté, avant d’aller plus loin, Cora a besoin d’en savoir plus et sans savoir où elle doit mettre les pieds, elle pose la question simplement à Ginny. Quoiqu’elle réponde, elle a de toute manière déjà promis qu’elle ne dira rien et Cora n’a qu’une parole, elle a juste besoin de savoir. « Le vase… » Cora est attentive, pendue à ses lèvres pour la moindre explication. . « Il n’allait pas bien avec le reste de la déco. » Elle ne sait pas si ça se voit, mais de la façon dont elle baisse les yeux, elle est un peu déçue que ce soit ça l’explication de Ginny. Ce n’est pas une raison mature, au contraire, elle donne raison à tous les ragots que Cora a pu entendre sur la jeune femme. Il y’a bien des questionnements qui parcourent les pensées de la rousse, elle n’aime pas avoir à penser que des personnes qui disent les choses par derrière puissent avoir raison. C’est pourquoi, elle décide de lui dire, elle peut lui faire confiance mais si c’est de l’aide qu’elle veut, elle a besoin de mieux que ça. « C’est le stress. J’ai eu un sursaut, une envie de relâcher les tensions et… et ça a fini avec un vase en morceaux et une main en lambeaux. » Explique alors Ginny, tandis que Cora se place à genoux devant elle pour examiner cette fameuse main. Elle observe que les poignets ne sont pas touché, heureusement, car il lui aurait été très difficile d’expliquer cela. La blessure n’est pas belle, mais au moins, elle a bel et bien l’air accidentel. Elle enroule à nouveau la main de la jeune femme dans le linge. Ce n’est pas pour autant qu’elle peut la laisser donner matière à faire croire que c’était sa faute. Ginny est surveillée et de ce qu’il se dit, un coup de colère et la marée des commentaires reprendra vie. « On aura qu’à dire que c’est de ma faute. Je suis maladroite, j’ai voulu voir et tu t’es coupée en ramassant. C’est entièrement ma faute. » ajoute t-elle en l’observant bien dans les yeux pour lui faire comprendre que mentir est la meilleure solution. Elle se relève et délicatement amène Ginny à faire de même. C’est le jour de son mariage, elles doivent faire vite de corriger ça avant que du beau monde débarque pour voir la mariée. « Merci, beaucoup. » dit-elle à voix basse tandis que Cora la guide vers l’infirmerie de l’hôtel. Elle n’ajoute rien, elle ne fait que penser à une histoire à raconter et comment elle va le faire. L’infirmerie est deux étages plus bas que la chambre de la mariée. C’est un peu sinistre comme endroit, mais Cora suppose que ça doit être dans les codes. Après avoir laissé Ginny s’asseoir de son côté, elle lance ses explications à l’infirmière. Le mariage. Le vase. Le temps qui presse. Toutes les raisons qui font qu’elles sont là et pas à l’hôpital. Et évidemment, elle demande à ce que cet incident reste discret. L’infirmière l’examine, et repart, les laissant seules un instant. « Ce n’était pas comme… la dernière fois. » énonce Ginny, suscitant ainsi l’attention de la rousse. Elle lui rend un léger sourire se voulant rassurant et alors qu’elle passe sa main dans son dos, Ginny poursuit. « Ça n’avait rien à voir du tout, c’est derrière moi. » « Je sais. » souffle Cora avant de reprendre. « Tu ne m’aurais pas ouvert la porte si tu avais voulu te faire du mal. Mais je suis inquiète de ce qu’on pourrait en penser. » admet-elle, la famille de Priam, comme celle de Ginny ne lui avait pas montré le meilleur des à priori cette semaine-là. « Je sais ce que c’est, ce sentiment de vouloir tout briser et disparaitre. Pas mourir, juste disparaitre. » explique Cora, à voix basse avant de poser la question qui lui taraude les lèvres. « Mais pourquoi aujourd’hui ? Tu n’es pas heureuse de te marier ? » Evidemment, aucune des véritables raisons ayant amené ce jour à se produire n’avaient été exposées à Cora.
It's a long walk, and the music is loud. She sees an old friend, as she walks through the crowd. Puts on her best smile, but underneath she's a broken girl. She will always be a broken girl. She struggles with an awful decision, stay at home or walk in alone. Her mother does her best to console her, her father doesn't know what to say. Puts on her makeup, puts on the new dress. Holds her head high, then gets in the car. Tells herself that no one will notice, assuming she can make it that far. On the way she imagines reactions. Cupped hands whispering into ears. Secretly hoping that he'll be there watching, And she's also hoping he won't.
J’ignore pourquoi elle fait ça, foncièrement, je suis complètement à côté de la plaque face à ses intentions. Cora et moi, nous ne nous sommes que croisées qu’une seule fois, du moins à mon souvenir. Quelques formules de politesse échangées, des sourires complaisants alors que Bailey et Priam se lançaient dans leurs petites joutes habituelles de cousins au torse bien bombé, un rire ou deux échangés une fois, je crois, et rien d’autre. Aucune relation, aucune amitié, aucune alliance si ce n’est celle qui nous relie par la famille des deux garçons. Et pourtant, elle vient de passer les quelques dernières minutes à soigner au mieux mes blessures, à effacer toutes traces de mon erreur, à écouter ce que j’avais à dire. Et maintenant, elle me couvre. Elle m’offre un alibi, elle se propose pour cacher la vraie raison, et ce qui viendrait très sûrement avec. Mon escapade du carrelage de la salle de bain à l’hôpital il y a quelques mois y serait sûrement pour beaucoup dans le raisonnement direct que mes parents auraient, faisant tout de suite le lien, me retirant tout ce qui reste et ce qui avait à venir. Voilà que Cora vient de me sauver la vie, littéralement, sans même qu’une seule pensée noire n’ait caressé mon esprit, du moins, pas au moment de l’acte. Pas comme ça, pas comme avant. Mes yeux grossissent devant ce qu’elle vient de m’offrir, et je laisse bien vite la proposition se glisser un chemin jusqu’à mon cerveau, mon coeur, pour comprendre en tout et pour tout ce que cela signifie. Ce secret, cette confiance, cette force surtout. J’absorbe le reste, j’en prends conscience, je me promets de calculer chacune de mes pulsions un peu plus dès maintenant et surtout… surtout je la remercie. Doucement, au gré de mes forces, mes iris ajoutant plus de profondeur à mes paroles, faibles, mais tellement pleines de gratitude. La suite se dessine devant moi lorsqu’elle m’entraîne à l’infirmerie, pas rapides, prêts à semer qui que ce soit, prêts à ne pas laisser cette petite anicroche dicter le reste de la journée. Au moins, j’en ai profité pour gaffer et m’ouvrir les paumes assez tôt, ça ne devrait pas entacher sur le reste… la blague fait mouche dans ma tête, sarcasme morbide que je me garde de lui partager vu la situation merdique dans laquelle je l’ai foutue et reliée, en à peine quelques minutes seulement à se côtoyer. Le parcours finit par nous mener à cette petite pièce illuminée de néons où on nous indique une place que je prends d’abord, suivie par Cora qui me rejoint en me signifiant que ce sera à nous dans quelques minutes. Service express pour la mariée en détresse, question que son taffetas et ses escarpins restent blancs maculés de la cérémonie à la nuit de noces. J’avale difficilement, sentant son regard qui caresse les plaies idiotes que je me suis infligées, plaies étrangement toujours tout sauf douloureuses, ou du moins, que je ne remarque à peine. Elle veut sûrement s’assurer que je ne lui ai pas balancé une autre tentative en travers de la gorge, et qu’elle n’a pas pris entente avec le diable de me protéger de la sorte, ce que j’explique en mentionnant l’incident antérieur, et les motifs qui aujourd’hui étaient tout sauf identiques. Dans un soupir pourtant, elle me confirme qu’elle sait. Qu’elle sait que ce n’est pas la même chose, que je n’ai rien répété, que j’ai appris peut-être même. Alors voilà pourquoi elle a offert de me couvrir. Parce qu’elle croit en la justice peut-être, au bien, au mal, au vrai. Son raisonnement est tout aussi logique, et elle élucide d’une simple phrase ce que bien d’autres auraient effacé pour sauter aux conclusions plutôt que de voir les faits. Voilà qui m’enlève un nouveau poids des épaules… jusqu’à ce qu’elle aborde les fameux ragots, les apparences, les résultats. « Si tu savais comment… comment j’aimerais mettre cette inquiétude de côté parfois. Comment je voudrais pour une journée, ou même juste quelques heures, ne pas laisser leurs opinions et leurs potins dicter tout le reste. » je soupire, déjà déçue pour elle qu’elle ait remarqué, qu’elle soit elle-même prise dans ce cercle vicieux sans fin, environnement superficiel que je ne conseillerais à personne. « Avec le temps, on s’y fait. Du moins… je crois. » j’essaie d’être rassurante, mais les faits sont là, et je n’en suis qu’un énième exemple. Un ange passe, puis un autre, et Cora s’ouvre un peu plus, ajoutant qu’elle connaît cette sensation, qu’elle est familière avec ce besoin, vital, de s’effacer, de laisser les choses aller sans en être au centre. J’ignore d’où vient sa confidence, mais je la prends, je l’accepte, je l’écoute, attentive, interdite. La vérité était là - je n’avais jamais foncièrement pensé à la mort, ni avant, ni maintenant. Je pensais seulement à tout arrêter, à lâcher prise, à passer le flambeau à d’autres, à me retirer. Tombée du rideau, musique qui s’adoucit, théâtre qui se vide. Je laisse mon corps épouser un peu plus la chaise où je suis assise alors que la jeune femme additionne d'une question supplémentaire, évidemment. Celle qui vaut la peine d’être posée, celle que je me pose moi-même depuis le réveil, depuis des mois sûrement. « C’est compliqué, tellement compliqué... » je ne me sens pas de lui mentir pour ce qu’elle vient de faire pour moi et pour que tout ce que cela implique, mais je ne me vois pas non plus tout lui déballer sur ce qu’est advenu de ma vie depuis que j’ai pris place dans cet avion un certain matin il y a maintenant plus d’un an. Elle n'a pas à être prise là-dedans elle aussi, elle n'a pas à subir la lourdeur de la situation. Je décide donc d’y aller en douceur, de tâter tranquillement le terrain, espérant qu’elle soit aussi compréhensive, qu’elle m’accompagne de nouveau de la même latitude et du même soutien dont elle a su faire preuve depuis son arrivée. « Quand vous êtes ensemble Priam et toi… c'est beau, doux, simple entre vous deux. La manière dont il te regarde, la façon que tu as de lui répondre, de l’écouter… ça, c’est tout sauf compliqué. » je laisse un sourire triste se dessiner sur mes lèvres, bien malgré moi. « Avec Bailey, c’est différent. Ça l’a toujours été. Et c’est difficile de tourner la page, de passer à un autre chapitre et même, un autre bouquin au complet. Mais c’est ce qui semble se dessiner pour nous deux. » elle reste tout de même la copine de Priam, elle reste tout de même celle qui pourrait tout lui balancer et reléguer le secret à la place publique et pourtant… et pourtant, je lui en ai déjà dit plus qu’à quiconque. L’infirmière choisit ce moment pour nous interrompre, nous faisant signe de la suivre dans la pièce d’à-côté, où tout le matériel trône fièrement, signifiant que mes blessures risquent de n’être qu’un vilain souvenir dans quelques minutes. Obéissante, je m’installe là où on me pointe, tendant la main vers l’infirmière, le temps qu’elle panse soigneusement mes plaies. Gênée par mes dernières révélations, j’évite au mieux le regard de Cora, qui profite très certainement du silence pesant pour analyser ce que je viens de lui dire, au compte-gouttes.
t les voilà à attendre dans cette infirmerie comme on attendrait dans un hôpital. Sauf qu’il n’y a qu’elles, à tête reposées après la scène de rangement à la hâte qui s’est déroulé dans la chambre. Un silence plane, jusqu’à ce que Ginny prenne la parole, elle défend ce qu’il s’est passé sûrement de peur que la rousse interprète mal ce qu’il s’est passé. Cora ne cacherait pas avoir eu peur, vu les informations qui lui ont été partagé comment aurait-elle pu ne pas craindre le pire ? Mais, après réflexion, elle sait qu’il n’y a rien à craindre. Pour aujourd’hui. Ginny semble si mélancolique, elle ne la comprend juste pas cependant pour le moment, il y’a plus inquiétant : les ragots. Elle sait combien cela peut faire mal, et n’aimerait pas avoir à les entendre. Elle doit avouer, sur ce coup-là, la famille de Priam n’a pas montré le meilleur d’elle-même. « Si tu savais comment… comment j’aimerais mettre cette inquiétude de côté parfois. Comment je voudrais pour une journée, ou même juste quelques heures, ne pas laisser leurs opinions et leurs potins dicter tout le reste. » Cora esquisse un sourire. Est-ce que ce serait trop simple que de lui dire de ne juste pas s’en préoccuper ? Sous ses airs de conseil contenant toute la sagesse du monde, elle sait pourtant que ce n’est pas facile. « Avec le temps, on s’y fait. Du moins… je crois. » Elle aimerait lui dire que oui, mais Cora a grandi dans le monde de la télévision et du star system, on ne s’y fait jamais, on apprend juste à faire attention. « Tu devrais entrer dans leur jeu. » dit-alors Cora, elle sait que c’est ce que sa mère dirait et sous ses airs de grosse connasse universelle, maman reste une pro de la communication et de la manipulation d’autrui. « Ils sont rare les gens qui balayent leur porte avant de parler. Tu dois juste riposter une fois en marquant le coup, et tu seras tranquille. » Après tout est question de ce que Ginny est capable de faire, on y perd une partie de nous-même à jouer ce jeu. « Je te le dis, parce que je sais qu’on s’y fait jamais. » Un nouveau silence fait son entrée dans la salle. Cora ne veut pas aller plus loin, principalement parce qu’elle ne pourrait expliciter sa pensée sans parler plus en profondeur de son passé à la télévision et qu’elle n’en a aucune envie. C’est derrière elle maintenant. Mais au lieu de ça, elle partage une confidence à Ginny, elle comprend parfaitement ce qu’elle ressent, ce besoin de n’être juste plus là, de ne connaître plus personne et de tomber dans l’oubli. C’était son quotidien, jusqu’à sa rencontre avec Priam qui lui a donné l’envie de se relever. La question la taraude. Pourquoi est-ce que son mariage à venir ne fait-il pas disparaitre ça ? « C’est compliqué, tellement compliqué... » Elle ne voit pas ce qu’il y’a de compliqué là-dedans, puis elle se rappelle qu’elle-même ne rend pas les choses aussi faciles avec Priam et elle tire une grimace. Peut-être que oui, effectivement, c’est compliqué. Peut-être que Ginny est comme elle, absolument pas prête à passer le pas quand bien même qu’elle soit profondément amoureuse. « Quand vous êtes ensemble Priam et toi… c'est beau, doux, simple entre vous deux. La manière dont il te regarde, la façon que tu as de lui répondre, de l’écouter… ça, c’est tout sauf compliqué. » Elle n’en était pas certaine, mais après tout Ginny était sans doute meilleure spectatrice qu’elle de l’image que renvoie son couple. « Avec Bailey, c’est différent. Ça l’a toujours été. Et c’est difficile de tourner la page, de passer à un autre chapitre et même, un autre bouquin au complet. Mais c’est ce qui semble se dessiner pour nous deux. » Elle n’est pas sûre de comprendre. En même temps, elle reste profondément certainement qu’il est inutile de comparer leur relation. Avec Priam, on parle là de deux âmes sœurs qui se complète parfaitement, deux esprits qui cherchent à avancer main dans la main, ensemble et qui attend toujours celui qui viendrait à avoir un caillou dans sa chaussure sur le chemin, on parle de deux parties d’un tout, quelque chose qui n’a pas de comparaison, du moins c’est ainsi que Cora le voit, personne n’aime comme eux s’aiment. « Chaque couple est différent. » dit-elle, encore en train d’essayer de chercher un sens aux paroles de Ginny. Cette histoire de page, de chapitre. Si elle n’avait pas été prête ? Pourquoi ne pas l’avoir dit ? « Je ne suis pas sûre d’avoir compris ton propos. J’ai presque l’impression que Bailey et toi êtes des inconnus de la façon dont tu m’en parles. » lui réplique t-elle avant d’être interrompue par l’arrivée de l’infirmière qui emmène tranquillement Ginny dans l’autre pièce pour s’occuper de sa main. La jeune femme obéit docilement et montre ses blessures, tandis que Cora essaye de regarder ailleurs. Elle n’a jamais été très fan de la vue du sang, et elle ne peut s’empêcher d’avoir beaucoup d’empathie. Elle observe ainsi le plafond, en songeant aux paroles de Ginny, à son regard quand elle lui a fait cette réflexion sur Bailey et elle. Elle aimerait comprendre, mais il semble lui manquer tellement de pièce dans ce puzzle qu’est ce mariage. Après un moment à regarder le plafond, le son des ustensiles vient résonner après avoir heurté une sorte de bassine. L’infirmière donne à Ginny les dernières recommandations d’usage pour qu’elle fasse attention à la plaie. Aussitôt en dehors de l’infirmerie, les deux jeunes femmes reprennent leur chemin vers la chambre. Cora tente de digérer le scène, mais si la vue d’une main en train de se faire suturer lui a un peu retourner le cœur. Après un temps, elle se risque à poser la question. « Pourquoi n’as-tu pas reporté le mariage si tu n’étais pas prête ? Je ne connais pas très bien Bailey, mais il m’a l’air … compréhensif. » Elle n’était pas sûre que le terme soit juste, elle n’en a que su ce que Priam lui disait de lui, et cette première impression résultant de leur rencontre de cinq minutes.
It's a long walk, and the music is loud. She sees an old friend, as she walks through the crowd. Puts on her best smile, but underneath she's a broken girl. She will always be a broken girl. She struggles with an awful decision, stay at home or walk in alone. Her mother does her best to console her, her father doesn't know what to say. Puts on her makeup, puts on the new dress. Holds her head high, then gets in the car. Tells herself that no one will notice, assuming she can make it that far. On the way she imagines reactions. Cupped hands whispering into ears. Secretly hoping that he'll be there watching, And she's also hoping he won't.
Entrer dans leur jeu était ce qui me répugnait le plus, ce qui m’avait probablement amenée à vouloir disparaître, à vouloir effacer cette impression de me fondre dans leur moule, de devenir l’une des leurs quelques mois plus tôt. Cora me le suggérait du bout des lèvres, probablement aussi dégoûtée que je pouvais l’être, probablement plus près de la vérité que je ne le serais jamais. Pourtant, j’avais tenté. Fort, je vous jure. Les commentaires qui glissent, les regards qui insistent, les rumeurs qui s’intensifient - j’avais ignoré du plus loin que je me souvienne ce qui avait pu jadis m’atteindre, et j’avais même cru, bêtement, que ce serait facile, que le silence primait sur le reste, que les moqueries qui avaient bercé mon adolescence m’avaient rendu plus forte, plus apte à me méfier, à faire fi, à nier. Mais c’est qu’ils ne s'adressaient pas qu’à moi, c’est qu’ils remettaient en doute Noah et tout ce qu’il représentait, pour moi, pour lui, pour la famille, pour le nom aussi. Si on m’avait promis que venir à Londres me permettrait d’avoir une vie à ma hauteur, me permettrait d’élever mon enfant dans les meilleures conditions possible pour lui et pour moi, si on m’avait dit qu’il s’agissait d’un nouveau départ avec ceux et celles qui voulaient vraiment s’impliquer et m’appuyer, aujourd’hui l’impression en était toute autre. Bien sûr, des gens comme Cora existaient et si j’osais l’espérer assez fort, probablement que j’en croiserais d’autres qui, à leur façon, panseraient les blessures que cette nouvelle vie m’infligeait à chaque nouvelle erreur, à chaque nouveau doute. Pourtant, la majorité croisée jusqu’à maintenant était loin, bien loin de ce que j’avais pu espérer. Et ce marige en soi n’était que la pointe de l’iceberg, que la partie visible à l’oeil des autres, et dans le cas de la jeune femme à mes côtés, un peu plus clair qu’il ne le serait jamais pour eux. Sur le ton de la confidence, elle en vient tout de même à une réflexion qui entrecoupe la mienne : on ne s’y fait jamais. Peu importe l’énergie qu’on y met, peu importe le retour qu’on leur assène, peu importe les remarques acides qui prennent de court, rien ni personne ne reste de glace devant ce monde d’apparences. Les sanglots entendus une fois la nuit tombée et venant de la chambre de mes parents, les éclats qui volent sur le sillage de Matt lorsqu’il est à l’écart, les conversations à voix basse de Bailey qui vraisemblablement est au rapport… ils se voulaient stoïques, ils se voulaient puissants et sans failles, mais ils l’étaient tous plus encore qu’ils ne l’avoueraient. C’est probablement sa confidence qui me donne le courage nécessaire pour m’ouverir un peu plus, pas assez j’en conviens, mais d’en dire à Cora mieux que les bribes que mes iris voilés avaient à révéler à leur tour. Le simple fait de mettre en mots ces sentiments qui sont tous nouveaux, contradictoires et si loin de ce qui m’apparaissait être logique de vivre en une journée comme celle-ci, me laisse tremblante au bout de ma chaise. puis, il y a l’incompréhension qu’elle laisse transparaître au fil de mes mots. Stupide métaphore, idées brouillées, tête bafouée que je secoue d’un trait, espérant qu’il n’est pas trop tard, que je n’ai pas gaffé. Ses prochaines interrogations me glacent tout de même sur place, le souffle qui s’arrête lorsque Cora nous qualifient d’inconnus. Et je ne vous mentirai pas. L’envie, le besoin de lui dire ce qui se passe, vraiment, me trotte en tête. Pourtant, les conséquences en seraient si grandes que je ne me permets pas de poursuivre dans l’idée. Si Priam venait à l’apprendre, si la famille venait à savoir, si mes parents découvraient, si… si seulement. Je retrouve un semblant de respiration normale lorsque, muette, je suis l’infirmière d’un pas docile, pour enfin en finir avec ces blessures qui doucement engourdissent mes mains. Complètement sciée, médusée, je fixe le sol en laissant l’infirmière masquer mes plaies, reprenant le peu de constance qui me reste, voyant là un signal d’alarme, une lumière rouge qui illumine mes gaffes, qui soulignent tout ce qui cloche, tout ce qui peut bien sonner faux dans mon discours, dans mes gestes. J’espère, je supplie qu’elle voit mon silence comme la finalité de cette conversation, ou du moins qu’elle me l’impose par elle-même déçue de ma soudaine fermeture, pour que j’évite encore une fois de tout bousiller - mais c’était sans prendre en compte la nouvelle question qu’elle souffle doucement, à notre retour vers la chambre. J’inspire, prête à abdiquer, avant de ressentir une énième barrière se mettre entre nous deux, par ma faute. La peur qu’elle ne comprenne pas, qu’elle juge, elle aussi. La peur qu’elle voit que je n’étais que mensonge, comme tous ceux que nous, que je détestais tant. Je pourrais lui faire confiance, je pourrais me confier, je devrais lui faire confiance, je devrais me confier… mais. Mais. « Ce genre de mariage, nos parents en rêvaient depuis bien trop longtemps pour le repousser. Et plutôt que de laisser ça traîner, je.. on a abdiqué. » Ce n’était pas triste en soit, c’était seulement la piste la plus logique, la plus simple. Se plier à leurs demandes. Autant Bailey que moi n’étaient pas chauds à l’idée d’unir nos destinées de la sorte, mais l’engagement qui avait été pris entre eux pour nous était beaucoup trop solide et ficelé pour qu’il ne puisse être question d’issue que si on jouait bien nos cartes, et qu’on patientait. Espérant que la situation aille mieux, que peut-être, même, queqlue chose se développe entre nous, avec le temps. La porte de notre chambre devant nous, je tourne distraitement la poignée avant de m’y blottir, oasis caché, le temps de ramener mes idées, de retrouver mon sang-froid surtout. La matinée avançait, et bien vite il faudrait commencer à penser aux choses sérieuses, la robe, et tout le reste. « Bailey en soit n’est pas méchant, il ne m’a pas forcé, du tout. Au cas où tu te demandes. » consciente que mes propos vagues pourraient le placer dans une mauvaise posture, je tente de rattraper le tout du mieux que je peux, m’affairant à rassembler les divers éléments à enfiler. « Disons que si j’avais eu à choisir, j’aurais attendu. Mais la finalité sera la même aujourd’hui, ou dans 5 ans. Alors à quoi bon. » un sourire triste vient caresser mes lèvres, alors que je suis maintenant dos à Cora. Chassant les suppositions et les idéaux qui s’accorchent, je finis par faire un ultime volte-face dans sa direction, satisfaite du peu que j’ai réussi à dévoiler, tout autant véridique soit-il. « Je suis désolée que tu aies à subir ça… ce vilain stress qui est tout sauf nécessaire. En espérant que je ne passe plus mes nerfs sur les autres vases qui restent… » j’hausse les épaules, consciente qu’à choisir entre passer la journée avec une belle-soeur angoissée qu’on connaît à peine, ou traîner dans les jardins de l'hôtel avec son petit ami, Cora n’a pas gagné au change.
C’était tout de même un certain casse-tête que lui avait donné Ginny avec ses paroles totalement masquées, avec un sens que Cora ne pouvait difficilement comprendre à cause d’un manque d’élément clés pour saisir les tenants et aboutissants de cette affaire. Elle sent bien que la jeune femme ne lui dit pas tout, et à juste cause qu’elle se dit, car elles ne se connaissaient pas il y’a deux jours. Après tout, de l’heure qu’elle vient de passer à ses côtés, Cora peut déjà en conclure qu’elles partagent ce léger trait commun d’en dire le moins possible sur ses sentiments, ou son état d’esprit. Ce comportement chez Cora résultant de plusieurs années à jouer la petite star pour le compte de sa mère et de n’avoir jamais eu le droit d’avoir quelque chose à en redire, elle se demande comment la jeune femme assise à côté d’elle a fait naître en elle ce besoin d’en dire le moins possible. Et puis, ne pouvant s’empêcher de comparer leur façon de gérer ce « défaut » elle ne peut s’empêcher de se demander comment peut-elle ne pas mourir d’envie de partager chaque chose qu’elle cache dans son coffre à Bailey comme elle le fait avec Priam. Mais, elle a répondu plus tôt à cette question, tous les couples ne sont pas pareil, chaque relation est unique et sûrement que ce point n’est pas partagé. De cette réflexion, Cora en ressort une étrange impression que les futurs mariés ne sont pas aussi soudés qu’elle l’est avec son fiancé. Et cette question l’occupe grandement pendant tout le temps où Ginny se fait suturer la main. La brune n’aura pas manqué de lui donner matière à réfléchir, et c’est dans le silence qu’elle le fait. Elle se repasse les paroles de la jeune femme dans sa tête pendant un bon moment. Quand elles sortent enfin de l’infirmerie pour aller se préparer, Cora ne manque pas de poser sa question. Elle sait que ça ne la regarde pas, et qu’elle est en train de se montrer intrusive mais en même temps, elle veut aider. « Ce genre de mariage, nos parents en rêvaient depuis bien trop longtemps pour le repousser. Et plutôt que de laisser ça traîner, je.. on a abdiqué. » Hum. Elle ne dit rien. Elle ne connait que trop ce genre de situation où l’on n’a pas la force d’affronter ses parents et qu’on fait simplement ce qu’ils nous disent. Cora aimerait bien lui qu’elle aurait du leur tenir tête et de les empêcher de s’insérer dans sa relation, mais ce conseil aurait des allures d’hypocrisie qu’elle ne supporterait pas alors au lieu de ça, elle se décide juste à ne rien dire. Les quatre murs de la chambre retrouvée, Cora laisse le temps à Ginny de se poser tout en rangeant un peu partout la pièce. Elle est assez soulagée qu’elle n’ait pas l’air aussi en bordel et que personne n’était là pour les attendre. Silencieuse, elle s’assied sur le lit à côté du téléphone, l’annuaire sur les genoux à la recherche d’une boutique de robe de mariée. L’appel ne dure que quelques minutes, elle leur demande de mettre des gants blancs de côté qu’elle ira chercher plus tard. Elle se relève avant de s’expliquer à Ginny qui a tout entendu de l’échange. « J’irais chercher les gants quand les autres demoiselles d’honneur seront là, ça ne se verra pas. » Après tout, elle n’est pas de la famille, d’aucun des deux côtés. Juste la fiancée de Priam. Et elle ne doute pas que, sans gants, on verra très vite les points de sutures sur les mains de Ginny. « Bailey en soit n’est pas méchant, il ne m’a pas forcé, du tout. Au cas où tu te demandes. » ajoute t-elle, Cora se demande si sa curiosité a vraiment trop apparente. « Disons que si j’avais eu à choisir, j’aurais attendu. Mais la finalité sera la même aujourd’hui, ou dans 5 ans. Alors à quoi bon. » Vu comme ça. Mais Cora reste convaincue que pour se marier, il faut être prêt. C’est une chose de savoir qu’on le veut, une autre d’être prêt pour ça. Mais en répondant cet argument, elle aurait plus l’impression de parler d’elle que de Ginny. Elle l’observe, son dos plus exactement, sentant qu’elle a quelque chose à ajouter. « Je suis désolée que tu aies à subir ça… ce vilain stress qui est tout sauf nécessaire. En espérant que je ne passe plus mes nerfs sur les autres vases qui restent… » Elle hausse les épaules. « Ce n’est pas un problème. J’aurais sûrement plus jamais l’occasion d’être demoiselle d’honneur, alors ça me fait plaisir. J’aimerais juste pouvoir être en mesure de te comprendre mieux. » Elle s’assied. « C’est bête » lâche t-elle dans un rire avant de poursuivre « Mais, c’est ton mariage et tu hérites d’une demoiselle d’honneur que tu ne connais même pas, j’aimerais travailler à au moins ne plus être une étrangère au moment où tu diras oui. » Elle se redresse, refait les plis de sa robe – qui pourtant ne sera pas celle de la cérémonie – avant de se tourner vers elle. « Je pense que c’est aussi un peu mon devoir de m’assurer que tu es heureuse de ta journée. Je pense qu’on va commencer à te préparer. »
It's a long walk, and the music is loud. She sees an old friend, as she walks through the crowd. Puts on her best smile, but underneath she's a broken girl. She will always be a broken girl. She struggles with an awful decision, stay at home or walk in alone. Her mother does her best to console her, her father doesn't know what to say. Puts on her makeup, puts on the new dress. Holds her head high, then gets in the car. Tells herself that no one will notice, assuming she can make it that far. On the way she imagines reactions. Cupped hands whispering into ears. Secretly hoping that he'll be there watching, And she's also hoping he won't.
Avoir retrouvé le calme de la chambre a comme un effet thérapeutique sur mon coeur qui recommençait à battre la chamade, à cogner sur ma poitrine au rythme des secondes qui me rapprochaient du maintenant inévitable I do. Le silence aussi avait de beaucoup aidé, additionné aux réflexions de Cora qui, malgré sa discrétion, résonnaient entre nous comme si elle les avait criées. Évidemment que j’en avais trop dit, évidemment que j’avais bariolé ma future union, qu’il serait maintenant évident que tout cela n’était que fausserie, mensonges, secret sur secret et bien malgré moi, malheureusement. Ce contrat que nous allions signer, cette épée de Damoclès qui se brandirait au-dessus de nos têtes, ces constats qui se verraient masqués derrière le beau, derrière l’amour, derrière le mariage, derrière la perfection qu’on nous imposait me répugnaient, or, il était déjà trop tard pour faire marche arrière et pour retirer les bribes un peu trop incriminantes que j’avais pu laisser aller quelques minutes plus tôt. Pourtant, le calme de Cora m’aide à reprendre constance une fois les blessures que je m’étais affligées doucement masquées par les bons soins de l’infirmière. Elle aurait pu paniquer, elle aurait pu empiéter, elle aurait pu pointer encore et toujours, gratter, fouiller, démanteler, mais elle laisse finement le reste se faire, y allant à mon rythme, comportement étrange que je ne reconnais plus vraiment dans mon entourage rapproché. Ce sont ces mots, délicats, posés, qui me ramènent tranquillement, qui à leur façon ralentissent le flot de pensées qui tambourinaient mon esprit. Elle avait raison. C’était l’occasion où jamais de laisser aller, de lâcher prise, une dernière fois avant d’enfiler pour le meilleur et pour le pire ce masque qui m’irait maintenant comme un gant, scellé, moulé à la perfection, empêchant toute fuite. Alors oui, j’y pense. Alors oui, je tente de me raisonner à ne rien dire de plus, à inventer une raison supplémentaire, à voiler la face de quiconque à commencer par moi, mais… mais la tentation est trop bonne, la libération est trop salvatrice pour que je passe à côté. Quitte à le regretter, quitte à faire passer cela sur la folie d’une future mariée qui s’invente des histoires remettant en doute les faux-sentiments de son bel époux. « Disons que j’évoque le secret professionnel de la demoiselle d’honneur. » que je commence, à tâtons, la voyant s’installer dans le canapé face à moi alors qu’une fois de plus, elle balaie la pression en faisant confiance à mon bon jugement et à sa volonté de faire de cette journée la moins difficile possible. « Commençons avec les bases, donc. » j’inspire, ignorant ce que bases veut vraiment dire pour moi, ignorant jusqu’où je peux aller, et jusqu’où je dois, surtout. « Je ne suis pas de Londres. Je viens de Brisbane en fait. Il y a un an, on a tout quitté pour déménager ici. » suivant ses recommandations, je passe devant ma valise pour y attraper quelques lingettes pour la peau que j’en ressors, commençant doucement à nettoyer mon visage, remettant mes idées en place au passage. « J’aime bien l’Angleterre, même si l’Australie était toute ma vie. C’est une adaptation, mais j’y arriverai. J’y crois. » ici du moins, je suis sincère. Londres était une belle ville, la ville d’origine de mon père, de Matt aussi. Je m’y sentais un peu comme à la maison, pas tout à fait, mais il pouvait y avoir possibilité de changer, d’améliorer. « C’est quelques mois après être arrivée ici que j’ai rencontré Bailey. Que mes parents nous ont présentés, en fait. Après… l’incident. Il savait que je n’étais pas au meilleur de ma forme, disons ça ainsi. Mais il en a fait beaucoup pour que ce soit plus facile à l’époque. » ressasser ces souvenirs me fait réaliser qu’ils se sont joués il y avait très peu de temps au final. Mais l’impression que je suis ici depuis des années et que Bailey est entré dans ma vie depuis tout aussi longtemps me rend soudainement mal à l’aise, à vif. « Je conviens que le mariage est venu vite. Je conviens aussi que nos parents y ont joué un gros, un trop gros rôle. Mais à les entendre, ça arrangerait tellement tout le monde, qu’on a cru que ça nous arrangerait aussi, nous. » quelle erreur. Cora muette, me laisse continuer sans même mettre de pression, attentive, réalisant probablement plus vite que moi-même la portée de mes propos. J’allais ajouter une pensée supplémentaire lorsque de petits toquements sur la porte de ma chambre me ramènent direct à l’instant présent. Curieuse, j’échange un regard avec ma confidente avant d’avancer vers les bruits, tournant la poignée, persuadée qu’il nous restait encore un peu de temps avant l’arrivée des autres demoiselles. C’est le regard rieur de Noah qui m'accueille, du haut des bras de Jill. Il éclate de rire en tendant les mains dans ma direction, alors que ma soeur passe l’embrasure de la porte, portant à peine attention à la scène qui se joue autour d’elle. « Il te réclamait et j’me disais que ça serait bien que je passe voir la petite soeur quand même. T’as pété une crise déjà ou tu te maintiens? » Jillian dans toute sa splendeur qui passe mon gamin d’elle à moi avec des gestes brusques, secs, avant de filer direct vers le mini-bar, remarquant enfin la présence de Cora. « Hey, on a pas été présentées je pense. » racoleuse, elle tend la main par politesse, repérant déjà la vodka au fond du placard qui lui fait de l’oeil.
es interrogations se bousculent dans la tête de Cora. Elle fait un gros effort pour pouvoir comprendre les insinuations et les révélations faites à demi-mot de Ginny. Toutefois, la sensation de mettre le pied là où ça ne la regarde fait son apparition et l’empêche de trop demandé, ou d’être trop curieuse. C’est pourquoi elle reste silencieuse et ne parle que lorsqu’elle pense que ses paroles puissent avoir une quelconque pertinence, comme elle lui explique que sans chercher à la juger, elle pose ces questions plus dans une optique de la connaître mieux. Mine de rien, être demoiselle d’honneur, c’est une sacré tâche et puisque Cora s’en rappellera toujours, autant qu’elles se débarrassent toutes les deux de leurs étiquettes d’inconnues, après d’ici quelques mois, elles seront de la même famille. « Disons que j’évoque le secret professionnel de la demoiselle d’honneur. » Elle acquiesce simplement, sagement, tout en s’installant sur le canapé pour écouter son récit. « Commençons avec les bases, donc. » commence alors Ginny, provoquant un sentiment chez Cora que cette histoire cache beaucoup plus qu’une simple hâte à se marier, au-delà de la non-préparation à ce mariage (qui est jusque-là, le sujet d’intéressement de Cora) « Je ne suis pas de Londres. Je viens de Brisbane en fait. Il y a un an, on a tout quitté pour déménager ici. » Elle ne prononce rien, ça, elle le savait qu’elle avait une compatriote face à elle. Cora ne quitte cependant pas la future mariée des yeux et reste attentive. Elle ne peut cependant pas s’empêcher d’éprouver un frisson à la pensée que ça doit être un truc des familles australiennes de partir cacher leurs filles engrossées en Angleterre. La réflexion ne traverse pas la barrière de ses lèvres, il est hors de question que cette conversation soit à son sujet. « C’est quelques mois après être arrivée ici que j’ai rencontré Bailey. Que mes parents nous ont présentés, en fait. Après… l’incident. Il savait que je n’étais pas au meilleur de ma forme, disons ça ainsi. Mais il en a fait beaucoup pour que ce soit plus facile à l’époque. » Elle esquisse un sourire, heureuse d’entendre un peu de positivisme au sujet de Bailey, ou même de ce mariage. C’est maigre, mais ça aide Cora à ne pas s’inquiéter de ce caractère trop précipité. « Je conviens que le mariage est venu vite. Je conviens aussi que nos parents y ont joué un gros, un trop gros rôle. Mais à les entendre, ça arrangerait tellement tout le monde, qu’on a cru que ça nous arrangerait aussi, nous. » Donc, ce mariage n’est pas de son souhait. Evidemment, à quelques heures de la cérémonie, Cora ne peut pas dire grand-chose et à part espérer de tout cœur que les choses marcheront, elle se retrouve bien désemparée. Elle ne peut s’empêcher de se sentir mal pour son propre cas et ses hésitations à se marier prochainement ou à repousser encore. Elle reste focus, voyant bien que Ginny n’a pas fini son récit, mais un toquement les interrompt. Elle fronce un sourcil, en se disant qu’il n’était pas prévu que quelqu’un d’autre vienne avant que ce soit l’heure où le cortège se prépare. C’est une jeune femme avec un enfant dans les bras qui s’approche vers la mariée. Cora l ‘a déjà vu, sans lui avoir adressé la parole. Elle reste spectatrice de la scène qui se joue devant elle. « Il te réclamait et j’me disais que ça serait bien que je passe voir la petite soeur quand même. T’as pété une crise déjà ou tu te maintiens? » Elle reste interdite encore un moment en écoutant les paroles de la jeune femme, sachant l’épisode de la matinée, Cora trouve ces mots durs, voir totalement outrageant. Elle suit la jeune femme des yeux, observant ce côté sans gêne et plutôt perturbée par sa présence inconnue. « Hey, on a pas été présentées je pense. » dit-elle en remarquant finalement la présence de la rousse, qui bondit hors du canapé pour s’élancer à de vraies présentations. « Non, en effet. Je suis Cora, la fiancée du cousine de Bailey. » Ouaip, c’est sûrement plus clair d’annoncer sa présence par le lien qui l’amène à ce mariage. Après s’être présenter et avoir compris que la demoiselle en question en avait plus après le contenu du mini-bar que la conversation, Cora se tourne vers Ginny. « Je pense que l’on va commencer à te préparer, qu’est-ce que tu en penses ? Je vais commencer par les cheveux, puis j’irais faire une course. Ça te laissera un peu de temps avec Noah. » explique t-elle, évidemment la course dont elle parle, c’est les gants.
It's a long walk, and the music is loud. She sees an old friend, as she walks through the crowd. Puts on her best smile, but underneath she's a broken girl. She will always be a broken girl. She struggles with an awful decision, stay at home or walk in alone. Her mother does her best to console her, her father doesn't know what to say. Puts on her makeup, puts on the new dress. Holds her head high, then gets in the car. Tells herself that no one will notice, assuming she can make it that far. On the way she imagines reactions. Cupped hands whispering into ears. Secretly hoping that he'll be there watching, And she's also hoping he won't.
Jill la tornade, Jill l’impatiente, Jill qui entre et Noah dans ses bras qui accroche mon regard. Cora avait déjà vue ma soeur très probablement, ou du moins avait dû en entendre parler. Mais pour l’autre McGrath dans la pièce, c’était la carte de l’ignorance - et de la drague mal placée, à voir le battement de cils qu’elle lui envoie - qui dirigeait la conversation, et la pauvre Coverdale qui s’élance pour répondre aux salutations salaces. J’assiste à la scène en retrait, la tête de Noah qui se love contre ma nuque, qui épouse la courbe de mon cou comme il l’a toujours fait, since day 1. « Tu as été gentil avec Jillian, mon amour? » que je susurre à l’oreille de mon garçon, attirant l’oeil de Jill qui perce dans notre direction. « Il a moins gueulé que ce que j’aurais pensé. C’est pas si difficile avoir un gamin au fond, j’me demande pourquoi t’en a fait tout un plat l’an dernier. » il ne fallait pas lui en vouloir, mais Jill avait toujours été franche, directe, colorant ses mots des pensées qui bombardent sa tête. Sa médication y était aussi pour beaucoup, et elle n’hésitait pas à laisser tout ce qui lui passait entre les deux oreilles s’arrimer de vive voix. Écho faisant directement référence à ma tentative dont tout le monde semble se souvenir un peu trop limpidement, moi comprise. « Je t'aime. » un baiser sur le crâne du bonhomme, et je laisse tout de même un doute s’immiscer en moi, à savoir que maintenant ma soeur semble vouloir ajouter un enfant à sa routine. Presque terrifiée, je ressers mon étreinte autour de Noah, nerveusement, un rire qui s’y apparente. « Puis Jillian, vraiment? » elle ouvre la bouteille de vodka, s’en versant une grande lampée sous mon oeil aguerri, y ajoutant une poignée de glace et un trait d’eau gazeuse. Cora, tout sauf à sa place, mentionne qu’elle pense aller chercher l’item qui résume ma salvation d’ici quelques minutes, et je vois de suite Jill qui s’intéresse un peu trop à tout cela, fronçant les sourcils, arquant la tête. Rapide, je pense à la distraire, la bonne vieille remontrance qui fait l’affaire. « Il est pas un peu tôt?... » tout sourire, elle descend façon défi une longue gorgée, pose son regard sur Cora et la détaille goulument, avant de revenir à ma hauteur, l’haleine fraîche et alcoolisée qui empeste. « J’vais rejoindre Matt. Noah m'ennuie, là. » j’écarquille les yeux en espérant que le gamin n’ait pas du tout compris ce qu’elle venait vraiment de dire, avant de voir Jill se pencher sur lui, ébouriffer sa crinière blonde, et écraser le plus bruyant des baisers sur son front. « Sans rancune, Junior! » le tsunami finit par sortir, claquant la porte, laissant dans son sillage une ambiance de malaise survoltée, des plus électriques. « Oui. Elle est toujours comme ça. » que je réponds à Cora sans même qu’elle ait demandé, caressant d’une main distraite le dos de Noah alors que sa tête commence à être de plus en plus lourde. « Je vais le coucher le pauvre, il a l’air exténué. Ça lui fera du bien une sieste avant la cérémonie. » avec un peu de chance, il sera encore trop endormi pour assister à la scène traître de sa mère qui accepte le mensonge que ses parents tentent de lui enfoncer en pleine gorge. Me rappelant de la proposition de la rousse, je file chercher mon porte-monnaie en vitesse, profitant d’une accalmie de mon fils pour faire les dernières petites taches restantes avant que le vrai stress et la préparation officielle commence. Carte de crédit en main, je retrouve la jeune femme qui s’apprête elle aussi à quitter la chambre. « Tiens, de la part des parents. Si tu vois un truc orné de diamants et bien cher, tu peux le prendre aussi. Cadeau de la maison. » un clin d’oeil plus tard et je soupire de soulagement, voyant la silhouette de Cora s’engouffrer dans le couloir. Elle sera partie quelques minutes seulement, que je pense, et l’idée de m’assoupir un brin avec Noah me fait déjà rêver, imaginant son petit corps enfoui contre le mien, et les promesses d’un monde d’ailleurs qui nous gardera doucement, qui nous surveillera le temps d’un songe ou de deux. Le silence de la chambre nous berce alors que Noah et sa peau bouillante se trouve une place le long de mon ventre, et que je dépose la joue sur l’oreiller. J’ignore combien de temps passe entre le début de cette sieste improvisée et le retour de Cora, mais ce n’est que lorsque sa voix semble toute proche que j’ouvre une paupière, puis l’autre.
lus un mot ne sort de sa bouche au moment où la jeune femme surgit dans la chambre avec le bébé dans les bras. Un bref échange s’en suit, assez malaisant pour Cora qui prend quelques minutes avant de saisir la personne qu’elle a devant elle. Elle avait beaucoup entendu parler de la sœur de la mariée. En mal, bien évidemment. Une certaine partie de la famille de Priam est assez critique envers ce clan qui viendra dans la journée se greffer à leur arbre. Mais fidèle à elle-même, et parce qu’elle avait grandi dans un monde de ragot, elle préfère se faire sa propre idée de la jeune femme et de la façon dont elle fonctionne. Exactement comme elle le fait avec Ginny depuis ce matin. « Tu as été gentil avec Jillian, mon amour? » Elle observe en silence, la mère et l’enfant, la tendresse qui s’en échappe et elle arrive à se planter les ongles dans la paume de la main, pour ne pas penser à la jalousie que cette scène lui procure. Fort heureusement, la nonchalance de Jillian est assez choquante et détourne son attention. « Il a moins gueulé que ce que j’aurais pensé. C’est pas si difficile avoir un gamin au fond, j’me demande pourquoi t’en a fait tout un plat l’an dernier. » Sûrement parce qu’un enfant, c’est difficile. Elle ne réagit pas. Surtout pour ne pas s’embarquer dans une conversation qu’elle voudrait à tout prix éviter. Parler de ce qu’est avoir un enfant avec une inconnue qui ne la connait que nullipare, c’est une pente glissante. « Je t'aime. » murmure Ginny à son fils avant de reprendre le ton envers sa sœur qui se sert déjà dans le bar. « Puis Jillian, vraiment? » C’est à cet instant qu’elle songe à les laisser seules. En famille. Parce qu’elle ne voudrait pas être témointe d’une scène qui pourrait corroborer toutes les mauvaises choses qu’elle a entendues sur la dernière entrée. « Il est pas un peu tôt?... » Qu’elle retourne à sa sœur sans lui avoir répondu. Elle ne bouge toujours pas, mais si la conversation l’évince, elle songe sérieusement à se défiler très lentement vers la porte afin de mener à bien sa mission. « J’vais rejoindre Matt. Noah m'ennuie, là. » Mais finalement, nul besoin. Equipée de son verre. La cadette McGrath file à travers la pièce et se fait oublier pour le moment, devenant le problème de son frère. « Sans rancune, Junior! » Qu’elle annonce en filant. Cora retient le commentaire mais cette jeune femme l’a mise terriblement mal à l’aise et elle se réjouie maintenant de la voir partie. « Oui. Elle est toujours comme ça. » Pressée. Alcoolisée. A tenir des propos hors de portée ? Elle se contente de sourire ne voulant pas paraître impolie. « Je vais le coucher le pauvre, il a l’air exténué. Ça lui fera du bien une sieste avant la cérémonie. » Elle a sûrement raison. Et puis, ça lui fera sûrement le plus grand bien aussi de pouvoir se ménager. Cora ne dit rien de plus et laisse Ginny s’en aller aux quatre coins de la pièce pour aller chercher son sac à main avant de lui tendre son porte-monnaie. « Tiens, de la part des parents. Si tu vois un truc orné de diamants et bien cher, tu peux le prendre aussi. Cadeau de la maison. » Elle a un petite sourire en saisissant l’objet. « C’est gentil, mais j’ai tout ce qu’il me faut. » Qu’elle ajoute en prenant la carte. « Mais, je prendrais un taxi du coup, j’irais plus vite comme ça et je ne pense pas traîner, on a encore pas mal de chose à préparer. » Qu’elle termine tout en prenant ses affaires avec elle. « Si jamais, verrouille la porte. Je vais laisser une note à l’accueil pour dire qu’on est sortie toutes les deux pour une bricole, comme ça, tu peux te reposer en attendant. J’en aurais pas pour longtemps. » Et aussitôt dit, aussitôt elle file à travers le couloir à la recherche du premier magasin qui pourra lui vendre des accessoires de mariage afin de cacher les traces des sutures sur les mains de Ginny. Il ne fallait pas moins qu’un taxi pour l’aider à mener à bien cette mission puisqu’une heure plus tard, elle est de retour dans la pièce et amen, la mariée ne s’est pas enfuie.
« Virginia ? Virginia ? » Qu’elle chuchote en tentant de l’éveiller, Noah à ses côtés continue de dormir profondément. Cora est douce, calme et patiente, malgré le temps qui file et qui les met en retard sur le programme prévu. « Il faut te réveiller, j’ai les gants. On doit commencer à se préparer. Le ton est plus ferme maintenant qu’elle a ouvert les deux yeux et Cora se relève afin de préparer tout ce dont elle a besoin. La robe est là, dans un coin de la pièce à attendre d’être passé et à côté de la coiffeuse se tient tout ce qu’il faut pour la mise en beauté. « Je crois que c’est maintenant que le processus s’entame, prête ? » Qu’elle demande, elle a à moitié peur de la réponse, mais après, ça parait normal pour une mariée de paniquer le jour du mariage. Elle-même n’est que fiancée et l’idée du jour J la tort de panique.
It's a long walk, and the music is loud. She sees an old friend, as she walks through the crowd. Puts on her best smile, but underneath she's a broken girl. She will always be a broken girl. She struggles with an awful decision, stay at home or walk in alone. Her mother does her best to console her, her father doesn't know what to say. Puts on her makeup, puts on the new dress. Holds her head high, then gets in the car. Tells herself that no one will notice, assuming she can make it that far. On the way she imagines reactions. Cupped hands whispering into ears. Secretly hoping that he'll be there watching, And she's also hoping he won't.
La sieste fait du bien, elle apaise le temps qu’il faut. Blottie avec Noah, complètement détendu, sa tête nichée au creux de mon cou, le monde continue de tourner, la terre peut bien poursuivre sa course autour du soleil que je ne m’en soucis bientôt plus du tout. Et si le malaise constant que j'entretiens depuis le début de la journée n’était relié qu’à un manque flagrant de sommeil? Mes nuits n’avaient été qu’insomnies depuis de semaines, j’arrivais à peine à fermer l’oeil plus d’une heure consécutive avant de me retrouver les yeux grands ouverts, fixant le plafond avec impatience, attendant que les jours passent, que la sensation d’étouffement disparaisse. Ce n’est que lorsque j’entends la porte de la chambre grincer doucement, les pas froisser la carpette feutrée que je finis par laisser échapper un long soupir, fin, du bout des lèvres. La voix de Cora occasionne mon réveil, et doucement je laisse mes paupières s’entrouvrirent, s’habituer à la lueur qui remplit maintenant la pièce, et au mouvement que j’anticipe. D’une voix posée elle demande ce que tout le monde appréhende bien sûr, à savoir si je pourrai encaisser la suite. Me redressant avec lenteur dans le lit, refermant un peu plus mon étreinte autour d’un Noah tout aussi exténué que moi, je finis par lâcher un « Suffisamment. » le moindrement convaincant, que j’additionne d’un mince sourire complice pour la peine. Espérant que l’épisode des gants que je vois trôner là, avec elle, ne soit qu’un élément isolé, déjà oublié, rangé, nié par nous deux. « Merci… je… merci. » qu’elle m’entendra souffler dans sa direction, le coeur comblé plus que de raison d’avoir trouvé une alliée en elle, ou du moins, l’impression de. Elle n’insiste pas, elle ne pousse rien, elle reste là muette, stoïque, suivant le plan avec précision, sans jamais jouer de fausses cartes, sans se laisser guider par les ragots. Et c’est plus fort que moi, alors qu’une fois debout, je finis par tourner la tête dans sa direction, demandant d’une toute petite voix presqu'inaudible, implorant du regard. « Pourquoi est-ce que tu fais tout ça? Pourquoi est-ce que tu te donnes la peine? » Cora n’a pas besoin d’être si serviable. Elle me connaît à peine, ne me doit rien. Priam n’est pas le plus grand fan de ma personne non plus, et on lui a filé le rôle de demoiselle d’honneur par soucis d'efficience. Rien ici ne l’oblige à être aussi juste, à jouer le rôle d’une famille plus bénéfique pour moi que quiconque, si on compare à une Jill alcoolisée, à un Matt absent. Oh, et une mère, qui cogne avec ardeur sur la porte de la chambre, qui demande aussi, impose, de l’autre côté du bois. « Virginia! Je suis avec la coiffeuse, la maquilleuse. Nous pouvons entrer? » la Coverdale avait dit vrai ; la suite n’était qu’à une poignée de seconde d’être lancée et l’accalmie est déjà bien loin derrière nous. Noah gémit un brin, se frotte les yeux, émerge à son tour à quelques bribes de lâcher un sanglot de surprise devant la tornade à prévoir. « J’ai l’air prête? » à l'intention de l'australienne, avant de remarquer la poignée qui tourne sans même recevoir de réponse de ma part, et maman qui entre en trombe, deux grandes brunes sur ses talons et leurs innombrables mallettes prêtes à faire de moi une future mariée potable dans les minutes qui suivront.
« Tu as dormi? Il faudra repasser sur tes cernes, rendre tout ça moins cadavérique. » les mains de Marianne sur mes joues sont glaciales, tout comme le coup d’oeil qu’elle me dédie, lorgnant sur la silhouette rachitique de sa fille qu’elle ne reconnaît plus, qu’elle a perdue entre un aller simple vers Londres, et un coeur d’adolescente brisée, tout sauf prête à vivre ce qui suivra. « … m’enfin. » et elle est déçue, maman. Que je ne prenne pas part au jeu autant qu’elle, qu’eux. Meublant le silence maintenant qu’on me pose sur la chaise faisant face à la vanité, que l’une me tire les mèches alors que l’autre me tartine le visage. Cora en périphérique, je tente de toujours l’avoir dans mon champ de vision pour garder ce repère, minime mais efficace, ce point d’ancrage qu’elle représente maintenant que tout mon monde ne fait que tourner à une vitesse invivable, ivresse dégueulasse. « La cérémonie aura lieu dans un peu plus d’une heure. Les invités sont dans le hall, le cocktail commence à être servi. Edward se charge d’accueillir la famille, il gère le tout à merveille. » posée dans le coin de la chambre, l’oeil acéré comme celui d’un oiseau de proie, Marianne s’assure que tout se passe comme elle le désire maintenant qu’elle narre la situation, l’air satisfait que le Fitzgerald comble mes lacunes de sociabilité plus que connues. « Champagne? » et la voilà qui remarque enfin la présence de la rousse, qui lui tend une flûte après que j’ai refusé poliment celle qu’elle m’offrait. On s'affaire, on s'exécute, chorégraphie qui ne prend fin que lorsque maman approuve tout à quelques millimètres de mon visage, et qu’on finit par se dégager de moi, me laisser enfin respirer, ou tenter de. « Je viens vous rejoindre une fois la robe enfilée. » que je m’entends dire, plus prompte à poser mes intentions que bien des fois dans ma vie. Devant la mine déconcertée de maman, je précise, tentant au mieux de me justifier même si je sais que d’avance, on me cédera même si les reproches ne seront jamais bien loin. « J’aimerais prendre quelques minutes avec Cora avant de vous suivre. » difficile à accepter, mais on finit par nous laisser seules toutes les deux, et mon regard qui se vrille vers la grande porte patio que je glisse l'instant d'après, me permettant de sortir en peignoir sur la terrasse de la chambre, en profiter pour calmer cette impression malsaine de manquer d’air un peu plus à chaque seconde qui passe. « Ne t’inquiètes pas, je ne te demanderai pas de couvrir ma fuite. » et il se veut détaché mon ton, alors que si j’avais été le moindrement plus solide, le moindrement plus courageuse, je serais déjà bien loin. « J’ai juste besoin de respirer, d’avoir un moment un peu plus normal, plus naturel avant de retourner au programme principal. » un moment seule avec elle. Parce que contre toute attente, une jeune femme qui se rapprochait encore d’une simple connaissance quelques jours auparavant me semblait maintenant être la seule à vraiment me comprendre ici.
’est le point de non-retour qui vient tout juste d’être franchie. Cora a comme cette boule à l’estomac, une sorte de peur de vivre cette après-midi tout en sachant ce qu’elle sait, comme si le pressentiment que quelque chose de mal allait se produire mais que là, tout l’monde est dedans et personne ne va vraiment pouvoir s’en sortir. Elle ne dit rien pour ne pas affoler la mariée, elle se sent juste nauséeuse et si elle écoutait ses envies, elle irait directement trouver Priam pour le prier de rentrer en Australie plutôt que de cautionner par leur présence ce qui s’apprête à se passer. Seulement, ce n’est pas possible parce qu’elle sait qu’elle n’arriverait pas à expliquer cette envie de fuir sans mentionner cette peur panique qu’elle a elle-même de s’engager dans son propre mariage. Quelque part, elle voit en Ginny son reflet, celle qu’elle sera dans quelques mois et si la brune parait résignée, elle ne l’est pas. « Suffisamment. » répond Ginny, alors réveillée et visiblement prête à être apprêtée pour la journée qui va suivre. Les gants sont là, dans un sac et prêt à être mise dès que tout l’attirail en crinoline sera enfilé. « Merci… je… merci. » qu’elle ajoute et Cora répond d’un sourire, vérifiant que tout dans la pièce soit en ordre et ne laisse rien paraître. « Pourquoi est-ce que tu fais tout ça? Pourquoi est-ce que tu te donnes la peine? » Qu’elle demande, sérieusement et attendant très probablement une réponse, sa question qui glace Cora sur le moment parce qu’elle ne trouve rien à répondre. Pourquoi fait-elle tout ça ? Elle se le demande et dans les secondes qui suivent, seul sa respiration qui s’échappe de sa bouche restée ouverte de surprise s’échappe. Elle ne sait pas, elle le fait parce qu’on lui a demandé et qu’après tout, elle n’a pas de raison de ne pas rendre service. C’est ce qu’elle répondrait, avant qu’elle ne soit interrompue par la mère de la mariée qui signale sa présence derrière la porte. « Virginia! Je suis avec la coiffeuse, la maquilleuse. Nous pouvons entrer? » Les deux jeunes femmes semblent presque prise sur le fait d’une bêtise qui n’a pas été commise. Il y’a quelques choses dans la voix de la mère McGrath qui effraie Cora, un grain qui s’apparente très facilement à celui de sa mère et là, à nouveau, ce sentiment d’être semblable à Ginny fait son retour. « J’ai l’air prête? » Qu’elle demande avant de laisser entrer la bête, Cora acquiesce et les choses sérieuses commencent dans la minute.
« Tu as dormi? Il faudra repasser sur tes cernes, rendre tout ça moins cadavérique. » Oui, cette femme lui fait et a tout d’une Danielle Coverdale. En même temps, à savoir le côté « arrangé » de se mariage, elle ne s’étonne pas et finit par se dire qu’elle a eu de la chance de ranger le tablier autrement à son tour elle aurait eu la droit à la relation amoureuse factice, née pour le plaisir des photographes et pour la faire vendre. « … m’enfin. » A l’observer, Cora tente de garder consistance et de ne pas trop se perdre dans ses pensées bien que son instinct lui crie de prendre la fuite. « La cérémonie aura lieu dans un peu plus d’une heure. Les invités sont dans le hall, le cocktail commence à être servi. Edward se charge d’accueillir la famille, il gère le tout à merveille. » Elle reste stoïque, observant avec impuissance Ginny au prise avec celle qui seront ses marraines la bonne fée du jour, la bienveillance en moins à en voir leur façon de lui tirer les cheveux et la peau du visage. Elle se dit qu’elle aurait pu le faire, la préparer de sorte à ce qu’il n’y ait qu’à acquiescer mais le temps a manqué. « Champagne? » lui propose la mère, la faisant quitter un instant du regard la mariée avant qu’elle n’hoche poliment la tête pour refuser. Elle doit garder ses esprits, vivre la journée bien que celle-ci semble être difficile. Elle ne flanche pas, parce qu’il y’a Ginny au milieu de la pièce et qu’elle semble tenir le coup. Ce serait bien égoïste, à la vue de ses efforts que Cora prenne rapidement ses clics et ses clacs parce que la situation la met face à ses propres démons et peurs. Elle tente de garder contenance. Les minutes passent et la chantier semble être validée par la mégère. Ginny reprend la parole alors que la clique semble prête à quitter la pièce. Après tout, madame a un cocktail à superviser. « Je viens vous rejoindre une fois la robe enfilée. » annonce Ginny avant de préciser face à une mère sceptique. « J’aimerais prendre quelques minutes avec Cora avant de vous suivre. » Et elle accède à la requête. Une fois partie, Cora se saisit de la masse de tissus qu’elle s’empresse d’étudier pour que tout soit mis comme il faut. « Ne t’inquiètes pas, je ne te demanderai pas de couvrir ma fuite. » ajoute Ginny, se voulant de détendre l’atmosphère après avoir vu le visage crispé de la rousse. « Non, mais il est encore temps pour que je te demande de couvrir la mienne. » Et la laisser sans demoiselle d’honneur, voilà qui serait bien égoïste mais ce mariage est une mascarade et éveille de bien trop mauvais souvenirs pour qu’elle y assiste la conscience libre. « J’ai juste besoin de respirer, d’avoir un moment un peu plus normal, plus naturel avant de retourner au programme principal. » « Pas de problème. » Qu’elle répond en reposant le tissus. « De toute façon les invités ne bougeront pas de place et on pourra toujours dire qu’une vraie dame sait se faire attendre, donc on pourrait prendre un temps pour sortir dehors, faire le point, tout ce que tu veux en fait. » Qu’elle souligne parce que si c’est ce qui lui faut pour garder la tête haute, Cora est prête à l’aider. Elle est assez admirative de voir que la mariée arrive à ne pas flancher et à faire ce qu’on attend d’elle.